Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy

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Je me conformerois mal aux volontés de la Reyne si je suivois l’exemple
7
que vous me donnez de vous escrire en particulier. Vous me dispenserez
8
d’entrer dans le détail de vos nouvelles contestations , me remettant à Mon-
9
sieur de Brienne de vous faire sçavoir sur chacune le sentiment de Sa Majesté
10
et de son Conseil, où disant mon advis sur toutes choses je me suis assez
11
estendu au long et en ay entretenu encore particulièrement ledict Sieur de
12
Brienne

39
Mit gleicher Post schrieb Brienne an d’Avaux und Servien – Ausfertigung: AE , CP All. 28
40
fol. 211–212 –, die Gegner hofften, durch ihre Streitigkeiten ihre geheimen Absichten zu erfahren;
41
Stellungnahme Briennes zu einzelnen Punkten der Auseinandersetzung in nr. 323 und 324. In einem
42
Schreiben an Servien vom 14. Dezember 1644 – Ausfertigung: AE , CP All. 31 fol. 384–
43
384’ – erteilt Brienne ihm einen Verweis wegen der Auseinandersetzungen mit d’Avaux, auch
44
soweit sie durch die Sekretäre geführt wurden, und verweist auf [nr. 323.]
. Mais je ne puis pas m’empescher de vous dire qu’on s’est extrême-
13
ment estonné que de si légères occasions, qui à le bien prendre ne sont toutes
14
que bagatelles, ayent néantmoings esté capables de remettre la division parmy
15
vous contre les ordres de Sa Majesté. Et véritablement si elle continuoit plus
16
longtemps, cela seroit aussi peu advantageux à la grande estime que l’on a de
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vostre suffisance qu’au bien du service de Sa Majesté qui en peut recevoir
18
un notable préjudice, particulièrement dans l’estat présent des affaires, qu’on
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a lieu d’espérer que les advantages que nous avons sur nos ennemis les feront
20
penser tout de bon à mettre leurs intérestz à couvert par le moyen de quelque
21
accommodement. Agréez la liberté avec laquelle je vous en parle, puisque
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ces deux inconvéniens me seroient infiniment sensibles.

23
On n’a pas estimé icy que |:après la demande que vous ferez pour la liberté
24
de l’Electeur de Trèves il fust expédient de faire la proposition qui vous est
25
venue dans la pensée de remettre les choses d’Allemagne en l’estat qu’elles
26
estoient en l’an 1618:| . Les principales raisons qui nous font avoir ce senti-
27
ment sont:

28
Premièrement, que |:nous mettrions au désespoir et aliénerions d’abord
29
l’esprit du Duc de Bavières:|, lequel est |:ant bien mesnagé peut nous
30
donner de grandz avantages dans le cours de la négotiation:|. Cependant
31
|:nous en ferions l’ouverture par une instance qui va plus directement contre
32
luy que contre tout autre:|, puisque |:l’exécution luy osteroit le bonnet
33
d’Electeur et tout ce qu’il tient du Palatinat, et il:| auroit suject de croire
34
que |:toutes les belles espérances que nous avons voulu luy faire concevoir
35
n’ont esté que des amusemens et des pièges pour mieux causer sa ruine:|.

36
En second lieu, il seroit vray de dire que |:par cette proposition la France
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maltraitteroit plus les Suédois ses alliéz que ne font les Impériaux mesmes:|,

[p. 784] [scan. 874]


1
puisque |:d’abord nous voudrions les renvoyer au delà de la Mer Baltique
2
et eux leur ont souvent offert de leur laisser partie de la Poméranie, plusieurs
3
places maritimes et leur donner:| outre cela |:deux millions d’or:|. Vous
4
voyez donc bien que le |:mot qu’on leur a dit à l’oreille de ne faire cette
5
proposition plausible que pour nous rendre favorables les Allemandz, ne
6
remédie pas beaucoup à l’inconvénient et:| tousjours par |:oistroit il dans
7
le monde ou que nous aurions fait une proposition avec dessein de ne la
8
pas tenir quand elle seroit acceptée des ennemis, ou que nous n’aurions pas
9
le soin qu’il convient des intérestz de noz alliéz qui ont si bien servy la
10
cause commune:|.

