Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
1. Memorandum Ludwigs XIV. für d’Avaux und Servien Paris 1645 Januar 1
Paris 1645 Januar 1
Kopie: AE , CP All. 50 fol. 18–26’ = Druckvorlage. Italienisches Teilkonzept Mazarins: AE ,
CP All. 43 fol. 25–26’. Konzepte Lionnes: AE , CP All. 43 fol. 13–20’, 21–24 und 501–506,
datiert auf 2. Januar. Reinkonzept: AssNat 274 fol. 7–16’. Druck: Nég. secr. II, 2 S. 3–8;
Gärtner IV S. 6–26.
Kritik an der französischen Proposition I (1644 Dezember 4): Verbot der Schriftlichkeit für die
weiteren Verhandlungen; geringeres politisches Gewicht der Admission der Reichsstände; Tadel
wegen der Forderung nach Restitution der Länder des Kurfürsten von Trier als Vorbedingung
für weitere Verhandlungen. Verurteilung der Auseinandersetzungen zwischen d’Avaux und
Servien. Anstrengungen zur erfolgreichen Kriegsführung in Deutschland. Spanische Furcht vor
einem Separatfrieden des Kaisers; Drängen des Kurfürsten von Bayern auf einen Ausgleich ohne
Rücksicht auf Spanien; eventuelle Bereitschaft des Kaisers und der Reichsstände dazu.
Gültigkeit der Vollmachten auch für Separatverhandlungen und -abkommen. Spannungen
zwischen Saavedra und Brun. Spanische Abneigung gegen eine Waffenruhe; eventueller
Vorschlag Bayerns dazu. Beharren der Spanier auf gleichzeitiger Behandlung der sie betreffen-
den Fragen mit denen des Reiches. Festnahme spanischer Informationen in Paris. Visite des
Bischofs von Osnabrück für die Franzosen vor der für die Spanier. Protokollarische Behandlung
der Gesandten der Generalstaaten (Exzellenz-Titel).
Sa Majesté après avoir considéré les dépesches desdictz sieurs plénipotenti-
aires
Claude de Mesmes (1596–1650), comte d’Avaux; seit 1644 zusammen mit Servien Vertreter
Frankreichs in Münster; 1627–1632 Gesandter in Venedig, 1634–1637 in Dänemark,
Schweden und Polen; 1637–1642 Aufenthalt in Hamburg als Gesandter in Deutschland,
Teilnahme an den Präliminartraktaten; 1643 surintendant des finances; 1643–Anfang 1644
zusammen mit Servien Verhandlungen in Den Haag mit den Generalstaaten ( DBF IV Sp.
832–837; BU II S. 496; Chéruel I S. 269; Boppe ). – Abel Servien (1593–1659), comte de la
Roche-des-Aubiers; 1616–1624 procureur général am Parlament in Grenoble, 1618 conseiller
d’Etat, 1624 maître des requêtes; seit 1628 diplomatische Missionen, 1631 Teilnahme an den
Verhandlungen von Cherasco; 1630–1636 secrétaire d’Etat à la guerre; 1648 ministre d’Etat,
1653 surintendant des finances ( Enaux-Moret ; Isolle ) .
propositions qui avoient esté remises par escript de part et d’aultre entre les
mains des médiateurs
Fabio Chigi (1599–1667), 1635 Bischof von Nardò; 1639–1651 Nuntius in Köln, 1644–1649
Aufenthalt in Münster ( LThk I Sp. 318; Bücker ; Incisa ; sein privates Diarium in APW III
C 1,1). Er führte das Amt des Vermittlers zusammen mit Alvise Contarini (1597–1651),
1624–1641 Botschaftertätigkeit in Den Haag, London, Paris, Rom und Konstantinopel; seit
Ende des Jahres 1643 bis 1649 in Münster, danach weitere Vermittlungsbemühungen um den
spanisch-französischen Frieden in den spanischen Niederlanden und in Frankreich ( Incisa II
S. 1135f.; Andretta ) .
commandé le présent mémoire leur estre envoyé pour les informer au long
de ses sentimens.
