Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
30. Königin Anne an d’Avaux und Servien Paris 1644 April 9
Paris 1644 April 9
Ausfertigung: AE , CP All. 26 fol. 232–237’ = Druckvorlage; Eingang: 1644 April 18,
nach La Thuillerie an Brienne, Münster 1644 April 22, Kopie: AE , CP All. 26 fol. 254’–
255’. Kopien: AE , CP All. 26 fol. 227–231; AE , CP All. 32 fol. 92–94’; AE , CP All.
37 fol. 38–39. Druck: Nég. secr. II, 1 S. 7–9; Gärtner II S. 641–648.
Eingang von nr. 12. Präzedenz Frankreichs vor Spanien. Friedensliebe Frankreichs. Hoffnung
auf gute Zusammenarbeit mit Chigi; Bemühungen um seinen Verbleib in Münster. Weisung, Con-
tarini die geforderten Kurialien zu gewähren. Billigung des Invitationsschreibens. Patenschaft für das
zu erwartende Kind des Königs von Polen. Weisung, die schwedischen Gesandten diesbezüglich zu
konsultieren. Vorsichtiges Eingehen auf die Kontaktversuche Reiffenbergs.
Faisant responce à la lettre que l’un de vous m’a escritte de la ville de Munster
en datte du 25 e du passé qui me fust rendue le 6 e du courant, je l’adresse à
tous deux, pouvant raisonnablement croire que celle cy vous trouvera
rassembléz.
Louant par elle le soing que vous, le Sieur d’Avaux, avez eu de conserver
en diverses rencontres le rang et la dignité de cette Couronne, c’est assez
m’explicquer que je désire que vous le continuyez et que pour éviter divers
mauvais accidens vous usiez de la mesme conduicte faisant entendre aux
Médiateurs que je ne souffre rien entre l’Empereur et le Roy Monsieur
mon filz, et que j’ay assez de peine de céder le pas à un Prince dont l’Estat
a esté formé par un Roy de France, mais comme je me tiens dans les règles
establies, que j’entends aussy que les autres les suivent. La prétention des
Espagnols ne m’est pas incognue, mais ils sçavent qu’elle a passé pour
ridicule et qu’ils ont cherché des places pour se trouver au dessoubz des
François, en quoy ils ont recognu nostre droict et simplement donné à
cognoistre leur présomption.
J’espère qu’ayant une fois pris un tempérament pour conserver ladicte pré-
tention sans attenter par voye de fait de me sortir de la possession, qu’ils
continueront et qu’une chose que je tenois difficile à accommoder et qui
vous debvoit retarder longtemps avant que d’ouvrir le traitté se trouve
vuidée, eux mesmes ayants laissé prendre un préjugé contre eux.
Je ne doute point que le Nunce Chiggi ne les en ayt louéz et qu’ilz ne luy
ayent advoué ce qu’ils ont voulu celer au public. Mais à l’esgard du Contarini
ils auront esté plus retenus, sachants que la Républicque a des attachemens
avec cette Couronne et que la grandeur de l’Empire comme du Roy d’Espagne
leur est également suspecte.
Je loue la modération et la fermeté avec laquelle il a esté parlé aux ministres
du Roy Catholique. Je dis comme eux que je veux la paix pourveu qu’elle
soit juste, qui est le seul moyen de la faire durer, mais non que je suis plus
facile à m’y disposer pour n’avoir point commencé la guerre ny eu aucune
part aux affaires lors de la rupture.
Pour lors j’estois soubz la puissance du Roy mon Seigneur, mais déclarée
Régente j’ay en main celle de l’Estat et je suis ennemye de ceux qui en
envient la grandeur et la prospérité, et j’ay succédé aux maximes comme à
l’auctorité du Roy. Qu’ils cherchent de meilleures raisons pour couvrir la
nécessité qu’ils ont de s’achetter la paix à laquelle j’advoue franchement que
j’aspire comme au seul et unique bien que je puisse procurer à l’Europe.
Mais je ne suis ny lasse de continuer la guerre ny en estat d’accepter que des
conditions justes, et sans faire parade de mes forces, je les tiens en estat de
donner de la peur à l’Empereur et au Roy Catholique. Si il estoit permis de
juger des succèz par la grandeur des armées, j’augurerois que cette campagne
seroit encores plus célèbre que la passée. Mais comme les événemens sont
en la main de Dieu, j’en espère une fin heureuse, car c’est en luy que je fonde
mes espérances et non en la puissance ny en la multitude des gens, desquels
je me sers comme de moyens seconds sans y faire de fondement.
