Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
147. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1647 September 13

17
[ 130 ] / 147 / [ 166 ]

18

Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien


19
Paris 1647 September 13

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Datierung laut Konzept und den Kopien AE , CP All. 102 und Ass.Nat. 273; das Ant-
37
wortschreiben der Ges. (nr. 166) nennt ebenfalls den 13. September 1647 als Datum dieses
38
Memorandums.

20
Kopien: AE , CP All. 89 fol. 98–109; datiert 1647 September 14 = Druckvorlage; AE , CP
21
All. 102 fol. 101–108; Ass.Nat. 273 fol. 455–463. Konzept: AE , CP All. 85 fol. 177–184.

22
Empfangsbestätigung. Aufgrund spanischer Umtriebe Gefahr einer engeren Verbindung der
23
protestantischen und katholischen Reichsstände zum Nachteil Schwedens und Frankreichs.
24
Gegen den Einfluß fremder Mächte gerichtete Tendenz im Reich. Unterstellung fehlender
25
französischer und schwedischer Friedensbereitschaft. Nachrichten über die Hoffnung der
26
Spanier auf die Bildung einer Liga der katholischen Reichsstände und der Verständigung

[p. 413] [scan. 525]


1
der protestantischen Reichsstände mit dem Kaiser. Entscheidung Kurkölns gegen den Ulmer
2
Waffenstillstand.

3
Demonstration des Friedenswillens der Kronen und Mäßigung der schwedischen Militärsa-
4
tisfaktionsforderung erforderlich; gegebenenfalls Friedensschluß im Reich. Interessen Herzog
5
Karls von Lothringen. Kaiserliche Assistenz für Spanien. Schwedische Militärsatisfaktion.
6
Schwedischer Friedenswille.

7
Zur Haltung des Kurfürsten von Bayern: nach wie vor Drängen Krebs’ auf Abschluß einer
8
französisch-kurbayerischen Allianz; Unterredung Mazarins mit Krebs: Versicherung der
9
französischen Friedensbereitschaft. Keine übereilte Abreise Krebs’.

10
Spanische Bemühungen zur Verhinderung des Friedens im Reich. Schwedische Militärsatis-
11
faktion . Zur Aufnahme der meuternden Weimarer durch Königsmarck. Keine Unterstüt-
12
zung für Turenne durch hessen-kasselische Truppen aufgrund der Haltung des Kurfürsten
13
von Köln. Frankreichfreundliche Einstellung Landgraf Wilhelms VI. von Hessen-Kassel.

14
Französisch-spanische Verhandlungen: Billigung des Assistenzartikels und der Erklärung der
15
Mediatoren. Freude über die Gewogenheit der Mediatoren und die Disposition Contarinis zur
16
Verhinderung eines spanisch-niederländischen Sonderfriedens. Friedensbereitschaft Erzher-
17
zog Leopold Wilhelms vermutet. Militaria. Lage in Neapel und Sizilien. Notwendigkeit eines
18
Friedensschlusses für Spanien. Finanzielle Mittel zur Fortsetzung des Krieges. Friedenswille.

19
On a receu la despêche desditz Sieurs Plénipotentiaires du 2 e du courant.
20
Il est indubitable que les changemens que l’on voit si notables dans la
21
négotiation de la paix de l’Empire que l’on tenoit comme conclue et où
22
on fait maintenant des difficultés en toutes les choses qui regardent cette
23
couronne, procèdent principalement de ce que les ministres d’Espagne
24
ont trouvé moien de s’emparer de la direction de ces affaires-là. Et néant-
25
moins ils sont si adroitz à cacher leurs artiffices que lorsqu’ils empeschent
26
ou retardent seuls ce bien à la chrestienté, ils ne laissent pas de vouloir
27
imprimer dans l’esprit d’un chacun que le blasme n’en doit estre imputé
28
qu’aux couronnes de France et de Suède, et jusques icy ilz y réussissent si
29
heureusement que tous les estatz de l’Empire autant protestans que catho-
30
liques en estans comme persuadés, il est à craindre si on n’y apporte un
31
prompt remède de voir bientost esclorre quelque union entre ces
32
princes-là qui soit préjudiciable à l’avancement de la paix et aux intérestz
33
des couronnes alliez.

