Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
J’ay tant de fois et sy expressément déclaré aux Médiateurs et aux Ho-
landois que sy Messieurs les Estatz ne conviennent avec nous de la garan-
tie mutuelle, nous demanderions d’autres seuretez, |:qu’il est inpossible
que les ministres d’Espagne n’en ayent cognoissance. Ilz n’ignorent pas
aussy que je n’aye souvent protesté que si les choses ne s’accomodent
présentement, jamais la France ne fera la paix sans y comprendre le Por-
tugal:|.
Aussy est-ce |:l’affaire du Portugal:| qui arreste aujourd’huy les autres. Les
Espagnols et |:ceux qui les favorisent ont esté désarmez du prétexte le plus
plausible et le plus apparent qu’ilz eussent lorsque j’ay délivré noz arti-
cles
paix et que sy l’on avoit accordé à la France touttes ses demandes, elle en
feroit en mesme temps de nouvelles. Chacun reconnoît le contraire, et n’y
a plus d’artifice qui puisse faire révoquer en doute les bonnes et sincères
intentions de Leurs Majestez.
C’est pourquoy les ministres d’Espagne |:ont esté obligez de changer de
conduitte:|. Ils publient qu’ils sont tous prestz de respondre à nos articles,
mais ils soustiennent qu’il en faut |:retrancher celluy de Portugal
tant, disent-ils, que lorsqu’ils sont |:entrez en traicté, on leur a promis de
n’en point parler:|.
Quand le sieur Paw m’a faict ceste difficulté, je luy ay dict que nous |:per-
sistions dans la parolle donnée que pourveu que le Roy fust en liberté
d’assister le Portugal, le surplus que nous demandions sur ce poinct n’ar-
resteroit pas la conclusion du traicté encor que:| nous ne puissions désister
d’en faire mention |:jusqu’à la fin:|. Je priay néantmoins ledict sieur Paw
de représenter aux plénipotentiaires d’Espagne que pour donner moien
aux princes chrestiens de joindre leurs forces contre le Turc, il estoit à
propos de faire |:une trêve en Portugal de cinq ou six ans, ou du moins
pour autant de temps que la guerre du Turc durera:|, pendant lequel on
pourroit trouver quelque expédient pour terminer les affaires de ce royau-
me. Que le roy catholique y avoit plus d’intérest qu’aucun autre, puisque
ses Estatz de Sicile et de Naples sont les plus exposez aux entreprises
du Grand Seigneur, ce qui le devoit porter à |:consentir au moins pour
quelque temps à une cessassion d’armes dans le Portugal parce que s’il
l’attaque incontinant après le traicté achevé, dans la liberté que nous au-
rons de le secourir, les effortz contre l’ennemy commun en:| seront beau-
coup moindres.
Ceste response ayant esté faicte au comte de Pennaranda, il en a pris
grande alarme, il proteste qu’il n’a traicté qu’après |:avoir esté asseuré
par les Hollandois qu’il ne seroit jamais rien dict du Portugal:|; qu’il l’a
ainsy escrit à son maistre, qui sur ce fondement s’est résolu à céder tant de
conquestes et consenty à une sy longue trefve pour la Catalogne. Bref, il
veut que l’on croye que s’il avoit souffert que cet article-là fust inséré au
project du traicté, il en respondroit de sa teste.
J’ay dict aux sieurs Paw et Donia quand ils m’ont faict rapport de ce que
dessus, que tout ce grand bruict que faisoit le comte de Penaranda estoit
un pur artifice qui ne tendoit qu’à |:esloigner la conclusion du traicté,
dans la vaine espérance qu’il s’estoit donnée et dont il n’estoit pas encor
assés destrompé:|, de pouvoir jetter la division parmy les alliés. Que sa
plainte auroit quelque apparence de raison sy |:nous opiniastrions que le
Portugal deust estre compris au traicté:|. Mais que je leur déclarois qu’il
n’y avoit |:jusques icy aucun changement ny dans noz parolles ny dans
noz intentions:|. Que nous avions sy peu |:promis de ne parler poinct du
Portugal:| que dans nostre premier escrit délivré à Osnabrug
article exprez. Que nous en avons faict mention dans les autres, et mes-
mes faict instance que l’on nous y fist response
Unter der ndl. Interposition, zwischen den Poincts plus importans (s. Anm. 3) und dem
Gesamtentwurf (s. Anm. 1), in vier Schriftsätzen: 1) Replik der frz. Ges. auf die span. Re-
sponsion, [Münster] 1646 Oktober 3; Kopie (mit Kommentar der frz. Ges. ): Ass.Nat. 276
fol. 228–233 = APW II B 4 Beilage 2 zu nr. 188; Druck, it. ÜS: Siri VIII, 889–895. – 2) frz.
