Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
10. Memorandum Mazarins für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1645 Dezember 2
Paris 1645 Dezember 2
Kopien: AE , CP All. 49 fol. 193–197’ = Druckvorlage; AE , CP All. 53 fol. 331–336. Konzept
Lionnes: AE , CP All. 45 fol. 209–216. Druck: Nég. secr. II,2 S. 232–236, datiert: 1645
Dezember 22; Gärtner VII S. 182–197, datiert: ebenso.
Bitte um Vergewisserung über die Zustimmung Schwedens zu einem eventuellen französisch-
holländischen Separatabkommen mit Spanien. Andeutungen aus Spanien bez. einer Heiratsver-
bindung ; Verweisung aller etwaigen Vorschläge nach Münster. Friedensbedürfnis und Racheab-
sichten Spaniens; Notwendigkeit der Friedenssicherung. Erniedrigung der Spanier gegenüber den
Generalstaaten und dem Oranier; ihre finanzielle Notlage. Vollmachten der Gesandten der Ge-
neralstaaten . Drängen Mazarins auf ihre Abreise; voraussichtliche Nachteile ihrer Anwesenheit in
Münster. Zu nr. 264: Lob der Verhandlungen Longuevilles mit Volmar und der Argumentation
gegenüber den Bayern und den Mediatoren. Einstellung Chigis und Contarinis; Umgang mit den
Mediatoren; Zurückhaltung Mazarins gegenüber Bagni und Nani; Widerlegung der spanischen
Unterstellung mangelnder französischer Friedensbereitschaft. Argwohn hinsichtlich des Zwecks
der Reise Salvius’ nach Münster. Antifranzösische Schmähschrift. Nachtrag zu nr. 267: Forde-
rung des Königs nach Verfügungsgewalt über die kirchlichen Benefizien in den ihm während
eines Waffenstillstands verbleibenden Gebieten; Forderung zugunsten der Barberini. Angebliche
Bereitschaft Spaniens zu einem vierjährigen Waffenstillstand auf Grund des Status quo; Ableh-
nung dieses Vorschlags. Plan zur Entführung des Kurfürsten von Köln. Zurückweisung der Be-
schwerden Nanis, Frankreich verzögere die Verhandlungen in Erwartung der Gesandten der
Generalstaaten; Maßnahmen im Fall ihres weiteren Ausbleibens.
Je vous prie de me mander si vous croyez que ce que le baron Oxenstiern et
monsieur Salvius ont dit autrefois en diverses rencontres à messieurs d’Avaux
et Servien qu’ils ne se tiendroient point intéressez ny les traittez d’alliance
que nous avons ensemble
dement particulier avec Espagne, sont suffisans pour nous asseurer que la
couronne de Suède sera dans les sentimens qu’ont dit ses ministres si ce cas-là
arrive et que nous fassions cet accommodement séparé avant que les affaires
de l’Empire soient terminées.
Il peut estre que lesdits sieurs ambassadeurs de Suède ne tinrent ce discours
qu’à cause du peu d’apparence qu’ils croyoient voir à desmesler sitost tant de
différentz intérestz que nous avons avec l’Espagne et que comme habiles né-
gotiateurs prenans avantage de cella ils estoient bien aises de s’asseurer qu’ils
ne seroient pas obligez d’attendre à faire la paix dans l’Empire que nous eus-
sions tout ajusté avec l’Espagne en nous donnant une liberté réciproque de
conclurre avec celle-cy sans attendre ce qui se passeroit dans l’Allemagne.
Il sera bon toutefois si vous ne jugez pas qu’ils s’en soient expliquez assés
avant pour y prendre un fondement certain que vous vous en asseuriés de
nouveau bien positivement et de nous faire sçavoir si vous n’avez point eu de
response de monsieur de La Thuillerie
soin nous puissions nous ajuster à Munster avec Espagne conjointement avec
Messieurs les Estatz quand nous y trouverons noz avantages sans qu’il en
arrive aucun inconvénient à l’esgard de la couronne de Suède.
