Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
270. d’Avaux und Servien an Brienne Münster 1644 Oktober 15
Münster 1644 Oktober 15
Ausfertigung: AE , CP All. 34 fol. 46–54’ = Druckvorlage; Eingang nach Dorsal fol. 55’: 1644
Oktober 26. Stichpunkte des d’Avaux-Kopisten vom 12. Oktober: AE , CP All. 24 fol. 401–
401’. Konzept: AE , CP All. 31 fol. 59–68 und 509–514. Kopien: AE , CP All. 38 fol. 175–
183, vermutlich Beilage zu nr. 271; AE , CP All. 24 fol. 445–457’. Druck: Nég. secr. II, 1
S. 147–151; Gärtner III S. 507–521, datiert auf 22. Oktober.
Postverkehr. Beschwerde bei den Mediatoren über die Verzögerung der Verhandlungen. Kritik an der
französischen Vollmacht. Genugtuung der Gegner über den Ausgang der Papstwahl. Innozenz X.
Gefahr der Abberufung Chigis. Pfälzische Restitutionsforderung. Beurteilung Contarinis. Gazette.
Brasset. Rückkehr Rortés als Resident nach Osnabrück. Marsch hessischer Truppen nach Ostfries-
land . Neutralität von Lüttich. PS: Bevorstehende Einigung über die Erneuerung der Vollmachten.
Vostre lettre du 24 du mois passé que nous avion[s] creu perdue nous a
esté rendue par le dernier ordinaire avec celle du premier de ce mois, toutes
deux en assez bon estat, ce qui faict espérer que noz parties ayans esté
esclaircies de ce qu’elles avoient envie de sçavoir et ayans apris par voz
lettres et les nostres que les prospéritéz des armes du Roy n’ont pas inter-
rompu les conseilz et les desseins de la paix, ilz seront peut estre de meilleure
foy à l’avenir pour laisser passer en seureté les courriers sans qu’il soit besoin
de prendre une autre voye pour escrire que celle qu’on a tenue jusques à
présent. Ilz ont encores plus d’intérest que nous de conserver ce commerce,
puisque s’ilz obligeoient Sa Majesté par plusieurs actions semblables à celle
qui a esté faitte en dernier lieu de refuser le passage par la France à ceux qui
apportent leurs lettres d’Espagne, ilz en recevroient plus d’incommodité
que nous et n’auroyent pas des moyens si promptz et si faciles pour y
remédier.
Depuis les escritz que nous avons donnéz de part et d’autre dont le dernier
ordinaire vous porta la coppie , il ne s’est pris icy aucune résolution. Cette
longueur estant importune et de mauvaise grâce, nous avons voulu en
descouvrir la cause, et ayans cogneu par toutes voz dépesches non seulement
que la Reyne désire l’avancement de cette négotiation, mais que Sa Majesté
veut bien que tout le monde cognoisse le désire qu’elle en a, nous n’avons
point faict de scrupules d’aller visiter les deux Médiateurs chacun d’eux
séparément pour nous plaindre de ce retardement et qu’après les facilitéz
que nous avons apportées à tout ce que noz parties pouvoyent désirer de
nous raisonnablement, ilz fassent paroistre de leur part si peu de disposition
à avancer les affaires. Ilz nous ont tesmoigné tous deux d’estre estonnéz de
ce procédé et que pour en sçavoir le sujet ilz avoyent résolu le jour mesme
que nous les avons visitez d’envoyer chez tous les Ambassadeurs. Ilz n’ont
pas peu s’empescher dans leurs discours de nous faire comprendre l’ appré-
hension qu’ilz ont qu’on n’ayt envoyé à Vienne les papiers qui ont esté
donnéz de part et d’autre pour en avoir la résolution avant que de passer
outre, |:à quoy ilz ont adj ousté:| que cette manière d’agir |:les faict persister
dans l’opinion qu’ilz ont eue aussy bien que nous:| dès le commencement
de noz conférences qu’il sera difficile d’avancer les affaires tandis que nous
ne verrons icy que |:les personnes qui y sont de la part de l’Empereur et
du Roy d’Espagne:|. Monsieur Contarini ne nous a pas celé qu’ayant faict
remonstrer par l’Ambassadeur de la République qui est à Vienne les lon-
gueurs extrêmes qui se rencontreroient à cette négotiation si l’Empereur ne
donnoit plus de pouvoir à ses commissaires et s’ilz estoient obligéz sur les
moindres choses d’envoyer demander ses intention[s] avant qu’y prendre
résolution, le Comte Transmandorf luy a respondu que c’estoient des formes
qu’on ne pouvoit changer et que l’Empereur ne pouvoit pas donner à ses
Plénipotentiaires la mesme authorité que les autres Roys et Princes donnent
aux leurs, parce qu’il ne doit rien faire sans l’avis des Electeurs. Si bien qu’on
ne se contente pas d’empescher que les Electeurs ne viennent ou envoyent
icy leurs députéz, mais on se sert de leur intérest pour jetter les affaires dans
une longueur qui ne sçauroit jamais avoir de fin si on ne se résout de traitter
d’une autre sorte.