Triplik auf die span. Duplik, [Münster] 1646 Oktober 14; Kopie: Ass.Nat. 276 fol. 236–238
= APW II B 4 Beilage 2 zu nr. 201; Druck, it. ÜS: Siri VIII, 897ff., datiert auf 1646
Oktober 13. – 3) frz. Schriftsatz als Antwort auf den am 22. Oktober 1646 erhaltenen span.
Schriftsatz, [Münster] 1646 Oktober 25; Kopie (mit Kommentar der frz. Ges. ): Ass.Nat.
276 fol. 281–282 = APW II B 4 Beilage 1 zu nr. 226; Druck, it. ÜS: Siri VIII, 921ff. – 4)
Beilage 3 zu nr. 2. – In Beilage 4 zu nr. 28 war Portugal hingegen nicht erwähnt worden.
voient dire sur ce poinct tout ce que bon leur sembleroit:| comme il nous
devoit estre aussy permis d’escrire ce que nous jugions à propos. En un
mot, qu’estans |:d’accord de la substance, le reste n’est qu’une formalité à
laquelle si les Espagnolz s’arrestent:|, ils font bien voir clairement que leur
intention n’est pas de faire la paix; et qu’en ce cas, comme les maux qui en
arriveront leur devoient estre attribués, nous espérions que Dieu béniroit
les armes de Sa Majesté qui estoit assez bien préparée pour se promettre
de nouveaux avantages.
J’estime que les Espagnols ont cherché ceste |:poinctille sur l’article du
Portugal qu’ilz croyent devoir estre mal receu dans les Provinces-Unies
pour se les rendre plus favorables:|.
Ledict sieur Paw m’a prié de trouver bon que l’on |:traictât sur tous les
autres poinctz et que celluy-là fust laissé en arrière:|, afin que sy l’on |:de-
meuroit d’accord des autres, il ne s’en parlât point du tout, ou si l’on
rompoit auparavant, il ne parust pas que la France eust manqué à le don-
ner:|. A quoy il a adjousté, puisque nous déclarions que sy la garantie
n’est accordée par Messieurs les Estatz nous voudrions comprendre le
Portugal dans la paix, qu’il luy sembloit que ce poinct de la garantie ne
pouvant estre sytost terminé, rien n’empeschoit que l’on ne traictât ce-
pendant sur les autres choses |:sans s’expliquer sur le faict du Portugal:|.
Ma response a esté que sy les Espagnols demeuroient |:d’accord des qua-
rante premiers articles:|, celuy du Portugal ne faisant que le 41 e, |:je con-
sentirois en ce cas qu’il fust remis au dernier lieu:|; mais que tousjours |:en
falloit-il faire mention puisqu’il estoit besoing d’un article exprez qui fist
voir la liberté que nous nous estions réservez de secourir ce roy:|; et que
dans l’incertitude de la paix, je ne pouvois y consentir autrement. Sur cela
je luy ay apporté l’exemple de nous-mesmes qui sommes demeurés d’ac-
cord que |:les Espagnolz pussent faire mention du duc Charles jusques à
la conclusion du traicté encor qu’ilz eussent consenti de ne l’y compren-
dre pas:|, parce qu’il n’avoit pas esté trouvé raisonnable de |:les obliger à
se déclarer au préjudice d’un prince qui sert actuellement:| dans leur party;
et que la considération d’un roy de Portugal estoit bien autre puisqu’il
avoit sans comparaison plus de forces et une puissance plus grande que
celle du duc Charles qui ne possède aucuns Estatz.
Je ne sçais pas encor quelle |:résolution prendront les Espagnolz sur ce
faict:|. On dict qu’ilz se préparent à nous donner des articles sans y faire
mention du Portugal. |:Si dans les propositions qui me seront faictes, noz
parties se veullent déclarer sur Porto Longone et Pionbino, je pourray les
accepter et c’est avec ce dessein que j’ay marqué ce nombre des quarante
premiers articles parce qu’en effect, ce sont les seulz importans et que
dans iceux, le poinct des postes de Toscane y est compris:|.
