Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
Bien que par le mémoire du Roy il soit plainement respondu au vostre du
11 e du courant , et que l’on n’y aye rien oublié de ce qui a esté résolu qui
vous seroit mandé, sy est-ce que je ne puis consentir qu’il parte sans l’ac-
compagner de cette lettre ny obmettre de faire sçavoir à Vostre Altesse
que l’ambassadeur de Portugal arrivé depuis quelques jours en cette cour ,
s’y estant expliqué sur quatre pointz, et luy ayant esté respondu, n’en est
pas resté fort satisfait. Je suivray l’ordre de son escrit sur ses demandes .
La première pourroit porter un autre nom et estre qualiffiée de plaintes
que le roy son maistre rend contre la France d’avoir pu consentir de faire
une trêve et une paix avec le roy d’Espagne sans que celuy de Portugal y
ayt esté compris , et il n’a obmis aucune chose à dire qui nous y devoit
porter, espérant ou nous faire changer de résolution, ou nous faire honte
d’avoir abandonné nos propres intérêtz en sacrifiant les siens, et il a fait
force sur une obligation en laquelle on l’a fait entrer de ne pouvoir faire
de paix ny de trêve avec le mesme roy catholique sans le consentement de
la France, comme sy un engagement de l’un portoit une nécessité de rela-
tion et de conséquence pour l’autre, oubliant que cette clause est immé-
diatement opposée à celle pour laquelle la France s’engage, ne le pouvant
faire comprendre dans le traicté, de l’assister sy les autres alliez veulent
s’y engager .
La seconde comme la troisiesme et quatriesme sont de véritables deman-
des. Celle-là tend à faire déclarer Sa Majesté sy la paix ne se conclut avant
le commencement de la campagne, que l’on fera une alliance entre les
couronnes et un traicté d’une ligue offensive et deffensive avec condition
formelle de ne faire de paix ny de trêve avec l’ennemy commun que d’un
mutuel consentement.
Par la troisiesme il presse qu’on renouvelle les instances pour la liberté de
l’infant don Edouart, et que pour le garentir de tout mal et de toute ap-
préhension, il soit dez à présent tiré du chasteau de Milan, et qu’il luy soit
permis de demeurer en l’Estat de la République, ou tel autre qu’il voudra
choisir, moyennant un serment qu’il passera que pendant la durée de l’as-
semblée de Munster il ne désemparera point du lieu dont il auroit esté
convenu, et privera par ce moien pendant ce temps le roy et le royaume
de Portugal du service qu’il leur pourroit rendre.
Et en dernier lieu, le mesme ambassadeur presse des ordres bien clairs et
précis à monsieur Servien de faire ouverture à Messieurs les Estatz que
sous la médiation de cette couronne l’on donne ouverture au traicté de
paix entre le roy de Portugal et les Sieurs Estatz des Provinces-Unies, et
soubz des conditions raisonnables faire cesser les maux et la guerre dont
le Brésil, où ils sont recogneus, se trouve affligé.
Ce fust moy-mesme qui eus commandement de luy faire la response, qui
ay essayé de luy faire comprendre que la France avoit entièrement satis-
fait à son engagement, n’ayant esté obmis aucun soin de la part de Vostre
Altesse ny de messieurs vos collègues pour disposer les Espagnolz à con-
sentir que le roy de Portugal fût compris dans l’un ou au moins dans
l’autre traicté, jusqu’à leur déclarer que la paix ne seroit pas universelle
ny l’Espagne en repos luy restant une guerre sur les bras, puisque la
France pour ne point manquer à ce qu’elle avoit promis, déclaroit estre
en obligation et en volonté de l’assister, et que les Espagnolz avoient
mieux aymé consentir que nous fissions nos effortz pour le deffendre
que de traitter avec luy ny seulement permettre que Sa Majesté stipulast
pour luy, qui estoit un expédient dont nous nous fussions volontiers ser-
vis affin qu’ilz ne prissent point sujet de rompre le pourparler pour ne
pouvoir ny devoir entrer en aucun traicté avec luy, sans m’oublier de luy
dire que la foiblesse avec laquelle il avoit soustenu l’authorité où il se
treuvoit eslevé, avoit donné lieu aux Espagnolz de le peu considérer, et
osté aux François les moyens de le faire beaucoup valoir.