11
Troisiesmement, |:si les Impériaux par une contreruse venoient à tesmoigner
12
en apparence vouloir l’accepter:|, quoyque nous sçachions bien |:qu’ilz ne
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le feront jamais en effet, ne nous réduiroient ilz pas à:| la nécessité |:ou de
14
manquer à ce que nous aurions nous mesmes proposé ou de désobliger les
15
Suédois, et:| d’autant plus |:nous devroit on soupçonner d’artiffice que:|
16
il ne peut pas tomber dans l’esprit de nos ennemis ny d’aucune personne
17
désintéressée qu’ayans faict |:paroistre jusques icy une indissoluble union
18
avec noz alliéz, nous voulions commencer le traitté de la paix par une pro-
19
position qui portast avec soy la perte de tout ce que la Couronne de Suède
20
a acquis dans l’Allemagne, puisque:| il est cognu de tout le monde que |:les
21
ennemis leur ont offert des Estatz et des sommes d’argent considérables pour
22
faire un accommodement particulier avec eux:|

44
Vgl. F. Dickmann S. 95–97.
.

23
En quatriesme lieu, |:pourquoy pour une proposition qu’on sçait qui ne
24
peut avoir d’effet, puisque ny nous ny:| le party contraire |:n’y pouvons
25
jamais entendre, Sa Majesté se fera-t-elle le préjudice elle mesme de déclarer
26
qu’elle ne prétend rien conserver de toutes ses conquestes d’Allemagne:|?
27
Ne peut il pas estre que |:par ce grand désintéressement nous courons autant
28
fortune de choquer que de plaire à la pluspart des Princes qui appréhendent
29
d’estre oppriméz par la Maison d’Austriche, et que:| comme toutes les
30
choses ont deux faces, ilz |:le prendroient pour un abandonnement que la
31
France feroit des affaires de leur province à la discrétion de l’ennemy com-
32
mun. Ilz ont l’exemple des Princes d’Italie qui font consister:| leur principal
33
intérest |:à voir cette Couronne dans Pignerol. Pourquoy:| ne pourroient
34
|:ilz pas de mesme désirer de nous que nous conservassions quelque poste
35
qui nous facilitast les moiens d’accourir à leur déffense, tinst en bride l’Em-
36
pereur et les Espagnolz. On:| ne juge donc pas que vous debviés vous
37
attacher à cette pensée et qu’il vault mieux |:dire naïvement noz véritables
38
intentions, puisqu’estans toutes effectivement portées au bien, à l’avantage,
39
à la liberté et seureté desditz Princes en la manière qu’ilz estimeront leur
40
estre plus avantageuse:|, il ne fault point doubter que |:elles ne gagnent
41
aussytost leurs cœurs comme feroit l’instance dont:| il s’agit particulière-
42
ment, |:la conduitte que nous avons tenue jusques icy ayant fait de grandz
43
progrès pour cela. Il sera seulement à propos de leur faire remarquer:|

[p. 785] [scan. 875]


1
l’obligation qu’ilz ont à Sa Majesté de vouloir à leur considération mettre
2
les affaires d’Allemagne les premières sur le tapis, afin que l’Empire, s’il est
3
possible, soit le premier à jouir de la tranquillité dont il a tant de besoing.

4
Voylà les sentimens du Conseil de Sa Majesté. Si néantmoings après vous
5
avoir touché quelques unes de nos raisons vous en avés d’autres qui vous
6
semblent plus fortes, vous pourrés les répliquer, et Sa Majesté y délibèrera
7
de nouveau n’affectant pas d’avoir une opinion plus qu’une autre, sy ce n’est
8
qu’autant que les considérations qu’on luy représente l’y obligent.

9
|:On nous veut donner de grandes alarmes d’Italie d’une ligue qu’on dit que
10
veulent former tous les Princes pour le repos de leur province et pour
11
obliger les Couronnes à restituer aux Princes naturelz tout ce qu’elles tien-
12
nent de leurs Estatz, dont on nous veut faire peur comme:| si la chose nous
13
estoit fort préjudiciable.

