Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
303. d’Avaux und Servien an Brienne Münster 1644 November 26
Münster 1644 November 26
Ausfertigung
Vgl. [ S. 647 Anm. 3. ]
1644 Dezember 6. Konzept: AE , CP All. 31 fol. 244–254’. Kopien: AE , CP All. 25
fol. 138–145; AE , CP Holl. 25 fol. 299’–312. Druck: Nég. secr. II, 1 S. 178–183; Gärt-
ner III S. 690–711.
Auf nr. 278 und 282. Beilagen zu nr. 278. Ungeschicktes Verhalten Saint Chamonds; Bemühungen
in Rom um den Verbleib Chigis in Münster. Verzögerung der Anreise Brassets. Verstärkung der
Armee Turennes. Warnung vor Bayern. Beilagen. Garantie des schwedisch-dänischen Friedens und
dänisches Allianzangebot. Konferenzen mit Salvius: Garantie des schwedisch-dänischen Friedens;
Verzicht auf die Nennung der Verbündeten in der schwedischen Vollmacht; Beschlüsse betreffend
gleichzeitigen Verhandlungsbeginn, dessen Bekanntgabe durch ein Rundschreiben an die Reichsstände,
deren Admission und die Freilassung des Kurfürsten von Trier als erste Forderung, keine weiteren
Verhandlungen vor Ankunft der reichsständischen Gesandten. Mitwirkung der Reichsstände an der
Entscheidung über Krieg und Frieden als erster Verhandlungsgegenstand; nach schwedischer Ansicht
genügte dieses Recht der Stände zur Friedenssicherung; ihre Abneigung gegen eine zu diesem Zweck
zu schließende Liga; 1618 als Normaljahr; schwedische Ablehnung einer Scheindeklaration, ihre
Satisfaktionsforderungen; angebliche Ankunft eines bayerischen Unterhändlers in Paris. Absicht, bis
zur Ankunft der Reichsstände die italienischen Angelegenheiten zur Sprache zu bringen. Informie-
rung der Generalstaaten.
Nous serons obligés de diviser la despêche que ce courrier vous porte en
trois parties: dans la première nous respondrons aux deux vostres des 29 e
du mois passé et cinquiesme du présent, dans la seconde nous vous ferons
sçavoir ce qui s’est passé en diverses conférences |:que nous avons faittes
avec Monsieur Salvius pendant quatre jours qu’il a esté icy avec nous:|; la
troisiesme vous informera de la résolution finale qui a esté prise sur le sujet
des pleinspouvoirs laquelle nous eussions esté obligés de mettre la première
comme la plus importante s’il ne restoit encores quelque petite difficulté
que nous espérons qui sera surmontée par la prudence de Messieurs les
Médiateurs dans le temps que nous emploirons à escrire le reste.
Nous avons receu les pièces qu’il vous a pleu de nous envoier pour justiffier
la forme qui s’est pratiquée de tout temps dans le Roiaume en l’expédition
des lettres patentes de noz Roys pendant leur minorité. Nous vous en
remercions bien humblement, mais il s’est rencontré heureusement comme
vous aurés desjà pu remarquer par noz précédentes que lorsqu’elles sont
arrivées nous n’en avons pas eu besoin, noz parties s’estant laissé disposer
à la raison et aiant recogneu qu’ils ne pouvoient pas avec justice exiger de
nous une forme nouvelle. Nous ne serons donc plus obligés d’alléguer les
exemples passés et moins encores celuy du mariage de la Reine pour les
raisons que vous remarqués très prudemment. Néantmoins, quand noz
parties qui en peuvent aisément avoir une coppie en voudroient tirer une
conséquence dans le fait qui se présente, nous aurions très bon moien de
nous en déffendre et de leur faire veoir la différence qu’il y a entre les deux
affaires, puisqu’en l’une il s’agissoit d’une mère qui marioit son filz et qui
par conséquent devoit intervenir en cette qualité dans le contract par un
acte particulier outre celuy qu’elle avoit desjà authorisé par son avis et sa
présence comme Régente, et qu’il n’est question présentement que de faire
un traitté de paix où tout doit estre décidé par l’authorité roiale, laquelle
quoyqu’inséparable de la personne du Roy doit estre authorisée pendant sa
minorité par l’avis et la présence de la Reine, tutrice de sa personne et
Régente de son Roiaume qui est tout ce que l’on peut désirer selon noz
coustumes.
