Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach

20
Il semble que c’est aujourd’huy tout de bon que l’on veut traicter avec nous
21
de la satisfaction du Roy dans l’Empire et que la paix s’avance de ce costé-là.
22
Sy la voix du peuple est la voix de Dieu, l’on dict icy tout haut qu’elle sera
23
faicte avant la Pentecoste, et ce qui nous faict avoir quelque esgard à ces
24
bruicts, c’est qu’ils partent de chez les ministres du party contraire et qu’eux-
25
mesmes parlent ouvertement de la résolution où ils sont de donner contente-
26
ment à la France et à la Suède, estans bien informés des prétentions de l’une et
27
de l’autre couronne.

28
Les |:députtez de Bavière:| nous sont venus voir depuis peu pour nous dire
29
que |:leur maistre a enfin disposé l’Empereur d’accorder l’Alsace à Sa Majesté
30
et de luy en donner l’investiture, en quoy monsieur de Bavières:| ne croit pas
31
faisant prendre ceste résolution |:d’avoir rendu un petit service à la couronne
32
de France:|; qu’ils croyent que les ordres en ont esté envoyez au comte de
33
Trautmansdorff et qu’ils l’ont |:extrêmement pressé de s’en ouvrir à nous:|;
34
qu’en attendant ils ont désiré de sçavoir sy |:nous n’en serions pas
35
contents:| et sy en mesme temps nous ne procurerions pas effectivement sui-
36
vant |:les promesses

40
36 réitérées] im Klartext fälschlich: réitérées et
réitérées qui en ont esté faictes de la part du Roy, que la
37
maison de Bavières soit asseurée de demeurer pour tousjours en possession de
38
l’électorat:| par le traicté de paix et d’estre |:satiffaicte des treize millions que
39
l’Empereur luy doit:|.

[p. 775] [scan. 105]


1
Après les avoir |:remerciez des bons offices de leur maistre:| et les avoir as-
2
surez que nous y avons |:desjà respondu de nostre part:| autant qu’il nous a
3
esté possible ayans |:parlé de ses intérestz comme il peut souhaitter aux mé-
4
diateurs, aux Impériaux, aux Suédois et aux depputtez du prince palatin:|,
5
nous leur avons dict pour ce qui touche la satisfaction du Roy, que sy l’on
6
entend soubs le nom de l’Alsace tout ce qui est compris dans la demande que
7
nous avons faicte par nostre réplique, |:nous estimons que la paix sera bien-
8
tost faicte dans l’Allemagne:|, présupposans qu’on pourvoyera en mesme
9
temps à la satisfaction de la couronne de Suède et qu’on terminera les autres
10
différends qui regardent le général de l’Empire; mais que sy on prétend de
11
|:retrancher quelque chose du contenu en nostre demande:|, nous n’avons
12
pas pouvoir de le faire. Ilz nous ont tesmoigné d’estre fort |:surpris de cette
13
response:| et faict connoistre |:que leur maistre ne le seroit:| pas moins
14
qu’eux puisqu’après |:avoir porté les choses au poinct qu’il croyoit que nous
15
désirions et s’estre rendu odieux en servant la France aux Espagnolz, à la
16
maison d’Austriche, à l’Empereur et:| mesmes à quelques estatz de l’Empire,
17
on désavouoit aujourd’huy les assurances |:qu’on luy avoit faict donner de la
18
part du Roy qu’en accordant à Sa Majesté l’Alsace la paix seroit bientost
19
faicte dans l’Empire:|; que le changement qu’on y veut apporter |:le décrédi-
20
tant entièrement luy ostera les moyens à l’advenir de continuer ses offices:|
21
utilement comme il a faict jusqu’icy. Là-dessus ils nous ont faict |:voir deux
22
lettres de monsieur le nonce Bagni:| ausquelles ils disent que |:monsieur de
23
Bavières a esté prié de la cour d’adjouster la mesme créance qu’à celles de Son
24
Eminence:|; elles portent touttes deux que |:moyennant l’investiture de l’Al-
25
sace Sa Majesté sera satiffaicte:|, et ils soustiennent que le Brisgaw et les villes
26
forestières sont deux Estatz séparez qui ne peuvent estre compris soubz le
27
nom de l’Alsace; qu’au |:sens de la lettre

