Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
122. Longueville und Servien an Brienne Münster 1646 Februar 17
Münster 1646 Februar 17
Ausfertigung: Ass. Nat. 275 fol. 78–91’ = Druckvorlage; Eingang in Paris nach Dorsal fol. 93’:
1646 Februar 28. Duplikat für Mazarin: AE , CP All. 59 fol. 248–257’. Kopien: AE , CP All.
63 fol. 380–386’ ; AE , CP All. 75 fol. 262–267. Teilkonzept Serviens: AE , CP All. 75 fol.
268–275’
S. 225–246.
Verhalten gegenüber den Schweden. Widerstand der Reichsstände gegen die Abtretung Philipps-
burgs. Schwedischer Vorschlag unmittelbarer Verhandlungen mit den Kaiserlichen im Beisein der
Residenten. Ehrenerweisungen der Kaiserlichen gegenüber den Gesandten der Generalstaaten;
Desinteresse der Generalstaaten an den Reichsangelegenheiten. Dank für Schutzbriefe. Erwar-
tung der Unterlagen Vautortes. Günstige Wirkung der Ausführungen Briennes gegenüber Nani.
Befriedigung über den Beschluß, die Erzherzöge von Tirol für das Elsaß zu entschädigen. Unter-
stützung Bayerns in der Kurfrage. Notwendigkeit der Entlastung Hessen-Kassels. Aushebungen
Bönninghausens. Konferenz mit den Mediatoren: Friedensmahnungen und förmlicher Protest des
Kaisers angesichts der Türkengefahr; Vorschlag der Mediatoren, eine Waffenruhe im Reich zu
schließen. Antwort der Franzosen: Rechtfertigung der französischen Verhandlungsposition; Be-
schwerde über die Sonderfriedensbestrebungen der Spanier; Erörterung der Verhandlungsbasis
mit Spanien; eventuelle Trennung der Friedensschlüsse; Bereitschaft zum Frieden im Reich. Bar-
berini-Affäre; Verbot der Geldzufuhr nach Rom als Repressalie. Anspruch des mantuanischen
Botschafters auf Gleichstellung mit dem savoyischen.
Nos dépesches précédentes vous ont sy particulièrement informé de ce qui
s’est passé |:entre les Suédois et nous:| que nous aurons peu de chose à vous
dire maintenant sur ce suject. Nous estimons plus à propos d’attendre que le
retour de monsieur d’Avaux qui est à Osnabrug et celuy de monsieur de
Saint-Romain qui reviendra bientost de Suède nous donne lieu de vous faire
sçavoir ce que nous aurons appris de nouveau. Jusqu’icy nostre principal
soing |:a esté d’esviter toute sorte de rupture et de mésintelligence avec les
Suédois:| et nous continuerons à l’advenir autant qu’il nous sera possible.
Mais il faut aussy considérer comme nous l’avons desjà mandé qu’il ne seroit
|:guères moins périlleux de leur laisser faire toutes choses à leur volonté sans
avoir esgard aux traictez d’alliance et sans suivre autre règle que la comodité
de leurs affaires:|. Outre que nostre |:dissimulation leur donneroit l’asseu-
rance:| de continuer et peut-estre de passer plus outre, elle les feroit passer
jusques dans |:le mespris de nostre conduitte:| ou bien dans le soupçon que
|:nostre souffrance ne tend qu’à choisir une occasion propre pour nous
vanger:|.
Nous ne craignons pas tant les conséquences que pourroient tirer |:les Sué-
dois de la demande que nous faisons de Phillisbourg:| que la jalousie qu’en
prennent |:les princes voisins et les protestans encor plus que les autres:|.
Nous avons desjà mandé que ceste considération nous faict croire qu’il sera
|:difficille d’obtenir cette place du consentement des estatz de l’Empire:| non
seulement à cause de la |:subjection où elle tiendroit tout le voisinage:|, mais
pour le grand nombre de |:places qu’il nous faudroit donner pour la ligne de
communication que:| nous avons demandée. Néantmoins quand on jugeroit
à propos de nous donner pouvoir de |:nous relascher de cette demande:|, il
importe extrêmement que |:la résolution en soit tenue secrette:| afin que
nous ne soyons obligez de |:nous en ouvrir qu’au besoing:| et que nous le
facions avec quelque certitude d’obtenir en mesme temps |:le comte du Roy
en tout le reste et surtout avec apparence de pouvoir par ce moien conclurre
promptement le traicté:|.
