Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
192. Longueville, d’Avaux und Servien an Brienne Münster 1646 März 30
Münster 1646 März 30
Kopien: Ass. Nat. 275 fol. 175–182 = Druckvorlage; Eingang in Paris nach Dorsal fol. 182’:
1646 April 12, überbracht durch Saladin
datiert: 1646 März 31. Kopien: AE , CP All. 75 fol. 484–492, datiert: ebenso; AE , CP All. 76
fol. 85–87’.
Ankunft Saladins. Beschwerde bei den Mediatoren über die von den Spaniern in Holland ausge-
säten Gerüchte. Antwort der Gesandten auf die spanische Proposition: Französische Restitutionen
in Italien; Sicherung Casales durch französischen Gewahrsam; Behauptung Pinerolos; Beilegung
der Differenzen zwischen Savoyen und Man- tua ; Lösung der Veltlinfrage; Restitution Sabbionetas
und Correggios; Liga Frankreichs mit den italienischen Fürsten; Freilassung der Gefangenen,
speziell Prinz Eduards. Reaktion der Mediatoren auf die Vorschläge bez. Sabbioneta, Correggio,
Casale und italienischer Liga. Bedingungen für den Einschluß des Kaisers und seines Hauses
sowie Herzog Karls in den Frieden; Verpflichtung gegenüber Freunden und Feinden; Zurückwei-
sung der angebotenen Festungen in den Niederlanden; Forderung nach Restitution Navarras,
andernfalls Friedensschluß auf Grund des gegenwärtigen Besitzstandes. Argumente Trauttmans-
dorffs gegen französische Ansprüche im Reich und zur Rechtfertigung des Angebots der drei Bis-
tümer ; Gegenargumente der Gesandten. Waffenstillstand im Reich nicht mehr aktuell. Dank für
Informationen. Rechtfertigung des Abschiedsbesuchs Bellezias. Erwartung der neuen Unterlagen
über das Elsaß. Unterstützung Oldenburgs.
Nostre dépesche du 24 e de ce mois vous aura appris la proposition qui a esté
faicte de la part des Espagnols. Comme nous estions sur le poinct d’aller faire
response à messieurs les médiateurs, est arrivé le courrier Saladin. Les lettres
qu’il a apportées nous ont faict sçavoir les particularitez des bruicts qui ont
couru à La Haye et parmy les Provinces-Unies au suject de la première ouver-
ture desdicts Espagnols et des suites qu’avoient eu les fausses appréhensions
qu’on a voulu donner à ces peuples, au préjudice de la sincérité dont nous
avons tousjours usé envers eux; et quoyque nous eussions desjà esté advertis
de touttes ces choses par le sieur Brasset et par d’autres et que nous en eus-
sions desjà faict nos plaintes aux médiateurs, nous résolusmes néantmoins
d’en parler pour une seconde fois et pour y donner plus de force, nous leur
dismes qu’il nous l’avoit esté ordonné par un courrier exprès. Les médiateurs
répétèrent ce qu’ils nous avoient desjà dict sur ce mesme suject, que Penna-
randa et ses collègues faisoient de grands sermens que ny eux ny Castel Ro-
drigo n’estoient point les autheurs de ces bruictz, que l’on s’en estoit servy
contr’eux pour oster aux bonnes villes de la Flandre l’affection de contribuer
à leur défense, que cela ne provenoit d’autres que de ceux qui ne veulent point
la paix dont les Espagnols confessent avoir besoing. Lesdicts sieurs média-
teurs adjoustèrent qu’ayans desjà faict de nostre part ces mesmes plaintes, et
en ayans de plus escrit au nonce et à l’ambassadeur de Venise qui sont auprès
du Roy ils ne jugeoient pas à propos de les recommencer. Nous y insistasmes
pourtant jusques à leur dire que sy les ministres d’Espagne continuoient dans
ces procédures qui faisoient bien voir que toutte leur estude ne tendoit qu’à
un traicté particulier, nous serions obligés de sortir de Munster comme d’un
lieu où il n’y a rien à faire et que n’estoit les affaires de l’Empire nous pour-
rions aisément prendre ceste résolution.
Nous leur fismes ensuite nostre response
il n’y avoit rien de |:raisonnable que ce qui regarde l’Italie et que par noz
instructions il nous est ordonné d’entamer s’il se peut le traicté plustost par
les affaires de cette province que par les autres:|, nous commenceasmes par là
et nous y arrestasmes plus longtemps que sur les autres poinctz.
