Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
344. Servien an Mazarin Münster 1644 Dezember 31
Münster 1644 Dezember 31
Ausfertigung: AE , CP All. 38 fol. 411–417 = Druckvorlage. Eigenhändiges Konzept: AE ,
CP All. 31 fol. 474–475’ und 478–479.
Sicherung des Postverkehrs. Chiffrierung der Berichte. Beilage 1. Niederlage Gallas’. Vermutliche
Unzuverlässigkeit Fontanellas.
Künftig offene Adressierung der Post an den König und bessere Chiffrierung der
Berichte. Übersende Beilage 1. Die Niederlage Gallas’ wird unsere Verhandlungs-
gegner zur Vernunft bringen.
Nous sommes très obligéz à Vostre Eminence de |:l’advis qu’il luy a plû
nous donner du Régent Fontanella. Il a esté très à propos que nous ayons
esté advertis de ses déportemens pour nous garder de luy. Car encore que
nous ne luy ayons jamais communiqué des choses bien secrèttes ny aucune
résolution de l’advenir, nous n’avons pas néantmoings vescu avec luy comme
avec un homme suspect et luy avons assez confidemment donné part des
choses faictes pour les faire sçavoir en son pays et en tirer advantage pour
le service du Roy, le croyant affectionné et fidèlle. Nous essayerons de
prendre garde à ses actions, jugeant assez combien il importe d’en estre bien
esclaircy, non pas que s’il a de mauvais desseings il y ayt beaucoup de subject
d’en appréhender l’effect en ce lieu où il ne sçauroit faire de mal quand il
voudroit, principalement à présent que nous sommes advertis:|.
C’est une résolution digne de la justice de la Reyne et de la prudence de
Vostre Eminence de |:bien s’asseurer des advis qui ont esté donnéz contre
luy. Car comme il mérite très grand chastiment s’il a manqué de fidélité
après la confiance qu’on a eue en luy et les honneurs et bienfaictz qu’il a
receus, ayant esté eslevé en l’aage où il est par dessus tous ses compatriotes:|,
Vostre Eminence a très prudemment jugé qu’on |:n’y doibt pas procéder
légèrement ny sans estre informéz de son intelligence avec les ennemis,
parce qu’ayant esté un des autheurs de la révolte de Cataloigne des plus
animéz contre l’Espagne, des plus passionnéz cy devant pour la France et
pour ce suject proscript par les Espagnolz et excepté de tous les pardons
qu’ilz ont offertz à ceux du pays, il est très nécessaire de bien justiffier ce
qu’on sera obligé de faire contre luy, de craincte que le juste chastiment qu’il
recevra ne puisse pas estre mal interprété dans le pays ny produire aucun
mauvais effect dans l’esprit des peuples parmy lesquelz il a très grand crédit.
Depuis l’advertissement qu’il a plû à Vostre Eminence de nous donner, j’ay
faict plus de réflection sur sa conduicte présente et passée que je n’avois eu
subject de faire tandis que je le croyois irréconciliable ennemy des Espagnolz.
C’est un très grand dommage qu’il soit infidèlle, il seroit certainement sans
cela homme de grand service, estant spirituel, capable, hardy et résolu au
dernier poinct:|.
Comme je ne vouldrois pour rien du monde |:contribuer à l’accusation d’un
innocent ny à la justiffication d’un coulpable d’un crime de cette nature,
voicy ingénuement ce que j’ay observé dans les actions qui peult donner
subject de faire bon ou mauvais jugement de luy:|.
Pour le premier, |:il a tousjours tesmoigné grande animosité contre les
Espagnolz et m’a dict plusieurs fois quoy qui arrivast de la Cataloigne,
qu’il ne se fieroit jamais en eulx et qu’il estoit résolu de mourir en France
avec sa famille:|. Lorsqu’on a appris icy le |:mauvais succèz de Cataloigne,
l’on a veu sur son visage une tristesse et des marques de désespoir qui ne
paroissoient pas feinctes. Il n’a point paru amy du Maréschal de La Mothe
ny affectionné à ses intérestz; au contraire, il m’a dict qu’il représenta au
feu Roy lorsqu’on le voulut faire Viceroy, qu’il n’estoit pas propre pour
cette charge et que Monsieur de Noyers luy en avoit sceu mauvais gré; que
ç’a esté ledict Maréschal de La Mothe qui l’a faict députer icy pour l’oster
du pays à cause qu’il y avoit jalousie de son crédit, et qu’en prenant congé
dudict Maréschal pour son voyage, il ne put pas s’empescher de luy dire
qu’il ne croyoit pas d’estre si peu utile au service du Roy et au sien qu’on
le deubst esloigner de sa charge où il eust pû rendre de plus grandz services
que dans cet employ.
