Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
323. Brienne an d’Avaux und Servien Paris 1644 Dezember 14
Paris 1644 Dezember 14
Nach einem kurzen Schreiben Briennes an d’Avaux und Servien vom 19. Dezember 1644, Aus-
fertigung : AE , CP All. 28 fol. 211–212, verzögerte sich der Abgang der Post zunächst bis
19. Dezember, nach [ nr. 334 ] schließlich bis 21. Dezember.
Ausfertigung: AE , CP All. 28 fol. 222–238’ = Druckvorlage. Kopien: AE , CP All. 31
fol. 372–383’; AE , CP All. 34 fol. 382–387’.
Auf nr. 303. Übersendung der erneuerten Vollmacht. Formulierung der Übergangsvereinbarung.
Bemühungen um den Verbleib Chigis in Münster. Brasset. Kein bayerischer Unterhändler in Paris.
Reaktionen auf die Invitationsschreiben. Garantie für den schwedisch-dänischen Frieden. Bemühen des
Königs von Polen um eine Heirat mit der Königin von Schweden. Mißtrauen der Schweden gegen ein
französisch-dänisches Bündnis. Zusammenarbeit mit den schwedischen Gesandten. Invitation und
Abwarten der Reichsstände. Forderung nach Mitwirkung der Reichsstände beim Beschluß über Krieg
und Frieden und nach Freilassung des Kurfürsten von Trier. Sicherung des Friedens. Ablehnung der
vorgeschlagenen Scheinerklärung. Verhandlung über die italienischen Angelegenheiten. Kurialien-
forderung der Vereinigten Niederlande und der Kurfürsten. Beschwerde Contarinis über d’Avaux und
Servien. Aufforderung des Königs an Fontanella, nach Katalonien zurückzukehren. Verweigerung
eines Passes für Salamanca. Auseinandersetzungen zwischen d’Avaux und Servien. Drohung Saave-
dras mit Abreise.
N’ayant sceu faire prendre de résolution sur vostre dépesche du 26 e du
passé qui me fut rendue le 6 e du courant que les neufième, je laissay partir
l’ordinaire sans le charger de mes lettres et remis à les vous envoyer par un
extraordinaire qui vous porte le pouvoir tel que vous l’avez concerté, et Sa
Majesté n’a pas jugé à propos de vous retrancher une qualité qu’elle vous
avoit donnée et qui a esté employée au premier dont les commissaires des
parties ont eu communication, et pour ne faire aucune diminution à vostre
employ et pour ne vouloir point prendre l’exemple des autres. Ce qui est
allégué par l’un de vous, Messieurs, sur ce suject
D’Avaux in [ nr. 296. ]
dèz que vous eustes communication des pouvoirs des Plénipotentiaires
impériaux et espagnolz. Mais quant à présent, il vaut mieux, et pour plusieurs
raisons on le juge ainsy, suivre un autre sentiment, et Monsieur de Longue-
ville a contribué à le faire prendre. On a aussy examiné l’escrit que vous avez
passé et remis èz mains des Médiateurs et loué l’expédient que vous avez
suivy, mesme la pensée que vous avez qu’il fera conséquence lorsqu’il
faudra signer le traité général
So Servien in [ nr. 300 ] ; vgl. auch [ nr. 296 ] und [ 297. ]
chose, si cela n’avoit esté observé. C’est un usage non interrompu et dont
les autres Couronnes sont en possession aussy bien que nous, ce qui vous
est justiffié par celuy donné et receu par les commissaires de l’Empire et de
la Suède.
Les divers chefz contenuz en vostre dépesche auxquelz il est nécessaire de
vous faire response me font appréhender la longueur de celle cy et à me
résoudre de passer légèrement sur aucuns qui semblent de moindre consé-
quence , ou qui ont à estre mesnagéz ailleurs qu’à Munster. Néantmoins
j’essayeray de vous escrire de sorte qu’il vous sera aisé de remarquer qu’on
a mis en considération vos raisons, et qu’on n’oublie rien de ce qui est à
faire dont le service de Sa Majesté peut tirer de l’avantage.