Je vous escris cecy et ay estimé vous en devoir presser dans cette conjoncture
parce que recevant cette semaine de nouveaux advis d’Espagne que leurs affai-
res y sont en un estat déplorable pour eux, qu’ils ne voyent pas encores au-
cune sorte de moiens de soustenir la guerre pendant la campagne prochaine et
que surtout ils trouvent de l’impossibilité à pouvoir former un corps d’ infan-
terie um peu considérable, je juge avec beaucoup d’apparence qu’il peut arri-
ver que nous rencontrions grande facilité de conclurre avec eux conjointe-
ment avec les Estatz dez que leurs députez seront à l’assemblée et nous en
remportions les uns et les autres la pluspart des avantages que nous pouvions
désirer.
Il seroit superflu Messieurs de vous expliquer icy les raisons que vous sçavez
et que vous aurés mesmes veu particularisées dans les despêches précédentes,
qui doivent obliger pour son intérest propre la couronne de Suède à y donner
volontiers les mains si le cas arrive, dont une entre autre[s] semble bien sans
réplique que la France estant desgagée de la guerre d’Espagne et réunissant
dans l’Allemagne seule tous les effortz qu’elle fait en tant de différens en-
droitz , il est indubitable que les couronnes alliées donneroient alors la loy et
la face qu’elles voudroient aux affaires de l’Empire, et que les ennemis se-
roient mal conseillez de n’accepter pas tout party d’accommodement plustost
que d’attendre d’y estre contraintz par la force.
Et sur ce sujet de l’accommodement avec Espagne un ministre très bien in-
formé quoyqu’estranger qui réside à Madrid
ce roy-là moiennant le mariage de l’infante d’Espagne
du Roy , ou ne pouvant pas autrement avec le Roy mesme se laisseroit porter
à céder ce qu’il possède aux Pays-Bas et la Franche-Comté pourveu que la
France de son costé consentît à retirer ses armes de la Catalongne et du Rous-
sillon et promist de n’assister en aucune manière le roy de Portugal , le tout
pourtant à certaines conditions, lesquelles à ce qu’il asseure ne destruisans pas
la substance de la proposition pourroient estre acceptées.
Je vous donne l’avis Messieurs en la mesme forme que je l’ay receu moy-
mesme . Ma response a esté qu’une fois pour toutes les ennemis et tout autre
qui voudroit s’entremettre d’un accommodement devoit estre persuadé que
l’on ne vouloit prester l’oreille icy à aucune négotiation et que les expédiens
pour la paix devoient estre proposez à Munster où les ministres d’Espagne
reconnestroient bientost l’entière confiance que Leurs Majestez ont en vous
autres Messieurs et la pleine authorité que vous aviés entre les mains de con-
clurre . Il se pourra donc faire que dans quelque temps on parle au lieu où
vous estes de la mesme proposition, et alors selon qu’on verra qu’ils la feront
on y pourra respondre.
Enfin vous pouvés estre certains Messieurs et c’est ce que je vous prie de con-
sidérer que les avis que l’on reçoit de toutes partz se trouvent conformes en
cela qu’ilz asseurent que le sentiment de tous les ministres du roy d’Espagne
qui sont près de luy ou qui le servent ailleurs est qu’il faut sortir à quelque
prix que ce soit présentement du mauvais pas où ils se trouvent et céder à
l’absolue nécessité qu’il en a, mais avec la pensée et le ferme propos de s’en
vanger dès qu’il aura peu remettre ses affaires en estat de le pouvoir avec
quelque espoir de bon succez, soit par les divisions qu’il essayera de jetter
dans la France, soit par les autres moyens que les conjonctures luy peuvent
fournir. Ce qui nous doit servir pour bien songer de nostre costé aux seuretez
et aux précautions que nous devons prendre pour l’observation inviolable de
tout ce qui sera arresté et pour engager tous ceux qui ne désirent pas seule-
ment la paix, mais qui ont intérest et en souhaittent la durée à se déclarer dans
le besoin contre les infracteurs du traitté, d’autant plus que sans avoir mesme
cet avis de l’intention de noz ennemis la prudence et toute autre raison veu-
lent que nous soyons très persuadez qu’ils l’ont et l’auront tousjours telle,
et que s’ils reculent présentement ce n’est comme on dit que pour mieux
sauter.
