Person

Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
189. Memorandum Serviens für Lionne Münster 1646 März 24

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[159] / 189/ [204]

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Memorandum Serviens für Lionne


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Münster 1646 März 24

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Konzept, z. T. eigenhändig: AE , CP All. 75 fol. 458–466 = Druckvorlage; überbracht nach
28
Dorsal fol. 466’ durch La Serrerie

38
Kurier.
.

29
Interesse Spaniens an der Rückgewinnung Kataloniens und des Elsaß. Ankündigung einer kaiser-
30
lichen Proposition durch die Bayern. Angebliche Bereitschaft der Spanier, die Franche-Comté
31
und das Artois gegen das Elsaß und Katalonien zu bieten. Notlage der Spanier. Aussicht auf
32
günstige Friedensbedingungen bei Einigkeit in Paris und Münster und Standhaftigkeit der Ver-
33
bündeten. Feldzug der Generalstaaten fraglich. Uneinigkeit bei Hof. Versuche d’Avaux’ und der

[p. 649] [scan. 731]


1
Mediatoren, Longueville gegen Servien einzunehmen. Gute Absichten Longuevilles. Saint-Ibard
2
in Münster. Vorgänge in Den Haag anläßlich der Mission d’Estrades’. Warnung vor allzu gro-
3
ßem Vertrauen in den Prinzen von Oranien. Voraussichtliche Wirkung der Tauschgerüchte in
4
Katalonien. Berufung der Gegner auf mangelnden Rückhalt der Gesandten bei Hofe und auf
5
frühere Verträge. Truppenunterhalt.

6
Les Espagnolz considèrent la Catalogne estant entre les mains du Roy (prin-
7
cipalement sy l’on avoit repris les places qu’ilz y tiennent encor) comme un
8
moyen très facile d’inquiéter et ruyner l’Espagne toutes les fois qu’il plaira à
9
Sa Majesté de l’entreprendre, et l’Alsace comme un degré pour faire monter
10
un jour nos roys à l’Empire; c’est pourquoy ilz n’ont pas moins de passion et
11
ne font pas moins d’effortz pour ravoir l’une de ces provinces que l’aultre.

12
Les ambassadeurs de Bavières m’ayant rendu la visite que je leur avois faict
13
quelques jours auparavant, dont nous avons rendu compte par nostre lettre
14
commune du 17

41
Nr. 174.
, m’ont confirmé clairement ce que je n’avois descouvert que
15
par conjecture en la précédente conférence, que les Impériaux nous doibvent
16
faire faire une proposition au premier jour qui comprendra les deux satisfac-
17
tions que le Roy prétend dans l’Empire, de l’Empereur et du roy catholique.
18
Ilz me dirent de plus que leur maistre avoit envoyé depuis peu à Vienne un de
19
ses principaux ministres pour faire envoyer des ordres plus pressans à Traut-
20
mandorff de traicter avec nous de la satisfaction du Roy, que l’Empereur
21
avoit promis de le faire, et qu’eux ayant veu depuis peu ledict Trautmandorff
22
pour l’en soliciter par ordre de leur maistre, il leur avoit promis que les mé-
23
diateurs auroient charge au premier jour de nous parler sur ce poinct et d’en-
24
trer tout de bon en matière.

25
Je compris encor à leur discours qu’on avoit envie de nous offrir la Franche-
26
Comté pour nous faire quitter l’Alsace et j’ay apris de quelques-uns qui fré-
27
quentent les Espagnolz que c’est un bruict respandu parmy eux et qu’ilz sont
28
résoluz de nous faire des offres considérables pour avoir promptement la
29
paix. Sy ceux qui m’en ont donné l’avis sont bien avertiz, ilz ont intention de
30
nous donner aussy l’Artois pour ravoir la Cathalogne. Les Bavarois finirent
31
leurs discours en me disant que sy on ne nous offroit pas d’abord la satisfac-
32
tion que nous pouvions prétendre, il ne faloit pas s’effarouscher, les choses ne
33
se pouvant faire tout d’un coup.

