Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
39. Servien an Lionne Münster 1645 Februar 11
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Münster 1645 Februar 11
Eigenhändiges Konzept: AE , CP All. 50 fol. 194–194’, 196–201’ = Druckvorlage.
Intrigen Chavignys. Besprechung mit Wartenberg: Verantwortung d’Avaux’ und Serviens für
die verzögerte Einwilligung in die Gleichbehandlung der kurfürstlichen Gesandten mit denen
Venedigs; gespanntes Verhältnis Wartenbergs zu Saavedra; Versicherung der Bereitschaft der
Reichsstände zu einem Abschluß ohne Spanien; Vorbehalte Serviens wegen der Möglichkeit
versteckter kaiserlicher Hilfe für Spanien; Vorschlag Wartenbergs zur Erneuerung der katholi-
schen Liga; Gegenvorschlag Serviens einer allgemeinen Liga zur Friedenssicherung. Unterre-
dung mit Chigi: Information über die spanische Bereitschaft zu Gebietsabtretungen und über
die Bereitschaft des Kaisers und der Reichsstände zu Verhandlungen ohne Spanien; Ermahnung
zum Ausgleich Frankreichs mit dem Papst und zur Sicherung des Einflusses auf das nächste
Konklave; Sacchetti; Verhandlungen des Prinzen Thomas mit Spanien; Erfolglosigkeit Siruelas
in der Durchsetzung spanischer Ansprüche gegenüber Portugal in einer Audienz beim Papst;
Optimismus Chigis für die Regelung der portugiesischen Probleme mit Spanien. Rang
Peñarandas. Rüstungen Venedigs. Anordnungen Turennes in Religionssachen; Sicherung der
katholischen Religion in der Kurpfalz. Verhandlungen d’Avaux’ in Osnabrück: keine Zustim-
mung der Schweden zur französischen Proposition la.
Chavigny
perdre pas tout le temps que j’ay esté obligé d’estre seul icy pendant
l’absence de monsieur d’Avaux. J’ay eu moyen d’entretenir confidemment
l’évesque d’Osnabruc dans une promenade assignée entre nous pour
découvrir ses sentimentz et les ordres qu’il peut avoir. La conférence a esté
comenceé favorablement par l’advis que je luy ay donné de l’ordre que
nous avions receu en faveur des ambassadeurs de Bavière, et à cause qu’ilz
avoient esté obligez de s’arrester en chemin par l’incertitude où nous avions
esté du traitement que nous aurions à leur faire, je luy ay dit que nostre
doute n’avoit pas esté aprouvé à la cour quoyque nous ne l’eussions eu que
de crainte de faillir en l’introduction d’une nouveauté, qu’il y avoit très
long temps qu’on nous avoit ordonné de traiter le corps des électeurs
comme Venise, mais que nous n’en avions pas ozé faire l’interprétation en
faveur de chacun des électeurs en particulier sans consulter de nouveau
messieurs les ministres. Je me suis servi de cette excuse qui en effet est
véritable, pour le satisfaire et ce que j’y ay adjousté qu’on n’avoit pas
aprouvé nostre doute, a esté affin qu’il sceut comme je l’en ay asseuré qu’il
y avoit plus de quatre mois que la résolution de traiter favorablement les
ambassadeurs des électeurs et leur faire le mesme honneur qu’à celluy de
Venise avoit esté prise à la cour et que mesme la déclaration publique qui
en avoit esté faite et la cognoissance qu’en avoit [!] eue les ministres
estrangers qui sont en France ayant passé jusqu’à Vienne avoit fait résoudre
l’Empereur d’acorder la mesme chose aux électeurs quoyqu’il l’eust refusé
depuis dix ans et que mesme il eust cy-devant donné une déclaration contre
eux en faveur de Venise, que Sa Majesté estoit très aise d’avoir peu
contribuer par son exemple et par la jalousie qu’on en peut avoir pris à leur
faire recevoir ces honneurs nouveaux encor mesme que les Espagnolz
fissent icy et partout ailleurs des protestations que cela n’est pas raisonna-
ble et que nous avions subjet d’espérer que tous ces princes en seroient
obligez à Sa Majesté et que leurs ministres nous en témoigneront du
ressentiment dans leur conduite, qu’il ne devoit donc plus faire arester sur
le chemin les ambassadeurs de Bavière, que quand ilz ariveroient, ilz
seroient traitez par nous sans différence comme ceux de Venise, s’ilz nous
visitoient lex premiers ou recevroient nostre visite avant celles des autres,
mais que je le priois s’ils en voyent d’autres devant nous comme je croyois
qu’ilz fairoient le nunce et les Impériaux, de les disposer à faire la mesme
chose que nous avions ordre de faire affin que tout fust esgal et que nous ne
fussions pas seulz. L’évesque a témoigné d’estre fort content de ce discours
et qu’il en advertiroit le duc de Bavière qui auroit subjet d’en estre obligé à
Leurs Majestez.