Les Suédois nous ont bien faict offrir que sy nous voulions traicter immédia-
tement avec les Impériaux et y mener leur résident, ils en feroient de mesme,
mais ayans pressenty les difficultez que les médiateurs y apportent nous
n’avons encor pu convenir de cet expédient. Lorsque nous en aurons entre-
tenu lesdictz sieurs médiateurs un peu plus avant et que nous aurons veu ce
qu’aura produict le voyage de monsieur d’Avaux, nous vous en pourrons par-
ler avec plus d’assurance.
Les Impériaux n’ont guères tardé à suivre l’exemple des Espagnolz envers les
ambassadeurs de Messieurs les Estatz et ne se sont pas contentez de rendre à
ceux-cy les mesmes honneurs, mais leur ont faict excuse de leur retardement.
Nous |:n’eussions pas esté faschez que cette petite division eust:| continué
pour en tirer le proffit que vous nous marquez. Mais outre que cela s’est rac-
commodé promptement, nous ne voyons pas grande |:disposition du costé de
Messieurs les Estatz à s’intéresser dans les affaires de l’Empire:|, ce qui est sy
vray qu’ilz ont différé jusqu’à présent de faire aucun office |:en faveur des
calvinistes:| quoyque l’intérest de |:leur religion:| leur soit sensible au poinct
que chacun sçait.
Nous vous remercions des sauvegardes qu’il vous a pleu de nous envoyer et
attendrons avec impatience le procez-verbal de monsieur de Vautorte qui
nous viendra bien à propos.
La fermeté que vous avez tesmoignée à |:l’ambassadeur de Venise:| nous sera
très utile par-deçà, ne doutans point qu’il ne donne part à |:monsieur Conta-
rini:| du discours que vous luy avez faict et des raisons dont vous avez sous-
tenu la justice des droictz de la France sur la Lorraine.
Nous treuvons la résolution qui a esté prise de |:desdommager les princes du
Tirol:| digne de la grandeur du Roy et croyons que quand on viendra à la
conclusion de ceste affaire, |:cette offre rendra le dessein que nous avons de
retenir l’Alsace beaucoup plus plausible:|. Il est mesme selon nostre advis
plus |:advantageux pour affermir les droictz du Roy d’en donner récompense
que de n’en donner point:|, et cela engagera |:les princes intéressez à donner
leur cession s’ilz veullent jouir de la grâce que Sa Majesté:| leur fera, ou ne le
voulans point |:c’est une offre très honneste qui ne coustera rien:|.
Vous pouvez estre bien assuré que nous n’expliquerons les intentions du Roy
|:touchant l’eslectorat en faveur de monsieur de Bavière:| que quand il sera
temps et bien à propos. Mais nous vous supplions de considérer que |:les
ministres de ce prince:| continuans de bien parler et de bien agir en nostre
faveur, comme ils font en ceste assemblée, il sera difficile de luy |:reffuser les
offices réciproques qu’il attend de nous, de crainte que leur maistre ne se
refroidisse et n’ordonne à ses depputez de se conduire aussi avec plus de rete-
nue en ce qui regarde la France:|.
Nous ne doutons point que le sieur Brasset ne vous ayt donné le mesme advis
qu’à nous
sans offices que Leurs Majestez luy ont faict faire en faveur de Madame la
Langrave. Ohne die Quartiere und Kontributionen von Ostfriesland und ohne
französische Sondersubsidien würde sie sich schwerlich weiter behaupten können.
Voicy la saison que nous avons plus besoing de son assistance que jamais, non
seulement dans la campagne, mais dans ceste négotiation où elle est extrême-
ment nécessaire |:tant pour maintenir l’union entre les Suédois et nous que
pour insinuer ce que nous voullons faire sçavoir aux protestans:|. Mais
comme nous croyons que les grâces de Leurs Majestez seront très bien em-
ployées, il sera bien à propos en les luy accordant de tirer assurance d’elle
de ce qu’elle fera ceste année, et en former la résolution avec monsieur le ma-
reschal de Turenne avant son retour.
Nach letzten Nachrichten hat Bönninghausen seine Kavallerie bereits aufgestellt;
1200 Mann Infanterie kommen demnächst dazu, der Rest soll bald folgen. Von
einer |:Auflösung und Umverteilung:| dieser Truppenverbände ist sehr abzuraten.
