Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
242. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville und d’Avaux Paris 1647 April 26

27
[224] , [225] , [226] , [227] / 242/ [260]

28

Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville und d’Avaux


29
Paris 1647 April 26

30
Duplikat für Servien: AE , CP All. 99 fol. 401–422 = Druckvorlage. Konzept: AE , CP All.
31
83 fol. 63–70, 71–73’. Kopien: AE , CP All. 88 fol. 118–133’; Ass.Nat. 273 fol. 248–259.

[p. 1144] [scan. 324]


1
Freude über die Fortschritte bei den Verhandlungen mit Spanien; Begrüßung des spanischen
2
Vorschlags zum Zeitpunkt der Einstellung der Feindseligkeiten. Zu Portugal: Hoffnung auf
3
erfolgreiche Unterstützung der beiden diesbezüglichen französischen Forderungen durch
4
Trauttmansdorff; als sicher zu erachtendes spanisches Bestreben, den Krieg mit Hilfe zwei-
5
deutiger Vertragsbestimmungen wiederaufzunehmen; daher große Bedeutung genauer For-
6
mulierung der Artikel; einzelne Anweisungen zur Abfassung des Artikels zum französischen
7
Assistenzrecht für Portugal; Notwendigkeit, dieses Recht für Frankreich zu sichern und die
8
Unterstützung Herzog Karls IV. von Lothringen durch die Habsburger auszuschließen; au-
9
ßervertragliche Erklärung der Mediatoren, Niederländer und möglichst auch Kaiserlichen
10
über die spanischen Zugeständnisse betreffend Portugal und deren Auslegung wünschens-
11
wert; zur Waffenstillstandsforderung: Abweisung des spanischen Türkenkriegsangebots;
12
Gründe dafür und Widerlegung der Argumente Contarinis; also Bestehen auf einem einjäh-
13
rigen Angriffskriegsverbot. Gegenüber den Mediatoren und Spaniern Hervorheben der für
14
Frankreich günstigen Wendung der Lage im Reich, in den Niederlanden, in Katalonien, in
15
Italien und im eigenen Lande angezeigt. Zu den Vingt premiers articles du projet du traitté
16
entre la France et l’Espagne comme ilz ont esté donnez à Son Altesse par Messieurs les
17
Médiateurs vom 10. April 1647: notwendiges Bestehen auf dem französischen Textvorschlag
18
in den wichtigen Punkten, Nachgeben bei den weniger wichtigen; Kommentierung und nä-
19
here Anweisungen zu einzelnen Artikeln. Anwesenheit Weyms’ bei den Beratungen über die
20
Pfalzfrage? Unbedingtes Bestehen auf Mont-Cassel. Turenne erteilte Anweisung, Hessen-
21
Kassel zu unterstützen, soweit mit seinen wichtigeren Aufgaben zu vereinbaren. Verwunde-
22
rung über die unvorsichtigen Ausführungen Oxenstiernas zu den Reichsangelegenheiten; da-
23
von abweichende Stellungnahme Königin Christinas; gleichwohl auch in Stockholm erkenn-
24
bare Langsamkeit der Schweden auf dem Weg zum Frieden; voraussichtlich größerer Eifer,
25
wenn künftiger französischer Verzicht auf Unterhalt einer großen Armee im Reich und auf
26
weitere Auszahlung der Subsidien deutlich; Bauen auf die Unterstützung der Kaiserlichen,
27
Kurbayerns und der übrigen katholischen Stände im Falle eines Griffs der Schweden nach
28
dem Reich; Zustimmung zur Argumentation d’Avaux’ gegenüber Oxenstierna; Anweisun-
29
gen zum künftigen Verhalten ihm gegenüber; unzutreffende Lagebeurteilung durch jenen:
30
bei offenem französischen Widerstand Bildung einer Koalition im Reich und in Europa ge-
31
gen Schweden zu erwarten. Zustimmung zu d’Avaux’ Erklärung zu den Subsidien; Vereite-
32
lung des vermuteten Plans der Schweden, den Frieden bis zu ihrem Auszahlungstermin hin-
33
auszuzögern. Billigung von d’Avaux’ Einsatz für die Interessen der Landgräfin von Hessen-
34
Kassel, aber notwendige Begrenzung ihrer Forderungen auf das Durchsetzbare. Aufschub
35
der von Kurbayern angeregten Diskussion über ein alternierendes Kaisertum auf die Zeit
36
nach dem Friedensschluß. Erforderliche Erkundung der schwedischen Absichten gegenüber
37
Polen.

