Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
124. Servien an Brienne Münster 1644 Juni 3
Münster 1644 Juni 3
Ausfertigung: AE , CP All. 33 fol. 5–5’ und 7–9’ = Druckvorlage. Eingang nach Dorsal
fol. 11’: 1644 Juni 23
Nach [ nr. 145 ] bereits am 17. Juni Lionne übergeben worden.
335’; falsch verheftet, lies: 335’, 335, 265–266’. Kopie: AE , CP All. 29 fol. 163–166’.
Meinungsverschiedenheiten mit d’Avaux über die Titulatur des Königs in den auszustellenden Pässen
und in den lateinischen Briefen, über die Kurialien und die Formen beim Ausbringen von Trink-
sprüchen . Bitte um Weisung.
Nous avons esté en contestation s’il falloit dans les passeports que nous
donnons mettre le Roy Trèscrestien ou seulement le Roy sans aultre addi-
tion . Monsieur d’Avaux soustient qu’il fault adjouster la qualité de Très-
crestien , et moy j’ay esté d’advis contraire. Il ne m’a faict sçavoir aulcune
raison de son oppinion, sinon qu’il en a tousjours usé de la sorte, et a mieux
aymé que nous donnassions chacun nos passeportz séparément que de se
ranger à mon advis dont voicy les raisons.
Qu’en toutes ces contrées de deçà, c’est le plus grand préjudice que ceux
du party contraire puissent faire à la France quand ilz disent le Roy sans
queue d’entendre le Roy d’Espagne, et adjouster la qualité de Trèscrestien
quand ilz veullent désigner le Roy nostre maistre.
Que comme les plus puissants et les aiméz des Maisons portent ordinaire-
ment le nom de la famille sans aulcune addition et que les cadetz sont
obligéz dans leurs qualitéz et dans leurs armes d’y adjouster quelque marque
de différence, il semble que celuy qui doibt faire cette addition recognoist
en luy une espèce d’infériorité et par conséquent, les ministres du Roy ad-
joustant de leur mouvement la marque de différence dans les actes qui
viennent d’eulx, font préjudice à leur maistre.
Que les ministres d’Espagne ny icy ny ailleurs, ny en parlant ny en escrivant
ne mettent jamais le Roy Catholique dans les actes qui viennent d’eulx
lorsqu’ilz parlent de leur maistre, mais disent seulement le Roy sans queue
comme par excellence, et ce seroit contribuer nous mesmes à faire passer
leur vanité pour droict légitime sy nous mettions tousjours le Roy Très-
crestien parlant de nostre maistre, lequel comme premier et l’aisné sans
contredict doibt avec raison estre plustost qualiffié Roy par excelence que
les autres qui dans l’ordre du monde ne peuvent marcher qu’après Sa
Majesté.
Que dans un traicté où il fauldra nommer les deux Roys, la différence pourra
bien estre adjoustée à l’un et à l’autre et y mettre le Roy Trèscrestien parce
que dans le mesme acte on mettra aussy le Roy Catholicque, mais que dans
un passeport qui vient de nous et qui n’est signé que de nous, il est bien
juste que nous paroissions aussy soigneux du rang et de la gloire de nostre
maistre que les Espagnolz qui qualiffient partout leur maistre comme par
excellence le Roy, sans y adjouster la qualité de Catholicque qui faict la
différence de luy aux autres Roys.
Que pour conclusion il est très certain que ne mettant dans noz passeportz
que le Roy sans y adjouster Trèschrestien, il n’en peult ariver aulcun pré-
judice à Sa Majesté, et qu’en y adjoustant la différence de Trèscrestien
cependant que les ministres d’Espagne ne mettent pas la qualité de Catho-
licque dans les leurs, plusieurs personnes en peuvent tirer des conséquences
et faire des explications au désadvantage de Sa Majesté. Et par conséquent,
il est plus utile et plus seur de faire comme eux que de fournir nous mesmes
des tiltres contre la dignité du Roy nostre maistre, estant vraysemblable que
puisque je croy cette forme de parler préjudiciable au Roy, je ne veux pas
présumer que toutes les personnes qui en jugeront sans passion seront de
mon advis, mais il s’en treuvera tousjours quelques uns, ce qu’il est bon
d’éviter. Car en vérité, il y a lieu de craindre que quand on verra un mesme
courrier qui portera nostre passeport où le Roy est appellé le Roy Très-
chrestien , et celuy des Ambassadeurs d’Espagne où leur maistre ne sera
nommé que le Roy sans queue, quelque esprit foible et mal instruict ne
s’imagine que cette diversité porte la marque de quelque advantage de
puissance ou de grandeur en faveur du Roy Catholicque au préjudice du
Roy nostre maistre, puisque nous mesmes y consentons.