Premièrement Sa Majesté a esté extrêmement estonnée de veoir que sans
l’en avoir mesme avertie, qu’ilz ayent peu consentir à laisser introduire une
manière de traicter par escript qui n’a jamais esté praticquée, et en laquelle
pour plusieurs raisons nous avons un notable désadvantage. Le véritable et
principal subjet de leur envoy a bien esté pour avoir la paix s’il est possible,
mais comme nous ne pouvons pas sans présomption nous promettre que la
colère de Dieu soit encor appaisée, ny qu’il veuille désiller sytost les yeux
de noz ennemis, le fruict de leur mission qu’on s’attendoit ne pouvoir
manquer c’ettoit que dans la sincérité des intentions de Sa Majesté et dans
l’extrême passion qu’elle a de la paix, il y auroit beau champ de gagner du
moins les apparences dans le monde en nostre faveur et que sy la
chrestienté ne pouvoit sytost jouir de sa première tranquilité, personne n’en
imputeroit la cause qu’à l’injustice du procéder de noz ennemis, et à leur
aveugle oppiniastreté continuée mesme parmy tant de disgrâces qui leur
arivent et dans une si visible déclaration du ciel pour les avantages de cette
couronne.
Cependant il est certain que la façon de négotier que l’on a commencée ne
sçauroit produire qu’un effect tout contraire, puisque ne pouvans ny les uns
ny les autres entrer bien avant dans le détail, mais se tenir seulement dans
une généralité vague, il n’y a personne qui ne voye le préjudice extrême que
nous en recevons estans en obligation de refuser incessamment pendant
que nos ennemis soubz des prétextes plausibles en apparence de ravoir le
leur et de remettre les choses comme elles estoient avant la guerre
pourroient ainsy qu’ilz l’essayent par tant d’artiffices faire tumber facile-
ment sur nous près de la pluspart du monde qui ne pénètre pas si avant le
blasme du retardement de la paix qu’effectivement ilz méritent seulz par
leur peu d’équité.
De plus cette manière d’agir continuant il fault perdre toute espérance de
conclurre jamais rien de solide, la chose se passera en escriptures, en
manifestes et en réplicques, chacun ne se mettant pas tant en peine de
refformer son escript selon la règle de la raison que de gloser sur celuy de
son compagnon, et prouver que les propositions qu’on a données sont plus
justes et plus effectives pour l’avancement de la paix que les autres du party
contraire.
Il est donc absolument nécessaire de rompre cette introduction faisant bien
comprendre aux médiateurs le peu de fruict que l’on s’en peult promettre,
et certes, puisque pour conclurre la paix on doibt nécessairement entrer
dans le détail des différends qui l’empeschent, ceux qui désirent de négotier
de cette sorte n’ont que de véritables intentions de la veoir bientost
conclue.
La méthode accoustumée et la plus utile c’est qu’ayant convenu avec les
médiateurs des poinctz qu’on veult traicter en premier lieu, lesdictz
médiateurs se donnent la peine de veoir de part et d’aultre les sentimens
des parties intéressées, concertent et adjustent chaque poinct l’un après
l’autre, et à mesure qu’il s’en résould quelqu’un qu’ilz en dressent un escript
de commun accord lequel demeure entre leurs mains comme d’une chose
arrestée qui aura son effect quand tous les autres poinctz seront aussy
adjustez.
En toutes occasions et en tout temps on a traicté de la sorte, et il ne se peult
mesme aultrement si tout de bon on veult avancer la négotiation. C’est
pourquoy les médiateurs doibvent estre les premiers à le désirer. Il est bien
vray que parfois il arive que les médiateurs pour se souvenir mieux des
choses qu’on leur dict en dressent des mémoires, mais comme ce n’est que
pour soulager la leur, et affin d’estre mieux instruictz et esclairciz de
l’intention des parties cela ne faict rien sur la question dont il s’agit. La plus
forte raison qui à tousjours obligé d’en user comme l’on marque c’est que
les déclarations que l’on faict par escript engagent trop, ce qui n’arrive pas
quand les instances se font de vive voix, parce qu’encor qu’on demande ou
reffuse des choses extravagantes, l’addresse des médiateurs faict enfin
joindre les parties, et on peult se relascher sans déchet de réputation, et à la
vérité sy on eust pu préveoir que lesdictz sieurs plénipotentiaires eussent eu
la pensée de faire leurs propositions par escript, on n’auroit pas manqué de
leur mander ces mesmes raisons pour les en empescher.
Voylà pour ce qui est de la manière de négotier en général. Sa Majesté
dessendant après à l’examen des propositions en détail n’a pas esté moins
surprise de plusieurs choses que lesdictz sieurs plénipotentiaires ont insé-
rées dans la leur.
