Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
Il semble icy impossible que tant de protestations hardies que l’on sçayt
qu’a faittes depuis peu |:le duc de Bavières à l’Empereur d’un costé, et à
Trautmandorf de l’autre, pour les obliger de satisfaire à quelque prix que
ce soit la couronne de Suède, ne produisent bientost ou la paix que Traut-
mandorf de son chef désire passionnément, ou que ledit duc:|, cognoissant
qu’il ne faut plus s’y attendre, ne fasse parler |:ses ministres à Messieurs
les Plénipotentiaires pour s’accommoder avec cette couronne, ses affaires
n’estant plus en estat qu’elles luy donnent temps de hésiter sur les résolu-
tions qu’il doit prendre:|.
La prise de Bregens par les Suédois , l’attacque de Lindau , et l’establisse-
ment des armées confœdérées en de bons quartiers dont on a privé ses
trouppes, sont des choses présentement si importantes et de telle consé-
quence |:à l’esgard dudit duc pour l’advenir, qu’il ne paroist pas possible
qu’il ne se résolve à tout pour sortir d’embarras:|. Et, en effect, c’est luy
qui a donné le principal bransle au voyage |:de Trautmandorf à Osna-
bruk:|, et tous les avis que l’on reçoit portent qu’absolument il ne veut
point |:d’estrangers dans ses Estatz:|.
Cette prise de Bregens et l’attaque de Lindau ont produict cependant
d’autres bons effectz, |:en Italie les Espagnolz dans l’Estat de Milan
s’estantz extrêmement alarmez:| sur des bruitz qui couroient que l’on
songe icy à faire passer |:par la Valtoline partie de nostre armée:| pour
attacquer le Milanois, pendant que du costé de Piedmont, on auroit fait
d’autres effortz. |:Et cette appréhension est à tel poinct que le gouverneur
de Milan refuse absolument au vice-roy de Naples , pour ce seul sujet, les
trouppes qu’il luy avoit auparavant faict espérer qu’il envoyeroit vers la
Toscane:| pour essayer d’entreprendre sur les places que nous y tenons.
Les avis de Bruxelles que l’on a receuz cette sepmaine portent que |:Brun
estoit sur le poinct d’en partir pour La Haye, soubz prétexte de s’en re-
tourner à Munster:|, sans avoir de passeport, supposant que le caractère de
plénipotentiaire luy donnoit liberté et seureté de prendre tel chemin qu’il
luy plairoit. On adjouste qu’on n’avoit pas seullement escrit de La Haye
au marquis de Castel-Rodrigo que Brun y pouvoit aller, mais qu’on le
convioit de s’y transporter au plus tost, l’asseurant qu’il seroit fort bien
receu et que son voyage seroit fort utille |:pour les intérestz du roy d’Es-
pagne puisqu’il pourroit s’opposer par divers moyens qui luy seroient
suggérez au bon succez de la négociation du sieur Servien:|.
Si on avoit à discourir en cette rencontre sur le fondement de la raison, et
mesme après le reffus que ledit sieur Servien a mandé icy que Messieurs
les Estatz avoient fait d’accorder un passeport audit Brun, il sembleroit
qu’on ne peust doutter que lesdits Sieurs Estatz ne le recevront point,
d’autant plus qu’ilz feront refflexion que les ministres d’Espagne et ledit
Brun se sont mocquez d’eux en ce qu’ayans creu nécessaire qu’il eust un
sauf-conduit pour aller à La Haye, ilz l’ont demandé, et luy estant reffusé,
il ne laisse pas de s’y rendre; outre que les mesmes considérations qui ont
obligé à n’accorder pas ledit sauf-conduit, les obligent encores davantage,
après l’avoir reffusé, à ne le pas admettre luy-mesme. Mais, avec tout cela,
malaizément peut-on tirer aucune conséquence certaine de ce que lesdits
Sieurs Estatz feront, |:leur conduite estant fondée plustost sur des cabales
que sur la raison:|, ainsy que nous l’avons expérimenté depuis peu |:en la
signature des articles :|.
Il faut faire la guerre à l’œil et se donner patience, |:sans s’emporter hors
de propos, parce que quelque estrange que soit le procéder de Messieurs
les Estatz, toutes les vengeances que nous pouvons en prendre en parolles
ne peuvent estre qu’extrêmement préjudiciables pour nous, et la constitu-
tion présente des affaires ne nous permet pas de la prendre d’autre façon:|.
