Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
Je vous fais encore cette lettre pour vous toucher plusieurs considérations
qui m’ont passé par l’esprit depuis que l’autre a esté escrite.
|:Comme Castel-Rodrigue a dict assez publicquement à Bruxelles, à des-
sein:| sans doute qu’il |:pust estre sceu en Hollande, que vous aviez pro-
posé et pressé Brun du mariage du Roy avec l’infante:|, nous devons estre
comme asseurés qu’il n’aura pas |:oublié d’ordonner à Philipes Le Roy,
quand il l’a envoyé à La Haye, de bien faire son profit de cette pièce
pour avancer ses négotiations contre la France auprès de Messieurs les
Estatz et ne laisser rien d’intenté pour leur jetter de plus en plus dans
l’esprit des soupçons et des jalousies de la puissance de cette couronne,
et nous faire hayr du peuple:|. C’est pourquoy il faudra que |:vous soyez
bien alerte pour rabattre ce coup qu’ilz essayeront:| infailliblement |:de
nous porter, et destruire tous les aultres artifices dont se vouldra servir
ledict Philipes Roy qui ne manquera pas d’estre fourny de bonnes in-
structions pour nous nuire:|.
Il est indubitable que |:il aura esté chargé de toutes les raisons et instruict
de toutes les flatteries et des pièges dont:| Pennaranda, Castel-Rodrigo et
les autres ministres d’Espagne les plus accortz |:se seront pu aviser pour
obliger Messieurs les Estatz à se persuader vivement que le comble de leur
bonheur consiste dans la paix, à la conclurre et l’exécuter sans la France,
et à s’establir à l’avenir une estroicte union avec la couronne d’Espagne, et
que ledict Roy:| n’obmettra rien pour s’en prévaloir, non plus que |:Brun
s’il peult avoir le passeport qu’il recherche pour aller à La Haye, comme:|
c’est le desseing desdictz ministres; |:et c’est le véritable subjet de sa venue
à Bruxelles quoyqu’il la veuille couvrir d’un prétexte de communicquer
de vive voix avec Castel-Rodrigue sur l’estat de la négotiation et raporter
ses sentimens sur le poinct de la cession des postes de Toscane:|.
Je tiens qu’il sera bien malaisé que |:ny Roy ny Brun s’il y va, puissent
vous empescher de descouvrir les fondemens de leurs négotiations et les
raisons dont ilz veullent les appuyer, puisque pour faire impression dans
une républicque, il fault parler à la pluspart de ceux qui la composent et
s’ouvrir:| particulièrement |:avec monsieur le prince d’Orange et dans sa
maison; mais:|, en tout cas, vous devés par advance |:préparer et applic-
quer les contrepoisons du venin que nos parties doivent respandre:|,
n’estant pas difficile à juger à peu près |:les considérations qu’ilz mettront
en jeu pour nous traverser et nous faire du mal:|.
Il ne faut pas |:doubter qu’en premier lieu, ledict Roy ne travaille:| princi-
palement |:à insinuer que la France ne veult point la paix et que l’Espagne,
pour le seul esgard de la médiation de Messieurs les Estatz, a donné les
mains à des conditions très rudes et presque intollérables dans l’espérance
que:| faisant toucher au doigt a|:usdictz Sieurs Estatz nos mauvaises inten-
tions par le refus de tant d’advantages qu’on nous offre, ilz se porteroient
après plus facilement à achever leur traicté avec l’Espagne. Il exaggérera:|,
je m’asseure, |:ensuite la considération et l’importance des poinctz qu’ilz
nous ont cédez, et fera:| extrêmement |:valloir la confiance que le roy
d’Espagne a eu en Messieurs les Estatz, ayant remis entre les mains de
leurs ministres le maniement 〈de〉 tous les intérestz qu’il a avec cette
couronne, y ayant peu d’exemples que pour ajuster les diférens avec un
ennemy, on choisisse pour médiateurs les alliez de cet ennemy:|.
Il est vraysemblable encore que |:il essayera d’insinuer à Messieurs les
Estatz que leurs députez ayans esté les instrumens pour faire accorder à
la France tant d’advantages qu’ilz n’auroient jamais ceddez qu’à leur con-
sidération, raportans à leur entremise ce qui n’est deu qu’à la pure néces-
sité, et devans désormais recognoistre que:| cette couronne |:ne veut point
de paix, ilz ont plainement satisfaict au devoir et aux obligations d’un bon
allié et peuvent sans aucune tache passer oultre à publier et exécuter leur
traicté dont les articles sont desjà signez .
