Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
32. Memorandum Longuevilles, d’Avaux’ und Serviens für Mazarin Münster 1645 Dezember 22
Münster 1645 Dezember 22
Ausfertigung: AE , CP All. 45 fol. 293–317’ = Druckvorlage. Kopie: AE , CP All. 53 fol.
489–502; überbracht nach Dorsal fol. 502’ durch La Buissonnière. Unvollständiges Konzept
mit Korrekturen Serviens, datiert: 1646 Dezember 22: AE CP All. 78 fol. 594–602.
Aufklärung über die spanisch-schwedischen Geheimkontakte zum Zweck einer Separatverständi-
gung Schwedens mit dem Kaiser. Bisherige Kenntnisse, Beobachtungen und Pläne der Gesand-
ten . Ihre Unterrichtung und Unterweisung durch nr. 266. Beschluß der unverzüglichen Reise
Serviens nach Osnabrück. Verschlossenheit Salvius’. Eröffnungen Oxenstiernas: Bemühungen
Saavedras um Rosenhane; Verdächtigungen gegen Frankreich (Geheimverhandlungen mit Bay-
ern ); Freundschaftsangebote, Vorschlag gegenseitiger Vermittlung; Unterbindung des Verkehrs
durch Oxenstierna; weitere Vorstöße der Spanier durch Peschwitz; neuerliche Avancen gegen-
über Salvius in Münster; Kritik Oxenstiernas an Salvius und Rosenhane; Zurückweisung der
gleichzeitigen Annäherungsversuche der Kaiserlichen in Osnabrück; Versicherungen der Bündnis-
treue . Entgegnung Serviens: Demonstration des französischen Wissens um alle Vorgänge, z. T.
durch Informationen seitens der Spanier selbst. Unveränderte Reserviertheit Salvius’. Beurteilung
der schwedischen Absichten: Mangel an Offenheit, aber kein intendierter Verstoß gegen das
Bündnis. Beteuerungen und Versprechungen Oxenstiernas und Salvius’. Mahnungen Serviens:
Angewiesenheit Schwedens auf die Unterstützung Frankreichs zur Behauptung Pommerns. Rosen-
hanes Zurückhaltung Servien gegenüber. Rosenhanes Darstellung d’Avaux gegenüber: Ableug-
nung des spanischen Vermittlungsangebots; Beteuerungen und Versprechungen; Rolle Saavedras
und Peñarandas. Unterrichtung der Mediatoren von der französischen Kenntnis von den Vorgän-
gen und ihrer Geringschätzung. Folge: Erklärung Trauttmansdorffs (s. nr. 31). Gespräche Ser-
viens mit Saavedra und Brun; deren Rechtfertigungen; Bestätigung des Angebots gegenseitiger
Vermittlung durch Brun. Mögliche Gründe für Saavedras neuerlichen Besuch bei Rosenhane.
Protektion des Königs für die Barberini. Beistand für Venedig. Nanis Befürwortung eines Friedens
mit Spanien auf Grund des gegenwärtigen Besitzstandes und eines Waffenstillstands für Katalo-
nien und Portugal. Beruhigung der Spanier hinsichtlich der Absichten Trauttmansdorffs; ihr Ärger
über das Angebot Pinerolos an Frankreich. Ablehnung eines Sonderpasses für Lothringen.
Le principal but que nous avons eu dans le voyage que l’un de nous vient de
faire à Osnabrug
la négotiation secrette dont Son Eminence:| nous a faict la faveur de nous
informer sy amplement |:par son mémoire particulier du 22 e du mois passé:|.
Nous avions bien eu desjà connoissance d’une partie de ce qu’il contient, le
résident de Suède nous ayant dict de fois à autres depuis deux mois les visites
que Penneranda et Saavedra luy ont faictes, et celles qu’il leur a rendues, et ne
nous aiant pas celé les diverses entreveues qu’il avoit eues avec le dernier tant
à la chasse qu’en autres parties de desbauche à la campagne que nous avons
aussy sceues d’ailleurs. |:Mais il ne nous avoit pas descouvert les particulari-
tez de la négotiation que les Espagnolz vouloient introduire avec la Suède et
s’estoit contenté de nous raporter les soupçons:| qu’ilz luy avoient voulu
|:donner de nous pour luy faire croire que nous traictions séparément avec le
duc de Bavières et que nous tromperions enfin la Suède si ses ministres n’y
prenoientgarde:|.
Nous avons bien esté advertis en mesme temps par des personnes confidentes
|:qui ont accez chez les Espagnolz qu’ilz se vantoient d’avoir gaigné un mi-
nistre de nostre party et qu’il y avoit apparence que c’estoit le résident de
Suède:|. Mais comme nous n’y voy[i]ons pas assez de fondement pour y ad-
jouter une entière croyance et que |:ledit résident vivoit tousjours franche-
ment avec nous:| et tesmoignoit beaucoup de satisfaction de nostre conduite
|:envers luy, nous n’avons pas ozé en escrire à la cour:| jusques à ce que nous
fussions un peu mieux esclaircis de l’affaire et nous nous estions contentez de
faire prendre garde de plus prez |:tant aux actions dudit résident que celles
desdits ambassadeurs de Suède:|.
Nous avons bien encor sceu que les entreveues |:entre ledit résident et les
Espagnolz ayant cessé le baron de Peschvitz ne laissoit pas de le voir assez
souvent et de négocier avec luy contre nous:|. Mais comme c’est un homme
de néant et qui est recognu dans toutte ceste assemblée pour un espion public
qui rapporte de tous costez pour escroquer quelque somme d’argent, |:cela
avoit bien resveillé nos soupçons et augmenté nos soings et nostre curiosité,
mais il ne nous avoit pas donné lieu de fonder une opinion certaine que des
alliez dont nous avons esprouvé la foy depuis quinze ans nous voulussent
maintenant faire une infidélité:|.