Cependant on se promet bien que le sieur Servien n’aura pas manqué dans
une chose qui parle de soy, de faire tout ce qui pouvoit deppendre de sa
dextérité, de sa vigueur et de sa prudence, pour faire cognoistre à Mes-
sieurs les Estatz et à un chacun, le tort qu’ilz se feront à eux-mesmes s’ilz
reçoivent ledit Brun, et combien leur procéder seroit nuisible pour la fin
qu’ilz se proposent, qui est d’establir promptement une bonne et seure
paix, comm’il leur est facille d’aillieurs d’en venir à bout |:sans donner
aucun sujet à la France d’augmenter ses plaintes touchant leur manière
de traitter:|.
Il est indubitable qu’en touttes ces defférences apparentes que les ennemis
rendent à Messieurs les Estatz, et en touttes les dilligences qu’ilz font
pour les flatter, pour les satisfaire en leur accordant tout ce qu’ilz désirent
pour gagner des adhérens parmy eux, et pour faire imprimer dans l’esprit
des peuples, par le moyen |:des députez qu’ilz ont corrumpus, tout ce
qu’ilz peuvent s’imaginer contre la France en faveur de l’Espagne, leur
but n’est autre que de jetter de la division parmy nous et de porter Mes-
sieurs les Estatz à traitter la France en sorte qu’elle se dépite et qu’elle
fasse quelque démonstration publique de son dégoust, se flattant que par
ce moyen, non seulement leur accomodement particulier:| aura son effect,
mais qu’ilz pourront avec le tempz donner de telles jallousies |:de cette
couronne ausdits Sieurs Estatz qu’ilz les engageront mesme à prendre
des résolutions contre elle:|.
C’est pourquoy ledit sieur de Servyen debvra se mesnager avec grande
circonspection, parant les coupz adroictement le mieux qu’il pourra,
|:sans porter les choses à la rupture, et soustenant pourtant ce qui se doit
avec dignité mais sans aigreur:|. Tout, néantmoins, est remis, comm’il a
esté mandé , à ce qu’il estimera plus à propos sur les lieux, se pouvant
faire que nonobstant touttes les considérations cy-dessuz, il fût plus ex-
pédient |:de se plaindre hautement et de crier s’il voyoit nostre party bien
fort et que par cette conduite on peut encore l’accroistre et venir à bout
de ce que nous prétendons:|.
Enfin lesdits Sieurs Plénipotentiaires, soit à l’assemblée, soit à La Haye,
ne doivent, ce semble, dire que peu de parolles mais touttes de grand
poidz, déclarans nettement ce que nous prétendons et que la France ne
s’en relaschera point, |:et que, au contraire, s’ilz en estoient crus à la cour
dans cette occasion que les Espagnolz se persuadent d’avoir tout achevé,
Leurs Majestez augmenteroient leurs demandes:|. Et ainsy tenans tous le
mesme stille, et avec des termes qui tesmoignent une forte résolution, il ne
peut s’ensuivre que de bons effectz, puisque sy les Suédois n’ont absolu-
ment déterminé de ne faire point la paix à quelque prix que ce soit, elle se
conclurra bientost en Allemagne, et en ce cas les affaires changeront de
face en un instant, et les Espagnolz rabattans de leur orgueil tiendront à
grâce que nous acceptions ce qu’ilz reffusent aujourd’huy avec tant d’op-
piniastreté. |:Aussy sera-il bien à propos que lesdits Sieurs Plénipotentiai-
res se laissent souvent entendre:| que sy la France n’a bientost satisfaction
des Espagnolz, avec tout leur accommodement et signature d’articles des
Hollandois, il pourra arriver des choses qui obligeront Leurs Majestez à
ne se contenter pas de ce à quoy elles acquiescent à présent.
Touttes les espérances des Espagnolz touchant l’Allemagne, où ilz ont
tant d’intérest que la guerre continue, sont dans une ferme croyance
qu’ilz ont que les Suédois ne veullent point la paix à quelque condition
que ce soit, ou en tout cas que sy l’accommodement se conclud |:en rete-
nant toute la Pomméranie avec la guarentie de l’Empereur, Brandebourg
et tant d’autres qui prendront part pour diverses raisons à ses intérestz
demeurans desgoustez:|, les couronnes alliées seront obligées à tenir tous-
jours des armées dans l’Empire |:et, de cette sorte, la France ne pourra pas
agir plus vigoureusement contre l’Espagne qu’elle fait aujourd’huy:|.
L’oppinion que les ministres d’Espagne ont de|:s députez de Hollande et
de leurs inclinations ou attachemens, sont [!] que Pau, Knut, Mathenes et
Clan sont tout à fait déclarez pour eux et à leur dévotion; que Niderost
est entièrement pour nous, et Riperda comme dépendant de luy, et que les
deux autres désirent la paix à quelque prix que ce soit, mais qu’ilz crai-
gnent de faire quelque chose qui puisse desplaire à la France:|.
