Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
167. Longueville, d’Avaux und Servien an Brienne Münster 1645 Juli 15
Münster 1645 Juli 15
Ausfertigung: AE , CP All. 55 fol. 173–187 = Druckvorlage. Duplikat für Mazarin: AE , CP
All. 44 fol. 180–189’. Teil eines Konzeptes: AE , CP All. 52 fol. 110–114’. Teil eines
Reinkonzeptes: AE , CP All. 52 fol. 115–116. Kopien: AE , CP All 47 fol. 393–399; AE , CP
All. 52 fol. 118–126. Druck: Nég. secr. II, 2 S. 92–96; Gärtner V S. 465–481; jeweils ohne
PS.
Konferenzen mit den Mediatoren; erste Konferenz: Vorschlag der Mediatoren einer mehrmona-
tigen Waffenruhe, Hinweis auf die Vorteile für Frankreich und seine Verbündeten und auf die
guten Aussichten auf einen raschen Abschluß darüber; Ablehnung des Vorschlages als Mittel der
Feinde zur Verhinderung weiterer französischer Waffenerfolge, Hervorhebung der Gefahr der
Verzögerung des Friedensschlusses, Zweifel der Mediatoren an der Friedensbereitschaft Frank-
reichs , mangelnde Informationen über den Kreis der in die Waffenruhe Einbezogenen;
Forderung der Mediatoren nach Präzisierung der Satisfaktionsforderung gegen Spanien,
Beharren der Gesandten auf der Einbehaltung aller eroberten Gebiete, Kritik der Mediatoren
an dieser Forderung, Angebot der Rückgabe einiger Eroberungen im Tausch gegen Navarra.
Zweite Konferenz: Ablehnung des Vorschlages der Waffenruhe; kein Nachgeben bei dem
erneuten Drängen der Mediatoren auf Abstriche an der Satisfaktionsforderung gegenüber
Spanien; Andeutungen über einen langjährigen Waffenstillstand als Verhandlungsziel statt eines
Friedensschlusses. Bemühen um das Vorbringen des Waffenstillstandsvorschlags durch die
Spanier; Bitte um Festigkeit in dieser Frage gegenüber dem Nuntius und dem venezianischen
Botschafter in Paris. Auslassen des Religionsartikels in der Proposition II, Verhalten gegenüber
den Protestanten gemäß den Weisungen der Königin. Zurückweisung der Argumente des
venezianischen Botschafters gegen die Forderung nach Pässen für Rákóczy. Schwierigkeiten in
den Verhandlungen über die Angelegenheiten im Reich wegen des langsamen Verhandlungsmo-
dus der Reichsstände; Erfordernis der Eröffnung der gesamten Satisfaktionsforderung in einer
Proposition. Bemühungen um den dänisch-schwedischen Frieden. Brandenburg. Aushebungen;
Pensionszahlungen. Ratifikation des Vertrages mit Rákóczy. Reise Saint Romains zu den
schwedischen Gesandten: Zustimmung zur französischen Haltung gegenüber dem Kurfürsten
von Trier; Ablehnung der Forderung nach Pässen für Rákóczy ohne dessen Zustimmung;
Besorgnis über ein mögliches Ausscheiden Schwedens aus den Verpflichtungen gegenüber
Rákóczy. Bereitschaft Longuevilles zum Empfang von Visiten auch vor Klärung der Titelfrage;
erste Visite der kaiserlichen Gesandten bei Peñaranda statt bei Longueville trotz der
Warnungen der französischen Gesandten; Bemühung um die Aufrechterhaltung der Kontakte
zu den spanischen Gesandten; Widerstand Nassaus gegen die Gewährung des Altesse-Titels für
Longueville. PS: Beilage.
