Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
99. d’Avaux und Servien an Königin Anne Münster 1644 Mai 13
Münster 1644 Mai 13
Ausfertigung: AE , CP All. 32 fol. 216–227 = Druckvorlage; Eingang nach Dorsal fol. 227’:
1644 Mai 21. Konzept mit eigenhändigen Korrekturen d’Avaux’ und Serviens: AE , CP All.
29 fol. 64–71. Kopie: AE , CP All. 27 fol. 59–69. Druck: Nég. secr. II, 1 S. 44–48;
Gärtner III S. 5–22.
Reise Saint Romains nach Frankreich. Schwedischer Vertrag mit Rákóczy; Subsidien; Rat, den
Vertrag mit Rákóczy nicht zu ratifizieren, ihn aber finanziell und politisch zu unterstützen. Vor-
schlag , der Mission nach Polen eine Mission nach Siebenbürgen anzuschließen. Bemühungen Saavedras
um Partikularverhandlungen. Friedensunwilligkeit der Kaiserlichen. Mission La Thuilleries.
Schwedisch-dänischer Krieg. Hoffnung der Kaiserlichen auf eine Wende durch den schwedisch-
dänischen Krieg. Neigung der Kaiserlichen und Dänen, auf die dänische Vermittlung zu verzichten.
Contarini zur Übernahme der Vermittlung in Osnabrück. Sistierung der Verhandlungen mit
Rücksicht auf die Schweden. Hoffnung der Kaiserlichen und der Spanier auf innere Unruhen in
Frankreich. Mißtrauen gegen Bayern. Nachrichten aus den Spanischen Niederlanden und aus Wien.
Nous eussions esté obligez de faire partir cette despêche par un courrier
exprès si Monsieur de Saint Romain ne se fust trouvé pressé d’aller en
France pour quelques affaires qui l’appellent en sa maison. Nous l’avons
chargé de faire diligence jusques à la Cour, affin que Vostre Majesté soit
informée au plus tost de ce qu’elle contient et nous y puisse faire sçavoir ses
volontéz.
Monsieur Torstenson a obligé Monsieur le Baron d’Avaugour qui est près
de luy de nous envoyer par son secrétaire le traitté qu’il a faict au nom de
la Couronne de Suède avec le Prince de Transsilvanie . En mesme temps
Messieurs les Ambassadeurs de Suède qui sont à Osnaburg nous ont faict
remonstrer par Monsieur le Baron de Rorté |:combien il est inportant
d’assister ce Prince en exécutant le traitté qui a esté faict avec luy, de crainte
que se voyant abandonné il ne songe à quelque accomodement et ne face
perdre aux Couronnes alliéez:| le grand advantage qu’elles peuvent tirer
de la continuation de son entreprise.
Véritablement, Madame, nous recognoissons avec eux |:qu’il ne faut pas
mespriser une si favorable diversion:| et dans la conjoncture présente des
affaires où il semble que les Impériaux songent plus à la guerre qu’à la paix,
|:on ne doit rien obmettre pour conserver ce Prince dans l’alliance où l’on
l’a faict entrer:|. Elle est venue si à propos pour occuper les forces de
l’Empereur |:au temps que les Suédois ont comme abandonné l’Allemagne
pour leur guerre de Dannemark, qu’on peut dire que sans cella tous leurs
succèz se fussent peut estre esvanouiz cette campagne:|.
Nous avons esté un peu estonnéz, Madame, qu’une affaire de cette impor-
tance ayant esté si fort negligée par ceux qui l’ont mesnagée les traittéz ont
esté faictz au mois de septembre de l’année dernière. La ratification du
Rakoci est du mois de novembre suivant
Vom Juli und September 1643 stammten die von Torstenson und Rákóczy unterzeichneten Vor-
abmachungen ; vgl. [ Beilage 4 zu nr. 98 ] . Der Vertrag selbst wurde erst am 16. November 1643
unterzeichnet; vgl. [ S. 98 Anm. 6. ]
de janvier, et nous n’avons ouy parler de ce qui luy a esté promis que depuis
six jours, quoyqu’on ayt engagé la France dans le traitté. Tout cela nous
faict bien appréhender que les assistances qu’on pourra luy donner aujour-
d’huy n’arrivent un peu tard |:et que ce Prince qui n’est pas creu d’une
humeur fort constante n’ayant veu exécutter aucune des choses qui luy ont
esté promises, mais au contraire ayant veu esloigner de luy les Suédois pour
commencer une autre guerre où il n’a point d’intérest en mesme temps qu’il
s’est mis en campagne, n’entende aux offres qu’on luy faict de la part de
l’Empereur:|.
