Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
241. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 April 26
Paris 1646 April 26
Kopien: AE , CP All. 76 fol. 219–224’ = Druckvorlage; AE , CP All. 64 fol. 269–278’, datiert:
1646 April 22; Ass. Nat. 272 fol. 223–229’, unvollständig , datiert: 1646 April 25. Konzept
Lionnes: AE , CP All. 60 fol. 175–183, datiert: 1646 April 25; fol. 185: Suite du mémoire du
Roy, datiert: 1646 April 26; überbracht nach Dorsal fol. 185’ durch Préfontaine. Druck: Mém.
et Nég. II S. 208–231; Nég. secr. III S. 161–166; Gärtner IX S. 359–382, am Kopf und im
Inhaltsverzeichnis datiert: 1646 April 21.
Befriedigung über das kaiserliche Elsaßangebot und die Verhandlungsführung der Gesandten.
Ratsentscheidung für Frieden mit dem Kaiser ohne Rücksicht auf Spanien. Antwort auf das kai-
serliche Angebot Punkt für Punkt: Annahme des 1. Artikels bei Übertragung der Schutzrechte des
Hauses Österreich über die Immediatstände. Schleifung Benfelds. Neutralität Zaberns. Verwah-
rung oder Schleifung oder notfalls Rückgabe Philippsburgs. Bindung des Kurfürsten von Trier
und seiner Nachfolger an Frankreich. Begnügung mit Ober- und Unterelsaß, Sundgau, Breisach
und Neuenburg; Sitz und Stimme im Reichstag. Entweder Verzicht auf Breisgau und Waldstädte
und auf Entschädigung der Erzherzöge von Tirol oder Entschädigung der Erzherzöge und Be-
hauptung von Breisgau und Waldstädten. Formelle Zession der Rechte der Erzherzöge. Entschä-
digung in Höhe von bis zu 2 Millionen Reichstalern, zahlbar in 6 Jahren. Verwendung der
Entschädigung möglichst für Länderkauf. Erweiterung der Investiturklausel. Übernahme der
Reichsabgaben. Billigung der Antwort auf Artikel 12 (Friedensschluß mit Spanien). Form und
Bedingungen der Türkenhilfe. Bedenken gegen fortbestehende Bewaffnung des Kaisers. Maßnah-
men zur Sicherung des Friedens und Durchführung seiner Bestimmungen. Vollmacht Trautt-
mansdorffs zur Abtretung Breisachs. Bedingungen für eine Waffenruhe im Reich. Anweisungen an
Turenne. Lösung der Pfälzer Frage. Verbot rechtsrheinischer kaiserlicher Befestigungen zwischen
Basel und Straßburg. Form des Besitzes von Metz, Toul, Verdun und Pinerolo. Eventuelle Schlei-
fung der Befestigungen von Mainz. Bagnis Darstellung der französischen Ansprüche. Entschei-
dungsvollmacht der Gesandten. Klärung der Differenzen mit dem Papst in Münster. Bedingun-
gen für Frieden mit Spanien. Anpassung dieser Bedingungen an die Kriegslage. Feldzugsvorberei-
tungen . Mission Dohnas: Bitte um Vorschläge zur Zufriedenstellung Brandenburgs in seinem Ti-
telanspruch . Verweis auf Préfontaine und die ihm diktierten Memoranden. Entschädigung für
Katalonien einem Waffenstillstand vorzuziehen. Notfalls Begnügung mit Cambrai. Eventuell
schrittweises Vorgehen. Waffenstillstand für Italien.
Il seroit superflu d’exagérer ausdicts Sieurs Plénipotentiaires avec quelz senti-
mens de joye et de satisfaction la Reyne et tout le conseil ont receu leur dé-
pesche du 19 e du courant que le sieur de Montigni a apportée parce qu’ilz le
jugeront assez soit par l’extrême passion qu’ilz sçavent que Sa Majesté a de
l’avancement de la paix, soit par les avantages pour cette couronne avec les-
quelz il se veoid qu’on est prest de la conclurre dans l’Empire. Et comme
Sadicte Majesté recognoist que le bon estat où se treuve aujourd’huy une af-
faire si importante, si glorieuse et sy utile pour la France est deu en partie à la
fermeté, à l’addresse, et à la bonne conduicte qu’ont tenue lesdicts Sieurs Plé-
nipotentiaires dans toute cette négotiation, aussy ne se peult-il rien adjouster
au ressentiment que Sadicte Majesté en conserve, et au désir qu’elle a d’avoir
occasion de le leur faire paroistre par les effectz en toutes les choses qui re-
garderont leur avantage.
Les dernières dépesches qu’on leur a faictes d’icy les auront esclairciz des
intentions de Sa Majesté sur le point de la satisfaction que la France prétend
dans l’Empire. Mais comme ilz font instance depuis d’avoir une responce bien
particulière et diffinitive sur tout le détail de ce qu’a apporté de leur part le
sieur de Montigny, Sa Majesté a commandé que l’on y satisfasse par le présent
mémoire qui leur pourra servir d’une règle assez précise pour la conclusion
surtout de la paix dans l’Empire.