C’est un grand argument de la misère et la bassesse où sont aujourd’huy
réduitz les Espagnolz quand nous n’en aurions pas d’ailleurs des marques assés
évidentes que la qualité des propositions qu’ils font à Messieurs les Estatz et à
monsieur le prince d’Orange ausquelz ilz n’offrent pas tant des conditions
pour un accommodement que de signer toutes celles qu’on leur voudra
présenter.
Et pour preuve d’une dernière extrémité en matière d’argent j’ay advis certain
qu’il a esté proposé en Espagne de prendre toute l’argenterie des églises et
celle qui est destinée aux usages sacrez promettant simplement de les rendre à
la conclusion de la paix, et que l’ouverture en a esté très bien receue se flattant
que l’intérest de la foy catholique dont le roy d’Espagne s’attribue le titre de
deffenseur luy peut permettre d’user de cette liberté.
J’ay quelques avis de Hollande que dans les pleins pouvoirs qu’on y a expé-
diez pour les députez des Estatz le roy d’Espagne n’est qualifié que roy de
Castille, mais qu’ils ont ordre d’en changer le nom si les ministres d’Espagne
refusent autrement de traitter avec eux.
Qu’il leur est ordonné outre cella de procurer une trêve de quarente ans s’il
est possible avec résolution de ne pas souffrir qu’on réduise le temps à moins
de vingt-cinq.
Je ne sçais pas bien quel fondement on peut faire sur ces deux advis ne les
aiant pas eus d’une [!] endroit que je croys trop authentique, mais à toutes fins
j’ay creu vous le devoir mander.
J’ay escrit depuis quelque temps toutes les semaines aux sieurs d’Estrades et
Brasset pour faire presser le plus vivement qu’il se peut Messieurs les Estatz et
en particulier monsieur le prince d’Orange du prompt départ de leurs dépu-
tez . Ce n’est pas que je ne prévoie bien qu’ils vous feront beaucoup de peine à
leur arrivée non seulement pour diverses poinctilles qu’ils mettront en avant
et qui néantmoins pourront estre surmontées aisément par vostre addresse,
mais pour les grans avantages que les ennemis sans doutte leur proposeront
d’abord, et dont il est à craindre qu’ils ne se laissent esblouir, encores que ces
députez soient presque tous entièrement dépendans de monsieur le prince
d’Orange, lorsque l’on leur donnera à entendre que s’ils veulent traitter sans
nous il ne tiendra qu’en eux de conclurre en bien peu de jours tel accommo-
dement qu’ils peuvent désirer. Je suis pourtant asseuré que vous employerez si
utilement vostre prudence et vostre dextérité en une affaire de cette nature
que les ennemis quoy qu’ils puissent faire ne viendront pas à bout du dessein
qu’ils ont formé là-dessus.
Vostre despêche du 18 e du passé ne requiert pas grande response, et quoyque
l’on aye chargé monsieur le comte de Brienne de la faire je ne laisseray pas de
vous dire qu’il ne se peut rien adjouster à la manière et à l’adresse avec la-
quelle monsieur le duc de Longueville a traitté avec le docteur Volmar, et
qu’il a esté fait avec les ministres du duc de Bavière ausquelz à la vérité on ne
pouvoit parler plus pertinemment ny en termes plus propres pour donner de
l’appréhension audit duc pour l’avenir leur faisant connestre que nous voyons
assés clairement ses intentions et la finesse de son procéder, et qu’il est aisé à
juger que les recherches de l’amitié de cette couronne ne partent pas d’un
principe d’affection qu’il ayt pour elle puisqu’elles ne paroissent que quand
quelque accident favorable aux armes du Roy réduit les affaires dudit duc en
mauvais estat, et le fait craindre pis. Enfin on ne peut tenir une meilleure
conduitte avec lesditz ministres et parlant comme je fais en toutes rencontres
dans les mesmes termes à monsieur le nonce qui luy escrit toutes les semaines
nous devons espérer du moins qu’il prendra tous les soins qui deppendent de
luy pour la conclusion de la paix dans l’Empire, et pour nous y faire donner
entière satisfaction; car pour la sienne particulière je persiste dans le senti-
ment que je vous ay desjà mandé qu’il n’y faut faire aucun fondement, mais
bien croyre que quand nous serons en estat de le presser vivement par les
armes il reprendra bientost son premier langage.