Avant que de faire responce à vostre lettre du premier de ce mois nous vous
tiendrons adverty de ce que nous avons faict depuis nostre dernière
dépesche en deux conférences que nous avons eu avec les médiateurs. A la
première ils nous dirent que |:pour traicter de la paix:| il leur sembloit
comme nécessaire de |:commencer par une suspention d’armes de quelques
mois. Et comme nous rejettions ceste proposition disans que nous |:n’avons
charge par nostre instruction de n’entendre à autre party que celluy de la
paix:|, ils adjoustèrent que nos affaires et celles de nos alliez estoient
aujourd’huy en estat florissant et que nous devions souhaiter d’y demeurer
et prévenir les changemens que le sort des armes et l’incertitude des
événemens peut produire tous les jours, que |:noz armes se trouvoient
logées dans le pais ennemi où elles pouvoient subsister et le ruiner et
affoiblir:| tousjours, d’autant qu’ils |:ne parloient pas de cette suspention
d’armes sans fondement et qu’ils estimoient que l’Empereur et le roy
d’Espagne s’i porteroient:| si de nostre costé nous y voulions entendre.
Nostre responce fut que |:c’estoit un artifice des Impériaux et Espagnolz
qui se voyans pressez de toutes partz et attaquez dans leurs provinces
héréditaires essayoient de gaigner ce temps pour se pouvoir remettre en
meilleur estat, interrompre le cours de nos victoires:| et nous |:faire
relâcher de nostre première vigueur:|. Que nostre principal but estant de
faire une bonne et asseurée paix nous estimions que |:au lieu de l’avancer
par ladicte suspention:| elle seroit |:plustost retardée les ennemis se rendans
plus difficilles et plus longs à en recevoir les conditions quand ilz se
verroient asseurez du moins pour un temps:| de ne faire aucune perte
nouvelle:|, au lieu que perdans leurs meilleures places et souffrans tous les
jours de notables diminutions dans leurs Estatz |:la crainte de ne pouvoir
conserver le reste:| les rendroit plus traictables, qu’ils ont des |:provinces
entières qui menacent d’un souslèvement qui se raffermiroient durant une
suspention et ne suivroient pas les mesmes résolutions qu’elles pourroient:|
prendre dans |:une guerre non discontinuée:| laquelle nous n’avons pas tant
entrepris pur faire des conquestes que pour faire une bonne paix.
Lesdicts médiateurs repartirent que l’on ne voioit pas que nous eussions de
|:véritables dispositions à la paix:|, que nous |:évitions:| touttes les |: ouver-
tures qui nous en estoient faictes, que noz alliez:| mesmes |:sans:| lesquelz
nous disions |:ne voulloir rien faire n’avoient pas:| encores |:députez à
Munster ce qu’ilz:| disoient |:pour les Hollandois et que nous avons divers
moyens pour éluder toutes sortes de propositions:|. Nous nous séparasmes
un peu pour concerter entre nous ce que nous leur devions dire, nostre
commun advis fut de leur faire une demande, sçavoir sy en nous parlant
|:d’une suspention:| ils n’entendoient pas qu’elle fût généralle et |:comprît
entièrement tous les alliez et intéressez en cette guerre et nommément si le
roy de Portugal n’y seroit pas compris:| non pas, leur dismes-nous, que
nous estimions que |:dans cette condition elle:| doive estre |:acceptée:| mais
parce que sans elle nous ne pouvons pas seulement nous résoudre |:d’en
communiquer à noz alliez:|. Nostre intention estoit en leur faisant ceste
demande que si l’on réfusoit |:à y comprendre le Portugal, eux-:| mesmes
vinssent à destruire leur proposition ou que s’ils y consentoient nous
pussions par là reconnoistre le grand désir qu’ils avoient de |:faire une
suspention:| et en tirer cet advantage de voir |:si en cas d’une longue
trefve:| ils se pourroient résoudre |:d’y admettre le Portugal:| en quoy il
nous sembloit |:gagner beaucoup pour le reste de la négotiation:|.