38
Sa Majesté a esté bien aise d’apprendre que la négociation de nostre ac-
39
commodement avec Espagne continue à s’avancer en sorte, par le soing
40
des Médiateurs, qu’il y ayt sujet d’en espérer bientost une heureuse fin.
41
Elle a sceu avec grand plaisir qu’il ayt esté accordé qu’on traictera sur
42
nostre project

47
Frz. Gesamtentwurf für den Friedensvertrag mit Spanien, den ndl. Ges. praes. 1647 Januar
48
25; vgl. nr. 86 mit Anm. 7 und nr. 88.
comme plus esclaircy et plus équitable, et que desjà on
43
ayt comme arresté les vingt premiers articles

49
Vgl. Beilage 1 zu nr. 225.
, puisque monsieur de Lon-
44
gueville mande que lesdits Médiateurs n’avoient pas grande difficulté de
45
refformer ce qu’il leur avoit tesmoigné qu’il trouvoit à désirer dans lesdits
46
articles.

[p. 1145] [scan. 325]


1
On s’est resjouy icy que la proposition que les hostilitez ne cessent que du
2
jour de la délivrance des ratiffications

35
Vgl. ebd., hier Art. 2, in der Kopie AE , CP All. 88 fol. 64–64’.
|:vienne de noz parties mesme,
3
quoyqu’il se voye par là qu’ilz ont encor espérance de faire d’abord quel-
4
que chose de bon, ou contre noz postes de Toscane, ou en Flandre, les Hol-
5
landois:| ne mettant point en campagne, mais on se prépare à les bien rece-
6
voir. En tout cas, il ne faut pas se mettre beaucoup en peine à qui la fortune
7
rira pour si peu de temps, et Messieurs les Plénipotentiaires verront ce qui
8
est porté de l’arrivée de Monsieur le Prince en Catalongne et des pensées
9
qu’il a, par l’autre mémoire de Sa Majesté qui est cy-joinct et qu’on avoit
10
songé d’envoyer par courrier exprès au commencement de cette sepmaine,
11
mais on a creu après qu’il suffiroit que ce fust par l’ordinaire.

12
On a considéré icy ce que l’on a ajousté après le temps des sept semaines,
13
si ce n’est que les ratiffications puissent venir et estre délivrées plus tost

36
Ebd. heißt es wörtlich: […] le jour de la ratification du présent traitté […] devera estre sept
37
semaines après la conclusion et signature d’iceluy, et en cas que la ratification vienne plus
38
tost, cesseront depuis l’eschange qui en sera fait de part et d’autre lesdites hostilitez, et si
39
après ledit ledit [!] jour quelque nouveauté et voye de fait estoit entreprise par les armes ou
40
en quelque façon que ce soit sous le nom et authorité de l’un desditz seigneurs rois au
41
préjudice de l’autre, le dommage sera réparé sans délay et les choses remises au mesme
42
estat où elles se trouveront au jour de ladite ratification; zit. nach der Kopie AE , CP All.
43
88 fol. 64–70, hier fol. 64–64’.
,
14
|:et que cette clause peut estre artificieusement mise par les ennemis parce
15
que comme ilz ont des blancs signez du roy d’Espagne qu’ilz peuvent
16
remplir de cette ratiffication s’ilz voyent que leurs affaires prospèrent
17
dans la guerre, ilz attendront la fin des sept sepmaines à dire qu’ilz ont
18
receu ladite ratiffication et sy elles vont mal, ilz la présenteront plus tost.
19
Mais on ne s’en met pas icy en peine parce que nous ne croyons point
20
estre tenus de rigueur à deslivrer nostre ratiffication que dans le jour que
21
les sept sepmaines expireront et pourveu que cela soit, nous:| aurons
22
punctuellement accomply ce à quoy nous estions obligez.

23
Sa Majesté se promet que l’arrivée du comte de Trantmansdorff à Mun-
24
ster aura beaucoup servy à nous faire donner les deux satiffactions que
25
nous prétendons |:sur le poinct de Portugal, dont l’une estoit desjà accor-
26
dée en substance, mais il y avoit quelque chose à dire en l’expression:| que
27
noz parties voudroient en faire dans le traicté.

28
Messieurs les Plénipotentiaires auront veu ce qu’on leur en aura escrit
29
depuis peu assez amplement

44
Vgl. Beilage 1 und nr. 233.
, néantmoins comme la dépesche de mon-
30
sieur le duc de Longueville

45
Nr. 225.
|:n’est que sur cette affaire de Portugal:| et
31
qu’elle est très importante, on juge à propos de la discuter encores de
32
nouveau pour mieux résoudre ce qui s’y peut, et ce qui s’y doit faire.

