Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
237. Servien an Brienne Münster 1644 September 3
Münster 1644 September 3
Ausfertigung: AE , CP All. 33 fol. 309–311 = Druckvorlage. Konzept, zum Teil eigenhändig:
AE , CP All. 30 fol. 302–303’. Kopie: AE , CP Holl. 25 fol. 222’–224’.
Ergebenheitsbeteuerung. Hoffnung auf vollständige Aussöhnung mit d’Avaux. Bevorstehende Reise
nach Osnabrück zu Besprechungen mit den schwedischen Gesandten. Rückkehr Torstensons nach
Deutschland. Sieg Enghiens über Bayern.
Je n’entreprends pas de vous exprimer dans cette lettre à quel point je
ressens toutes les obligations que je vous ay. J’espère que Dieu me fera la
grâce avant que mourir de vous en tesmoigner ma recognoissance par quel-
que moyen plus solide que par des parolles. Je n’ay pas peine à croire que
vous m’avez faict la faveur de me départir vostre assistance dans les occasions
qui se sont présentées. Comme de mon costé je n’ay pas ozé vous faire sçavoir
tous les tesmoignages de respect que j’ay tasché de vous rendre en diverses
rencontres, j’estime que vostre discrétion a souvent retenu une partie de ceux
qu’il vous a pleu me donner de vostre bonne volonté. Je sçay d’ailleurs le
favorable traictement que mon nepveu de Lyonne reçoit de vous et la pro-
fession particulière qu’il faict d’estre attaché à vostre service. Tout cela,
Monsieur, me lie sy estroictement dans tous voz intérestz que vous m’ obli-
gerez tousjours extrêmement quand vous disposerez de moy comme d’un
des plus fidèlles serviteurs que vous ayez.
Il n’est plus temps de reparler des choses qui se sont passées entre Monsieur
d’Avaux et moy, pleust à Dieu que chacun en peust perdre le souvenir aussy
bien que moy et que noz escriptures estans jettées au feu peussent sortir en
mesme temps de la mémoire de ceux qui les ont veues. Cela feroit cesser
entièrement le regret qui me reste de ce que nous avons esté contrainctz d’en
venir sy avant. A la vérité, pour les parolles d’offence ou de mespris, comme
je me serois rendu ridicule en les proférant au préjudice d’un homme de la
condition de Monsieur d’Avaux, je vous suplie très humblement de croire
que je n’en ay jamais eu la pensée, et que si quelqu’un pour proffiter de nostre
division les a voulu adjouster à mes discours, il a très certainement altéré la
vérité. Le jugement qu’il vous plaist de faire de la première lettre que je luy
avois escripte n’est pas des moindres obligations que je vous aye. Toutes
les affaires du monde ayans deux faces, ceux qui nous ayment les regardent
tousjours du bon costé. Je prens Dieu à tesmoin que non seulement je
n’avois pas dessein d’offencer Monsieur d’Avaux en l’escrivant, mais que je
ne l’aurois pas escripte sy j’eusse estimé de luy desplaire. J’avois simplement
intention de proposer un règlement pour nostre conduicte qui est ordinaire
dans tous les employz de pareille nature que le nostre. Je le croyois nécessaire
pour nostre descharge de l’un et de l’aultre et pour éviter les contestations
où nous estions desjà tombez. D’ailleurs, n’estant pas plus à mon advantage
qu’au sien, je ne croyois pas qu’il le deust trouver mauvais. J’y avois ad-
jousté quelques raisons qui m’avoient obligé d’en faire la proposition, affin
que nous fissions nostre proffit l’un et l’aultre pour l’avenir des choses
passées, et j’avois si peu la pensée de m’avantager par là que je ne croyois
pas que la lettre deust jamais estre veue que de luy et de moy, dont je ne
veux point de meilleure preuve que de ne vous en avoir pas envoyé la coppie,
puisque c’est à vous, Monsieur, à qui nous devons addresser tout ce qui se
passe entre nous qui doibt estre sceu. Mais il est temps de mettre tout cela
dans le rang des péchez oubliez. Puisque nostre division nous a esgallement
faict préjudice à tous deux, nous faisant servir d’entretien aux compagnies
de Paris, il est juste que nous en tenons quelque proffit pour le temps que
nous avons encor à demeurer ensemble. Cela estant comme je l’espère et
comme j’y contribueray de mon costé au delà mesme de la raison, il semble
que le mal passé n’aura faict que produire un plus grand bien pour l’avenir.
Je fais estat d’aller demain veoir Messieurs les Ambassadeurs de Suède, au
retour nous pourrons vous escripre la résolution de beaucoup de choses
desquelles nous n’avons peu parler par nostre dépesche qu’avec incertitude.
Enfin voylà Monsieur Torstenson de retour dans l’Allemagne et qui marche
vers les pays héréditaires. Ce grand changement en suite de la victoire de
Monseigneur le Duc d’Anghien rendra peult estre Messieurs les Impériaux
plus raisonnables. Selon mon foible sens il n’y avoit rien de si nécessaire
pour avancer la négotiation de la paix que de mortifier le Duc de Bavières
qui certainement la retarde par son seul intérest. C’est un vieil avaricieux
qui treuve du proffit à continuer la guerre, parce qu’il la faict aux despens
d’aultruy et qu’il craint que la paix ne luy fasse rendre ce qui ne luy appartient
pas. Le voylà un peu au bout de ses finesses, et peult estre aura-t-il subjet de
cognoistre qu’il sied mal à un homme de son aage de disputer les faveurs
de la fortune contre un jeune Monarque qui est plus beau qu’un ange, ny
contre une Reyne qui a droict par sa vertu de luy commander. Tutlingen,
Lérida et la guerre de Dannemarck nous avoient un peu humiliéz, mais
certes Gravelines, Fribourg et le retour des Suédois dans l’Allemagne nous
redonnent icy une contenance bien asseurée, dans laquelle grâces à Dieu
nous n’avons aultre peine qu’à uzer de noz advantages avec modération.