34
Les ambassadeurs de Messieurs les Estatz nous ont en mesme temps commu-
35
niqué des lettres qui ont esté interceptées venans d’Espagne, escriptes par don
36
Louis de Haro

42
Luis Méndez de Haro (1598–1661), seit 1644 als Nachfolger Olivares’ Erster Minister des
43
span. Kg.s ( DHE II S. 332f.).
, qui font veoir la grande extrémité où sont réduictes les affai-
37
res du roy catholique. Il y a en l’une des lettres ces motz: «La seule planche
38
pour nous sauver est de presser fortement les traictez de paix», et en l’autre
39
ceux-cy: «Nous n’avons point de vaisseau ny d’esquif propre pour nous sau-
40
ver que de presser vertement les traictez de paix.» Il promet l’envoy de quel-

[p. 650] [scan. 732]


1
ques soldatz de Sardaigne moyennant quoy il demande qu’on envoye en Es-
2
pagne des Walons.

3
Tout cela faict veoir clairement que sy nous demeurons fermes et uniz à la
4
cour et icy, et si nos alliez tiennent bon et font leur debvoir, nous pouvons
5
nous promettre telles conditions que nous sçaurions désirer pour l’avantage
6
du royaume. Mais certes il fault que je die avec une sensible douleur que
7
je crains esgallement deux choses; l’une, que l’on n’ayt beaucoup de peine
8
d’obliger Messieurs les Estatz de mettre cette année en campagne, quoyque
9
leurs députez nous ayent asseurez que les ordres ont desjà esté envoyez par
10
leur conseil d’Estat pour y préparer les choses, mais la confusion est encor sy
11
grande parmy eux que je ne sçay sy l’authorité de monsieur le prince d’Oran-
12
ge duquel ilz se meffient extrêmement sera assez grande pour les ramener
13
dans le bon chemin. Ilz disent ouvertement parmy eux que ce seroit agir
14
contre eux-mesmes de faire des effortz cette année qui ne serviroient qu’à
15
nous faire plustost obtenir nostre compte, à quoy ilz ne veulent pas contri-
16
buer, au contraire ilz tesmoignent aujourd’huy de le craindre beaucoup plus
17
que de le désirer.

18
La seconde, que quelques mauvais espritz ne travaillent à mettre de la divi-
19
sion dans la cour aussy bien qu’icy parmy nous. Pour la cour, Son Eminence
20
en est mieux informé que moy, qu’on fait grand bruit 〈partout〉 je ne sçay à
21
quelle intention que Monsieur le Prince 〈veut〉 la paix, qu’il parle pour l’im-
22
puissance du peuple. Les gazettes de Coloigne sont remplies de ces discours.
23
Il dit à Coefier que Son Eminence l’avoit prié de nous escrire et qu’il l’avoit
24
fait. Si d’autres l’ont sceu comme je n’en doute pas, jugez quel effet produi-
25
sent de semblables lettres. Avec cela monsieur de Longueville parloit il y a
26
quelque temps d’estre icy quatre ou cinc ans si on vouloit. A présent il dit
27
qu’il n’y sera plus que l’hyver prochain après lequel si on ne fait rien il se veut
28
retirer. Son opinion estoit cy-devant qu’il n’arriveroit point de brouillerie
29
dans [le] royaume, il n’en parle plus maintenant avec la mesme certitude,
30
néantmoins lorsque [je] luy ay demandé s’il prévoyoit quelque orage, il m’a
31
répondu que non, plustost en s’eschapant qu’en m’asseurant. Pour ce qui se
32
passe de deçà, Promontorio vient de m’avertir en grand secret, et a protesté
33
que c’est pour satisfaire au service qu’il a voué à Son Eminence, que Contarini
34
luy a dict avec beaucoup de joye qu’il commençoit d’y avoir de la mésintelli-
35
gence entre nous; que le duc de Longueville avoit impatience de conclurre ce
36
traicté pour s’en retourner et que quelque semblant qu’il me fist, il estoit fort
37
picqué contre moy, parce que je tenois ferme et que je m’opposois à la facilité
38
qu’il vouldroit apporter; qu’il avoit esté offencé de ce que j’avois escript en
39
particulier à Son Eminence mon sentiment sur l’offre des Espagnolz