Les médiateurs nous ont visité ceste sepmaine pour nous faire une espèce de
protestation de la part des Impériaux, en nous exposant leur commission que
nous avons sceu depuis avoir esté envoyée d’Osnabrug par le comte de Traut-
mansdorff, la lettre duquel traduicte d’alemand en françois sera avec la pré-
sente. Ilz ont tasché de tempérer l’aigreur de la chose par la douceur des pa-
roles. Ilz ont commencé leur discours en exaggérant les maux dont la chres-
tienté est menacée par les préparatifs extraordinaires et presque incroyables
que faict le Grand Seigneur, disant que son dessein est également contre tous
les princes chrestiens, qu’il faict estat d’attaquer ceste année en divers en-
droictz par mer et par terre pour mieux proffiter de leurs divisions. Que
l’Empereur en l’estat où il se trouve n’ayant pas des forces suffisantes pour
résister, sera contrainct de recourir à touttes sortes de moyens pour se garen-
tir de l’orage, nous faisant assez clairement entendre qu’il ne tiendroit pas à
luy qu’il ne s’accommodât avec le Turc s’il en rencontroit l’occasion, et qu’en
tout cas il déclaroit et protestoit qu’on ne pouvoit pas imputer à Sa Majesté
Impériale le danger où la chrestienté demeuroit exposée par la continuation
de la guerre puisqu’il ne tenoit pas à elle qu’on ne vînt promptement à la
conclusion d’une bonne paix. Ilz ont ajousté que pour avoir plus de moyen de
s’opposer à cet ennemy commun il seroit à propos de faire une suspension
d’armes dans l’Alemagne pendant la campagne prochaine pour durer au
moins jusques au mois de septembre ou d’octobre qui est le temps que les
forces du Turc ont accoustumé de se retirer.
Nostre response a esté que Leurs Majestez voyent avec un très sensible des-
plaisir l’avantage que les infidelles peuvent tirer de la division des princes
chrestiens; qu’elles ont ceste consolation de n’en estre pas la cause, et de
n’avoir rien obmis pour avancer la paix. Que les difficultez ny les longueurs
qui s’y rencontrent ne sont point jusqu’icy venues de nostre part, mais bien de
ceux qui n’ont travaillé qu’à faire des traictez particuliers, lesquelz ne peuvent
avoir pour object le repos public; qu’il y a près de deux mois que nous avons
donné noz répliques sans qu’on nous ayt rien dict depuis ce temps-là; qu’en-
cor que nous nous soyons desjà mis extrêmement à la raison, lorsqu’on pro-
cédera sincèrement avec nous et qu’on prendra les bonnes voyes pour sortir
d’affaires, nous ferons paroistre le véritable désir qu’ont Leurs Majestez d’un
bon accomodement. Que pour la suspension d’armes, on l’avoit crue jus-
qu’icy plus propre à reculer la paix, qu’à l’avancer, puisqu’il ne faudroit pas
tant de temps pour conclurre un traicté deffinitif sy on y vouloit marcher de
bon pied comme pour tomber d’accord des quartiers et de la forme de lever
les contributions pendant la suspension. Qu’outre cela il n’en réussiroit aucun
avantage pour la défense de la chrestienté, n’estant pas croyable que sur la foy
d’un traicté incertain et de peu de durée aucune des armées qui sont en Ale-
magne voulût s’en aller contre le Turc pour laisser tout le pais à la discrétion
de son ennemy et estant encor moins à espérer que deux armées ennemies
puissent aller de concert s’attacher à une nouvelle guerre avant qu’avoir bien
fini celle qu’elles ont ensemble; qu’il paroît donc que l’unique moyen de re-
médier à ce grand mal est de faciliter la paix plus qu’on n’a faict jusqu’à pré-
sent, de ne s’arrester pas à tant de formalitez et d’y procéder de meilleure foy.