Néantmoins, Madame, |:l’affaire n’est pas si désespérée qu’il l’a faille mes-
priser :|. Nous avons bien advis qu’il a envoyé un gentilhomme à Vienne
et qu’on le recherche d’accommodement, mais non pas qu’il soit encore
bien advancé. Les Impériaux en parlent comme d’une chose qui est en leur
pouvoir; mais comme ilz discourent tousjours avantageusement de leurs
desseins, il n’est pas croyable qu’ilz fassent retirer ce Prince si aisément
qu’ilz le promettent. Et si l’armée suédoise pouvoit retourner dans la Haute
Allemagne avant son accommodement, il y auroit grand suject d’espérer
qu’il ne se feroit pas. On n’espargne rien à Vienne pour le haster, on luy
offre des Estatz dans l’Empire et dans la Hongrie, et cependant on envoye
une ambassade honteuse à la Porte du Grand Seigneur pour faire révocquer
la permission qui luy a esté donnée de commencer cette guerre. Nous
l’appelions honteuse avec raison, Madame, puisqu’on n’y a peu observer
les antiennes formes, qu’on ne reçoit point en mesme temps d’Ambassadeur
de la Porte, qu’on y envoye une personne de condition plus éminente qu’à
l’ordinaire
Hongrie plustost que de perdre l’occasion de se défaire de cet ennemy
nouveau. A la vérité, ce n’est pas sans raison que la chose les presse. Si les
Suédois eussent continué leur pointe comme ilz y estoyent obligéz, il y a
grande apparence que l’Empereur n’eust pas eu de quoy parer à ce coup
et que les affaires eussent esté réduittes à une dèrniere extrémité. Quoyque
la guerre du Rakoci soit en quelque façon tumultuaire, il a de grandes
habitudes dans Hongrie et dans tout le reste de son voisinage que l’Empereur
craint encores plus que ses forces.
Nous croyons bien, Madame, que Vostre Majesté refusera tout à faict de
ratiffier le traitté qui a esté faict avec luy. Personne n’y est intervenu de la
part de la France. La Couronne de Suède s’y est tousjours facit[e] nommer la
première et puis, il y a des engagemens de faire agir le Turc pour secourir
le Rakoci auxquelz nous sçavons que la piété de Vostre Majesté ne luy
permettra pas d’entendre, moins encores de s’y obliger par un traitté.
Grâces à Dieu ses affaires ny celles de ses alliéz ne sont pas réduittes en si
mauvais estat que ce qu’on pourroit faire de ce costé là pour les forces
othomanes peust estre justiffié par les raisons d’une nécessaire déffense.
Les ministres de François Premier ont faict advouer autresfois aux Princes
de l’Europe qu’on peut appeller ses chiens à son secours pour chasser les
loups ravissants, ce que faict aujourd’huy l’Empereur assujetissant un
Royaume libre à un tribut annuel
Franz I. hatte 1543 ein Bündnis mit der Hohen Pforte abgeschlossen und dann mit türkischer
Flottenunterstützung Nizza angegriffen. Die Tributpflicht des Kaisers für einen Teil Ungarns
geht auf einen 1547 unter König Ferdinand I. geschlossenen Waffenstillstand zurück, bei dessen
laufender Erneuerung der Tribut schließlich in ein jährliches „Ehrengeschenk“ umgewandelt worden
war. Vgl. dazu D. M. Vaughan S. 119–127 und F. Salamon S. 83–85.
par son serment et son devoir à la protection des Princes chrestiens, faict
voir que le Conseil d’Austriche n’est pas si scrupuleux quand il travaille
pour ses intérestz que quand il délibère des affaires d’autruy. Il est beau-
coup plus honneste de faire simplement demander au Turc qu’il ne se mesle
point des différens de l’Empereur et du Rakoci et qu’il laisse agir celuy cy
en liberté, qu’à l’Empereur de rendre un de ses Royaumes tributaires pour
faire ordonner au Rakoci qu’il se désiste de son entreprise. La première
demande est juste et ne tend qu’à empescher le Turc qu’il ne prenne part
dans les affaires des Chrestiens. La seconde va directement à faire envoyer
un ordre à un Prince chrestien d’abandonner ses intérestz et à engager les
armes des infidèlles contre luy en cas qu’il n’y obéisse pas. La première
n’est qu’une action de bienséance à laquelle un vassal est obligé. La seconde
porte un dessein caché d’appeller les forces du Turc contre le Rakoci et est
faitte par un Prince indépendant qui ne se porte à cette sousmission que
pour avoir moyen de satisfaire sans obstacle son ambition en d’autres
endroictz au préjudice de la Chrestienté.