42
27 Sengaw] Chiffre: le Sungaw
Sengaw ny Brisac n’y pourroient pas
28
aussy:| estre compris, mais que l’un estant delà le Rhin et que l’autre estant
29
de l’importance qu’il est pour en conserver le passage, |:ilz ont bien creu que
30
l’intention de:| Sa Majesté est de retenir l’un et l’autre; mais que sy à présent
31
on veut encor y adjouster tout le Brisgaw qui estant scitué au-deçà de la riviè-
32
re n’est point |:nécessaire à la France ny pour sa seureté ny pour:| l’entrée de
33
l’Alemagne que Brisach luy donne suffisamment, les villes forestières qui es-
34
tans esloignées de tout le reste n’empeschent point la libre communication
35
avec la Suisse par le moyen de Basle qui est entre deux, et outre |:cella retenir
36
Philisbourg qui appartient à un prince ecclésiastique:| avec la ligne de com-
37
munication pour y aller des Estatz du Roy, ils ne voyent point |:de moyen
38
d’obtenir tant de choses:| et ont le desplaisir de voir |:touttes les diligences
39
de leur maistre inutilles lorsqu’il croyoit d’estre venu à bout de tout ce que
40
nous avions prétendu et y avoir porté l’Empereur:|; qu’ils nous prioient d’y
41
faire réflexion et de leur dire comment ils pourroient cy-après |:reparler de

[p. 776] [scan. 106]


1
cette affaire avec bienséance:|, et qu’ils ne nous pouvoient pas exprimer la
2
peine que leur donnoit ceste nouvelle difficulté; que cependant le temps de la
3
campagne s’avance; que les armées s’approcheront bientost; qu’ils ne sçavent
4
pas ce qu’on peut désirer de |:monsieur l’eslecteur de Bavières par-dessus ce
5
qu’il faict ny pourquoy on veut employer les armes contre un prince qui a
6
tant de bonne volonté pour la France et qui la tesmoigne si effectivement:|.
7
Nous avons reparty voyans la grande inquiétude où ils estoient que certaine-
8
ment nous n’avons pas pouvoir de nous relascher du Brisgauv ny des villes
9
forestières, |:mais que nous offrions d’escrire à la Reyne ce qu’ilz nous di-
10
soient pourveu que les commissaires impériaux en demeurassent d’accord au-
11
paravant avec eux et nous le fissent proposer de leur part, ou par eux-mesmes,
12
ou par les médiateurs:|; que sy on avoit eu intention selon le contenu |:aux
13
lettres de monsieur le nonce Bagni de se contenter des deux Alsaces, du Sen-
14
gau et de Brisac:|, on y persisteroit |:en faveur dudit sieur électeur qui s’en
15
est meslé:|; que sy on l’avoit entendu autrement et pensé comprendre soubz
16
le nom de l’Alsace tout ce qui est contenu en nostre demande, ils ne devoient
17
pas treuver estrange que nous ne pussions pas en faire icy une explication
18
différente. Enfin voyans qu’une |:response si généralle:| ne les tiroit pas hors
19
de peine |:nous avons adjousté que pour leur descouvrir avec franchise tout
20
ce que nous pouvions faire:|, quand les Impériaux nous |:auroient faict offrir
21
nettement les deux Alsaces, le Sengau et la place de Brisac:|, nous ne refuse-
22
rions pas de |:despêcher un courrier à la Reyne:| et d’employer nos instances
23
et nos persuasions auprès de Sa Majesté pour |:obtenir qu’il luy plaise se
24
contenter de cette offre:|; mais que pour le faire mieux recevoir et faciliter
25
l’effect que l’on en pouvoit désirer, nous estions obligés de leur dire qu’il y
26
avoit quelques précautions à adjouster; l’une |:que Neibourg quoyque dep-
27
pendant du Brisgau demeure aussi à Sa Majesté:| à cause que c’est |:un poste
28
fortiffié sur la rivière:|, et qu’outre cela il ne soit permis cy-après à qui que ce
29
soit de |:faire de nouvelles fortiffications deçà le Rhin entre Basle et Stras-
30
bourg:|; l’autre que le pays |:et les villes que l’on abandonnera:|, en cas que
31
Sa Majesté s’y dispose, soient |:données à monsieur l’eslecteur de Bavières en
32
desduction de sa debte ou aux princes palatins pour leur aider à supporter la
33
perte qu’ilz feront du costé du Haut-Palatinat:|, de crainte que sy ledict pays
34
demeuroit aux archiducs il ne survînt cy-après des différens entre leurs offi-
35
ciers et ceux du Roy capables de troubler la paix. Nous nous sommes encor
36
réservez de dire nos sentimens sur ce qui pourroit estre |:faict de Philisbourg,
37
Benfeld et Saverne:|, nostre intention estant dont touttesfois nous ne nous
38
sommes pas encor expliquez, que la |:première de ces places demeure au Roy
39
au moins en dépost pour quelque temps:| s’il est possible ou à toutte |:extré-
40
mité soit rasée, que les fortiffications de Benfeld soient aussy rasées et que
41
Saverne après la démolition:| de tous les travaux |:qui y ont esté faicts de-
42
meure en neutralité:| sans qu’on y puisse |:mettre garnison de part ny d’au-
43
tre:| et avec obligation de |:donner le libre passage aux trouppes de Sa Ma-
44
jesté toutes les fois qu’elles le demanderont:|.