Nous souhaitterions bien selon vostre bon avis que le |:discours de Monsieur
de Saint Chamond au Pape sur le subject de Monsieur Chiggi eust esté
faict:| avec umpeu plus de retenue, soit pour ne tesmoigner pas |:une affec-
tion particulière pour luy:| de crainte de donner lieu par ce moien |:à l’ ex-
clusion de sa personne:|, s’estant si librement découvert |:à Sa Saincteté
qui selon toute sorte d’apparence panche plus du costé du parti contraire
que du nostre:|, soit pour ne mettre pas en doute une chose qu’il falloit
faire semblant de croire asseurée et ne craindre pas qu’on y peust apporter
du changement. Mais puisque c’est une affaire faitte et qu’il n’est plus
possible de reprendre une façon d’y agir indifférente, nous en pourrons tirer
cet avantage |:que le Pape ne pourra point prendre de résolution sans nous
la:| communiquer, ce qu’il eust peut estre pu faire si on ne luy avoit point
parlé si franchement, et puis nous paier de l’excuse ordinaire qu’il est engagé
et qu’il ne l’auroit pas fait s’il eust esté averti à temps de noz prétentions.
Il y a lieu maintenant selon nostre foible avis de parler plus hardiment et
de presser l’affaire davantage |:en remonstrant à Sa Saincteté que l’employ
de Monsieur Chiggi luy a esté donné:| sans que nous l’aions désiré, |:que
c’est une personne avec laquelle:| ny la France ny aucun François n’a eu
commerce ny amitié particulière jusques icy. Que nous y avons consenti
parce qu’il |:nous suffit dans cette négotiacion inportante de voir à la teste
de ceux qui la conduisent un homme de bien et sans passion qui sache tenir
la balance droicte:|. Qu’à présent que c’est un establissement fait et que
toutes choses semblent estre bien commencées |:pour l’avancement de la
négotiation, nous ne pouvons comprendre d’où viendroit la |:résolution
d’y aporter du changement:|. Qu’il n’y a pas lieu de croire que ce soit |:du
pur mouvement de Sa Saincteté, laquelle voyant un ouvrage qui doit estre
conduit par son aucthorité et:| réussir à sa gloire si bien entamé et si heureu-
sement |:avancé, ne voudroit pas de gayeté de cœur y apporter elle mesme
du trouble:| par les difficultés qui se rencontreroient sans doute |:au choix
des personnes nouvelles qu’on y voudroit emploier, desquelles il seroit mal
aisé que l’une ou l’autre des parties ne prist quelque soubçon:|. Qu’il
faudroit donc croire que |:la grande prudence de Sa Saincteté ne luy con-
seillast pas:| de prendre cette résolution d’elle mesme. |:Elle en seroit
secrèttement sollicitée par noz parties, lesquelles:| se sont assés publique-
ment vantées qu’on verroit bientost |:des effectz de leur pouvoir auprès du
Pape dans la disposition de cette assemblée; mesme:| que nous |:n’affectons
point d’avoir Monsieur Chiggi plustost qu’un autre, mais que:| dans la juste
appréhension que nous aurions |:si on faisoit un changement, d’estre icy
entre les mains d’une personne passionnée pour noz ennemis:|, il nous est
encores plus doux |:d’y en voir conserver un que sa probité rend neutre
que d’en veoir arriver un autre que son engagement secret rendroit sans
doutte partial. Que si:| pour cette crainte nous estions peut estre |:obligéz
de n’avoir point de communication avec luy pour les affaires et de luy rendre
seullement les honneurs qui sont deubz à sa dignité comme l’on avoit résolu
de faire à Monsieur le Cardinal Rosetti, en mettant tous noz intérestz entre
les mains d’un second Médiateur, le Pape auroit regret d’avoir osté à un de
ses ministres l’honneur de paciffier en son nom tous les différens de la
Chrestienté et:| qu’en tout cas, si par cette |:nouveauté là le traicté de la
paix généralle qui est en si bon chemin venoit à estre interrompu, qu’il auroit
du déplaisir d’en avoir fourni le subject et d’avoir par une action non néces-