Sur le second poinct, je fus plus embarrassé car j’avois ordre de luy laisser
espérer, sans néantmoins le promettre, qu’on seroit pour y consentir, ex-
cusant l’ambiguïté de sa response sur l’espérence qu’on avoit de veoir
bientost la paix conclue, et que c’estoit renoncer à cette espérence dont
un chacun estoit flatté que de poser présentement un cas qui la faisoit
perdre.
Aux deux autres, je luy donnay lieu de croire que son instance seroit con-
sidérée, et récapitulant tout ce qui a esté fait et dit sur l’une et l’autre
affaire, je m’estendis beaucoup, luy faisant toutesfois comprendre qu’il
seroit malaisé d’induire les Espagnolz à entrer dans le party qu’il pro-
posoit, d’autant que c’est tout ce qu’on peut espérer d’eux sy la paix se
conclud que la liberté de ce prince soubz diverses réserves dont ilz se sont
expliquez, et qu’il n’y a pas lieu qu’ilz s’avancent en une chose qui les
fasche tant qu’ilz auront un prétexte de s’en excuser.
Et quant au quatriesme point, que desjà monsieur Servien ayant eu des
ordres telz qu’il les pouvoit demander, il ne restoit qu’à les renouveller
plustost pour luy complaire que par aucune autre nécessité.
Je n’insisteray point sur le premier, second ny dernier de ces poinctz,
Vostre Altesse jugera sans doubte qu’il ne se pouvoit rien dire de plus à
propos que ce que j’ay fait entendre à monsieur l’ambassadeur, et qu’il
eust esté honteux de ne pas deffendre ce que nous avions résolu sur la
force des traictez qu’il osoit avancer.
Je ne pus aussy souffrir qu’il me dît qu’il luy avoit esté mandé de Mun-
ster, il y a desjà plus de deux ans, que la France, pour sa seureté, lairroit le
Portugal en guerre, l’ayant prié de se souvenir qu’elle l’avoit déclaré aux
ennemis lorsqu’ilz estoient obéis dans le Portugal, et que sy c’estoit la fin
qu’elle auroit celé ce qu’elle a déclaré de vouloir faire pour leur deffense.
Je ne dois point sortir de cette matière sans avertir Vostre Altesse que non
seulement ledit ambassadeur mais que tous les ministres de son maistre se
plaignent du peu de communication qu’ilz ont eu de ce qui se passoit à
Munster dans les choses qui les regardoient, et qu’ilz s’estoient reposez
sous la foy que vous leur aviez donnée, pour vous exempter de presser
les sauf-conduictz pour eux, qu’ilz seroient compris dans le traicté, ce
qui m’obligea encor de luy dire qu’ilz estoient trop habiles pour s’estre
persuadez que Vostre Altesse ny messieurs d’Avaux et Servien eussiez
voulu vous estendre au-delà de ce qui avoit esté capitulé avec eux, et
qu’ilz avoient receu avec une entière satisfaction, s’engageant à beaucoup
au-delà pour avoir recogneu qu’il ne restoit à la France d’autre voye de les
sauver que de leur promettre des forces, et qu’elle eust attiré sur soy la
hayne de tous les princes chrestiens prenans un engagement nouveau qui
eust levé toute espérence de paix.