[p. 777] [scan. 107]


1
Quand nous considérons |:l’acquisition que Sa Majesté va faire d’un si beau
2
pais:| dont la scituation est sy avantageuse, et qui est un des meilleurs de
3
toutte l’Alemagne, |:nous avons une extrême impatience que l’offre nous en
4
soit faicte et que rien ne nous empesche plus de l’accepter que:| les deux
5
conditions qu’on y adjouste d’en excepter le Brisgaw et les villes forestières,
6
|:ausquelles nous croyons bien que Sa Majesté ne s’arrestera pas:| lorsqu’il ne
7
|:tiendra plus qu’à cella:|. Nous prendrons la liberté de dire qu’au |:comen-
8
cement de cette négotiation l’on se fust peut-estre contenté de quelque chose
9
de moins, et que noz instructions nous en donnoient le pouvoir:|; néant-
10
moins |:puisque la demande:| a esté faicte du Brisgaw et des villes forestières
11
aussy bien que du reste, |:nous n’avons pas estimé

42
11 nous en] fehlt im Klartext.
nous en debvoir relascher
12
sans un ordre particullier de Sa Majesté:|. Ce n’est pas que nous ne cognois-
13
sions qu’en |:abandonnant le Brisgau qui est deçà le Rhin:| et n’est point
14
entre les |:mains du Roy:| et les villes forestières qui sont esloignées de tout
15
le reste, l’offre |:que l’on faict ne soit si considérable que quand nous en se-
16
rons en possession elle acquerra une gloire immortelle à la Royne et à mes-
17
sieurs ses ministres d’avoir asseuré au Roy pendant sa minorité une conqueste
18
si importante:| qui redonne au royaume ses anciennes limites, conserve l’en-
19
trée de l’Alemagne pour y assister les alliez de la couronne; qui d’une |:forte-
20
resse qui:| avoit esté jusqu’icy le |:rempart de la maison d’Austriche contre la
21
France en faict le rempart de la France contre l’Empire, qui rompt cette dan-
22
gereuse circonvallation que les ennemis avoient faicte autour du royaume par
23
la comunication de tous leurs Estatz héréditaires:|, laquelle n’avoit pu estre
24
rompue du costé de |:la Valteline:| quelque effort qu’on y eût faict, qui as-
25
sure toutte |:la main droicte allant des Estatz du Roy à Brisac par le voisinage
26
des Suisses:| desquels on peut espérer |:assistance d’hommes et de vivres en
27
cas de besoing:|, qui met |:la Franche-Comté à la discrétion du Roy en luy
28
ostant toute espérance de secours:| et qui couvrant sy |:utilement la Lorraine,
29
les trois éveschez et les autres conquestes leur donne une entière seureté:|.

