Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
27. d’Avaux an Servien Münster 1644 April 4
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Münster 1644 April 4
Ausfertigung: AE , CP All. 26 fol. 307–308 = Druckvorlage. Konzept: AE , CP All. 26
fol. 305–306.
Etikettefragen für den Empfang Serviens.
Vous avez prévenu ma pensée. Ce que vous me mandez est conforme à
l’usage de Rome et des autres Cours . Je m’en souvins après vous avoir
escrit. En effet, quand un Ambassadeur arrive en un lieu où il y en a un
autre de la mesme Couronne, celuy qui est sur le lieu va rencontrer l’ Ambas-
sadeur qui arrive, et puis ilz viennent ensemble dans le carosse de l’ Ambas-
sadeur qui est sorty hors la ville pour recevoir l’autre.
Ce carosse où sont les deux Ambassadeurs est suivy immédiatement de celuy
du Cardinal neveu, de ceux des autres Cardinaux et de l’Ambassadeur de
l’Empereur quand c’est un Ambassadeur de France ou d’Espagne que l’on
reçoit. Et alors la question est en quel rang doit marcher le carosse de
l’Ambassadeur qui arrive, s’il doit suivre celuy des Impériaux ou marcher
tout le dernier. Il est arrivé souvent des querelles pour ce suject.
Pour moy, Monsieur, c’est en ce seul poinct que je ne suis pas bien d’accord
avec vostre civilité. Car pourquoy estant dans mon carosse et Madame
l’Ambassadrice dans le vostre, les deux autres qui sont à vous feront ilz
place au carosse d’un Ambassadeur d’Espagne qui n’y est pas en personne
non plus que vous dans les vostres. Qu’ainsy ne soit, Monsieur Contarini
m’a advoué qu’on s’est battu quelques fois à Rome pour ce différend, quoy-
que comme Médiateur il soit d’avis que nous n’y prenions pas garde de
si près.
Item vous remarquerés s’il vous plaist que les Ambassadeurs d’Espagne qui
sont icy aiants faict les premiers la difficulté, Monsieur Contarini s’en estant
entremis, il seroit périlleux de leur céder quelque chose, ny de donner aucun
exemple contraire à la possession en laquelle nous sommes de précéder les
Espagnolz en toutes cérémonies publiques, soit que telles cérémonies se
facent en nostre faveur ou non.
Je trouve donc fort à propos selon vostre sentiment de laisser deux de mes
carosses au logis, et cella ne pourra nullement passer pour une espèce
d’accommodement, parce qu’il n’a encore esté question que de mon carosse
quand je serois monté dans le vostre ou du vostre quand vous seriez monté
dans le mien. Et d’ailleurs les Ambassadeurs réséans en quelque lieu n’ont
accoustumé d’aller à la rencontre de celuy qui vient qu’avec leur carosse.
Le dessein que j’avois de vous en mener trois estoit pour tesmoigner
davantage à cette assemblée le respect que j’ay pour vous.
Or, puisque vous estes dans un mesme carosse, vous et Madame vostre
femme, et que voz autres carosses sont icy, il me semble que la chose va
fort bien d’elle mesme et qu’il n’est pas besoin de vous donner la peine
d’envoyer quérir icy voz carosses ny d’y faire atteler des chevaux neufs ny
d’en emprunter pour donner un dégoust aux Ambassadeurs d’Espagne qui
vous veulent honorer, ou pour achepter cet honneur avec une déférence
qui n’est pas usité et qui seroit sujette à diverses explications.
Ce moien est innocent et ne paroistra point du tout affecté, d’autant que j’en
ay usé de la sorte en arrivant et ne fis point venir mes carosses au devant
de moy, bien qu’alors il n’y eust aucun suject de doubter.
Néantmoins, Monsieur, si vous persistés à vouloir voz carosses, je vous
offre très volontiers deux attelages de chevaux et les envoyeray offrir demain
matin à voz gens. Mais je vous supplie me faire sçavoir vostre résolution,
affin que selon cella je concerte cette cérémonie avec Monsieur Contarini
lequel m’en presse.