Nous attendrons avec impatience les pièces qu’il vous plaist de nous faire
espérer. Il est bien vray comme vous remarquez très judicieusement que
l’ordonnance de Philippes le Long est plus forte que toutes les autres pour
obliger les sujetz du Roy et monstrer que dans le Royaume on ne peut
changer les formes qui ont esté jusques icy praticquées, mais l’exemple de
ce qui s’est faict en semblable cas ne sera pas moins propre à convaincre des
estrangers. Nous voyons qu’ilz s’arrestent encore sur ce point de la minorité
du Roy et qu’ilz y cherchent des précautions qui sentent plustost les juris-
consultes que l’homme d’Estat, dont nous ne sommes pas estonnéz puisque
Monsieur le Docteur Wolmar et Monsieur Brun sont les principaux con-
ducteurs de cette négotiation. Ilz ont eu l’audace d’alléguer à ce propos ce
qui fust faict soubz le règne du Roy François Premier, comme s’ilz voulloient
imputer à la mémoire de ce grand Prince un manquement de parolle. Mais
nous pouvons vous asseurer que ce point ne demeurera pas sans repartie et
que nous ne le faisons par escrit. Pour ne faire pas un procès de nostre
employ, nous le ferons si fortement de bouche en parlant aux Médiateurs
que lorsque noz parties sçauront la response que nous leur aurons faitte,
ilz apprendront que nous voulions de bon cœur reprendre les affaires de ce
temps là pour faire faire raison à la France des injustices et des violences qui
luy furent faittes à cause que le malheur des armes et la trop grande valleur
d’un Roy l’avoit mis entre leurs mains. Nous ne manquerons pas de leur
faire cognoistre que la nécessité qu’ilz imposoient malicieusement à ce grand
Prince de faire ratiffier par les Estatz de son Royaume un traitté qu’ilz luy
avoyent faict faire par force pendant sa prison, luy fournist un moyen très
légitime de n’exécuter pas ce qu’on avoit exigé de luy injustement, puisque
lesdits Estatz avec très grande raison n’y voulurent pas consentir . En tout
cas on leur fera voir qu’ilz allèguent mal à propos cet exemple, puisque nous
sommes bien esloignéz de la pensée de desmembrer des provinces et renoncer
à des antiens droits de la Couronne qui estoit le sujet pour lequel on désiroit
lors toutes ces formalitéz, sans lesquelles ilz recognoissoient eux mesmes
que cela ne se pouvoit faire.
Nous avions espéré que les lettres |:de Monsieur de Saint Chamond:| ne
nous ayans donné aucun avis |:par lequel nous ayons peu régler icy nostre
conduitte sur la nouvelle eslection du Pappe, les vostres nous prescriroient
ce que nous aurions à faire sur ce subject. Mais nous aprenons qu’on a jugé
l’affaire et avec très grande raison si inportante qu’on y a voulu faire
auparavant une meure délibération:|. Cependant les Espagnolz continuent
d’en faire partout des resjouissances publiques qui passent mesme au delà
de ce que la prudence devroit permettre en une semblable occasion. Mais ilz
ne font pas scrupule, pourveu qu’ilz contentent leur vanité en faisant croire
que c’est eux qui ont porté celuy cy au pontifficat, de sacrifier son honneur
et de persuader à tout le monde par leurs déportemens qu’il doit estre
ministre de toutes leurs passions. Ilz ont mesnagé secrètement qu’on chantast
dimanche dernier le Te Deum pour son eslection dans l’esglize cathédralle
de cette ville, où quoyque personne fust invité et que ny le Nunce ny l’ Am-
bassadeur de Venize ne s’y soient trouvéz non plus que nous, les commissai-
res impériaux et espagnolz se rendirent au milieu de la cérémonie, faisans
mesmes porter avec eux leurs sièges et les paremens du lieu où ilz se devoient
mettre, affin qu’on ne descouvrist pas leur dessein et de pouvoir par ce
moyen faire esclater à Rome qu’eux seulz y ont assisté. Nous croyons mesmes
qu’ilz n’ont pas eu moins d’intention |:de faire préjudice à Monsieur Chiggi
qu’à nous:| par cette surprise qui faict plus de préjudice à Sa Sainteté qu’elle
ne peut avancer leurs affaires. Chacun est en attente de ce qu’elle fera pour
cette négotiation, et tout le monde demeure d’accord que ce sera la pierre
de touche qui descouvrira son intérieur. On l’estime homme accort et
prudent. Si cela est, difficilement voudra-t-il en une occasion si importante