Premièrement, il luy a bien semblé qu’il estoit à propos pour plusieurs
raisons d’incister à demander la venue de tous les princes et estatz de
l’Empire, mais elle a cru aussy qu’il n’estoit pas nécessaire ny expédient d’y
insinuer comme ont faict lesdictz sieurs plénipotentiaires qu’à deffault de
cela l’assemblée de Munster ne seroit pas complette et légitime. Nous
sommes deschargez de toute obligation quand on a faict toutes les
diligences possibles pour les y faire venir. Il est bon de les renouveller aussy
souvent qu’il se peult pour les haster, mais après tout, sy d’aultres
considérations les retiennent, faudra-t-il pour le capprice de quelques-uns
ou pour leur crainte se tenir les bras croisez à attendre leur commodité et
rejetter cependant toute négotiation?
Nous devons souhaitter que l’assemblée soit la plus nombreuse qui se peult
soit pour pouvoir mieux establir la seureté de la paix soit pour plusieurs
autres considérations dont lesdictz sieurs plénipotentiaires sont assez
informez, mais quand on n’y a rien obmis il y a lieu ce semble de se
contenter d’y veoir les plénipotentiaires de l’Empereur, de France, d’ Espa-
gne , de Suède et de Messieurs les Estatz quand ilz y seront arivez, et pour
médiateurs les ministres de nostre Saint Père et de la république de Venize
pour n’avoir pas appréhention que tout ce qui s’y concluera ne soit
validement traicté, et qu’on pourra treuver des seuretés suffisantes pour la
fidelle observation de la paix qui y sera arrestée, en quoy mesme nous
avons bien de l’advantage puisqu’à ce qu’on apprend la plus grande partie
des députez des princes et estatz de l’Empire sont en chemin pour se rendre
à l’assemblée.
En second lieu, il eust esté à désirer que sur le faict de monsieur l’eslecteur
de Trèves
restablissement présent dans ses Estatz puisque c’est un poinct à estre
traicté dans la paix mesme, et qu’à quelque injuste tiltre que le party
contraire puisse posséder son pays on ne peult pas raisonnablement
prétendre que sans estre auparavant asseuré de la paix il se despouille dès à
cette heure des advantages que cette pocession luy donne, et que par la
remise de Trèves, de Coblens et d’Hermestein
adhérens il nous rende dès à présent maistres du Rhin et de la Mozelle. Il
n’en estoit pas de mesme de la liberté dudict sieur électeur que lesdictz
plénipotentiaires ont deu demander avant toutes choses comme il leur
estoit ordonné par leurs instructions, et mesme de le faire haultement, mais
on n’a pas laissé de treuver à dire qu’ilz se fussent sy avant engagez par la
déclaration de ne pas passer oultre en la négotiation que ledict sieur
eslecteur ne fust en plaine liberté d’aultant plus qu’encor que le dernier
article de la proposition restreigne cette prétention à sa liberté néantmoins
ayant relation au précédent la chose demeure encor dans l’équivocque.
Il est certain que s’il y avoit quelque chose qui pust empescher les princes
d’envoyer leurs députez à l’assemblée ou pour le moins les obliger à
sursceoir, c’ettoit celle-là, et messieurs les ministres de Suède
Johann Axelson Oxenstierna (1612–1657), Sohn des Reichskanzlers Axel Gustafson Oxen-
stierna (1583–1654); 1634–1635 Gesandtschaftstätigkeit in den Niederlanden, England und
Polen; 1640 Reichsrat; 1654 Reichsmarschall und Kanzler der Universität Greifswald ( SMK
V Sp. 685f.) und Johan Adler Salvius (1590–1652), seit 1621 im Dienst Gustaf Adolfs; 1629
geadelt, 1634 Hofkanzler, ab 1636 schwedischer Legat in Deutschland, 1648 Reichsrat
( SMK I Sp. 17f.; Lundgren ) .
remarqué en la lettre qu’ilz ont escripte ausdictz sieurs plénipotentiaires
de faict, en vain se hasteroient-ilz de s’y rendre qu’après avoir veu ledict
eslecteur en liberté puisqu’on a déclaré ne pouvoir traicter que cela ne
fust.