Ces raisons, Madame, nous feroient croire qu’il n’y auroit peut estre pas
d’inconvénient sans rien promettre sur ce sujet au Rakoci de faire agir
l’Ambassadeur du Roy à Constantinople
Seigneur ne révocque la permission qu’il luy a donnée de poursuivre ses
intérestz par les armes et qu’il ne se mesle dans cette guerre. Peut estre ne
seroit il pas hors de propos d’y faire adjouster toutes les raisons qui peuvent
rendre cette instance agréable et de donner à l’Ambassadeur les moyens de
travailler efficacement auprès des grands de la Porte pour en obtenir
l’effect.
Cependant, Madame, en cas que le Prince de Transsilvanie demeure ferme
dans son dessein, nous estimerions que sans ratiffier le traitté qui a esté
faict avec luy, on pourroit l’exécuter aux articles plus presséz et plus impor-
tans , et qu’il faudroit dès cette heure envoyer un gentilhomme vers luy pour
l’asseurer de l’affection de Vostre Majesté et de l’intention qu’elle a de
l’assister dans son entreprise pourveu qu’il la continue vigoureusement.
Quant en mesme temps on luy donnera une bonne somme d’argent, qu’on
luy promettra la protection qu’il demande pour luy et pour toute sa famille
et de ne point conclurre la paix sans l’y faire comprendre, il aura tout sujet
de contentement. Le mesme gentilhomme luy pourra bien faire adroittement
comprendre que, si on ne peut luy promettre dans le traitté les offices qu’il
désire auprès du Grand Seigneur, on ne lairra pas d’y agir en sa faveur au
nom du Roy en tant que la raison et la bienséance le pourront permettre.
Les ministres suédois nous ont faict dire qu’ilz sont prèstz de contribuer la
moitié tant pour le payement de l’argent que pour la levée de trois mille
hommes qui luy ont esté promis, pourveu que nous voulions faire autant
de nostre costé. Nous leur avons faict response que vraysemblablement ilz
n’ont différé de nous en parler depuis le long temps qu’il y a que le traitté
a esté signé que pour attendre les ordres de leur Reyne, que la mesme raison
nous oblige aujourd’huy de sçavoir les intentions de Vostre Majesté sur ce
sujet, que nous n’avons pas apporté de quoy fournir sur le champ à de
semblables despenses et quand nous en aurions les moyens, nous ne pourrions
pas le faire sans commandement exprès. Que pour cet effect nous despêche-
rions un courrier à Vostre Majesté pour le recevoir promptement. Nous ne
voyons pas que le traitté (si la coppie qui nous en a esté envoyée est véritable)
oblige bien expressément à founir les trois mille hommes et à les entretenir.
|:Mais quand cella seroit, on peut s’excuser sur la difficulté qu’il y auroit
de faire passer des hommes jusques là et laisser l’exécution de cet article au
soing des Suédois, comme ilz ont [laissé] charitablement à Vostre Majesté
celluy d’agir à Constantinople. Aussy bien nous aprenons desjà qu’ilz ont
comme résolu de luy cédder les places qu’ilz tiennent en Moravie avec les
hommes qui y sont en garnison. A la vérité, pour la moitié de l’argent qui
revient à cent mille Risdalles pour la part du Roy la premiere année:|, nous
estimons qu’il ne faudroit point perdre temps à la faire fournir par lettres de
change ou à Venise ou à Wersovie ou à Constantinople au choix dudict
Prince. Nous sçavons bien, Madame, que la proposition d’une nouvelle
despense en cette saison ne peut pas estre trop bien receue. Mais celle cy est de
la nature de celles qui en espargnent de plus grandes, parce que cette diver-
sion est aujourd’huy un des plus puissans moyens qu’on ayt pour faire
reprendre aux Impériaux les pensées de la paix que la guerre de Dannemarch
leur a faict perdre.