30
Aussy avons-nous esté en |:très grande inquiétude depuis que les Bavarois
31
nous ont faict:| ce discours voyans qu’il n’est pas |:suivi de

43
31 l’offre] fälschlich dechiffriert: l’ordre
l’offre qu’ilz nous
32
avoient faict espérer de la part des Impériaux:|. Nous sçavons certainement
33
que les premiers ne s’y |:espargnent pas et qu’ilz font toutes les dilligences
34
possibles pour y porter les autres:|; mais nous apprenons que ceux-cy disent
35
qu’ils n’ont pas |:pouvoir de comprendre Brisac dans leur offre et que l’ordre
36
de l’Empereur ne parle que de laisser à la France les deux Alsaces et le Sengau
37
qui sont delà le Rhin:|. Le comte de Trautmansdorff visitant quelques-uns de
38
nous leur avoit desjà faict ceste difficulté et mesmes avoit |:sondé si la Reyne
39
voudroit consentir que Brisac soit razé ou mis en dépost entre les mains de
40
Bavières:|, mais il luy a esté déclaré sy nettement par tous ceux à qui luy et
41
ses collègues en ont parlé que sans la |:rétention de Brisac on ne doict pas

[p. 778] [scan. 108]


1
espérer que la paix puisse jamais estre faicte:|, que nous |:ne croyons pas
2
qu’ilz s’attendent plus de le ravoir:|. Quelqu’un d’eux a dict qu’il faloit se
3
contenter de mettre ceste grande |:barrière du Rin entre la France et l’Allema-
4
gne sans rien prétendre au deçà:|, mais il leur a esté respondu que pourveu
5
qu’on la |:voulût faire servir de limite dans toute l’estendue de son cours nous
6
croyons que la Reyne accorderoit volontiers la restitution de Brisac, mais:|
7
non pas autrement.

8
Nous avons eu quelque opinion que Trautmansdorff voyant |:le délay que
9
nous avons demandé pour savoir les volontez de la Reyne:| touchant le Bris-
10
gaw et les villes forestières a voulu prendre ce temps pour escrire à |:l’Empe-
11
reur afin de laisser le poinct de Brisac en incertitude:| pendant que celuy du
12
|:Brisgau et des villes forestières y demeurera:|. Il y a encor suject de croire
13
que les |:Espagnolz, cognoissans que cette offre estant faicte comme nous la
14
désirons va conclurre la paix de l’Empire en peu de temps, font tous leurs
15
effortz pour la traverser:| ou au moins pour la différer afin de voir cependant
16
ce qui pourra estre faict en leurs affaires. On peut aussy craindre que |:Trans-
17
mandorf ne veuille laisser la chose en suspends pour voir ce qui réussira du
18
voiage qu’il va faire à Osnabruk:|, et que sachant par où |:son maistre en
19
peut estre quitte envers nous:|, il ne désire avant que de venir à |:la conclu-
20
sion savoir auparavant la dernière intention des Suédois:|. Tout cela nous
21
|:donne une extrême inquiétude:| et nous a obligés de faire |:agir puissam-
22
ment les Bavarois

42
22 en] fehlt im Klartext.
en:| augmentant |:les appréhentions qu’ilz ont de la pro-
23
chaine campagne:|, quoyque nous voyons bien qu’ils n’ont pas besoing d’es-
24
tre excitez |:et que leur maistre est celluy qui donne le principal branle à
25
toutes ces résolutions:|.

26
Enfin |:ilz nous vindrent hier revoir:| pour nous tesmoigner le desplaisir
27
qu’ils ont de la difficulté qui se rencontre à une |:affaire si bien disposée de
28
toutes parts:|; que pour eux ilz |:n’ont jamais douté que Brisac ne deût estre
29
compris dans l’offre qu’on

43
29 nous] fehlt im Klartext.
nous veut faire:|, mais que Trautmansdorff res-
30
pond qu’il |:ne le peut faire sans ordre et que Brisac n’est poinct exprimé
31
dans celluy que l’Empereur:| luy a envoyé; qu’ils nous prient de croire que ce
32
n’est point |:une deffaicte, mais une excuse légitime; qu’ilz ont veu les origi-
33
naux des lettres de l’Empereur:|, et qu’ils n’y auroient pas |:adjousté tant de
34
foy:| parce qu’il |:pourroit en avoir escrit d’autres:| s’ils n’en avoient receu
35
|:des copies en mesme temps de la part de leur maistre:| qui leur font voir
36
clairement qu’il y a eu |:de la mesprise faute de s’estre bien expliqué:|;
37
qu’aussytost qu’ils remarquèrent que |:l’ordre ne faisoit pas mention expresse
38
de Brisac:| ils jugèrent que ceste |:obmission apporteroit du retardement:| et
39
en escrivirent d’abord |:en ce sens à leur maistre:|; qu’ilz sçavent que Traut-
40
mansdorff en a aussy escrit à l’Empereur et qu’en attendant la response on
41
pourroit passer outre et entendre à |:l’offre qui nous sera faict des deux Alsa-

[p. 779] [scan. 109]


1
ces et du Sengau:|, sur laquelle nous dirons ce que nous jugerons à propos,
2
touchant |:Brisac, le Brisgau et les villes forestières aussi bien que sur Benfeld,
3
Saverne et Philisbourg:|.