34
On considère que les Allemans en général n’ont aucune bonne volonté
35
pour les estrangers, et que quand ceux du parti protestant ont souhaitté
36
l’assistance des couronnes et se sont attachez à elles, ce n’a esté que pour
37
conserver leurs privilèges, ou rentrer dans ceux que la violence leur avoit
38
fait perdre, modérer la puissance de l’Empereur et luy oster l’usage de
39
l’authorité despotique qu’il exerçoit sur eux en toutes rencontres, mais
40
aujourd’huy qu’ils en sont venus à bout par l’appuy que leur ont donné
41
les armes de France et de Suède, il est bien à craindre que s’ils estoient une
42
fois persuadez que ces couronnes

46
42 visent] laut den anderen Überlieferungen; in der Druckvorlage: vinsent [!]
visent de concert à reculer la conclusion
43
de la paix pour augmenter leurs conquestes dans l’Empire, les cajolleries
44
et les artifices des Espagnolz se meslans là-dedans, ils ne songeassent
45
bientost à se rejoindre tous sous un seul chef qui seroit l’Empereur et

[p. 414] [scan. 526]


1
que recevans de luy toutes les asseurances qu’ils pourroient désirer pour
2
l’accomplissement de ce qui leur a desjà esté accordé, ilz ne luy donnas-
3
sent en eschange toutes les assistances qui seroient en leur pouvoir pour
4
chasser les estrangers de l’Empire.

5
Desjà quelques-uns ont eu la malice de faire remarquer aux autres que tant
6
de païs et de places que les Suédois occupent en Allemagne ne sont gardées
7
que par des Allemans, que leurs armées ne sont pour la plus grande part
8
composées que d’officiers et soldatz de cette nation, qu’il n’y a que la divi-
9
sion qu’on a semé parmy eux qui les fasse devenir la proie des estrangers, et
10
que s’ils prennent une bonne résolution de se réunir, ils subjug[u]eront fa-
11
cilement ceux-là mesme qui leur donnent aujourd’huy la loy.

12
Les protestans commencent à n’estre pas moins persuadés que les catho-
13
liques que la Suède ne veut point de paix. Le sieur Krebs nous asseure que
14
tout le parti protestant en condanne le retardement autant et plus que
15
l’autre, comme la nécessité que tous les deux en ont est esgale. Ledit
16
Krebs parlant à monsieur le cardinal Barbarin

43
Gemeint ist wahrscheinlich Antonio Barberini.
luy a dit que c’estoit un
17
grand malheur pour la France que Leurs Majestés aians une passion très
18
forte de conclurre promptement la paix comme il n’en doutoit point, il
19
n’y ait néantmoins personne sensée dans l’Empire ny ministre à Munster
20
qui le croie.

21
Les Espagnolz d’ailleurs ne s’espargnent pas à donner à un chacun cette
22
impression. Ilz disent que quand la France souhaitteroit la paix pour son
23
intérest particulier, l’union qu’elle a avec la Suède est telle que plustost
24
que nous opposer en rien à ses intentions, que l’on peut assez juger par
25
la belle prétention que cette couronne-là a mis en avant pour la satisfac-
26
tion de sa milice, nous continuerons la guerre autant qu’elle voudra, espé-
27
rans de nous agrandir de plus en plus sur les ruines des princes de l’ Em-
28
pire .

29
La manière hautaine des ministres suédois ne contribue pas peu à aigrir
30
contre la Suède les espritz d’un chacun. On n’entend que plaintes de tous
31
costés du procédé du sieur Oxenstiern qu’ils disent ne parler jamais avec
32
moins d’authorité que s’il estoit empereur et tousjours en menaçant et vou-
33
lant donner hautement la loy, dont les ministres d’Espagne et leurs par-
34
tisans dans l’Empire

41
34 se servent] im Konzept und in Ass.Nat. 273: se sçavent servir
se servent fort utilement pour parvenir à leurs fins.

35
Pour conclusion de tout ce discours qu’on a fait pour monstrer la crainte
36
que l’on doit avoir de voir former des unions en Allemagne contre les
37
couronnes alliées, on fera sçavoir à Messieurs les Plénipotentiaires les
38
avis qu’on a eu de divers endroitz et

42
38 particulièrement] im Konzept und in Ass.Nat. 273: plus particulièrement
particulièrement de Bruxelles, que
39
les Espagnolz se flattent qu’il ne passera guères de temps qu’on ne voie
40
tous les princes catholiques d’Allemagne ligués ensemble pour s’opposer

[p. 415] [scan. 527]


1
aux estrangers, et mesmes que les protestans de façon ou d’autre adhére-
2
ront désormais au party de l’Empereur.

3
A quoy on peut adjouster la déclaration qu’a faite l’électeur de Coulogne
4
de ne vouloir point exécuter le traitté de suspension arresté à Ulm, et les
5
considérations qui se doivent faire sur le contrecoup que cette résolution
6
porte à l’esgard de monsieur de Bavières dont il sera parlé cy-après.