En effect la chose réussit selon nostre dessein, leur responce aiant esté
|:qu’ilz n’estoient pas venuz:| jusques |:au point de savoir si le parti
contraire entendroit à une suspention d’armes généralle:|. Que cela se
traicteroit avec les autres conditions |:de la trefve:| et qu’ils n’estimoient
pas que |:noz ennemis s’en trouvassent esloignés:| et sur ce que nous leur
répétions, si nommément |:les Portugais:| n’y seroient pas compris, |:ilz ne
regrettoient point cette proposition:| et nous demeurasmes tousjours arres-
tez à nostre premier mot qu’encores que d’une façon ou d’autre il n’y eust
pas apparence |:que l’on deut entendre à la suspention:|, que nous ne
pouvions |:sans estre asseurez qu’elle fust généralle nous charger:| seule-
ment |:d’en comuniquer à noz alliez:|.
De ce discours ils tombèrent |:en celluy de la paix entre la France et
l’Espagne:| essaians de nous faire départir en quelque chose |:de la
proposition par nous donnée aux Espagnolz:| disans qu’elle estoit |:dans
une extrémité:| comme ils reconnoissoient que celle |:desdicts Espagnolz:|
estoit dans l’autre, que nous |:voulans retenir toutes noz conquestes et eux
demandans une réstitution entière il falloit trouver un millieu:| et que nous
devions dire quelle partie de ce que |:nous avons occuppé nous voulons
conserver:| comme si d’une masse |:composée de dix portions:|nous
prétendions |:en garder ou quatre ou six ou huict:|. Voians que ce discours
tendoit plutost à nous sonder qu’à nous offrir, nous leur déclarasmes que
nous n’estions pas pour rien |:abandonner desdictes conquestes:|. Ils dirent
avec émotion qu’il |:ne falloit donc point attendre de paix:|, que c’estoit se
tourmenter en vain:| et que |:leur médiation:| estoit de |:tout point
inutille:|, qu’ils avoient voulu sçavoir des Hespagnolz |:s’ilz ne change-
roient rien dans leur proposition et qu’ilz:| les avoient |:trouvez capables de
quelque modération:|, qu’ils avoient espéré la mesme chose de nous et que
cela estant ils |:auroient moien de s’entremettre et de négotier:|. Mais que si
nous |:percistions à voulloir tout retenir:| c’estoit rompre toute sorte de
traitté:|. Qu’il faloit en ce cas que chacun pensât à soy et que les |:princes
d’Italie se liguassent ensemble:| et pour correctif ils adjoustèrent |:avec le
Turq:|. Ils parlèrent de ces choses avec tant de chaleur et sy pressamment
que |:pour ne rompre de tout point:| nous voulusmes proposer un autre
expédient qui ne laisse pas d’estre aussy avantageux, sçavoir que |:le roy
d’Espagne nous détenoit la Navarre:| avec injustice qui est conneue de tout
le monde, qu’il faloit |:qu’on nous en fît raison et nous la restituât:|. Que si
|:en eschange il demandoit une portion:| de nos justes conquestes, pour
arbitrer quelle elle devoit estre, nous escouterions les conseils de nos amis,
sur quoy ils |:s’escrièrent de nouveau qu’il n’y avoit pas lieu d’espérer
aucune paix:| et qu’ils s’estonnoient de nous ouïr ainsy parler veu qu’à la
cour on avoit tesmoigné |:au nonce et à l’ambassadeur de Venise:| lorsque
|:l’on y avoit:| veu la première |:proposition des Espagnolz:| que puisqu’ils
demandoient tout ce que l’on avoit pris sur eux pendant ceste dernière
guerre, la France devoit aussy prétendre de garder tout et dans de
semblables discours finit nostre première conférence.
