Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
138. Servien an Brienne Münster 1644 Juni 11
Münster 1644 Juni 11
Ausfertigung: AE , CP All. 33 fol. 38–44’ = Druckvorlage; Eingang nach Dorsal fol. 45’:
Juni 22. Eigenhändiges Konzept: AE , CP All. 29 fol. 207–211’; Dorsalvermerk fol. 212’: sert
de lettre commune. Kopien: AE , CP All. 27 fol. 229–230’; AE , CP All. 29 fol. 221–224’
mit Datum vom 12. Juni und fol. 213–220; AE , CP All. 37 fol. 205–211, vermutlich Beilage zu
nr. 139. Druck, jeweils mit Datum vom 21. Juni: Nég. secr. II, 1 S. 72–74; Gärtner III
S. 151–160.
Krankheit d’Avaux’. Nr. 117 und 118. Instruktion für Croissy. Nachrichten über Verhandlungen
zwischen Rákóczy und dem Kaiser. Mission Croissys nach Siebenbürgen. Kurialien für die General-
staaten . Bedingungen für die Auszahlung der Subsidien an Schweden. Bericht der Mediatoren über die
Beschwerde der Kaiserlichen über das Invitationsschreiben und dessen Pariser Übersetzung und ihre
Kritik an der französischen Vollmacht. Ansicht der Mediatoren, der Kaiser werde nicht auf die
dänische Vermittlung verzichten; eventuelle Vermittlung Venedigs in Osnabrück. Visite Rosenhanes.
Stellungnahme der Schweden zur Verhandlung des schwedisch-dänischen Konflikts in Osnabrück.
Je me treuve encor obligé par l’indisposition de Monsieur d’Avaux à vous
escripre seul par cet ordinaire. Comme il a appreuvé que j’agisse dans les
affaires pendant son mal selon que les occasions le requérroient, il m’a faict
aussy prier de faire sans luy la despesche d’aujourd’huy. J’y satisfais avec
regret, mais la nouvelle que je viens d’apprendre de sa santé me faict espérer
que dans deux jours il sera en son premier estat et que, comme cette lettre
ne vous conviera d’y faire responce qu’en commun, la première que vous
recevrez de nous sera escripte de mesme.
Celle que la Reyne nous a faict l’honneur de nous escripre du 28 e du mois
passé et la vostre particulière qui l’accompagnoit
[ Nr. 117 ] und [ 118. ]
prescrivent si exactement tout ce que nous avons à faire qu’il ne nous reste
qu’à exécuter fidèllement et diligemment les ordres de Sa Majesté, comme
nous tascherons de faire selon nostre pouvoir.
Aussytost que nous nous rassemblerons, Monsieur d’Avaux et moy, qui sera
Dieu aydant demain ou après demain, nous travaillerons à la dépesche de
Monsieur de Croissy selon l’intention de la Reyne. Son voyage aura son
effect asseuré pour la Pologne, mais pour ce qu’il |:doit traicter avec le
Prince de Transsilvanie:|, sy les bruictz que les Impériaux font courre sont
véritables, il est bien à craindre que |:son accomodement ne soit faict avec
l’Empereur avant que ledict Sieur de Croissy arrive près de luy:|. Ilz sont
néantmoins si accoustuméz à publier de faulces nouvelles que nous n’y
adjoustons pas foy sy nous ne voyons |:ce qu’ilz disent en partie confirmé
par les lettres de l’Ambassadeur de Venise escrittes de Vienne à Monsieur
Contarini:|. Elles représentent les affaires de ce Prince:| en gran[d] désordre
et son accommodement entièrement en la disposition de |:l’Empereur, qui:|
tesmoigne ne le vouloir pas faire maintenant qu’avec des conditions très
advantageuses. Cela seroit estrange que |:une entreprise qui estoit capable
de porter les affaires de la Maison d’Austriche à une dernière extrémité,
tournast aujourd’huy à son advantage faute d’avoir esté bien mesnagée:|.