33
Premièrement, il faut establir pour fondement certain qu’en mesme temps
34
que les Espagnolz sont forcez par la nécessité de leurs affaires et pour

[p. 1146] [scan. 326]


1
éviter de plus grandz maux de conclure la paix à quel prix que ce soit,
2
dans le mesme instant ilz songent à laisser quelque queue qui leur donne
3
lieu un jour, selon les changemens qui arrivent dans le monde et les con-
4
jonctures qu’ilz croyront favorables, de rompre contre nous sur l’inter-
5
prettation de quelques parolles ambiguës qu’ilz ayent sujet de destourner
6
de leur vray sens affin de pouvoir donner à entendre que c’est la France
7
qui a esté la première à violer la paix, et ainsy empescher que les Holan-
8
dois qui desjà ont assez d’aversion à rentrer en guerre ne se déclarent pour
9
nous comme ilz ne s’y croiroient pas tenus si c’estoit la France qui eust
10
enfraint la première les conditions du traicté.

11
Il importe donc au dernier poinct, comme il a desjà souvent esté mandé

33
Vgl. v.a. nr.n 177 und 233.
,
12
que ce dont on conviendra soit couché en termes si clairs qu’il ne puisse
13
jamais naistre la moindre contestation sur leur explication, affin d’asseu-
14
rer au moins que s’ilz viennent à manquer, tout le monde cognoisse leur
15
perfidie, et que les articles du traicté ne leur en donnant aucun prétexte, il
16
parroisse qu’ilz n’en ont point d’autre que l’envie de troubler de nouveau
17
la chrestienté.

18
Ainsy ç’a esté avec beaucoup de prudence que monsieur le duc de Lon-
19
gueville vouloit faire ajouster le mot d’«amis» à celuy d’«alliez»

34
Bezug: Beilage 1 zu nr. 225, hier Art. 2, in dem es heißt: nonobstant le contenu en ces deux
35
articles premier et second ou autres suivans pourront lesditz seigneurs rois donner réci-
36
proquement assistance à leurs alliez et confédérez en cas de leur deffense seulement sans
37
que pour cella la paix entre les deux couronnes s’entende rompue. Longueville merkte
38
dazu am Rande an, diese Klausel sei ajoustée 〈pour〉 réserver au Roy la 〈facu〉lté d’assis-
39
ter le 〈Port〉ugal. J’ay dit à Messieurs 〈les〉 Médiateurs qu’il faloit ajouster le mot
40
d’«amis» à ceux d’«alliez et confédérez» pour obvier ce qui pourroit estre objecté que
41
nous n’avons pas alliance avec ledit royaume.

42
Au lieu de ces motz «en cas de leur défense seulement», je prétens faire mettre «en cas
43
|:qu’ils soient attaquez et non autrement», ce qui peut encore servir à l’esgard du duc Char-
44
les, et donne plus de liberté pour les affaires du Portugal:|; zit. nach der Kopie AE , CP All.
45
88 fol. 64–70, hier fol. 64–64’.
pour
20
obvier à ce qu’on pourroit un jour nous objecter que nous n’avions point
21
|:d’alliance avec le roy de Portugal qui portast obligation de l’assister
22
quand la paix sera faicte:|.

23
Il y a un autre terme dans l’article qui feroit icy beaucoup de peine si ledit
24
sieur duc ne mandoit qu’il le fera changer; ce |:sont ces motz «en cas de
25
leur deffense» où il veult faire mettre «en cas qu’ilz soient attaquez et non
26
autrement»:|.

27
Mais |:il semble que cela ne suffise pas encor pour:| se mettre à couvert de
28
toutes les interprettations captieuses de noz parties.

29
Il faut |:dire «qui seront ou qui estants aujourd’huy attacquez continue-
30
ront à l’estre aprez la paix:| entre les couronnes», affin de leur oster le
31
prétexte de dire qu’on n’a pas entendu parler |:du Portugal quand on a
32
dit «qui seront attaquez» puisqu’il l’estoit desjà:|.

[p. 1147] [scan. 327]


1
Il faut aussy non seulement bien prendre garde à ce mot de «deffense» qui
2
seroit très dangereux, mais expliquer s’il est possible que quand des
3
|:trouppes françoises qui ne seront, en Portugal, qu’auxiliaires entreroient
4
dans l’Andalousie ou dans la Grenade pour faire diversion ou pour em-
5
pescher les ennemis d’entrer dans le Portugal, nous n’aurions pas excédé
6
la faculté que nous aurons d’assister le roy de Portugal, et le traitté ne
7
s’entendra point rompu ny la France avoir commis aucun acte d’hostilité
8
contre le roy d’Espagne:|.