Desjà il estoit cogneu de quelle importance il est |:de conserver le Nunce
Chiggy:|, aussy |:luy a on rendu tous les bons offices imaginables:|, et du
costé |:de Rome nous espérons quelque chose pour luy:|, bien que ainsy
que je vous l’ay mandé
In [ nr. 278. ]
Chamond fussent un peu à descouvert. Mais cela fut adouci par Monsieur
le Cardinal Bichi:| qui prist party sur le champ et destruisit une partie de
l’impression que les autres avoient faicte. Et comme celuy cy demeure |:de
delà chargé des affaires:| de Sa Majesté et que l’autre |:en est révocqué:|,
cela mesme |:aydera à:| persuader qu’il avoit seul |:le secret et que Mon-
sieur l’Ambassadeur:| pour se faire |:de feste:| et rendre son ministère
agréable faisoit plusieurs diligences sans ordre.
J’ay usé de celle que je devois pour faire partir le secrétaire Brasset, je ne
mets point en doute qu’avant la fin de l’an il ne soit auprès de vous.
Desjà je vous ay escrit qu’il n’est |:point encores arivé de député du Duc
de Bavières:|
In [ nr. 302. ]
de donner des avis sur un bruict qui se sème et prenant un tempz pour un
autre asseurent et affirment ce qui n’est point. De ce mesme |:envoyé:|
vostre lettre fait mention en un autre endroict, auquel je réserve de vous
dire ce que nous jugeons des intentions |:de son maistre:|, et cela pour
observer l’ordre que je me suis prescrit de respondre aux poincts de vostre
lettre par celuy mesme que vous avez suivy.
|:Les lettres de ceux de la ville de Francfort et du Duc des Deux Ponts:|
ont esté considérées. Si ceux là |:députent, d’aultres le pourront faire:|, et
Monsieur de Morimont |:me mande que ceux de la République de Stras-
bourg en ont desjà pris résolution:|.
J’ay souventes fois escrit |:à Monsieur de La Thuillerye que le Roy:| ne
désiroit point estre |:obligé à garentir l’exécution du traicté:| qu’il essaye
de promouvoir |:entre les Couronnes de Dannemarck et Suède:|. Nos
raisons et les vostres ont un mesme fondement, et toutefois, si les deux
partis nous en recherchoient, nous aurions bien de la peine de nous en
déffendre. Il sçait que nous |:l’apréhendons, et il a:| charge de destourner
|:ce coup, mais plustost que de veoir:| la continuation |:de leur guerre de
s’y soubmettre, soubz cette condition expresse et non autrement d’en estre
recherché, prié et pressé des deux costéz.
Le Roy de Pologne nous recherche de luy rendre bon office en Suède pour
parvenir à en espouser la Reyne, et il s’engage y réussissant d’espouser avec
elle les intérestz et les traictéz de cette Couronne, et en estant refusé de ne
s’en tenir point pour offencé et continuer la trêfve qu’il a avec eux et de ne
faire nulle liaison soit en Dannemarck, Moscovie ou [avec] l’Empereur
contre ledict Royaume.
Ce Roy justiffie ses bonnes intentions en donnant libre passage à Monsieur
de Croissy allant vers le Prince de Transilvanie et ne se meslant point dans
la guerre que ce Prince a contre l’Empereur. Il demande à la vérité quelques
conditions qui ne sont pas desraisonnables, qu’il ne soit avancé du costé de
son Estat des troupes qui luy puissent donner jalousie et s’il est possible
que ledict Prince n’en employe point d’infidèlles:|.
Présentement j’escris à Monsieur de La Thuilerie sur ces diverses matières,
et je vous adresse sa lettre que je vous prie de luy faire tenir. La mesme
raison que je vous ay donnée de ne vous avoir peu escrire par l’ordinaire
m’a aussy empesché de luy escrire.
Les discours qui vous ont esté tenuz par Monsieur Salvius nous ont semblé
tenir beaucoup de l’humeur fière et altière de sa nation, |:nous croire obligé
à en espouser toutes les querelles:| et |:les passions en vertu d’un traicté non
ratiffié:|. Mais il n’a pas esté sans response, et cela a plainement satisfaict
Sa Majesté.
|:D’appréhender que la liaison qui pourroit estre entre la France et le
Dannemarck diminuast celle d’eux à nous:| est une pensée de prudence,
mais s’il luy plaisoit de juger par nos actions passées celles de l’avenir, il
entreroit dans un sentiment tout contraire. |:La France lie à soy bien plus
qu’elle ne se lie à d’aultres Estatz:|, et sa puissance et grandeur nous donne
cet avantage. Ainsy elle pourroit leur assurer que |:le Dannemarck n’ entre-
prendroit jamais rien contre eux, ce qui leur seroit un notable advantage.