regardée de toute l’Europe où les qualitéz de Père commun et d’entremetteur
le doivent esgalement obliger d’estre neutre, faire une action qui le puisse
déclarer ouvertement partial. |:On sçait que les Espagnolz n’ont pas con-
fiance au Nunce qui est icy, parce qu’estant homme d’honneur et de très
grande vertu:|, ilz ne peuvent pas se promettre |:qu’il adhère à toutes leurs
injustes prétentions. Ces mesmes qualitéz:| nous doivent bien faire espérer
|:de l’avoir favorable aux choses raisonnables, mais non pas d’en pouvoir
disposer aux occasions où sa conscience et sa réputation s’opposeroient à
nostre désir, puisqu’il est establi du gré de tous les intéresséz:|. Il sera bien
plus facile et nous aurons beaucoup plus de droit |:d’empescher qu’on ne
le change que nous n’aurons moyen de nous asseurer de ceux qui pourroient
estre envoyéz en sa place ni de donner l’exclusion à tous ceux contre lesqulez
on pourroit avoir quelque légitime soupçon, puisqu’estant créatures de ce
Pappe, il croiroit de bien faire leur cour et establir leur fortune en suivant
ses inclinations:|. Nous ne vous cèlerons point que nous sommes entréz
en appréhension quand nous avons veu |:dans vostre lettre que l’on son-
geoit à ceux qui pourroient estre destinéz pour succédder à Monsieur Chiggi,
comme si on estoit résolu de passer désjà condemnation pour le laisser
oster:|. Il nous semble que l’on peut faire |:une puissante batterie pour le
maintenir et qu’on y sera très bien fondé sans toutesfois faire paroistre aucune
affection particulière pour luy, mais seullement pour empescher que noz
parties ne soient pas les maistres dans un choix où tous les intéresséz ont
droict de dire leur advis aussy bien qu’eux. S’il ne s’agissoit que de changer
le Nunce de France, le Pappe en pourroit user selon sa volonté et néant-
moings :| il seroit obligé par bienséance d’y apporter quelque circonspection.
|:Mais il ne sauroit retirer celluy qui est icy ny luy donner un successeur
sans le consentement du Roy qu’il ne face une injustice manifeste:|, puis-
qu ’en toutes sortes d’occasions |:quand les juges ou les Médiateurs:| n’ont
autre authorité que celle que leur donne le consentement des parties, |:on
ne peut jamais leur en donner qui ne leur soient agréables:|.
Il y a apparence que si |:nous y résistons fortement, que le Pappe n’osera
pas l’entreprendre pour ne se rendre pas si visiblement suspect par une
action qui nous:| fourniroit un sujet légitime non seulement |:de n’avoir
aucune comunication avec celluy qui seroit envoyé de sa part, mais de passer
mesme jusques à refuser sa médiation, la forme de son eslection:| feroit sans
doute envers tout le monde que |:nous ne serions pas tant blaméz de
l’exclusion que nous luy donnerions qu’il le seroit de n’avoir pas sceu esviter
les nouveaux subjects qui nous y pourroient obliger, si bien que quand le
Pappe n’auroit autre but que de favoriser les Espagnolz, il se priveroit des
moiens de leur procurer la paix qui leur est encore plus nécessaire qu’à nous
et perdroit la gloire:| de restablir le repos de la Chrestienté à laquelle on
croid |:qu’il doit aspirer par dessus toutes choses:|. Vous devez estre
asseuré que vous ne sçauriez jamais |:avoir icy un plus homme d’honneur
et plus intelligent que Monsieur Chiggi ni mieux disposé pour la France
aux choses raisonnables:|. C’est pourquoy non seulement par nostre avis |:il
faut faire tous les effortz possibles pour empescher qu’on ne le change:|,
mais il faut éviter si l’on peut que les résolutions qui seront prises quoy-
qu ’avec intention en apparence |:de le laisser icy ne l’obligent pas en effect
de se retirer. Car il nous a déclaré assez naïfvement que si l’on envoie un
Légat, il pourra bien estre tel qu’il servira de bon cœur sous luy si on le luy
ordonne:|, mais qu’on pourroit aussy |:jetter les yeux sur quelques Cardi-
naux qui ne luy laissans pas la liberté d’agir selon sa conscience luy feroient
prendre résolution de s’en aller plustost en son évesché que de demeurer
auprès d’eux. Sa discrétion ne luy a pas permis de s’expliquer plus ouverte-
ment , mais il n’a pas esté mal aisé de comprendre qu’il a entendu si on
envoyoit quelqu’un de la faction contraire et auquel on eust donné des ordres