Premièrement, comme il y a des critiques et des malins qui ne s’estudient qu’à
blasmer générallement tout ce qui se faict, et à censurer les meilleures actions,
on n’a pas voulu passer plus avant sans décider en premier lieu cette thèze s’il
est expédient à la France de conclurre la paix avec l’Empereur sans estre cer-
tain qu’elle soit suivie en mesme temps de celle d’Espagne.
Le cardinal Mazarin a mis la chose en délibération dans le conseil, et après
avoir dict toutes les raisons qui pouvoient le dissuader, et ensuite celles qui
nous obligeoient à le faire, il a esté jugé tout d’une voix qu’il n’y avoit pas à
hésiter que l’on ne deust conclurre présentement avec l’Empereur, d’aultant
que le meilleur moyen pour obliger les Espagnolz à relascher de leur dureté
c’est celuy de leur faire veoir qu’ilz sont à la veille d’estre seulz à soustenir
le faix de la guerre contre nous, et alors ou ilz consentiront à la paix aux
conditions que la France peult désirer, ou s’ilz sont encor sy aveuglez de ne le
pas faire, nous aurons tousjours rendu nostre condition beaucoup meilleure
n’ayant rien à craindre du costé d’Allemagne qui est celuy qui pouvoit nous
faire le plus de peine, et ayant moyen d’employer de surcroist contre eulx
l’armée que commande monsieur le mareschal de Turenne, qui assez aisément
pourroit estre fortiffié[e] de quantité de trouppes d’Allemagne, et particulière-
ment de celles de Madame la Lantgrave.
Pour respondre maintenant par ordre à chaque article du dernier mémoire
que les médiateurs ont donné ausdicts Sieurs Plénipotentiaires de la part des
Impériaux ,
Sa Majesté approuve qu’ilz ayent donné les mains au premier à condition que
Sadicte Majesté aura la mesme protection sur les estatz immédiatz qu’avoit
cy-devant la maison d’Austriche.
Sa Majesté approuve aussy le sentiment desdicts Sieurs Plénipotentiaires tou-
chant Benfelt et Saverne, c’est-à-dire que les fortiffications de Benfeld soient
rasées, et que Saverne après la démolition de tous les travaux qui y ont esté
faictz demeure en neutrallité, sans qu’on puisse y mettre garnison de part ny
d’aultre et avec obligation de donner passage libre aux troupes de Sa Majesté
toutes les fois qu’elles le demanderont.
Touchant Philisbourg on ne hésiteroit pas de mander ausdicts Sieurs Plénipo-
tentiaires qu’en cas qu’ilz ne voyent pas lieu de conserver cette place à la
France ilz ne fissent point de difficulté de la remettre à l’électeur de Trève qui
est soubz la protection du Roy, et qui a tant tesmoigné d’affection et de con-
stance pour cette couronne, n’estoit qu’ayant desjà un pied dans la fosse, on
ne peult pas s’asseurer que son successeur ayt les mesmes sentimens que le
devancier.
C’est pourquoy Sa Majesté juge à propos que l’on inciste de tenir ladicte place
en dépost pour quelque temps durant lequel nous pourrons veoir quel sera le
successeur et prendre nos mesures avec luy.
Mais comme ce point ne doibt pas empescher de faire la paix avec l’Empereur
en laquelle la France treuve d’ailleurs des advantages sy considérables, le Roy
consent à faire sortir ses armes de Philisbourg moyennant qu’il soit razé.
Et mesme sy cela pouvoit causer trop de scandalle dans l’Allemagne voyant
que l’on traicte de la sorte un prince qui est attaché à noz intérestz, et que
l’électeur luy-mesme en tesmoignast grand sentiment, Sa Majesté donne pou-
voir ausdicts Sieurs Plénipotentiaires de promettre que ladicte place luy sera
remise en l’estat qu’elle est. Ce qui estant bien pris doibt estre d’aultant plus
considéré d’un chacun, et nottamment dudict électeur, que nous ne l’avons
jamais tenue de luy, nous ayant esté remise la première fois par les Suédois et
la seconde y estans entrez par la force; et ce fut le principal fruict des avanta-
ges que nous remportasmes à Frybourg
religion catholicque n’en peult recevoir que beaucoup d’advantage, qui est un
des principaux motifs qui oblige Sa Majesté à leur donner ce pouvoir.
On recognoist fort bien que malaisément pourra-t-on prendre avec cet élec-
teur aulcunes précautions qui obligent ses successeurs. Messieurs les Plénipo-
tentiaires ne laisseront pas d’y faire tout ce qui se pourra de mieux pour l’ ad-
vantage de cette couronne, et mesme ilz considéreront sy à l’exemple de ce
qui a esté proposé pour Casal touchant monsieur de Mantoue, on ne pourroit
point mesnager quelque chose de semblable avec cet électeur qui nous don-
nast lieu moyennant d’aultres bons traictemens que nous luy ferions de l’ obli-
ger par justice et ses successeurs à vivre tousjours en parfaicte intelligence
avec cette couronne.