4
Nous leur avons respondu que nous n’avions garde de mettre |:ces deux arti-
5
cles dans un mesme prédicament:|; que celuy du |:Brisgau, des villes forestiè-
6
res et des trois autres places:| estant remis à la Royne nous avions quelque
7
espérance que Sa Majesté |:pourroit nous envoyer ordre pour le bien de la
8
paix et en faveur de monsieur le duc de Bavières de nous relascher d’une
9
partie, et de prendre quelque tempéramment:| sur l’autre aux conditions
10
touttesfois que nous |:leur avions cy-devant déclarées:|; mais que |:pour Bri-
11
sac:| non seulement il n’en |:falloit rien espérer:|, mais que nous n’estions
12
pas assez hardis pour en |:escrire ny pour révoquer en doutte un poinct si
13
important:| sans lequel il est très certain que |:la paix ne se peut faire:|,
14
Leurs Majestez estans résolues |:d’attendre toutes sortes d’extrémitez plustost
15
que de se dessaisir de cette place:|. Ils nous ont représenté que ç’a tousjours
16
esté leur opinion que nous pouvons |:accepter l’offre qui nous sera faict et:|
17
déclarer ce qu’il nous plaira |:pour Brisac:| lequel demeurant entre |:les
18
mains du Roy:|, nous ne sçaurions recevoir |:préjudice d’avoir escoutté une
19
proposition qui engage noz parties et non pas nous:| et que de leur costé ilz
20
continueront à faire |:leur possible pour avancer nostre entier contente-
21
ment:|; mais qu’il seroit à propos cependant pour |:prévenir les changemens
22
qui peuvent arriver par les accidens de la guerre d’accorder une suspention
23
d’armes pour trois sepmaines ou un mois, dans lequel temps les responses que
24
l’on espère seront arrivées:|.

25
Nous avons faict d’abord grande difficulté à ceste proposition ayans reconnu
26
jusqu’icy que |:l’appréhention de la campagne et du passage de l’armée du
27
Roy au-deçà du Rhin est un puissant motif des résolutions que prend mon-
28
sieur de Bavière, et qu’il faict prendre à l’Empereur:|. Enfin voyans que |:ce
29
prince et ses ministres marchent de si bon pied:| qu’on peut dire avec vérité
30
qu’une |:partie des avantages que nous retirerons de ce traicté vient de luy:|;
31
d’ailleurs ayans considéré que les armées |:ne sçauroient rien entreprendre
32
pendant le délay qu’ilz demandent:|, nous avons respondu que nous en
33
|:communiquerions aux Suédois, que nous travaillerions sincèrement à les y
34
disposer:| et que pourveu qu’ils en demeurassent d’accord nous ne |:refuse-
35
rions pas ladicte suspention sous trois conditions:|:l’une qu’on ne fera point
36
|:de traicté par escrit ny exprès pour cella:|, mais qu’on se contentera |:d’es-
37
crire de part et d’autre aux généraux des armées de ne rien entreprendre pen-
38
dant trois sepmaines:|; la seconde que ce délay expiré, |:monsieur de Bavières
39
leur fera sçavoir ce qu’il veut faire et leur:| envoyera pouvoir d’en convenir
40
|:avec nous en cas que l’Empereur reffuse de conclurre la paix, soit pour
41
raison de Brisac ou:| pour quelque autre intérest que ce soit; la troisiesme
42
qu’avant que nous en |:parlions aux Suédois les Impériaux nous feront faire
43
leur offre par les médiateurs:| et se contenteront de |:l’espérance que nous
44
leur donnerons d’escrire à la Royne seullement pour le Brisgau, pour les villes

[p. 780] [scan. 110]


1
forestières et pour le tempéramment qu’on peut prendre sur les trois autres
2
places:|, et recevans la déclaration que nous y ajousterons que |:la rétention
3
de Brisac ne peut estre révoquée en doutte, et que la paix ne peut jamais estre
4
faicte sans cella:|.