A la vérité au dernier voyage que monsieur Salvius a faict en ceste ville
S. [ nr. 3 Anm. 25 ] .
veu que |:les Impériaux luy ont faict contre la coustume une visite solemnelle
et que Pennaranda accompagné de tous ses collègues en a faict autant sans
considérer que nous avions desjà passé les premiers:|; qu’outre cela |: Saa-
vedra l’a visité:| en particulier et que |:monsieur Salvius:| a rendu touttes ces
visites |:sans nous donner part, si ce n’est en termes fort:| généraux, des dis-
cours qui s’y sont faictz, quoyque nous l’en ayons enquis fort soigneusement,
nous avions résolu |:au premier voyage:| que l’un de nous feroit |:à Osna-
bruk :| d’en parler franchement |:avec luy et avec monsieur Oxenstiern:|,
prenant subject de ce faire sur le discours que ce dernier avoit faict |:à mon-
sieur de La Barde:| par lequel il avoit |:blasmé son collègue d’avoir receu et
rendu toutes ces visites, disant que:| cela ne servoit qu’à donner jalousie et à
mal employer un temps destiné pour les affaires .
En mesme temps |:le mémoire de Son Eminence nous ayant esté rendu:| qui
contient sy amplement et sy exactement touttes les particularitez de ceste af-
faire , et qui nous oblige de dire en passant que |:celuy qui donne des advis de
Vienne mérite bien qu’on augmente un peu sa récompense en:| ceste rencon-
tre , nous avons jugé ne devoir plus différer un moment de nous en expliquer
|:aux Suédois:| pour en apprendre la vérité, et avons reconnu que pour y
parvenir, aussy bien que pour y remédier sy la chose se trouvoit véritable il ne
falloit que suivre les divers expédiens sy judicieusement prescriptz par ledict
mémoire.
En effect celuy qui a faict le voyage n’a esté chargé d’autre instruction sur ce
faict et n’a peu se servir sur les lieux d’autres moyens pour faire réussir sa
négotiation
Zum folgenden s. ebenfalls die in [ nr. 31 Anm. 14 ] erwähnten Notizen Serviens.
Ayant treuvé |:à son arrivée monsieur Oxenstiern indisposé il fut:| visité
d’abord par |:monsieur Salvius:| seul qui en traictant de plusieurs autres af-
faires fut mis insensiblement à diverses reprises sur le discours de celle-là
|:sans vouloir s’en expliquer qu’en termes généraux:| comme il avoit faict icy.
Le mesme jour |:ayant visité monsieur Oxenstiern:| en particulier on eut le
bonheur d’apprendre de luy le détail de tout ce qui s’est passé en ceste affaire.
Il seroit trop ennuyeux de raconter par quelz moyens |:on l’engagea à cette
confession:| parce que la conférence |:dura quatre heures:|. Voicy en sub-
stance tout ce qu’il dit et qu’il assura sur son honneur non seulement comme
|:ministre d’une puissante couronne, mais comme cavalier et amy:| particu-
lier de celuy à qui |:il parloit estre la pure vérité:|.
Que |:Saavedra:| aiant pris soing de rencontrer diverses fois |:Rosenham à
la campagne dans des partyes de chasse ou de desbauche:| et mesme l’ayant
visité |:chez luy et en ayant esté visité:| avoit fort travaillé à luy donner de
mauvaises impressions |:de nous; que faisant croire audit Rosenham qu’il:|
avoit inclination particulière pour luy |:et que les Espagnolz estans descendus
des Gotz:| il y avoit une amitié presque naturelle entre les deux nations, cela
l’obligeoit de luy dire en confidence que |:nous traictions secrettement avec le
duc de Bavière, et que nous estions desjà presque d’accord avec luy:|; que
nostre dessein estoit de |:former avec luy et avec les autres électeurs catholi-
ques un party dans l’Allemagne:| pour n’avoir plus besoin de |:l’alliance des
Suédois:|; que cela estant très assuré |:ilz devoient prendre garde:| parce
qu’ilz seroient certainement |:trompez et prévenus par nous s’ilz ne nous pré-
venoient :|; que l’on pourrait establir une bonne intelligence entre |:l’Espagne
et la Suède:| et ensuite un commerce entre les deux nations qui seroit avan-
tageux pour l’une et pour l’autre, mais principalement pour |:la suédoise, les
Espagnolz:| aians une humeur contraire à celle de tous les autres peuples, et
estans bien aises que ceux qui traffiquent avec eux facent leurs affaires; que
|:le roy d’Espagne:| n’avoit aucun différend avec |:la couronne de Suède:|
ny aucun subject de jalousie ou d’animosité |:contre elle:|; qu’au contraire il
seroit bien aise de vivre en amitié |:avec elle:| et de luy procurer quelque
avantage; qu’aiant plus de crédit auprès de |:l’Empereur:| que |:qui que ce
soit:|, il l’employeroit volontiers pour |:composer le différend que les Sué-
dois ont avec luy à leur contentement:|; que s’ilz veulent s’expliquer de |:leur
intention pour leur satisfaction particulière, les plénipotentiaires:| travaille-
ront de bonne sorte à |:la procurer et s’en rendront volontiers les entremet-
teurs :|; qu’à toutte extrémité |:les Suédois trouvans leur compte par cette
voye:| pourroient aussy se rendre |:les entremetteurs des différens d’entre la
France et l’Espagne; mais que les François cherchoient à:| faire leurs affaires
par d’autres moyens |:à l’insceu de la Suède:|; ce qu’il a tousjours donné pour
très véritable et pris pour fondement de tout son discours.