Cet envoy, Madame, |:est peut estre un des plus presséz et des plus inportans
offices qu’on ait présantement à faire. Si nous eussions eu des lettres
du Roy en blanc, nous nous fussions dispenséz pour gaigner temps à y
despêcher quelqu’un d’icy:|. Celuy qui fera le voyage estant obligé de passer
en Polongne pour se rendre auprès du Rakoci, pourroit estre chargé des
complimens de condoléance à ce Roy sur la mort de la Reyne et y adjouster
les civilitéz que peut exiger la faveur qu’il avoit demandée à Vostre Majesté
de tenir un de ses enfans en baptesme. |:Il pourra en mesme temps donner
assurance que le Transsilvain n’entreprendra rien contre la Pologne et
demander en suitte de la part du Roy qu’on ne traverse point son desseing.
Il y a grande apparance que les changemens que la mort de la Reyne peut
avoir causéz dans ce Royaulme, fourniront divers moyens de se prévalloir
des bonnes dispositions que ce Roy a faict cy devant paroistre envers la
France, et qu’il ne sera pas mal aisé en bien mesnageant cette conjoncture
d’engager ledit Roy à ce que l’on désirera, soit pour un mariage soit pour
d’autres desseings. Si on obtient maintenant qu’il ne face rien contre le
Rakocy ny contre la Suède, le voyage aura produict un très bon effect, et
on pourra bien faire valloir cet office audit Rakoci en arrivant près de luy:|,
puisque c’est une des choses qu’il a demandées avec plus de passion par
toutes ses lettres depuis qu’il s’est mis en campagne. Nous croyons mesmes
que les asseurances nouvelles qu’on aura besoin d’exiger de luy pour pro-
mettre avec plus de certitude |:qu’il n’entreprendra rien contre la Pologne
de son costé, serviroit d’un honneste prétexte pour passer jusques à luy
sans faire paroistre qu’on ait quelqu’autre chose à traitter avec luy:|. Le
Sieur du Bois de Cargrois
Transsilvanie et cognoist les mœurs du Prince et du pais. Dans la peine où
Vostre Majesté pourroit estre de choisir un sujet propre pour ce voyage,
nous avons estimé luy devoir proposer celuy là qui pourroit aller avec
Monsieur de Brégy jusqu’en Polongne en cas que Vostre Majesté juge
l’employ de la condoléance aussy considérable que celuy du baptesme auquel
elle l’avoit destiné. Ou bien, si Vostre Majesté le veut réserver pour un
autre plus commode, il y a icy près de nous un Conseiller du Parlement de
Paris nommé Monsieur de Croissy
Antoine Fouquet, sieur de Marcilly-Croissy, meist nur Croissy, gelegentlich Marcilly genannt, war
seit 1641 Rat am Pariser Parlament. Servien war nicht damit einverstanden, ihn für die Mission
nach Siebenbürgen vorzuschlagen. In [ nr. 109 ] nennt er Croissy un mélancolique assez malpropre
pour un employ de cette nature. Einzelne biographische Daten in Inventaire sommaire ,
CP II S. 91, sowie in F. Ogier S. 12 Anm. 3, S. 89, 154, 167 und 186.
qui peut faire de la despense et qui se trouveroit avancé à my chemin pour
gagner temps.