Quand les Ambassadeurs d’Espagne parlent à nous, ilz disent à toute heure
le Roy pour désigner leur maistre, nous leur rendons la pareille en appellant
aussy le nostre le Roy de la mesme façon qu’eulx, mais il me semble qu’ilz
auroient grand avantage sur nous en escrivant s’ilz attribuoient des marques
d’aisnesse et de primaulté à leur maistre et que nous n’en fissions pas de
mesme au nostre, puisque non seulement nous le pouvons faire avec plus
de raison qu’eux, l’aisnesse et la primaulté appartenans de droict au Roy,
mais que nous le debvons pour faire cesser les advantages qu’ilz en pour-
roient prendre. Sy la Reyne juge que cela ne soit pas considérable, je seray
hors de scrupule lorsque je sçauray l’intention de Sa Majesté et y obéiray
sans crainte de faillir.
La seconde difficulté est, sy nous ne devons pas donner de la Majesté au
Roy en tous les actes où nous parlons de Sa Majesté. Quoyque je n’aye point
encor veu de raison d’en doubter, néantmoins je n’ay peu obtenir de Mon-
sieur d’Avaux, quelque instance que j’en aye faicte, que dans les lettres
latines que nous avons escriptes par toute l’Allemagne, il ayt voulu mettre
Sacra Regia Maiestas, et mesmes il l’a rayée lorsque je l’ay mise en quelques
endroictz, disant que cela est allemand et n’est pas bien latin. Les ministres
de l’Empereur parlent tousjours de leur maistre en ces termes, ceux de Suède
et de Dannemarck en font de mesme, quelsques espritz foibles peuvent
croire sy nous ne le faisons pas que nous recognoissons en quelque sorte
que ce tiltre n’appartient pas au Roy. En un mot, il peult nuire de ne le
prendre point et non pas de le prendre, principalement en un pays où des
Roys inférieurs se l’attribuent et où l’Empereur le prend tousjours, quoy-
qu ’il ne luy appartienne pas plus légitimement qu’à nostre maistre. Le mot
Sacra convient mieux aux Roys de France qui sont effectivement sacréz par
une cérémonie miraculeuse qu’aux Empereurs qui ne le sont point, et pour
celle de Maiestas, sy la grandeur de la naissance, des richesses, de la puissance
souveraine et plusieurs autres marques semblables la doivent donner, elle
appartient mieux sans contredict aux Roys de France qu’à tous les autres
Monarques. Je ne voy point de raison pourquoy Monsieur d’Avaux face
cette difficulté, sy ce n’est parce qu’il a oublié de le faire mettre dans le
traicté préliminaire. Mais cette obmission ne doibt pas faire préjudice à la
dignité du Roy aux autres endroictz, car oultre que ceux qui sçavent les
formes et combien exactement l’esgallité doibt estre gardée entre le Roy et
l’Empereur ont esté estonnéz de veoir dans le commencement dudict traicté
Sacra Caesarea Maiestas et de ne veoir point dans tout le reste Maiestas
Cristianissima ou Sacra Regia Maiestas, il me souvient que c’est une des
faultes que fit le Père Jozeph dans le traicté de Ratisbonne
Der am 13. Oktober 1630 geschlossene Vertrag zu Regensburg war von Frankreich nicht ratifi-
ziert worden mit der Begründung, Pater Joseph habe seine Vollmacht überschritten. Vgl. dazu
K. Schweinesbein , Die Frankreichpolitik Kurfürst Maximilians I. S. 11 mit weiterer Litera-
tur . Druck des Vertragstextes: J. Du Mont V, 2 S. 615–618.
ordre très exprès de réformer dans celuy de Chérasque comme il fut faict.
Que si Monsieur d’Avaux demeure d’accord de mettre ce tiltre dans un
traicté, je ne voy point de raison pourquoy on ne le mette pas dans les lettres
publicques qu’on escript à tous les Princes et Estatz de l’Empire.