Monsieur Oxenstiern a adj ouste que lorsque Rosenham:| luy avoit donné
advis de tout ce que dessus il luy avoit faict response de |:n’entendre point à
de semblables négotiations et d’éviter:| autant qu’il pourrait la rencontre et
les entreveues des |:ministres d’Espagne qui:| ne scrvoient qu’à faire |:naistre
des mesfiances; qu’en son particulier:| il s’estoit tousjours rendu caution de la
sincérité des |:François:| et qu’il avoit combattu tous ceux qui les avoient
voulu accuser de n’observer pas leurs alliances; |:qu’il avoit mandé à Rosen-
ham de faire la mesme réponse:| quand on luy voudroit mettre |:en doubte
leur fidélité; que néantmoings:| il devoit respondre civilement sur les offres
qu’on luy avoit faictes |:de restablir l’amitié entre les deux royaumes d’ Espa-
gne et de Suède:| après la paix et de favoriser pendant la négotiation la satis-
faction particulière de la Suède:| en déclarant tousjours qu’on ne pouvoit rien
traicter que conjoinctement |:avec la France de laquelle on:| n’avoit jamais
eu subject de se plaindre ny de se deffier; |:qu’en suite de cet ordre Rosenham
ayant refusé de rentrer en conférence avec Pennaranda:|, celuy-cy luy avoit
envoié diverses fois |:le baron de Peschvitz pour:| luy réitérer les mesmes
discours qu’on avoit desjà faictz |:contre les François; que Rosenham:| luy
avoit depuis escrit qu’en la première visite que |:Pennaranda:| luy avoit
rendue, entr’autres discours il luy avoit dict une fois |:frappant sa cuisse, et
monstrant l’endroict de sa pochette, qu’il y avoit là-dedans de quoy contenter
ceux qui se voudroient fier en luy, ce que toutesfois ledict Rosenham:|
n’avoit pas bien peu comprendre ny le bien expliquer par sa lettre, et qu’aux
visites que |:les Espagnolz avoient rendues à monsieur Salvius:| et qu’ilz
avoient receues de luy, au dernier voyage qu’il a faict en ceste ville, ilz luy
avoient tenu tous les mesmes discours.
Il |:a encore adjousté que s’il fust venu à Munster lorsque monsieur Salvius:|
y a esté en dernier lieu |:il eust refusé les visites des Espagnolz; que son col-
lègue se plaist à escouter:| tout ce qu’on luy veut dire, mais que pour luy |:il
n’est pas de mesme humeur; qu’il me:| pouvoit pourtant |:asseurer que:| ny
l’un ny l’autre ne feroient jamais rien contre l’alliance; que pour conclusion il
croyoit que |:monsieur Salvius et Rosenham recevroient réprimende de la
cour de Suède pour avoir escouté de semblables propositions, si on sçavoit:|
qu’ilz ne nous en eussent pas donné |:part en:| mesme temps et que nous
eussions subject de nous en plaindre; |:que pour luy, il s’estoit apperceu d’ a-
bord de l’artifice des Espagnolz en ce que les commissaires impériaux:| qui
sont |:à Osnabruk:| l’estoient venu visiter presque en mesme temps que les
autres avoient |:parlé à Rosenham:| quoyque ce ne fût pas à eux de recom-
mencer les visites parce qu’ilz avoient rendu la dernière, et qu’ilz l’avoient
fort pressé d’entrer en conférence |:immédiatement avec eux:|, ce que non
seulement il avoit refusé de faire, mais à cause de |:cette recherche et qu’il
voyoit bien à quoy elle tendoit:| il avoit différé jusqu’à ceste heure de |:leur
rendre la visite:|.
Et d’autant qu’on luy avoit dict plusieurs fois pendant le discours qu’on
n’entreroit jamais en soupçon |:ny de luy ny de son père:| dont la conduicte
avoit tousjours esté sy franche, sy généreuse et sy prudente, il répliqua qu’on
avoit raison, que |:tant que l’un et l’autre vivroient:| ilz cultiveroient soi-
gneusement |:l’amitié de la France et demeureroient fermes dans:| leur deb-
voir selon les traictez de confédération, qu’il prioit |:moy Servien:| d’estre
leur caution et que je pouvois m’obliger pour eux sans rien craindre. Ceste
franchise me donna lieu en répliquant de passer un peu plus avant, et de luy
dire que nous n’estions jamais entrez en soupçon de leur fidélité |:quoyque
depuis deux mois nous eussions esté advertis de toutes les menées des Espa-
gnolz et que eux-mesmes nous eussent faict asseurer par personnes tierces que
les Suédois traictoient sans nous:|. Je luy dis ensuite quelques particularitez
dont il ne s’estoit pas souvenu pour luy faire voir que nous sçavions tout; que
ce qui nous faschoit le plus estoit que ces vaines espérances |:dont les Espa-
gnolz se repaissoient aisément:| ne servoient qu’à retarder les affaires; |:qu’ilz
avoient esté si insolens de publier parmy eux qu’ilz avoient gaigné le résident
de Suède:|; que lorsque ce discours nous avoit esté faict nous avons cru d’ a-
bord avoir plus de subject de nous en offenser que d’y ajouster foy, voyans
que pour parvenir à leurs fins ilz ne faisoient pas scrupule d’attaquer la répu-
tation d’un cavalier que nous avons tousjours reconnu très homme d’ hon-
neur , et qui estoit bien esloigné de se laisser corrompre par les présens de noz
ennemis.