9
La raison en est évidente, comme il est dit fort au long dans le dernier
10
mémoire

41
Nr. 233.
, et parce aussy que |:le roy de Portugal n’a pas dessein d’attac-
11
quer les Espagnolz:|. C’est de leur choix qu’ilz continuent la guerre contre
12
luy, et il se tiendroit bien heureux d’estre laissé en repos, mais le monde
13
void qu’il ne peut l’obtenir. Il ne peut tomber dans l’esprit de qui que ce
14
soit |:qu’il attacque les Estatz d’Espagne pour les conquérir, toutes ses
15
attacques ne seront qu’en deffense, ny par conséquent les assistances que
16
nous pourrons luy donner, l’accessoire suivant la nature:| du principal

42
Frz. ÜS des lat. Rechtssprichwortes Accessorium naturam sequi congruit principalis; zu
43
Dt.: Das Beiwerk folgt richtigerweise der Natur der Hauptsache ( Liebs nr. A 14).
.
17
En tout cas, il importe que cela soit bien esclaircy, affin qu’il ne soit pas
18
réduict à la nécessité de ne pouvoir que |:parer les coups sans en porter:|.

19
En|:fin, comme sy les deux affaires de Portugal et de Lorraine n’estoient
20
point:|, on n’auroit point peut-estre songé à mettre ces clauses dans le
21
traicté, ou l’on n’y auroit pas pris garde de si près, aussy rien ne pouvant
22
estre si important à cette courronne que d’un costé, |:retenir la Lorraine
23
sans que le duc Charles ny sa maison puisse estre assistez directement ny
24
indirectement de la maison d’Austriche pour nous faire la guerre, et de
25
l’autre, soustenir les affaires du roy de Portugal, ayant plaine liberté de
26
le secourir sans contrevenir au traitté. Il fault ou:| que les ministres
27
d’Espagne donnent les mains à le laisser expliquer dans le traicté en des
28
termes bien clairs et avec autant d’articles qu’il sera nécessaire, ou s’ilz en
29
font difficulté quoyqu’ilz demeurent d’accord de la chose comme ilz l’ont
30
souvent dit aux Médiateurs, aux ministres de Holande, et que Trantmans-
31
dorff qui sçayt leur intention l’a advoué, en ce cas il faut bien se garder de
32
souffrir qu’on se serve en aucune façon |:du mot de «deffense» pour les
33
raisons touchées cy-dessus et on pourra dire que chacun assistera ses amis
34
qui sont ou seront attacquez:| pourveu qu’ilz ne puissent d’un autre costé
35
|:expliquer cette clause que la France attacque monsieur de Lorraine en
36
possédant des Estatz qu’il croid luy appartenir:|. Néantmoins on se pro-
37
met que par l’article séparé |:qui regardera les affaires dudit duc:|, il sera
38
pourveu abondamment à tout ce que nous désirons sur son sujet, et par-
39
ticulièrement pour bien asseurer que |:la maison d’Austriche ne puisse
40
l’assister directement ny indirectement:|.

[p. 1148] [scan. 328]


1
Mais outre toutes ces précautions, Sa Majesté juge encores absoluement
2
nécessaire, comme elle l’a mandé cy-devant

42
Vgl. nr. 233.
, |:que les Médiateurs et les
3
ministres de Hollande, et s’il est possible les ministres impériaux, donnent
4
un escrit à part par lequel il soit déclaré nettement tout ce à quoy les Espa-
5
gnolz ont consenty touchant le Portugal et de quelle façon il se doibt enten-
6
dre affin qu’on ne puisse jamais tumber en aucun embaras sur ce sujet:|.

7
On a desjà marqué dans la précédente dépesche

43
Ebd.
qu’on ne conceoit pas
8
que lesdits ministres y puissent faire aucune difficulté, puisque nostre but
9
n’est autre, en cette prétention, que de bien affermir la paix, laquelle leurs
10
maistres désirent avec passion, et ont autant et plus d’intérest que nous en
11
sa durée, outre qu’on ne demande rien que ce à quoy les Espagnolz don-
12
nent les mains comme ilz sçavent, mais seulement on veut prévenir qu’en
13
des temps qu’ilz croiroient plus propres pour remuer, ilz ne puissent par-
14
ler en d’autres termes qu’ilz ne font aujourd’huy |:que la nécessité les con-
15
trainct de chercher à sortir d’affaires aux conditions qu’ilz peuvent:|.