saire et que l’on n’a pas accoustumé de faire contre le gré des parties inté-
ressées , privé le public des agréables espérances qu’il a conceues de voir
arriver ce bien à l’Europe sous son pontifficat:|. Que comme |:dans cette
négotiation il ne se rencontre point d’intérest particullier de Sa Saincteté:|,
il n’y a point de nécessité d’y establir |:des personnes si confidentes, il suffit
qu’estans agréables aux parties elles puissent conserver leur confiance affin
que leurs exhortations soient plus efficaces et disposent plus facillement à
un bon accord:| des Princes ennemis dont les différens tiennent toute la
Chrestienté en trouble. Que tout le monde a fort bien jugé d’abord après
ce qui s’est passé |:en l’eslection de Sa Saincteté qu’elle n’oublieroit rien
pour gaigner l’amitié de la France et que son propre intérest la convieroit
de tesmoigner au public qu’elle veut régner sans partialité et en vray père
commun:|, mais que toutes ces asseurances n’estans pas accompagnées de
tesmoignages bien solides et n’estans fondées que sur des paroles, la pierre
de touche |:de son intérieur et de la vérité de ses intentions seroit la résolu-
tion qu’elle prendroit sur le faict de cette assemblée:|. Que si |:sans y faire
aucune nouveauté ni apporter de changement soit au lieu qu’aux personnes
elle se contentoit de faire continuer sans son aucthorité ce qui a desjà esté
bien commencé pour conduire:| la négotiation à une heureuse fin, |:elle
justiffieroit:| de cette sorte la sincérité de ses desseins |:et feroit paroistre
un esprit désintéressé qui n’a pour but que le repos public et la réunion des
Princes de la Chrestienté, mais que si elle se portoit à faire ouverture de:|
quelque autre moien pour traitter la paix |:qui ne peust estre accepté à cause
du grand nombre des personnes qui y sont intéressées:| ou bien d’en |: trans-
porter la négotiation en un autre lieu:| ce qui ne peut estre fait par la mesme
raison, |:ou bien d’y establir de sa part d’autres personnes:|, il seroit difficile
d’oster de l’esprit du monde et principalement de celuy des |:François
qu’elle n’y eust esté portée par les instances des Espagnolz, puisque selon
leur vanité ordinaire:| faisant passer |:leurs desseins pour des loix, ilz ont
publié hautement dès l’avancement de Sa Saincteté au pontifficat que tout
cella se feroit:|, qui certainement ne seroit pas le moien de faire |: finir la
guerre dont toute l’Europe est embrasée:|. Vous ne trouverez pas mauvais,
Monsieur, si dans un point de si grande importance et duquel nous estimons
que dépend principalement le bien ou le mal |:qui nous doit arriver pendant
cette négotiation nous prenons la liberté de vous dire si amplement noz
mouvemens. Mais il:| nous semble qu’on doit mettre cet article aussitost
qu’aucun autre dans |:la négotiation secrètte qu’on doit faire avec le Pape
pour restablir l’amitié et la bonne intelligence entre luy et Leurs Majestéz
après ce qui s’est passé en son eslection, et que s’il:| refuse les justes deman-
des de Sa Majesté qui |:ne veut rien de nouveau, il y:| aura très grand sujet
de conclure |:qu’il ne veut donner à la France que les apparances pour
garder les solides avantages pour ceux qui l’ont porté au pontificat:|. Depuis
peu |:Saavedra n’a peu s’empescher de faire connoistre icy les menées qui
se font à Rome et a creu de faire un grand compliment à Monsieur le Nonce
qui:| luy tesmoignoit d’attendre avec impatience |:celluy qui le doit relever
en luy respondant:|:Nous vous voulons bien pour Nonce, nous sommes
bien pour cella, ce qui:| fait connoistre que |:n’ayant pas osé demander
d’abord qu’on mist un autre à sa place, ilz y n’ont faict instance que pour
avoir un Légat à leur dévotion afin de:| faire indirectement la mesme chose.