On croid que cela a desjà faict concevoir aux médiateurs lesquelz nous
croyons d’ailleurs partiaux de noz intérestz qu’on ne treuve pas du costé de
la France les facilitez qu’elle avoit faict espérer pour l’avancement de la
paix, ce qui estant escript au pape
respandant ensuite partout, il est impossible d’empescher que l’on ne
prenne des impressions qui nous sont désadvantageuses puisqu’elles révoc-
quent en doubte la véritable disposition que Sa Majesté a pour le repos
public.
Cette déclaration de ne passer oultre en la négotiation pouvant estre très
dangereuse et préjudiciable, et n’estant point d’ailleurs ordonnée par
l’instruction desdictz sieurs plénipotentiaires, on ne sçait pas quelz motifs
ilz peuvent avoir eus pour la faire. Il est vray qu’ilz eussent bien peu ne
baillans rien par escript en parler en ces termes aux médiateurs affin qu’ilz
portassent leurs instances avec plus d’efficace au party contraire, mais avec
intention pourtant de s’en relascher jusques au point de la seulle liberté que
raisonnablement ilz ne peuvent refuser. Il n’en est pas de mesme en
mettant sur le pappier d’où l’on ne se peult pas bien relascher qu’avec
quelque déchet de réputation, et quoyque l’on le face en la nouvelle
proposition qui a esté dressée, c’est que d’autres raisons plus puissantes ont
prévallu, et que l’on l’a peu couvrir du prétexte de voulloir l’avancement de
la paix à quelque prix que ce soit.
Sa Majesté recognoissant donc que la proposition qu’ont donnée ses
plénipotentiaires pouvoit estre cenceue en termes plus propres et plus
accommodez à son sens et à ses intentions qui sont de conclurre la paix ou
de faire veoir qu’il ne tient pas à elle et qu’elle en a une parfaicte volonté,
elle a à son extrême regret juste occasion de croire que lesdictz sieurs
plénipotentiaires ne donnent leur principale appliccation qu’à leurs diffé-
rends particuliers, estant impossible que s’ilz avoient pris soin de conférer
ensemble et discuter comme ilz le doibvent sérieusement et aultant qu’il se
peult les matières de cette importance, les mesmes choses qu’on leur mande
ne leur fussent venues dans la pensée. Une proposition de cette nature
puisqu’enfin ilz s’estoient obligez de la bailler par escript, méritoit des
sepmaines entières de méditation pour en pezer non seulement la substan-
ce , mais jusques aux moindres parolles qui pourront estre glosées à
l’éternité. Il n’eust esté que bien de la communicquer aussy auparavant aux
ministres de Suède pour en avoir leurs advis, sans doubte leurs remonstran-
ces les auroient obligez de retrancher pour le moins la clause de ne pouvoir
passer oultre laquelle donnera des armes pour descrier la France à ceux qui
ne l’ayment pas, et qui sans le remède qu’on y apporte par la seconde
proposition que Sa Majesté a faict dresser pour estre remise de nouveau
aux médiateurs esbranleroit fort ceux qui ont affection pour cette couronne
et qui soustiennent qu’elle veult sincèrement la paix.
Cela renouvelle au dernier poinct le desplaisir que la Reyne
mésintelligence desdictz plénipotentiaires sçachant notamment que les
ennemis commencent à la compter pour un de leurs advantages, et sur
lequel ilz font très grand fondement.
Ce qui est extrêmement fascheux en cela c’est qu’ilz sont ingénieux à se
tourmenter eux-mesmes et que de moins habilles gens qu’ilz ne sont
n’auroient pas la dixiesme partie de leurs contestations, estant certain que
par leur habileté ilz ont eslevé et faict paroistre pour des montagnes ce qui
en son origine n’estoit qu’un atome s’il y eust eu bonne intelligence entre
eux comme elle y doibt estre.
Qu’importe que les Catalans
lesdictz plénipotentiaires en leurs visites? Qu’importe qu’ilz aillent ou non
avec un nouveau deuil? Qu’importe de soustenir qu’on ayt oublié ou qu’on
n’ayt pas oublié quelque chose de peu d’importance, dont mesme on s’est
souvenu à temps? Qu’importe d’avoir esté deux fois en un jour de différent
advis puisqu’on doibt faire gloire d’en changer quand on en treuve un
meilleur? Qu’importe d’envoyer un courrier ou un gentilhomme en Hollan-
de pour porter une dépesche?