7
Or comme la

42
7 seule] laut Konzept; in Ass.Nat. 273 und AE , CP All. 102: seulle ; in der Druckvorlage:
43
su [!]
seule et la véritable cause des projetz de toutes ces ligues et
8
unions qui se peuvent former à nostre préjudice, n’est autre que la créance
9
que l’on a généralement que les couronnes alliées ne veulent point la paix,
10
il semble que le moien le plus propre pour les prévenir c’est de destruire
11
le fondement sur lequel on les veut bastir et faire toucher au doigt à un
12
chacun, comme on le peut facilement, que les deux couronnes souhaittent
13
sincèrement la paix et sont prestes de la signer dès que les Impériaux vou-
14
dront y entendre tout de bon et donner des satisfactions raisonnables sur
15
le peu de pointz qui restent à ajuster

44
15 et à accommoder] fehlt in den anderen Überlieferungen.
et à accommoder.

16
Par ce moien ou la paix se conclura en peu de jours ou au moins les cou-
17
ronnes aians fait connoistre qu’elles n’obmettent rien de ce qui est en leur
18
pouvoir pour moienner le repos de l’Empire, personne n’ignorera que ce
19
ne soit les Espagnolz qui le retardent par leurs artiffices et pour leurs
20
intérestz particuliers. Et ainsy le parti catholique et le protestant ne se
21
déféront pas seulement de toutes les pensées qu’ils auroient pu auparavant
22
concevoir contre la France et la Suède, mais il est vraysemblable qu’estans
23
irrités alors de la continuation de leurs maux ils obligeront l’Empereur
24
d’avoir plus d’esgard à leur besoin et à leurs instances qu’à toutes les per-
25
suasions et prières des Espagnolz, qui en semblables occurences sçavent si
26
bien sacrifier les intérestz publics et ceux de leurs plus chers amis aux
27
moindres qu’ilz aient en leur particulier.

28
Il semble que la principale et la plus utile application que puissent avoir
29
Messieurs les Plénipotentiaires sur tout ce que dessus doit estre de repré-
30
senter vivement aux ministres de Suède dans quels inconvéniens nous
31
pourrions tomber les uns et les autres si on ne prévenoit les ligues que
32
les Espagnolz taschent de former dans l’Empire, en faisant voir par les
33
facilités que les couronnes apportent à la paix, qu’il ne tient point à elles
34
que ce grand œuvre ne s’achève au plus tost; qu’il importe pour cella que
35
cette prétention exorbitante pour la satisfaction de leur milice qui sonne si
36
mal dans toute l’Allemagne, soit modérée sans délay à une somme raison-
37
nable , et qu’il n’y ait pas impossibilité d’exiger; que nous ne leur donnons
38
point de conseil que nous ne prenions pour nous-mesme[s], estans prestz
39
de donner les mains à des tempéramens équitables qu’on pourra trouver
40
sur le point de l’assistance de l’Empereur aux Espagnolz que nous contes-
41
tons il y a sy longtemps et sur toutes les autres choses qui sont en dis-

[p. 416] [scan. 528]


1
pute Enfin comme ils connoistront aussy bien que nous le péril qu’il peut
2
y avoir pour eux de laisser former des unions nouvelles entre les princes
3
d’Allemagne soit catholiques soit protestans et que cella seroit capable de
4
leur mettre en compromis tous les grans avantages qu’ils asseurent à la
5
Suède par ce traitté s’il se conclud, il est à croire qu’il ne faudra pas em-
6
ploier beaucoup de paroles pour leur persuader ce que nous désirons
7
d’eux dans cette rencontre puisque leur intérest ne s’y

40
7 trouve] im Konzept und in Ass.Nat. 273: rencontre
trouve pas moins
8
que le nostre.

9
Cella une fois bien estably et ce concert estant arresté entre nous et les
10
ministres de Suède, Messieurs les Plénipotentiaires ne travailleront pas
11
simplement pour l’apparence à imprimer avec toute leur industrie dans
12
l’esprit d’un chacun avec quelle passion et quelle sincérité la France sou-
13
haitte la paix, mais en effect Sa Majesté désire que si Messieurs les Pléni-
14
potentiaires reconnoissent qu’il y ait véritablement quelque péril à crain-
15
dre de ce qui est à présent sur le tapis et de la mauvaise satisfaction qu’ont
16
généralement tous les Allemans de voir retarder la paix qu’ilz s’estoient
17
promis d’avoir bientost, ou que le traitté d’Espagne ne soit pas prest vray-
18
semblablement à estre achevé de longtemps, ils passent outre à la conclu-
19
sion de la paix de l’Empire suivant le pouvoir qu’ils en ont et aux condi-
20
tions qui leur ont esté mandées