Et certes, quand |:nous entendons dire qu’on parle desjà pour cet employ
du Cardinal Caponi que l’on tient entièrement espagnol, nous ne sommes
pas:| sans inquiétude et sans appréhension, |:mais nous espérons que:| l’ au-
thorité de la Reine et la prévoiance de Messieurs ses ministres y donneront
ordre. Car on ne peut pas douter |:que tous les changemens qui seront
résoluz pour ce lieu auront esté poursuivis par les Espagnolz, ce:| qui nous
donne |:un juste subject de soupçon contre ceux qui seront nomméz et une
raison très légitime de leur donner l’exclusion à tous afin par ce moien de
demeurer en l’estat où nous sommes, dont celluy qui est icy sera encor plus
obligé à France que si elle l’y avoit faict venir:|, parce qu’il luy seroit |:plus
honteux maintenant d’en estre retiré que de n’y estre jamais venu:|. Nous
croions mesmes que les offices de |:la République de Venise auprès du Pape
ne seroient pas:| inutiles pour |:le dissuader de faire aucun changement au
lieu, à la forme et aux personnes de cette assemblée. Estant associée dans la
médiation elle:| a plus de droit qu’aucun autre d’en dire ses avis |:à Sa
Saincteté et de les faire considérer:|, prenant seulement prétexte en termes
généraux sur le péril qu’il y auroit |:d’apporter aujourd’huy le moindre
changement où toutes les choses sont si bien commencées et marchent aussy
heureusement:| qu’on le peut souhaitter, et qui pourroit changer de face
et s’arrester tout court à cause de |:la grande antipatie entre les espritz dont
elle est composée:|, lesquels estans tousjours en garde et dans une méffiance
extrême, les uns des autres pourroient |:malaisément s’accorder sur une
nouveauté:|, estant au contraire très certain que |:l’un des partis rejettera
ouvertement:| ce qu’il verra estre accepté ou |:qu’il soupçonnera avoir esté
poursuivi par l’autre. Monsieur Contarini estime que si l’Ambassadeur du
Roy qui est à Venise est chargé de faire cette instance à la République de la
part de Leurs Majestéz, qu’elle ne reffusera pas:| d’emploier de ses offices
le plus efficacement qu’il luy sera possible |:auprès de Sa Saincteté; ledit
Sieur Contarini nous a mesme promis d’en escrire de son chef pour:|
représenter la nécessité de cette résolution.
Lorsque nous croions de voir arriver icy près de nous Monsieur Brasset pour
exercer la charge que nous luy avons offerte, nous avons receu une de ses
lettres par laquelle il s’excuse sur ses incommodités. Il est vray qu’estant à
La Haie nous l’avons veu sujet à une grande défluction, mais nous croions
que si pour les appointemens ordinaires qu’on luy destinera et dans l’assistance
qu’il recevra pour luy aider à transporter son mesnage il est umpeu bien
traitté et en homme qui a servi longuement, il pourra redoubler ses forces
pour venir icy, et nous croions que vous ne refuserés pas d’emploier voz
soins pour luy en donner le moien au plustost.
Befriedigung über die Verstärkung der Armee Turennes. Des personnes intelli-
gentes qui ont sceu que Monsieur le Duc de Bavières avoit escrit au Roy
et à nous et à qui ont a fait sçavoir de Paris qu’il |:y estoit arrivé un dépputté
de sa part qui n’a point encores paru:|, ont pris cette occasion de nous dire
que c’estoit alors qu’il falloit |:avoir plus de déffience de luy et prendre
garde de plus près aux desseins de son armée, à quoy:| nous croions bien
qu’on ne |:manquera pas:|. La prise de Philisbourg et de Maience et l’ esta-
blissement des forces du Roy en ce pais là nous ont fait recevoir depuis
quelques jours la response de la ville de Francfort à nostre première lettre
circulaire. Nous vous en envoions la coppie et de celle du Duc des Deux
Pontz qui est arrivée en mesme temps.
Nous ne pouvons mieux vous exprimer noz sentimens sur |:la garantie
qu’on demande à Monsieur de La Thuillerie:| qu’en vous envoiant un ex-
trait de la seconde responce que nous luy avons faitte sur ce sujet
Das Schriftstück wurde erst später, vermutlich als [ Beilage 14 zu nr. 311 übersandt. ]
les propositions qui viennent de la part du Roy de Dannemark en l’humeur
et en l’estat où il est ne peuvent estre que très suspectes et faictes à mauvaise
intention
Mit dem Folgenden war d’Avaux nicht einverstanden; vgl. [ nr. 296 S. 641–643. ]
parti contraire, peu de bonne volonté pour la France, |:qui depuis la nou-
velle guerre que l’on luy faict a une rage inconcevable contre la Suède.