J’ay aussy faict une visite expresse aux sieurs Paw et Donia pour leur dire
que je ne |:recevrois aucun escrit de la part des Espagnolz si ces places ne
nous estoient accordées:| ou qu’ils ne s’en |:déclarassent à eux comme ilz
avoient faict pour Rozes et Cap d’Aguez:|. J’ay encor faict la mesme pro-
testation aux Médiateurs, disant que sy l’on |:se rétracte sur un poinct
dont on est convenu dès le commencement du traicté, nous retirerions
noz articles et serions libres après de faire telles demandes:| que nous ju-
gerions à propos. Je feray touttes choses possibles pour |:faire déclarer les
plénipotentiaires d’Espagne sur la cession desdictes places, et mon opi-
nion est qu’ilz y donneront les mains, ou que s’ilz ne les abandonnent
pas, ilz n’ont pas envie de faire la paix et ne cherchent qu’un prétexte
pour la rompre:|.
Leurs Majestez auront veu par la dépesche de monsieur d’Avaux ce qui
s’est passé en la négotiation d’Osnabrug. Il se peut dire avec vérité que la
prévoyance que l’on a eu à la cour de |:mesnager monsieur de Bavière:| et
la façon dont nous avons |:icy vescu avec ses ambassadeurs:| ont beaucoup
contribué à l’avancement de ceste affaire, puisque sans |:les offices pres-
santes que ce prince a rendu pour vaincre toutes les difficultez auprès de
l’Empereur et le porter à la paix, l’opiniastreté de noz alliez estoit capable
de ruiner les affaires plustost que de méliorer leurs conditions:|. On aura
eu sans doute les mesmes advis à la cour que nous avons eu icy de la part
des sieurs de Tracy, de Croissy et d’Avaugour, sçavoir que |:monsieur de
Bavière est disposé de traicter en particullier avec la France et la Suède:| au
cas que la paix générale ne se fasse point dans l’Empire; leurs lettres escri-
tes à Ulm portoient que |:les ambassadeurs dudict duc:| qui sont là pour
traicter de la suspension, envoyoient un courrier exprez à leurs collègues
à Munster avec lettres
et à Monsieur le Cardinal, et que le courrier nous devoit demander passe-
port pour aller à Paris:|. Le baron de Hazelang néantmoins a laissé passer
trois ou quatre jours sans me voir, et estant venu depuis me parler de
quelque autre affaire, je luy fis |:avouer qu’il avoit eu un courrier de la
despêche duquel il ne me disoit rien. Son excuse a esté que le traicté gé-
néral estant si bien acheminé, il n’avoit pas cru qu’il fust temps d’en met-
tre un particullier sur le tapis:|. Mais que sy les choses ne |:s’achevoient,
son maistre avoit envoyé un pouvoir au sieur Crebz et à luy pour traicter
avec nous:|. Il me demanda sy nous |:n’en avions pas autant de nostre
costé:|. Je luy dis que nous le leur |:avions faict voir dès il y a un an et
s’il estoit besoing d’en avoir un plus ample, que nous l’aurions bientost:|.
Sy Leurs Majestez jugent à propos de nous en envoyer les ordres, elles
auront agréable d’en commander l’expédition pour s’en servir s’il est
nécessaire.
Je suis tout à faict dans le sentiment porté au mémoire, que partie des
ambassadeurs de Messieurs les Estatz sont allés à La Haye rendre compte
de bouche de leur négotiation |:pour éviter de nous comuniquer ce qu’ilz
eussent esté obligez de mettre par escrit sur la relation de Philippe Roy .
Je ne crains en cette depputtation que l’esprit de Cnut qui est hardi et
entreprenant et qui peut, ayant accez à madame la princesse d’Orange,
nous rendre de mauvais offices auprès d’elle:|.