Enfin quelque résolution que lesdicts Sieurs Plénipotentiaires prennent sur ce
poinct de Philisbourg soit avec les Impériaux, soit avec ledict électeur, Sa Ma-
jesté l’approuve dès à présent, estant bien asseurée qu’ilz feront tout pour le
mieux.
Sa Majesté se contentera des deux Alsaces, du Sungau, de Neubourg et de
Brisac sans que les Impériaux puissent rien exiger de nous à présent ny à
l’avenir touchant les fortiffications de cette place, pourveu que la France par
ce moyen ayt droict de scéance et de suffrage dans les diètes de l’Empire.
Et oultre ce que lesdits Sieurs Plénipotentiaires ont offert par leur première
proposition de rendre ce que nous tenons dans les trois électoratz de
Mayence, Trève et du Palatinat, et ce qui est porté cy-dessus touchant Ben-
feld , Saverne et Philisbourg, Sa Majesté se relaschera de la prétention du Bris-
gaw et des villes forestières et de tout ce qui est au-delà du Rhin hors Brisac et
Neubourg pourveu qu’elle ne soit obligée de donner aulcun desdommage-
ment aux archiducz d’Inspruck et qu’ilz ne laissent pas de nous remettre en
bonne forme
cy-devant.
Ou bien lesdicts sieurs archiducz consentans à nous laisser aussy le Brisgau et
les villes forestières, Sa Majesté demeurera d’accord de les desdommager par
une somme d’argent de ce qu’ilz auront cédé.
On croid icy absolument nécessaire de contenter les archiducz pour avoir leur
cession en bonne forme. On tient mesme qu’encor qu’il fust plus commode
de leur donner pour cela une somme annuelle, qu’il est plus avantageux d’en
sortir tout d’un coup affin qu’il ne leur reste pas une espèce d’ypotècque sur
la chose mesme. Il fault seulement essayer d’avoir le plus de temps qu’il se
pourra pour acquitter la somme qui sera convenue, et faire effort pour obtenir
le terme de six années.
Quant à la somme, il fault sy on ne peult mieux faire tascher qu’elle ne passe
pas deux millions de risdalles. Il se veoid que nos parties sont très bien infor-
mées des différences des monnoyes, et des remises.
On peult demeurer d’accord de faire payer lesdictes risdalles à Francfort ou à
Nuremberg encor qu’il nous fust plus commode à Basle, à quoy il fauldra
incister ou du moins qu’on les puisse faire remettre en ces trois lieux-là, sy ce
n’est que lesdicts sieurs archiducz aymassent mieux avoir deux millions d’ es-
cuz à Paris.
Il sera très à propos de demander et de faire en sorte pour plus de seureté
pour nous que l’argent que nous donnerons aux archiducz soit employé en
achapt de terres souveraines en quelque endroict d’Allemagne, et il ne seroit
pas malaisé de l’employer advantageusement attendu la nécessité où les guer-
res ont réduict plusieurs princes lesquelz pour pouvoir se remettre et vivre
avec quelque commodité auront plus de besoin d’avoir de l’argent comptant
que des Estatz ruynez. Ce poinct semble icy assez important pour obliger
lesdicts Sieurs Plénipotentiaires d’y donner leurs soins pour en venir à bout.
On sçait icy que l’Empereur mesme en ses nécessitez a offert à Rome aux
Barberins et au prince de Sulmone et aux Vénitiens de leur vendre des Estatz
fort considérables. C’est pourquoy l’Empereur estant d’un costé pressé d’ ar-
gent , et de l’aultre devant estre bien aise de faciliter les récompences en Estatz
à ceux de sa maison qui en quittent de si considérables pour le bien de la paix,
il y a subjet d’espérer que Messieurs les Plénipotentiaires ne rencontreront pas
grande difficulté en ce point-cy. Néantmoins comme on ne le leur mande que
comme une lumière, cela ne devra pas empescher qu’ilz ne passent oultre s’ilz
y rencontrent trop d’obstacles. Cependant Sa Majesté se promet que lesdicts
Sieurs Plénipotentiaires mesnageront extrêmement sa bource qui est desjà fort
espuisée, et quand la paix mesme auroit à se conclurre généralle on ne laisse-
roit pas d’avoir encore une infinité de despences à soustenir, oultre la passion
que Leurs Majestez ont de soulager le peuple.
Sa Majesté consent bien de tenir le lantgraviat d’Alsace à tiltre de fief, mais on
ne peult pas passer la clause que les Impériaux ont mise pour restraindre cela
au Roy, à Monsieur et à leurs successeurs masles. Sa Majesté désire donc que
l’on face tous les effortz possibles affin que ce soit pour tous les roys de
France à venir; et en cas que cela ne se puisse absolument obtenir, que ce soit
du moins pour tous les princes de la maison royalle présentement vivans ou
leurs dessendans masles qui viendroient à succéder à la couronne.