16
Voilà pour le premier poinct; |:quand à la cession d’hostilitez qu’on pré-
17
tend au moins pour quelque tems dans le Portugal:|, il sera malaisé que
18
l’apparat de toutes les raisons spécieuses que le sieur Contarini a estudiées
19
pour nous en faire despartir, nous esblouisse au poinct qu’on ne reco-
20
gnoisse pas qu’il ne cherche en cela que l’avantage de la République et se
21
soucie fort peu |:de la ruyne du Portugal et du préjudice que nous en
22
receverions:|.

23
Messieurs les Plénipotentiaires auront veu dans le dernier mémoire l’estat
24
qu’on fait icy de cette grande ouverture que font les Espagnolz pour le
25
bien de la chrestienté de vouloir contribuer une fois autant de forces pour
26
la guerre du Turc que la France y en envoyera de sa part.

27
Premièrement, |:cette proposition couve un venin secret en ce qu’elle sup-
28
pose comme infaillible que la France rompra

41
28 contre] im Klartext: contra.
contre le Turc ou qu’elle
29
veult nous y engager. La France assistera la république de Venize sans
30
aucun doubte plus que ne fera le roy d’Espagne:|. Mais ce ne sera pas de
31
la manière que noz parties voudroient, ni en moyens dont ilz puissent
32
proffiter à noz despens.

33
En second lieu, Contarini suppose que l’Espagne envoyant ses forces ma-
34
ritimes contre le Turc, ne sera de longtempz en estat de faire un dessein
35
considérable sur le royaume de Portugal. Le raisonnement seroit indubi-
36
table s’il devoit l’attaquer par mer, mais il s’en faut tant qu’il en ayt be-
37
soing que le plus grand avantage qu’il peust espérer dans cette entreprise
38
seroit qu’il n’y eust un seul vaisseau à la mer de part ni d’autre, parce que
39
|:le Portugal estant détaché de tous les autres Estatz qui peuvent luy don-
40
ner quelque assistance, il auroit toute facilité d’opprimer le roy de Portu-

[p. 1149] [scan. 329]


1
gal l’attacquant par terre avec les forces des autres provinces d’Espagne:|,
2
à qui celles de Portugal ne sont |:pas comparables, et pour cela il n’auroit
3
qu’à faire passer de ce costé-là les trouppes qu’il employe aujourd’huy
4
vers la Catalogne:|.

5
On juge superflu de répliquer ce qui est dans le dernier mémoire du pré-
6
judice que nous recevrions si nous nous privions de noz forces maritimes
7
qui seulles nous peuvent donner lieu |:de soustenir le roy de Portugal:|.
8
Car de dire comme a fait l’ambassadeur de Venize icy à quelqu’un que la
9
France pourroit réserver |:quatre ou cinq vaisseaux qui serviroient conti-
10
nuellement au traject de ses trouppes en Portugal, à moins d’un sauf-con-
11
duit des ennemis pour ce transport que certainement ilz ne bailleront pas,
12
nous ne voyons pas bien la seureté de noz quatre ou cinq vaisseaux et de
13
noz trouppes puisqu’il leur seroit facile d’en tenir le double dans leurs
14
portz qui sont entre France et Portugal pour nous combattre au passage:|.
15
Il se void que le sieur Contarini fait bon marché de ce qui nous regarde
16
quant il nous donne pour recours, en cas que les Espagnolz manquent à ce
17
qu’ilz promettront, que la France ne sera pas moins puissante qu’ell’est
18
présentement pour leur faire la guerre, et que cependant nous aurons jus-
19
tiffié noz armes devant Dieu et devant les hommes, et fait voir nos bon-
20
nes intentions pour le bien de la chrestienté, au lieu que noz parties se
21
seroient attirées la hayne de toutes les nations. On n’a pas veu jusques à
22
présent que cette hayne des nations ayt sauvé une place ny aidé à trouver
23
de l’argent pour payer une armée, noz bonnes intentions pour la paix sont
24
desjà toutes justiffiées par la seulle offre que nous faisons de mettre les
25
armes bas au plus fort de nos prospéritez et de nos espérances, et quant
26
Contarini nous renvoye aux moyens qui nous resteront tousjours de
27
pousser noz conquestes en cas que les ennemis manquent, il ne met point
28
en ligne de compte que nous aurions désarmé, quel temps et quelles des-
29
penses il faudroit avant

43
29 que nous] in der Vorlage fälschlich wiederholt.
que nous estre remis au mesme estat où nous nous
30
trouvons aujourd’huy, et plus que tout, sçavoir si Messieurs les Estatz qui
31
auroient aussy désarmé seroient d’humeur |:pour les intérestz des Portu-
32
gais qu’ilz hayssent à mort de reprendre les armes et s’ilz ne seroient pas
33
bien ayses de s’en exempter pour peu de couleur de qui les Espagnolz
34
donnassent à ce qu’ilz auroient faict contre leur parole:|.