Qu’importe quand il eschet de parler du Roy de commencer par ‘Sa Majesté
Très Chrestienne’ ou de dire premièrement ‘le Roy’ et puis la seconde fois
‘Sa Majesté’ n’estoit que l’on avoit envoyé ordre de le traitter tousjours de
Majesté?
Qu’importe de pouvoir envoyer ou ne pas envoyer de nouveaux mémoires
au secrétaire commun quand les dépesches ont esté concertées, puisqu’en
cela l’un n’a pas plus d’advantage que l’autre, n’estoit que bien souvent il
survient des choses importantes dont on peult avoir oublié de parler?
Qu’importe de reconcerter à diverses fois les dépesches sy quelqu’un d’eux
pense que tout n’ayt pas esté bien résolu et qu’il luy reste quelques
doubtes?
Qu’importe pourveu qu’on rende compte conjoinctement par une mesme
dépesche de quelle main elle soit dressée, et pourquoy tant de dureté à
convenir ensemble de sept ou huict expédiens qui avoient esté proposez?
Pourquoy s’imaginer qu’une personne qui va pour les soulager, aille leur
arracher la plume, ce qui ne peult estre dict que d’un esgal?
Mais il importe beaucoup que l’on donne tout son temps et toute son
application à ces petites choses, qu’on les relève pour se tourmenter,
fomenter la division et l’establir de plus en plus, et que cela estant cognu de
tout le monde on prend des oppinions désadvantageuses de leur prudence
et de leur sagesse, et que les ennemis mesmes se persuadent de pouvoir
proffiter de leur division. Enfin, la Reyne absolument ne veult plus en
entendre parler et comme Sa Majesté préfère le bien de la chrestienté et le
service de l’Estat à toute autre considération, après avoir interposé son
authorité pour establir la correspondance qui est nécessaire pour le manie-
ment des affaires importantes qu’on leur a commises, sy les mesmes
mésintelligences continuent et que les choses ne changent point entre eux,
elle sera contraincte pour le service du Roy de prendre des résolutions qui
fascheront celuy qu’elle estimera avoir tort. La plus grande gloire que l’un
d’eux peult acquérir sur l’autre seroit pour le bien de sa patrie, et pour
l’obéissance qu’ilz doibvent aux commandemens de Sa Majesté de souffrir
sur le champ, parce que faisant cognoistre en quelque chose solide d’avoir
esté mal traicté, Sa Majesté y remédieroit à son entière satisfaction. La
grande passion de Sa Majesté est de veoir establir au plus tost le repos de la
chrestienté dans lequel ce royaume treuveroit le sien avec gloire, advantage
et bénédiction du ciel. Tous les princes de l’Europe qui ne sont pas en
guerre avec nous conspirent à cette mesme fin.
La continuation de nos succès et de ceux de noz alliez et la foiblesse des
ennemis les contraindra d’y contribuer.
Nous continuons à faire des effortz extraordinaires pour l’Allemagne affin
que noz armes s’y rendans tousjours plus considérables obligent les princes
et les estatz de l’Empire à forcer l’Empereur de se rendre facile à la paix
préférant comme il doibt les intérestz de l’Empire à ceux des Espagnolz.
On esprouve incessamment les visibles assistances de Dieu à cette couronne
dans les moyens qu’elle treuve de continuer vigoureusement la guerre et ne
voyant pas jusqu’à présent qu’il y ayt lieu de craindre aulcune division
intestine nonobstant tous les soins et les artiffices que les ennemis mettent
en jeu pour les susciter. Enfin tout vise et conspire à la paix, le Roy en a
confié la négotiation à deux des plus habilles et fidelles ministres qu’il ayt,
pourra-t-on dire que leur mésintelligence particulière empesche qu’ilz ne
s’applicquent comme il fault à la conclusion d’une oeuvre sy saincte, ayant
de sy bonnes armes à la main pour y parvenir?