|:Ayant ensuite visité monsieur Salvius avant que monsieur Oxenstiern luy
eust rendu compte des discours que nous avions eus ensemble:|, je taschay à
diverses fois de l’y faire tomber sans qu’il se voulût ouvrir plus avant que la
première fois. Il ajousta seulement qu’il n’avoit pas donné lieu de luy parler
beaucoup sur ce subject, parce qu’il avoit couppé court touttes les fois qu’on
luy en avoit voulu ouvrir le propos, en suite de quoy |:le baron de Peschvitz:|
luy en estoit venu faire des reproches |:de la part de Pennaranda luy disant
qu’il faisoit trop le politique et considéroit trop les François, que si monsieur
Oxenstiern eust esté en sa place il n’eust pas tant faict le difficile:|, et qu’on
attendoit sa venue croyant qu’il seroit |:plus hardy et plus résolu:| puisqu’il
s’agissoit de |:l’advantage de la Suède:|.
|:Lorsque nous avons esté:| informez de tout ce que dessus nous avons esté
obligez |:d’accuser entre nous lesdits Suédois de n’avoir pas gardé en cette
occasion toute la franchise:| que nous devons attendre d’eux |:veu que de
nostre costé dès le moment qu’on a faict quelque proposition ou à la cour
ou icy on leur a rendu compte:| jusques aux moindres paroles. Nous n’avons
pas néantmoins passé jusqu’à |:les condamner d’avoir eu intention de rien
conclurre à nostre préjudice:|. Nous croyons qu’un peu de curiosité d’ ap-
prendre ce que |:les ennemis veulent faire pour eux joincte au désir de pa-
roistre considérables par la recherche qu’on faict d’eux et peut-estre l’envie
de faire une contrebatterie à la négotiation de Bavières pour nous en des-
tourner tout à faict par jalousie:|, ne pouvant pas le faire par raison, |:les
ont portez à escouter et à nous celer:| ce qui leur a esté proposé plutost
|:que le desseing de rien faire contre:| ce qui est porté par les traictez de
confédération.
On n’a pas |:laissé d’y apporter tous les remèdes possibles du costé des Sué-
dois :| suivant les prudentes instructions de |:Son Eminence:|; ce qui a réussy
comme on le pouvoit souhaiter. |:Monsieur Salvius avant le départ de moy
Servien ayant sceu de monsieur Oxenstiern avec quelle confiance il s’estoit
expliqué à moy:| prit occasion de me venir dire adieu le jour de mon départ
pour m’assurer |:de sa fidélité:|. Il ne sortit pas pour cela |:des termes géné-
raux :| où il estoit demeuré aux visites précédentes quelque |:industrie que
j’apportasse:| à le faire parler, ayant peut-estre un peu |:de honte de se des-
dire :| et me voulant tousjours persuader qu’il |:m’avoit tout dict. Mais:| il
n’oublia rien pour conjurer messieurs les ministres de France |:de n’avoir pas
mauvaise opinion de luy:| et d’estre assurez que |:la Suède observeroit tous-
jours constamment et religieusement les traictez d’alliance sans entendre ja-
mais à aucune négotiation particulière qui tendist à nous séparer les uns des
autres:| quelque avantage apparent |:qu’on leur pust offrir:|.
Ceste mesme protestation fut renouvellée vivement et à diverses reprises par
|:tous deux ensemble:| lorsque je fus prendre congé d’eux |:chez monsieur
Oxenstiern où ilz:| me promirent solemnellement de faire à l’avenir deux
choses sans y manquer, la première de respondre |:lorsqu’on leur feroit quel-
que offre qu’ilz ne pouvoient rien accepter ny escouter que conjoinctement
avec la France et qu’on ne pourveust à sa satisfaction en mesme temps; la
seconde qu’ilz nous communiqueroient à l’heure mesme:| tout ce qui leur
seroit proposé jusques aux moindres circonstances, et que cependant ilz ne
laisseroient pas d’envoyer derechef |:ordre à Rosenham:| d’éviter touttes sor-
tes d’entreveues |:avec les Espagnolz et de rompre tout commerce avec eux.
Je taschay de leur faire voir que:| c’estoit le moien de conduire ceste négotia-
tion à une heureuse fin; que la dernière ruse qui restoit à noz parties à mettre
en practique pour tascher de nous diviser seroit sans doute de |:rendre facile
la satisfaction des uns et d’apporter difficulté à celle des autres:|; que le traic-
té obligeant de faire marcher touttes choses d’un mesme pas, il le falloit net-
tement déclarer aux parties pour leur oster l’espérance que ceste finesse leur
puisse réussir; que je les croyois trop intelligentz et trop sages pour n’avoir
pas reconnu que la France |:seule souhaictoit de bon cœur qu’ilz eussent la
Poméranie, qu’elle avoit intérest pour la seureté du traicté que cela fust, et
qu’il n’y avoit qu’elle qui se pust employer franchement pour la leur faire
obtenir et pour les en maintenir en possession:| quand ilz l’auroient |: obte-
nue ; que l’Empereur ne l’accorderoit jamais qu’avec regret:| et par une ex-
trême contraincte, |:que l’électeur de Brandebourg:| et tous ceux qui pren-
nent part à ses intérestz en demeureroient |:picquez jusqu’au désespoir, que
les roys de Poloigne et de Dannemark ne verroient cet aggrandissement de la
Suède qu’avec très grande jalousie, que les estatz de l’Empire:|, mesmes ceux
qui leur estoient plus favorables, souhaiteroient |:dans leur cœur que la paix
se pust conclurre sans faire passer cette province à une puissance estrangère:|,
et que par conséquent ilz ne pouvoient s’assurer |:que de l’assistance de la
France pour conserver cette grande conqueste, laquelle:| pour les raisons cy-
dessus leur seroit |:peu asseurée si nous n’obtenions par le mesme traicté la
satisfaction du Roy qui nous donnast le moyen de les secourir lorsque à l’ ad-
venir ilz y seroient troublez:|.
