Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
J’euz l’honneur d’escrire amplement à Vostre Altesse et à Vostre Excel-
lence lundy dernier . Encores qu’il ne soit rien arivé icy de nouveau de-
puis ce temps-là, je ne laisse pas d’envoyer cette lettre à l’ordinaire de
Ruremonde pour vous faire sçavoir qu’on espère mardy prochain , au re-
tour des desputez de Hollande, de voir quelque fin aux affaires dont je
suis chargé. Ilz ont tous porté à leurs supérieurs la proposition dont je
vous ay envoyé la coppie , avec intention d’y faire prendre une dernière
résolution. |:Je ne sçay pourtant ce qui en réussira, car tout est si remply
de confusion:|, tant dans l’assemblée généralle que dans les provinces, et il
y a une |:si grande division d’opinions, d’intérestz et de desseings, qu’on
ne peut plus faire aucun jugement asseuré de ce qui doibt arriver, quelque
parolle qu’on ayt receue des principaux de chaque province qui bien
souvent, contre leur attente:|, rencontrent des obstacles aux choses qu’ilz
avoient cru plus faciles, et qu’ilz avoient eux-mesmes proposées. Néant-
moins, |:si la province de Hollande prend une résolution favorable pour le
traicté de garentie:|, comme il y paroist quelque disposition, il sera ma-
laysé que les aultres qui ont jusques à présent esté d’advis de donner sur
ce subject contentement à la France, puissent y aporter de l’opposition,
|:si ce n’est que ceux qui veullent différer la paix en différant l’entière
réunion de la France et de cet Estat, travaillent secrètement à y faire nais-
tre quelque embarras nouveau, ce qui est très facile en ce pays:|.
Et vous cognoistre〈z〉 |:le peu de confiance qu’on peut avoir en qui que
ce soit, quand vous aurez faict réflection sur un discours de monsieur le
prince d’Orange que:| je pense vous avoir desjà mandé . |:Il luy eschapa de
me dire l’autre jour que c’estoit un grand bonheur que Messieurs les
Estatz n’eussent poinct mis en campagne cette année, à cause que s’ilz
l’eussent faict, les Espagnolz auroient esté contrainctz d’accorder tout à
la France et la paix seroit desjà conclue, qui seroit la ruine de cet Estat:|.
Je vous supplie très humblement que cet advis demeure secret, car il est
certain que |:les mouvementz de ce prince ne procèdent pas de mauvaise
volonté envers nous, mais de la seulle passion qu’il a pour la continuation
de la guerre, qui luy semble absolument nécessaire, tant pour sa gloire que
pour le restablissement de son auctorité que la Hollande a envie d’abbais-
ser, et dont elle ne sçauroit venir à bout que pendant la paix:|.
Nous verrons la sepmaine prochaine ce qu’aura produit |:son voyage dans
les provinces où il est allé desjà. Celle de Frise où il faict agir par le comte
Guillaume , qui en est gouverneur:|, a faict déclarer en l’assemblée de
Messieurs les Estatz Généraux |:qu’il faudroit rompre la paix si l’ennemy
ne veut pas rendre le Hault-Quartier de Gueldres; la Zeelande et Utrecht
sont aussy dans tous les bons sentimentz qu’on peut souhaitter. Si avec
ces trois, monsieur le prince d’Orange faict prendre une bonne résolution
à la Gueldres et à Overisel, qui avoient esté un peu esbranlées par les
menées des Hollandois, en voylà cinq qui seront asseurément suivies de
celle de Groningue et qui:|, par conséquent, |:rompront facilement touttes
les menées de la Hollande. Monsieur le prince d’Orange croit qu’avec le
consentement des six provinces, il pourra mettre en campagne contre l’ad-
vis de celle de Hollande, mais elle paroist résolue de s’y opposer avec tant
de viollence que j’y voy peu d’apparence:|.