Il estoit impossible du costé de France de faire plus de diligence qu’on y a
faict, trois jours après que nous avons receu le traicté de la part des Suédois
nous l’avons envoyé à la Reyne en mesme temps . Sa Majesté l’a aussy
|:receu avec les lettres du Ragocci par la voye de Constantinople:|. A l’heure
mesme, Sa Majesté commande toutes les choses nécessaires pour accomplir
de sa part ce que l’on peult désirer d’elle mesme |:sur l’article le plus difficille
qui est l’argent:|. S’il est arrivé du changement en l’affaire, on ne se doibt
pas plaindre que nous en soyons cause, mais il eust esté difficile de croire
que |:les Suédois après avoir engagé le Ragocci dans ce dessein, eussent
voulu l’abandonner et en s’esloignant de luy, aller commencer en mesme
temps une nouvelle guerre. Ilz croyoient sans doubte que cette diversion
occupant les forces de l’Empereur leur donneroit moyen de faire leurs
affaires d’un autre costé:|, et il semble que |:ne songeant pas tant aux desseins
de l’Allemagne qu’à ceux de leur voisinage, ilz ne se soucient pas de perdre
ce Prince, pourveu qu’ilz puissent faire leur coup contre le Roy de Danne-
mark . Si leur armée fust demeurée proche de luy et:| qu’ilz luy eussent peu
tendre la main par la Moravie:|, les uns et les aultres occuperoient |:aujour-
d’huy la pluspart des pais héréditaires et nous auroient facilité le moien de
faire icy une glorieuse paix. Monsieur Torstenson nous faict encor escrire
que tous les traictéz du Ragocci que l’on publie ne sont que de faux semblans
qu’il faict pour amuser l’Empereur et avoir le loisir d’estre secouru:|. Mais
nous luy faisons responce qu’il fauldroit donc |:se haster davantage d’aller
à luy pour le fortiffier dans les bonnes intentions qu’il peut encor avoir:|.
Le temps nous esclaircira bientost de l’estat véritable de cette affaire, Mon-
sieur de Croissy en pourra estre asseuré |:avant qu’arriver en Pologne:|
pour prendre résolution selon les advis qu’il en recevra. |:Car si le Ragocci
avoit quitté les armes et qu’il fust d’accord avec l’Empereur:|, j’estime que
la Reyne ne jugeroit pas convenable à la dignité du Roy |:qu’on l’allast
trouver de la part de Sa Majesté pour luy faire de nouvelles propositions.
S’il y:| avoit quelque |:espérance de renouer avec luy:|, il fauldroit bien
mieux que |:ce fust par l’entremise des Suédois que d’exposer un envoyé
du Roy non seullement à un refus:| mais à quelque |:mauvais traictement,
ou du moins à ne faire qu’escouter les plainctes et les reproches de ce Prince
de ce qu’on luy faict habandonner dont:| toutes fois les autres sont |: cou-
pables :|. Il se peult faire que |:les choses ne sont pas réduittes en si mauvais
estat, et que l’Ambassadeur de Venise qui est à Vienne:| n’en pouvant avoir
de nouvelles que par |:les ministres de l’Empereur est trompé luy mesme
aussi bien que les autres:|. En ce cas Monsieur de Croissi pourra continuer
son voyage:|, et pendant le séjour qu’il fera |:près du Roy de Pologne:|
envoyer par advance sonder le gué et recognoistre s’il reste encor |:quelque
chose de bon à faire de ce costé là:|. Mais je suis obligé de vous représenter
que pour luy donner moyen d’agir plus utilement, il eust esté nécessaire qu’il
eust esté porteur des |:lettres de change:| dont la Reyne faict mention dans
sa lettre. Car oultre que le premier |:terme de l’argent qui a esté promis est
escheu:| et que sans doubte |:ce Prince en a grand besoin:|, peult estre
seroit il plus à propos |:de n’aller poinct jusqu’à luy:| et laisser encor cette
|:négotiation entre les mains des Suédois:|, qu’après un sy long temps
arriver pour ne luy porter que des parolles:|. Considérez s’il vous plaist,
Monsieur, qu’il |:y a six mois qu’il est en campagne sans nouvelles ny
assistance de personne, qu’il attend de l’argent, des hommes, une ratiffication
et promesse de ne traicter pas sans luy. Puisque la Reyne:| avec très grande
raison n’est pas résolue de |:luy accorder les autres poinctz, il faudroit au
moins que l’argent fust fourni à temps:|. On ne sçauroit désormais estre
|:auprès de luy de deux mois:| après avoir simplement appris le |:lieu où il
voudra son argent, il faudra plus de deux mois pour:| le faire sçavoir en
France et aultant pour en recevoir les ordres, |:toute l’année sera passée de
cette sorte:|. Je suis obligé de vous représenter tout ce détail affin que |:si
l’affaire est encor en son entier:|, on ne perde pas l’occasion de |:la soustenir
faulte d’en faire la despence d’assés bonne heure, puisque la Reine le trouve
à propos:|.