35
Ilz promettent |:tout aujourd’huy pour sortir d’affaires, mais:| pour ne
36
point faire de faute dont nous ayons à nous repentir, il faut se tenir
37
pour dit et pozer pour fondement immuable que nous avons à nous
38
meffier d’eux plus que jamais, parce que les pertes qu’ilz ont faites |:et
39
le deschect de leur réputation dans le traitté de paix, joinct à la hayne
40
naturelle qu’ilz ont pour nous:|, seront des aiguillons continuelz et bien
41
pressans pour les animer |:à la vangeance et à leur en faire méditer sans
42
cesse les moiens:|.

[p. 1150] [scan. 330]


1
Quant Contarini dit que si dans l’intervalle de temps qu’il y aura entre la
2
signature du traicté et la dellivrance des ratiffications, on void que les
3
Espagnolz se préparent |:plus à attaquer les Portugais qu’à donner un se-
4
cours:| contre le Turc, nous pourrons aussy nous tenir prestz pour les
5
deffendre, c’est un amusement où nous aurions grand tort de nous laisser
6
surprendre, car il n’y a rien de commun entre |:se préparer contre le Turc
7
et attaquer le Portugal par terre:|, le roy d’Espagne n’ayant qu’à tirer de ce
8
costé-là les forces qu’il a vers la Catalongne, ce qu’il peut faire en peu de
9
jours.

10
Et à la vérité, on n’a pas compris ce que Contarini a voulu entendre quant
11
il a ajousté que si le roy d’Espagne, après la délivrance des ratiffications,
12
|:envahissoit le royaume de Portugal, nous pourrions nous jetter en
13
mesme tems sur les provinces voisines de Catalogne qui se treuveroient
14
despourveues de toutte deffense, et cela avec une approbation universelle,
15
poursuivant un ennemy qui auroit manqué à ses promesses:|.

16
Car on ne void pas quelles seroient ces promesses auxquelles les Espa-
17
gnolz auroient manqué, puisqu’il n’y auroit point eu |:de cessation d’hosti-
18
litez arrestée à l’esgard du Portugal et que l’offre de secourir la Républi-
19
que avec le double des forces dont la France pourra l’assister, et mesme
20
l’obligation de faire la guerre

41
20 au] im Klartext fälschlich: à.
au Turc n’est pas une promesse de ne point
21
attaquer le Portugal:|, au contraire s’en estant voulu réserver la faculté à
22
quelque prix que ce soit, et nous y ayant donné les mains comme tout le
23
monde sçait, il se trouveroit que nous aurions esté les seulz infracteurs
24
|:du traitté, ayans attacqué les Estatz d’Aragón et de Valence

44
Aragón und Valencia, span. Kgr.e.
sans en
25
pouvoir alléguer aucune cause légitime ny seulement:| avec apparence de
26
raison, et bien loing d’en avoir l’approbation générale, |:nostre action:| se-
27
roit d’autant plus odieuse que |:nous aurions rompu la paix quatre jours
28
après l’avoir signée:|.

29
Quant à ce que le sieur Cantarini dit du péril qu’il y a |:que les plus riches
30
et accommodez des Portugais, voyans qu’après le terme de six mois ou
31
d’un an expiré, ilz doivent

42
31 estre] nicht dechiffriert.
estre la proye infaillible de ceux qui les atta-
32
queront et de leurs deffenseurs, ne songent à accommoder leurs affaires
33
avec Espagne et peut-estre abbandonner leur roy, d’où il veult induire que
34
pour l’intérest du roy mesme, il vault mieux qu’il n’y ayt aucune trêve:|,
35
cette considération pourroit estre assez bonne si on ne pouvoit rétorquer
36
l’argument avec plus de force en l’autre cas, car ce péril seroit à craindre
37
au double si |:ces riches et ces accommodez voyoient leur roy hors de tout
38
moyen de se deffendre comme il arriveroit sy toutes les forces d’Espagne
39
fondoient

43
39 à l’improviste … avant] ergänzt aus dem Konzept; fehlt in der Druckvorlage.
à l’improviste sur le Portugal avant que nous eussions eu le
40
tems de luy fournir de quoy parer le coup:|.