Ce porteur , Madame, aura l’honneur de rendre compte à Vostre Majesté
de l’estat où est à présent la négotiation. Ce n’est plus par des conjectures
que nous en faisons jugement, ny par la portée des personnes qui y sont
employées, ny par les déffauts qui se rencontrent dans leur pouvoir. Ce sont
maintenant leurs discours et leurs actions qui nous font voir clairement que
les Impériaux ne veullent point entrer en traitté. Les Espagnolz voyans
l’affaire arrestée par d’autres, font semblant de presser et peut estre souhaitte-
royent tout de bon qu’on entrast en matière. Mais ilz reviennent tousjours
à leur antien artifice pour nous désunir et disent qu’il ne faudroit point que
l’intérest des barbares empeschast plus longtemps des Princes catholiques
joinctz d’alliance et de parenté de s’accommoder ensemble. Saavedra mesme
a eu l’asseurance de dire à Monsieur Contarini que pendant qu’on s’amusoit
icy à pointiller sur des choses de néant, on verroit peut estre au premier
jour que la paix auroit esté faitte à Paris. Il pensoit par cette déférence nous
faire avaler le poison qu’elle couvre; mais nous en avons jugé le dessein si
pernitieux qu’après l’avoir faict remarquer aux Médiateurs, nous avons
tesmoigné que semblables discours ne pouvoyent nous estre faictz sans nous
offencer, et qu’au lieu d’employer ces ruses pour séparer noz intérestz de
ceux de noz alliéz, si on vouloit avancer les affaires, il falloit travailler à lever
les obstacles qui retardoient toute la négotiation laquelle ne pouvoit estre
divisée. Que si toutes les fois qu’il arriveroit quelque accident nouveau à
l’advantage des uns ou des autres il falloit prendre de nouveaux conseilz
pour sçavoir si on traitteroit ou non, nous aurions commencé icy un ouvrage
sans fin. Que nous ne comprenions pas pourquoy les Suédois sont plus
barbares et plus hérétiques que les Danois, puisqu’ilz sont voisins et de
mesme religion, ny pourquoy mettant la religion si souvent en jeu de laquelle
ilz font si peu de cas, ilz nous reprochent continuellement l’alliance que nous
avons avec les premiers, quoyqu’elle soit contractée pendant la guerre à
dessein d’obtenir une bonne paix, puisqu’ilz viennent tout fraischement de
s’unir avec les autres par une liaison qui arreste tout court la négotiation
de la paix généralle
veullent tousjours porter, les faict tomber dans des contradictions estranges.
Ilz voudroient bien faire blasmer la confédération de la Suède et des Hollan-
dois avec la France et faire passer en mesme temps pour légitime celle qu’ilz
ont avec le Roy de Dannemarc et le Duc de Saxe. Ilz publient que noz alliéz
vont destruisant la Religion et l’Eglise en toute l’Allemagne, ce qui n’arrive
que par la licence des soldatz qu’on ne peut pas tousjours retenir dans le
devoir. Et ilz ne font pas scrupule de mettre sans nécessité par un traitté
de paix la première Archevesché et une des principales villes de l’Empire
entre les mains d’un Prince héréticque
font semblant de désirer la paix. Car lorsque pour la traitter légitimement,
nous demandons que tous les Princes et Estatz de l’Empire y soient appelléz,
l’Empereur l’empesche et faict des déffenses aux députéz qui sont assembléz
à Francfort de se rendre icy, soubz prétexte qu’ilz n’ont pas droict d’y assister,
quoyque par les traittéz préliminaires il leur ayt accordé ses passeportz. Et
néantmoins, il ne trouve pas mauvais que le Roy de Dannemarch s’adresse
à eux pour estre compris dans la paix généralle et authorise la résolution
qu’on a prise en la mesme diètte de Francfort de ne faire point de traitté
sans ledict Roy
Vgl. dazu Ferdinand III. an Nassau und Volmar, Wien 1644 Mai 17, Druck: APW II A 1
[ nr. 263 S. 423–426. ] In AE , CP All. 26 fol. 422–423 findet sich die französische Zusammen-
fassung eines Briefes der Frankfurter Deputierten der Kurfürsten von Mainz, Köln, Bayern und
Sachsen an Christian IV. von Dänemark, Frankfurt 1644 April 19, worin dem König versichert
wird, man werde mit Schweden keinen Frieden schließen, ohne ihn zu hören.
raisons à noz Médiateurs que nous les croyons entièrement persuadéz de la
sincérité de nostre conduitte et de la mauvaise foy de noz parties, jusques
là |:que Monsieur Contarini:| nous a confessé en la dernière conférence
qu’il voyoit fort bien que présentement les Impériaux ne pensoyent à rien
moins qu’à faire la paix.
Voilà, Madame, l’estat de la négotiation généralle qui semble désormais
dépendre entièrement de celle qui a esté commise à Monsieur de La Thuille-
rie . S’il peut appaiser sur les lieux les différens des Suédois et des Dannois,
ce sera un grand acheminement pour tout le reste et un grand avantage
pour le service du Roy. |:Mais s’il faut renvoyer l’affaire à Osnabruk:|,
nous y prévoyons beaucoup de longueur |:et grand subject d’appréhender
que ce ne soit un moien d’unir plus estroictement le Roy de Dannemark
avec la Maison d’Austriche:|. Néantmoins, il semble qu’il fault encores
mieux accepter cet expédient si tous les autres manquent, que de laisser
durer plus longtemps la guerre entre ces deux Couronnes, puisqu’elle fera
durer nécessairement celle qui est partout ailleurs.