La résolution que Sa Majesté a prise d’accorder quelque contentement aux
Ambassadeurs de Messieurs les Estatz qui vont en Dannemark pour les
honneurs qu’ilz prétendoient affin de donner moyen à Monsieur de La
Thuillerie de conférer et agir de concert avec eux ne se peult assez louer.
C’est une conjuncture sy importante et ces Messieurs s’y en vont dans une
posture sy considérable, qu’on ne pouvoit faire une action de plus grande
prudence que de se prévalloir de leur entremise. Cependant, nous tascherons
aussytost que Monsieur d’Avaux se portera bien, de faire valloir cette grâce
à Monsieur le Prince d’Orange et à Messieurs les Estatz pour les disposer
en mesme temps s’il est possible à ne prétendre pas la mesme chose en ce
lieu, à quoy nous n’oublierons aulcune sorte de persuasions. Mais nous
sommes en peine comme il faut traicter cette affaire, veu qu’il n’y a mainte-
nant personne avec Monsieur le Prince d’Orange de la part du Roy, que les
principaux de Messieurs les Estatz sont auprès de luy, et que le secrétaire
Brasset est demeuré à La Haye, ce qui nous obligera peult estre d’envoyer
exprès vers Monsieur le Prince d’Orange.
La précaution que Sa Majesté a résolu d’apporter au |:payement du subside
qu’on accorde aux Suédois:| estoit aussy extrêmement nécessaire, tant pour
|:les ramener plustost dans l’Allemagne:| que pour oster le prétexte de
plainte qu’en eust peu prendre |:le Roy de Danemark:|. C’est une des plus
fortes raisons que nous nous préparions de dire sur ce subjet |:aux Ambas-
sadeurs de Suède, qui:| ne sçauroient désadvouer que |:si on leur fournissoit
de l’argent cependant qu’ilz font la guerre en Dannemark, ce ne fust une
action contraire à la médiation du Roy qu’eux mesmes ont approuvée et
acceptée:|.
Il me reste, Monsieur, à vous rendre compte de deux visites que je receus
hyer, l’une de Messieurs nos Médiateurs et l’aultre du Résident de Suède
Vgl. dazu Rosenhane an Oxenstierna und Salvius, Münster 1644 Mai 31/Juni 10, Druck: APW
[ II C 1 nr. 174 S. 241–244. ]
Les premiers vindrent pour nous faire sçavoir qu’ilz avoient esté deux fois
en conférence avec les Ambassadeurs de l’Empereur . Qu’en toutes deux,
on leur avoit faict de grandes plaintes de nostre lettre circulaire, et particu-
lièrement de la traduction qui en a esté faicte à Paris où leur maistre est
appellé tiran, ce qui ne semble pas bienscéant à des Ambassadeurs qui disent
estre venuz pour traicter la paix et restablir l’amitié. Qu’après cela, on leur
avoit voulu donner par escript les déffaults qui estoient dans noz pouvoirs,
lesquelz dès le commencement avoient bien esté remarquéz par lesdictz
Ambassadeurs, mais que depuis peu l’Empereur leur avoit expressement
ordonné de les rédiger par escript et d’en donner les mémoires aux Média-
teurs pour nous les communicquer
Vgl. dazu Ferdinand III. an Nassau und Volmar, Wien 1644 Mai 17 und 18, Druck: APW II
[ A 1 nr. 263 ] und [ 264 S. 423–427. ]
me faisoient ce discours que pour nous donner cognoissance de tout ce qui
s’estoit passé, qu’ilz avoient bien faict cognoistre aux Ambassadeurs impé-
riaux qu’il n’estoit pas besoin d’entrer en de semblables contestations par
escript sur un point duquel nous estions desjà tombéz d’accord avec eux,
qu’ilz les avoient disposéz de reprendre leur pappier, et qu’ilz leur avoient
fermé la bouche en leur disant que nous avons offert dès la naissance de
toutes ces difficultéz de concerter icy tous ensemble une minute de tous les
pouvoirs qu’il fauldroit faire venir de part et d’aultre. Je ne manquay pas
de faire bien remarquer à ces Messieurs combien le procédé de nos parties