42
S. nr. 135.
; qu’il
40
avoit escript à Monsieur le Prince d’en faire plainte, et que ledict Sieur Prince
41
avoit protesté à la cour contre la résolution qui nous avoit esté envoyée; qu’en

[p. 651] [scan. 733]


1
un mot le duc de Longueville estoit résolu de conduire les affaires d’une autre
2
façon et de s’en rendre maistre à l’avenir ne voulant plus se laisser mener par
3
le nez.

4
Encor qu’il y ayt beaucoup de choses faulces dans le discours de Contarini, il
5
y a adjousté des circonstances qui me font appréhender qu’il n’y en ayt une
6
partie de véritables, ayant spéciffié le nombre de feuilletz que je vous envoyé
7
par Coiffier, et plusieurs poinctz qui y estoient contenuz. Dieu sçait sy j’ay eu
8
intention en cela de desplaire à monsieur de Longueville: N’ayant pas peu
9
obtenir que nous envoyassions nostre advis en commun comme je le croyois
10
nécessaire, à cause de la résistance que monsieur d’Avaux y apporta auquel
11
monsieur de Longueville se joignit, je fis résouldre que chacun envoyeroit le
12
sien en particulier, à quoy monsieur d’Avaux m’a dict depuis qu’il a satisfaict
13
de son costé

41
S. nr. 134.
. Comme je n’ay pas eu la moindre pensée sur les affaires depuis
14
que monsieur de Longueville est icy que je ne luy aye communicquée, et que
15
je n’ay pas perdu une occasion, ny dans les conseilz, ny dans les visites, ny
16
dans les promenoirs de l’instruire de tout ce que j’ay peu apprendre des inté-
17
restz de l’Estat sur la négotiation que nous avons en main, par une longue
18
estude de tous les traictez et conférences qui ont esté faictes autresfois en
19
semblables occasions, et que selon toute raison j’en devois plustost espérer de
20
la recognoissance que de la jalousie, j’ay esté extrêmement surpris de veoir
21
ariver un effect sy contraire à mon attente. Monsieur de Tracy passant icy
22
〈me〉 dit en confidence (et je ne le marquerois pas s’il ne servoit à la justifi-
23
cation de ma conduite) qu’il avoit treuvé monsieur de Longueville fort changé
24
et beaucoup plus solide et résolu dans les affaires que d’ordinaire dont il
25
croyoit me devoir faire un remerciement pour luy.

26
Aussytost après le départ de Coiffier je fus treuver monsieur de Longueville et
27
après luy avoir demandé s’il n’avoit point envoyé ses sentimens suivant la
28
résolution que nous avions prise ensemble, comme il me respondit qu’il n’en
29
avoit escript que fort succinctement

42
S. nr. 133.
, je luy représentay l’appréhention que
30
j’avois qu’on treuvast mauvais à la cour que nous fussions demeurez dans
31
cette retenue; mais je ne sçay par quelle mauvaise raison monsieur d’Avaux
32
avoit préocupé son esprit sur ce subjet, je le treuvé encor fort obstiné à croire
33
et à soustenir le contraire de ce que je luy disois, ce qu’il n’avoit point faict de
34
la sorte en toutes les occasions précédentes où il avoit tousjours assez obli-
35
geamment déféré à mes foibles sentimens. Je luy dis ensuite que je m’en estois
36
entretenu assez amplement avec vous affin que par rencontre vous pussiez en
37
discourir avec Son Eminence en cas que cela vînt à propos, et sur ce qu’il fit
38
cognoistre quelque désir de veoir ce que j’en avois mandé, je luy en donnay
39
une coppie

43
= Druckvorlage von nr. 135.
qu’il retint et garda huict ou dix jours. J’y changeay seulement
40
quelques mots au dernier article. J’ay quelque oppinion et non sans fonde-

[p. 652] [scan. 734]


1
ment qu’il l’a faict veoir à monsieur d’Avaux et que celuy-cy après avoir irrité
2
l’esprit de monsieur de Longueville en a donné cognoissance aux médiateurs
3
pour leur faire croire que ledict sieur duc a mescontentement et meffiance de
4
moy, que c’est luy seul d’Avaux qui a son secret et le gouverne, que par
5
conséquent c’est à luy comme au maistre de la négotiation qu’il se fault ad-
6
dresser. Je crains bien mesme qu’il ne les ayt excités à fomenter cette division
7
comm’il a fait autrefois auprès d’eux et auprès des Suédois.