Quoyque ce soit le plus antien Monarque:| de la Chrestienté, dans les affaires
qu’il a aujourd’huy sur ses bras il n’a aucunement fait paroistre |:la prudence
qui a accoustumé d’accompagner les actions de ceux de son aage. C’est un
esprit comme forcené que la seulle passion domine, qui:| jusques icy n’a
rien entrepris |:avec conduitte ni avec conseil et ne s’est porté à aucune
résolution qu’avec aveuglement et précipitation:|. En mesme temps qu’un
de ses ministres a proposé à Monsieur de La Thuillerie une aliance ou
meilleure intelligence pour l’advenir avec la France, Monsieur de Brégi
nous:| escrit qu’il y avoit deux de ses |:Ambassadeurs en Pologne pour
proposer une ligue contre la Suède:|, dans laquelle il fait espérer |:qu’il
engagera la pluspart des Princes d’Allemagne qui vivent aujourd’huy en
neutralité avec elle:|. Il heurte ainsi de tous costés |:et tasche d’engager
tous les Princes dans son ressentiment:| sans qu’il y ait encores eu personne
qui l’ait voulu suivre, parce qu’il n’est pas malaisé de voir |:qu’il ne se laisse
plus guider par la raison et que:| par le chemin qu’il tient il |:court quasi
asseurément à sa ruine. Il escoutte toutes:| les ouvertures qu’on luy fait
hors les |:raisonnables qu’il rejette et ne peut se porter à:| aucune délibé-
ration ou résolution |:dont l’animosité qu’il a aujourd’huy contre les Suédois
ne soit le premier mobile. Sa jalousie contre eux:| n’avoit esté causée jusques
icy que par |:leur agrandissement joinct au déplaisir de les voir:| prospérer
dans un dessein où il |: a autresfois succombé. Mais à présant que les nou-
velles offences qu’ilz luy ont faictes ont envenimé cette vieille playe, il est
presque tousjours transporté de fureur. C’est pourquoy:| nous estimons
que le soin des ministres du Roy doit estre seulement |:de le guérir et
d’appaiser s’il est possible sa douleur présente en:| faisant cesser la cause
qui l’a augmentée, |:sans passer plus outre ni s’attacher avec luy plus
estroictement que nous sommes:|, puisque cella se pourroit |:difficilement
faire sans donner jalousie à la Suède et nous faire:| peut estre mescontenter
des amis certains |:pour l’espérance douteuse de l’amitié d’un Prince qui ne
sauroit jamais s’attacher si nécessairement à la France tandis qu’elle demeu-
rera unie si estroictement qu’elle est avec la Suède. Lorsque nous avons
parlé à Monsieur Salvius de la garentie du traicté qui pourroit estre demandée
à Leurs Majestéz, il n’a pas manqué de:| remarquer d’abord l’inconvénient
que nous avons préveu et de dire que le |:dessein du Roy de Dannemark
estoit d’affoiblir la confédération de la France et de la Suède:| en obligeant
la première de se joindre à luy en certain cas pour |:faire la guerre à l’autre:|.
Nous n’avons pas manqué de luy respondre que nous n’estions pas en doute
|:du parti qu’on avoit à prendre:|, que ce qui pourroit mettre Leurs Majestéz
en considération de cette demande seroit si elle |:leur estoit faitte de la part
de la Reyne de Suède, que:| néantmoins pour luy en parler franchement,
si on nous faisoit la faveur de nous en demander nostre avis, nous estimions
qu’il se falloit contenter d’observer constamment |:l’alliance que nous avons
contre l’Empereur et n’engager pas la France sans nécessité en diverses
guerres où elle n’avoit point d’intérest. Il a répliqué là dessus parlant à l’un
de nous que la France estoit desjà obligée en vertu du traicté de Vuismar
non seullement d’assister la Suède dans cette guerre, mais encores dans:|
les autres qui pourroient naistre cy après. Mais il |:luy a esté répliqué qu’il
estoit trop habille homme pour faire aucun fondement sur l’article du traicté
qui n’a point esté ratiffié ny approuvé:|, veu mesme que l’obligation portée
par ledit article comme n’estant pas raisonnable n’avoit pas esté insérée dans
les traittés subséquens.