La troisiesme difficulté est sur les complimens. La raison veult qu’ilz soient
concertéz et qu’après cela l’un ne puisse pas faire plus ou moins que l’autre,
ny se départir en aulcune façon de la résolution qui aura esté prise. Cepen-
dant Monsieur d’Avaux les veult faire à sa mode ce qui ne se doibt pas, veu
qu’en semblables rencontres il s’agist des intérestz du Roy et non point des
nostres particuliers. En accompagnant l’Ambassadeur de Venize
Vgl. dazu [ nr. 12 ] und die daran anschließende Korrespondenz.
demeuré ny dans le stil de Rome ny dans celuy des autres endroictz, ce qui
faict paroistre plus estrange son procédé avec le Résident de Suède qu’il a
conduict jusqu’à son carrosse et luy a faict donner une chaire à bras. Il y a
si peu de proportion de ce traictement avec celuy de Monsieur Contarini,
que l’on ne peult pas concevoir sur quoy se peult estre fondé Monsieur
d’Avaux, sçachant mesme que nous avons une contestation pour le mesme
subjet avec Messieurs les Estatz qui augmenteront bien leurs plaintes quand
ilz sçauront comme Monsieur d’Avaux a traicté un simple Résident. A la
vérité, je n’en ay pas faict de mesme, car je ne luy ay faict donner qu’une
chaire sans bras et ne l’ay conduict que jusqu’à la porte de ma salle sans
prendre le soin de faire entrer son carrosse dans ma cour comme a faict
Monsieur d’Avaux. Mais cette différence ne faict que donner subjet de
plainte au Résident, et ne satisfera point Messieurs les Estatz, l’un pourra
prétendre que je le doibs traicter comme mon collègue, et les autres auront
raison de s’offencer sy on leur refuse ce qu’on a accordé à un ministre de
moindre qualité. Il semble qu’il importe beaucoup à la dignité du Roy que
ces choses soient mieux concertées et exécutées de meilleure foy.
Il y a une quatriesme difficulté sur les santéz. Vous sçavez, Monsieur, que
c’est une des plus grandes cérémonies d’Allemagne et où l’on observe plus
d’ordre. Lorsque nous arivasmes en Hollande, on ne beuvoit jamais que la
santé du Roy et de la Reyne debout et descouvert, celles de Messieurs les
Estatz, de Monsieur le Prince d’Orange, ny de son filz, ny des autres
n’estoient point beues de mesme sorte, et eux mesmes ne le désiroient pas
pour laisser quelque marque de la différence qui doibt estre entre un grand
Roy et les autres qui ne sont pas de condition approchante de celle de Sa
Majesté. Monsieur de La Thuillerie et moy observasmes tousjours l’ancienne
forme tandis que Messieurs les Estatz nous traictoient pendant la maladie
de Monsieur d’Avaux. Aussytost qu’il a esté aux festins, sans nous en rien
dire, il a introduict une forme nouvelle et a voulu boire presque toutes les
santéz avec aultant de déférence que celle du Roy, affin qu’on luy en eust
l’obligation, faisant ce que nous n’avions pas voulu faire auparavant. Il y a
eu d’aultant plus de subjet de s’en estonner que je luy ay veu tirer grand
advantage de ce qu’il n’avoit pas voulu consentir aultres fois que le Roy de
Dannemarck dans un festin beust la santé du Roy dans un moindre verre
que celle de l’Empereur. Il semble qu’il eust esté bien plus nécessaire d’ em-
pescher qu’on n’introduisist pas une entière esgallité entre le Roy et des
personnes beaucoup inférieures qu’il n’estoit de prendre garde à la différence
des verres entre deux Princes de condition esgalle.
Toutes ces choses, quoyqu’elles ne soient pas des plus importantes de nostre
négotiation, ne laissent pas d’estre de quelque conséquence, quand ce ne
seroit que pour faire veoir combien il est nécessaire que tout se fasse de
concert et que l’on se règle par la coustume et par la raison, non pas par des
oppinions particulières qui peuvent causer beaucoup de désordre.
J’attendray s’il vous plaist, Monsieur, les volontéz de la Reyne sur ce subjet
Vgl. die entsprechende Weisung vom 14. August 1644, [ nr. 207. ]
lesquelles j’exécuteray fidèllement en la façon qu’il vous plaira me prescripre,
n’ayant autre considération en cela que l’intérest du maistre et l’appréhention
de faillir.