Je tasche de |:tirer quelque proffit de ces divisions qui empeschent bien
qu’on ne prenne point de résolution contre nous, mais qui:| ne font pas
que nous puissions |:estre assistez d’une diversion, comme:| l’occasion
présente le requerroit, |:ayant faict représenter soubz main aux principaux
de la Hollande que si elle agissoit de concert avec nous, touttes ces diffi-
cultez cesseroient aysément, et:| et [!] nous pourrions bientost parveni〈r〉
ensemble à une paix honnorable. Il me semble que la pluspart commence
à cognoistre la vérité et l’utilité de cette proposition, et que |:si les cor-
rompus ou les ignorans y apportoient de l’obstacle, la Hollande, pour
avoir une paix généralle par nostre moyen, viveroit à l’advenir en meil-
leure intelligence avec nous qu’elle n’a faict par le passée, et:| fairoit une
partie de ce que nous désirons. Néantmoins, comme |:elle est fort brouil-
lée avec monsieur le prince d’Orange que j’ay ordre de considérer en
touttes choses et qu’elle a des desseings tout contraires aux siens, il fault
marcher entre deux avec grande circonspection:|, allans tousjours là où les
ordres de la court nous ordonnent, qui est l’advancement de la paix, |:mais
s’il se peut sans luy desplaire ouvertement:|.
J’ay eu l’honneur de vous exprimer mes sentimens par une de me〈s〉
précédentes sur l’affaire de Portugal. Je crois tousjours que nous avons
assez faict de |:remettre au jugement de Messieurs les Estatz le point de
la trêve:|. Aprez cela, on ne nous peut pas imputer la rupture ny la cessa-
tion de la négotiation, et je n’ay jamais eu la pensée qu〈e〉 pour aller au-
devant d’une faulce accusation, il faille s’accommod〈er〉 à tous les capri-
ces du comte de Pennoranda. Il est bien vray que noz ennemis ayans faict
entendre icy que nous menacions à tous coups de rompre, de nous retirer,
et d’adjouster à noz demandes, j’ay cru que |:pour ne blesser pas des
espritz malades comme ceux-cy, il seroit peut-estre utile de s’en abstenir
et:| de ne nous rendre pas les premiers autheurs de la rupture si elle doibt
ariver, c’est-à-dire, |:en nous retirans ou en faisant quelque nouvelle pro-
position:|. Mais je n’estime pas qu’en demeurans fermes sur les pointz où
nous avons raison, personne nous puisse imputer la résolution extra-
vagante que noz parties pourront prendre.
Et s’il y avoit quelque chose à adjouster à la déclaration que vous avez
faitte |:pour le Portugal
entendre à l’oreille aux Médiateurs qu’ilz peuvent comme d’eux-mesmes
s’engager aux ministres d’Espagne:| que ce sera le premier point sur lequel
ilz feront |:prononcer les Hollandois avant qu’on entame tous les autres
qui leur seront remis, et mesme que le jugement sera selon le désir de nos
parties:|. Mais certes la haulteur de Pennoranda est trop grande de ne vou-
loir pas seulement que pour |:laisser de nos amis dans la guerre:|, nous y
soyons plustost condemnez par noz aultres alliez que par nous-mesme. Si
nous y procédons d’aultre sorte, ce que nous avons faict envers |:Mes-
sieurs les Estatz passera pour une faulce defférence:|, ce que nous ferons
maintenant |:sera imputé à foiblesse, passera pour un effect du siège d’Ar-
mentières et:|, selon mon oppinion, n’avancera pas beaucoup la négotia-
tion qui certainement est plustost retardée par ce qu’on attend d’icy que
par l’affaire de Portugal, qui ne sert que de prétexte.
Monsieur de Mendersvik ayant envoyé à ses supérieurs le mesme escript
que vous me fistes la faveur de joindre à vostre despesche du 21 e de ce
mois , a représenté les choses différemment de ce qu’il vous a pleu m’en
escrire , ce qui m’a obligé à de nouvelles justiffications, qui certes sont un
peu fascheuses à ceux qui ont l’honneur de servir un gran〈d〉 roy, car il
semble que nous sommes réduitz à rendre compte de touttes nos actions
devant ces gens-cy, comme s’ilz estoient noz juges souverains, et qu’ilz
eussent une authorité légitime de nous condemne〈r〉 ou de nous absouldre.