14
La vérité du faict est que |:cette ligue n’est encores que dans l’intention des
15
Espagnolz ou de leurs partisans qui la pratiquent, s’imaginans que:| nous
16
aurions |:grande peine à la restitution de Cazal et des places que nous tenons
17
dans le Piedmont, où ilz n’auront à rendre que Verceil et que nostre résistance
18
nous feroit tomber sur les bras toutes les forces des autres Princes d’Italie:|.
19
Cependant |:ny la République de Venize ny le Grand Duc ny le Pape n’y
20
ont pas songé, et Monsieur le Cardinal Bichi:| nous en escript en ces
21
termes

39
Ergänzend dazu Mazarin in [nr. 333.]
.

22
La conduicte qu’a tenue Sa Majesté jusqu’à cette heure ne donne pas occasion
23
qu’on puisse faire ce jugement d’elle, et la sincérité de ses intentions sera
24
encore mieux confirmée par la résolution qu’elle a prise depuis peu de
25
|:rendre à Madame de Savoye

40
Herzogin Christine von Savoyen, 1606–1663, Schwester Ludwigs XIII. und Witwe des 1637 ver-
41
storbenen Herzogs Viktor Amadeus I., führte die Regentschaft für ihren minderjährigen Sohn Karl
42
Emanuel, 1634–1675.
la plus grande partie des places qu’elle tient
26
en Piedmont et de ne retenir que celles qui pourroient courre fortune de se
27
perdre si on les luy remettoit:| ainsi que l’expérience du passé l’a faict voir.
28
|:Le Roy luy fit ces années dernières rendre Cony, Ceva, Revel, Savillane
29
et Quérasque:|, luy a donné moyen de |:rentrer dans Villeneve d’Ast

43
In einem Vertrag vom 2. Dezember 1640, Druck: J. Du Mont VI, 1 S. 195, hatte sich Frank-
44
reich zur Restitution der in Savoyen besetzten Plätze verpflichtet: hier genannt sind Cuneo, Ceva,
45
Revello, Saviglìano, Cherasco und Villanova d’Asti.
, et
30
maintenant elle luy remet encores le fort d’Axel, Thurin, Caours, Carmagnole
31
et le chasteau de Monast et la citadelle et Santya:|.

32
J’ay bien de la peine à croire que |:si les Espagnolz avoyent un avantage
33
pareil, il y eust des persuasions assés efficaces pour les porter à une semblable
34
restitution, quelque parenté, alliance ou intérest d’honneur qui les y eust
35
conviéz. Cependant:| Sa Majesté le faict de son pur gré, sans autre motif
36
que celuy de l’équité, |:de gratiffier cette Maison:| et de faire cognoistre à
37
un chacun qu’elle |:préfère tousjours la justice à toute autre considération
38
et à tout intérest politique:|.

[p. 786] [scan. 876]


1
Cela faict que |:nous n’appréhendons nullement la ligue dont:| il semble
2
que |:on nous veut menacer. Le Roy ne regarde les affaires d’Italie que du
3
mesme œil que font tous les Princes naturelz de la province. Il ne veut que
4
leur seureté et empescher leur oppression:|, à quoy il a despensé des trésors
5
immenses et faict respandre tant de sang de ses sujectz.

6
Non seulement il consent |:de bon cœur à l’entier restablissement de la
7
Maison de Savoye:|, mais il le souhaicte ardemment, et la sincérité et le
8
désintéressement avec lequel il traicte |:ce qui regarde la Maison de Savoye:|
9
est une démonstration si visible de cette vérité que |:après cela, nous ne
10
devons pas estre en peine que les Princes d’Italie puissent soupçonner le
11
contraire.

12
Pour Cazal, il suffit à Sa Majesté qu’il ne puisse tomber entre les mains de
13
ses ennemis, à quoy tous les Princes ont un esgal intérest, et l’instruction
14
que l’on vous a donnée:| faict bien voir quelles sont ses intentions sur ce
15
suject .