Depuis aians considéré encor plus exactement touttes choses et advisé
ensemble nous avons trouvé à propos de leur rendre promptement la visite
et leur avons nettement déclaré que la |:suspention:| de laquelle ils nous
avoient parlé |:ne pouvoit estre receue ny de nous ny de noz alliez:|. Que
nous les avions voulu voir le jour mesme que nous sçavions qu’ils faisoient
leurs dépesches ordinaires afin qu’ils |:ne donnassent aucune espérance:|
d’une chose à laquelle |:nous ne pouvons entendre:|. Comme les médi-
ateurs |:nous ont:| recongneu fermes et résolus en ce poinct ils ont de
nouveau repris |:le discours de la paix:| essaians de nous persuader qu’il
faloit |:remettre de noz conquestes:| et nous sommes tousjours demeurés
dans les termes de |:nostre proposition:| laquelle façon d’agir nous a esté
advantageuse d’autant que lesdicts médiateurs voians nostre résolution ne
nous ont plus parlé de la sorte qu’ils avoient faict à la première veue. Au
contraire |:Contarini:| a dict que c’estoit à la vérité une grande preuve du
désir que nous avons de la paix puisque nous ne voulions pas |:entendre à
une suspention:| que ceux qui |:possèdent ont accoustumé de trouver si
avantageuse:| et que pour luy il ne voioit rien de sy |:utille à la France:|. Ce
qui nous a faict juger que la pensée dudict |:Contarini alloit plus loing que à
une trefve de peu de mois:| telle qu’il nous l’avoit proposée, et |:monsieur le
nonce:| prenant la parole, a dict qu’il s’estonnoit des difficultés que nous
faisions en cela, se souvenant fort bien que monsieur le cardinal de
Richelieu avoit faict |:proposer une trefve de dix ans:| et que les |: Espa-
gnolz ne la vouloient que de deux
Die Verhandlungen Richelieus mit Olivares in den Jahren 1636 bis 1642 zur Beilegung des
Krieges behandelten immer auch die Dauer eines geplanten Waffenstillstandes, durch den der
Friedensschluß erleichtert werden sollte; regelmäßig forderte Richelieu dabei eine Dauer von
etwa zehn Jahren, Spanien von etwa zwei Jahren ( Leman , Richelieu passim).
nous sommes de plus affermis en ceste croiance lorsque |:le sieur Contari-
ni :| parlant avec chaleur a dict qu’il ne falloit pas |:espérer que la paix se fist
jamais:| et qu’il falloit donc |:venir à une trefve:|, parole que nous avons
|:dissimulé d’entendre:| ne croians pas qu’il fust temps de s’expliquer sur
ces ouvertures et que nous |:devons auparavant |:voir le train que noz
affaires prendront:| et nous sommes bien résolus l’occaison s’en présentant
de continuer dans la mesme froideur.
En toutte ceste dernière conférence nous avons trouvé la manière d’agir des
|:médiateurs:| beaucoup plus douce et plus considérée qu’en la première. La
fermeté et union qu’ils ont veu entre nous leur aiant sans doubte faict
changer de conduite, car en la première ils nous |:avoient mis souvent le
marché à la main:| comme si |:à faute de nous relascher le traitté eust esté
entièrement rompu:| et en la seconde où nous leur avons parlé encor |:plus
fermement:| au lieu de |:tendre à aucune rupture eux-:| mesmes |:ont
donné lieu d’entrer en de nouvelles ouvertures:|. Nostre but en cela est de
parvenir à ce que vous désirés qui est de |:obliger les Espagnolz à parler les
premiers et à proposer:| eux-mesmes |:une longue trefve:| et nous estimons
que ceste procédure nous en facilitera les moiens. Mais comme nous ne
doutons pas que les |:médiateurs:| facent parler de ces choses à la cour |:par
le nonce et par le ambassadeur de Venise:|, nous vous supplions Monsieur,
|:qu’ilz n’y descouvrent rien plus que icy:| estant la voie la plus asseurée
pour venir où nous désirons et porter à la raison les Hespagnolz.
