Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
231. Brienne an Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 April 21
Paris 1646 April 21
Kopien: AE , CP All. 79 fol. 42–45’ = Druckvorlage; AE , CP All. 76 fol. 200–203; Ass. Nat.
272 fol. 212–216, ohne PS
Gärtner IX S. 168–177.
Zurückhaltung Bagnis und Nanis. Aussicht auf Abtretung des Sundgaus. Verweis auf königliche
Memoranden. Kommentar zur Diskussion der Gesandten mit den Mediatoren über die kaiserli-
chen Wünsche: Lösung der Pfälzer Frage; Einwirken auf Protestanten und Schweden; österreichi-
sche Ansprüche gegenüber Württemberg; Türkenhilfe. Vollmachtprojekt der Generalstaaten für
die Spanier. Hoffnung auf günstigere Einstellung Hollands. Reaktion des Parlaments auf die
päpstliche Bulle. Kardinal d’Este als Protektor Frankreichs in Rom. Geplante Reise Ihrer Maje-
stäten in die Pikardie. Protest der Vertreter Mantuas gegen den Vertrag von Cherasco. Titelan-
spruch Brandenburgs. Erbfolgefrage von Jülich. PS: Verweis auf nr. 232. Privata.
Vous aurez veu par ma précédente dépesche que la plus grande part des cho-
ses qui vous avoient esté dittes par messieurs les médiateurs, et dont vous
m’avés donné information par la vostre du 8 e de ce mois m’avoient esté dittes
par monsieur le nonce et monsieur l’ambassadeur de Venize et que Son Emi-
nence aiant fait sçavoir à Sa Majesté ce que vous luy en aviez escrit à la haste
Longueville in [ nrs. 198 ] und [ 207 ] , d’Avaux in [ nr. 199 ] .
il y avoit esté pris quelque résolution. Le nonce et l’ambassadeur de Venize
agissans selon l’ordre qu’ils reçoivent des ministres de leurs maistres qui sont
à Munster en suivent les mouvemens et ne déclarent jamais nettement et po-
sitivement tout ce qu’ils sçavent que les parties ont résolu de nous délaisser. Si
c’est en intention de les favoriser ou pour nous porter à donner nostre parole
pourveu qu’on nous relasche ce que les autres ont intention de délaisser, c’est
ce que je ne voudrois pas entreprendre de juger, mais pourtant j’ozerois dire
qu’ilz ne procèdent pas envers nous avec la franchise et candeur qu’on se
devoit promettre du nonce qui faisoit déclarer estre François lorsqu’il avoit
nécessité de noz offices pour estre conservé dans son employ et de l’autre qui
estant né dans une république alliée et jointe de tant d’intérestz à la France
qui s’expose mesmes à rompre avec le Grand Seigneur son ancien allié pour
les deffendre. J’ay remarqué des discours desdits ministres que Sa Majesté ne
se satisfaisant pas de la Basse-Alsace on y pourroit joindre la Haute et tout
ce qui est au-deçà du Rhin, et ont néantmoins adjousté que le Brisgau et le
Sungau pourroient estre délaissés au duc de Bavières. Or le Sungau estant en
deçà du Rhin, il semble qu’il est compris dans la pétition de donner tout ce
qui est au-deçà du Rhin et que la réserve dudit Sungau n’est posée que pour
essaier de diminuer nos avantages et avoir de quoy nous reprocher si nous
persistions à le demander sur l’ouverture mesme qu’ils en ont faitte qu’il est
de l’exception. Mais je ne juge pas que l’Empereur apporte grande difficulté à
le délaisser et qu’il se tiendra bien heureux s’il nous avoit portez à nous
retrancher du Brisgau et de tout ce que nous avons conquis au-delà du Rhin
qui serviroit de séparation à la France et à l’Allemagne ainsi qu’il faisoit au-
trefois . La postérité sera obligée d’admirer la force et le bonheur du gouver-
nement de la Reine laquelle dans une minorité aura forcé un puissant prince
d’achetter la paix et d’en recevoir les conditions qu’elle luy aura voulu impo-
ser . Je n’entreray point plus avant en matière, les derniers mémoires qui vous
ont esté envoiez doivent estre la règle de vostre conduitte et pour ce que nous
devons prétendre et de ce dont nous nous devons contenter, comme de ce qui
est de faire à l’avantage du duc de Bavières lequel ne cesse de faire faire les
offices qu’il convient à Vienne et ailleurs pour nous moienner ce qu’il sçait
que nous sommes résolus d’avoir. La maison palatine qui fait tousjours pa-
rade de grans services envers cette couronne, contre laquelle souvent ils se
sont armez, aura grand sujet de louer Dieu que les Estatz ou du moins la plus
grande partie luy soient restituez et que la dignité électorale y soit comprise.