16
|:Quand Sa Majesté voudroit se défaire de Pignerol:|, elle juge que |:il n’y
17
auroit aucun Prince qui ne luy dépeschast des courriers exprès pour la prier
18
de le conserver:|, puisque c’est |:la porte de leur déffense et le rempart qui
19
affermit leur liberté. Et:| en effect, |:les Espagnolz sont si bien informéz
20
des intérestz et des sentimens des Princes d’Italie que dans le projet qu’ilz
21
ont fait de la ligue ilz ne veulent pas comprendre Pignerol, sçachans bien
22
que:| la seule proposition produiroit un effect tout contraire |:et que lesditz
23
Princes ne sont jamais pour y concourir:|.

24
On estime donc que |:si lesditz Princes méditoient quelque chose de sembla-
25
ble, ce seroit à Sa Majesté la première qu’ilz s’adresseroient pour luy tes-
26
moigner leur désir:|, à quoy ilz rencontreroient toutes les facilitéz imagina-
27
bles, puisqu’elle ne souhaicte que leur bien et ce qu’effectivement eux mes-
28
mes souhaictent.

29
Tous ces discours confirment cependant Sa Majesté dans le sentiment que
30
|:vous devez mettre d’abord sur le tapis les affaires d’Italie conjointement
31
avec celles d’Allemagne:|, puisque par ce moyen non seulement |:vous
32
gagnerez le cœur et les bonnes grâces des Médiateurs, auxquelz vous donne-
33
rez une occupation agréable et de leur intérest, mais:| Sa Majesté n’ayant
34
ny pour l’Allemaigne ny pour l’Italie d’autres pensées que celles que doib-
35
vent avoir les Princes mesmes de ces deux provinces, |:vous ne devés pas
36
appréhender de n’estre bien secondés. Et comme:| il est certain que |:ce
37
faisant nous ne sçaurions tomber dans aucune contestation où la Chrestienté
38
puisse nous reprocher que nous mettons des obstacles à la paix, aussy:| il
39
est indubitable que |:les ennemis ne sçauroient éviter ou d’acquiescer enfin
40
à noz prétentions ou que les Princes qui y ont le mesme intérest ne se
41
rangent de nostre costé pour les y contraindre, et par ce moyen toute la
42
haine de la Chrestienté tombera sur eux comme sur les seulz qui retardent
43
le repos public:|.

[p. 787] [scan. 877]


1
Il fault tousjours se souvenir que |:nous aurions un désavantage notable de
2
souffrir qu’on parlast des affaires d’Espagne avant que les autres fussent
3
ajustéez. Car ou nous relaschans tant soit peu pour la Catalongne sans estre
4
asseuréz d’avoir satisfaction aux autres pointz qui resteroient à traitter, les
5
Catalans qui se verroient dès lors abandonnéz ne songeroient qu’aux moyens
6
de faire leur accommodement sans nous pour en obtenir plus de grâce, ce
7
qui:| mesme |:feroit après venir aux Espagnolz la pensée de continuer la
8
guerre comme ilz:| en auroient plus de moyen. |:Ou si nous tenions ferme
9
à vouloir conserver la possession de cette Principauté sans voulloir escouter
10
aucun tempéramment:|, la pluspart du monde attribueroit |:nostre dureté
11
à un propos délibéré de ne point faire la paix, et:| en ce cas |:nous courrions
12
risque que le mesme blasme quoyqu’à tort tomberoit sur nous qui dans
13
l’autre tombe avec justice sur noz ennemis:|.

14
Monsieur le Nonce qui est icy

44
Bagni.
receut il y a quelques jours un courrier de
15
Flandres de la part du Marquis de Castel Rodrigo qui le prioit de demander
16
un passeport pour Don Miguel de Salamanca, qu’il vouloit envoyer en
17
diligence en Espagne pour faire expédier les nouveaux pouvoirs en la forme
18
qu’ilz ont esté adjustés à Munster et les rapporter avec les intentions de son
19
maistre touchant la paix.