Nous avons advis que les ministres d’Espagne
Spanien wurde zu dieser Zeit durch die Gesandten Saavedra und Brun vertreten; Don Diego
de Saavedra y Fajardo (1584–1648), 1612–1633 Tätigkeit in der spanischen Gesandtschaft in
Rom, 1633–1643 Gesandtschaften nach Bayern und in die Schweiz; nach der Abberufung aus
Münster im April 1646 Gesandten-Conductor am spanischen Hof und Mitglied des Consejo
de las Indias ( Fraga Iribarne ); Dr. Antoine Brun (1599–1654), seit 1632 procureur général
am Parlament von Dôle, 1641 auf dem Regensburger Reichstag und 1643 auf dem
Frankfurter Deputationstag Vertreter des Burgundischen Kreises, zwischenzeitlich Verhand-
lungen in Wien; 1642 conseiller beim Conseil suprême Flanderns und Burgunds; ab 1649
spanischer Gesandter in Den Haag ( DFB VII Sp. 507f.; Truchis de Varenne ).
hention que le but de la France ne soit de conclurre la paix avec l’Empereur
en excluant leur maistre et qu’ilz croyent que le duc de Bavières travaille
à cela désirant le repos de l’Empire et cognoissant bien que les intérestz
d’Espagne ou empescheront entièrement la paix ou la retarderont quoyque
cependant à l’esgard des autres princes elle puisse estre conclue en peu de
temps.
Ilz ne se trompent pas sur le faict du duc de Bavières parce que nous
sommes asseurez que c’est son intention, et qu’il croid que l’Empereur et
les princes de l’Empire pouvans treuver le calme dans l’orage qui les agite et
qui les menace tousjours de plus en plus, on ne doibt pas s’empescher de
jouir de ce bien pour seconder l’oppiniastreté des Espagnolz dans les
conditions advantageuses qu’ilz prétendent touchant la paix.
On présume aussy que les plénipotentiaires de l’Empereur
Die ksl. Gesandten für die Verhandlungen mit Frankreich in Münster waren Gf. Nassau und
Volmar; Johann Ludwig Gf. von Nassau-Hadamar (1590–1653), 1636 Reichshofrat, seit
1638 ksl. Gesandter für den Kölner Kongreß, 1643 Geheimer Rat, 1650 Reichsfürst ( ADB
XIV S. 258–260 ; Wolf ; Ruppert S. 27f.); Dr. Isaak Volmar (1582–1662), 1620 vorderöster-
reichischer Kanzler, 1643 Innsbrucker Kammerpräsident, 1649 ksl. Geheimer Rat, 1650
oberösterreichischer Kanzler, ab 1658 ksl. Vertreter am Regensburger Reichstag ( ADB XL S.
263–269 ; Schwarz S. 376f.; Ruppert S. 28f.; Seidel S. 154–161).
passer oultre dans le traicté sy les Espagnolz y servent d’obstacle
Diese Vermutung sollte sich zwar im späteren Verhandlungsverlauf als richtig herausstellen,
sie findet aber zu Beginn des Jahres 1645 in den ksl. Instruktionen noch keine Bestätigung; im
Gegenteil: Im März 1645 wurden die ksl. Gesandten ausdrücklich ermahnt, jeden Anschein
einer Trennung des K. von Spanien zu vermeiden ( APW II A 2 nr. 109).
se treuve vray c’est une marque que les offices et les remonstrances du duc
de Bavières ont porté coup dans l’esprit de l’Empereur, en sorte que les
armes de France et de ses alliez continuans à faire des progrez dans
l’Allemagne, l’impossibilité où seroit l’Empereur de s’y opposer pour la
foiblesse des siennes le persuaderoit bientost à embrasser tout expédient
pour en arrester le cours par la conclusion d’une paix raisonnable sans se
mettre au hazard de tout perdre en la différant plus longtemps seulement
pour donner lieu aux Espagnolz d’adjuster leurs affaires avec les advantages
qu’ilz se sont proposez. Il semblera peult-estre à plusieurs un paradoxe de
croire que l’Empereur prist jamais la résolution de s’accommoder avec la
France et ses alliez sans le roy d’Espagne et le laissant en guerre d’aultant
plus que personne n’ignore combien de déférence il a pour l’Impératrice
laquelle sacriffieroit toutes choses pour la satisfaction de son frère et pour
luy procurer quelque advantage dans ses intérestz, mais oultre quantité
d’advis que l’on a au contraire, il y a lieu de croire que les Allemands
voyant tous les jours leurs affaires aller dans une plus grande décadence
sans espérance d’améliorer leur condition par les armes, ne vouldront pas
permettre d’estre plus longtemps sacriffiez aux passions du roy d’Espagne,
d’aultant plus qu’ilz se persuaderont comme il est sans doubte que ledict
roy se rendra plus traictable et plus facile à la paix quand il comprendra que
ne le faisant pas l’Empereur sera contrainct de songer à un accommode-
ment à part, et il est certain que sy les princes et estatz de l’Empire comme
leurs intérestz le requièrent se résolvent entièrement à la paix, l’Empereur
sera à la fin forcé d’y consentir. C’est donc un grand motif pour juger qu’il
n’y a point de paradoxe en cela que l’absolue et pressante nécessité où selon
toutes les apparences se treuve l’Empereur et tous les princes et estatz de
l’Empire dans l’estat présent des affaires d’Allemagne de chercher leur
recours dans la paix, et cette nécessité dans l’intérest propre ne souffre pas
volontiers qu’on ayt esgard à celuy d’aultruy.