Les députéz de l’Empereur qui sont icy nous ont bien faict dire depuis
quelques jours que le Comte d’Auersberg auroit response de Vienne dans
dix jours et recevroit ordre de ce qu’il auroit à faire avec les Suédois à
Osnaburg. Mais l’espérance qu’ilz donnent qu’après cella les affaires pour-
ront estre avancées est si douteuse et ilz font tant de fondement sur cette
guerre de Dannemarc et ilz croient si fort qu’elle leur ouvrira les moyens
de restablir en peu de temps toutes leurs affaires par les armes, qu’en effect
il n’y a pas sujet de s’attendre si tost à pouvoir traitter solidement avec eux
si les choses ne changent de face.
Monsieur Contarini nous a faict dire que les Impériaux et Danois commen-
cent à recognoistre que le Roy de Dannemarc estant devenu partie ne sçau-
roit plus demeurer Médiateur à Osnaburg, et qu’ilz avouent qu’il faut
chercher quelque expédient sur ce suject pour voir entre les mains de qui
cette médiation pourra tomber. Nous estimons, comme nous avons escrit
par noz lettres précédentes, qu’il n’y en peut point avoir de moins suspecte
aux deux parties que celle de Venise. Les Suédois l’ont desjà cy devant
acceptée, il n’y a pas apparence que les Impériaux puissent refuser pour
Osnaburg ceux qu’ilz ont receus pour Munster. La difficulté sera que les
Suédois veullent un Ambassadeur qui réside à Osnaburg et que Monsieur
Contarini voudroit bien y faire agir soubz luy par un secrétaire ou bien
qu’on ne trouvast point mauvais qu’il fust tantost en un lieu tantost en
l’autre. Il ne s’en est pas expliqué si avant avec nous, mais les discours d’un
des siens nous ont faict comprendre que cette corvée d’aller et venir si
souvent ne luy seroit pas désagreable, et nous jugeons qu’elle ne luy sera pas
si importune que d’avoir un compagnon dans cet employ.
Nous voyons, Madame, par la dernière despêche de Monsieur le Comte de
Brienne que Vostre Majesté ne trouveroit pas mauvais qu’en donnant un
temps limité aux ministres de l’Empereur et du Roy Catholique pour avoir
des pouvoirs en meilleure forme que ceux qu’ilz ont apportéz, on entrast
cependant en conférence avec eux sur les autres affaires. Mais nous croions
que si Vostre Majesté eust esté alors informée du refus qui a esté faict à
Osnaburg de traitter avec les Suédois, elle eust sans doute jugé que nous ne
pouvions passer outre icy sans leur donner suject de mescontentement,
puisque les traittéz d’alliance et ceux des préliminaires portent en termes
exprès que les choses marcheront d’un mesme pied aux deux endroictz.
Desjà les ministres de Suède nous avoyent faict faire des plaintes par Mon-
sieur le Baron de Rorté de ce que nous avions faict icy la communication
des pouvoirs sans leur en donner advis, veu qu’en mesme temps elle leur
avoit esté refusée
Vgl. [ nr. 72 ] und [ 84. ]
au delà de toute raison, que nous eussions quelque pensée de nous séparer
d’eux. Si au préjudice de cella nous eussions passé outre et faict la moindre
conférence, nous eussions appréhendé de faire plustost le service de voz
ennemis qui ne tendent qu’à nous désunir, que celuy de Vostre Majesté
qui consiste à tenir tous les alliéz estroictement unis avec nous et à ne leur
donner point de juste mesfiance. Nous avons eu cet avantage que la décla-
ration que nous avons faitte de ne pouvoir traitter que lorsqu’on feroit la
mesme chose à Osnaburg qu’icy, non seulement a mis l’esprit de tous les
alliez hors d’inquiétude, mais a esté approuvée des Médiateurs mesmes qui
ont recogneu cette difficulté essentielle et de toute autre nature que celles
qui se rencontrent sur les pouvoirs.
Nous sommes obligéz, Madame, de faire sçavoir à Vostre Majesté qu’outre la
guerre de Dannemarc qui semble avoir changé dans l’esprit des Impériaux
les dispositions de paix en résolutions de guerre, eux et les Espagnolz font
grand fondement sur les changemens qu’ilz publient devoir arriver en
France. Nous sommes advertis qu’ilz disent à leurs confidens qu’on verra
bien des choses dans quatre mois, mais croyans qu’ilz parlent plustost selon
leur désir que selon aucune apparence de vérité, nous nous contentons d’en
donner l’advis à Vostre Majesté, n’ayants point peu descouvrir quelque soin
que nous y ayons apporté, sur quoy ilz appuyent leur oppinion. Nous
espérons que la prudence et le courage de Vostre Majesté conservant
l’authorité du Roy en son entier dissipera toutes leurs vaines espérances.