20
Don Miguel de Salamanca passant dernièrement par la France fit première-
21
ment instance par diverses fois pour avoir l’honneur de saluer la Reyne et
22
pour traicter avec moy, ce qui luy fut refusé pour les considérations que
23
j’espargneray de vous dire, puisqu’on vous en a donné part dès lors. Après
24
il en fit une nouvelle de pouvoir s’arrester quelque temps et se divertir à
25
voir les plus belles Maisons de France. On luy repartit que Sa Majesté auroit
26
peur de s’attirer la hayne de toute la Chrestienté si elle avoit permis qu’une
27
personne comme luy employast le temps à son plaisir qu’il pouvoit donner
28
si utilement à l’assemblée générale, venant instruict des dernières intentions
29
de son maistre. La pensée dudict Salamanca estoit d’avoir moyen par ce
30
séjour dans le Royaume de conférer avec les mescontens qu’il croyoit
31
capables de brouiller, ainsi que nous sçavons qu’il l’a tenté. Mais quand il
32
se vid exclus de venir à bout de tous les beaux projectz qu’il avoit formés,
33
il ne put s’empescher d’en faire esclatter son desplaisir et ne feignit point
34
de dire hautement qu’il n’avoit demandé son passeport en qualité de Pléni-
35
potentiaire que pour se rendre plus promptement et plus seurement en Flan-
36
dres et que l’on le verroit bien par l’événement, parce qu’il n’iroit nullement
37
à Munster.

38
Après avoir donc faict faire par Monsieur le Nonce une relation au Marquis
39
de Castel Rodrigo de tout ce que dessus, on luy faict déclarer nettement
40
qu’on ne veult pas estre joué deux fois de suitte, qu’il suffit d’envoyer un
41
simple courrier pour rapporter les passeportz sur le suject desquelz il
42
n’eschet rien de représenter, puisqu’ilz ont esté résolus à Munster en la
43
forme qu’ilz doibvent estre, et que mesme il est plus à propos de se servir

[p. 788] [scan. 878]


1
d’un courrier parce qu’il fera plus grande diligence. Que pour ce qui est de
2
s’informer des intentions du Roy son maistre pour la paix, véritablement
3
nous croyons qu’il y a un an qu’elles fussent dans les instructions des
4
Plénipotentiaires qu’il tient à Munster comme vous portastes celles de Sa
5
Majesté à vostre départ, et que cela doibt bien faire juger qui marche de
6
meilleur pied à l’accommodement.

7
J’ay crû vous debvoir donner part du détail de cette rencontre et y ad-
8
jousteray mesme que |:les dernières nouvelles que nous avons de Flandres
9
me donnent quelque lumière des sujets qu’ilz peuvent avoir pour faire passer
10
et repasser si souvent de leurs ministres par la France. Ces avis qui:| ont
11
encore esté confirméz par |:d’autres que Monsieur le Prince d’Orange nous
12
a fait dire en confidence portent que les peuples sont dans une telle espou-
13
vante et dans une si grande consternation qu’ilz sont chaque jour sur le
14
point de prendre quelque bonne résolution pour se tirer des misères qui les
15
accablent et que les Espagnolz qui cognoissent:| cette disposition |:n’ou-
16
blient aucuns artifices pour les amuser et leur donner à entendre tantost
17
qu’ilz sont sur le point de conclurre une trêve avec Messieurs les Estatz,
18
tantost qu’ilz ont des négotiations secrèttes avec cette Couronne qui esclor-
19
ront bientost à leur avantage, ce qu’ilz sont bien aises de confirmer par de
20
semblables voyages de personnes principales.

21
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22
Baudissin

41
Wolf Heinrich von Baudissin, 1579 (oder 1597?) – 1646, polnischer Gesandter in Kopenhagen.
42
Zur Person NDB I S. 632f. und DBL II S. 240–242.
anweisen. Wir haben großes Interesse an Neuaushebungen von Infanterie,
23
Kavallerie ist genügend vorhanden :|.

24
On m’a adverty confidemment |:de Munster et avec des circonstances
25
encores plus particulières de Bruxelles que les ministres d’Espagne mettent
26
toutes pierres en œuvre pour obliger ceux de Suède à traitter en particulier,
27
et:| notamment que |:lorsque Monsieur Salvius fut arrivé par delà, ilz dis-
28
posèrent un certain Colonel Peschviz