Il se pourra faire encor que ledict Roy veuille se servir de ce que:| j’ay
appris que quelques malintentionnés, mais beaucoup plus mal informez
de la vérité, ont dict depuis peu à |:La Haye que Henry le Grand conclud
bien au préjudice des traictez la paix avec Espagne à Vervins
Der Friede von Vervins wurde am 2. Mai 1598 zwischen Frk., Spanien und Savoyen ge-
schlossen (Druck: DuMont V.1, 561–564; Mornay VIII, 431–450). Kg. Heinrich IV. von
Frk. hatte sich zuvor mit Kg.in Elisabeth I. von England und den Gst. gegen Spanien ver-
bündet (frz.-engl. Allianzvertrag, Greenwich 1596 Mai 14/24; Druck: ebd., 525–527; frz.-
engl. Allianzvertrag mit Beitritt der Gst., Den Haag 1596 Oktober 31; Druck: ebd.,
531–540; vgl. auch Imhof, 220, 222 mit Anm. 313); dieses Bündnis verbot ihm einen sepa-
raten Waffenstillstand oder Frieden mit Spanien. Im Gegensatz zu England versuchten die
Gst. vergeblich, Heinrich IV. um jeden Preis im Krieg gegen Spanien zu halten, als dieser
Friedenssondierungen aufnahm; Imhof kommt zum Schluß, daß Heinrich IV., durch
Rücksprache mit seinen Alliierten zumindest um scheinbare Loyalität bemüht, letztlich
die Vollmachten und Instruktionen seiner Ges. für die Friedensverhandlungen vertrags-
widrig aus eigener Machtfülle ausgestellt habe ( Imhof, 218–253, Zitat 226). Eine frz. Ver-
teidigung dieses Friedensschlusses im Zusammenhang mit der Unterzeichnung der span.-
ndl. Provisional-Art. vom 8. Januar 1647 findet sich in einem Schriftstück unter dem Titel
Les Provinces-Unies des Païs-Bas. Le traité de paix entre le roy d’Espagne et la république
des Provinces-Unies des Païs-Bas, signé par leurs plénipotentiaires à Monster l’an 1646 le 8
décembre [!]; et ce qu’il y a à redire in einer Akten-Sammlung zum Westfälischen Frieden
aus dem 17. Jh. (Kopie: BUS 352 fol. 221–227’, hier fol. 226–226’).
gleterre et Messieurs les Estatz parce qu’il y treuvoit son compte, et que
Messieurs les Estatz pourront:| aujourd’huy |:l’imiter en cela avec plus de
seureté et moins de blasme:|.
Il pourroit |:dire en oultre que Messieurs les Estatz seront bien mal con-
seillez s’ilz prétendent d’adhérer à la passion qu’ont les François de con-
tinuer la guerre, ce qui ne leur seroit pas:| moins préjudiciable qu’advan-
tageux |:à nous, puisque les progrès de la France dans les Pays-Bas sont
des commencemens infaillibles de la ruyne de Messieurs les Estatz s’il n’y
a tousjours une puissance entre deux, comme celle d’Espagne, qui y con-
serve ce qu’elle possède aujourd’huy:|; et je m’imagine que |:ce sera icy la
plus forte batterie dudict Roy parce qu’elle prend Messieurs les Estatz par
leur foible:|.
Comme les Espagnolz songent |:et espèrent, la paix estant conclue, de
faire une plus grande union avec Messieurs les Estatz, il se fault attendre:|,
comme j’ay marqué dans l’autre lettre , |:qu’ilz n’oublieront rien pour
empescher la garentye réciproque que nous prétendons:|, et cela est sans
doute leur principal but |:et la première commission dudict Roy:|. Pour en
venir à bout, il est probable que |:il leur remonstrera que ce ne seroit pas
prudence à eux de s’engager à tous les caprices des François qui, malgré
eux, treuveroient des prétextes aparens de rompre, et ainsy ilz seroient
forcez à sacrifier leur repos à nos passions et à nostre intérest:|.
Je dis cela parce que |:l’ambassadeur de Hollande m’estant venu veoir
pour certaines affaires d’argent, et l’ayant mis sur le discours de cette ga-
rentie, il m’a tesmoigné d’estre persuadé qu’elle est juste et qu’il croid que
Messieurs les Estatz y consentiront, pourveu qu’ilz ne soient pas tenuz:|,
comme plusieurs le veulent donner à entendre, |:de rompre de nouveau
pour chaque petit accident, ou quand nous vouldrions rentrer en guerre
pour nostre intérest, mais seulement quand les Espagnolz romproient
contre nous; à quoy j’ay reparty ce que je devois pour le détromper, affin
qu’il en escrive par delà:| suivant la vérité et ce que nous pouvons désirer.
|:Les Espagnolz pourront encore représenter, et:| il seroit dangereux que
|:cela ne fist plus grande impression, que Messieurs les Estatz n’ont point
besoin de cette garentie pour seureté qu’on ne leur manque à ce qui leur
aura esté promis et accordé, et que l’Espagne ne songe à rentrer en guerre
avec eux, puisque:| il est aisé de juger que |:estans affoibliz comme ilz le
sont en Flandres et partout ailleurs, ilz pourroient encore moins espérer, à
l’avenir, des succès plus advantageux qu’ilz n’en ont eu par le passé en
tant d’années de guerre avec les Provinces-Unies, qui les ont espuisez
d’hommes et d’argent.