On pourroit laisser rompre cette glace aux Suédois qui ont encore plus d’ in-
térest que nous que la Poméranie soit donnée en fief à perpétuité à la cou-
ronne de Suède, à cause de l’incertitude où ilz sont sy leur reyne se mariera.
Ilz ne manqueront pas sans doubte de bien contester ce poinct et ce qu’ilz
auront faict nous servira d’exemple pour nous régler.
Sa Majesté estime plustost avantageux que préjudiciable de payer les colectes
à l’Empire pourveu qu’on ayt scéance et voix délibérative dans les diètes, à
condition qu’en contribuant aultant qu’un électeur séculier ce soit pour tous
les Estatz qui demeureront à la France relevans de l’Empire.
Lesdicts Sieurs Plénipotentiaires ne pouvoient mieux respondre qu’ilz ont
faict sur l’article qui commence: «Pari passu»
Art. 12 von Angebot B (1646 IV 15); im gleichen Schritt sollte der Frieden mit Spanien ver-
handelt werden, vgl. Beilage 1 zu nr. [ 226 ] , hier [ S. 784 ] .
Quant aux assistances pour la guerre du Turc, il est certain comme ilz ont
bien remarqué que cela doibt avoir beaucoup de connexité avec la récompen-
ce que la France donnera aux archiducz, et que ces deux choses doibvent estre
traictées en mesme temps, pour aller plus avant en l’une selon que nos parties
se relascheront en l’aultre.
Lesdicts Sieurs Plénipotentiaires ont aussy fort judicieusement considéré que
l’assistance qu’on nous demande ne devroit pas raisonnablement estre fournie
que l’Empereur ne soit en rupture ouverte contre le Turc. Néantmoins Sa
Majesté voulant apporter toutes les facilitez possibles à la paix treuve bon que
lesdicts Sieurs Plénipotentiaires puissent aussy promettre de sa part ladicte
assistance à l’Empereur pendant que les soupçons qu’il aura d’estre attacqué
par les armes du Turc l’obligeront à se tenir sur ses gardes, ou pendant que la
république de Venise aura cette guerre à soustenir affin de donner moyen à
l’Empereur de garder les passages par lesquelz les forces ottomanes peuvent
venir par terre attacquer les Estatz de ladicte république.
Il y aura seulement cette distinction à faire, qu’en ce cas l’assistance doibt
estre médiocre, mais on pourra convenir de l’augmenter sy l’Empereur luy-
mesme rompt ouvertement, se souvenant des réserves qui ont esté cy-devant
mandées
S. [ nr. 232 ] .
argent, qu’elles soient limitées à un certain temps, et que la France en soit
quitte sy elle venoit à rompre aussy contre le Turc. Et oultre ce que l’on a
escript cy-devant sur ce poinct, on en a entretenu au long le sieur de Préfon-
taine affin qu’il informe lesdicts Sieurs Plénipotentiaires de tous les sentimens
de deçà.
La seule chose qui en ces affaires-cy donne de la peine et beaucoup, c’est de
veoir que la paix se concluant dans l’Empire, les Suédois et Madame la Lant-
grave désarmeront et l’Empereur demeurera armé soubz prétexte du Turc, et
ayant tiré à luy comme il y a grande apparence qu’il fera, toutes les troupes de
Bavières, peult-estre mesme la pluspart de celles de noz alliez qui sont quasy
toutes allemandes, qui n’ont d’aultre mettier que la guerre, et qui la vont
chercher indifféremment où elle leur paroist la plus commode et la plus prof-
fitable , il luy seroit facile s’il vouloit user de mauvaise foy, à quoy les Espa-
gnolz ne s’espargneront pas de le persuader sy leur accommodement ne se
conclud en mesme temps, de nous tumber tout à coup sur les bras avec toutes
les forces de l’Empire, et comme il seroit peult-estre malaisé d’obliger les Sué-
dois à s’armer de nouveau ou à le faire assez promptement eu esgard au be-
soin , il se rencontreroit que nos ennemis par un traicté simulé auroient treuvé
les moyens qu’ilz ont tant cherché de diviser la France d’avec ses alliez, ou du
moins [de] luy rendre inutiles leurs assistances.
C’est à pourveoir à ces inconvéniens que Sa Majesté désire que Messieurs les
Plénipotentiaires donnent leur principale application en la conclusion de
cette affaire, et il semble que c’est icy le point que l’on a tant agité au com-
mencement de leur négotiation touchant la seureté de la paix, et la sincérité
de l’exécution de part et d’aultre.