Encores que nous aions |:fait diverses conférences avec luy pendant quatre
jours qu’il a esté en cette ville, tant en commun qu’un:| chacun de nous en
particulier, nous n’avons eu presque ensemble aucune diversité d’avis et
avons pris noz résolutions sur toutes les propositions qui ont esté faittes
avec très grande union
Vgl. dazu Salvius an Königin Christine, Osnabrück 1644 November 15/25, Druck: APW [ II C 1 nr. 249 S. 403–409. ]
subjectz de son voyage a esté l’appréhension qu’il avoit que nous n’eussions
pas:| approuvé |:l’acceptation qu’ilz avoient faitte du pouvoir des commis-
saires impériaux qui sont à Osnabruk:| sans y avoir fait adjouster |:en faveur
des alliéz les mesmes clauses que nous avons exigées de ceux qui sont en
cette ville. La première opinion des Suédois:| avoit esté que les instances
réitérées que nous leur avions fait |:faire pour adjouster cette clause:|
estoi[en]t principalement affin |:qu’elle fut insérée de nouveau:| dans |:leur
pouvoir aussy bien que dans celluy des Impériaux, comme si:| nous n’ eus-
sions pas esté asseurés des |:traictéz de confédération que nous avons avec
eux et que:| nous eussions voulu |:les lier encores par les clauses de leur
nouveau pouvoir de ne traicter point sans nous. Mais:| comme nous leur
avons fait connoistre que ce n’avoit pas esté nostre pensée et qu’il nous
estoit indifférend qu’ilz |:la fissent adjouster à leur pouvoir pourveu qu’elle
fust insérée dans celluy des Impériaux:|, tant pour la satisfaction des |:alliéz
que pour ne faire pas paroistre une diversité d’avis entre nous aux:| choses
généralles où nous avons mesme intérest, |:ledit Sieur Salvius a acquiescé à
noz raisons et nous a promis que si:| la bienséance ne leur permet pas de
demander à présent |:la réfformation du pouvoir des commissaires impé-
riaux :| qu’ilz ont |:desjà accepté parce qu’il est:| entièrement conforme
|:au leur, ilz tacheront au moins de mettre à couvert l’intérest des alliéz:|
de leur costé comme |:nous avons faict du nostre, ou par une déclaration
séparée qu’ilz demanderont sur ce subject ausdictz commissaires impériaux
ou par une protestation qu’ilz leur feront signiffier avant que de faire la
permutation des pouvoirs. Cella:| aiant esté accordé, nous avons d’un
commun consentement et sans aucune contestation convenu encores ensemble
les choses suivantes:
1. Qu’ilz |:ne feront point à Osnabruk laditte permutation qu’ilz n’ayent
apris par noz lettres:| qu’ilz le peuvent |:faire et que toutes choses ont esté
concertées icy:| pour la |:forme des nouveaux pouvoirs que nous:| sommes
obligés de faire |:venir de part et d’autre, ce que:| nous avons |:exigé d’eulx
afin qu’ilz ne soient pas en liberté d’entrer en matière et de traicter après
laditte permutation faicte si nous n’avons:| convenu icy avec nos parties de
faire la mesme chose pendant le temps qu’on fera venir les nouveaux
pouvoirs.
2. Qu’aussitost que toutes choses auront esté résolues et disposées de cette
sorte |:à entrer en négotiation de part et d’autre, on en donnera advis à tous
les Princes et Estatz de l’Allemagne par une lettre succinte et modérée qui
soit escritte et receue sans esclat afin:| qu’elle ne puisse rien gaster et qu’elle
serve seulement |:à haster leur venue par l’asseurance qu’ilz recevront qu’on
est prest d’entrer en matière:|.
3. Qu’en |:attendant qu’ilz viennent ne pouvans rien traicter d’inportant:|
sans faire une action contraire |:aux lettres que nous leur avons escrittes et
aux protestations que nous avons faictes publiquement de ne pouvoir traicter
sans eux, nous mettrons le point de leur venue en négotiation et:| propo-
serons tant icy qu’à Osnaburg pour premier article qu’il soit fait diligence
de part et d’autre |:pour les faire venir promptement, à quoy:| nous ad-
jousterons de nostre costé |:la liberté de l’Eslecteur de Trêves que nous
demanderions un peu plus expressément que les Suédois, parce que l’ hon-
neur de Sa Majesté y est en quelque sorte intéressé et que:| lesdits Suédois
disent qu’ils |:entendent la comprendre dans la demande généralle qu’ilz
feront de la venue de tous les Princes:|. En quoy vous voiés, Monsieur,
qu’ils se |:sont trouvéz entièrement conformes à nostre opinion et qu’ilz ont
approuvé la proposition que nous avons eu le bien de vous faire par:|
nostre despêche précédente. Ilz demeurent d’accord que c’est un |:préalable
absolument nécessaire pour establir juridiquement le droict de faire la paix:|,
lequel nous ferons voir |:par cette instance n’appartenir pas à l’Empereur
tout seul dans l’Empire sans le consentement desdictz Princes et Estatz:|.
4. Que jusques à ce que |:lesdits Princes et Estatz ou leurs députtéz soient
arrivéz, on n’entamera de part ny d’autre aucune matière pour ne faire pas
préjudice à nostre demande et à ce droict de faire et résoudre la paix:| auquel
|:nous avons si grand intérest de les associer avec l’Empereur:|.