Pour ce qui regarde l’électorat vous ne pouviés mieux parler et soyés s’il vous
plaist asseurés que de mon temps jamais on n’a dit autre chose si ce n’est qu’il
pouvoit espérer dans cette affaire la protection du Roy pourveu que dans la
négotiation de la paix et par sa conclusion il nous prouvast par quelques
effetz l’affection qu’il nous tesmoignoit en paroles.
On ne pouvoit aussy mieux respondre aux médiateurs sur les discours qu’ils
vous ont tenus et je vous compatis extrêmement d’avoir à traitter avec des
gens où vous devés estre plus en garde qu’avec les ennemis mesmes. Je ne
doutte nullement de ce que vous me mandez des précautions que vous estes
obligez de prendre avec eux puisque j’ay moy-mesme si souvent escrit com-
bien il importoit de veiller de près à leur conduitte.
Pour le nonce, tous les rapportz qu’on nous a autrefois faitz de luy devoient
plustost faire croire qu’il eust plus d’inclination pour la France que pour noz
ennemis. Mais comme depuis ce temps-là la source d’où viennent ses ordres
est gastée il ne faut pas s’attendre que l’envie de plaire à celuy qui peut faire sa
fortune ne prévaille à quelque propension qu’il eust.
Quant à Contarini pour ne point parler de son inclination particulière, ce qui
est assés difficile à connestre en des hommes habilles, il peut estre que comme
il reconnoist le pressant besoin que la république de Venize a d’un prompt
accommodement des princes chrestiens pour estre secourue contre le Turc
qui l’attaque, et reconnoissant d’ailleurs que le mauvais estat où sont réduittes
les affaires de noz ennemis leur donne assés de disposition de conclurre
promptement, tout son despit s’il en a se tourne contre nous qu’il croid trou-
ver plus fascheux à mesnager comme ayans l’avantage et ne voulans point de
paix qui ne nous soit très glorieuse et très utile, et que cela fait qu’il tourne
tous ses effortz de nostre costé avec plus de chaleur véritablement et de véhé-
mence que la qualité de bon médiateur ne requerroit.
Je ne vois pas bien quel autre remède on peut présentement apporter à tout
. cella si ce n’est celuy dont vous vous servez d’estre fort alerte avec luy. Car
pour changer en cette conjoncture quelque chose en la forme de la médiation,
je ne sçais si vous le jugeriez à propos de crainte que nostre résolution ne fust
imputée dans le monde par les artifices de noz ennemis au désir que nous
aurions d’esloigner la paix. Néantmoins je vous supplie de nous en vouloir
mander vostre sentiment; cependant comme vous vous trouvés bien de la né-
gotiation que vous avés avec les Impériaux, il seroit bon ce semble de cher-
cher les moiens de traitter aussy immédiatement avec les Espagnolz, ou du
moins par quelques personnes confidentes qui leur fussent agréables, parce
que les médiateurs voyans que nous aurions d’autres voyes pour conclurre
sans eux se rendroient plus souples et plus faciles à ce que nous pouvons
désirer dans leur conduitte.