Nous ne devons pas celer |:à Son Eminence:| pour l’informer de touttes les
bonnes et mauvaises circonstances de ceste affaire |:que moy Servien:| ayant
tasché après mon retour en ceste ville de faire |:parler Rosenham:| dans une
visite qu’il m’a rendue, il a |:désadvoué la pluspart des choses que monsieur
Oxenstiern m’avoit confessées:| sans que j’aye voulu le presser ceste première
fois pour ne l’irriter pas par |:la honte d’une conviction:|. Il est vray que
depuis monsieur le duc de Longueville et monsieur Servien m’ayans chargé
moy d’Avaux de m’esclaircir avec luy sur ce subject, il parla plus franchement
s’estant excusé de la retenue où il estoit demeuré en la conférence précédente
sur ce qu’il avoit cru que monsieur Servien:| ne luy avoit parlé de ceste affaire
qu’en passant.
Après l’entretien de diverses nouvelles il vint à parler de l’estat de nostre né-
gotiation et dit que les ambassadeurs de Suède ou l’un d’eux seront bientost
icy pour convenir avec nous de la réplique qui est à faire aux Impériaux. Il
ajousta que le comte de Transmantdorff prend le bon chemin pour traicter de
paix, puisque sans attendre ceste réplique et s’attacher aux formalitez il a des-
jà faict quelques ouvertures pour le contentement des estatz de l’Empire, pour
le restablissement de la maison palatine, pour la satisfaction de madame la
langrave de Hesse, et pour celle des deux couronnes quoyqu’en ce dernier
poinct il soit bien loing de compte.
J’approuvay avec luy ceste conduite pourveu que touttes choses soient traic-
tées conjoinctement et que le comte de Transmantdorff ne se laisse pas amu-
ser aux vaines espérances qui luy sont données par les Espagnolz.
Ce discours nous aiant portés plus avant je tesmoignay à |:monsieur de Ro-
senham :| que nous estions très assurez de la constante union |:des Suédois:|
et que nostre confiance alloit à tel poinct que |:nous avions mesprisé plu-
sieurs advis qu’on nous a donnez comme s’ilz prestoient l’oreille aux accom-
modemens séparés et que luy-mesme en fust l’entremetteur:|. Il ne me laissa
pas achever pour respondre qu’à Osnabrug et icy l’on a voulu aussy plusieurs
fois les assurer que |:la France estoit en traicté avec le duc de Bavières et avec
les autres électeurs catholiques:| afin de se pouvoir passer de |:l’alliance de la
Suède:|; qu’il y en avoit quelques apparences en ce que tentost l’évesque
d’Osnabrug
Franz Wilhelm von Wartenberg (1593–1661), 1625 Bf. von Osnabrück, kurkölnischer
Ges. auf dem WFK ( ADB XLI S. 185–192 ; NDB V S. 365 ; Knoch ; sein Diarium in
APW III C 3).
Bavières avoient des conférences avec nous:| et que néantmoins |:les Sué-
dois :| n’en avoient conceu aucune deffiance, mais bien au contraire que lors-
qu ’on luy en a escrit de la part de ses supérieurs il les a tousjours confirmez en
la bonne opinion qu’ilz ont de |:nostre fidélité:| et a mandé qu’il ne trouvoit
aucun fondement aux susdictz advis, |:qu’il espéroit que nous ferions le
mesme jugement de luy:|.
J’advouay que ces bruicts avoient couru et que c’est un artifice des enne-
mis qui veulent rendre les alliez suspectz les uns aux autres, mais je le priay
d’avouer aussy la diversité de sa conduicte et de la nostre. «Quand l’on a es-
couté les Bavarois soit en France soit à Munster nous vous avons, disois-je,
informé exactement de tout ce qui s’y est passé, et jusques aux civilitez qui
ont esté faictes à noz prisonniers. Nous en avons conféré avec messieurs les
ambassadeurs de Suède et avec vous, comme aussy avec les députez de Hesse.
Et enfin la cour a traicté ceste affaire avec tant de |:circonspection et presque
de scrupule qu’on n’y a pas voulu souffrir le confesseur du duc de Bavière et
qu’on a renvoyé promptement icy toutes ses propositions:| en luy déclarant
par mesme moyen que nous aurions ordre d’agir de concert avec les ministres
de la couronne de Suède.» Je luy représentay ensuite |:qu’il n’en avoit pas
ainsi usé:| s’estant contenté cy-devant de nous dire que |:les Espagnolz leur
vouloient donner jalousie de nous:| et quelques autres choses de ceste sorte
en termes assez généraux. Cependant nous sçavions que |:Pennaranda et Saa-
vedra en estoient venus bien avant avec luy et à diverses reprises:|.