Lesdicts Sieurs Plénipotentiaires pourront reveoir ce qui en est contenu dans
leurs instructions et en plusieurs dépesches qu’on leur a faictes depuis sur ce
subjet. On ne leur prescrit aulcune chose en particulier sçachant bien qu’ilz
n’obmettront rien soit pour engager tous le princes et estatz de l’Empire et
aultres qu’il se pourra contre les infracteurs du traicté, soit pour les obliga-
tions réciproques que nous devrons affermir de plus en plus avec les Suédois
pour nous assister les uns les aultres et rompre de nouveau sy quelqu’un de
nous vient à estre troublé en ce qui aura esté convenu par le traicté de paix et
enfin pour prendre toutes les précautions imaginables affin qu’il soit sincère-
ment exécuté en tous ses poinctz et que nous n’ayons rien à craindre de ce
costé-là. Ce n’est pas qu’on ne cognoisse bien qu’il fault donner quelque
chose au hazard, et qu’on ne peult pas asseurer phisicquement des affaires de
cette nature.
Touchant Brisack, monsieur le cardinal Mazarin a escript dernièrement aus-
dicts Sieurs Plénipotentiaires les advis qu’il en avoit eu de Vienne
S. [ nr. 233 ] .
que le sieur de Montigny fust arivé il avoit faict prendre en mémoire au sieur
de Préfontaine
S. [ nr. 243 ] .
desmolir, mais qu’après ilz se relascheroient et consentiroient que la France
l’eust en l’estat qu’il est. Il est certain que le comte de Trautmandorff en avoit
le pouvoir, on en a l’advis de tant d’endroictz et de sy bon lieu qu’on ne peult
en doubter, et il n’est pas à croire qu’il fust si malhabile ministre que sans cela
il eust voulu parler comme il a faict en l’escript qu’il a donné; mais il n’aura
pas voulu s’en laisser sytost entendre parce qu’aussy bien lesdicts Sieurs Plé-
nipotentiaires avoient résolu de dépescher icy sur le subjet du Brisgau et des
villes forestières, et il falloit en attendre la responce, oultre qu’il aura voulu
donner aux Espagnolz la satisfaction de ce petit délay affin qu’ilz puissent
avancer cependant leurs affaires s’ilz en ont la volonté.
Quant à la suspension, Sa Majesté a treuvé très juste et très prudent ce que
lesdicts Sieurs Plénipotentiaires ont respondu à la proposition des ministres
de Bavières, qu’ilz ne s’esloigneroient pas après en avoir conféré avec les al-
liez , d’y donner les mains pour trois sepmaines aux conditions contenues
dans leur mémoire du 19 e du courant, qui ne peuvent estre plus judicieuses.
Et à la vérité il seroit extrêmement fascheux les choses s’acheminans sy bien
qu’elles font à un accommodement glorieux et utile pour cette couronne, de
courre risque d’en changer tout à faict la face par quelque accident dans la
guerre, et d’avoir à commencer les hostilitez envoyant noz armes contre un
prince qui s’est employé sy vigoureusement pour porter l’Empereur à consen-
tir à nostre satisfaction sans avoir aucun esgard à la hayne implacable des
Espagnolz qu’il s’est attirée sur luy et sur sa maison par les offices sy publicz
qu’il a faict en nostre faveur.
Que sy la satisfaction des couronnes et ce qui regarde le prince palatin et
Madame la Lantgrave estant une fois arresté, il est nécessaire pour discuter les
aultres poinctz qui concernent les princes et estatz de l’Empire de prolonger
le temps de la suspension pendant lequel on devra ajuster toutes les choses
pour l’entière conclusion de la paix, on confirme tout ce qui a esté mandé
ausdicts Sieurs Plénipotentiaires sur ce subjet
Vgl. [ nr. 232 ] .
ce qu’ilz feront, sçachant bien qu’ilz se souviendront surtout de prendre aul-
tant qu’il se pourra les précautions qui leur ont esté recommandées, affin que
nos parties ne puissent pour quelque événement qui pust survenir se desdire
de ce qu’elles auront arresté, et qu’ilz auront aussy l’esgard convenable à ce
qu’on leur a faict sçavoir de l’impossibilité où est l’armée de monsieur le ma-
reschal de Turenne de subsister deçà le Rhin. Il est vray que sy on ne conclud
rien en mesme temps avec Espagne, il ne sera pas nécessaire d’incister sur ce
dernier poinct parce qu’on pourra faire agir ledict sieur mareschal dans la
Franche-Comté ou dans la Flandre, et peult-estre mesme en Italie, la paix
estant bien exécutée en Allemagne. C’est pour cette raison que lesdicts Sieurs
Plénipotentiaires ont très prudemment faict d’exclurre le cercle de Bourgon-
gne de la suspension, de quelque durée qu’elle puisse estre, et il y a grande
apparence que cette clause aussy bien que celle de «Pari passu» y a esté mise à
l’instance des Espagnolz. On despesche à monsieur de Turenne pour luy don-
ner ordre de se conduire entièrement selon les advis qu’il recevra de Messieurs
les Plénipotentiaires, lesquelz se souviendront bien que ne pouvant pas agir
delà le Rhin il est absolument nécessaire que son armée prenne sa route ou
dans la Franche-Comté, ou dans le Luxembourg; sur quoy il aura les ordres
du Roy pour les exécuter seulement quand lesdicts Sieurs Plénipotentiaires
luy tesmoigneront qu’il est en liberté de le faire.