Je repris mon discours sur le fait du prince Edouart, et je luy dis que
Vostre Altesse ayant esté avertie qu’il se publioit en Italie que l’on avoit
pris une sentence contre ce prince et qu’un secrétaire avoit esté dépesché
en Espagne pour la porter au roy catholique et recevoir son commande-
ment pour l’exécuter ou la surseoir, que vous aviez fait sentir aux Hol-
landois que cette infraction de ce qui avoit esté promis, sy l’on en venoit à
la dernière extrémité, seroit mal receue de tout le monde, et que la France
s’en tiendroit offensée, que cela équipoloit une menace dont vous vous
estiez abstenu de crainte qu’elle les engageast à ce que vous vouliez éviter,
et soit que l’instance de l’ambassadeur, les propres lettres de Vostre Al-
tesse ou celles venues d’Italie par le dernier ordinaire ayent touché Leurs
Majestez, elles veullent qu’on n’oublie rien à dire et à faire qui puisse
asseurer la vie de ce prince. Cela néantmoins est remis à vostre prudence,
c’est-à-dire les termes dont il faudra user à la compassion qu’un cas aussy
horrible excite dans les bonnes âmes. L’innocence du prévenu adjouste
beaucoup à sa qualité, et touche ceux qui sont les moins tendres.
C’est, ce me semble, trop parler sinon d’une seule affaire au moins d’une
seule nation, et il est temps de quitter un climat aussy chaud que le leur,
qui ayde mesme à donner de la chaleur à leurs gens, et de passer dans un
plus tempéré, et pour faire sçavoir à Vostre Altesse que le député de Ba-
vière qui est à Ulme a pressé monsieur de Croissy de se déclarer, son
maistre voulant faire un traicté particulier avec la France, ayant perdu
l’espérence de veoir conclurre le général, s’il n’avoit pas ordre d’y enten-
dre; lequel ayant donné cet advertissement, il a esté jugé à propos de faire
deux choses.
La première, de vous le participer affin que vous examiniez ce qui seroit le
plus utile, ou d’y entendre ou de faire comprendre aux Suédois, comme il
semble plus à propos, combien cela leur seroit advantageux, et quel dom-
mage ce seroit à l’Empereur de se trouver desnué de l’assistance de deux
électeurs, l’un catholique et l’autre protestant, eux ayant conclud une neu-
tralité avec Saxe et la France arrestant un traicté avec Bavière, pour au cas
qu’ilz y donnassent les mains prescrire audit de Croissy ce qu’il auroit à
faire, ou sur la résistance de ceux-là nous mander ce que vous jugeriez le
plus utille au service de Sa Majesté, de s’acquérir un serviteur de la dignité
de ce prince ou de complaire aux Suédois qu’on croit devoir estre persua-
dez d’y concourir quand la paix généralle ne se conclurroit pas à présent,
puisque l’espérence n’en seroit pas perdue, et qu’il doit passer pour establi
que le moien le plus solide pour conserver par les couronnes alliées ce
qu’elles auront pour leur satisfaction, consiste à désunir de l’Empereur
les princes protestans et catholiques, mesme Bavière par préférence à
tous les autres, soit parce qu’il est puissant et très habile que pour estre
le seul qui puisse parvenir à l’Empire, et que sy sa modération l’y a fait
une fois renoncer, qu’il pourroit estre dans un autre sentiment, ou son
filz pressé d’une plus forte ambition, donner les mains à ceux qui l’y
voudroient eslever.
L’autre chose qui a esté résolue a esté de faire sçavoir audit de Croissy ce
qui vous estoit mandé affin qu’il évitast de se trop déclarer ny de se laisser
pénétrer qu’on délibère sur cette ouverture, estant certain que rien n’of-
fense un prince que quand il descouvre qu’on met en doubte sy on doit
accepter son service.