Nous avons ajouté en passant que ce qui s’est passé autresfois entre l’empe-
reur Charles Quint et le roy François a faict assez connoistre au monde que
les princes de la maison d’Austriche ayment mieux abandonner leurs Estatz
héréditaires à la discrétion du Turc que de perdre l’occasion de despouiller
des princes chrestiens leurs voisins contre lesquelz ils ont plus de jalousie et
d’animosité, que contre luy. Qu’à la vérité en ceste guerre Dieu par sa justice
a voulu récompenser la France d’une partie de ses pertes passées, mais qu’il ne
seroit pas juste qu’elle se privât volontairement des faveurs du Ciel ny qu’elle
seule par un excez de zèle acheptât le repos public en sacrifiant tout le fruict
d’une longue guerre où il s’est consommé plus de deux cens millions d’or et
de deux cens mil hommes et où il s’est donné plus de trente batailles. Que les
ennemis du Roy ne luy ont pas donné autresfois cet exemple quand ilz ont eu
l’avantage. Que tesmoignans encor aujourd’huy tant de fermeté et d’obstina-
tion à faire durer une guerre qui ne leur peut estre que malheureuse, ce seroit
une espèce d’infamie pour nostre nation sy dans le bonheur, elle n’avoit au-
tant de constance qu’eux au milieu de touttes leurs disgrâces. Qu’on a desjà
passé beaucoup au-delà de ce qu’ilz feroient s’ilz estoient en nostre place, en
offrant comme on a faict la restitution de quantité de places considérables, et
de trois électoratz presque tous entiers. Que c’est vouloir donner la loy en
vainqueur de prétendre qu’outre tout cela la France se dessais[is]se encor d’un
pays que le Ciel a faict tomber en son pouvoir pour la desdommager des tortz
qui luy ont esté faict autresfois, qu’elle a conquis par une juste guerre sur ses
ennemis déclarez et qu’elle a très grand intérest de retenir autant pour sa seu-
reté que pour son desdommagement. Que nous n’avions pas laissé de charger
monsieur d’Avaux de proposer à noz alliez la suspension d’armes dont il nous
a esté parlé cy-devant pour empescher s’il est possible que les deux armées
qui sont en présence ne viennent aux mains et que l’événement d’une bataille
ne change la face des affaires, mais que pour rendre de tous costez la chose
plus faisable et plus utile il faudroit qu’on vît un peu plus de disposition à la
conclusion du traicté.
Lesdictz sieurs médiateurs dirent que nous avions sy peu faict de compte de
l’offre qui avoit esté faicte de la part de l’Empereur que véritablement cela
avoit donné du dégoust. Que les François disoient tousjours qu’ilz ne vou-
loient rien faire sans leurs alliez, et qu’il ne paroissoit pas que les alliez eus-
sent dessein de faire la paix puisqu’ilz vouloient qu’on traictât les affaires de
l’Empire avant la satisfaction des couronnes. Que la discution desdictes affai-
res estoit sy longue que quand on en pourroit espérer une bonne issue, elle
viendroit tousjours trop tard pour remédier aux maux sy pressans de la chres-
tienté. Qu’il y avoit apparence que cela se faisoit pour esloigner ou pour rom-
pre le traicté, et que les Suédois |:se voyans aujourd’huy appuiez des protes-
tans d’Allemagne non seulement avoient peu de disposition à la paix, mais
avoient envie d’une guerre d’Estat d’en faire à l’advenir une de religion, à
quoy la France a intérest de prendre garde:|.
Il a esté répliqué que sy on avoit convenu de la satisfaction particulière du
Roy on pourroit plus hardiment employer le nom et l’autorité de Sa Majesté
auprès |:des alliez pour les ramener à la raison:|. Que nous avons |:noz traic-
tez d’alliance avec eulx qui nous donnent lieu de nous opposer à tout ce qu’ilz
voudroient faire au préjudice de la religion:|, mais que cy-devant lorsqu 1
nous l’avons voulu entreprendre, noz parties ont pris ce temps pour leur of-
frir ce que nous leur disputions, afin de leur persuader qu’ilz devoient atten-
dre plus de facilité d’elles que de nous; qu’au moins sy monsieur de Trait-
mansdorff eust continué dans le dessein avec lequel il estoit venu icy de pour-
voir avant touttes choses à la satisfaction des deux couronnes, les affaires fus-
sent allées plus viste et avec plus de facilité; que sa froideur et le changement
de son procédé ont esté cause qu’on a appuié fortement |:sur les intérestz
publicz de l’Allemagne et principallement des protestans qui sans doubte de-
viendroient plus facilles aussitost que les deux couronnes qui leur donnent
vigueur auroient leur compte:|.