41
Vgl. nr. 103.
, lesquelles ne peuvent estre refusées des
21
Impériaux s’ils ont véritablement envie de sortir d’affaires, d’autant plus
22
que nous recevons avis de divers endroitz qu’il n’y aura aucune difficulté
23
pour les intérestz du duc Charles et qu’il n’y a aucun ministre des estatz
24
ou princes de l’Empire qui voulust avoir donné sa voix pour continuer la
25
guerre un seul jour pour cet intérest, dont le sieur Krebs a parlé positive-
26
ment et de la part de son maistre et de la sienne. Il a ajousté que l’on
27
tiendroit fidellement tout ce qui nous fut accordé il y a aujourd’huy un
28
an

42
Gemeint sind die ksl.-frz. Satisfaktionsartikel vom 13. September 1646 (s. [ nr. 1 Anm. 17 ] ).
, proposant seulement pour le point de l’assistance aux Espagnolz
29
quelques tempéramens qui sont les mesmes dont Messieurs les Pléni-
30
potentiaires avoient escrit cy-devant et sur lesquels Sa Majesté après leur
31
avoir fait sçavoir ses sentimens leur a donné pouvoir de faire tout ce qu’ilz
32
jugeroient plus à propos

43
Vgl. nr. 103.
.

33
Et pour ce qui regarde les Suédois comme le sieur Chanut nous asseure
34
tousjours de la volonté de la reine et des résolutions de tout le sénat pour
35
la conclusion de la paix, et qu’il ne reste plus ce semble autre point à
36
vuider que celuy de la satisfaction de la milice, il y a apparence sur ce
37
que l’on a cy-devant présupposé que les ministres de ladite couronne y
38
apporteront de telles facilités qu’il ne retardera pas l’accommodement,
39
d’autant plus que s’ilz faisoient autrement, il ne seroit pas juste de conti-

[p. 417] [scan. 529]


1
nuer la guerre pour le plus ou le moins de cette satisfaction de la milice ny
2
que la France leur paiast les subsides accoustumés.

3
Mais il faut espérer qu’on n’aura pas occasion d’entrer en de pareilles
4
contestations avec les Suédois puisque nous voions par les dernières des-
5
pêches dudit sieur Chanut

40
Vgl. insbes. Chanut an Brienne, Stockholm 1647 August 10 (Ausf.: AE , CP Suède 9 fol.
41
295–298; [PS] ebd. fol. 298’–300’; Eingang laut Dorsalvermerk, fol. 302’: 1647 September
42
10; Duplikat [für Mazarin]: AE , CP Suède 13 fol. 165–167).
que la paix est souhaittée en Suède à tel point
6
que s’estant agité une question dans le sénat de ce qui seroit à faire en cas
7
que l’Empereur refusast de promettre de ne point assister les Espagnolz et
8
que la France y insistast tousjours, tous avoient esté d’avis unanimement
9
qu’après le premier office rendu la Suède pouvoit et devoit conclurre
10
quoyque la reine en

39
10 arrestât] im Konzept und in Ass.Nat. 273: arresta
arrestât après la délibération par son authorité, mais
11
c’est tousjours une marque certaine de l’envie qu’on y a généralement de
12
la paix.

13
Il reste à parler de monsieur de Bavières, de la conduitte qu’il tient, et de
14
celle qu’on doit tenir avec luy.

15
Il est certain que beaucoup de choses concourent toutes à la fois à faire
16
prendre du soupçon de ses intentions: la résolution de l’électeur de Cou-
17
logne son frère de rompre la neutralité qu’il n’est pas à présumer qu’il ayt
18
faite sans son sceu et son agréement; le refus qu’il a fait luy-mesme de
19
délivrer sa ratification du traitté d’Ulm, quand le général Wrangel luy a
20
envoié celle de la reyne de Suède dans le temps qui avoit esté stipulé; le
21
rappel de l’assemblée du baron de Hazelang en mesme temps qu’il rap-
22
pelle aussy de cette cour le sieur Krebs

43
Krebs war am 11. September 1647 von Kf. Maximilian I. angewiesen worden, zum WFK
44
zurückzukehren ( Riezler , Frk., 525; Albrecht , Maximilian I., 1067).
, quoyque ce soit pour l’envoier en
23
la place de l’autre à Munster; et enfin les discours qu’a tenus ledit baron à
24
son départ que Messieurs les Plénipotentiaires marquent ne les avoir pas
25
beaucoup satisfaitz.