Je suis asseuré que quand vous escrivez qu’il importe que les collègues des
médiateurs ne descouvrent rien par deçà, vous n’estes nullement en peine sur
mon sujet, et que je ne leur parle tousjours de la façon qu’il faut pour vous
donner plus d’avantage dans vostre négotiation sans m’ouvrir d’autre chose si
ce n’est de la disposition en général que Leurs Majestez ont à la paix, mais
que ce sera un grand malheur à la chrestienté si les ennemis ou quelque autre
croid jamais de trouver autre porte ouverte pour traitter que celle de Munster
puisqu’effectivement il n’y en aura point d’autre à nostre esgard. J’adjouste
encores à cella que les Espagnolz sont bien injustes de nous descrier comme
ne voulans point la paix, et qu’ilz peuvent du moins attendre à le faire quand
ils auront proposé quelque expédient pour la conclurre qui soit proportionné
aux extrémitez où ilz se trouvent, à l’estat présent des affaires de cette cou-
ronne et aux apparences de l’avenir, et qu’ils auront veu que nous n’y respon-
drons pas pertinemment. Car jusques icy nous n’avons pas esté en peine de
rien accepter ny de tesmoigner par les effetz la passion que Leurs Majestez
ont pour la tranquillité publique puisqu’il ne leur a rien esté proposé qui fût
raisonnable ny qu’elles ayent deu ou pu embrasser avec honneur.
Si je n’avois sceu que vous deviés vous aboucher avec les plénipotentiaires de
Suède pour concerter la response que l’on feroit au dernier escrit des Impéri-
aux , j’aurois esté plus en peine du voiage de monsieur Salvius à Munster dont
vous nous donnés avis par vostre despêche, et aurois appréhendé que ce ne
fust une suitte de la négotiation de Rosenhane avec le comte de Penaranda
S. [ nr. 2 Anm. 7 ] .
On a distribué icy secrettement un libelle contre la France et ses alliez que
vous avés veu auparavant par delà intitulé «Bibliotheca Gallo-Suecica»
quelque lumière que le conseiller Brun ou un personnage qu’il a prez de luy
fort sçavant pourra bien en estre l’autheur, et si cela est Saavedra y aura enco-
res eu part. Mais comme en tout cas personne ne révoque en doutte que ce
livre n’aye esté composé à Munster, il est bon de s’en informer autant que l’on
pourra et faire connestre aux médiateurs que cette grande disposition et faci-
lité que les ennemis ont à la paix n’a jusques icy abouti qu’à offrir toutes
conditions aux Hollandois pour les séparer d’avec nous affin de pouvoir après
mieux continuer la guerre, et à s’occupper à composer des satyres pour aigrir
les choses. Leur conduitte me fait souvenir de celuy qui disoit: «Il m’a bien
battu, mais je luy ay bien parlé.» Et aussy à le bien prendre les vrays libelles
qui demeureront à la postérité seront les avantages solides qu’elle verra que la
France aura conservez de ses victoires; et pour moy la plus grande obligation
que je puisse avoir aux ennemis c’est qu’ils tesmoignent grande rage contre
moy parce que c’est une marque certaine que Dieu bénit mon petit travail et
que je m’aquitte de quelque partie de mon devoir.
Depuis le départ de nostre extrordinaire
La Buissonnière, s. [ nr. 1 Anm. 1 ] .
qu’il eust fallu insérer dans le mémoire du Roy qu’il vous a porté pour s’en
souvenir au cas que l’on face quelque trêve.
L’une est que le Roy ait la libre et paisible collation de tous les bénéfices de
nomination royalle qui se trouveront dans l’estendue des pays et places qui
demeureront au Roy pendant la trêve.
Et l’autre que le roy d’Espagne fera rentrer la maison barberine dans la jouis-
sance qu’on luy a ostée des bénéfices qu’ilz possédoient dans ses Estatz depuis
qu’ils se sont déclarez serviteurs de cette couronne.
Monsieur le nonce est venu me trouver pour me dire que le nonce qui est à
Madrid
pour quatre ans laissant les choses en l’estat qu’elles sont à présent.