Nous avons avis certain que |:Knut a veu plusieurs fois, la nuit, à la cam-
pagne, Pennaranda et Brun, et qu’il devoit partir pour aller à La Haye
affin de s’entendre avec Brun à Bruxelles et essayer de luy procurer un
sauf-conduit. C’est une créature du prince d’Orange si bien qu’estant ga-
gnée par les Espagnolz, ceux-cy croyent de pouvoir s’asseurer entièrement
dudit prince et de sa femme:|.
Nous avons d’aillieurs des advis tout conformes depuis un an que |:la
princesse d’Orange est elle-mesme gaignée et que Knut n’a rien traitté
que par son ordre, la maladie et les incommoditez de son mary luy ayant
donné la hardiesse de faire commettre soubz son nom plusieurs manque-
mens dont en d’autres tems elle n’eust ozé luy faire la moindre ouverture,
ledit sieur prince estant fort homme d’honneur et soigneux de sa réputa-
tion. On cache tout cela au prince Guillaume qui n’ayme pas ledit Knut et
qui, dans la dernière campagne, le menacea à l’armée de le maltraitter:|.
Nous avons la confirmation de l’avis qu’on a desjà mandé auxdits Sieurs
Plénipotentiaires , |:que ledit Knut a assuré Brun sur sa vie que Messieurs
les Estatz ne mettroient point cette année en campagne:| et que dans son
voyage à La Haye, il publieroit les choses en sorte |:qu’il romproit toutes
noz mesures et trouveroit bien les voyes de faire résoudre tout ce qui
seroit le plus à l’avantage de l’Espagne.
D’un autre costé, il y a apparence que monsieur le prince d’Orange, qui
voyd bien que ses infirmitez ne luy permettroient pas de sortir en cam-
pagne, ne travaille autant qu’il peut, de concert avec sa femme, à la con-
clusion de l’accomodement affin d’empescher son filz de prendre le
commandement des armes:|. Cette jallousie s’accroissant tous les jours
lorsque pour l’intérest mesme de sa maison il debvroit le plus souhaitter
|:de l’en voir en possession:|, peut-estre sera-il bon que |:monsieur le
prince Guillaume sçache ces particularitez qui le regardent et que sa
mère et Knut ne s’appliquent qu’à l’esloigner des affaires et des moyens
d’acquérir de l’honneur:|. C’est ce qui est remis audit sieur Servien |:de
luy faire sçavoir, suivant ce qu’il verra sur les lieux de la disposition de
la princesse d’Orange:|. Car il se pourroit faire que |:pour réparer le mal:|
par une conduitte qui estoit mesme préjudiciable aux intérestz de sa mai-
son, |:elle s’employast à présent pour nous faire donner toute satisfaction
affin que la paix généralle se concluant, tous ces manquemens fussent
mis à couvert:|.
On nous a donné advis que les députtez d’Hollande ont désiré que l’Es-
pagne accorde les mesmes choses pour le commerce aux villes ansiatiques
d’Allemagne qui sont arrestées avec Messieurs les Estatz, et qu’ilz avoient
mesme quelque dessein de le faire insérer dans leurs articles
In den span.-ndl. Provisional-Art. vom 8. Januar 1647 (s. Anm. 6) wird an verschiedenen
Stellen auf das Handelsrecht Bezug genommen und den ndl. Kaufleuten in Spanien u.a.
weitgehende Handelsfreiheit zugesichert. In Art. XVI des span.-ndl. Friedens von Mün-
ster vom 30. Januar 1648 (Druck der frz. Fassung: DuMont VI.1, 429–441, hier 431;
Druck der ndl. Fassung: Smit, 30–60, hier 38) wurden den Hansestädten in der Tat die-
selben Rechte eingeräumt.
te que les ministres d’Espagne sont d’avis que le roy leur maistre s’y
doibt porter pour son propre intérest, par la raison que lesdittes villes
ansiatiques trouvant de l’avantage dans le commerce avec Espagne, |:il
sera d’autant plus aisé de les empescher de s’unir pour le mesme sujet
avec la France, la Suède et le Portugal:|.