Nous avons ensuite à respondre à certains poincts de vostre lettre et pour
en suivre l’ordre nous avons esté bien aises que l’on ait approuvé l’omission
|:par nous faitte:| en la proposition de |:l’article concernant la religion:| et
heureux d’avoir prévenu les intentions de la Reine et d’avoir parlé aux
princes protestans conformément à ce qui plaist à Sa Majesté de nous
ordonner dont ils ont tesmoigné estre contents jugeans bien qu’en ces
choses il est besoing de sauver l’apparence et que comme eux sont
affectionnés à leur religion ils ne peuvent pas raisonnablement prétendre
que |:nous facions ni en effect ne en apparence aucune chose contre la
nostre:|.
Il ne se pouvoit rien dire plus à propos sur les discours qui vous ont esté
tenus par l’ambassadeur de Venise que ce que vous aves faict. Mais parce
qu’il vous a dict que nous travaillerions en vain de demander à l’Empereur
des passeports pour le prince de Transsilvanie d’autant que lors des traictés
préliminaires il n’estoit en guerre avec luy, il nous pardonnera si nous
disons que ceste raison est fort aisée à débattre parce que le traicté
préliminaire n’a peu pourvoir qu’à ceux qui estoient lors en guerre et n’en a
pas exclus ceux qui pourroient se déclarer en faveur de l’un ou de l’autre
party et de faict cela s’est veu en l’affaire du roy de Dannemarch, lorsque de
médiateur il est devenu partie, l’Empereur l’aiant en mesme temps déclaré
son allié et prétendu qu’il ne pouvoit traicter sans luy, ainsi que nous en
avons donné advis quand ceste guerre a commencé.
Et parce que le mesme ambassadeur vous disoit que nous estions |:trop
réservez à déclarer ce que le Roy voudroit conserver de ses conquestes en
Allemagne:| nous connoissons le but où il veut venir et avons bien observé
ce qu’on désire de nous en la négotiation où nous essaierons de nous
conduire |:avec toute la retenue possible:|. Nous vous supplions néant-
moins de considérer qu’aiant affaire à tant de princes comme il y en a dans
l’Empire |:et à des Estatz et République, celles se conduisent d’une façon
bien différente:| de celle où un seul commande, à laquelle si l’on se vouloit
arrester on perdroit une infinité d’occasions et nous serions hors d’ espéran-
ce |:d’achever jamais ce traitté:| si nous ne nous avancions souvent et
faisions des ouvertures pour obliger les députés d’entrer plus avant en
matière avec nous et pour leur donner loisir de délibérer sur les proposi-
tions qui leur sont faictes, leurs formes estans extrêmement longues, c’est
pourquoy il est |:besoing de s’ouvrir tout à la fois de tout ce que on
prétend:| parce que sur |:chaque ouverture nouvelle:| il s’y apportera
tousjours |:la mesme longueur:|.
Comme nous connoissons bien que |:les Suédois:| sont durs et malaisés à
contenter dans le |:traitté auquel ilz sont entrez avec le roy de Dannemark:|
et que les dernières lettres que nous avons receues de monsieur de La
Tuilerie nous confirment dans cette opinion nous ne laissons pas de les
presser de |:s’i rendre plus facilles:| et pour ce que vous nous escrivés de |:la
manière de procéder de leurs ministres:|, nous n’avons nul subject présen-
tement de nous en plaindre et n’obmettrons rien de ce qui peut estre
nécessaire pour les y maintenir.
Les députés |:de Brandebourg:| prennent un bon chemin dans les affaires
publiques, s’ilz continuent dans leur conduite et qu’ils nous facent entendre
quelle est la prétention de leur maistre |:contre le duc de Neubourg:|, nous
vous ferons sçavoir ce qui nous paroistra raisonnable de faire ès choses dont
vous désirés esclaircissement.
Nous attendons vos derniers ordres pour le faict de |:la levée de Bonica-
zen :| vous aiant donné advis de ce à quoy nous l’avons réduict pour la
cavalerie. Nous vous supplions seulement de commander à celuy qui escrira
la lettre de |:mettre en chiffre le nom dudit Bonicasen:| n’y aiant rien qu’il
ait sy expressément recommandé ny monstré désirer avec plus de passion
que |:de n’estre point nommé par noz lettres:|.