Nous dismes que le Roy avoit bien faict connoistre que son intention n’estoit
pas de faire des conquestes dans l’Italie, puisque sans qu’il y eût rien qui l’y
obligeât et que la continuation de la guerre luy donnât un juste suject de ne
point se dessaisir des places que ses armes avoient occupé, Sa Majesté néant-
moins avoit remis Cosny, Seva, Revel, Savillan, Crescentin, Quérasque, et de-
puis peu Thurin, Carmagnole
In einem Vertrag vom 2. XII. 1640 (Druck: Du Mont VI,1 S. 195) hatte sich Frk. verpflich-
tet , diese und andere frz. besetzte savoyische Festungen zu restituieren. Die gen. Plätze Cuneo,
Ceva, Revello, Savigliano, Crescentino und Cherasco wurden Savoyen zwischen Juli 1641
und Juli 1643 übergeben, Turin und Carmagnola erst Anfang 1645 ( APW I 1 S. 77 Anm. 1;
APW II B 2 S. 40).
rendant Versel avec tous les fortz qu’il tient dans le Piedmont, le Roy pour-
roit remettre entre les mains des princes les places qu’il conserve à présent.
Mais que Casal estant de l’importance que chacun sçait pour le repos général
de toutte l’Italie, et ayant esté mis ès mains du Roy par l’aÿeul de monsieur le
duc de Mantoue
soit en aage de conduire ses affaires luy-mesme et d’empescher que ceste place
ne puisse tomber en la puissance du roy d’Espagne soit par force ou par un
traicté; que cependant le Roy la pouvoit tenir en dépost soubs promesse de la
rendre à monsieur de Mantoue quand il sera majeur. |:Et par ce que les mé-
diateurs avoient dict que si le Roy voulloit retenir Pignerol, il faudroit razer
Cazal:|, nous leur déclarasmes que nous ne souffririons pas que le roy d’ Es-
pagne se meslât soubs quelque prétexte que ce fût du faict de Pignerol qui
appartenoit justement à la France et qu’on consentiroit aussy peu à la démo-
lition de Casal puisqu’il seroit trop facile au roy d’Espagne par la proximité
de ses Estatz de s’en emparer, d’y faire de nouvelles fortifications et d’allumer
une nouvelle guerre dans l’Italie sur le subject de ceste place.
Nous vinsmes ensuite à parler des différens de la maison de Savoye avec celle
de Mantoue, disans qu’ils devoient estre terminez en ratiffiant et exécutant le
traicté de Quérasque, à l’effect de quoy Sa Majesté offre de payer à monsieur
le duc de Mantoue la somme de cinq cens mil escus à l’acquict de monsieur
de Savoye pour la plus-valeur des terres adjugées par ledict traicté à la maison
de Savoye.
Qu’il estoit à propos aussy d’accorder les différens de la Valteline, et en cas
que les traictez sur ce faicts entre la France et l’Espagne
Vertrag von Monzón vom 5. III. 1626, s. [ nr. 64 Anm. 27 ] .
exécutez, que l’alliance de la France avec les Grisons sera restablie en l’estat
qu’elle estoit en 1617 .
Que Sabionete et Corregge seront restituez aux princes qui en ont esté dépos-
sédez
Sabbioneta, kleine Festung an der Westgrenze des Hgt.s Mantua, in span. Hand. Nach dem
Tod (1637) Isabellas, der Tochter Hg. Vespasians von Sabbioneta aus dem Hause Gonzaga,
wurde mit span. Hilfe deren einzige Tochter Anna Hg.in. Sie war die Gemahlin des Hg.s von
Medina Sidonia de las Torres, Ramiro de Guzmán. Um zu verhindern, daß Sabbioneta indi-
rekt in span. Hände gelänge, setzte sich Frk. für den nächsten männlichen Erben, Scipio Gon-
zaga , F. von Bozzolo, ein ( APW I 1 S. 40 Anm. 3, S. 41 Anm. 1), rechnete aber offenbar nicht
damit, diese Forderung durchzusetzen ( ebenda S. 153f.). Zu Correggio, östlich von Parma
gelegen und ebenfalls span. besetzt, s. nr. 205.
Il fut encor proposé par nous de faire une ligue entre le Roy et tous les prin-
ces d’Italie, en laquelle le roy catholique pourra entrer s’il l’a agréable, pour
l’observation et seureté de tout ce qui sera accordé par le présent traicté tou-
chant l’Italie, par laquelle tous lesdictz princes seront obligez de prendre les
armes contre celuy qui fera quelque contravention audict traicté.
Que tous les prisonniers détenus de part et d’autre en Italie seront mis en
liberté sans payer rançon, et particulièrement monsieur le prince Edouart de
Portugal.