Il a souvent blasmé le Gouverneur Marguerit
dant du Maréschal de La Mothe:|, pour n’avoir pas assez hardiment résisté
aux entreprises qu’il a faictes |:mal à propos. Il croid pourtant que ledict
Gouverneur ne l’a pas tant faict par mauvaise inclination comme par trop
de déférence et pour obliger ledict Maréschal par sa complaisance à luy faire
ou procurer du bien.
Il est tousjours à prescher:| la fermeté qu’un homme doibt avoir dans une
résolution quand il l’a prise et |:m’a dict un jour à ce suject qu’il appréhen-
doit que les cavaliers de Cataloingne ne voulussent pas fréquenter Saint
Aunez ny servir soubz luy s’il estoit employé de ce costé là à cause qu’il
avoit porté les armes contre sa patrie:|.
Pour l’oppinion contraire, |:il parut extrêmement estonné lorsqu’il se vid
excepté dans la dernière déclaration des Espagnolz et que sa teste y estoit
mise à prix:|, y ayant très grand subjet de croire que |:s’il s’est laissé cor-
rompre , ç’a esté depuis ce temps là parce qu’il entra en appréhension qu’on
ne voulust mesme en ce pays entreprendre une violence contre luy.
Il a un cocher qui a servy Saavedra et qui est nay dans les terres de l’ obéis-
sance du Roy d’Espagne, lequel pourroit bien avoir porté les premières
paroles, veu qu’il fit faire civilité à Saavedra avant que le prendre pour estre
asseuré qu’il avoit eu congé de luy.
Il est extraordinairement caché en toutes ses actions, escript souvent sans
nous donner ny communiquer ses dépesches et tousjours en chiffre à ce que
luy mesme nous a dict.
Il ne nous a pas proposé d’estre renvoyé en Cataloigne, mais:| il n’y a pas
tesmoigné répugnance, et il n’a pas esté malaisé de juger que |:depuis quel-
que temps il en eust esté bien aise, quoyqu’il l’eust fort rejectée une fois que
je luy en parlay:| quelque temps après nostre arivée en ce pays, |:m’ayant
lors tesmoigné franchement que puisqu’il estoit embarqué dans ce voyage:|,
son honneur l’obligeoit d’en |:voir la fin. Peult estre qu’en ce temps là il
n’estoit pas encore gaigné, car il est vray que depuis peu il n’a pas tenu le
mesme langage quand on luy a parlé d’accompagner Monsieur le Comte
d’Harcour ; au contraire, sa contenance a faict juger qu’il l’eust désiré.
On s’apperçoit bien qu’il n’est pas si affectionné aux intérestz de la France,
ny si animé contre l’Espagne qu’il a esté autres fois:|. Au commencement
|:il me disoit qu’il n’y avoit rien de si clair que le droict antien de la France
sur la Cataloigne et qu’il avoit en main de quoy le justiffier visiblement.
Depuis peu il m’a dict que:| il ne croid pas qu’il faille remonter sy hault
et qu’il a faict un discours qu’il nous doibt donner, par lequel il ne touche
que ce qui a esté faict depuis |:que la province a esté mise soubz la domina-
tion du Roy. Ce qui me met en peine est qu’il est logé à ma porte et me void
souvent:|. Je n’ay pas encor |:osé luy tesmoigner de la froideur ny du
soupçon, parce que c’est un esprit pénétrant qui prendroit ombrage du
moindre changement qu’il verroit en ma conduicte:|. Cependant, je ne
sçaurois me résouldre d’avoir |:plus longue fréquentation avec un traistre:|.
Je suplie très humblement Vostre Eminence de me permettre, |:si cela ne
nuit point aux desseings qu’on peut avoir, que je luy fasse une querelle pour
rompre toute communication avec luy.
Il seroit bien malaisé de surprendre ses dépesches. Oultre qu’il ne nous les
donne pas et qu’il ne se sert pas tousjours d’une mesme voye pour les
envoyer, il ne serviroit de rien de les avoir si on ne trouvoit invention d’avoir
son chiffre en mesme temps. Néantmoins, je feray ponctuellement tout ce
qui me sera ordonné et n’oublieray rien cependant pour tascher à descouvrir
son intelligence avec Saavedra, quoyqu’il soit fort adroict et couvert au
possible:|.
Wünsche für das neue Jahr.