Il m’a voulu faire valoir l’ordre qu’il a fait envoyer aux commissaires
impériaux de n’apeller pas les Espagnolz en leur délibération et d’y apeller
les ambassadeurs des électeurs. Il m’a paru que l’aigreur est grande entre
luy et Savedra et qu’elle passe jusqu’à se plaindre hautement l’un de l’autre.
Je n’ay peu jetter de l’eau sur ce feu si ce n’est lorsque l’évesque me
témoigna qu’il diroit son sentiment avec liberté à Savedra sur quelque
discours qu’il avoit fait en plaine ciel contre le duc de Bavière, je luy ay
répondu que Savedra ne faisant rien que par ordre de son maistre, il valoit
mieux tirer raison de l’un et de l’autre par de bons effetz que par des
parolles qui ne font que passer.
Il m’a dit de luy-mesme qu’il ne tiendroit qu’à nous de prendre de bonnes
résolutions, qu’on n’auroit pas peyne à y disposer l’Empereur et que si les
Espagnolz faisoient les fascheux, il les falloit laisser et faire noz affaires
pour l’Allemagne sans eux, que toutes choses estoient préparées pour cela
et que les électeurs non seulement y porteroient leur advis quand il seroit
temps, mais qu’ilz en fairoient instance si l’Empereur s’en éloignoit. J’ay
répondu qu’en pensant faire de cette sorte préjudice aux Espagnolz, nous
fairions peut-estre ce qu’ilz désirent, qu’on avoit tousjours creu en France
qu’en s’acomodant avec l’Empereur seul, le roy d’Espagne en recevroit plus
d’avantage que d’incommodité en ce que la grande liaison qui est entre les
deux branches de la maison d’Autriche luy donneroit moyen de se servir
contre nous des forces d’une partie de l’Allemagne quelque précaution que
nous y pussions aporter en traitant la paix, parce que quand il seroit mesme
convenu que l’Empereur ne pourroit pas cy-après assister l’Espagne dans les
différends que nous avons ensemble, il ne laisseroit pas de l’assister soubz
main de nouvelles levées et d’autres choses où le nom de l’Empereur ny de
l’Empire ne paroissant pas, il sembleroit que nous n’aurions pas subjet de
nous en plaindre comme d’une contravention au traité et cependant nous
ne lairrons pas d’en ressentir l’effet.
Il m’a représenté de luy-mesme qu’on ne sçauroit rien faire de plus
désagréable aux Espagnolz que de rétablir la ligue catholique dans l’ Alle-
magne et qu’ilz n’ont point cessé jusqu’à ce qu’il[z] l’ayent eu détruite.