Ledit sieur de Meindersvik a fort exaggéré les deux exceptions que vous
avez faittes de l’intérest de messieurs les Barberins, et de celuy du prince
de Monaco. J’ay faict entendre noz raisons sur l’un et l’aultre, qui ont esté
treuvées pertinentes par ceux à qui j’en ay parlé. Il me semble pourtant
que si nous eussions pu ou pouvions encores mettre ces deux affaires dans
le nombre de celles qui sont desjà accordées, nous nous fussions mieux
garentiz du blasme qu’on nous donne d’adjouster tous les jours quelque
chose de nouveau.
En effect, ayant esté convenu par les 20 premiers articles dont on est d’ac-
cord
que tous ceux qui ont suivy ou adhéré à l’un des deux parties seront remis
en la jouissance de leurs biens, on ne peut pas refuser à messieurs les Bar-
berins ny au prince de Monaco de les faire jouir de leurs bénéfices, pour
ce qu’ilz possèdent dans l’obéissance du roy catholique, sans contrevenir
directement à ce qui a desjà esté acordé. Et pour la place de Monaco, elle
doibt nécessairement estre comprise dans les conquestes que les deux roys
ont faittes l’un sur l’aultre, puisque ce sont des trouppes françoises qui
ont chassé avec l’ayde dudit prince la garnison espagnolle de cette place.
Et pour cette raison, j’ay adjousté, dans l’escript que j’avois donné à ma-
dame la princesse d’Orange , ces motz: «ce qui touttesfois s’entend seule-
ment des places et payz qui ont cy-devant apartenu à la France ou à
l’Espagne, ou qui ont esté occupez par les armes de l’une ou l’aultre cou-
ronne, sans y comprendre les Estatz des maisons de Savoye et de Man-
toue», etc.
Quand cette place ne seroit pas tumbée entre noz mains par une attaque
formelle de la garnison qui estoit dedans, et que ce seroit seullement par
un nouveau traitté où la force n’auroit pas esté employée, nous ne lairions
pas d’avoir le mesme droit de la retenir, en vertu du consentement desjà
donné par les Espagnolz à la rétention de tout ce que l’on possède, puis-
qu’elle a esté retirée des mains des Espagnolz, personne n’ayant aulcun
doubte, en ce payz, que nous ne devions garder tout ce que nous avons
pris sur eux pendant cette guerre.
Il me semble que pour ne donner pas suject |:à des humeurs deffiantes et
préoccupées:| de croire que nous voullons tousjours aporter quelque nou-
vel obstacle à l’accomodement, il importe |:de nous tenir le plus qu’il nous
sera possible sur les questions généralles et soubstenir qu’elles ont desjà
esté décidées, nous plaignans hardiment des doubtes qu’on en veut faire:|.
Je suis d’un mesme advis à l’esgard des Impériaux, s’ilz prétendent de
réserver les moindres choses à l’Empereur ny à l’Empire dans toutte
l’estendue des Trois-Eveschez. Nous avons très grande raison de nous en
offenser, comme d’un manquement de parolle, car la première offre a esté
de céder au Roy tous les droitz qui ont cy-devant apartenu à l’Empereur
et à l’Empire dans lesditz éveschez , dans lesquelz doivent estre nécessai-
rement compris tous les comtez et aultres terres scituées dans lesditz éves-
chez qui relèvent immédiatement de l’Empire. Et pour monstrer que les
Impériaux mesmes l’ont au commencement entendu de la sorte, il ne fault
que voir les remonstrances et oppositions de Durlak , du comte de Nas-
sau-Sarbrug
Vermutlich ist hier der älteste Sohn des im Metzer Exil verstorbenen Gf.en Wilhelm Lud-
wig von Nassau-Saarbrücken (1590–1640, Gf. 1627; DBA I 1371, 128), Johann Ludwig
(1621–1690, Gf. 1640–1680, Gf. in Ottweiler 1659), gemeint. Die Nachfolge wurde jedoch
erst endgültig geregelt im gothaischen Teilungsrezeß 1651 mit seinen beiden jüngeren
Brüdern – Gustav Adolf (1632–1677), dem die Gft. Nassau-Saarbrücken zufiel (Regie-
rungsübernahme 1660) und der damit zum Begründer der Linie Nassau-Saarbrücken-
Saarbrücken wurde ( DBA I 440, 254), und Walrad (1635–1702, Gf. in Usingen 1659;
DBA I 1329, 148). Gf.en von Nassau-Saarbrücken waren aufgrund einer Landesteilung
1629 aber auch die Brüder Gf. Wilhelm Ludwigs, Johann (1603–1677, Gf. in Idstein 1629)
und Ernst Kasimir (1607–1655, Gf. in Weilburg 1629), die auf dem WFK vertreten waren
( APW III A 3.1 Anm. 33 zu nr. 3). – Die gfl. Lande waren 1637 aufgrund eines RKG -
Urteils wegen der Kooperation der Gf.en mit Schweden beschlagnahmt worden, und Saar-
brücken war an den Hg. von Lothringen gefallen; ihre Restitution erfolgte sukzessive
zwischen 1648 und 1670 ( Stammtafeln NF I T. 111, 112a, 112b, 113a, 113b; Schmidt,
518–523).