Quant à la maison palatine, l’intention de Sa Majesté seroit s’il estoit possible
de le bien mesnager sans chocquer noz alliez et les estatz protestans de l’ Em-
pire , que le prince palatin se contentast de rentrer dans le Bas-Palatinat, et
que le Hault ou la plus grande partie avec la dignité électoralle demeurast au
duc de Bavière et aux descendans de la ligne de Guillaume
Hg. Wilhelm V. von Bayern (1548–1626; ADB XLII S. 717–723 ). Im Münchener Vertrag
vom 28. II. 1628 zwischen Maximilian und dem Ks. wurde die Erblichkeit der Kurwürde für
die gesamte wilhelminische Linie festgelegt. Gleichzeitig wurde Bayern als Ersatz für seine auf
13 Millionen Gulden bezifferte Schuldforderung die Oberpfalz überlassen ( Ritter III
S. 374).
conduicte que tient ledict duc envers cette couronne mériteroit qu’elle fust
dans ce sentiment quand elle n’auroit pas un motif encore plus pressant, qui
est celuy de l’avantage de nostre religion, et de favoriser et aggrandir plustost
un prince catholicque qu’un protestant. On a entretenu plus au long le sieur
de Préfontaines sur cecy.
Lesdicts Sieurs Plénipotentiaires se souviendront en relaschant le Brisgaw et
les villes forestières d’obliger s’il est possible les Impériaux par le traicté à ne
pouvoir fortiffier delà le Rhin dans tout le pays qui est entre Basle et Stras-
bourg .
Ilz se souviendront aussy concluant la paix dans l’Empire d’adjuster ce qui
regarde les trois éveschez et Pignerol.
Pour les trois éveschez on se remet à ce que lesdicts Sieurs Plénipotentiaires
jugeront à propos. Il n’y a point de doubte qu’il vauldroit mieux les avoir en
toute souveraineté comme nos parties ont faict offre de les séparer de l’ Empi-
re , mais sy cela ne se pouvoit obtenir maintenant qu’ilz se sont relaschez de
l’Alsace, Sa Majesté consentira à tout ce dont lesdicts Sieurs Plénipotentiaires
conviendront.
Pour Pignerol, Sa Majesté le tiendra en la mesme qualité qu’avoient accous-
tumé de le tenir les ducz de Savoye, c’est-à-dire relevant de l’Empire s’il en
doibt relever, affin que les Espagnolz ne puissent nous mettre en ligne de
compte une chose qui ne dépend point d’eulx, et où ilz n’ont que veoir, et
aussy pour sortir par ce moyen au plus tost de l’intérest qu’ont sur ce poinct
les maisons de Savoye et de Mantoue.
Lesdicts Sieurs Plénipotentiaires se souviendront aussy de ce qu’on leur a cy-
devant mandé, que le chasteau de Mayence en l’estat qu’on l’a mis n’est pas
moins bon que Philisbourg
S. [ nr. 98 ] .
non à le faire desmolir, [ou] du moins à faire raser les nouvelles fortiffications
que nous y avons faictes, et Sa Majesté s’en remet entièrement à ce qu’ilz
jugeront plus à propos.
Sy monsieur le nonce Bagni a escript à monsieur de Bavières ne parlant que
de l’investiture de l’Alsace pour satisfaction de la France, c’est qu’il n’aura pas
sceu toutes les distinctions du Zuntgau et du Brisgau, et a cru que tout cela et
Brisack et Philisbourg mesme y estoit compris, estant bien certain que jamais
on ne luy a dict icy ny à qui que ce soit la moindre parolle qui pust faire juger
que Sa Majesté fust pour se relascher dudict Philisbourg. Mais les ennemis se
servoient malicieusement de sa lettre pour veoir s’ilz pourroient obliger Mes-
sieurs les Plénipotentiaires à lascher cette pièce.
On croid d’avoir plainement satisfaict par [le] contenu du présent mémoire à
tout ce que lesdicts Sieurs Plénipotentiaires avoient tesmoigné désirer d’estre
esclairciz diffinitivement des intentions de Sa Majesté touchant la paix de
l’Empire. S’il y manquoit quelque chose, Sadicte Majesté treuve bon qu’ilz
estendent leur pouvoir et que sans attendre aultre responce d’elle affin de ne
retarder pas d’un seul moment cette paix, ilz prennent ensemble les résolu-
tions qu’ilz estimeront les plus convenables à son service, s’asseurant qu’elles
seront entièrement approuvées par Sa Majesté qui sçait bien qu’il ne se peult
rien adjouster ny à leur suffisance, ny au zèle qu’ilz ont pour la gloire et pour
l’advantage de cet Estat.