Lors il s’esleva un peu contre son ordinaire et soustint vivement que jamais
|:Saavedra:| n’avoit esté sy hardy de luy proposer une séparation des inté-
restz des couronnes, mais bien luy avoit voulu faire croire que la France
n’estoit |:nullement disposée à la paix:|, qu’elle traictoit à part avec les prin-
ces catholiques de l’Empire, que les Suédois s’y trouveroient trompez, que les
Espagnolz n’ont point de guerre ny d’inimitié avec la Suède, qu’ilz font gloire
d’estre descendus des Goths, |:qu’on pourroit marier le roy d’Espagne avec la
reyne de Suède:|, qu’il falloit faire la paix et y porter les alliez de part et
d’autre, |:que les Espagnolz agiroient à cette fin auprès de l’Empereur, et qu’il
falloit que les Suédois travaillassent auprès du Roy:|.
Il m’assura plusieurs fois à peine de l’honneur que |:Saavedra n’a jamais passé
plus avant:| et que l’ayant encor veu depuis 24 heures |:soubz prétexte de
visiter madame de Rosenham à laquelle il avoit envoyé le matin quelques
pastés faictz en Espagne:|, il ne luy avoit tenu que des propos communs jus-
ques à ce qu’il se levât pour s’en aller, et qu’alors il luy demanda s’il |:n’estoit
bon a rien, qu’il serviroit très volontiers la couronne de Suède:| s’il sçavoit
|:en quoy et comment:|. «En avanceant le traicté de la paix», dit |: Rosen-
ham :|, «et faisant en sorte que les Impériaux prennent enfin une bonne
résolution de contenter les estatz de l’Empire et les deux couronnes.» «Mais
comment», repartit |:Saavedra:|, «qu’est-ce qui peut contenter la Suède?»
|:Rosenham:| le remit aux propositions desjà données, et à la réplique qu’on
donneroit bientost.
Je luy représentay que nous avons sceu que |:Saavedra luy avoit offert la mé-
diation des Espagnolz et demandé celle des Suédois:|. Il dit qu’il ne luy a
point parlé de |:médiation ny d’entremise:| et qu’il m’avoit rapporté exacte-
ment tous ses discours; qu’au reste il nous en avoit faict sçavoir cy-devant la
substance sans en estre interpellé, qu’il ne nous avoit pas |:celé les visites de
Saavedra ny les collations faictes aux champs:| avec d’autres compagnies de
ceste ville, et que mesmes un jour monsieur le duc de Longueville luy aiant
envoié un gentilhomme alleman son domestique , il luy compta familière-
ment auprès du feu tout ce qui s’estoit passé en |:une visite qu’il venoit de
recevoir dudit Saavedra:|; qu’il n’y a jamais entendu finesse et que sy en nous
en parlant il a obmis quelques particularitez (comme je luy en faisois remar-
quer ), ç’a esté par inadvertance et parce que d’ailleurs il n’a pas tenu compte
de choses sy légères.
Qu’il maintiendroit en face à |:Saavedra:| et à qui que ce soit qu’il ne luy a
jamais rien respondu sinon que les Espagnolz feroient bien de contribuer de
leur part à l’avancement de la paix de l’Empire et à la satisfaction des deux
couronnes.
Il adjousta que c’est l’intention de ses supérieurs et que sy elle n’estoit pas
telle |:il ne presteroit pas son ministère à une infidélité:|; qu’il faisoit profes-
sion d’honneur et ne pouvoit s’imaginer que |:on en eust une autre opi-
nion :|.
Je luy déclaray que nous en sommes aussy fort esloignez et que je ne l’avois
mis sur ce propos que pour luy faire voir l’artifice de noz parties qui cher-
chent les occasions de |:l’entretenir de bagatelles afin qu’on croye que ilz sont
en négotiation avec luy:|; et qu’outre cet avantage qu’ilz en tirent apparem-
ment il est bien certain que le moindre geste ou la moindre parole qui semble
approuver ce qu’ilz disent (ce qu’on ne leur refuse pas quelquefois par civilité
ou pour se deffaire d’eux), ilz y fondent les plus folles espérances du monde et
cela cause tousjours du retardement au traicté général.
|:Monsieur de Rosenham:| en demeura d’accord, dit qu’il avoit desjà rendu
|:peu de civilité à Saavedra:| lequel l’a visité et recherché souvent, mais qu’il
luy en rendra encor moins à l’advenir, et nous informera ponctuellement de
tout ce que |:cet Espagnol luy dira ou pourra faire dire:| quoy que ce puisse
estre, «puisque messieurs les |:François sont d’humeur si jalouse:|». Il dit ce
dernier mot en riant, et adjousta que pour commencer dez ceste heure, |: Saa-
vedra :| luy avoit donné pour nouvelles certaines que sur le subject de la que-
relle de messieurs de Rieux et de Razevil il y avoit eu de grosses paroles entre
les grands du royaume, que le peuple ne peut plus porter les charges, qu’il y a
des souslèvemens par touttes les provinces, et dans Paris mesmes, et que sy
l’Espagne tient bon encor deux ans il faut que la France face la paix à quel-
ques conditions que ce soit.
Je n’eus pas peine à destruire ces fables, |:monsieur de Rosenham:| est sy
bien adverti d’ailleurs de l’estat de noz affaires qu’il fut le premier à se rire
|:de Saavedra:| et à en faire une peinture assez agréable.