est remply de chicannerie de vouloir former une contestation sur une diffi-
culté imaginaire et qui avoit esté terminée dès le jour qu’elle fut proposée
pour avoir prétexte de dire que le retardement vient de nous, et que ce n’est
pas le seul refus qu’ilz font d’entrer en communication avec les Suédois qui
arreste la négotiation. J’adjoustay qu’ilz estoient trop clairsvoyans pour ne
disserner pas la sincérité de nostre conduicte d’avec l’artiffice dont celle des
Impériaux est accompagnée. Que s’ilz avouoient franchement que les affaires
ayans changé de face leur avoient aussy faict changer leur résolution, il n’y
auroit rien à dire, mais de faire semblant de vouloir la paix lorsqu’ilz en
arrestent le traicté et vouloir persuader que nous ne la désirons pas et que
c’est nous qui la retardons lorsque nous apportons toutes les facilitéz
possibles pour l’advancer, que c’est couvrir leurs mauvaises intentions par
une supposition sy grossière qu’elle ne peult surprendre que les ignorans et
non pas ceux qui doivent estre tesmoins de la vérité comme eux. Je vous
puis asseurer, Monsieur, qu’il ne me fallut pas user de beaucoup de persua-
sions pour les ranger de mon advis, et que les ayans enfin presséz pour
sçavoir sy la responce qu’on attendoit de Vienne estoit arivée et s’ilz voyoient
quelque bonne disposition pour avancer les affaires, ilz m’ont respondu
franchement que l’Empereur percistera tousjours à ne vouloir point traicter
sans le Roy de Dannemarck, et mesmes croyoit que la bonne volonté que
nous faisions paroistre estoit artifficieuse pour l’engager à faire quelque
action laquelle désobligeant ledict Roy le portast à se joindre avec nous.
Que cette résolution, comme nous vous avons desjà mandé, avoit esté prise
par l’advis des Eslecteurs et de tous les députéz de la diète de Francfort
ausquelz le Roy de Dannemarc en avoit escript
Vgl. dazu Ferdinand III. an Nassau und Volmar, Wien 1644 Mai 17, Druck: APW II A 1
[ nr. 263 S. 423–426. ]
jousta qu’en suite de la prière que nous luy avions faicte il y a quelque temps,
ayant voulu sçavoir si les Impériaux feroient difficulté d’accepter la média-
tion de la Républicque de Venize aussy bien pour Oznabrug que pour
Munster puisque la Reyne de Suède l’avoit desjà acceptée, il n’en avoit sceu
tirer aultre responce sinon que cette place ayant esté jusqu’icy prétendue
par le Roy de Dannemarck, ilz ne pouvoient consentir qu’elle fust remplye
par un autre sans sçavoir ses sentimens.
Le discours du Résident de Suède fut presque conforme à celuy là et ne fut
en substance que pour nous faire sçavoir que le Comte d’Auersberg avoit
faict faire à Oznabrug les mesmes déclarations aux Ambassadeurs de Suède.
Voylà donc, Monsieur, où nous en sommes. |:Le conseil précipité de Mes-
sieurs les Suédois a interrompu la négotiation de la paix et les a réduicts à
ne faire plus la guerre que foiblement en Allemagne:|. Le traicté général
dépend entièrement désormais de la bonne ou mauvaise humeur du Roy de
Dannemarck, qui cependant se promène sur la mer avec sa flotte, sans que
Monsieur de La Thuillerie sçache l’endroit où il le doibt aller chercher.
Les Ambassadeurs de Suède croyent bien à ce que nous apprenons que les
intérestz dudict Roy touchant le Holzstein, parce que c’est un membre de
l’Empire, peuvent estre traictéz à Oznabrug. Mais pour les autres différends
des deux Royaumes qui regardent le passage du Sund, la liberté de la naviga-
tion et leurs diverses prétentions, ilz n’estiment pas qu’ilz puissent estre
décidéz que sur les lieux, ny mesme que les Sénateurs et les Estatz de Danne-
marck consentent qu’ilz soient renvoyéz ailleurs.