|:J’advoue, et si vous vous en souvenez, souvent je vous ay escrit que
l’entremise du Sieur Chigi m’estoit favorable, que j’estois persuadée de sa
grande suffisance et de son affection, et comme vous me le conseillez, je
feray tout mon possible qu’il demeure seul remplissant la première place de
Médiateur ou du moins qu’il soit continué dans l’employ de la paix généralle,
puisqu’en l’une comme en l’autre condition il sera asseuré de relever la
sienne et esgallement en l’une comme en l’autre il fera cognoistre sa suffi-
sance , puisque par luy sera soustenu le faix de la négotiation. Mais c’est une
affaire qu’il faut tenir secrette, et si il faisoit entendre à Rome que la feste
est pour durer, que l’on le conjecture ou qu’on le pénètre des discours des
Plénipotentiaires de l’Empereur et du Roy d’Espagne, cella contribueroit
beaucoup pour luy, puisque la despense seroit grande pour tenir un Légat
longuement occupé au lieu que celle d’un Nunce est bien moindre et que
l’un comme l’autre agissant de la part du Sainct Siège seroit autant considéré.
Je n’oublieray rien à faire qui tourne à son advantage et vous l’en pouvez
asseurer:|.
J’ay examiné la prétention de l’Ambassadeur vénitien , ses raisons et les
vostres et je passe condemnation à son proffict. Leur République a obtenu
de la France tous les honneurs royaux qu’ils reçoivent; si au commencement
cela se debvoit ou non, c’est ce qui n’est plus de question, la possession est
le meilleur titre qu’on puisse alléguer pour cela. L’Empire et l’Espagne,
après l’avoir longuement contesté ont suivy l’exemple, et présentement à
Munster ils les en laissent en possession. Si vous continuiez à le traitter
moins favorablement que les Ambassadeurs de ces Princes, il arriveroit de
trois choses l’une, ou qu’il en concevroit du dégoust et vous l’auriez moins
favorable dans le traitté, ou qu’il éviteroit de vous rendre des visites et en
recevoir de vous dont vous jugés les conséquences et au moins prendroit
party de suivre l’exemple de la prattique de Rome, où à la vérité l’ Ambassa-
deur de cette République qui n’est receu ny conduict qu’aux lieux que vous
marquez, mais qui en use de la mesme sorte envers les Ambassadeurs de
France, de manière que pour obliger de plus en plus ce Sénat, il fault accorder
à leur ministre ce qu’il demande, et je l’entends ainsy sur les fondemens qu’il
a establis et désire mesme que pour vous prévaloir de cette courtoisie, que
vous luy faciez entendre avoir eu ordre de la luy rendre avant que le Sénat
se soit plainct de vostre difficulté ny demandé de l’obtenir. Sans doubte
ledict Plénipotentiaire vénitien concevroit qu’à présent |:que ledit Chigi
remplit la place du premier Médiateur, que vous jugez son entremise moins
nécessaire, et cella le picqueroit d’autant plus, lequel, si bien à la vérité il
n’a que la seconde, occupe pourtant celle qu’il faut autant considérer, puisque
l’impossibilité qui se trouve aux ministres du Pape et aux Protestans de
traitter ensemble augmente le pouvoir de celuy cy, lequel se sera si bien
insinué en leur esprit:| que quand Dannemarck voudroit reprendre la place
et reculer celuy cy, il ne lairra d’y avoir toutte l’auctorité, et d’autant plus
que quand bien la paix seroit faicte entre ce Roy et la Reyne de Suède, ils
seront tousjours opposéz l’un à l’autre, et les adhérans et dépendans de cette
Reyne auront tousjours suspecte l’entremise dudict Roy.
Je loue la résolution que vous avez prise de convier par vos lettres les Princes
de l’Empire tant catholiques que protestants de comparoistre en l’assemblée
en personne ou par députéz, et plus ceux d’Austriche essayent de les en
dissuader, plus vous les en debvez presser; non seulement la règle des con-
trariétés qui est certaine nous y convie mais leur propre bien, et c’est en
moyenner un essentiel à la France que d’empescher l’anéantissement de
l’auctorité des Princes de l’Empire laquelle relèveroit trop celle de l’ Empe-
reur . Il est juste qu’ils soient soubmis à l’Empire, mais non à celuy que les
suffrages de quelques uns d’entre eux eslèvent à cette dignité. C’est par cette
voye que les Roys de France ont tousjours marché et les Empereurs ont
consenty que leur auctorité fust bornée; aussy leurs constitutions permettent
aux Princes tenants leurs Estatz en fief de contracter des alliances avec les
estrangers et d’en accepter la protection, d’où il résulte qu’ils ne sont pas
en une entière subjection. Pour conserver cet advantage, ils doibvent faire
part de l’assemblée, et je me persuade que leur intérest et vos raisons leur
feront suivre ce chemin.