Après cela on est venu sur les affaires d’Espagne où nous avons faict voir sy
clairement aux médiateurs le mauvais procédé des ministres qui sont icy et les
recherches honteuses qu’ilz font aux Holandois pour les destacher d’avec
nous que monsieur Contariny a esté contrainct de nous respondre: «Dicles
donc à voz alliez qu’ils déclarent nettement qu’ilz ne veulent point traicter
sans vous.» Nous avons respondu que cela ne manqueroit pas d’estre dicten
temps et lieu et qu’ilz pouvoient estre assurez qu’il seroit aussy fidellement
exécuté. Mais que les Espagnolz ne laissoient pas d’estre blasmables de leur
bassesse et de leur mauvaise foy, puisque le pouvoir que Penaranda a apporté
ne tend qu’à faire un traicté particulier avec les Provinces-Unies, quoyeue
ceste assemblée n’ayt esté establie que pour faire une paix universelle, et puis-
que luy et ses collègues n’ont pas faict scrupule pour flatter les Holandois de
leur dire que la guerre qu’ilz font au roy d’Espagne pour la défense de leur
liberté est très juste, mais que celle que la France faict dans les Pays-Bas estent
très inique, les Provinces-Unies auroient grand tort de l’assister dans l’usurpa-
tion d’un pays sy voisin du leur. Qu’au contraire ils doivent contribuer à ga-
rantir des compatriotes qui ont leurs mœurs et leur langue, d’une subjecton
estrangère où l’on les veut mettre, et à se délivrer eux-mesmes des justes ap-
préhensions que le voisinage d’une nation sy inquiète et sy puissante que la
françoise leur doit donner. Que nous les prions de nous dire sy touttes ces
voyes et ces discours tendoient à une sincère réconciliation, et sy ce n’est pas
une grande imprudence aux Espagnolz de recourir à de semblables moyens
sans estre assurez qu’ils produiront quelque effect. Que Messieurs les Esatz
sont sy esloignez de s’y laisser surprendre que tout cela n’a servi qu’à redou-
bler leur défiance, à leur donner du mespris de leur ennemy, et peut-estre à
leur faire augmenter leurs prétentions sans avoir esbranlé en façon du monde
l’union qui est entre la France et leur Estat, laquelle a esté plus affermie qu’af-
foiblie par un semblable procédé. Monsieur Contariny a respondu que les
Espagnolz déclarent tousjours qu’ilz ont volonté de faire la paix, qu’ilz recon-
noissent le mauvais estat de leurs affaires et ont souvent usé de ces termes
qu’il faut qu’ilz y laissent du poil. Que c’estoit donc à la France comme ayant
l’avantage de donner la loy et qu’il luy sembloit qu’elle pouroit avec honneur
et grande gloire dire nettement: je feray la paix à telles conditions avec l’Es-
pagne, je veux garder telle et telle conqueste et rendre pour le bien publicune
telle et une telle pièce, et s’affermir dans ceste résolution sans entendre plus à
aucun autre parti. Nous avons respondu que suivant le conseil qu’il leur avoit
pleu cy-devant de nous donner nous avons desjà faict ceste déclaration ayans
dict franchement par la proposition que nous avons donnée aux Espagnolz
tout ce que nous pouvons faire, qui est de conclurre promptement la paix en
laissant les choses en l’estat qu’elles sont et en réservant à chacun ses droictz
et prétentions; sy l’on n’ayme mieux venir à la discution des anciens droictz
de l’une et l’autre couronne sans avoir esgard aux traictez faicts par force ou
par crainte; que depuis nous avons encor offert plusieurs fois sy on vouloit
faire raison au Roy du royaume de Navarre dont il n’y a personne qui ne
tienne la rétention très injuste, que nous ne refuserions pas sur tous les autres
différendz de convenir volontiers de tous les expédiens et accommodemens
qui seroient jugez raisonnables, qui est un troisiesme party qui ne pouvoit
estre refusé avec raison. Que nous ne voyons pas pourquoy il doit estre per-
mis aux Espagnolz de tourner en railleries les justes demandes du Roy et de
faire passer leurs prétentions mal fondées pour légitimes; que sy de ceste sorte
nous prenions pour règle de ceste négotiation leur seule volonté, ce seroit
recevoir honteusement d’eux la loy au lieu de nous prévaloir du temps et de
l’estat présent des affaires qui nous permettent par leur propre confession de
la donner. Qu’ilz ne doivent pas donc prétendre de nous obliger par le traicté
à des restitutions qu’ilz ne sçauroient nous faire faire par les armes. Qu’en
tous les traictez précédens on estoit d’accord des principaux poinctz et de ce
que chacun devoit rendre avant de s’assembler, mais qu’on est venu en ceste