26
Mais avec tout cella et nonobstant toutes les ligues qui se projettent entre
27
les princes catholiques, on sera bien surpris s’il prend quelque résolution
28
qui renverse en un instant tout ce qui vient d’estre ajusté à Munster dans
29
ses affaires.

30
Le sieur Krebs n’a rien oublié pour asseurer Leurs Majestés de la dévo-
31
tion que son maistre a pour cette couronne, de la fermeté de son attache-
32
ment et de sa sincérité. Il ne nie pas que monsieur de Bavières ne soit
33
entièrement persuadé que la Suède ne veut point de paix, et qu’il n’ appré-
34
hende vivement la destruction totale de la religion catholique en Alle-
35
magne dans la continuation de la guerre, mais il proteste au mesme temps
36
que quoy qui puisse arriver, jamais ledit duc ne prendra de résolution que
37
du consentement de la France qu’il regarde aujourd’huy comme le seul
38
appuy qu’il ayt de sa maison.

[p. 418] [scan. 530]


1

38
1 Il nous] laut Ass.Nat. 273 statt Et nous in den anderen Überlieferungen.
Il nous a tousjours pressé pour achever l’alliance, mesmes depuis qu’il a
2
receu ordre de son maistre de s’en retourner, et quand on luy a fait remar-
3
quer le peu d’apparence qu’il y avoit de contracter de nouvelles alliances,
4
monsieur de Bavières aiant refusé de ratifier un simple traitté de suspen-
5
sion , il a asseuré qu’il le ratifieroit, et que le délay qu’il y avoit apporté
6
n’estoit que pour voir ce qui réussiroit de la négociation qu’on avoit
7
trouvé bon d’introduire à Munster pour la rétention des places de Wir-
8
tembergh qu’il eust esté obligé de restituer aussytost après sa ratiffication
9
dellivrée.

10
Quand on luy a dit le petit eschec qu’a receu depuis peu l’armée suédoise
11
en Bohême, il a respondu d’abord que d’autant moins il y avoit à craindre
12
que son maistre s’engageast en ces affaires-là puisque les désavantages des
13
Suédois estoient la seureté de la religion dont l’intérest seul (s’il y en avoit
14
aucun) pouvoit estre capable de le faire remuer après ce qui a esté accordé
15
à Ulm.

16
Ledit Krebs eut hier une longue conférence avec Monsieur le Cardinal
17
dont il parut qu’il

39
17 sortit] laut Konzept und Ass.Nat. 273 statt sortoit in der Druckvorlage; in AE , CP All.
40
102: sortist
sortit bien persuadé du désir que la France a de la
18
paix et de nostre sincérité. Ledit Sieur Cardinal luy fit connoistre que le
19
retardement de ce bien au moins pour ce qui regarde l’Empire, ne pro-
20
cédoit que de la nouvelle conduitte des ministres de l’Empereur, qui
21
n’agissant plus que par le conseil et suivant les mouvemens du comte de
22
Penneranda sacrifioient tous les intérestz de l’Empire et les particuliers de
23
l’Empereur à la volonté du roy d’Espagne qui n’aiant pas envie de faire la
24
paix avec la France croioit estre de son service de l’empescher aussy en
25
Allemagne. Cella fut appuié par tant de raisons qu’il en comprit la vérité
26
et tesmoigna d’en demeurer d’accord.

27
Quand on l’a sondé pour connoistre s’il avoit grande haste de partir affin
28
de juger de là si son maistre pensoit à quelque résolution précipitée, il n’a
29
apporté aucune résistance à s’arrester pourveu que son séjour fût emploié
30
utilement et qu’on travaillast au traitté d’alliance.

31
Il est aussy à remarquer que partant il

41
31 laissera] im Konzept und in Ass.Nat. 273: laisse
laissera icy un associé

43
Lic. Franz Mayer (Mayr) (Lebensdaten konnten nicht ermittelt werden), kurbay. Geheim-
44
sekretär ( Riezler , Frk., 526f).
qu’il avoit
32
dans les affaires qui demeurera en qualité de résident

42
32 avec] im Konzept und in Ass.Nat. 273: et avec
avec pouvoir de
33
traitter ladite alliance.

34
Voillà tout ce que l’on a sceu et considéré icy sur le sujet de ce prince et
35
de sa conduitte. Ce sera maintenant à Messieurs les Plénipotentiaires
36
après avoir bien examiné tout d’en représenter fortement aux Suédois les
37
conséquences, et combien il leur importe aussy bien qu’à nous de mesna-

[p. 419] [scan. 531]


1
ger ledit prince, affin que la dureté qu’ilz ont pour toutes les choses qui le
2
regardent ne le porte à la fin à des résolutions qui seroient très domma-
3
geables à la cause commune. On attend avec impatience l’ordinaire pro-
4
chain pour sçavoir ce qu’aura peu avancer le sieur Servien à Osnaburg
5
avec les plénipotentiaires de Suède sur cette matière qui aura deu estre
6
un des principaux pointz de sa négotiation avec eux.