Il ne leur devra pas paroistre estrange d’en tenir la dernière place n’aiant de
droit que la seconde bien qu’ils se soient eslevés à la première. Que pouvoient
désirer davantage les médiateurs des plénipotentiaires de cette couronne que
ce que vous leur avés offert soit pour moienner un accommodement entre les
catholiques et les protestans que de vous entremettre pour faire contenter la
Suède de quelque chose de moins qu’elle n’a demandé? Et certes vous leur
avés insinué par une raison solide, que vous n’avez envers eux que la voie de
la persuasion. Qu’un comté et deux baronies passent de la sujettion de ceux
de Wirtemberg en celle de la maison d’Austriche, c’est à quoy nous avons peu
d’intérest. Et hors que la situation nous nuisist, de quoy il vous plaira de vous
esclaircir, nous n’aurons pas de quoy le leur envier, mais comme vous l’avés
bien remarqué il faudra qu’ils persuadent les intéressez et les protestans d’y
consentir; comme la possession de l’Alsace est une raison que nous alléguons
à l’encontre d’eux quand ils la demandent, la mesme leur servira contre ces
princes de la pluspart desquelz l’affection a tousjours esté assés flottante. Des
discours de monsieur Chigy vous avés bien jugé que les Impériaux estoient
résolus sinon à condescendre à toutes noz demandes d’en consentir la meil-
leure part, et la presse de s’asseurer de ce dont on peut faire estat pour un
secours contre le Turc, sur le présupposé d’une paix, donne à entendre que les
conditions en sont consenties. Qu’il ne fust meilleur, je dis mesmes pour la
deffense de la chrestienté, que son armée fust composée de corps françois ou
soudoiez par la France que de recevoir quelque assistance d’argent, je ne le
sçaurois mettre en doute; mais s’il ne tenoit qu’à se relascher en ce point je
tiendrois l’accommodement asseuré. Jusques à présent Sa Majesté ne s’en est
pas déclarée et la raison sur laquelle vous avés fait effort est très considérable,
mais voicy un cas que vous n’aviés pas préveu et qui nécessite l’Empereur de
demeurer armé pour sa propre deffense. Si une fois il est aux mains avec le
Grand Seigneur, il luy sera assez difficile de faire promptement la paix, et
impossible de disposer des forces qu’il aura sus pied contre nous quand bien il
luy en prendroit envie, puisque ses Estatz héréditaires demeureroient exposez
à l’invasion de ce puissant ennemi lequel ne restitue jamais ce qu’il a conquis.
De l’ingénue confession que les plénipotentiaires de Messieurs les Estatz vous
ont faitte que leurs supérieurs n’avoient pas bien examiné ce qui estoit de faire
sur le sujet du pouvoir qu’ils ont à désirer des Espagnolz je demeure persuadé
qu’ils n’ont point eu d’intention de rien faire qui nous deust déplaire, et bien
que je ne doute point que vous n’en aiez escrit à La Haie, j’en feray une notte
aux ministres de Sa Majesté avec cet avertissement de s’en plaindre ou de s’en
abstenir ainsi que vous le leur manderez. Les dernières lettres que nous en
avons eues portent que les députez de la province de Holande avoient avancé
leur retour d’où l’on infère qu’ils sont en une meilleure disposition pour les
affaires publiques qu’ils n’estoient quand ils se séparèrent; nous attendons
avec impatience avis de ce qu’ils auront résolu. Les gens du Roy du Parlement
se sont laissez entendre qu’aiant eu communication d’une coppie de bulle pu-
bliée à Rome, ilz estoient obligez par le deu de leurs charges d’entrer dans le
Parlement, s’en porter pour appellans, demander acte de leur dire et de rele-
ver leur appel soit dans la cour ou ailleurs ainsy qu’ilz verront bon estre pour
le service de Sa Majesté que deffense soit faitte à tous prélatz de l’exécutter et
d’y obéir, et que selon l’usage du roiaume nulle bulle n’y soit publiée qu’elle
n’ayt esté régistrée par la cour. Il a aussi esté avisé de deffendre à messieurs les
cardinaux Barberins de sortir du roiaume et de commander aux gouverneurs
des provinces et places de les en empescher. Les termes dont on devra user en
leur endroit seront concertez avec eux. En Italie on attend avec impatience
quelque effet de nostre flotte et les plus modérez avouent qu’il faut s’y faire
craindre pour y estre respectez et sans rien faire qui blesse le pape, cella n’est
pas impossible. Les Impériaux et Espagnolz qui sont à Rome, outrez de la
déclaration qui a esté faitte par monsieur le cardinal d’Est d’estre serviteur de
cette couronne, se sont portez à interrompre l’usage qui y a tousjours esté
observé de convier aux cortèges des ambassadeurs qui y arrivent les familles
de tous les cardinaux indifféremment de quelque nation qu’ils soient ou de
quelque service de prince qu’ils professent. Ilz avoient fait rechercher Gri-
maldi et Valençay lesquelz aiant sceu qu’ilz avoient obmis d’y faire convier le
protecteur des affaires de France s’en sont excusez après l’avoir promis. On
dit que les Espagnolz rechercheront occasion de fascher cette Eminence, mais
il est bien résolu et de s’en garentir et en un besoin de les prévenir. Il paroist
ferme, haut de cœur et qu’il l’a proportionné à sa grande naissance. Sa Majes-
té a déclaré de vouloir aller faire un voiage en Picardie, de cella il paroist
combien solidement est establi le repos et le respect dans l’Estat, et qu’elle est
en disposition de se porter partout où sa présence pourroit estre requise pour
le bien et avantage des affaires du roy son filz qui a telle impatience de partir
qu’il ne parle que de son voiage.