43
Moritz Freiherr von Peschwitz, ehemaliger kaiserlicher Oberst. Zusammenstellung der verfügbaren
44
Daten in APW [II C 2 S. 156 Anm. 2.]
, natif de Prusse qui:| est fort adroict
29
et advisé, |:à luy rendre une visite comme de luy pour le faire discourir sur
30
le traitté de la paix et avoir moyen de luy insinuer la répugnance que la
31
France a de la conclurre et que:| son desseing est de |:trouver des prétextes
32
pour rompre l’assemblée, ne songeant qu’à:| ses advantages |:particuliers
33
et à obliger la Couronne de Suède de servir seulement pour la faire parvenir
34
à ses fins:|. A quoy |:ledit Colonel pour mieux picquer les Suédois par
35
l’estime et la jalousie qu’ilz ont de leur grandeur et de leur puissance, devoit
36
adjouster et:| imprimer adroictement dans son esprit |:que les François se
37
vantoient de soustenir leur Estat et que sans noz assistances et nostre argent
38
il ne seroit nullement considérable:|.

39
On m’asseure que tout ce que dessus a esté exécuté et mesme que |:ce
40
Colonel s’est fort bien acquitté de sa commission:|. Je ne sçay pas |:si Mon-

[p. 789] [scan. 879]


1
sieur Salvius vous en aura donné advis, mais en tout cas:| la cognoissance
2
que vous en aurés maintenant vous donnera lieu |:d’en descouvrir entière-
3
ment la vérité, communiquant le tout:| avec vostre addresse accoustumée
4
audict |:Salvius et monstrant l’avoir appris sur les lieux mesmes par les
5
habitudes que vous luy ferez croire d’avoir dans la maison de Don Diego
6
Saavedra où quelque personne en qui il se confie entièrement vous rapporte
7
ses plus secrèttes pensées:|. Par ce moyen |:ledit Salvius se tiendra obligé
8
à la sincérité et à la confiance que vous luy aurez tesmoignée et pour y
9
correspondre vous donnera:| sans doubte part |:à l’avenir de tout ce qu’il
10
apprendra:|, d’autant plus qu’il |:aura suject de craindre que ne le faisant
11
pas, vous ne laissassiez pas d’en estre aussy bien informéz d’ailleurs:|.

12
Je souhaitterois bien d’estre adverty le plustost qu’il se pourra |:si cet avis
13
particulier que l’on m’a donné de la négotiation de ce Colonel cy dessus
14
avec Monsieur Salvius se trouve véritable:|, afin de faire |:à l’avenir plus
15
d’estat des personnes qui me l’ont fait sçavoir:| et que je puisse |:les engager
16
davantage à continuer de m’en donner en leur procurant auprès de Sa
17
Majesté des gratiffications proportionnées à ce service.

18
Les ministres d’Espagne qui sont à Munster sont très informéz de tout ce
19
que font les Plénipotentiaires de la Couronne de Suède et de tout ce qu’ilz
20
résolvent et traittent avec vous:|.

21
Le principal but de |:Saavedra est d’introduire quelque négotiation secrètte
22
avec les |:Suédois et:| principalement |:avec Monsieur Salvius, luy faisant
23
concevoir des soupçons de la France et de grandes espérances que traittant
24
séparément leur accommodement avec la Maison d’Austriche, ilz en rap-
25
porteront des avantages bien plus considérables:|. Et véritablement, si nous
26
prenons garde à |:la foiblesse présente des ennemis et aux apparences qu’il
27
y a de voir tousjours prospérer de bien en mieux les affaires de cette Couronne
28
et de ses alliéz:|, on peut conclurre ce semble fort véritablement qu’il n’y
29
a point de |:party si avantageux que l’Espagne ne fist aux Suédois pour les
30
désunir d’avec nous:|, en quoy il fault |:s’attendre que le Roy d’Espagne
31
passera toute mesure:| quand il en rencontrera la conjoncture favorable,
32
parce que |:encore qu’il ayt grand intérest en la grandeur et en la puissance
33
de l’Empereur:|, il est certain que |:il ne regardera pas de si près aux
34
avantages que l’on accordera aux Suédois aux despens de l’Empire:|, notam-
35
ment dans |:l’espérance qu’il concevroit que cet accommodement seul est
36
capable de remettre toutes ses affaires en bon estat:|.