C’est un soing digne de vous de presser le paiement des pensions de Hesse
et nous espérons que vos offices en produiront enfin l’effect, comme pour
faire aussy que madame la Landgrave puisse recevoir quelque desdomma-
gement des pertes et despences qu’elle a souffertes en la retraicte de
monsieur de Thurene, le traictement qu’elle recevra en ce rencontre estant
de très grand exemple.
Nous attendons par le premier ordinaire |:la ratiffication du traitté avec le
prince de Transilvanie et les lettres de change:| en mesme temps lesquelles
si on ne recevoit |:à Danzic dans le premier jour d’aoust:| cela pourroit
causer de la mesfiance dans l’esprit de ce prince qui de son naturel y est
assés porté et rendroit peut-estre inutile toutte la despence et la peine que
l’on a prise jusques icy pour le joindre à nos intérestz.
Nous vous avons escrit par le dernier ordinaire que le sieur de Sainct
Romain estoit allé à Osnabourg vers les plénipotentiaires de Suède et vous
avions marqué ce qui avoit donné subject à son voiage. Il a rapporté que ces
messieurs ont eu fort agréable ce qui leur a esté communiqué de nostre part
et sur ce que nous avons désiré d’avoir leur advis, comme quoy nous
aurions à nous conduire envers |:l’archevesque de Trèves:|. Leur opinion
est que si sa conduitte est conforme aux conditions par luy acceptées à
Vienne il |:ne mérite pas d’estre considéré comme prince allié:|. Que s’il
tesmoigne par ses actions de |:avoir esté contrainct à ce qu’il a faict:| que
l’on pourra vivre autrement avec luy et qu’en un mot |:le traittement:| qu’il
doit |:recevoir de nous:| dépend de |:ce qu’il fera cy-après:|. Et pour le
|:passeport:| que nous désirions qu’ils demandassent conjoinctement avec
nous pour le prince de Tanssilvanie ils nous ont dict qu’ils n’avoient point
esté requis de sa part de faire cet office qui valoit bien d’estre demandé.
Que si ledict prince prie le mareschal de Torstenson de s’emploier pour
obtenir ledict |:passeport:| il le pourra faire, estant plus proche des lieux où
l’on le peut avoir. Aiant considéré ceste responce et appris en mesme temps
par les lettres de monsieur de Croissy que les |:conditions du traicté entre la
Suède et ledit prince de Transsilvanie :| n’ont pas encor esté |:accomplis:|
nous sommes entrez en appréhension que |:les Suédois ne visent à se
descharger:| du soing de ceste affaire |:sur la France:| sans considérer qu’ils
ont faict le premier traicté, qu’ils nous y ont engagé sans nous en parler et
que ceste |:diversion a sauvé leurs affaires en Allemagne:| pendant que
leurs |:forces estoient occuppées contre le roy de Dannemark:|.