5. Qu’après |:qu’il y aura icy nombre suffisant de députéz de la part desdits
Princes et Estatz nous mettrons sur le tappis la question du droict de faire
la guerre, afin qu’il soit:| déclaré par le consentement unanime |:des Estatz
de l’Empire qu’il n’apartiendra point ci après à l’Empereur de déclarer la
guerre à aucun Prince voisin de l’Empire sans leur consentement et sans une
résolution précédente d’une diètte libre et généralle:|. Nous avons les uns
et les autres d’autant plus d’intérest d’insister à cet article |:qu’outre que
l’aucthorité de l’Empereur en:| sera affoiblie et la seureté des Princes voisins
affermie, la contravention à cette loy a donné sujet à |:la guerre qui se faict
aujourd’huy dans l’Empire par les deux Couronnes, à cause que l’Empereur
de son seul mouvement sans l’advis des Estatz et:| par la seule instigation
du conseil d’Espagne s’est voulu mesler cy devant dans les guerres estrangères
où il n’avoit point d’intérest, aiant envoyé une partie des forces de l’Empire
contre le Roy de Suède lorsqu’il faisoit la guerre en Prusse contre la Pou-
logne et quelque temps après aiant fait la mesme chose avec beaucoup
plus d’esclat et plus grand nombre de forces contre le feu Roy en Italie
Vgl. [ S. 59 Anm. 1. ]
quoyqu’on n’eust jamais mis en doute les droitz de l’Empereur et de l’Empire
sur les Duchéz de Mantoue et de Montferrat ny les devoirs que le Souverain
de ces deux Estatz est obligé de luy rendre en prenant l’investiture, et qu’il
ne fust question que de conserver un Prince dans la possession des Estatz
qui luy estoient escheus par droit de succession dont les Espagnolz sans
aucun titre ny raison avoient entrepris de le despouiller.
Nous sommes obligés à ce propos de vous |:advertir d’une opinion des
Suédois que nous avons comprise dans les discours de Monsieur Salvius.
Ilz croyoient que si on peut obtenir l’article précédent et qu’il en soit faict
une constitution de l’Empire pour l’advenir, ce sera une seureté suffisante
pour le traicté qui pourra estre faict présentement avec l’Empereur, et:|
nous avons remarqué qu’ilz n’inclinent pas, au moins jusques à présent,
|:à l’ouverture que nous avons faicte d’une ligue généralle pour la seureté
dudit traicté, dans laquelle on puisse faire entrer tous les Princes tant d’un
parti que d’autre:|, en quoy certes nous nous sommes |:aperceuz qu’il y a
tousjours beaucoup de la faction protestante dans leurs desseings et que:|
bien souvent elle est plus dominante dans leur esprit que la raison politique.
Nous n’avons pas encores assés enfoncé cette matière pour vous en pouvoir
dire certainement leur résolution. Lorsque nous en aurons discouru ensemble
plus ouvertement, nous vous pourrons aussi plus clairement expliquer leur
sentiment et agir pour faire réussir cette proposition selon qu’il nous sera
ordonné.
Quant à la seconde demande que nous vous avons marqué par nostre pré-
cédente despêche pouvoir estre faitte lorsque les députés des Princes et
Estatz de l’Empire seront arrivéz, |:assavoir que l’amnistie généralle soit
accordée et que toutes choses soient remises dans l’Allemagne au mesme
estat qu’elles estoient en l’année 1618:|, ilz n’y font point de difficulté et
croient aussi bien que nous qu’elle doit estre faitte en cette forme. Nous
avons mesmes remarqué qu’ilz se tiennent en quelque sorte obligés de ce
que dans cette demande |:la restitution de la Maison palatine tant dans ses
Estatz que dans la dignité électoralle se trouve comprise. Mais:| pour
l’addition que nous avons creu y devoir estre faitte, que moiennant cella
|:les deux Couronnes retireront leurs armes de l’Empire et ne prétendront
pas d’y conserver leurs conquestes
Vgl. [ nr. 292. ]
cullier et ont si grande peur de les:| abandonner qu’ilz ne se peuvent
résoudre à s’en relascher mesmes en apparence. Nous leur avons |:assés
faict comprendre qu’ilz ne doivent pas craindre que nous soyons pris au
mot ny les uns ny les autres, n’y ayant pas apparence que l’Empereur veuille
restablir l’eslection du Royaume de Bohème ni que le Duc de Bavière veuille