[p. 1151] [scan. 331]


1
La response que monsieur le duc de Longueville a faite là-dessus audit
2
sieur Contarini a esté très judicieuse et digne de sa prudence et de son
3
adresse, surtout quant il luy a fait valoir que c’est la considération de la
4
République qui nous oblige à demander que les deux couronnes ne puis-
5
sent faire |:guerre offensive pendant un an, à compter du jour de la paix
6
publiée:|, et quand ledit Contarini a respondu qu’il s’y employeroit bien
7
volontiers, mais que c’estoit peine perdue parce que les Espagnolz n’y
8
consentiroient jamais, il ne s’apperceoit pas qu’il destruict par un seul
9
mot toutes les belles raisons qu’il nous avoit alléguées puisqu’il se void
10
clairement de là qu’ilz ne songent |:qu’au Portugal et à s’en assurer la
11
conqueste, et qu’ilz n’offrent des assistances contre le Turc qu’en tant
12
qu’elles ne leur sont pas nécessaires pour ce dessein:|, et qu’elles peuvent
13
mesmes contribuer à leur en faire remporter promptement un bon succez,
14
nous privant |:des moyens de secourir ledit royaume:|.

15
Sa Majesté désire donc que Messieurs les Plénipotentiaires insistent vive-
16
ment pour obtenir, suivant l’ouverture que monsieur le duc de Longue-
17
ville en a faite, |:que les deux roys soient obligez de ne faire aucune guerre
18
offensive d’un an:|, et tout bien considéré, ne pouvant croire que les
19
Espagnolz n’y acquiescent, particulièrement quant on leur représentera
20
|:que sy la guerre continue pour le seul intérest de ne vouloir pas différer
21
pour sy peu de tems à poursuivre par les armes leurs droictz sur le Por-
22
tugal:|, non seulement ilz ne |:l’auront pas d’un an qui est le terme qu’on
23
leur demande de délay:|, mais ilz courront fortune de n’y rentrer de deux,
24
ni de trois, ny peut-estre jamais.

25
Quelqu’un nous a objecté qu’on estoit demeuré d’accord |:avec les minis-
26
tres de Hollande qu’il ne seroit point parlé du tout du Portugal

42
Dieser Einwand wurde v.a. von den Spaniern erhoben; über Contarini gelangte er später
43
zu Nani, der ihn, vermutlich am 10. Mai 1647, in Paris vortrug; vgl. nr. 267.
et que ce
27
fut à cette condition que les Espagnolz ont relasché tant de poinctz en
28
nostre faveur:| qu’ilz avoient tousjours |:jusques-là contestez:|.

29
Mais la solution n’en est pas difficile, ce n’est pas nous qui changeons, ce
30
sont les choses et nous avons trop souvent protesté que nous augmente-
31
rions noz demandes à proportion que les événemens meillioreroient
32
l’estat de noz affaires pour craindre qu’on puisse avec raison nous taxer
33
en cecy de manquement de parolle. C’est pourquoy il sera bien à propos
34
ou plustost très utile que Messieurs les Plénipotentiaires prennent cette
35
occasion de faire remarquer aux Médiateurs, et par leur entremise aux
36
ministres d’Espagne, combien la face des affaires est changée à nostre
37
avantage depuis peu de tempz.

38
Premièrement, pour celles d’Allemagne, quand la paix de l’Empire ne se
39
feroit point, laquelle pourtant on void Dieu mercy si bien acheminée, la
40
seulle suspension conclue par les couronnes alliées avec le duc de Baviè-
41
res

44
Der Ulmer Waffenstillstand vom 14. März 1647 (vgl. Beilage 2 zu nr. 194).
, nous a fait gangner une armée entière contre les Espagnolz sans

[p. 1152] [scan. 332]


1
qu’ilz puissent proffiter en eschange d’un seul soldat, et si avant cela ilz ne
2
pouvoient résister aux forces ordinaires qu’on employoit contr’eux, on ne
3
void pas bien quelle sorte de deffense ilz peuvent faire, se voyans tomber
4
sur les bras de surcroist une des meilleures et des plus aguerries armées
5
qui soit dans l’Europpe.

6
En Holande, les ennemis peuvent s’estre désormais désabusez des espé-
7
rances dont ilz s’estoient flattez de pouvoir porter les Provinces-Unies
8
non seullement à les séparer, mais à les mettre contre nous, ayant bien
9
recognu que le corps de l’Estat est incapable de la corruption de quelques
10
particuliers ni de pouvoir commettre jamais un manquement entier envers
11
cette couronne.

12
En Flandres, l’archiduc Léopold y est arrivé, mais sans un seul homme de
13
guerre, et tant s’en faut que ce soit un avantage aux ennemis que les plus
14
sages jugent que ce pourroit bien estre leur ruine parce que les dissensions
15
augmenteront par les jalousies qui seront premièrement entre luy et le duc
16
Charles, et entre les chefs espagnolz et Picolomini à qui ledit archiduc
17
donnera toute sa confiance.