assemblée sans s’engager à rien de part ny d’autre avec la seule intention de
faire la paix selon l’estat présent des affaires et restablir sincèrement l’amitié
sans l’achepter ny la vendre; que la prétention qu’ont aujourd’huy les minis-
tres d’Espagne qu’on leur doit faire des restitutions est une condition nouvelle
qu’ilz veulent apporter à l’establissement de ceste assemblée qui a empesché
jusqu’ici qu’on n’en ayt pu tirer le fruict que chacun en espéroit. Nous avons
ajousté diverses raisons pour monstrer qu’on ne sçauroit conseiller au Roy de
faire présentement des restitutions à un prince qui luy retient encor injuste-
ment tant de divers Estatz et qui mesme refuse de faire aucune raison à Sa
Majesté pour la Navarre qui est son ancien patrimoine, sans que la couronne
de France en receût très grand préjudice à l’advenir en ses droictz et préten-
tions quelque clause de réserve qu’on pûst apposer au traicté. Et partant que
sy on vouloit sortir d’affaires il faloit considérer tout ce qui est aujourd’huy
entre les mains du Roy comme luy appartenant légitimement et traicter sur ce
fondement, parce que tandis qu’on s’attendroit vainement à des restitutions
gratuites que nous ne sommes pas résolus de faire, on ne viendroit point à la
conclusion du traicté. Que les Espagnolz faisoient encores parade de l’offre
qu’ilz ont faicte de traicter avec nous de paix ou de longue trefve ou de sus-
pension d’armes, comme sy c’estoit beaucoup dire estans tous venus icy pour
faire la paix, de déclarer qu’on est prest de la traicter en mesme temps qu’on y
apporte des conditions et des prétentions nouvelles qui en empeschent l’effect
et qu’on tasche par des moyens obliques de desbaucher les alliez. Que cela
faict bien paroistre un dessein de former des partis nouveaux pour continuer
la guerre plus avantageusement, mais non pas une intention sincère de faire
cesser les divisions présentes; que pour la trefve, encor que les ennemis ne s’en
soient pas contentez touttes les fois qu’ilz ont eu l’avantage, ce n’est pas la
principale raison qui nous empesche d’y pouvoir entendre, mais que nous
avons souvent représenté que ce ne seroit pas un suffisant remède pour les-
grands maux dont la chrestienté est menacée, qu’un semblable traicté ne fai-
sant que différer la guerre et ne la finissant pas, et pour ceste raison laissant
les espritz des princes en défiance, les obligeoit de demeurer puissamment
armez, et ne leur permettoit pas de s’embarquer dans de nouveaux desseins.
Que d’ailleurs les peuples nouvellement conquis demeurans en incertitude du
souverain auquel ilz doivent enfin demeurer par un traicté définitif tiennent
leur affection et leur fidélité en suspens et sont suceptibles de touttes les per-
suasions et de touttes les espérances qu’on leur veut donner, ce qui oblige
d’entretenir dans touttes les places des garnisons aussy fortes qu’au milieu de
la guerre, et de ceste sorte sans faire cesser ny le péril ny la despense on de-
meure dans une contrainte qui ne permet pas de penser à d’autres entreprises.
Nous leur avons dict pour conclusion que nous voulions leur parler plus so-
lidement que les ministres d’Espagne, bien qu’ilz ne nous y obligeassent pas
par leur conduite, et qu’encor que l’intention de Leurs Majestez soit de faire
une paix générale et de sortir d’affaires en mesme temps s’il est possible avec
l’Empereur et avec le roy catholique, comme certainement ce seroit l’avantage
de la chrestienté, néantmoins sy les affaires de l’Empire peuvent estre accom-
modées et que les Espagnolz ne veuillent pas se mettre à la raison, Leurs
Majestez ne refuseront pas pour cela d’y entendre; comme aussy de s’accom-
moder séparément avec le roy catholique en cas que les formalitez et les lon-
gueurs de l’Empire apportent trop de retardement à la paix générale; que
Leurs Majestez entendent seulement en ce cas d’y apporter deux conditions,
l’une qu’elles ne feront rien ny d’un costé ny d’autre que conjoinctement avec
leurs alliez, l’autre qu’on apportera les précautions nécessaires pour estre as-
suré qu’en finissant la guerre en un lieu on n’aura plus rien à craindre de ce
costé-là pendant qu’elle sera continuée en un autre endroict. Nous y avons
ajousté que quand les estatz de l’Empire auront pris résolution sur noz répli-
ques, et que les Impériaux voudront traicter franchement avec nous sur le
poinct de la satisfaction du Roy, pourveu que l’on pourvoie aux choses essen-