Les ministres d’ Espagne supposent qu’ayant esté incérée la clause à part
dans les plainspouvoirs de pouvoir traicter avec les alliez et adhérents,
qu’avec le consentement de la France l’Empereur peult traicter et conclurre
avec les princes de l’Empire, le roy d’Espagne avec Messieurs les Estatz et
madame de Savoye
d’examiner adroictement ce poinct, et encor qu’il y ayt des advis que les
ministres d’Espagne se l’maginent et le prétendent, on ne croid pas que
vostre intention ayt esté telle.
On apprend de Bruxelles que Saavedra et Brun ne sont pas bien d’accord
ensemble, il sera bon de veoir quel proffit on pourroit tirer de leur division
sur quoy lesdictz sieurs plénipotentiaires sçauront que Brun a aultresfois
donné des marques d’affection envers cette couronne, ayant mesme eu des
correspondances avec Monsieur le Prince ainsy qu’il nous a dict lesquelles
n’estoient pas tout à faict à l’advantage du roy d’Espagne, oultre qu’il
recognoist bien que pour peu que la guerre continue la Franche-Comté qui
est son pays ne sçauroit éviter de tumber soubz sa domination.
Il est certain que le duc de Bavières et les autres princes désirent au moins
une suspension d’armes, les Espagnolz s’y opposent vivement croyant qu’il
est mieux pour eux de continuer la guerre pendant le bas aage d’un roy
pupil et le gouvernement d’une régence que de donner temps par une
suspension d’armes d’entrer dans la majorité et estre en estat après avoir
dans un long cours d’années affermy toutes ses conquestes de reprendre les
armes en personne et avec de plus grandes forces et plus de vigueur, en
quoy il se veoid que nonobstant tous les advantages dont il a plu à Dieu
bénir jusques à présent la minorité du Roy les Espagnolz ne peuvent encor
se destromper de l’impression qu’ilz avoient formée qu’il en ariveroit tout
aultrement. Les mesmes raisons qui causent près des Espagnolz la grande
aversion qu’ilz ont pour une suspension d’armes doibvent estre bien
puissantes pour nous la faire désirer parce qu’il est constant que rien ne leur
peult estre préjudiciable qui ne soit advantageux.
Il semble donc que soubz prétexte de confirmer au duc de Bavières les
protestations qu’on luy a faictes de vouloir faire grand cas des propositions
qui viendront de luy pour l’avancement de la paix on pourroit avec
addresse l’engager à proposer une longue suspension d’armes affin que vous
aultres Messieurs en escrivant ensuite par deçà, on pust vous envoyer les
ordres et les instructions nécessaires touchant cette négotiation, et pour la
mettre à fin nonobstant la répugnance extrême qu’y ont les Espagnolz,
lesquelz n’oublient rien pour empescher que l’Empereur auquel ilz cognois-
sent qu’elle convient n’y preste l’oreille, et l’on croid que le dessein de
l’eslecteur de Bavières est, la paix ne pouvant estre conclue sytost de
promouvoir cette suspension d’armes par le moyen de laquelle il croiroit de
pouvoir prendre les précautions nécessaires pour ses enfans
Dieu disposast de luy.
