Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
252. Servien an Lionne Münster 1644 September 17
Münster 1644 September 17
Zum Teil eigenhändiges Konzept: AE , CP All. 30 fol. 343–343’ und 346–346’ = Druckvorlage.
Wunsch Saint Romains, die Stellung eines Gesandtschaftssekretärs mit der des Residenten zu ver-
binden , unterstützt von Chavigny. Auswirkungen der Parisreise Saint Romains. Rechtfertigung gegen
die Anschuldigungen d’Avaux’.
Je fis hyer souvenir Monsieur de Saint Romain de l’aversion qu’il me tes-
moigna contre la charge de secrétaire de l’Ambassade lorsque je luy en
parlay en cette ville. Il m’avoua que cela estoit véritable et qu’alors on la
luy avoit représentée en estat qu’il ne la pouvoit pas exercer avec honneur .
Je recogneus fort bien à son discours trois choses. La première que l’on
prétend authoriser aujourd’huy cette charge et nous donner une espèce de
compagnon, la seconde, qu’il ne seroit pas fasché de l’avoir en conservant
la qualité de Résident, la troisiesme, que la résolution qui a esté prise de nous
en donner un a esté un effect de son voyage de Paris et des instances qu’il en
a faictes connestre par le moyen de Monsieur de Chavigny.
Soyez très asseuré que Monsieur de Chavigny a pris nouvelle jalousie contre
moy d’un peu d’estime qu’il a veu qu’on a faict de moy dans le Conseil en
quelques occasions où mes despesches en ont fourny le subjet. Ne doubtez
point que l’appréhention qu’il a eue qu’à la fin cela ne me rendist peult
estre plus considérable qu’il ne vouldroit ne l’ayt porté à proposer le nouveau
règlement, lequel est directement contre moy, mais il fault prendre patience.
Le premier Ambassadeur a tout, la parolle, la préséance et tous les honneurs.
Un secrétaire résident aura par le moyen de la plume tout l’employ, celluy
de milieu aura le loysir de se promener.
Quoyque ce soit l’ordinaire et qu’en toutes les Ambassades où il y a eu deux
personnes, au moins en ces derniers temps, le second ayt tousjours eu le soin
de dresser les dépesches quand on n’a pas voulu s’en descharger sur un
secrétaire comme la pluspart du temps cela ne se peult pas, je n’ay jamais
prétendu que Monsieur d’Avaux fust exclus de mettre la main à la plume
quand il vouldroit. Vous avez veu que je le luy ay déclaré en quelque endroit
de ma réplicque. Je vous puis asseurer qu’il ne s’en est abstenu que pour se
soulager de cette peine, l’ayant tesmoigné diverses fois à ses confidens. Avec
〈malice〉 il n’a peu soustenir que je fisse un travail qu’il ne vouloit pas faire
et a eu le crédit de me le faire oster pour le donner à un autre, je ne croy
pas pourtant qu’on le veuille donner à Monsieur de Saint Romain ayant
agi comm’il a fait contre moy pendant son voyage de Paris, c’est bien assez
que je ne luy en témoigne rien et que nous vivrons aussy bien ensemble que
s’il estoit mon intyme amy.
Ce qui m’aflige le plus est que je voy bien que son voyage a beaucoup gaigné
dans l’esprit de Son Eminence en faveur de Monsieur d’Avaux. Je suis très
asseuré pourtant qu’il n’aymera jamais le service de Son Eminence au point
que je l’ay tousjours afectionné, et peut estre le temps faira naistre des oca-
sions qui decouvriront le cœur de l’un et de l’autre et fairont cognestre à
Son Eminence que l’un est aussi fidèllement son serviteur que l’autre l’est
peu dans son âme.
Vous pouvez estre ma caution en asseurant que les affaires du Roy ne sont
point demeurées pendant nostre division. Nous avons tousjours conceu par
le moyen d’un tiers les autres dépesches, il n’y a eu que pour celles de la
Cour où il n’a pas voulu suivre cette voye, affin que cela fist esclat et que
j’en fusse blasmé.
Il me semble que pour avoir dit que les jeunes Conseillers du Grand Conseil
ont beaucoup d’oysiveté, je ne puis pas estre blasmé
compagnie. L’ordre ne permet pas qu’il ayent aultant d’employ que les
vieux.
Quant à l’Université, il n’y a rien dans ma lettre qui luy puisse déplairre, et
j’en serois bien marry pour Monsieur de Bullion, le Père Joseph et le Prési-
dent de Chevry. Monsieur d’Avaux sera plustost blasmé dans le public pour
les avoir louéz que moy pour en avoir dit quelque trait de raillerie. Quand
il faudroit passer plus avant, je choisirois encor plustost la qualité d’ accusa-
teur contre des hommes qui ont eu la hayne publique l’ayant justement
méritée que je ne prendrois le soin de faire leur apologie; je ne sçaurois
assez estimer un homme de vertu, mais je ne sçaurois dire de bien d’un
meschant. Néantmoins, comme vous l’avez remarqué, je n’avois creu parler
de Monsieur de Bullion, mais j’ayme mieux qu’on l’explique de luy que de
l’autre qui a esté mon amy et que je n’avois garde de nommer.
Je vous puis asseurer avec vérité que je n’ay pas travaillé un mois à ma
réplicque. Il n’y a guière de chose dans le monde pour laquelle je me peusse
assubjetir à un sy long travail. Je demeuray 10 ou 12 jours à délibérer sy je
répliquerois, et sy Monsieur d’Avaux n’eust pas envoyé sa responce à la
Cour, je ne l’eusse point faict. Après le dessein pris, il m’a fallu huict ou
dix jours seulement pour dicter, n’ayant pas pour cela interompu quoyqu’on
aye peu dire aulcune des affaires publicques ny des despesches dont j’estois
chargé, quoyque nous en ayons eu dans ce temps là d’assez importantes à
faire en Ostfrise, à La Haye, à l’armée de Monsieur le Prince d’Orange.
L’instruction de Monsieur de Montigny qui a esté faicte pendant ce temps
là est fort longue, celle de Monsieur de Brégy n’est pas courte qui sortit
de mes mains avant que j’eusse faict rendre ma lettre et plus de trois sep-
maines avant que ledict Sieur de Brégy fust sorty d’icy, quoyqu’on m’ayt
voulu imputer le retardement de son départ. L’instruction de Monsieur de
Rorté s’est rencontrée en mesme temps et toutes les despesches de la Cour,
vous pouvant asseurer sur mon honneur que rien n’a esté différé par ma
faulte un seul jour, car vous notterez que nous n’avons cessé de concerter
nos despesches Monsieur d’Avaux et moy que depuis qu’il eut receu ma
lettre. Je vous entretiens beaucoup de cette malheureuse affaire, mais j’espère
que ce sera la dernière fois que vous en entendrez parler.