Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
286. Servien an Lionne Münster 1644 November 5
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Münster 1644 November 5
Konzept: AE , CP All. 31 fol. 143–144 = Druckvorlage.
Saint Romain. Ernennung Brassets zum Gesandtschaftssekretär; Stellung des Sekretärs. Span-
nungen zwischen d’Avaux und Servien.
Vous avez très bien rencontré dans le jugement que vous avez faict des
intentions de Monsieur de Saint Romain pour la résidence de Mayence, car
bien loing d’en approuver la proposition, qu’il a tesmoigné de n’en estre
pas satisfaict et a creu que j’en avois donné la pensée pour l’esloigner d’icy.
Vous sçavez ce qui en est et sy j’en ay eu aulcune cognoissance. Je vous puis
asseurer qu’encor que je le treuve assez inutile en ce lieu, il m’importe fort
peu qu’il y demeure ou qu’il soit ailleurs. Je ne sçay sy je ne me trompe
point, mais j’ay quelque oppinion que Monsieur d’Avaux n’a point voulu
que nous ayons faict de lettre commune par le dernier courrier pour avoir
lieu d’en escripre seul à la Cour, affin que ledict Sieur de Saint Romain luy
eust l’obligation d’avoir empesché cette résolution. Voylà l’humeur ordi-
naire du personage.
Pour Monsieur Brasset, il croid bien que c’est moy qui suis cause de la
résolution qu’on a prise à la Cour de l’envoyer icy parce que je le luy ay
tesmoigné. En me faisant de grands remerciements par une lettre qu’il
m’escript du bien que j’ay creu luy procurer, il me prie de faire en sorte
qu’elle soit changée et me représente beaucoup de raisons qui le forcent à
faire paroistre un désir de s’en excuser s’il est possible. Tant pour le bien
du service du Roy que pour la conservation de l’estime que j’ay pour luy,
je ne pourrois pas satisfaire à sa prière sans qu’il y eust quelque chose à dire,
mais comme je ne doubte point que les instances qu’il aura faictes pour
obliger à jetter les yeux sur quelque autre n’obligent d’en parler, je vous
suplie de vouloir tesmoigner que je n’ay pas affecté de voir Monsieur Brasset
dans cet employ plustost qu’un autre par aucune affection particulière, mais
pour mettre 〈…〉 à ce que l’on eust voulu le destiner et ce que l’on a désiré
dont je ne sçay pas les mouvementz. Que pendant qu’on s’est contenté de
mon travail, je l’ay donné de bon cœur et ay tasché de m’en acquitter du
mieux que j’ay peu comme je feray tousjours lorsqu’on le désirera, ne
pouvant mieux employer mes soins et ma vie que pour le service du Roy.
Qu’aussy quand on vouldra s’en reposer sur un autre j’y consentiray volon-
tiers n’ayant qu’à obéir, pourveu que cela se fasse en sorte que mon honneur
n’en reçoive point de préjudice. A la vérité, je ne sçaurois vous celer que sy
on nous envoyoit quelqu’un pour nous maistriser et qui nous ostast la
liberté d’adjouster ou diminuer ce que nous jugerons à propos dans les
despesches qui est pourtant ce que vous m’avez tousjours marqué pu’on ne
feroit pas, il seroit difficile qu’en mon particulier je le puisse souffrir. Après
qu’on aura faict une conférence où bien souvent on n’a pas pensé à tout ce
qui se peult dire sur les affaires, s’il n’estoit pas permis d’y adjouster ce qui
peult venir après dans l’esprit quand il sera important, soit par des mémoires
que chacun envoyera ou autrement, je n’estime pas que ce fust faire le service
du Roy, et je crains bien que je n’aye encor pour cela quelque nouvelle
contestation avec Monsieur d’Avaux. Car pourveu que le bon Seigneur se
contente, il ne se souvient guières comme le reste peult aller. Il ne veut pas
〈…〉 voulant faire travailler un secrétaire, il luy dist qu’il estoit bien plus
juste que ce fust un d’eux ou alternativement ou autrement, ce qui fust faict
et l’est 〈…〉
Vous pouvez faire sçavoir ce que dessus de 〈…〉 affin de monstrer que Mon-
sieur d’Avaux ne considère que sa passion et change selon qu’elle le porte,
puisque présentement il ne veut pas ce qu’il a voulu en ce temps là et qu’il
ne veult ny faire les dépesches ny souffrir que son collègue les fasse.
Au reste, je suis obligé de vous dire que depuis quelque temps, Monsieur
d’Avaux voulant comme prendre advantage des facilitéz et des défférences
que j’apporte pour conserver la bonne intelligence entre nous, recommence
une façon d’agir avec moy qui est fort désobligeante. Il me vient donner des
advis qu’il dict qu’il a receuz tantost de fort loing et tantost indirectement
par quelque voye bien secrète, et a bien la discrétion de me dire qu’il ne peut
s’en ouvrir davantage, en me recommandant d’y garder le secret. Ce pro-
céder estant d’un costé trop altier et de l’autre faisant paroistre que l’on peut
avoir une plus grande confiance en luy qu’en moy à qui il sembleroit qu’on
feroit scrupule de s’ouvrir sy tost qu’à luy de certaines choses, me chocque
extraordinairement. Et sy après luy avoir faict représenter qu’il m’est inju-
rieux , il ne laisse pas de le continuer, je seray forcé de m’en plaindre haultement
à la Cour. Car je ne croy pas qu’on doibve avoir moins de créance en moy
qu’en luy, puisque je suis fort asseuré qu’il n’a pas plus de fidélité ny plus
de passion que moy pour le service du Roy. 〈…〉 à vous dire le vray, ce
ne sont que des bagatelles, je vous suplie lorsque vous aurez lieu d’en parler
– en termes généraux néantmoins – de le faire en ce sens et tesmoigner
combien j’aurois subjet d’estre offencé s’il se conduisoit de cette sorte en
mon endroit, affin que sy nous en venions à quelque division, on fust pré-
paré à ce que l’on auroit à dire là dessus, n’estant pas juste que luy descou-
vrant ingénuement comme je fais tout ce que je sçay et luy nommant les
personnes et expliquant jusqu’aux moindres 〈…〉, il veuille me faire un
secret des choses que je doibs cognoistre aussy bien que luy.