Mais qu’en tout cas, quand cela ariveroit, la mesme raison d’Estat qui a
obligé la France jusqu’icy à les secourir, l’obligeroit encore alors à leur
donner toute sorte d’assistances, quoyqu’elle n’y fust point tenue par au-
cun traicté:|.
A quoy |:ilz pourroient encor adjouster que ce sera un grand avantage à
Messieurs les Estatz de ne s’engager point à cette garentie, puisqu’estans
libres de leur attachement, leur amitié sera recherchée à l’envy par les
couronnes et seront bien traictez de chacune dans ce qui regarde le com-
merce et tout ce qu’ilz pourront désirer pour leur avantage:|; ce qui n’arri-
vera pas si |:ilz consentent à ladicte garentie:|, parce que, |:d’un costé, les
François estans asseurez de les avoir tousjours avec eux:| quoy qui puisse
survenir, |:ne se mettront pas sy en peine de les contenter, et de l’aultre les
Espagnolz, les voyans liez plus estroictement que jamais à la France, se-
ront obligez à vivre en leur endroict avec grande circonspection, ce qui ne
préjudiciera pas peu au commerce; et c’est:|, à mon advis, |:sur ce poinct
du commerce que les ennemis insisteront le plus, parce qu’il est très déli-
cat et touche la pluspart de ces messieurs dans le sensible; aussy:| les
malaffectionnés à la France |:ont desjà eu la malice de publier par delà
qu’elle va s’applicquer, la paix estant faicte, à attirer tout le commerce à
soy et à en profiter, ce qui ne:| peut estre |:sans préjudicier à celuy de
Messieurs les Estatz:|.
Il me semble que |:ce sont là une partie des choses que les Espagnolz peu-
vent faire dire en Hollande par ledict Roy:| dans cette conjoncture d’affai-
res. |:Mais comme, à les bien examiner, elles sont toutes ou faulces ou
artificieuses:|, il sera aisé de |:confondre les autheurs par la vérité qui n’est
jamais qu’une, et:| avec des fondemens si solides qui regardent tous l’hon-
neur, la bienséance, la seureté, l’advantage et la conservation de Messieurs
les Estatz, que, outre que le temps me manque pour vous entretenir sur
|:les contrebatteries que nous pouvons faire pour empescher les espritz
foibles d’estre séduictz:|, j’ay cru d’ailleurs qu’il seroit superflu de vous
rien suggérer là-dessus, ny m’estendre avec une personne que je sçay
bien qui verra d’abord |:tout ce qu’on peult et doibt repartir pour désabu-
ser le monde:|.
Il n’y a rien de quoy les ennemis ne s’advisent pour |:irriter de plus en
plus Messieurs les Estatz contre le roy de Portugal:|, affin que tout ce
que vous pourrés dire sur le suject de |:l’accommodement de leurs difé-
rens:| ne fasse aucun effect. |:J’appréhende bien qu’ilz ne treuvent grande
facilité à nous contrecarrer:| en ce poinct, |:et qu’ilz n’en profitent, parce
que Messieurs les Estatz ne songent point à l’avenir, ny que:| il peut arri-
ver que |:le roy d’Espagne, estant venu 〈à〉 bout du Portugal, pourra
tourner de nouveau ses pensées à leur faire du mal, tant ilz sont flatez de
la satisfaction présente de pouvoir se vanger des Portuguais et profiter à
leurs despens:|.
Je tiens pour certain que |:Philipes Le Roy ne manquera pas de conférer
avec le milord Goring , cy-devant ambassadeur d’Angleterre en cette
cour, Castel-Rodrigo ayant grande confiance en luy:|; avec raison, puisque
|:il le sert fort fidellement près de ses amis à La Haye:|, particulièrement
|:auprès de la princesse d’Orange:|. C’est à quoy il sera bon que vous pre-
niés garde de près, |:et, comme il parle souvent à la reyne de Bohê-
me
chose de ce qui se passera, ne négligeant pas toutes les aultres voyes pos-
sibles d’en estre adverti:|.