Il ne parle pas de la mesme sorte |:du comte de Pennaranda:|. Il juge que
celuy-cy a eu dessein de luy faire |:quelque proposition importante:|, mais
que n’y aiant pas veu jour il s’est contenté de luy mander que |:il se plaignoit
de sa froideur:|. Ilz ne se sont veus que deux fois, la première fut à l’arrivée
de Pennaranda
qu’en touttes les deux entreveues il n’y eut rien de remarquable sinon que
|:Pennaranda parlant de la paix:| tesmoigna que l’Empereur estoit très dis-
posé à s’acommoder avec les Suédois, et à leur contentement, et qu’en frappant
sur sa cuise [!] il dit: «Je ne dis pas cela de moy-mesme, j’en ay ordre de l’ Em-
pereur .» Je priay |:monsieur Rosenham:| de rappeller sa mémoire, que j’avois
appris que |:Pennaranda:| en monstrant sa pochette avoit dict qu’il avoit là-
dedans de quoy |:contenter ceux qui se fieroient en luy. Rosenham:| protesta
ne sçavoir que c’est et le nia absoluement. Il dit que cela se peut vérifier par
escrit ayant la minute de touttes les dépesches qu’il a faict en Suède et à Os-
nabrug . Il passa outre et me conta avec quelque complaisance que lorsque
|:Pennaranda fut chez luy:| et qu’il voulut reprendre le discours susdict il luy
ferma la bouche par une response sy nette qu’aussytost après ceste visite
|:Pennaranda:| luy en fit faire plainte par |:Peschvitz:| et luy fit dire qu’il
avoit eu intention de luy proposer des choses bien |:advantageuses à la cou-
ronne de Suède:| s’il eût eu lieu de s’en expliquer; mais qu’il |:renvoya Pesch-
vitz :| avec la mesme response, sçavoir-est que la principale partie de la satis-
faction de la couronne de Suède consiste au restablissement de l’Empire au
poinct qu’il estoit en 1618 et en la satisfaction et seureté des alliez de ladicte
couronne.
Je louay fort ce procédé comme seul capable de faire avoir à tous une bonne
paix et exhortay |:monsieur de Rosenham:| à le continuer de sa part ainsy
que nous ferions tousjours de la nostre; ce qu’il promit pleinement, et de ne
nous laisser rien ignorer des moindres choses qui en viendroient à sa con-
noissance .
Nous n’avons pas manqué d’en parler |:aux médiateurs:|, mais sans empres-
sement et comme d’une chose qu’on mesprise pour faire sçavoir |:aux Impé-
riaux et Espagnolz par leur moyen:| que nous sommes informez de tout ce
qui se passe et qu’il n’y a rien de secret entre noz alliez et nous. Nous y avons
ajousté qu’encor que depuis deux mois nous ayons eu connoissance de toutte
ceste practique, nous avons assez faict paroistre le peu de compte que nous en
avons faict n’en ayans pas mesmes voulu parler avant l’arrivée du comte de
Transmantdorff, afin de donner loisir à ceux qui l’avoient entreprise de se
désabuser eux-mesmes; mais qu’à présent ayans recognu que les espérances
quoyque mal fondées qu’on avoit de réussir par ces mauvaises voyes, avoient
empesché jusqu’icy qu’on n’eût recouru aux bonnes qui sont pourtant les seu-
les qui peuvent avancer le traicté, nous voulions bien nous-mesmes contribuer
charitablement à les tirer d’erreur. Et il y a apparence que |:ce discours que
nous avons desjà faict:| en quelques autres endroictz |:a convié Trautmens-
dorf de nous envoyer les justiffications qu’ilz nous ont portées de sa part:|
dont il est parlé dans nostre dépesche commune .
Outre cela |:Saavedra et Brun:| ayans visité chacun séparément moy Servien,
et le premier ayant exaggéré l’intérest qu’a la France de ne ruiner pas (quand
il seroit en son pouvoir de le faire) la maison d’Austriche en Alemagne, à
quoy il a voulu intéresser bien avant la religion catholique, je luy ay respondu
en riant qu’il ne se servoit pas de ces raisons quand il parloit a messieurs les
Suédois, mais qu’il luy faloit donner le temps d’exercer son bel esprit de costé
et d’autre sur des propositions contraires. |:Quoyqu’il ayt esté un peu surpris
de ma response:| il n’a pas laissé de faire bonne contenance et de dire en
confessant une partie de ce qu’il a reconnu que je sçavois qu’il ne faloit pas
s’estonner que |:l’Empereur recherchast les Suédois plustost que nous:| puis-
qu ’il estoit |:pressé par leurs armes beaucoup plus que par les nostres et qu’ilz
luy tenoient comme le cousteau sur la gorge:|. J’ay reparti qu’il reconnois-
troit bientost par expérience que ce mal qu’il représentoit sy grand ne pou-
voit estre guéry que par des remèdes |:universelz et que les particuliers:| ser-
viroient tousjours plutost à l’irriter qu’à le soulager.
Dans la visite de |:Brun l’on est tombé:| d’une autre façon sur le mesme
discours. S’estant plaint du temps que l’on perdoit icy sans rien faire, je luy ay
respondu que l’espérance qu’on avoit eue de |:traicter avec les Holandois sans
nous, et d’introduire une négotiation secrette avec nos autres alliez qui ne
réussiroit jamais ny d’un costé ny d’autre:| avoit esté cause de ceste perte; à
quoy j’ay adjousté avec un soubzris que nous avions assez d’intérest dans le
parti, et y estions assez considérables pour mériter qu’on ne nous laissât pas
en arrière sans parler aussy à nous. Il a reparti promptement que tout ce qui
avoit esté proposé |:de la part d’Espagne:| ne tendoit point à cela et n’avoit
pour but que l’avancement des affaires; |:qu’en Holande:| on eût bien peu
pour gaigner temps ajuster les principales difficultez sans faire préjudice au
traicté général qui doibt estre faict icy, et qu’on ne peut pas blasmer les |: Es-
pagnolz :| de ce qu’ilz on faict dire aux |:Suédois:| puisqu’en mesme temps
qu’ilz ont offert leur entremise pour terminer les différends de |:l’Empereur
et de la Suède:| ilz ont demandé que |:les Suédois se:| rendissent aussy en-
tremetteurs pour composer ceux de |:la France et de l’Espagne:|. Je luy ay
répliqué que nous avions d’autres médiateurs, et que le traicté préliminaire
qui nous servoit de règle avoit donné une autre face à ceste assemblée; que
néantmoins nous avions esté bien aises de leur laisser voir jusqu’où de sem-
blables voyes pouvoient conduire afin qu’ayant une fois bien reconnu qu’elles
ne pouvoient pas faire parvenir jusques à la paix pour laquelle nous sommes
icy assemblez, ilz fussent obligez d’entrer dans la négotiation par le droict
chemin, mais que cependant on ne nous pouvoit pas accuser d’un retarde-
ment qui ne procédoit que de là.