Nous sommes obligés de vous faire sçavoir que moy, duc de Longueville,
n’aiant peu sy tost après mon arrivée recevoir les visites des ambassadeurs
le comte de Peñaranda est venu pendant ce temps à Munster. Ce que voians
nous fismes dire à messieurs les médiateurs qu’encor que moy, duc de
Longueville, ne fusse pas en l’estat que j’avois souhaité pour recevoir les
visites ordinaires, je ne lairrois pas de donner audience à ceux qui
prendroient la peine de me visiter pour n’apporter aucun retardement aux
affaires et sans prétendre aucun titre de ceux qui feroient difficulté de me
donner celuy qui m’est deub, et que j’avois desjà receu des autres ambassa-
deurs de l’assemblée, ce que je les priois de faire sçavoir à ceux qu’ils
jugeroient nécessaire. Ils firent sçavoir en mesme temps à nous d’Avaux et
Servien que les commissaires impériaux estoient engagez à visiter Peñaran-
da le lendemain après disner. Que pour eux ils demeureroient dans l’ordre
et visiteroient monsieur le duc le premier, mais lesdicts commissaires ne
peuvent estre persuadés de prendre la mesme résolution quoyque nous leur
eussions faict représenter par des personnes confidentes, que c’estoit
rompre le commerce des visites avec nous, et faire naistre de gaieté de coeur
une difficulté qui pouvoit nuire au traicté et aux affaires principales. Nous
avons eu advis qu’ils ont esté longtemps incertains de ce qu’ils devoient
faire. Les ambassadeurs des électeurs leur envoièrent dire qu’ils pensassent
à la conséquence et que s’il faisoient ainsy ceste visite ils publieroient que
c’estoit contre leur advis, ce qui nous fut déclaré par lesdicts ambassadeurs
sans que pour cela les Impériaux aient rien changé en leur résolution aians
seulement envoié vers nous pour faire quelques excuses disans que ceste
visite seroit sans préjudice de la France, comme faicte entre ceux d’une
mesme maison. Il leur fut respondu qu’on sçavoit ce qui se devoit faire en
telles rencontres et depuis ils ne se sont point offerts à la visite croians bien
qu’ils n’y seroient pas receus. On n’a pas laissé pour ne perdre plus de
temps de recevoir celles des autres ministres et de faire sçavoir de nouveau
aux médiateurs ce dont nous les avions advertis à temps, sçavoir que pour le
bien et avancement de la négotiation ledict seigneur duc estoit prest de
recevoir toutte sorte de visites sans désirer aucun titre. Nostre intention
estoit voiant qu’on avoit desjà laissé arriver et peut-estre à dessein une
interruption de commerce entre les Impériaux et nous, d’empescher que la
mesme chose n’arrivast avec les Hespagnols, depuis les médiateurs nous ont
rapporté avoir eu diverses conférences avec eux pour les disposer à suivre la
manière qu’ils avoient prise de parler en tierce personne, leur représentans
qu’eux-mesmes Hespagnols avoient trouvé bon cet expédient, lorsque
devant l’arrivée dudict seigneur duc ils dissuadoient au nonce et à l’ ambas-
sadeur de Venise de donner le titre d’Altesse, lequel lesdicts médiateurs
leur déclarèrent qu’ils auroient donné sans le respect de la médiation, à
quoy ils ont adjousté qu’ils estoient encor tous prestz de le faire si lesdicts
ambassadeurs d’Hespagne leur eussent tesmoigné n’y prendre point d’ inté-
rest . Ils nous ont dict aussy que l’archevesque de Cambray, Saavedra et
Brun approuvoient de parler en tierce personne et taschèrent de le
persuader à Pigneranda, mais qu’ils le trouvèrent tousjours |:scrupuleux et
difficille:| dont ils on faict |:mauvais jugement:| pour les |:affaires:|.
Néantmoins il leur déclara qu’il avoit escrit en Hespagne non seulement
pour parler en tierce personne, mais pour avoir la liberté de donner le titre
d’Altesse. Les Impériaux ont de mesme voulu faire croire à ceux qui leur
ont parlé qu’ils attendoient un ordre sur cela. Ce qui est de plus fascheux en
ceste affaire est que le |:comte de Nassau qui n’est point en d’humeur
poinctilleuse:| n’a pas |:laissé de s’y |:conduire avec beaucoup de subtilité
où le stil de Italie s’estant plus faict remarquer que celluy d’Allemagne.
Quelques spéculatifz ont pris subject de croire que les médiateurs n’ont pas
esté faschez que les parties principalles ne se voyant point leur médiation
en soit devenue plus nécessaire:|.
Nous aurions encor à escrire sur le mémoire que vous nous avés envoié
mais puisque vous nous donnés du temps pour y délibérer nous l’ examine-
rons avec loisir et y ferons responce par une autre dépesche celle-cy estant
desjà assés ample.
PS: Nous vous envoions la copie du résultat d’une assemblée tenue à
Lengerich touchant la forme de délibérer des estats de l’Empire que vous
trouverrez estre avantageuse pour nous.