Entre ces poincts il y en eut deux sur lesquels les médiateurs s’éschauffèrent
beaucoup. Le premier fut sur ce que nous demandions que Sabionete et Cor-
regge fussent rendues à ceux à qui ilz appartiennent, et l’autre le dépost de
Casal entre les mains du Roy, sur quoy ils s’escrièrent et prirent l’alarme sy
forte, que jugeans que |:cella pourroit estre mal receu dans toute l’Italie:|,
nous fusmes obligez sur la fin de nostre conférence, après nous estre mis à
part, et consulté ensemble, de leur dire, que l’intention du Roy n’estoit pas de
garder Casal, mais d’empescher que le roy d’Espagne ne s’en pûst saisir, et
pourveu qu’on trouvât un autre moyen suffisant pour asseurer ceste place,
que nous estimions que le Roy l’agréeroit. Sur cela monsieur Contariny nous
demanda plusieurs fois sy le rasement de la place, et la ligue des princes d’ Ita-
lie ne seroit pas une seureté assez grande et nous pressa de dire quel autre
expédient nous aurions à proposer. Nous repartismes que nous n’en sçavions
point de meilleur que celuy dudict dépost jusques à ce que le duc de Mantoue
soit en aage, mais que nous n’y insistions pas en sorte que sy l’on en proposoit
d’autres d’une égale seureté, on ne les acceptât. Que la ligue des princes d’ Ita-
lie estoit un moyen utile à la vérité, mais qui ne nous sembloit pas assez seur
contre le dessein obstiné que l’Espagne a eu de tout temps de s’emparer de
ceste place; quant à la démolition de Casal, que le Roy ne la consentiroit
jamais, leur en apportant plusieurs raisons, où nous leur faisions voir que les
princes d’Italie y sont beaucoup plus intéressez que nous. Ce qui nous sembla
plus estre à remarquer en ce discours, est que monsieur Contariny parlant
comme il a faict souvent de |:la ligue des princes d’Italie en présence de mon-
sieur le nonce qui n’y contredict poinct, nous pouvons de là prendre une
conjecture qu’ilz l’approuvent:| .
De ce propos on vint aux autres poinctz, et sur ce qui avoit esté proposé par
les ministres d’Espagne de comprendre l’Empereur et les princes de la maison
d’Austriche au traicté, nous dismes que sy lorsqu’il se conclura avec l’Espagne
la paix se trouve faicte avec l’Empereur, il y sera compris s’il l’a agréable en la
mesme forme que dans les traictez précédens, et les princes de la maison
d’Austriche aussy, pourveu que ceux qui ont cy-devant prétendu quelque
droict sur les deux Alsaces, le Brisgaw et Zuntgaw, y renoncent en faveur de
la France; qu’il en pourra estre faict de mesme à l’esgard du duc Charles, à
condition qu’il soit obligé de désarmer auparavant et de ne troubler le Roy
soubs quelque prétexte que ce soit en la possession des Estatz qu’il occupe
maintenant et que le roy d’Espagne promettra de n’assister directement ny
indirectement ledict duc, au cas qu’il vînt à contrevenir à la susdicte obliga-
tion .
Quant à demeurer amis des amis et ennemis des ennemis, que ce seroit une
clause et obligation trop générale, et que pour faire une bonne et durable paix
il vaut bien mieux s’expliquer nettement de ce que chacun devra faire ou ne
faire pas, attendu que la France ne peut rien promettre au préjudice de ses
alliez. Et pour les rebelles on pourra convenir que les deux roys n’assisteront
point les sujectz de l’un et de l’autre qui se pourroient révolter après la paix;
mais que nous désirerions bien sçavoir de qui entendent aujourd’huy parler
les Espagnols soubz le nom de rebelles, |:ce que nous avons faict pour voir
s’ilz ozeront nommer Messieurs les Estatz:|.
Nous nous estions réservé de respondre en dernier lieu à la cession que les
Espagnols ont proposée de quatre places. Nous tesmoignasmes de nous en
offenser plutost que d’en faire aucun cas, leur faisans remarquer la dispropor-
tion qu’il y a entre une offre sy ridicule et celle qu’ils ont faicte à la Royne sy
elle a esté accompagnée de sincérité; et nous leur déclarasmes nettement qu’i 1
ne faloit pas que le roy d’Espagne s’attendît à la restitution d’une bicoque de
nostre part tant qu’il occuperoit le royaume de Navarre et qu’il ne voudroit
pas en faire raison au Roy et entrer en compte là-dessus, estant hors d’ appa-
rence qu’ils prétendissent de retirer ce que noz roys ont conquis pendant une
juste guerre tandis qu’ilz refuseroient de restituer ce qu’ils ont usurpé avec
une injustice sy grande et sy connue de tout le monde; que quand ils nous
rendroient ce royaume nous leur remettrions de noz conquestes autant ou
plus que ce qui seroit raisonnablement estimé; que pour donner repos néant-
moins à la chrestienté et remédier aux maux dont elle est menacée, on en
demeureroit au poinct où l’on est et qu’on sacrifieroit au bien de la paix les
espérances très bien fondées que la France doit avoir de s’agrandir à cause des
grands préparatifs qu’elle a faict pour la campagne et de l’estat où l’on sçait
que les affaires d’Espagne sont réduites.