secrets en venant icy:|. Il y en a qui croyent que si l’on profite bien des
appréhensions que peut avoir |:le Pape des déclarations ouvertes et publi-
ques qu’on pourroit faire en France contre luy et que l’on tienne:| quelque
temp[s] en suspens les résolutions qu’on doit prendre sur ce sujet jusqu’à
ce qu’on ayt mesnagé avec luy les précautions et les seuretéz qu’on doit
chercher |:pour l’intérest de la France dans sa conduitte, on exigera peut
estre des choses de luy par la crainte qu’on auroit peine d’obtenir par affec-
tion :|. Il semble que l’une des plus importantes |:est la confirmation de
Monsieur le Nunce Chiggi dans son employ:|, laquelle non seulement on a
droit de demander, mais il y a apparence que dans les conditions |:secrèttes
de l’acomodement avec le Pape on peut mesnager que pour l’aucthoriser
davantage on luy envoye le chappeau:|, au moins s’il est vray ce que l’on
dit |:que le Pappe tesmoigne beaucoup d’envie d’acquérir l’affection de la
Reyne:| et qu’il s’y porte aussy sincèrement qu’il est nécessaire pour son
repos et son honneur de faire cette acquisition. |:Monsieur Contarini est
tellement entré dans ce sentiment qu’il a dit audict Sieur Nunce avec sa
liberté naturelle que c’estoit son bonheur que l’on creust le Pape du parti
des Espagnolz:|, parce qu’il seroit obligé pour |:lever ce soupçon non
seulement de le maintenir mais de le faire Cardinal, afin d’acquérir quelque
crédit envers la France ou du moins de faire action d’indifférend et de Père
commun dans une occasion si inportante. Ledit Sieur Contarini a mesme
adjousté à:| ce discours qu’il nous a redit luy mesme, |:que si le Pape estoit
prudent:| comme il y avoit sujet de le croire, |:il n’auroit pas l’asseurance
de penser à faire icy aucun changement:|.
Vostre pensée |:sur la demande de Monsieur le Prince Palatin:| nous semble
accompagnée de beaucoup de prudence. Comme il importe de restablir les
Princes qui ont esté despouilléz pour justiffier les desseins des armes du Roy
en Allemagne suivant les protestations publiques que nous avons faittes,
|:la démonstration de le voulloir faire:| et les promesses qu’on y pourra
adjouster seront suffisantes pendant quelque temps et produiront l’effet que
nous souhaittons. Mais si on alloit si viste |:à la restitution du Palatinat:|
sans prendre auparavant les précautions nécessaires |:dudict Prince, il pour-
roit croire qu’on luy auroit payé une debte au lieu de luy faire une grâce,
et peut estre dans quelque temps n’en auroit pas tous les sentimens de gra-
ditude et d’obligation qu’on en doit attendre. Nous avons apris |:que le
feu Roy de Suède se repentit d’avoir rendu si promptement le mesme Estat
au père de celluy cy:| qui eut bien la discrétion fort peu de jours après de
former des contestations avec son bienfaicteur sur les logemens et contri-
butions dont il vouloit exempter le pays qu’on venoit de luy rendre
semble que cette restitution ne fut faitte que moyennant une somme d’argent,
et que par le traitté ledit Roy ne voulut pas consentir |:que le Palatin prist
la qualité de Souverain du pais:|. Nous ne voudrions pas proposer d’imiter
ledit Roy en la première de ces conditions, puisqu’aussy bien les Princes de
cette Maison ne se trouvent en estat de la pouvoir effectuer quand ilz
auroient promis, |:mais peut estre ne jugerez vous pas hors de propos de
faire réflection sur la seconde:|, affin que si ledit Prince rentre dans ses Estatz
par les biensfaictz du Roy, il les reçoive des mains de Sa Majesté comme un
pays conquis sur ses ennemis et qui par conséquent luy appartient mainte-
nant par le droit des armes. Le peu de temps que nous avons |:fréquenté
l’aisné de cette Maison :| nous a faict juger |:que c’est un Prince qui a de
grandes prétentions, mais nous ne sçavons pas si dans son cœur il a toute
l’affection qu’on pourroit désirer pour la France et:| s’il n’a point plus de
souvenir de l’offence qu’il croid |:d’y avoir receue par sa prison
Der Pfälzer war 1639 ohne Erlaubnis durch Frankreich gereist, um mit den Weimarer Truppen
Kontakt aufzunehmen, deren Führung er anstrebte. Im Oktober 1639 wurde er in Moulins verhaftet
und bis September 1640 gefangen gehalten; vgl. K. Hauck , Karl Ludwig, Kurfürst von der Pfalz