Entre les divers esclaircissemens que nous avons eu |:avec les ambassadeurs
de Suède et leur résident:| nous ne pouvons pas bien juger sy |:la honte de
changer sitost sa manière d’agir ou le desseing de jetter parmy nous de la
deffiance a obligé Saavedra:| de renouveller ses recherches auprès de |: Ro-
senham :| et de luy rendre une visite assez hors de propos. Mais nous esti-
mons qu’il y pourroit bien avoir autant |:d’ostentation que de réalité en cette
affaire:|. Néantmoins nous ne sommes pas résolus |:de nous y endormir et de
rien obmettre pour la destourner si elle continue:|.
Nous avons veu avec plaisir par la lettre de monsieur le cardinal Grimaldi
comme la protection du Roy en faveur de messieurs les Barberins a esté sy
bien receue à Rome, et avec tant d’applaudissemens. Nous en avons desjà eu
advis de plusieurs endroictz d’Italie et la chose est conue de tout le monde.
Mais après ceste déclaration de Sa Majesté il importe bien qu’elle soit souste-
nue puissamment par les effectz comme elle l’a esté dignement par le discours
de monsieur le chancelier
S. [ nr. 14 Anm. 7 ] .
nons par diverses lettres que le pape s’affermit de plus en plus à vouloir ruiner
ceste maison quoyque d’ailleurs nous ayons aussy remarqué dans |:l’entretien
de monsieur le nonce qu’il espéroit un accommodement en cette affaire:|, ce
qu’il disoit néantmoins |:comme particulier et non comme nonce:|.
L’assistance que |:la Reyne a résolu de donner à la république de Venise :|
est grande et considérable en l’estat présent des affaires, et la bonté et généro-
sité de Sa Majesté ne peut estre en cela assez louée. Nous souhaitons que
|:monsieur Contarini en ayt autant de ressentiment:| que l’ambassadeur de
ceste république qui est à la suite de la cour.
Nous ne voyons pas que l’on pût faire tomber plus adroictement un entre-
metteur dans un expédient favorable que ce qu’a faict Son Eminence en luy
faisant comprendre contre sa première intention |:que la trêve pouvoit estre
faicte pour la Cataloigne et le Portugal en faisant la paix pour tout le reste:|,
qui est à la vérité le parti plus avantageux après celuy de |:faire la paix par-
tout :|.
Il y a beaucoup d’apparence à l’advis que les |:Espagnolz:| ont appréhendé
que |:Trautmensdorf à son arrivée n’advanceast trop les affaires de l’ Em-
pire :|, aians esté sy fort soigneux de le |:visiter coup sur coup avant qu’il eust
loisir de conférer avec aucuns autres ministres:|. Mais à présent ils semblent
estre un peu rassurez et |:Trautmensdorf:| a dict à quelques députés de qui
nous l’avons sceu, entr’autres |:au comte de Witesthein, que la paix de l’ Em-
pire ne se peut faire sans celle d’Espagne:|. Néantmoins nous avons appris de
bon lieu que lesdicts Espagnolz n’ont pas esté contentz de l’offre que Trans-
mantdorff nous a faict pour Pignerole dont il est parlé dans nostre dépesche
commune, à cause qu’il ne leur en avoit point communiqué auparavant, et
qu’ilz prétendoient dans la négotiation de nous vendre ceste facilité de la-
quelle touttesfois nous ne croyons pas avoir grand besoing estant encor incer-
tain sy Pignerol a relevé de tout temps de l’Empire, et estant assuré que tout-
tes les fois qu’on a traicté cy-devant de ceste place, on n’y a jamais faict men-
tion ny du consentement ny de l’autorité de l’Empereur.
Dans l’affaire de |:monsieur le duc Charles:| nous nous sommes tenus |:un
peu fermes à la négative:| parce qu’en effect il n’est nullement fondé à de-
mander un passeport particulier. Mais nous avons esté |:estonnés que les Im-
périaux au lieu de:| s’opiniastrer à une chose injuste et desjà jugée |:ne se
servent pas du passeport général accordé par:| le traicté préliminaire |:à tous
les alliez et adhérens de la maison d’Austriche duquel à:| la vérité nous n’ au-
rions pas |:droict d’empescher l’effect:|, car dès ce temps-là mesme le |:feu
roy ne:| prétendoit |:pas de luy oster la liberté de venir ou de députer en
cette assemblée soubz la seureté du passeport général:|, mais seulement de
|:ne luy en pas accorder de particulier:| auquel d’ailleurs il se rencontreroit
une difficulté |:pour le tiltre qu’il prétendroit et qu’on ne luy voudroit pas
donner :|.