tielles que nous avons demandées où la seureté de la paix est intéressée, nous
apporterons des facilitez et des adoucissemens dans le reste qui feront avouer
à tout le monde que Leurs Majestez souhaitent la paix avec l’Empereur et le
repos dans l’Empire. Qu’à la vérité avec les Espagnolz qui ont tousjours sy
mal traicté la France nous serons un peu plus fermes et que personne ne treu-
veroit raisonnable que cependant qu’ilz veulent sy obstinément entretenir des
armées à cinquante lieues de Paris et conserver ce perpétuel moyen de trou-
bler ce royaume du costé des Pays-Bas, ou de le tenir en jalousie et en des-
pense, nous nous privassions volontairement d’un semblable moyen que Dieu
nous a donné comme miraculeusement de les incommoder dans l’Espagne et
de faire paroistre les armes de France à cinquante lieues de Madrid, puisque
rien ne peut mieux tenir en debvoir ces deux puissances, et qu’on ne sçauroit
trouver une meilleure seureté pour le traicté qui interviendra, que quand nous
demeurons en estat de rendre aux Espagnolz chez eux le mal qu’ilz voudront
porter chez nous. Encor que ce discours soit long et ennuieux, il s’en faut
beaucoup qu’il contienne ce qui a esté dict de part et d’autre dans une confé-
rence de trois heures. Nous nous sommes contentez de rendre compte des
poinctz plus importans qui vous feront voir que les médiateurs viennent sou-
vent discourir avec nous, qu’ilz n’oublient rien pour nous sonder et pour nous
presser, mais qu’ilz ne nous apportent jamais rien de nouveau.
Nous vous sommes bien obligez, Monsieur, de l’ample information qu’il vous
a pleu nous donner de tout ce qui s’est passé en la retraicte de monsieur le
cardinal Barberin et du prince-préfect son frère. C’est un événement qu’on ne
peut considérer sans estre touché de compassion et qui faict condamner par-
tout la persécution que le pape faict à ceste maison pour récompense de l’a-
voir eslevé au pontificat. Nous vous pouvons assurer que ce n’est pas seule-
ment en France que sa conduite est blasmée, nous sçavons de bon lieu que
l’on commence à Venise de faire des plaintes hautement contre luy et qu’on y
treuve fort estrange qu’au lieu de travailler à appaiser les dissensions des prin-
ces chrestiens pour les réunir tous contre l’ennemy commun, il ne s’occupe
qu’à en faire naistre de nouvelles et songe plutost à contenter sa passion par-
ticulière qu’aux moyens de pourvoir à la seureté de la chrestienté dans les
grands maux qui la menacent. Nous avons desjà pris la liberté par nostre
dépesche du 28 e octobre de dire noz sentimens sur le mauvais traictement
qu’il faict à la France suivant le commandement qu’il pleut à la Reyne de
nous en faire. Nous croyons maintenant qu’il seroit difficile de les dissimuler
plus longtemps sans faire préjudice au service du Roy et (sy nous l’ozons dire)
à sa réputation. Chacun void que la persécution contre la maison barberine a
beaucoup augmenté depuis que Leurs Majestez ont faict sçavoir au pape
qu’elles l’ont prise soubz leur protection. Sy on laisse pousser l’affaire jusq’au
bout sans l’arrester ou en tesmoigner du ressentiment, on ne manquera pas de
remettre en mémoire le malheur du cardinal Caraffa
Carlo Caraffa (1517 od. 1519–1561), 1555 Kardinal, Neffe Papst Pauls IV. (1476–1559;
LThK VIII Sp. 200–202); nach dem unglücklich verlaufenen Krieg gegen Spanien fiel er in
Ungnade und wurde verbannt. Papst Pius IV. (1499–1565, 1559 Papst; LThK VIII Sp. 530f.)
ließ ihn 1560 in der Engelsburg einkerkern und wegen Hochverrats erdrosseln ( LThK II
Sp. 934).
mitié de la France est fatale aux nepveux des papes. Il est certain que les
Espagnolz quelque respect qu’ilz facent semblant d’avoir pour le pape, ne
souffriroient pas un semblable procédé; en ces occasions ils conservent la ré-
vérence dans leurs paroles et leurs escripts envers le Sainct-Siège, mais la pri-
son de Clément VII
tesmoigner de la fermeté dans leurs résolutions contre la personne des papes,
et qu’ilz ne souffrent jamais qu’on les maltraicte impunément. Le cardinal
Borgia
Gaspar Borja y Velasco (1582–1645), 1611 Kardinal, Ebf. von Mailand, Sevilla und Toledo,
seit Dezember 1631 span. Botschafter beim Hl. Stuhl. Als er am 8. III. 1632 vor dem Konsi-
storium ohne Erlaubnis das Wort ergriff, um gegen die aus span. Sicht unzureichenden Zuge-
ständnisse des Papstes bez. der Geldhilfe an den Ks. und der Besteuerung des span. Klerus zu
protestieren, kam es zum Eklat ( DHE I S. 571f.; Pastor XIII,1 S. 431–438).