S. 41–48 und C. J. Burckhardt , Richelieu III S. 307f.
celle qu’il vouloit faire au feu Roy passant dans son Royaume sans sa per-
mission pour aller prendre:| le comman dement d’une des armée[s] |:de
Sa Majesté contre son gré. Ce voyage avec celluy qu’il a faict en Angleterre
en dernier lieu et quelques autres de ses actions:| monstrent assez clairement
qu’ayant plus d’ambition que de conduitte il aspire bien à toutes les grandes
choses, mais qu’il n’a ny le jugement de choisir ny le génie d’exécuter les
moyens nécessaires pour y parvenir et qu’il ne considère pas assez l’injustice
de ses entreprises. Il semble donc |:qu’on luy peut promettre de luy rendre
le Palatinat:| lorsqu’il sera en estat de le conserver. Cependant la justice y
pourra bien estre exercée par les officiers des trouppes du Roy, et on aura
loisir de songer aux conditions qu’on sera obligé d’exiger de luy lorsqu’on
aura résolu de luy faire une si importante restitution.
Nous taschons autant qu’il nous est possible |:de conserver la confiance de
Monsieur Contarini. Jusques icy nous l’avons trouvé très bien disposé en
toutes occasions, s’estant mesme:| quelquesfois, comme nous vous avons
cy devant marqué, |:emporté assés librement contre noz parties lorsqu’ilz:|
ont faict des difficultéz desraisonnables. Mais comme ce n’a encores esté
qu’en des choses qui n’avoient pour but que l’avancement de la négotiation,
nous ne pouvons pas nous asseurer si quand il faudra entrer en matière et
décider les points importans, |:les ordres de ses supérieurs ou son inclina-
tion propre luy permettront de pencher plustost de nostre costé que du leur.
Nous avons:| mesme quelque sorte d’appréhension contraire et avons desjà
remarqué que |:sur une visitte que les Portugais et Catalans qui sont icy
ont voulu rendre à Monsieur le Nunce et à luy en qualité seulement de per-
sonnes privées:|, quoyque ledit Sieur Nunce eust donné parolle de les
recevoir, |:ledit Sieur Contarini l’a faict changer d’avis et a soustenu hardi-
ment qu’il ne leur falloit point donner audience:|, en quoy certes il nous a
semblé qu’il a un peu plus considéré les Espagnolz que la raison .
La mort de l’Ambassadeur qui alloit à Constantinople de la part de l’ Empe-
reur faict voir aussy bien que la peste qui est survenue à Vienne depuis
peu que Dieu n’a pas agréable qu’au lieu de faire la paix entre les Princes
chrestiens on recherche les infidèlles par des sousmissions honteuses. Il seroit
plus pardonnable à Renaudot d’avoir faict un raisonnement là dessus que
d’escrire comme il a faict par sa Gazette du premier de ce mois que l’Empire
va retourner à ses premiers maistres. Cette prétention est si directement
contraire aux protestations que nous avons charge de faire icy de la part du
Roy, que Sa Majesté ne veut point conquérir l’Allemagne mais seulement
y restablir toutes choses en leur premier estat, qu’il semble qu’on ne luy doit
pas permettre de faire de semblables discours dont les ennemis ne manquent
pas de se servir pour persuader aux Allemans qu’au lieu d’avoir intention
de les secourir comme nous en faisons le semblant, nostre dessein est en
effet de les subjuguer si nous le pouvons faire.