Les médiateurs se chargèrent de porter aussytost ceste response aux plénipo-
tentiaires d’Espagne, mais ils nous tesmoignèrent franchement que comme ils
n’approuvoient pas la petite offre des Espagnols, ils tenoient aussy nostre res-
ponse trop ferme et trop haute. Nous ne manquasmes pas de l’appuier de
fortes raisons spécialement en ce qui touche la Navarre où il |:importe de
tenir ferme jusques à ce que nous ayons nostre compte d’ailleurs:|.
Les affaires d’Espagne estans achevées lesdictz sieurs médiateurs nous dirent
que le comte de Trautmansdorff leur avoit mis entre les mains divers papiers
pour faire voir que la France a tousjours déclaré de ne rien prétendre en Ale-
magne , mesmes depuis la bataille de Nordlinghen et la rupture avec l’ Empe-
reur . Lesdictz papiers servoient encores à monstrer que l’offre des trois éves-
chez est plus grande que nous ne l’avons estimée; que monsieur de Metz a
presté le serment de fidélité comme prince de l’Empire en l’année 1626, qu’il
y a eu des promesses faictes à l’évesque de Verdun touchant la citadelle qui ne
luy ont pas esté tenues, que jusques en l’année 1630 on n’avoit point révoqué
en doute les droictz de l’Empereur sur lesdicts éveschez, et qu’au préjudice de
cela on y a estably depuis peu un parlement et faict prester aux sujectz le
serment de fidélité.
Nous avons respondu que le Roy ne prétend que les mesmes droicts qu’il a eu
depuis cent ans sur ces trois éveschez; que s’il y a eu un parlement estably ce
n’a esté que pour la commodité des peuples et en la place d’un intendant de
justice qu’on avoit accoustumé d’y tenir et des treize qui jugeoient souverai-
nement ; que le roy d’Espagne a estably de mesme un parlement dans la comté
de Bourgongne quoyque ce soit un fief de l’Empire.
Nous ne croyons plus |:la suspension dans l’Empire si nécessaire que lorsque
les armées estoient en présence et que nous appréhendions l’événement d’un
combat:|. A ceste heure qu’elles sont séparées on auroit aussy tost |:convenu
de la paix que des conditions d’une suspension:|. D’ailleurs nous ne voyons
aucune |:certitude ni avancement touchant le poinct de la satiffaction laquelle
il n’y a point de lieu d’espérer que par la force:|.
Nous vous rendons grâces bien humbles, Monsieur, de touttes les nouvelles
dont il vous plaît nous donner part, tant de ce qui se passe en Savoye que dans
le reste de l’Italie et près du pape. Mais permettez-nous de vous dire que
|:monsieur le comte de Sainct-Maurice nous ayant esté recommandé comme
serviteur particullier de Leurs Majestez et honoré de leur confience:|, nous
aurions creu faire faute sy à son instante prière nous n’avions trouvé bon qu’il
amenât avec luy |:le sieur Belletia pour prendre congé:| de nous en se retirant
de l’assemblée. Il n’avoit ordre alors que de s’en retourner droict à Turin. Il
nous demanda mesme s’il |:oseroit passer par la Flandre:|. Nous considéras-
mes ceste retraicte quoyqu’ordonnée un peu tard et de mauvaise grâce comme
une obéissance rendue aux volontez de la Royne: ce qui nous fist consentir à
la passion que tesmoigna |:monsieur le marquis de Sainct-Maurice de nous le
présenter:| pour prendre congé de nous. Ce qui se passa en ceste visite fut sy
peu |:à son avantage qu’il eust regret d’y estre venu:|. Nous attendons tous-
jours ce que vous nous faictes espérer pour connoistre avec plus de vérité en
quoy consiste l’Alsace. Nous rendrons à monsieur le comte d’Oldenbourg
l’office porté dans le mémoire que vous nous avez envoyé s’il y a lieu de le
faire.