Nous avons aussy advis que les ministres d’Espagne prétendent de pouvoir
traitter tout ensemble de tous les poinctz et intérestz au moins de
l’Empereur et des deux couronnes, qu’ilz y incisteront extrêmement parce
qu’ilz appréhendent que sy on parle séparément, et qu’on puisse demeurer
d’accord de ce qui regarde l’Empire, ilz pourroient après courre risque ou
de demeurer exclus ou d’estre obligez de consentir pour ce qui les touche à
des conditions qu’ilz ne vouldroient point. Mais comme est-ce que leur
pensée se peult mettre à effect, et que des affaires d’une nature sy différente
se traictent en un mesme temps, après tout peuvent-ilz éviter que quand
nous condessendrons à parler tout à la fois de celles de l’Empereur et de
celles d’Espagne nous ne proposions des expédiens plus faciles pour
l’accommodement avec le premier, et que nous ne percistions à voulloir
retenir tout ce que nous avons acquis sur l’autre pendant cette guerre
auquel cas les Allemands voyans de pouvoir bientost conclurre avec
satisfaction pour eux et que les espérances du semblable avec les Espagnolz
seroient bien esloignées, pourquoy ne pourroient-ilz pas se résouldre à y
mettre à leur esgard la dernière main?
De plus, messieurs les médiateurs incistans selon la méthode praticquée de
tout temps en pareilles rencontres de travailler à la discution des poinctz
qui sont en différend l’un après l’autre sur quoy la raison cy-dessus pourra
estre assez forte pour les persuader, on ne peult pas le refuser sans déclarer
en mesme temps une manifeste aversion à la paix.
Vous vous souviendrez s’il vous plaist que par vos instructions il vous est
ordonné de convenir avec noz alliez des conditions ausquelles de nostre
costé et du leur on pourroit consentir à la paix. On attend d’apprendre ce
que vous aurez pu faire touchant cet article.
On a mis depuis quelques mois à la Bastille un Itallien nommé Ferri lequel
avoit esté aultresfois secrétaire du nonce Bolognety
en France payé par les Espagnolz pour tenir correspondance avec eux et les
informer de ce qui se passeroit. Sa capture en a faict descouvrir quelques
autres qui ont aussy esté arrestez. Comme les uns et les autres n’avoient
pour principal but que de plaire et se rendre agréables à ceux dont ilz
espéroient rescompence, on a vériffié par les minutes de leurs lettres que
l’on a treuvées, qu’ilz ne mandoient jamais que des menteries pour les
flatter descrians sans cesse nos affaires particulièrement depuis la mort du
roy , les représentant en un estat desplorable et à la veille de quelque
division domesticque ce qui a apporté jusques icy un notable préjudice à
l’avancement de la paix parce que les Espagnolz adjoustans facilement foy à
ce qu’ilz désirent, attendent tousjours le succès de ce qu’on leur faict
espérer, et souffrent cependant avec patience toutes les pertes et les
disgrâces. Ledict Ferri sera chastié exemplairement, et il ne sera que bien à
propos d’en dire un mot par delà, et faire sçavoir que quand on l’a interrogé
pourquoy il inventoit tant de faulcetez, il a respondu ‘pour plaire à ceux à
qui j’escrivois et pour en tirer plus d’argent’. On a aussy depuis peu arresté
un médecin de madame de Chevreuse
lequel a faict cette année un voyage dans la cour d’Espagne et estoit
retourné après, près de ladicte dame. Vous pouvez dans l’occasion de
quelque visite faire sçavoir ce que dessus à Saavedra luy disant que je vous
en ay escript au long et que je sçay positivement que non seulement en
Espagne et en Flandre, mais que je sçay que luy-mesme reçoit souvent des
advis de cette nature dont j’ay beaucoup de desplaisir parce qu’estans faux
en effect ilz ne laissent pas de retarder la paix pour la créance qu’ilz
treuvent près d’eux.
On ne doubte point icy que nonobstant les soins que pourront avoir pris les
Espagnolz au contraire, vous aurez faict en sorte que l’évesque d’ Ozna-
brug
visité avant les autres d’aultant plus qu’il n’est pas de la part de l’Empereur
mais des eslecteurs.
Messieurs les Estatz pourront dire que voulans estre traictez comme les
eslecteurs, nous ne pouvons pas refuser à leurs ambassadeurs le traictement
que nous avons accordé à celuy desdictz sieurs eslecteurs, et encor que
l’évesque d’Oznabrug eust pu le prétendre pour sa propre qualité, ilz diront
que celle d’ambassadeur prévault et est supérieure. C’est pourquoy il fault
songer aux raisons pour s’en deffendre, sy tant est qu’ilz pensent à se servir
de cet exemple pour nous presser à les contenter dans la prétention qu’ilz
ont.