Je sçay qu’on mande que les Espagnolz veulent la paix, et je le croy parce
qu’il me semble que la nécessité de leurs affaires et l’estat florissant des
nostres les y nécessite; pourtant je n’en voudrois pas respondre, comme
de la reyne de Suède laquelle seroit la première du monde en l’art de fein-
dre si monsieur Chanut avoit esté trompé par elle, les lettres duquel as-
seurent qu’elle est en cette disposition. Je n’ay eu que la coppie de celle
qu’il a escritte à Vostre Altesse et à messieurs vos collègues
Da dies in zahlreichen Briefen Chanuts versichert wird, läßt sich der konkret gemeinte
Brief nicht identifizieren; unter Berücksichtigung des Eingangsdatums 1647 Februar 21
könnte gemeint sein: Chanut an Longueville, d’Avaux und Servien, [Stockholm] 1647 Ja-
nuar 19 (s. Anm. 16 zu nr. 112). Darin wird des weiteren berichtet, Kg.in Christina habe
Chanut auch der Friedensliebe des Reichskanzlers versichert.
me semble bien petite et claire.
Pourveu que les députez des Estatz s’acquittent fidellement de ce que
vous avez désiré d’eux, il y a lieu d’espérer que l’artiffice de ceux d’entre
eux qui ont mauvaise volonté ne portera aucun préjudice aux affaires du
Roy, mais s’ilz déguisent comme ilz ont eu l’hardiesse de ne se pas arres-
ter de signer
autant de créance à leur dire qu’ilz ont eu de précipitation de leur com-
mander ce que les autres ont exécuté, il y a lieu de craindre diverses cho-
ses. Mais la présence de monsieur Servien et ce que vous avez déclaré
parlant ausdits députez pourra modérer les uns, et empescher les autres
de se laisser prévenir. Divers respectz me le font désirer, qui seront aisé-
ment pénétrez par vostre grande prudence.
Über das künftige Schicksal des Königs von England läßt sich noch nichts
sagen; seine Unnachgiebigkeit ist unverständlich. Jüngsten Berichten zu-
folge haben ihn die Schotten den Engländern ausgeliefert. Il est mandé à
monsieur de Bellièvre qui est à Londres de ne point songer à revenir, et de
demeurer là tant pour favoriser les affaires de ce roy que pour empescher
que les Anglois ne se lient entièrement avec les Espagnolz, lesquelz les re-
cherchent avec une bassesse inouye; et voulantz justiffier leur conduite, ilz
disent qu’ilz ont tousjours conservé la pensée de se vanger de ce roy, parce
qu’il avoit consenty que dans ses rades leurs vaisseaux vinssent estre atta-
quez par les Hollandois. S’ilz ont tant de hayne contre un roy sur lequel ilz
ont tousjours eu beaucoup de pouvoir, et qu’ilz n’oublient pas une offense
aussy légère que celle-là, qu’ilz doivent appréhender Messieurs les Estatz,
qui luy en font une bien plus sensible. Cela rapporté parmy eux pourra
faire deux effectz, l’un de ne point haster la conclusion de leur traicté, l’au-
tre de prendre résolution de s’unir plus que jamais à la France.
Je ne doubte point que monsieur Servien n’adjouste à la relation qu’il
vous fait de ce qu’il ménage de delà pour le service du Roy, ce qui se passe
et se dit dans le pays. Et pour ne vous ennuyer point de choses superflues
et inutilles, j’esvite de vous faire part de ce qui m’est mandé, qui ne dois
pas obmettre de vous faire sçavoir que monsieur de Caumartin
parlé aux députez des Suisses qui s’estoient assemblez vers le Tyrol, qu’ilz
ont desjà licentié la plus grande partie des forces qu’ilz avoient mises en-
semble.
Du mesme monsieur de Caumartin j’ay sceu combien monsieur d’Avau-
gour avoit sauvé de maisons religieuses et d’églises de la violence des Sué-
dois, dont je donne information à Vostre Altesse affin qu’elle en tire ad-
vantage au lieu où elle est, soit sur l’esprit des députez catholiques que de
Monsieur le Nonce.
J’ay veu une lettre de Florence qui porte que le Grand-Duc avoit impa-
tience de s’aboucher avec le cardinal Grimaldi
veue opérera ce que nous désirons. Il y a desjà du temps que ce prince en
cas que la guerre continue se déclare François.