Le Roy aussy désire:| promouvoir quelque |:sorte d’amitié, alliance et con-
fédération avec le Roy de Dannemarc:|, ainsy que Sa Majesté de glorieuse
mémoire l’avoit désiré, |:et il est remis à la prudence de Monsieur de La
Thuillerie d’en avancer et recevoir les propositions:| selon que le tempz et
le bien des affaires le pourra permettre, avec cette précaution de ne rien faire
ou dire |:qui pust desgouster un vray et asseuré allié pour essayer d’en
acquérir un nouveau duquel la foy seroit pour un temps douteuse; puisque
pour en asseurer l’effect, il fault que les occasions et:| les tempz |:en donnent
le moyen. Il est vray que présentement il luy seroit aisé, rompant avec
l’Empereur et ceux de sa Maison, en se joignant au bon party et aux Cou-
ronnes alliées. Le mauvais traitement et le peu d’assistance qu’il a eue de
l’Empereur pourroient luy inspirer ce mouvement, et comme il est Prince
colère, hardi et vaillant, il pourroit peult estre passer d’une extrémité à
l’aultre.
Ce que Monsieur Salvius vous a promis est digne de la bonne foy:| qui se
doit observer entre les ministres des Princes qui sont en confédération. Sa
Majesté espère qu’il s’en souviendra et que vous ne luy donnerez nul suject
de changer ny de s’en repentir, qui désire que vous marchiez en tout le
cours du traité avec la candeur et netteté de conduite telle qu’elle luy
acquière et à vous la réputation de gens fidèlz et qui prisent la loyauté
autant qu’aucune autre vertu; et rien à nostre sens ne peut réduire les
Impériaux et les Espagnolz à traiter sincèrement que leur faire voir |:l’ es-
troitte correspondance qui est entre les Suédois et nous.
Pour l’ordre que vous avez concerté avec Monsieur Salvius, il a semblé
très mesuré, convier les Princes et Estatz de l’Empire par une lettre modérée
et qui leur insinue de contribuer au bien de leur patrie, et le Roy qui juge
que cela peult produire un bon effect vous prie d’en peser les moindres
paroles, affin que voz lettres facent l’effect que vous en espérez et ne puissent
donner subjet d’un contraire:|.
Les attendre pour donner ouverture à la négociation, cela semble très
raisonnable. Mais pourtant si après avoir esté recherchéz d’y venir ou
d’envoyer ilz en faisoient difficulté ou tardoient trop, vous avez à examiner
et à concerter avec les Suédois s’il faudroit en demeurer là et ne rien avancer
aux affaires. Et soit que cette matière de soy soit très délicatte, ou que
l’ouverture qui vous a esté faite par les Suédois de les attendre et pris en
cela vostre sentiment nous empesche d’en former aucun, il nous a semblé
juste d’entendre le vostre pour en délibérer avant que de nous déterminer
à rien. Il pourra arriver, et Dieu le veuille, que nostre précaution sera inutile
et que touts les Princes et membres de l’Empire se hasteront de comparoistre
à l’assemblée. Cela seroit si utile qu’il faut estre sans lumière ni cognoissance
des affaires pour en pouvoir douter. Et certes, ce seroit bien pourvoir à la
seureté publicque |:et aux voisins de l’Allemagne, si la paix et la guerre ne
pouvoient estre résolues par l’Empereur que d’un commun consentement
des Princes et des Estatz. Les Electeurs ont une prétention opposée à celle
là, soustenant néantmoins qu’ilz sont conseillers nécessaires et que sans:|
leurs avis des résolutions d’aussy grande conséquence ne peuvent estre
prises. Aussy selon que par l’une de vos lettres je l’ay appris, l’Evesque
d’Osnabrug, député du Collège électoral pour intervenir au traité de paix,
estoit desjà arrivé.