7
On reçoit tous les jours de nouveaux avis que les Espagnolz remuent ciel
8
et terre pour empescher la conclusion de la paix de l’Empire, ce qui con-
9
firme de plus en plus Sa Majesté dans la créance qu’on ne doit rien ob-
10
mettre pour l’achever, et quand il n’y auroit d’autre raison

33
10 que celle-là] in den anderen Überlieferungen: par celle-là
que celle-là
11
seule que noz ennemis l’appréhendent tant.

12
Il semble aussy que ce qui regarde la France estant ajusté comme il le sera
13
facilement, nous pourrons presser les ministres de Suède sur le point de la
14
satisfaction de leur milice avec bien plus de raison qu’ils ne nous pressoient
15
il y a quelques mois sur celuy de l’assistance de l’Empereur aux Espagnolz.
16
Sa Majesté a veu ce que Messieurs les Plénipotentiaires mandent du des-
17
sein qu’il semble que Königsmarck ait de s’approprier le corps des muti-
18
nés de nostre armée d’Allemagne. On recevra icy beaucoup de consola-
19
tion de cet accident si ce renfort peut servir au général Wrangel, ne dou-
20
tant point qu’après d’une façon ou d’autre on ne retire de luy ou

34
20–21 les mesmes] in AE , CP All. 102: ces
les mes-
21
mes mutinés ou des forces

35
21 équipolentes] in AE , CP All. 102: esquivalentes
équipolentes, mais cependant le procédé de
22
Königsmarck n’est pas fort bon d’en user comme il fait, sans en avoir au
23
moins escrit ou à Messieurs les Plénipotentiaires ou au mareschal de Tu-
24
renne . On a mandé au sieur Chanut

40
Vgl. [Brienne] an Chanut, Paris 1647 September 13 (eigh. Konzept: AE , CP Suède suppl.
41
1bis fol. 223–224); [Mazarin] an Chanut, [Paris] 1647 September 13 (Konzept: AE , CP
42
Suède 11 fol. 190–191; Regest: Mazarin , Lettres II, 950; datiert 1647 September 14).
d’en faire des plaintes à la royne sa
25
maistresse, qui sans doute aura la générosité de donner de si bons ordres
26
que nous serons satisfaitz.

27
Le résident de Madame la Langrave nous asseure tousjours que sa mais-
28
tresse aura donné au mareschal de Turenne les trois mil hommes qu’on
29
luy a demandez, si ce n’est que la déclaration de l’électeur de Coulogne
30
luy ait imposé une nécessité absolue de ne se priver pas de ce corps.

31

36
419,31–420,3 Nous … moiens] in AE , CP All. 102: Monsieur le Landgrave qui est icy
37
depuis quelques jours, en a escript en des termes bien pressens à madame sa
38
mère. Il tesmoigne avoir de fort bonnes intentions pour cette couronne. Leurs
39
Majestez n’oubl〈ieront〉 rien
Nous avons icy depuis quelques jours Monsieur le Langrave

43
Lgf. Wilhelm VI. von Hessen-Kassel (1629–1663), bis 1650 unter der Vormundschaft sei-
44
ner Mutter Lgf.in Amalie Elisabeth ( DBA I 1370, 366; II 1407, 360; zu seinem Aufenthalt
45
am frz. Hof 1647 vgl. Charles Schmidt ; Bender ).
qui en a
32
escrit en termes bien pressans à madame sa mère. C’est un prince qui tes-

[p. 420] [scan. 532]


1
moigne avoir de fort bonnes intentions et grande passion pour cette cou-
2
ronne . Leurs Majestés le font loger et traitter et n’oublieront aucunes ca-
3
resses ny moiens pour faire qu’il soit satisfait de la France, et que quand il
4
en sortira, il ayt augmenté l’affection qu’il avoit pour elle en y entrant.

5
Quant aux affaires d’Espagne Leurs Majestés ont esté très aises de voir ce
6
qui s’est passé sur le point de l’assistance du Portugal. Elles ont approuvé
7
l’article 3 e du traitté et la déclaration des Médiateurs pour son explication
8
et loué la conduitte de Messieurs les Plénipotentiaires sur toute cette af-
9
faire dont nous aurons au moins tiré l’avantage de faire voir à tout le
10
monde par le tesmoignage propre des Médiateurs qui est le plus authenti-
11
que qu’on puisse avoir, que si la paix ne se fait point, il ne tient pas à cette
12
couronne, qui y apporte toutes les facilités qu’on désire d’elle, mais à
13
l’opiniastreté des Espagnolz, qui ont toutes leurs pensées tournées à la
14
continuation de la guerre.