Cependant ilz commencent à sentir chez eux les maux qu’ilz voudroient
faire souffrir aux autres, puisque les derniers advis d’Espagne portent que
quantité de grandz Seigneurs se sont retiréz mescontens de la Cour .
Nous ne sçavons pas, Madame, |:les dispositions que le Duc de Bavière
faict paroistre à Vostre Majesté, mais:| nous apprenons de tous costéz que
c’est le Prince de toute l’Allemagne qui est le plus contraire aux intérestz
de la France. C’est luy qui empesche que les Princes et Estatz de l’Empire
n’ayent la liberté de venir icy, parce qu’il sçait qu’ilz ne luy seroyent pas
favorables dans les prétentions qu’il a contre la Maison Palatine. Il a depuis
quinze jours faict résoudre à la diètte de Francfort que les différens pour
raison du Palatinat ne seroyent trattéz ny là ny à Munster et seroyent
renvoyéz à Vienne
le contrainct de désirer que la paix soit faitte pendant sa vie, et cependant
c’est luy qui a le plus eschauffé l’Empereur à Passaw
Vgl. [ S. 13 Anm. 3. ]
et l’engager dans les affaires de Dannemarc. D’ailleurs nous avons avis
d’assez bon lieu qu’il a faict toute sorte d’effortz pour rendre son armée
plus puissancte qu’à l’ordinaire, |:qu’il a des desseings contre Brisac, qu’il
y a des intelligences et qu’il prétend d’y entrer par la porte dorée:|, à quoy
nous croions que la prévoyance de Vostre Majesté sçaura bien remédier.
Les advis de Flandres portent que Picolomini
Ottavio Piccolomini, 1599–1659, kaiserlicher Generalleutnant, 1639 kaiserlicher Geheimer Rat
und Herzog von Amalfi, seit 1642 in spanischen Diensten, 1644 Militärgouverneur der Spanischen
Niederlande, 1650 Reichsfürst. Über ihn ADB XXVI S. 95–103 ; H. F. Schwarz S. 318–320.
quelque temps arresté en Anglettere où le Parlement a retenu huict cents
mille escus qu’il conduisoit avec luy. Que Francisco de Mello est en grande
jalousie de sa venue et n’est pas sans appréhension qu’il n’ayt apporté quel-
ques ordres secretz contre luy. Les dernières lettres de Vienne nous ont
appris la prise d’un gentilhomme du Pays Bas qu’on dit estre frère de
l’Evesque de Saint Omer
de ce nom avec celluy de Danfont nous faict croire que ce pourroit bien
estre celluy qui a traicté avec Monsieur Des Hameaux à Venise
Diese Verwandtschaft wird in der Beilage zu [ nr. 46 ] nicht erwähnt. Zur Person heißt es dort,
Antoine de Danfort stamme aus dem Artois, habe 15 Jahre lang als Hauptmann der Burgundi-
schen Garde des Königs von Spanien gedient, sei in Paris vier Jahre inhaftiert gewesen, weil er für
Kaiser Ferdinand II. in der Champagne Truppen ausgehoben habe, sei nach dem Tode Richelieus
freigelassen worden und habe sich dem Erzherzog Leopold attachiert. Im Dezember 1645 sitzt er in
Wien gefangen, wie aus [ seinem ] Bericht vom 27. Dezember 1645 hervorgeht; Kopie: AE , CP
Autr. 16 fol. 407–408’.
que c’est l’Archiduc Léopold mesme qui l’a accusé de l’avoir solicité pour
venir dans le[s] Pais Bas et s’en rendre maistre à la charge d’espouser
Mademoiselle
nomméz dans cette accusation et que Francisco de Melo est du nombre:|.
Nous ne doutons pas, Madame, que Vostre Majesté ne soit informée de
tout cella par d’autres voyes, mais nous croirions faillir à nostre devoir si
nous ne luy faisions sçavoir tout ce qui vient à nostre cognoissance qui
importe au service de Vostre Majesté, laquelle nous prions Dieu de conserver
en toute prospérité longues années.