Tout autant que |:la proposition nous paroist juste et avantageuse de faire
décider que la guerre ne se peult déclarer sans le consentement d’une diète
généralle, elle paroistra offenceante et rude à l’Empereur, et vous résolvant
de l’avancer:|, vous devez vous |:préparer à de grands combatz:|. Mais la
raison et la justice dont elle se trouve accompagnée nous faict |:espérer
qu’enfin l’Empereur et ceux de son party se laisseront vaincre, comme à
remettre en liberté Eslecteur de Trève et la luy donner telle qu’il pourra
intervenir en personne en l’assemblée généralle:|, ce que vous n’oublierez
pas à demander ainsy qu’il est porté par voz instructions
Vgl. die Hauptinstruktion vom 30. September 1643, Druck. APW [ I A 1 S. 72f. ]
réputation est le prix des actions des grands Roys |:et que la liberté de ce
Prince:| nous en acquièrera une immortelle, |:Sa Majesté désire que vous
la pressiez vivement:|. Pour revenir à la question dont je suis sorty |:pour
parler de l’Electeur de Trève:|, il est certain que les Princes de l’Empire
sont en quelque droict de s’y affermir, et les constitutions impériales sont
pour eux. Ce que vous alléguez pour faire remarquer qu’une contraire
oppinion et conduite à causé de mal fortiffie vostre raisonnement. Et certes,
il a paru estrange à toute la Chrestienté que l’Empereur ait voulu prendre
part à la guerre qui s’estoit ouverte entre les Roys de Poulongne et de Suède
et qui combatoient pour la Prusse Royale possédée par le premier de ces
Princes en pleine et pure souveraineté, et qui a inféodé la Ducalle donnant
l’estendart à ceux de la Maison de Brandebourg, par où il est justiffié qu’il
est Souverain absolu usant de tout droict royal et impérial
Vgl. [ S. 680 Anm. 1. ] Brandenburg wurde 1525 von Polen mit Preußen belehnt.
Pour la guerre d’Italie, qui est celuy qui ignore quelle en est l’injustice, et
n’estoit, Messieurs, que vous estes informéz du droict successif qui appelloit
aux Duchéz de Mantoue et de Montferrat feu Monsieur le Duc de Mantoue,
je vous en dirois quelque chose. Enfin par les investitures des Empereurs
il y estoit appellé, par la paix de Cateau Cambrésis
Vgl. [ S. 561 Anm. 1. ]
contre son père avoit esté révocqué, et il offroit de servir l’Empereur des
fiefs et les reprendre, qui estoit la seule chose qu’on luy pouvoit demander.
Mais le désir et [la] ferme croyance que les Espagnolz avoient de s’ impatro-
niser de la citadelle de Cazal les fit rechercher l’Empereur de faire passer
une armée en Italie, qui a esté la source des guerres dont la Chrestienté est
affligée.
|:L’oppinion en laquelle vous remarquez que les Suédois sont entréz:| que
cette maxime establie et passée en loy est une garentie suffisante pour le
traité, nous donne lieu de vous prier de l’examiner avec loisir, et celuy qui
rejette une condition plus forte qui luy est proposée pour s’attacher à une
moindre donne lieu de soubçonner qu’il entend quelque finesse, quand
mesmement il est habile |:ainsy que l’est Monsieur Salvius:|. Car pour nous,
jusques à maintenant nous sommes persuadéz |:que la ligue proposée dans
voz instructions
Vgl. die Hauptinstruktion, APW [ I A 1 S. 70–72. ]
la mauvaise foy des Espagnolz et contre la présomption qu’il sera malaisé
de diminuer en eux et l’Empereur que leur Maison peult et doit donner la
loy à toute l’Europe. Quand les mesmes Suédois semblent approuver
l’ouverture que vous leur faictes de demander que l’Empire soit remis au
mesme estat qu’il estoit en l’année:| 1618, |:pour ce qu’ilz y trouveroient
le restablissement du Prince Palatin en ses biens et en sa dignité, et que si
sur l’heure ilz la contredisent par l’appréhention en laquelle ilz entrent
d’estre obligéz sy cette proposition estoit acceptée de vuider de l’Allemagne,