15
On s’est aussy extrêmement resjoui d’apprendre qu’on 〈eû〉t gaigné
16
l’esprit des Médiateurs au point que le marquent Messieurs les Pléni-
17
potentiaires et d’autant plus qu’on croit qu’il ne sera pas malaisé de les
18
conserver tousjours en cette bonne assiette puisque ne désirans rien que
19
la paix et Leurs Majestés en aians la mesme passion ilz verront continuel-
20
lement de quel pied nous y marcherons et si nous ne nous

42
20 mettrons] in AE , CP All. 102: mettons ; im Konzept unleserlich.
mettrons pas à
21
la raison en tous les pointz qui restent à vuider sans qu’aucun bon succès
22
soit capable de nous enorgueillir. Cependant il faut cultiver avec soin la
23
disposition où paroist estre Contareni de donner de bons conseilz aux
24
ministres de Holande pour la conduitte qu’ils doivent tenir, et son entre-
25
mise sera tousjours un moien très propre pour empescher la conclusion
26
du traitté particulier que voudroient faire les Espagnolz avec Messieurs
27
les Estatz, parce qu’il verra bien que s’il estoit une fois achevé de tout
28
point, il ne faudroit plus espérer de paix entre les couronnes, ce qui seroit
29
la dernière ruine de la république de Venize qui à la longue ne

43
29 peut] in Ass.Nat. 273: sçauroit
peut avoir
30
de resource que celle de la paix entre les princes chrestiens.

31
Si les résolutions de Penneranda pour l’avancement du traitté d’Espagne
32
dépendent de l’Archiduc comme il a voulu donner à entendre, il y a ap-
33
parence que se trouvant pressé de nos armes comme il l’est aujourd’huy il
34
ne luy mandera rien qui ne soit

44
34 fort] ergänzt aus den anderen Überlieferungen; fehlt in der Druckvorlage.
fort pacifique, aiant pu reconoistre par
35
l’expérience de cette année et par l’estat où il se trouve quoyque d’abord
36
tout semblast avoir conspiré contre nous, qu’il n’y a pas grand avantage
37
ny gloire à attendre pour luy dans la continuation de la guerre.

38
Et à la vérité si les Espagnolz n’ont des révélations qui leur promettent
39
des avantages par des moiens qui nous sont incompréhensibles, il semble
40
qu’ils n’ont jamais eu plus de sujet de souhaitter la paix qu’ilz en ont
41
aujourd’huy.

[p. 421] [scan. 533]


1
Jamais ilz n’auront de

34
1 commencemens] laut Konzept und AE , CP All. 102; in Ass.Nat. 273: commancementz;
35
in der Druckvorlage fälschlich: commencement
commencemens de campagne plus rians ni plus
2
favorables que de celle-cy où toute sorte de disgrâces impréveues et irré-
3
médiables sembloient naistre à la foule de toutes partz pour renverser
4
l’estat florissant de nos affaires. Il est inutile d’en faire icy la répétition,
5
Messieurs les Plénipotentiaires qui en ressentoient à mesme temps le con-
6
trecoup dans leur négotiation ne s’en

36
6 ressouviendront] in AE , CP All. 102: resouviennent
ressouviendront que trop, cepen-
7
dant à quoy ont abouty toutes ces belles espérances de nos ennemis par
8
les travaux et les soins qu’on a pris incessamment pour chasser le malheur
9
ou pour luy résister.

10
In Katalonien sind die spanischen Truppen noch immer jenseits von Ebro

38
Ebro, Fluß im Nordosten Spaniens.

11
und Segre

39
Segre, Nebenfluß des Ebro.
; Condé ist Herr der Lage geblieben und hat fünf oder sechs
12
bedeutende Stellungen befestigt.

13
In Flandern befinden sich die Spanier in der Defensive; Erzherzog Leo-
14
pold Wilhelm ist lediglich auf Verteidigung bedacht. Turenne wird in Lu-
15
xemburg seine beherrschende Stellung behalten. In den Spanischen Nie-
16
derlanden sind Erfolge zu erwarten.