6 u. S. 833, 1–26: Sa Majesté désire – ont accoustumé.] Die Textanordnung entspricht im
folgenden – sinngemäß – dem Konzept und der Pariser Kopie in Ass. Nat. 272. In den
Kopien aus Münster stehen diese fünf Abschnitte erst nach den darauf folgenden fünf Ab-
schnitten (Tout l’acheminement – à la France.) Offenbar wurden diese Partien entweder
schon in der Ausfertigung oder beim Kopieren miteinander vertauscht.
longtemps à mettre sur le tappis le desmeslé que nous avons avec le pape,
notamment sur le faict des Barberins que le pape persécute contre toutes le
formes accoustumées à l’instigation des Espagnolz en hayne de la protection
que la France a prise de cette maison-là. Sy on pouvoit mesnager quelque
chose pour eux dans la conjuncture de la paix de l’Empire, Sa Majesté en
seroit bien aise. En tout cas elle entend que l’on déclare présentement au
nonce et à Contarini que la France ne peult jamais conclurre la paix généralle
et notamment celle d’Italie que les affaires de Rome avec la France ne soient
accommodées, et qu’on ne remette toutes choses à l’esgard de la maison bar-
berine en l’estat qu’elles estoient le jour avant que monsieur le cardinal An-
thoine sortist de Rome pour venir rendre ses devoirs au Roy et faire ce qui
dépendoit de luy affin de rentrer dans les bonnes grâces de Sa Majesté.
Il sera donc nécessaire que ledict sieur nonce se fasse venir un pouvoir valla-
ble pour consentir à ce que dessus, Sa Majesté ne voullant absolument point
laisser de queue qui puisse un jour servir de prétexte aux ennemis d’altérer de
nouveau le repos de la chrestienté que l’on travaille tant à establir, mais plus-
tost couper dans leur racine toutes les semences qui seroient capables avec le
temps de produire quelque division. Et oultre que la justice cognue de tout le
monde devroit desjà avoir obligé le pape à la départir à la maison barberine, et
particulièrement après en avoir esté prié par Sa Majesté, il seroit bien estrange
que l’on pust conseiller Sa Sainteté à hésiter là-dessus, s’agissant de la paix de
la chrestienté et de se mettre tous en estat de s’opposer aux progrès d’un si
puissant ennemy qui est le Turc qui veult profiter de nos dissentions.
Quant à ce qui regarde la négotiation avec Espagne, Sa Majesté ne doubte
point que sy les ministres de cette couronne-là ont faict quelque ouverture
raisonnable, lesdicts Sieurs Plénipotentiaires n’ayent pris occasion ainsy qu’il
leur a esté mandé
S. [ nr. 195 ] .
nos conquestes par la paix compris Roses avec le Roussillon, et de faire une
trêve pour la Catalogne et pour le Portugal de la durée de celle de Messieurs
les Estatz.
Cette ouverture ne peult estre receue dans le monde qu’avec beaucoup d’ ap-
plaudissement pour les facilitez que l’on verra que la France apporte à l’ ac-
commodement quand les espérances qu’elle a de l’avenir devroient l’en faire
plus esloigner, et tentant après ferme là-dessus pendant que l’on conclurra la
paix de l’Empire, et que nos armes commenceront à agir ailleurs, il y a lieu
d’espérer que les Espagnolz y donneront les mains ou que du moins ilz feront
quelque aultre proposition dont nous pourrons tirer un advantage à peu près
esgal à celuy-cy.
Cependant, et pour tout ce qui peult arriver, et pour faire mesmes entrer les
Espagnolz en plus de considération du besoin qu’ilz ont de la paix, il semble à
propos que l’on leur face protester dès à présent par la voye des médiateurs
que dès que les armes auront commencé à agir, nous ne nous tenons plus lié à
rien pour tous les avantages que l’on pourroit remporter cette campagne, et
qu’il pourroit mesme survenir tel événement par les armes ou aultrement que
les Espagnolz n’ayans pas voulu dans un si long temps accepter aulcune des
offres que nous leur avons faictes, nous nous tiendrions deschargez de
consentir à la paix en laissant les choses en l’estat qu’elles sont. Car encor que
l’on ayt pris un soin particulier de donner des ordres bien exprès à tous les
généraux d’armée et particulièrement dans la Flandre de ne hasarder quoy
que ce soit que bien à propos pour ne courre pas fortune de rien gaster sur le
poinct où nous sommes de cueillir advantageusement le fruict de nos travaux,
néantmoins nos préparatifs sont sy beaux, et la foiblesse des ennemis est
sy grande aussy bien que la disposition à la révolte de la pluspart des peuples
qui leur sont subjetz que nous pouvons sans présomption beaucoup espérer
dans cette campagne sy les causes secondes produisent les effectz qu’elles ont
accoustumé.