ilz font cognoistre que leur intérest particulier les touche bien plus que
celuy du public, et pour ne vous pas diviser d’avec eux, cette mesme pro-
position doibt estre entre vous et eux de nouveau examinée. Nous sçavons
bien que l’Empereur leur a aultrefois offert la meilleure partie de la Pom-
méranie et deux millions d’or pour se retirer , qu’ilz prétendent ce Duché
entier ou au moins les places qui sont sur la mer et celles aussy qui y sont
assises du Duché de Mekelbourg, de manière que vostre proposition ainsy
généralle les offense, et nous jugeons qu’elle ne nous duit pas aussy, parce
que nous déclarons trop nettement que nous sommes résoluz de quitter
touttes les places et pays que nous occupons et offensons tout au mesme
temps le Duc de Bavières. Et bien que vous n’y soyez entréz que dans
l’oppinion bien fondée en laquelle vous estes que tant l’Empereur que le
Duc de Bavières refuseront ce parti, toutesfois nous jugeons que c’est faire
trop de choses à la fois, et s’il vous plaisoit d’examiner vostre propre
raisonnement, il vous feroit voir que vous estes entré dans le nostre. Les
Suédois aussy faisant leurs affaires avancent les nostres ainsy que vous l’avez
très prudemment remarqué, et il importe pour cela mesme de les laisser
dans leurs prétentions, ne rien dire ou proposer qui les choque affin de tirer
pour nous un esgal proffit. En un mot, nous jugeons qu’il seroit advantageux
au public de détacher le Duc de Bavières d’avec l’Empereur, et qu’il ne
fault rien faire qui luy donne subjet de croire que sa grandeur nous est
suspecte et que nous la voulons destruire:|. Je sçais bien que la pluspart des
gens conçoivent qu’il y a tant |:de liaison entre eux, d’intérest et de pa-
renté :|, que cela passe pour impossible. Mais si l’on considère comme l’ inté-
rest estouffe aisément le sentiment de la parenté |:et ceux que ledict Duc de
Bavières peult avoir:| à la diminution de la trop grande authorité des autres,
on pourroit changer d’avis. |:Enfin le nostre est de ne rien faire ou proposer
qui le jette dans le désespoir et le lie de plus en plus à l’Empereur. De son
député sur le subjet duquel je vous ay desjà respondu il est faict grand bruict.
S’il arive, puisqu’il y a lieu de croire qu’il est sur les termes de l’envoyer,
vous serez avertiz à point nommé de ses demandes et des responces qui luy
auront esté faictes:|. Ce qu’à l’avance je puis vous dire, c’est qu’il ne sera
jamais rien traité ny négotié qui puisse donner nul suject de mescontente-
ment à la Reyne de Suède, et vous devez croire que comme l’on a entière
confiance en vos personnes et en vostre capacité et que l’on vous a fié tout
ce que nous avions de plus réservé par une dépesche que vous receustes en
Holande , qu’on ne vous feroit pas finesse sur une chose de cette nature.
Ce que vous avez communiqué avec |:Monsieur Salvius des propositions
que vous voulez avancer des affaires d’Italie:| pour donner quelque employ
et occupation |:aux Espagnolz nous a semblé très bien pensé, et d’aultant
mieux qu’en quelque sorte vous suivez ce que nous avions désiré, de les
avancer mesmes à l’exclusion de celles de l’Allemagne:|, dont nous nous
sommes départis |:sur une de voz dépesches et sur le désir du Duc de Bavière
qui:| vous en avoit escrit. Nous sommes |:persuadéz que tous les Princes
italiens sont joinctz à nos intérestz:|, qu’il leur convient |:à tous que nous
gardions Pignerol, et que restituant Cazal à son maistre nous ayons si bien
estably sa propre seureté qu’il ne puisse jamais tumber èz mains des Espa-
gnolz :|. Ainsy nous croyons |:avoir lesdictz Princes favorables:|, et nos
prétentions se réduisent à ces deux seules choses qui leur tournent autant
et plus à compte qu’à nous.