17
Gemeinsames Vorgehen mit dem Herzog von Modena gegen Mailand,
18
das von zwei Seiten angegriffen werden wird. Nie zuvor war hier die
19
Lage so günstig. Flottenverstärkung. Die Bevölkerung in Neapel und Si-
20
zilien beabsichtigt, Don Juan de Austria

40
Don Juan (José) de Austria (1629–1679), natürlicher Sohn Kg. Philipps IV. von Spanien; er
41
war mit der Befriedung des Aufstands in Neapel beauftragt, die ihm bis April 1648 auch
42
gelang; in der Folgezeit erlangte er weitere hohe politische und militärische Ämter: 1648–
43
1651 Vizekg. von Sizilien, 1653–1656 Vizekg. von Katalonien, 1656–1659 Generalgouver-
44
neur der Span. Ndl., 1669–1677 Generalvikar von Aragón, 1677–1679 Erster Minister Kg.
45
Karls II. (1661–1700; 1665 Kg.) ( ABEPI II 483, 143–161; III 318, 352f; Castilla Soto ).
als Feind zu empfangen, falls er
21
mit mehr als einer oder zwei Galeeren eintrifft.

22
Enfin plus on

37
22 en] ergänzt aus den anderen Überlieferungen; fehlt in der Druckvorlage.
en examine l’estat présent des affaires et moins on trouve de
23
raisons qui puissent obliger les Espagnolz de retarder la paix.

24
S’ilz avoient fondé de grandes espérances sur les offres du duc de Van-
25
dosme ou sur la négotiation du faux Raré, ilz doivent maintenant en estre
26
désabusez.

27
S’ilz se promettoient de grandes choses en cas qu’ilz pussent achever leur
28
traitté particulier avec les Provinces-Unies, ilz ont fait l’essay cette cam-
29
pagne de ce qui en arriveroit quand ilz en seroient venus à bout, outre
30
qu’il ne semble pas qu’ilz soient dans le chemin de l’espérer.

31
S’ilz attendent quelque division dans ce royaume, jamais il n’a esté dans
32
un plus grand calme et jamais il n’y eut moins d’apparence qu’il puisse
33
estre troublé.

[p. 422] [scan. 534]


1
S’ilz se flattent que les moiens de continuer la guerre nous doivent man-
2
quer bientost, outre qu’il y a longtemps que cette pensée leur est ruineuse
3
et qu’il se peut dire qu’elle est en partie cause de tous leurs malheurs, on
4
peut leur faire sçavoir ce qui se passe icy depuis quelques jours où sans
5
qu’il ait esté besoin comme autrefois de la présence du Roy dans le Parle-
6
ment il a vérifié divers éditz par suffrages.

7
Il est bien vray qu’à ne rien cacher à Messieurs les Plénipotentiaires Sa Ma-
8
jesté n’a pas grand sujet d’en estre content pour les restrictions et modifi-
9
cations qu’ilz y ont apposées qui feront qu’on

36
9 ne] im Konzept und in AE , CP All. 102: n’en
ne tirera pas grans secours.
10
Mais il ne faut pas laisser d’en tenir adroitement quelques discours avec des
11
personnes qui puissent publier la chose et luy donner grand esclat, comme
12
aussy de faire

37
12 valoir] in AE , CP All. 102: veoir
valoir le grand fonds qui reviendra au Roy du renouvelle-
13
ment de la paulette qui expire à la fin de cette année, affin que les Média-
14
teurs estans persuadés que nous ne pouvons non plus manquer d’argent la
15
campagne qui vient que celle-cy s’en servent utilement auprès des Espa-
16
gnolz pour les destromper de l’espérance qu’ilz en pourroient avoir.

17
Et comme tout ce qui est cy-dessus de l’estat présent général des affaires
18
sont des vérités constantes et non pas des illusions, il ne seroit pas mal que
19
les Médiateurs se voulussent donner la peine de monstrer ce tableau au
20
comte de Penneranda, qui est tout ce qu’il semble qu’on pouvoit faire
21
d’icy, car pour les événemens après ilz sont en la seule main de Dieu.

22
Mais c’est cella mesme qui nous en doit faire espérer toute sorte de béné-
23
dictions , chacun pouvant reconnoistre aisément que la passion que Leurs
24
Majestés ont pour la paix procède de leur pure bonté et du sentiment
25
qu’elles ont des maux que la guerre cause à la chrestienté, et qu’il n’y a
26
rien eu de si sincère que la protestation qu’elles ont tousjours faitte qu’ el-
27
les apporteroient

38
27 plus] in AE , CP All. 102: tousjours plus
plus de facilités à la paix lorsque les ennemis n’auroient
28
pas sujet de concevoir de grandes espérances par les armes que quand il
29
leur arrive des succès qui puissent faire croire que la scène doive changer à
30
leur avantage.

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