J’ay répondu qu’une ligue catholique renouvelleroit une ligue protestante et
que cette division ne seroit pas un bon moyen d’establir la paix pour la
rendre durable. Il a répliqué que le duc de Saxe et le marquis de
Brandebourg estoient sur le point d’entrer dans la ligue lorsqu’elle fust
abolie à la poursuite des Espagnolz et qu’il ne seroit pas malaisé de les y
engager de nouveau ny le reste du parti protestant pour maintenir les droitz
et les libertez de l’Empyre. J’ay reparti que quand elle porteroit le nom de
ligue catholique, il seroit difficile que les protestans y pussent entrer, mais
que quand cela seroit, les princes voysins pourroient prendre jalousie d’une
union si considérable et que pour oster tout ombrage il faudroit donc qu’ilz
y entrassent aussy et qu’on fist une ligue générale pour la seurté de la paix.
Il me semble que cette pensée a touché son esprit. Je luy ay dit néantmoins
que c’estoit un raisonnement que nous faisions ensemble sans aucun
dessein, mais j’ay pris garde qu’il y a fait réflexion et qu’il a répondu que
c’estoit un expédient qui n’estoit pas à mépriser et qu’il y falloit penser.
Cela est venu d’autant plus à propos que nous y sommes tumbez par ses
propositions propres sans que la chose soit venue directement de moy. Il
faut que ce soit le nunce Chigy qui a escript au nunce Bagny le discours de
Savedra que son maistre ne prendroit pas garde à quelques places parce
qu’il m’a dit confidemment la mesme chose. Il m’a confirmé aussy la
disposition des Impériaux et des autres princes d’Allemagne à traiter sans
les Espagnolz, sur quoy je luy ay aussi témoigné que ce ne seroit pas le bien
ny l’avantage de la France et que, puisqu’il a pieu à Dieu de bénir noz armes
et que nostre partie se treuve bien faite pour la guerre, il la faut continuer
ou faire une paix générale et de durée. Il est retumbé de luy-mesme sur le
discours qu’il nous avoit desjà fait une autre fois, que nous abandonnions
trop la cour de Rome dans un establissement nouveau. Que le pape avec un
peu de soin pouvoit estre mesnagé et que pourveu qu’on l’assistast et qu’on
luy fortifiast l’esprit, le devoir de père commun l’emporterait sur les
inclinations particulières qu’il pouvoit avoir eues avant qu’estre élevé au
pontificat. Mais certes qu’il ne falloit pas l’abandonner aux continuelles
violences que les Espagnolz luy faisoient pour l’engager dans quelque
partialité.
Il me semble avoir remarqué dans son discours qu’il a quelque apréhension
que cela n’arive ayant adjousté qu’il seroit bien fasché que les choses
fussent réduites à un point que nous ne pussions plus nous voir familiaire-
ment et que mesme la médiation cessast, que véritablement il avoit
affection pour nous, mais qu’en ce rencontre souhaitant que le pape eust
subjet de demeurer neutre et que l’on cherchast des moyens de l’y obliger,
il croyoit faire son devoir tant envers Dieu que le Saint-Siège et toute la
république crestienne. Il a encore retouché le second point dont nous avons
cy-devant donné advis qu’il ne falloit pas tant prendre garde aux choses
faites comme songer à remédier à celles de l’avenir, que le pape n’estoit pas
immortel et que si arrivoit bientost un second conclave nous aurions de
déplaisir de n’y estre pas plus considérez que dans le précédent. Il a
adjousté que les démonstrations qu’on avoit faites estoient justes et
aprouvées de tout le monde, mais que le cardinal Barberin l’aisné
pas à mépriser, qu’il n’avoit point offensé la France en son particulier
n’estant point engagé dans ses intérestz et qu’il avoit une quinzaine de
cardinaux de ses créatures qui luy avoient esté fidelles et qui suivroient le
parti qu’il prendroit.
Je me suis confirmé cette fois dans l’opinion que je pris la précédente qu’il
nous en parla que ce sentiment vient du cardinal Sachetti
amy de Chigy et qui croyant peut-estre qu’il pourra estre porté une autre
fois à ce qu’il a manqué maintenant voudroit bien que la France de laquelle
il espère assistance par le moyen de Son Eminence devinst puissante dans la
cour de Rome.