ne pouvoit pas faire cet〈te〉 offre ny cette cession à leur préjudice. Et
c’est asseurément ce qui a faict changer d’advis les Impériaux, et qui les
oblige de tenter aujourd’huy si par lesdittes exceptions, ilz pourroient re-
gagner ou conserver quelque chose de ce qu’ilz ont desjà offert. Car de
restraindre leur offre au temporel des éveschez, c’est se mocquer de nous.
Il y a une grande différence, comme j’ay desjà eu l’honneur de vous es-
crire ,
et céder les droitz qu’on a sur un évesché. Car encores que le mot d’«éves-
ché», ou de «diocèse», signiffie plustost l’estendue de la jurisdiction spi-
rituelle que de l’authorité temporelle, néantmoins cette jurisdiction est
bornée par certaines limites de payz qui sont réelles et temporelles, et
tout ce qui est dans l’encloz desdittes limittes, quoyqu’il ne dépende pas
temporellement de l’évesché, diocèse, ou jurisdiction spirituelle, doibt né-
cessairement passer au pouvoir de celuy à qui on cède tous les droitz
qu’on a sur l’évesché ou dans icelle.
C’est pourquoy je reviens tousjours à dire que nous ferions très grand
préjudice au Roy, si nous consentions aux moindres tempéramens ou ex-
pédiens que les Impériaux peuvent prétendre là-dessuz. Au contraire, leur
prétention nous doibt obliger pour bien assurer les intérêz de Sa Majesté,
à convenir de faire insérer, et dans le traitté de paix, et dans la cession
particulière desditz éveschez, des clauses expresses qui privent pour ja-
mais l’Empereur et l’Empire de tout ce qu’ilz pourroient prétendre, et
qui leur a cy-devant apartenu dans toutte l’estendue desditz éveschez. Et
soit que tous les comtez et aultres terres qui ont jusques icy relevé immé-
diatement de l’Empire, ne recognoissent plus cy-aprez aultre authorité ny
supériorité que celle de noz roys, si les Impériaux s’obstinoient à nous
faire une nouvelle chicannerie là-dessuz, ilz ne paroistroient pas vouloir
traitter de bonne foy avec nous, et ce seroit une mauvaise récompense des
assistances que nous leur avons données à Oznabrug, en beaucoup de
rencontres fascheuses.
Il fault aussy prendre garde que les Impériaux n’ayans pas mis dans le
project de leur cession «in episcopatus et civitates Metensiu〈m〉, etc.»,
si leur prétention avoit lieu, ces trois villes qui sont impérialles et qui
n’apartiennent pas aux évesques, au moins celle de Metz, ny ne dépendent
pas d’eux, se treuveroient aussy tacitement réservées à l’Empereur, à cause
que cy-devant, elles ont immédiatement relevé de luy. Je me souviens fort
bien que lesditz Impériaux ont recognu que ces villes devoient apartenir
au Roy, d’où l’on peut tirer une conséquenc〈e〉 contre eux, pour les com-
tez et aultres terres qui sont dans lesditz éveschez, qui ne peuvent pas
avoir plus de droit pour demeurer soubz l’Empereur à l’advenir que les-
dittes villes, puisque les unes et les aultres ont de mesme sorte relevé im-
médiatement de l’Empire, et que si l’Empereur a pouvoir de céder ses
droitz sur les villes, il peu〈t〉 bien aussy céder celuy qu’il a sur les com-
tez, et aultres terres scituées dans l’estendue desditz éveschez.