Jusques à présent l’Ambassadeur de Messieurs les Estatz ne nous a point
faict sçavoir que ses maistres eussent pris aucune résolution sur les lettres
que vous leur avez escrites. Sans doute elles luy serviront de prétexte pour
nous renouveller les instances dont je vous ay escrit. Nous sommes bien
résoluz de tenir bon et de luy remontrer que ses maistres ont tort de rejetter
une ouverture que nous leur pourrions faire pour la conservation de leur
Estat, qu’il faut en songeant à leurs affaires qu’ilz entrent en considération
des nostres et des grands biens que nous leur avons faicts, qu’il est rude
qu’ilz veuillent exiger de nous des honneurs que nous refusons à d’autres
qui ont préscéance et au moins compétence avec eux. Sur ce suject il me
souvient d’une lettre que Monsieur de Meules m’a escrite le 8 e du passé et
de l’extraict d’une du collège électoral à l’Empereur qui luy demande pro-
tection pour estre maintenu à précéder Venize. Et comme ilz allèguent qu’ilz
en estoient en possession au Concile de Trente, la prétention de ceux cy
contre Venize, en laquelle je croy qu’ilz succomberont, leur donnera de
grandes raisons contre ceux là. Nous nous en servirons, et n’estoit que je
présupose que ledict Sieur de Meules vous aura envoyé autant de cette
mesme dépesche ou que vous l’avez recouvrée d’ailleurs, je vous en envoye-
rois le double affin que vous en peussiez donner cognoissance à Monsieur
Contarini, lequel s’est laissé entendre à l’Ambassadeur de cette République
qui réside en cette Cour que vous vouliez exiger tant du Nunce que de luy
qu’en toutes occasions de proposer ou négotier ilz yroient chez vous avant
que d’aller chez les ministres d’Espagne, ajoustant que c’est trop prétendre
et trop les gesner, qu’il vous doit suffire qu’aux actions de cérémonie ilz
observent cet ordre. Mais que quand il s’agist de négotier, qu’ilz doivent
aller où le besoing les appelle et où ilz ont à faire des instances. Je me conten-
tay de luy dire que vous ne m’en aviez rien escrit et que je ne doutois pas
que les ministres de la République ne vescussent envers vous comme ilz y
estoient tenuz, et par le droict de préscéance qui nous est acquis et par le
ressouvenir des bons offices qu’elle avoit receuz et recevoit continuellement
de la France.
Vous trouverez joinct à cette dépesche une lettre du Roy au docteur
Fontanella, par laquelle il est convié de s’en revenir en France pour passer
en Catalongne, où des gens de sa fidélité et capacité sont très nécessaires
présentement que l’on y fait passer une armée complette pour donner
l’establissement qu’il convient à un nouveau gouvernement; et pour la place
qu’il occupe, plusieurs de moindre suffisance et authorité que luy envers ses
compatriotes la peut remplir; mesmes au besoing après que les affaires auront
esté establies de par delà, il y pourroit retourner. Il vous plaira luy faire
comprendre qu’on l’estime dont il en voit une preuve, et pourvoir à la
seureté de son passage.
Je |:me crains que Dom Castel Rodrigue, offencé de ce qu’on a desnié un
passeport pour Dom Miguel Salamanca qu’il déclare vouloir renvoyer en
Espagne pour y avancer les affaires de la paix avec ordre de revenir prompte-
ment , ne vous refuse celuy que vous luy ferez demander:|. Mais certes s’il
se faisoit justice, et le mesme Salamanca, ilz n’improuveroient pas ce que
nous faisons. Car outre qu’il est ridicule d’envoyer un Plénipotentiaire pour
obtenir un pouvoir en la forme qu’il a esté promis, il est aisé de remarquer
qu’il affecte plus de passer par la France pour essayer d’y corrompre la
fidélité de quelqu’un qu’à tout autre suject, et luy mesme s’en est assez
laissé entendre quand y passant soubz le titre spécieux de Plénipotentiaire
pour le traité de paix il désiroit aller de lieu à autre pour voir les maisons
et le païs. Que s’il est innocent de cette supposition, il ne le sçauroit estre
du désir de donner du soubçon à nos alliéz, ayant jusques à six fois demandé
qu’il pust estre admis à faire la révérence à la Reyne et à négocier avec
Monsieur le Cardinal Mazarin. Sur ces raisons a esté fondé le refus qui luy
en est fait, dont je suis chargé de rendre compte à Monsieur le Nunce.
A vous, Messieurs, de la considération en laquelle on a mis vos diverses
dépesches que vous avez escrites pour rendre raison de la diversité de vos
opinions
Zum Folgenden vgl. [ nr. 296 ] , [ 297 ] und [ 300. ]
Sur le fait je me suis desjà assez expliqué, sur le droict il n’y a rien à dire.