37
Il semble donc fort nécessaire de |:veiller avec grande attention aux prati-
38
ques et aux actions des ministres de Suède et à rompre toutes les menées
39
que noz ennemis pourroient tramer pour nous séparer d’avec eux, prenant
40
surtout garde de près à ce qui est fin et adroit et:| qui ne fera pas grand
41
scrupule de |:supposer des faucetéz, employant:| tous les artifices imagina-
42
bles |:pour faire naistre en ce commencement des soupçons de nous dans
43
l’esprit des ministres de Suède:|, afin |:d’altérer la bonne correspondance
44
qui doit estre entre vous et eux et les porter:| insensiblement |:à prendre de

[p. 790] [scan. 880]


1
telles impressions de nostre procédé qu’elles les obligent de persuader en
2
Suède à songer à un accommodement particulier:|.

3
J’estime qu’il est fort à propos de |:ne pas celer ce que dessus aux ministres
4
de Suède et de leur en ouvrir franchement nostre cœur affin de rendre
5
inutiles les tentatives que feront noz ennemis:|. Sur ce suject il faudra aussy
6
|:leur représenter nettement la netteté de nostre conduitte, qui ne peut estre
7
plus sincère ny plus ferme dans l’union indissoluble de noz intérestz com-
8
muns:|, n’ayant jamais voulu |:prester l’oreille comme ilz l’ont pu sçavoir
9
à la moindre proposition des ennemis et ayans esté si jalous:| sur ce suject
10
|:qu’il n’est pas mesme resté lieu aux plus malins de mal interpretter la
11
moindre circonstance de tout le procédé que nous avons tenu:|.

12
J’oubliois à vous dire que l’on me donne advis que |:les Impériaux et les
13
Espagnolz feront tous leurs effortz pour empescher l’envoy des députéz des
14
Princes d’Allemagne dans l’assemblée généralle, pronosticans que cette mis-
15
sion ne pourroit estre que ruineuse et préjudiciable à leurs affaires:|, notam-
16
ment |:dans un temps que les armes de France et de ses alliéz se rendent si
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redoutables dans ce pays là. Ilz songent donc:| à bon escient |:aux moyens
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de divertir ce coup et ont jugé que:| le plus expédient seroit de |:convoquer
19
une diètte généralle dans laquelle intervinst la personne mesme de l’Empe-
20
reur pour publier une amnistie universelle et penser aux autres moyens
21
d’asseurer le repos de l’Empire, chassant toutes les forces estrangères qui le
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troublent:|. C’est assez faire que de vous advertir de |:leur dessein pour s’as-
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seurer que vous mettrez tous les obstacles qu’il se pourra à l’exécution:|.

24
PS: |:Parmy les Espagnolz l’Evesque d’Osnaburg

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Wartenberg.
qui est depuis peu arrivé
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à l’assemblée passe pour estre entièrement

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25 françois] in der Druckvorlage nicht dechiffriert.
françois:|. Ilz croyent mesme que
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|:tous ceux de sa suitte ont la mesme inclination:|. Je ne veux pas dire
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positivement que cela soit n’en ayant aucune autre preuve que |:l’oppinion
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mesme des ennemis:|, mais il me semble qu’elle suffit pour vous donner
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lieu de vous en prévaloir avec luy, et vous ne serez pas longtemps sans en
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descouvrir la vérité.

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|:Les Espagnolz sont en la plus grande appréhension du monde que les
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Impériaux, persuadéz enfin du mauvais estat de leurs affaires et de:| l’appa-
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rence qu’il y a de |:les voir tousjours empirer et voyans d’ailleurs la grande
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disposition des Princes d’Allemagne à la paix et:| particulièrement |:du Duc
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de Bavières, ne se résoluent d’achetter:| à quelque prix que ce soit |:le repos
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de l’Empire concluans la paix sans l’Espagne. Saavedra et Brun fomentent
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extrêmement ce soupçon, ayant esté dit par un ministre de grande qualité
38
à Bruxelles que sans leur adresse et leur résolution, ceux de l’Empereur
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n’auroient apporté aucunes difficultéz:| touchant l’adjustement des |:pleins-
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pouvoirs, se cognoissant visiblement en eux une si grande peur de voir
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rompre l’assemblée qu’ilz vont au devant de:| toutes les choses qu’ilz
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croyent estre |:efficacement désirées par la France:|.