Monsieur de Servien escrit que lesdictz ambassadeurs ont voulu faire
croire que nous estions contens d’eux puisque j’avois mis nos articles en
leurs mains, et que depuis ils se sont plaints, comme sy nous leur avions
parlé rudement sans considérer leur ministère. Il sçaura bien destruire l’un
des discours par l’autre puisqu’eux-mesmes publians que nous leur avons
parlé avec aigreur, cela faict voir nostre mescontentement. Et puisque
nous n’avons pas laissé de remettre nos affaires entre leurs mains, il se
connoît évidemment que le seul respect de l’Estat nous en a faict user
ainsy, et que de quelque façon que les malintentionnés veulent desguiser
leur faute, il y a de quoy les convaincre mesme par leur propre adveu. Je
mande audict sieur de Servien que je ne doute pas que |:Paw et Cnut
n’empeschent s’ilz peuvent que leurs supérieurs voyent noz protesta-
tions parce qu’estans raisonnables comme elles sont, ilz auront peine
de justiffier leurs manquemens:|, mais qu’ayant par-devers luy les copies
|:desdictes protestations:|, il peut les faire voir où il jugera qu’elles pro-
duiront un bon effect.
J’ay esté bien aise d’apprendre que le nonce et l’ambassadeur de Venise
qui sont à Paris ont assuré monsieur le cardinal Mazarin que |:les Espa-
gnolz céderoient les postes de Toscane, pourveu qu’ilz soient certains
qu’on ne prétendra rien au-delà:|. S’ils n’en ont eu quelque |:lumière par
leurs collègues qui sont en Espagne , et qu’ilz ne le sachent que par les
nouvelles qu’ilz peuvent avoir eues d’icy, ce ne sont à mon advis que
simples conjectures:|, puisque le Nonce et Contareny depuis peu m’ont
assuré tous deux séparément que Penaranda faisoit de grands sermens
qu’il n’avoit aucun ordre de son maistre sur ce suject. Je suis pourtant
dans la croyance que j’ay dict cy-dessus, que ce poinct ne sera pas celuy
qui accrochera le traicté, et que les Espagnols, sur l’assurance peut-estre
qu’ils croyent avoir |:des Hollandois:|, ne veulent point la paix, ou qu’ilz
céderont ces places comme le reste des conquestes.
Pour |:Cazal, on s’i conduira ainsy qu’il plaist à Leurs Majestez d’en don-
ner l’ordre:|, en mesnageant leurs avantages autant qu’il se pourra. Peut-
estre que ce que l’on propose vient plutost de |:l’ambassadeur de Venize
que des Espagnolz:|, ce que j’essaieray de connestre s’il est possible.
Ledict sieur ambassadeur et monsieur le nonce Chiggy tesmoignent |:estre
satiffaictz:|. Je ne vois pas d’ailleurs qu’il y ayt |:grande intelligence entre
eux et les Espagnolz:|, quoyque ceux-cy leur ayent voulu persuader qu’ils
n’avoient pris la |:médiation des Hollandois qu’à cause de l’abandonne-
ment du Portugal:|, mais je leur ay faict voir que cela est sy peu véritable
que lorsque les Holandois vinrent à Osnabrug
Pauw, Donia und Clant waren am 20. September 1646 zu den frz. Ges. nach Osnabrück
gereist; nachdem die Spanier am 17. ihr Einverständnis mit der ndl. Interposition erklärt
hatten, wollten sie ein frz. Angebot an jene erwirken (Abreisedatum nach APW II A 5, 31
z. 20f.; zu ihrer Rückkehr nach Münster, vor 1646 September 26: ebd., 60 z. 10–16; zu
ihren Verhandlungen mit den Franzosen: Tischer, 354f.).
temps à les presser de faire quelque chose pour les Portugais:|, et que nous
ne nous estions pas jusques-là |:descouvert à eux sur ce poinct si avant
comme nous avions faict ausdictz sieurs Médiateurs:|. Je parleray à mon-
sieur Contareny conformément à ce qu’il plaît à Leurs Majestez de com-
mander.
J’ay escrit au sieur de Tracy qu’au cas que |:la paix se fist dans l’Empire
et que la guerre continuât avec l’Espagne:|, en attendant les ordres de la
cour, il essayast |:d’engager au service du Roy les officiers des armées de
Suède et de Bavières qui voudroient y prendre parti, principallement ceux
d’infanterie:|.
J’ay desjà donné advis comme j’avois faict sçavoir aux Médiateurs, et
aux Holandois aussy, |:la grâce que Leurs Majestez ont résolu de faire au
duc Charles et aux princes de sa maison:|. J’en ay faict dresser un article
sur les ordres qui nous en ont esté envoyés de la cour, dont la copie sera
cy-joincte. Je ne l’ay point encor délivré, mais je fais estat de le donner à
la première occasion.