8
Depuis que Promontorio m’a eu donné cet advis j’ay faict refflection sur trois
9
ou quatre discours que nous ont faict les médiateurs dans les deux dernières
10
conférences qui ne pouvoient avoir pour but que d’irriter monsieur le duc de
11
Longueville. Quand nous leur fismes lecture de cette belle lettre de la Reyne
12
qu’en vérité sans flatterie j’ay treuvé digne d’admiration, Contarini dist plu-
13
sieurs fois en picotant et sousriant: «Voylà qui est élégant, ce sont les mesmes
14
choses qu’on nous a dictes par deçà avant le départ du courrier, peult-estre
15
qu’on en a envoyé le subjet d’icy», et regardoit alors en face monsieur le duc
16
de Longueville. Une autre fois le nonce dist assez malicieusement: «Monsieur
17
le duc nous donne de bonnes espérances, mais monsieur Servien nous les oste
18
et nous ne sçavons à qui des deux il fault croire.» Je me souviens bien que cela
19
surprit un peu monsieur de Longueville et qu’il demeura quelque temps sans
20
parler. Je pris la parolle et respondis qu’il ne nous avoit encor jamais veuz de
21
différens avis; que sy ledict sieur duc avoit dict que pourveu qu’on traictast
22
avec nous on nous treuveroit faciles, et sy voyant que les médiateurs vouloient
23
fonder sur ce discours une espérance que nous ferions de grandes restitutions
24
aux Espagnolz, j’avois adjousté que ledict sieur duc entendoit qu’on nous
25
treuveroit faciles aux choses raisonnables, mais non pas à restituer quelque
26
chose pour rien, et que pour traicter solidement avec nous il falloit considérer
27
tout ce que le Roy possédoit aujourd’huy comme luy appartenant légitime-
28
ment et non pas comme apartenant au roy d’Espagne, j’avois cru et croyois
29
encor que c’ettoit l’intention dudict sieur duc; j’avois adjousté cet esclaircisse-
30
ment parce que lesdicts sieurs médiateurs en semblables rencontres avoient
31
voulu tourner cy-devant les moindres parolles contre nous, sur quoy il ne fut
32
rien réplicqué de part ny d’aultre.

33
Je ne vous cèleray point que monsieur de Longueville parlant beaucoup dans
34
les conférences avance quelquesfois sans y penser des choses qui nous sont
35
nuisibles et qui donnent des espérances plus propres à reculer les affaires qu’à
36
les avancer, principalement ayant affaire à des médiateurs qui ne nous sont
37
point favorables, à qui nous ne nous sommes jamais relaschez d’aulcune chose
38
qu’ilz ne l’ayent relevé à l’instant aux parties sans en tirer aulcun fruict, ny
39
pour eux, ny pour nous, ny pour l’avancement du traicté, et qui certainement
40
n’ont pu jusqu’icy faire ouvrir les Espagnolz de la moindre de leurs inten-
41
tions, ce que l’un desdicts médiateurs en particulier nous a confessé en nous
42
en faisant plainte. Cela m’a obligé souvent de redresser le discours le mieux
43
que j’ay peu, et de réparer sans le contredire ouvertement ce qui nous pouvoit
44
nuire.