Bien en trois endroicts de cette lettre où je vous ay expliqué ce que Sa
Majesté jugeoit devoir estre dit ou fait sur ces mesmes matières, qui ne
blasme pas la contrariété qui se trouve en vos avis mais bien l’aigreur qui
paroist en vos discours, aiant creu que tant par ses lettres que par ce qui
vous a esté fait entendre de sa part par Monsieur de Saint Romain, elle vous
avoit assez fait cognoistre que cela mesme ne luy pouvoit plaire, et que le
cas avenant, quelle devoit estre vostre conduite.
On sçait bien qu’il arrive souvent que deux personnes habiles et consommées
dans les affaires espousent divers sentiments, qu’un chacun soustient le sien,
non pour estre jaloux de son opinion, mais pour estre persuadé qu’il est
fondé en raison. Mais il seroit estrange que cela causast en eux de la division
et qu’ilz entrassent en opinion qu’apuyant et fortiffiant la leur et la faisant
embrasser par le maistre, cela fist préjudice à son collègue.
En telles rencontres il a esté praticqué, soit par les ministres des Roys
associéz à un mesme employ ou par d’autres personnes qui se trouvants
opposéz en raisons, ilz les ont escrites de commun concert au maistre, se
sont donnéz communication de leurs dépesches, soit en la pensée que leurs
raisons persuaderoient celuy qui les avoit rejettées en la dispute ou luy
donneroient le moyen d’y respondre, concourants en ce poinct d’esclaircir
les doutes et de donner une entière lumière au supérieur, lequel fonde plus
solidement son jugement aiant veu les diverses objections, répliques et
responses qui peuvent estre dites sur le fait. C’est ainsy qu’on veut que vous
en usiez, si mesme vous pouviez trouver quelque voye plus sortable, que
vous l’embrassiez. Il m’est commandé de vous dire qu’on veut en ce poinct
obéissance sans réplique. Que si l’un de vous, Messieurs, reçoit quelque
avis par un sien confident qui ne veuille point estre nommé, qu’en cela vous
luy conserviez le secret, donnant pourtant entière cognoissance et lumière
de la chose qui est en question, affin que celuy là puisse mieux fonder son
jugement. Et l’on prend cet expédient pour donner satisfaction et laisser la
liberté à celuy qui veut déclarer quelque chose de le faire sans retenue à celuy
avec lequel il professe amitié. Mais cela arrive rarement, et il est de la pru-
dence de celuy duquel on exige le secret de faire ce qui est en son pouvoir
pour convier celuy là à prendre confiance en l’autre.
Au suject de vos secrétaires, Sa Majesté a esté surprise que vous aiez creu
qu’il leur avoit esté estably quelque appoinctement, non qu’elle ne juge
qu’ilz le méritent et qu’il est juste de leur faire divers avantages, mais pour
ne vouloir point establir cette nouveauté ny cette charge en ses finances.
Néantmoins, comme je sçay que c’est son intention de les gratiffier, je sçau-
ray sa volonté et je l’exécuteray avec celle dont je suis plein de faire service
à ceux qui le méritent.
Sans doute |:Monsieur Contarini vous aura:| donné part de ce qui luy a
esté dit |:par Savedra et de sa responce:|. Mais puisque vous |:ne m’en
avez rien mandé:|, je juge vous en devoir |:informer:|. S’estant |:Savedra
adressé à l’aultre, il lui dist: Noz pouvoirs:| ainsy que vous le sçavez sont
|:ajustez, et demain nous romprons cette assemblée. Pressé d’en dire la
raison, après quelque refus il continua: Je suis averty que les François
mettront sur le tappis les affaires de Portugal et de la Catalongne, et sy tant
est j’ay commandement de me retirer:|. Il ne |:se peult faire de paix que ces
Estatz ne rentrent dans celuy duquel ilz sont sortiz, ny seulement souffrir
qu’on mette en question s’ilz en peuvent demeurer séparéz. Monsieur Con-
tarini luy respondit: Commencez dès aujourd’huy à faire partir vostre bagage;
les François sont obligéz de parler de ces deux poinctz. Surpris il demeura
sans repartie. C’est le secrétaire de Portugal qui est en cette Cour
tenu ce discours. Il croid le tenir de bonne part ou il a eu dessein de me faire
ouvrir. S’il n’est pas mieux averty qu’il ne luy a réussi, si telle estoit sa pensée,
l’avis ne mérite pas d’estre considéré.