Quelques advis de Rome ont marqué que le cardinal Bichi paroissoient [!]
un peu mescontent, et tous ceux de l’Italie portent que le prince Thomas
traite avec les Espagnolz et qu’on a veu de sa part à Milan depuis peu un
nommé Baronero et un autre cavalier modénois
gouverneur et les principaux ministres et en ont esté fort caressez.
On m’a asseuré de bon lieu que le comte de Syruela estoit sorti d’une
audience du pape assez mal satisfait d’une réponse de Sa Sainteté sur les
affaires du Portugal
politiques on avoit tousjours creu devoir avoir esgard aux intérestz du roy
d’Espagne, mais que pour les choses eclésiastiques le changement arivé ne
devoit pas empescher qu’on n’y pourveust et qu’en toutes les congrégations
qui avoient esté faites sur ce subjet, on avoit tousjours treuvé qu’il falloit
faire grande différence de l’un à l’autre. Nach Meinung Chigis wird es keine
Schwierigkeiten bereiten, Portugal in einen allgemeinen Frieden einzuschließen.
Ich habe nicht erkennen können, ob das Verhalten der Spanier ihm Anlaß zu
dieser Meinung gegeben hat.
Je n’ay encor pu sçavoir au vray la qualité de l’ambassadeur d’Espagne qui
vient icy, quoyqu’il y ayt tantost 15 jours que les pouvoirs ont esté remis
entre les mains de messieurs les médiateurs nous n’avons sceu avoir
communication de celuy de nos parties. Il est bien certain néantmoins que
Pigneranda n’y est nommé qu’en qualité de comte, mais quoyque monsieur
l’ambassadeur de Venize ayt cru et que Savedra mesme ayt publié qu’il n’est
pas Grand d’Espagne, ils commencent d’en parler l’un et l’autre avec
incertitude et il y a apparence puisqu’il est nommé dans le pouvoir à ce
qu’on m’a asseuré avant l’archevesque de Cambray qui est prince de
l’Empire, que c’est un Grand d’Espagne, néantmoins la chose mérite bien
qu’on s’en esclaircisse et qu’on soit asseuré de sa condition avant que de
résoudre le départ de monsieur de Longueville . Il est vraysemblable que
Savedra qui n’est pas fort aise de sa venue non plus que des autres avoit
respandu icy le bruict qui a couru sur ce subjet et en avoit parlé avec
mespris.
Die Rüstungen, die Venedig betreibt, sind möglicherweise nicht zur Verteidi-
gung gegen die Türken gedacht. Es gibt Gerüchte, daß die Republik und der
Papst etwas gegen Frankreich vorbereiten.
Die Anordnungen Turennes, die die katholische Religionsausübung beeinträchti-
gen , fügen uns hier und in Rom schweren Schaden zu; es wäre nötig, ein
besonderes Augenmerk auf ihn zu haben. Bei der Restitution der Pfalz können
wir meines Erachtens darauf dringen, daß die katholische Religionsausübung in
Zukunft dort nicht mehr behindert wird.
Les lettres que je viens de recevoir d’Osnabruc de monsieur d’Avaux me
font cognoistre qu’il n’a pas disposé messieurs les Suédois à consentir que
nous donnions la proposition qui nous a esté envoyée de la cour. Je crains
bien qu’il ne les ayt pas persuadez faute d’estre luy-mesme assez bien
persuadé sur ce subjet. Néantmoins je ne voudrois pour rien du monde
faire mauvais office à personne et Dieu void que je ne le dis pas à cette
intention, mais affin qu’on sçache que si on nous envoye une recharge, je ne
désespère pas d’en avoir le consentement des Suédois estant à moy à les
aller voir. Car s’ilz ont eux-mesme dit que la nouvelle proposition n’est
qu’un compliment, ilz ont d’aultant moins de raison de s’y opposer
puisqu’elle ne peut servir [qu’] à donner quelque contentement aux
médiateurs et au public que nous avons intérest de satisfaire en quelque
sorte.