[p. 653] [scan. 735]


1
Quoyque monsieur d’Avaux l’ayt remarqué aussy bien que moy, qu’il m’en
2
ayt quelquesfois faict plainte, et qu’il m’ayt tesmoigné d’estre bien aise que je
3
raccommodasse les affaires quand il ne le faisoit pas, je ne doubte point qu’a-
4
vec sa franchise ordinaire il n’ayt esté le premier à faire treuver mauvais à
5
monsieur de Longueville quand je l’ay faict, quoyque je n’aye jamais manqué
6
au très humble respect que je luy dois. Dieu sçait sy j’ay jamais eu autre but
7
en cela que le bien de l’Estat et le service du Roy. Il me semble, et monsieur
8
de Longueville en est souvent demeuré d’accord avec moy, que les affaires
9
dont nous sommes chargez sont de telle importance qu’on n’y peult pas tous-
10
jours demeurer dans la complaisance et qu’elle passeroit quelquesfois pour
11
une prévarication. Sy une de nos parolles est capable de faire perdre au Roy
12
une place ou une province, il est bien juste que nous parlions avec une grande
13
circonspection, en nous aydant et redressant l’un l’autre sans le treuver mau-
14
vais, et je ne voy pas comme nous pouvons réduire nos parties à proposer ou
15
consentir l’eschange si avantageux et si désirable des Pays-Bas, si nous leur
16
donnons espérance par nos discours de ravoir par la paix sans qu’il leur en
17
couste rien une partie de ce que nous avons conquis sur eux. J’ay tousjours
18
estimé que pour parvenir à l’eschange il leur falloit entièrement oster cette
19
espérance au moins pour quelque temps.

20
J’ay parlé de tout cecy à monsieur de Longueville, luy ay dit l’opinion qu’a-
21
voient quelques ministres estrangers qu’il estoit mal satisfait de moy et luy ay
22
fait remarquer le praejudice que les affaires pouvoient recevoir si ceux qui ont
23
à traiter avec nous s’imaginent qu’il y a diversité d’advis entre nous et qu’ils
24
peuvent par ce moyen nous mettre en division. Il est demeuré d’accord de
25
toutes les maximes que je luy ay proposées et m’a témoigné grande satisfac-
26
tion de ma conduite envers luy, mais il m’a désavoué d’en avoir fait plainte, ce
27
qui m’a plus mis en peyne que s’il m’eust fait quelque reproche avec fran-
28
chise, car il est certain qu’il a parlé au nunce ou à Contarini de ce que Pro-
29
montorio m’a donné advis.

30
Avec tout cela ou je suis trompé ou ce prince a de très bonnes intentions. Il
31
est amy de Son Eminence, il prend un soin particulier de m’en asseurer. Il est
32
vray qu’il est fort dissimulé de son naturel, mais je croy qu’en cela il ne me
33
trompe pas. J’avois remarqué pendant quelque temps des nuages dans son
34
esprit qui ne me permettoient pas d’y voir bien clair. Mais il paroist beaucoup
35
plus serain depuis la nouvelle de l’eschange de Charleville avec le duché de
36
Bourbonois dont il m’a dit que monsieur d’Anguien a tout subjet d’estre
37
content . Il parloit avant cela plus douteusement de brouilleries qui peuvent
38
arriver dans la cour et plus souvent de son retour en France après cest hyver.
39
Maintenant je le treuve tout 〈revenu〉 et peut-estre mesme le changement
40
que j’ay creu n’a procédé que de mon apréhension. Bitte um vertrauliche
41
Behandlung dieser Informationen. Die Zusammenarbeit mit Longueville wäre

[p. 654] [scan. 736]


1
ein Vergnügen ohne d’Avaux, der ihn aus unbefriedigtem Ehrgeiz häufig aufhetzt.
2
Peut-estre que si Son Eminence sçavoit ce qu’il faut dissimuler et faire pour
3
tenir toutes choses en bon estat ell’auroit quelque satisfaction de son servi-
4
teur.