rendre le Haut Palatinat ny la dignité électoralle et que l’addition de rendre
toutes noz conquestes ne tend qu’à donner plus d’esclat à:| nostre offre
pour la faire recevoir plus agréablement de |:tous les Allemands, puisqu’elle
est comme superflue et:| s’entend nécessairement comprise dans le |: resta-
blissement de toutes choses en l’estat qu’elles estoient en l’année 1618, qui
ne sauroit:| estre fait supposé qu’il fust accordé sans que nous fissions de
nostre part ce que l’Empereur feroit du sien. Ilz recognoissent bien que
cella est véritable et en demeurent persuadés, mais avec tout cella ilz tes-
moignent tousjours de |:voulloir mettre un petit mot de leur satisfaction
particulière pour:| tant de pertes et de despenses qu’ilz ont souffertes |:pour
récompence desquelles ilz veullent avoir droit de retenir la Pomméranie ou
du moins les places de cette province et du Mekelbourg qui sont situées
sur la Mer Baltique, de quoy nous n’avons pas tasché:| de les dissuader en
effet, affin qu’ilz nous |:aident aussy quand il sera temps de retenir ce que
nous possédons, mais seulement:| de faire de démonstrations publiques qui
sont nécessaires pour |:sortir de cette guerre avec l’affection des Princes
d’Allemagne:|, en leur faisant voir |:que si nous sommes forcéz de retenir
noz conquestes pour nostre seureté particulière:|, ce n’est qu’après n’avoir
peu obtenir ce que nous avons demandé |:pour la seureté publique:|.
Ce que nous avions appréhendé |:auprès des Suédois n’a pas manqué de
nous arriver. Ilz ont esté advertis de Paris par leur Ambassadeur qu’il y
estoit arrivé un dépputté du Duc de Bavière lequel ne s’estoit point encores
faict:| connoistre à Messieurs les ministres. |:Monsieur Salvius nous a voulu
sonder là dessus pour savoir si on estoit:| disposé d’entrer en quelque traitté
avec luy et d’entendre à la proposition d’une neutralité qu’on disoit qu’il
avoit charge de faire. Nous luy avons respondu que nous avons veu diverses
lettres venans de ceux qui ne sçavent que les nouvelles de la basse cour qui
parloient de |:l’arrivée de ce dépputté, mais que n’en ayans receu aucun
advis de vostre part, nous avons subject de croire que:| c’est un bruit sans
fondement, et qu’en tout cas il devoit estre asseuré qu’on n’escouteroit
jamais aucune proposition de ce costé là sans nous donner charge aussitost
de |:luy en comuniquer et à son collègue et sans y mesnager l’intérest de la
Suède conjoinctement avec celluy de la France:|.
Avant que |:nous séparer nous luy avons demandé si en cas que:| nous
entrions en quelque négotiation avec les |:Impériaux pour oster aux Espa-
gnolz le subject qu’ilz auroient de se plaindre:| si nous les tenions cependant
sans |:rien traicter avec eux, nous ne pourrons pas mettre quelques propo-
sitions :| sur le tappis qui les regardent particulièrement |:comme pourroient
estre les affaires d’Italie, qu’encores que la Suède n’eust point d’intérest
particulier à cella:| nous n’en avions pas voulu prendre la résolution sans
la |:leur communiquer, dont il nous a fort remercié et promis de le faire
savoir à son collègue. Nous ne luy avons donné part de cette pensée:| que
par civilité et pour conserver de plus en plus la |:bonne intelligence qui doit
estre entre nous. Mais:| nous craignons bien de ne la pouvoir pas effectuer
qu’après en avoir |:informé Messieurs les Estatz et en avoir eu auparavant
leur consentement formel, veu que le dernier traicté que nous avons faict
avec eux
Vgl. [ S. 6 Anm. 2. ]
ilz:| pourroient trouver mauvais que nous |:fussions entréz en conférence
avec nostre ennemi commun non seullement sans eux mais avant l’arrivée
de leurs dépputtés:|. C’est pourquoy nous avons résolu aussitost après le
départ de ce courrier de |:faire une despêche en Hollande et de charger le
Sieur Brasset:| de donner part à ces Messieurs de tout ce qui a esté fait et
résolu icy en dernier lieu
qu’ilz pourroient prendre
Eigenhändige Randnotiz d’Avaux’: Je signe cette despêche sans approbation de l’article
dont je vous escris par la lettre cy jointe. Vgl. [ nr. 296. ]
2 Friedrich Pfalzgraf zu Zweibrücken an d’Avaux und Servien, [ fehlt ].