Nostre dernière lettre vous aura peu faire voir comme avant qu’avoir veu
ce qu’il vous a pleu nous escrire sur le sujet du Sieur Brasset nous en avions
desjà convenu ensemble et luy avions escrit de nostre costé pour luy offrir
la charge de secrétaire de cet [te] Ambassade. Nous attendons sa response et
ne manquerons pas de vous faire sçavoir la résolution qu’il prendra.
Quant à Monsieur de Rorté, nous croyons qu’il s’acquittera fort bien de son
employ, encores comme vous remarquez très prudemment qu’il soit devenu
très important si les Impériaux et les Suédois continuent de traitter ensemble
sans Médiateur. Quant on auroit la pensée d’y apporter quelque changement,
il s’y rencontreroit divers inconvéniens, tant parce qu’il a esté convenu par
le dernier traitté d’alliance qu’il n’y auroit là qu’un Résident, qu’à cause que
les Ambassadeurs de Suède ont tousjours esvité de traitter en un lieu où il
y eust un Ambassadeur de France pour n’estre pas obligéz de luy céder aux
cérémonies comme la raison le voudroit, ce qu’il seroit malaisé d’esviter
quand il arriveroit de nouveaux Ambassadeurs, soit pour la préséance des
carrosses qu’on envoye à leur rencontre, soit pour la première visite qu’ilz
seroient obligez de rendre à celuy de France après leur arrivée.
Il nous fasche extrêmement de voir tant de longueurs en l’accommodement
des affaires d’Ostfrise, mais nous avons bien esté plus surpris lorsque nous
avons sceu que les troupes de Madame la Landgrave qui s’estoient avancées
vers le Mein ont eu ordre de rebrousser et d’aller trouver Monsieur le Comte
d’Eberstein en Ostfrise. Nous en avons faict de grandes plaintes à Madicte
Dame et n’avons obmis aucune sorte de diligence pour empescher cette
contremarche affin que ce malheureux différend qui occupe ses forces estant
terminé, elle les envoye toutes au secours de l’armée de Sa Majesté.
Nous ne doutons point que les Liégeois n’ayent faict à l’Empereur la res-
ponse qu’on vous a faict sçavoir. Il leur est trop avantageux de ne rien payer
pour ne chercher pas tous les prétextes qui les en peuvent exempter. Mais
comme le plus spécieux et le plus valable de tous est leur neutralité, nous
avons quelque moyen de leur faire achepter ce privilège qui les affranchit
des contributions que payent tous les autres vassaux de l’Empire et dont
ilz ne pourroyent pas jouir si la France refusoit de leur continuer la neutralité.
C’est pourquoy ilz doivent estre plus soigneux qu’ilz n’ont esté jusques icy
d’acquérir les bonnes grâces de Sa Majesté; car tandis qu’ilz s’obstineront à
tenir hors de leur ville tous ceux qui ont paru autrefois affectionnéz à son
service
Vgl. [ S. 180 Anm. 2. ]
a tant faict d’esclat et les ennemis ont tiré tant d’avantage de ce qu’à nostre
passage leurs adhérens empeschèrent qu’on n’y prist quelque tempéremment
pour la satisfaction de Sa Majesté
toutes les occasions qui s’offriront pour faire cognoistre aux Liégeois ce
qu’ilz doivent faire. A la vérité, s’ilz avoyent pris sur ce sujet la résolution
que Sa Majesté désire, il ne seroit pas malaisé de les accorder avec Madame
la Landgrave et tous les autres offices qu’on leur pourroit faire ne seroient
mal employéz, mais avant cela nous doutons si la dignité du Roy peut per-
mettre qu’on demeure sans ressentiment contre eux ou du moins qu’on ne
leur en fasse tousjours craindre quelque effet pour l’avenir.
PS: Depuis nostre lettre escritte, Messieurs les Médiateurs nous sont venus
voir pour nous dire que les commissaires impériaux et espagnolz se sont
enfin disposéz de convenir de la forme des plainpouvoirs que chacun devra
faire venir. Nous n’avons pas peu encores apprendre s’ilz s’estoient entière-
ment départis de la difficulté qu’ilz faisoient sur la souscription du Roy et
s’ilz ont peu estre bien convaincus des raisons que nous leur avons alléguées
pour leur faire comprendre que c’estoit l’antienne forme du Royaume qu’on
ne pourroit pas changer. Nous avons convenu de communiquer après demain
les minutes des nouveaux pouvoirs qui devront estre expédiéz. Si elles se
trouvent comme on a intérest de les désirer de part et d’autre, nous vous
en donnerons avis par le prochain ordinaire.