à cause qu’il fut hautement soustenu par le roy d’Espagne. Dans le dernier
conclave le cardinal Barberin ayant voulu porter au pontificat le cardinal Sa-
cheti nonobstant l’exclusion que les Espagnolz luy avoient donnée, les théo-
logiens qui furent consultez sy on le devoit faire respondirent tous unanime-
ment, qu’il ne faloit pas s’exposer au péril d’un schisme en désobligeant un
puissant monarque, et conclurent tous par le fondement qu’ilz establissoient à
leur opinion que le roy d’Espagne eût eu droict de ne laisser pas reconnoistre
dans ses Estatz un pape qui eût esté esleu au préjudice de son exclusion. Nous
ne sçavons pas pourquoy le mesme droict n’appartient pas à noz roys et à la
couronne de France qui a autresfois donné l’exemple de touttes les généreuses
résolutions qui ont esté prises pour résister aux entreprises violentes des pa-
pes, et pourquoy un ministre du Roy
assez à temps exécuté les ordres qu’il a d’exclurre du pontificat un cardinal
que l’on croit suspect, peut oster la liberté à toutte une puissante monarchie
de faire ce qu’elle doit pour son bien et son repos. Quand on a eslevé au
pontificat un ennemy déclaré au lieu d’un père commun lequel aux deffautz
qui se rencontrent dans son élection ajouste une conduite partiale et pleine
d’animosité, l’on ne pouvoit prendre selon nostre advis une résolution plus
utile à l’Estat que de protéger la maison barberine pour attirer avec elle au
service du Roy le grand nombre de créatures qu’elle a dont il faut croire que
la plus grande partie demeureront dans la recognoissance et la fidélité qu’elles
doivent. Les maux que nous faict ce pape nous apprennent combien il est
important d’éviter s’il est possible dans le prochain conclave qu’on ne luy
donne pas un successeur sy attaché à noz ennemis que luy, et de nous assurer
pour cet effect de bonne heure d’une puissante faction de cardinaux. Mais
cependant il n’importe pas moins de luy faire voir que nous ne sommes pas
pour tousjours souffrir, et que les menaces de la France (comme disent les
gazettes de Rome) ne sont pas des canonades sans bales. Quant au ressenti-
ment qu’on pourroit luy tesmoigner nous persistons à croire que le plus utile
seroit de commencer par |:la deffense de porter aucun argent en cour de
Rome:|. Le pape estant avare en sera plus touché que des autres choses qu’on
pourra encor luy faire appréhender et il n’y a personne qui puisse treuver
estrange que dans la mauvaise volonté qu’il faict paroistre contre la France et
dans les préparatifs de guerre qu’il faict |:plustost contre elle ou en faveur de
ses ennemis que contre le Turc on luy retranche ce moien de nous battre avec
noz propres armes:|.
L’ambassadeur de Mantoue est à Cologne d’où il a envoyé à Munster le
docteur Belinzani secrétaire de son ambassade pour essayer de sçavoir quel
titre luy sera donné et quel traictement faict quand il sera à l’assemblée; il
prétend les mesmes honneurs qu’on a rendu à l’ambassadeur de Savoye, |:ce
qui sera malaisé qu’il obtienne:|. Nous vous supplions de nous faire donner
ordre de la conduite que nous avons à y tenir, et cependant nous avons dict au
secrétaire que nous ferions audict sieur ambassadeur les mesmes civilitez qu’il
recevroit de monsieur le nonce et des plénipotentiaires de l’Empereur qui
nous précédoient et que nous donnerions volontiers l’exemple à ceux qui
nous suivent de le traicter favorablement.
Trauttmansdorff an Nassau und Volmar, Osnabrück 1646 Februar 8, mit Beilage: Auszug aus
einem Konfidentenbericht o. O. 1646 Januar 26, Auszug in französischer Übersetzung, Kopie:
AE , CP All. 59 fol. 187–187’. Druck: Meiern II S. 221–222; APW II A 3 nr. 145
S. 228–230; Regest: Doc. Boh. VII nr. 774 S. 252.