Depuis ce mémoire escrit jusques icy, on a receu les despesches de Mun-
ster, d’Osnabruck et de La Haye du *** du courant .
|:On juge que l’argent que monsieur le duc de Longueville mande que les
ministres d’Espagne ont pris chez un marchand avec tant de haste aura
esté distribué dans la maison des députez de Hollande à des particuliers
qui ont crédit prez d’eux, ou peut-estre mesme à quelqu’un d’entre eux
qui est moins accommodé, car pour Pau et Knut, on nous confirme tous-
jours que le prix de leurs infidélitez doit estre cent mil escus à chacun, que
les Espagnolz leurs ont promis:|.
Il ne se peut rien adjouster aux reparties judicieuses et à tous les discours
que monsieur le duc de Longueville a tenus aux députtez d’Hollande, non
plus qu’à la punctualité et à l’addresse avec laquelle il leur a fait remarquer
et fait ses plainctes de ce qui nous blesse dans le mémoire dressé par Pau
artifficieusement pour faire rejetter sur nous le blasme du retardement de
la paix. On croit qu’il en aura donné part audit sieur de Servyen affin qu’il
le puisse mettre à proffit de son costé. On a desjà tant escrit sur touttes
ces matières qu’on ne pourroit qu’user de redittes superflues; on se con-
tantera seullement de dire que ce sera un grand avantage |:sy quand les
députez de Hollande reviendront d’Osnabruk, on peut veoir le papier
qu’ilz doivent dresser tous ensemble pour rendre compte à La Haye:| de
la négociation qui a passé par leurs mains, suivant l’ordre qu’ilz disent en
avoir receu de leurs supérieurs. Car s’il y avoit quelque chose contre la
vérité ou suject à des interprétations qui nous fussent préjudiciables,
monsieur le duc de Longueville pourroit le faire raccommoder, en sorte
que les plus criticques et malintentionnez ne pussent s’en prévalloir con-
tre nous, ou lesdits députtez faisans difficulté d’y toucher, il en donneroit
advis audit sieur Servien pour y apporter les remèdes sur les lieux.
Ledit sieur duc ne pouvoit mieux entrer dans les sentimentz de Sa Majesté
qu’il a fait lorsqu’il a parlé auxdits députtez de la rétention des postes de
Toscane. Et, sur ce suject, il faut tousjours se souvenir de la considération
qu’on a mandée
a tousjours traicté sur ce fondement de ne rien restituer des conquestes sy
on ne voulloit faire raison à la France de ce qu’on a occuppé sur elle dans
les guerres précédentes, et que chacun demeureroit en possession de tout
ce qu’il tiendroit dans le tempz de la signature de la paix.
Sa Majesté a veu avec plaisir le mémoire envoyé par le sieur d’Avaux de ce
qui s’estoit passé depuis son arrivée à Osnabruck touchant l’ajustement de
la Suède et de Brandebourg pour la Pomméranie. |:Véritablement la du-
reté que tesmoignent les plénipotentiaires de Suède est estrange puisqu’ilz
ont non seulement obtenu tout ce qu’ilz ont demandé mais en une forme
qui est beaucoup plus advantageuse pour la durée de la paix et pour la
sûreté de l’acquisition qu’ilz feront, que non pas celle où ilz insistent à
présent. Mais Leurs Majestez se promettent qu’à la fin ledit sieur d’Avaux
n’aura pas eu moins de bonne fortune à les convaincre et à leur faire com-
prendre raison qu’il en a eu à disposer:| les ministres de l’électeur de Bran-
debourg à donner leur consentement pour la première partie de l’alterna-
tive que les Suédois avoient proposé , dont jusqu’à présent ilz avoient
paru sy esloignez et résolus de souffrir plustost touttes extrémitez que
d’y acquiescer jamais.
On adresse auxdits Sieurs Plénipotentiaires la coppie d’une lettre que
Dom Joseph Margarit
Der Katalane Don Josep (José, Joseph) de Margarit (Marguerit) i de Biure (Bièvre)
(1602–1685), seit 1648 marquès d’Aguilar, gen. Margarit d’Aguilar, war 1641–1659 frz.
Gouverneur von Katalonien ( André, Maréchal, 14 Anm. 1; Pasquier, 223–232; Sanabre,
passim – vgl. Index, 724; Marcet-Juncosa, 97f.; Molas i Ribalta, 50 mit weiterer Lite-
ratur in Anm. 21; vgl. auch die bibliographischen Nachweise in André, Sources V, 265f.;
VIII, 241, 248; Quellen und Korrespondenzen zu seiner Tätigkeit sind ediert: Mazarin,
Lettres I, 772, Pasquier, 232–348).
peut-estre servir à leur donner plus de lumières |:des choses dont il est
besoin de convenir dans la conclusion de la trêve de Catalogne:|.