5
[Nachtrag, 1646 April 19:] Nous avions faict estat d’envoier ce mémoire avec
6
la dépesche qui partit samedy par l’ordinaire ; mais les médiateurs estans sur-
7
venus avec un escrit des Impériaux

38
Kaiserliches Angebot A vom 14. IV. 1646, Druck: Gärtner IX S. 102–107 (datiert 1646
39
April 13).
qui ne se raporte pas en tout à ce que
8
dessus, nous nous trouvasmes obligés de différer l’envoy dudict mémoire jus-
9
qu’à ce que nous eussions faict retrancher quelques articles de cet escrit et
10
débatu les autres.

11
Les articles que nous en avons faict oster estoient que nous ayderions à mo-
12
dérer les prétentions de la couronne de Suède, à garantir l’Empereur du des-
13
dommagement qu’on pourroit prétendre de ce qu’il accordera à ladicte cou-
14
ronne

40
Ebenda, Art. 7.
; que le Roy ayderoit de touttes ses forces à ce que l’électorat et le
15
Haut-Palatinat demeurent au duc de Bavières

41
Ebenda, Art. 10.
; que sur l’amnistie, et sur les
16
griefs, nous facions modérer les prétentions des protestans

42
Ebenda, Art. 8.
; et que certains
17
bailliages possédés par la maison d’Inspruch dans le duché de Virtemberg, et
18
sur lesquels elle a droict ne luy soient point ostez par ce traicté soubs prétexte
19
de l’amnistie

43
Ebenda, Art. 4.
. Il peut bien estre que nous y omettons quelque chose, parce
20
que nous creusmes sy important de ne nous point charger d’un escrit qui
21
pouvoit nous rendre suspects à noz alliés et aux protestans de l’Empire que
22
nous ne voulusmes point le recevoir, et n’en entendismes la lecture qu’une
23
fois. |:Ce n’est pas que nous n’ayons dict à l’oreille aux médiateurs qu’en tout
24
ce qui sera pour l’advantage de la religion catholique et du bien public nous
25
ne soyons disposez de nous y:| employer efficacement; mais que les |:Impé-
26
riaux nous y voulans obliger par escrit nous en osteroient le moyen et ne le
27
faisoient peut-estre que pour mettre noz amis en deffiance:|. Autrement il
28
auroit semblé qu’on ne nous avoit |:voulu accorder nostre satiffaction qu’à
29
condition de nous rendre solliciteurs des intérestz de l’Empereur contre ceux
30
de noz alliez et de noz amis:|. Hier on nous raporta l’escrit réformé touchant
31
ces poincts-là, comme l’on verra par la copie qui est cy-joincte

44
Beilage 1.
. Il s’y trouve
32
d’autres choses qui ne sont pas conformes aux discours que nous avons eu
33
avec les Bavarois ny à la vérité de ce qui s’est passé entre eux et nous; mais
34
comme nous avons eu moyen par nostre response d’en esclaircir les média-
35
teurs et de nous plaindre des conditions qu’on y a adjoustées, nous n’avons
36
pas pu prescrire à nos parties la manière des offres et des demandes qu’ils

[p. 781] [scan. 111]


1
avoient à nous faire, nous estans contentez de faire oster |:tout ce qui eust peu
2
faire soubçonner une intelligence entre les Impériaux et nous:|. Le sommaire
3
de ce que nous avons respondu de bouche auxdicts sieurs médiateurs et aux
4
ministres de Bavières que nous fusmes visiter hier tout exprès sera en apostille
5
à costé de chaque article de la proposition qui nous a esté faicte.

6
Comme nous estions en cet endroict, les médiateurs nous sont venus apporter
7
le mesme escrit dont copie sera cy-joincte

70
Beilage 2.
, où le premier article est mis selon
8
la vérité des choses, qui se sont passées à laquelle nos parties n’ont pu contre-
9
dire. Il y a aussy un article adjousté touchant les intérests de monsieur le duc
10
de Bavière et nous n’avons pu le refuser en la forme qu’il est.

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