Tout l’acheminement qui se veoid à la conclusion de la paix dans l’Empire
n’empeschera pas que l’on ne redouble s’il est possible les soins que l’on a pris
jusqu’icy pour les levées qui se font en Allemagne, et pour leur subsistance
quand elles ariveront aux quartiers. Die Verzögerungen bei der Aufstellung der
vereinbarten Infanterie verursachen uns unnötige Kosten. Tun Sie Ihr Möglichstes
zur Beschleunigung der Aushebungen.
On se treuve icy bien en peine avec le baron de Dona parce que Sa Majesté
vouldroit le renvoyer bien satisfaict, ce qui est assez malaisé dans les préten-
tions qu’il a. Il vouldroit qu’attendu que l’électeur de Brandebourg son mais-
tre s’est porté à donner au Roy le tiltre qui luy appartient, que Sa Majesté
changeast ceux qu’elle luy a donnez jusqu’icy et le traictast de frère en luy
escrivant; ce qui ne se peult ny ne se devroit accorder quand il n’y auroit
d’aultre raison que pour ne désobliger pas Bavières et les aultres électeurs à
qui on ne feroit pas le mesme honneur quoyqu’ilz ayent avant luy traicté avec
Sa Majesté comme ilz doibvent. Il semble qu’il veuille appuyer ses instances
de ce que Messieurs les Plénipotentiaires luy ont faict espérer à Munster qu’il
n’y treuveroit point de difficulté, quoyque l’on croye bien qu’ilz ne luy au-
ront donné que des parolles généralles que faisant les choses de bonne grâce
on correspondroit icy à ses civilitez. Cependant on ne vouldroit pas que la
déférence à laquelle Brandebourg s’est porté ne servist à aultre chose qu’à le
desgouster de la France pour laquelle il tesmoignoit auparavant avoir de fort
bons sentimens. Sa Majesté désire donc de sçavoir au plus tost là-dessus de
Messieurs les Plénipotentiaires à quoy ilz croyent que l’on pourroit se porter
pour satisfaire cet envoyé, et en attendant leur responce on coulera le temps
sans luy donner aulcune résolution précise.
Le sieur de Préfontaines avoit desjà escript tous les mémoires
[ Nrs. 243 ] , [ 245 ] .
ausdicts Sieurs Plénipotentiaires de diverses choses qu’on a cru important de
leur communiquer et estoit sur le point de monter à cheval comme le sieur de
Montigny est arivé. On ne l’a retardé que deux jours, l’un pour deschiffrer la
despesche dudict sieur de Montigny et la lire au conseil et l’aultre pour minu-
ter celle-cy et la faire mettre en chiffre. La pluspart des choses qu’on luy avoit
faict escrire se sont vériffiées à l’arivée dudict sieur de Montigny ainsy que
lesdicts Sieurs Plénipotentiaires le recognoistront par lesdicts mémoires. On a
entretenu au long ledict Préfontaine sur tout le contenu en celuy-cy et on se
remet en partie au compte qu’il en pourra rendre plus exactement.
soit parlé cy-dessus de proposer la trêve pour la Catalogne en retenant le
Roussillon avec Roses, ilz doibvent se souvenir de ce qu’on leur a souvent
escript qu’il vaudroit beaucoup mieux tirer récompence dès à cette heure de
ce pays-là pour éviter les inconvéniens qui peuvent nous y ariver pendant la
trêve; et ce d’aultant plus que les Catalans appréhenderoient par la différence
que nous aurions faicte du Roussillon d’avec la Catalogne que ce ne fust une
voye qu’on a prise pour les faire retumber insensiblement en la puissance de
leur premier maistre, et qu’il ne seroit plus question que de la forme et du
temps.
On seroit mesme plus aise d’avoir peu pour cette récompence que de retenir
longtemps ce pays par une trêve pour les raisons que Messieurs les Plénipo-
tentiares sçavent fort bien, jusques là, que sy nous ne pouvions avoir la Fran-
che -Comté, on pourroit se contenter de Cambray et du Cambrésis qui n’est
pas de deux lieues d’estendue, mais qui pourtant avec le comté d’Artois feroit
une nouvelle barrière à la France.
Lesdicts Sieurs Plénipotentiaires essayeront d’y porter les choses avec ad-
dresse , et s’ilz rencontrent trop d’inconvéniens à s’en ouvrir sy tost de crainte
que les Espagnolz ne s’en prévallussent contre nous envers les Catalans, leur
faisant veoir que la France traicte desjà de les abbandonner, il fauldra du
moins s’il est possible conduire les choses par degrez et après avoir asseuré le
Roussillon et convenu de ce qui regarde les conquestes du Pays-Bas faire in-
stance d’une trêve pour la Catalogne, pour le Portugal et pour l’Italie, estant
impossible aussy bien pour cette dernière que l’on puisse en sy peu de temps
avoir ajusté tout ce qu’il fault à l’esgard des maisons de Savoye et de Mantoue;
et l’on perciste tousjours à croire que sans la conclusion de quelques mariages
les différens de ces maisons-là ne seront jamais bien terminez, et seront capa-
bles de rallumer un jour un nouveau feu en cette province.