Celuy dans lequel je suis entrée qui est celuy qu’on nomme royal, me porte
à ne rien faire qui peult donner de la jalousie à mes alliéz, et ma modestie
souvent me pourroit estre reprochée. Mais je préfère ce qui est solide à ce
qui peut estre dit, et néantomoins je ne puis me résoudre à esconduire ceux qui
me prient. Le Roy de Poulongne lequel est mon cousin germain et qui a espouzé
nostre commune cousine
Władisław IV. Sigismund von Polen war verheiratet mit Caecilia Renata, 1611–1644, einer
Tochter des Kaisers Ferdinand II. Ihr Bruder, Kaiser Ferdinand III., war in erster Ehe mit
Maria Anna, der Schwester der französischen Königin verheiratet. Die polnische Königin war
bereits am 24. März 1644 gestorben.
se voir père. Il désire que je lève au baptesme l’enfant que Dieu luy donnera et
m’en a faict rechercher. La parenté et le debvoir de Chrestienne me presse
d’accepter ce que l’on m’offre. Il y a de l’incivilité à le refuser, et toutes fois j’ay
différé de donner ma résolution sans avoir pénétré ce qui sera du sentiment de la
Reyne de Suède et des Régents auxquelz par l’entremise de leurs Plénipo-
tentiaires vous ferez sçavoir l’estat de cette affaire et que pour m’y convier,
ledit Roy non seulement m’a faict faire offre d’assistance, mais de défférer
à mes conseilz et d’estre résolu d’embrasser ceux de la paix avec la Couronne
de Suède et observer inviolablement les traittéz qui sont entre eux, qu’il
sçait que je dois préférer l’amitié de la Suède à la sienne et que le trop grande
puissance de la Maison d’Austriche doibt estre abbatue, qu’il cognoist bien
que sa Maison en sera la première opprimée et que le respect du sang ne les
touche ny ne les meult, que l’intérest de leur grandeur est leur seul Dieu
et qu’ilz y sacriffient toutes choses:|. Vous ferez entendre auxdict Pléni-
potentiaires ce que je vous escris, leur ferez remarquer les paroles qui sont
advancées et les circonstances de l’affaire, et vous vous garderés bien de leur
promettre que je ne feray rien que ce qui leur agréera, affin que je demeure
en ma liberté et leur ferez valloir la défférence dont j’use en leur endroit.
Et certes je donnerois les mains à ce dont je suis prié et me lairrois persuader
d’abord aux discours |:et aux lettres du Roy de Poulongne, n’estoit qu’il me
semble qu’il offre trop. Mais quand son ministre
In APW II A 1 S. 141 mit Anm. 2 wird der polnische Resident in Paris „Claudius Roncalius
… canonicus Varmiensis“ genannt. Nach einer in APW II C 2 S. 464 Anm. 1 zitierten
Archivauskunft aus Warschau handelt es sich um einen Domenico Roncalli. Bei G. Dethan ,
Mazarin et ses amis S. 89 wird ein Domenico Roncalli 1639 als päpstlicher Nuntius in Polen
erwähnt, dagegen taucht der Name Roncalli in den Nuntiaturlisten bei H. Biaudet nicht auf.
Domenico als Vorname des Residenten findet sich auch in Nég. secr. II, 1 S. 12.
donne du soubçon, il essaye de le lever en faisant cognoistre que la puissance
de la Maison d’Austriche est formidable à son maistre et qu’ilz y conçoivent
sur sa mort des espérances de se mettre dans le trosne de Polongne:|.
Je remets aussy à vostre prudence ayant examiné un advis que je vous ay
donné d’une proposition qui m’a esté faicte |:par un secrétaire italien
l’Eslecteur de Mayence
Anselm Kasimir Wambolt von Umstadt, 1583–1647, Kurfürst von Mainz seit 1629; über ihn
ADB I S. 79f.; NDB I Sp. 310f.
pensionnaires de cette Couronne, si je doibs prendre fiance en luy. Et il
sera de vostre prudence en cas que vous le jugiez utile, de chercher les voyes
de s’en faire asseurer, et ce que vous luy promettrez je le feray exécuter
punctuellement. Vous pourrez mesme vous prévaloir d’un voiage où il est
destiné d’aller faire à la Cour de l’Empereur d’où il promet de faire sçavoir
ce qu’il descouvrira de leurs desseins. Par lettres de Liège du dix neffiesme
de mars dudit secrétaire j’ay eu l’avis de la destination à cet employ, où vous
pourrez luy donner de voz nouvelles selon qu’il l’a désiré et où il les attendra.
Ensuitte par quelqu’un qui vous soit affidé soit de Francfort ou de quelque
autre ville voisine, vous pouvez faire traitter avec le neveu dudit Archeves-
que et vous ferez sçavoir aussy par voye secrette audit secrétaire qui se
nomme Angelo Antonio Ottaviani l’ordre que vous avez et celuy que vous
prenez luy escrivant à cet effect au Liège, donnant ordre bien précis à celuy
que vous chargerez de vostre lettre de la luy bailler en main propre, en tirer
la response ou la vous renvoier, pour ce qu’il seroit à craindre qu’il en fust
party s’y estant impatienté ou pour ne laisser descouvrir qu’il y fust allé
pour quelque dessein. Le mien est de proffiter de tout ce qui peut estre
utile à cette Couronne:| …