[p. 791] [scan. 881]


1
La cognoissance de toutes ces particularitéz vous peut donner lieu d’en
2
profficter extrêmement pour le bien du service du Roy. |:Et comme les
3
Espagnolz n’oublient rien pour nous mettre mal avec noz alliéz et les séparer
4
de nous:|, il semble qu’ilz |:nous apprennent la conduitte que nous devons
5
tenir à leur esgard. Et encores que la Maison d’Austriche ayt semblée jus-
6
qu’icy indivisible:|, néantmoings s’estant veu que |:le Roy d’Espagne a
7
plusieurs fois sacrifié les intérestz de l’Empereur pour ses fins particulières:|,
8
il pourroit |:estre que l’Empereur dans les nécessitéz où il se trouve, voyant
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tous les Princes de l’Empire résolus à la paix, songeast à l’indemnité de ses
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intérestz sans les vouloir exposer à une ruine entière pour contribuer à
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mettre en meilleur estat ceux du Roy d’Espagne:|.

12
Après tout, il est assez évident que |:la pluspart des préjudices que souffre
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aujourd’huy l’Empire ont esté causéz par les Espagnolz, qui ont eu le crédit
14
dans la Cour impériale d’empescher qu’on ne considérast le bien de l’Em-
15
pereur que conséquemment au leur.

16
La paix qu’ilz le forcèrent de faire avec le Roy de Dannemarch

41
Lübecker Friedensschluß vom 22. Mai 1629; Druck: Londorp III S. 1081–1083. Vgl. dazu
42
G. Lorenz, Das Erzstift Bremen S. 15–18.
au grand
17
dommage de la Religion catholique pour pouvoir employer les forces de
18
l’Empire à l’oppression du Duc de Mantoue, ce:| qui donna lieu |:ensuitte
19
à l’invasion et aux progrès du Roy de Suède et aux malheurs qui sont arrivés
20
après à l’Allemagne, est un exemple assez frais et concluant:| pour faire
21
cognoistre à tout le monde combien sont nuisibles aux intérestz de l’Em-
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pereur les conseilz d’Espagne, tousjours dirigés à leur aggrandissement
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propre et à leurs avantages particuliers.

24
|:La haine des Espagnolz contre Waldestein luy firent oster toute authorité
25
à la diètte de Ratisbonne

43
Zur Absetzung Wallensteins auf dem Regensburger Kurfürstentag 1630 vgl. G. Wagner,
44
Wallenstein S. 88–92; H. Diwald, Wallenstein S. 418–433; G. Mann S. 703–719.
, dont l’Empereur esprouva bientost les fascheuses
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suittes que vous sçavez:|. Il y auroit beaucoup d’autres choses à dire sur ce
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suject, si je n’escrivois à des personnes autant informés qu’on le peut estre.

28
|:L’affaire est très délicate en soy et il faut commencer à la conduire peu à
29
peu, jettans les fondemens comme on fait quand on veut bastir un édifice:|.
30
Il seroit à propos que |:quelque personne qui eust accèz chez les Pléni-
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potentiaires de l’Empereur pust comme de soy les asseurer que l’intention
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de la France est de faire la paix généralle et que:| les difficultéz viennent
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toutes du |:costé des Espagnolz qui sont picquéz du désir de se vanger et
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de l’espérance de le pouvoir faire avec le temps. Que|:Sa Majesté facilitera
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toutes |:choses pour accommoder les intérestz de l’Empire et establir une
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amitié parfaitte avec l’Empereur, laquelle une fois arrestée:|, il ne seroit pas
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à craindre que |:la tranquillité de l’Allemagne pust recevoir à l’avenir aucune
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altération, et ainsy l’Empereur, les Princes de l’Empire, le Roy et les alliéz
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de cette Couronne jouiroient d’un repos parfait et les Espagnolz se rendroient
40
après plus traittables, voyans qu’il leur faudroit soustenir seulz la guerre

[p. 792] [scan. 882]


1
contre ce Royaume qui n’auroit point d’autre occupation:|. En fin de tout
2
ce que dessus, on peut raisonnablement inférer que |:le motif le plus puissant
3
pour contraindre les Espagnolz à la paix est la crainte que l’on ne puisse la
4
conclurre sans eux.:|

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