5
Saint-Tibal

38
Henri d’Ecars de Saint-Bonnet, seigneur de Saint-Ibard (oder: Saint-Ibal lt. Batiffol S. 230);
39
er hatte zum Kreis der Gegner Richelieus gehört ( Dethan, Orléans, passim) und war ein
40
Vertrauter der Madame de Chevreuse (s. [nr. 204 Anm. 1] ) und des Pz.en Condé. Zu deren
41
Plänen einer Liga Spaniens mit Condé, zur Rolle Saint-Ibards und zur beabsichtigten Einbe-
42
ziehung Longuevilles s. Batiffol S. 230f.
est icy depuis quelques jours. Monsieur de Longueville dit qu’il
6
n’a pas voulu demeurer en Hollande parmy les désordres qui y sont. Je ne
7
sçay qu’en croire. Il est vray qu’il témoigne envie de reprendre le bon chemin.
8
Si l’on n’a point donné advis de sa venue en ce lieu, je vous suplie qu’on ne
9
témoigne pas de quelque temps de la sçavoir.

10
Il y a diverses opinions sur la conduite de monsieur le prince d’Orenge. Plu-
11
sieurs croyent qu’il a bonne intention pour la France et que tout ce qui a esté
12
fait et dit par luy en cette dernière rencontre a esté à bonne fin. Je suis au-
13
jourd’huy entièrement de cest advis et c’est aussy celluy de plusieurs person-
14
nes qui n’ayment ny la France ny monsieur le prince d’Orenge, et affin que
15
Son Eminence en fasse un jugement plus asseuré, voicy comm’on dit que la
16
chose s’est passée. Il a déclaré aux Provinces, pour divertir à ce que l’on dit
17
celle de Hollande de traiter en particulier, qu’il y avoit un traité résolu entre
18
la France et l’Espagne qui seroit exéquuté en trois sepmaines, et que la Reyne
19
luy en avoit fait dire quelque chose. Il n’a pas déclaré que ce fust par mon-
20
sieur d’Estrade, mais on adjouste qu’il a donné conseil en ce cas de demander
21
pour les Provinces le partage de 1635 et que sa déclaration a esté donnée par
22
escrit aux députés généraux affin que chacun en fist délibérer dans sa pro-
23
vince. L’arrivée de Pau et de Knut avec celle de monsieur d’Estrade s’estant
24
rencontrée en mesme temps et à cause des grandes rumeurs que vous avez
25
sceu, quelques-uns veullent dire que monsieur d’Estrade s’est ouvert en secret
26
de sa commission au pensionaire

43
Jacob Cats (1577–1660), seit 1636 Ratspensionär von Holland und Westfriesland ( NNBW
44
VI Sp. 279–285).
et que celluy-cy qui est timide de son na-
27
turel, voyant un si grand orage élevé sur cette nouvelle, a révélé ce qui luy en
28
avoit esté dit. Monsieur d’Estrade, dit-on, a désavoué de luy en avoir parlé.
29
L’autre a offert de soutenir qu’il le luy avoit dit et qu’il avoit creu que le
30
lendemain monsieur d’Estrade en deût aussy faire le discours dans l’assem-
31
blée. Là-dessus monsieur d’Estrade estant party pour retourner en France
32
sans voir les députés généraux et ayant à ce qu’on dit avant son départ parlé
33
de vendre son régiment, toutes ces rencontres ont rempli le pays de crainte et
34
de deffiance. Voylà ce que j’en ay apris de divers lieux dont j’ay creu devoir
35
informer Son Eminence affin que le raportant à ce qui luy en sera escrit d’ail-
36
leurs elle puisse découvrir d’où est venu le mal et y aporter un plus asseuré
37
remède.

[p. 655] [scan. 737]


1
Si je ne craignois point de déplaire à Son Eminence, je dirois parmy tout cela
2
qu’il n’est pas trop seur de se jetter tout à fait entre les bras du prince d’Orenge
3
pour la conduite de cette affaire, premièrement il est incertain si le semblant
4
qu’il a fait d’abord de l’apreuver n’a point esté pour en sçavoir tout le secret,
5
en second lieu c’est un homme duquel on ne peut jamais sçavoir au vray les
6
desseins quoyque ceux qui le cognoissent avouent qu’il n’a jamais esté si atta-
7
ché à personne qu’à Son Eminence, en troisiesme lieu parce que les choses
8
qu’il affectionne et qui passent par ses mains sont certainement contredites
9
par la Hollande et font naistre des soupçons parmy les autres provinces.