J’ay rejetté la chose bien loing non seulement pour luy bien imprimer dans
l’esprit que ce n’est pas icy le lieu où ilz doivent attendre aucune response aux
propositions qu’ils feroient, mais parce que nous sommes bien esloignez d’en
entendre une pareille qui ne serviroit qu’à arrester noz progrez et donner
moien à noz ennemis de sortir du mauvais pas où ils sont, et d’avoir temps de
prendre haleine pour [se] mettre en meilleur estat de deffense. J’y ay mesmes
adjousté que s’ils attendoient à proposer des choses raisonnables que nous
eussions fait toutes les despenses et les préparatifz de la campagne prochaine,
nous augmenterions noz prétentions à proportion, et peut-estre ne nous con-
tenterions pas des conquestes que nous avons faittes jusques icy, mais que
nous voudrions partie de celles que probablement nous serions en estat de
faire.
Un gentilhomme nommé la Roque-Bouillac
vice du Roy de costé de Liège a escrit au sieur Brasset qui nous l’a fait
sçavoir
proposé que si le Roy l’agréoit et vouloit agréer son action il enlèveroit l’ élec-
teur de Coulongne
Ferdinand von Wittelsbach (1577–1650), 1612 Ebf. und Kf. von Köln, Bf. von Münster, Hil-
desheim und Paderborn ( ADB VI S. 691–697 ).
lesquelz entreroient après au service de Sa Majesté. Je vous en donne advis et
vous prie de faire sçavoir audit sieur Brasset la response que vous estimerez
qu’il y doive faire, n’entrant pas plus avant dans la matière parce que je
n’estime pas qu’on y puisse faire grand fondement.
L’ambassadeur de Venize a fait voir ce matin a de Lyonne une lettre de Con-
tarini qui luy mande que les députez de Hollande ont escrit qu’ils ne vou-
loient point venir à l’assemblée pour n’estre spectateurs de l’oisiveté qui y est,
et que leurs affaires estoient d’une nature soit pour la paix soit pour la trêve
que les Espagnolz seroient bien aises de les leur porter jusques dans leurs
maisons. Il adjouste qu’il se trouvoit bien en peine parce que vous autres Mes-
sieurs refusiez d’entrer en traitté que des gens qui ne doivent pas venir fussent
arrivez et mesmes d’escoutter les propositions qu’ils auroient à vous faire
dont ilz espéroient que vous auriez toute satisfaction, finissant par ces termes
que ne voulans résoudre autre chose il vaudroit autant séparer l’assemblée et
que chacun s’en allast chez soy.
La response que je luy ay fait rendre là-dessus c’est que noz avis estoient
différens touchant le départ des députez de Hollande, mais qu’en tout cas
vous aviez tous les ordres nécessaires, et que vous pouviez respondre à tout
aussy bien que nous avec cette différence pourtant que vous le feriez et que
d’icy il ne tireroit autre chose que le discours accoustumé, que tout estoit
renvoie à Munster; que pour ce qui est de séparer l’assemblée nous n’en se-
rions point la cause, et que dans l’estat présent des affaires ce seroit peut-estre
le plus grand service et le plus notable avantage que la France pourroit rece-
voir d’estre obligée de continuer la guerre sans estre coupable du retardement
de la paix.
Je croys pourtant de vous devoir dire que si les plénipotentiaires de Hollande
par quelques raisons particulières qu’ils aient, diffèrent de venir à l’assemblée,
il semble qu’il faudroit songer à prendre quelque résolution là-dessus, autre-
ment il seroit bien rude que pour leurs intérestz particuliers la chrestienté
tardast à recevoir un si grand bien que celuy de son repos qui pust apparem-
ment estre establi dans la conjoncture présente avec de très solides avantages
pour cette couronne dans le mauvais estat où sont noz ennemis. Il seroit seu-
lement nécessaire de bien songer que les Espagnolz qui pressent eux-mesmes
si fort affin que nous entrions en matière n’ayent pas tant en cella la visée de
traitter effectivement avec nous, comme d’avoir un prétexte dont ilz se puis-
sent servir envers les Hollandois pour les obliger à traitter chez eux séparé-
ment . Je suis asseuré que vous y aurez grand esgard pour y prendre les pré-
cautions nécessaires, et je vous supplie de m’en mander voz sentimens.