Depuis ma lettre escritte, les ministres de madame de Mantoue, sçavoir le
comte de Sanasar et le Priandi, me sont venus trouver, qui m’ont dit que le
secrétaire de Son Altesse de Mantoue qui est à Munster et qui doit servir
auprès du comte Narli et ledit Sanazar, ses plénipotentiaires, quand ils seront
jointz à l’assemblée, les a advertis que les médiateurs vous aiant proposé de
mettre sur le tapis les affaires d’Italie et vous aiant aussi parlé des différens qui
sont entre Savoie et Mantoue, vous leur aviez respondu que pour le premier,
vous estiez tous disposez d’examiner ce qui seroit de faire pour donner la paix
à l’Italie et que quant aux différens d’entre les maisons de Savoie et Montfer-
rat , aians esté terminez par le traitté de Quérasque il n’escheoit que le l’ exé-
cutter . Ils ont ajousté que si c’est la résolution de la Reine de se fermer à
l’exécution dudit traitté les ministres de madame de Mantoue n’ont qu’à se
retirer, que c’est un traitté auquel elle n’a jamais consenti et auquel elle ne
déférera jamais, mais que ce qui sera prononcé et ajusté sur leurs différens,
elle est résolue de l’observer. Je leur ay respondu que vous n’aviés pas deu
parler d’autre sorte, ce que je ne convenois pas que vous eussiés fait, puisque
le traitté de Quérasque est en son entier, jusques à ce que par un subséquent il
y soit dérogé; qu’ils se pouvoient souvenir que l’Empereur avoit prononcé sur
un différend dont il estoit le juge naturel, mais que je les pouvois asseurer que
Sa Majesté auroit tousjours en très grande considération les intérestz de la
maison de Mantoue, et que tant Vostre Altesse que messieurs voz collègues
seriez aussi tousjours très disposez de les favoriser. Ledit Sanazar vouloit en-
trer en matière, prouver la nullité du traitté faute de pouvoir suffisant décerné
de la part du duc de Mantoue et que Sa Majesté stipuloit et promettoit de
faire agréer, que c’est dont il se faut souvenir. Moy au contraire j’évitois d’ ap-
profondir le discours et me contenois dans des propositions vagues, et qui ne
décident rien. Ilz m’ont adjousté que monsieur de Servien estoit souvent
convenu avec le Priandi qu’il y avoit eu nécessité de conclurre le traitté, mais
qu’il ne se pouvoit soustenir. J’ay encores rejette cette proposition et leur ay
donné à entendre que quand vous auriés parlé de retenir Cazal, ce qu’ils met-
toient en fait et dont je ne voullois pas convenir, vous aviez plustost establi
que destruit le droit du duc. Le Priandi a adjousté que la proposition aiant
esté restrainte au temps que la seureté de la paix le requéroit, il n’y avoit pas
sujet de se rescrier contre ce que vous aviez dit.
Le baron de Dona qui a aussi esté ce matin assez longtemps avec moy a fort
insisté que le Roy traittast de frère l’électeur son maistre. Il eût bien voulu
m’insinuer que vous en estiez convenu avec luy, mais il n’en a jamais ozé
lascher le mot. J’ay recueilli de son discours que si Neubourg refuse de termi-
ner les différens de la succession de Julliers par voie amiable qu’il est résolu
plustost que de se soumettre au jugement de la chambre de Spire de luy dé-
clarer la guerre. Il présuppose que l’Empereur et l’Espagne assisteront leur
ennemi et que la France prendra leur défense. Tout ce qu’on peut dire pour le
contenter sans trancher le mot, je le luy ay dit et les raisons que nous aurions
de deffendre un prince que les autres voudroient opprimer, mais que le Roy
estant requis de l’une des parties, sçavoir de son maistre, d’estre médiateur il
n’y avoit pas lieu de le presser d’une déclaration laquelle sceue donneroit tant
de soubçon à sa partie qu’elle rejetteroit avec raison la médiation de Sa Ma-
jesté .
PS: Depuis ma lettre escritte on a encores adjousté quelque chose aux résolu-
tions prises hier et vous verrez le tout précisément expliqué dans le mémoire
du Roy joint à cette dépesche qui sera vostre dernier ordre.
Privata: Empfehlung.