10
Pourveu que tout cela n’empesche pas Messieurs les Estatz de mettre en cam-
11
pagne cette année, il n’aura point produict de mauvais effect et mesme aura
12
servy à accoustumer ces peuples-là à cette proposition en cas qu’on eust lieu
13
de la faire cy-après, mais il est bien à propos durant quelque temps d’y user de
14
dextérité et de retenue. Il n’est pas moins nécessaire de praevenir sur ce subjet
15
l’esprit des Catalans. Les bruits qui ont esté répandus en Hollande pourroient
16
bien passer jusqu’à eux et y produire de plus dangereux effects. La prae-
17
voyance de Son Eminence y pourra aysément aporter remède. Si l’on a peu
18
croire en Hollande que la paix est faite sans les alliés entre la France et l’Es-
19
pagne en eschangeant la Cataloigne contre les Pays-Bas et si sur un funde-
20
ment si faux on a traité en un instant les François avec plus de haine et d’a-
21
mertume que les Espagnols, on peut juger le mal qu’une semblable impres-
22
sion pourroit causer parmy les peuples de Cataloigne qui sont beaucoup plus
23
intéressés dans cest eschange et qui ont sans comparaison plus de subjet de le
24
croire et de le craindre que les Hollandois.

25
Il n’y a rien

37
Reihenfolge der beiden letzten Abschnitte hier, entsprechend der alten Foliierung umgestellt,
38
also fol. 466 vor fol. 465.
qui apporte icy tant d’obstacle à nostre négotiation que les
26
raisons que noz parties allèguent contre nous qu’il semble que nous-mesmes
27
leur fournissons. Tantost elles se veullent fonder sur l’oppinion du conseil qui
28
n’est pas conforme à la nostre et ont l’audace d’adjouster et d’escrire qu’on
29
sçait bien quelz sont les sentimens des principaux ministres de France, tantost
30
on produict les traictez que nous avons faictz avec noz alliez pour monstrer
31
que nous nous sommes obligez diverses fois de ne rien prétendre dans l’Alle-
32
magne. Les responces que nous faisons à la première objection ne serviront
33
pas de beaucoup tandis que dans la cour les effectz paroistront contraires à
34
noz parolles. Nous ne manquons pas de raisons pour nous deffendre de la
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seconde parce que tous les traictez que nous avons faictz tant à Hailbrun,
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Francfort que Paris ez années 1633 et 1634

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Vertrag von Heilbronn zwischen Frk. und Schweden vom 9. IV. 1633 (Druck: Du Mont
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VI,1 S. 48f.). Diesem Vertrag waren die Stände der vier Reichskreise des Heilbronner Bundes
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(kurrheinischer, oberrheinischer, schwäbischer und fränkischer Kreis) mit einer Erklärung zu
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Frankfurt am 15. IX. 1633 beigetreten (Druck: Du Mont VI,1 S. 56f.; Kretzschmar I
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S. 475–483). Vertrag von Paris zwischen Frk., Schweden und den Ständen des Heilbronner
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Bundes vom 1. XI. 1634 (Druck: Du Mont VI,1 S. 79f.; Kretzschmar III S. 26ff.).
et par conséquent avant la rup-

[p. 656] [scan. 738]


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ture contre l’Empereur résolue seulement en 1636 par le traicté de Wismar, ne
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peuvent estre tirées aujourd’huy en conséquence, puisque dans celluy-cy il y a
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un article qui oblige la Suède de ne traiter point que la France n’ayt sa satis-
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faction .

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Eben haben wir durch einen Kurier erfahren, daß in Mainz noch keine Vorkeh-
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rungen für den Unterhalt der neuausgehobenen Truppen aus Hamburg getroffen
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sind. Wir haben Tracy benachrichtigt und den Kurier nach Mainz zurückexpe-
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diert, mit Befehl, 10 000 Reichstaler in Frankfurt auf unseren Kredit aufzuneh-
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men, bis die an Vautorte gesandten Gelder eintreffen.

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