18
En Catalongne, l’arrivée de Monsieur le Prince avec les forces que les
19
ennemis peuvent bien croire qu’on n’aura pas manqué de luy donner affin
20
qu’il peust entreprendre quelque chose digne de luy, met les affaires de
21
cette principauté en un estat où elles n’ont point esté jusques icy, ainsy
22
que le succez fera voir si Dieu permet que la guerre doive continuer.

23
En Italie, tous ces grands appareilz du vice-roy de Naples qui devoient
24
engloutir nos postes de Toscane dez le 15 e janvier n’ont abouty qu’à
25
mettre ensemble quelques trouppes de milice pour la deffense propre du
26
royaume et à |:amasser un milion dont on mande que le vice-roy s’est
27
appliqué la moytié et envoye l’autre en Espagne, ce qui achève de déses-
28
pérer les peuples:|.

29
Cependant Piombino et Porto Longone ne sont pas seulement en estat de
30
ne plus craindre l’attaque des ennemis qui se garderont bien de s’engager
31
à faire des sièges en ces quartiers-là dans une saison si avancée, mais nous
32
y avons assez de trouppes pour entreprendre nous-mesmes sur les autres
33
postes qu’ilz occuppent |:ou d’un autre costé, estant secondez de quelques
34
princes qui tesmoignent grande envie de ne demeurer pas les bras croi-
35
sez:|.

36
On peut ajouster à tout cela le calme du dedans du royaume qui ne par-
37
roist pas pouvoir estre troublé par aucun accident, l’union estant parfaite
38
dans la maison royale, aussy bien que l’obéissance dans les peuples, tes-
39
moing ce qui vient de se passer en Languedoc où après le chastiment de la
40
sédition de Montpellier

43
Vgl. Anm. 20 zu nr. 138.
qu’on a fait exemplairement et sans y rencontrer
41
le moindre obstacle, les estatz ont accordé à Sa Majesté les trois millions
42
de livres qu’elle leur a fait demander par ses commissaires

44
Wurden nicht identifiziert.
.

[p. 1153] [scan. 333]


1
Messieurs les Plénipotentiaires doivent avoir grand soing et esgard aux
2
clauses que les Espagnolz ont fait oster par les Médiateurs dans les vingt
3
premiers articles de nostre project

41
Vgl. zum folgenden Beilage 1 zu nr. 225.
, et croire qu’ilz ont sur chacune quel-
4
que raison par laquelle il leur est avantageux qu’elle n’y soit pas. C’est
5
pourquoy comme il ne seroit pas bienséant que nous prétendissions avec
6
la mesme fermeté que toutes les moindres petites choses passassent par
7
nostre seule volonté, aussy faut-il faire dinstinction [!] de celles qui sont
8
importantes affin d’y insister, comme monsieur le duc de Longueville tes-
9
moignoit estre résolu de faire.

10
On doit considérer qu’aux termes que les Médiateurs ont accommodé le
11
6 e article, les Espagnolz ne prétendront pas que l’or et l’argent y soit com-
12
pris, puisqu’il ne peut pas estre appellé proprement «marchandise» quoy-
13
qu’il soit le prix de toutes. Les Espagnolz ont exercé autresfois de grandes
14
cruautez sur les personnes mesme pour cette extraction d’or ou d’argent
15
hors de leurs Estatz, et il semble qu’il deveroit leur suffire de la peine de
16
la confiscation dudit or, sans vouloir laisser en doute comme ilz font
17
qu’ilz puissent l’estendre jusques à l’emprisonnement des personnes et
18
confiscation du vaisseau et des autres biens. Il n’en est point parlé dans
19
les articles des Holandois

42
Die span.-ndl. Provisional-Art. vom 8. Januar 1647 (vgl. Beilage 1 zu nr. 169).
et on ne sçait pas comme ilz en ont uzé par le
20
passé avec eux. En cas qu’on trouvast que nous |:fussions les

40
20 seulz] im Klartext: seus [!].
seulz qui
21
eussions esté sy maltraittez, on pourroit convaincre facilement de faulceté
22
cette loy sur l’extraction de l’or que la réplique

43
Beilage 1 zu nr. 156.
qu’ilz avoient donnée à
23
nostre project:| représente pour estre si formidable de leurs Estats que le
24
roy s’y oblige par serment solemnel envers ses subjects.

25
L’article 7 e, aux termes qu’on l’a rajusté, semble tout à fait superflu, n’i
26
aiant aucun besoing de stipuler que les sujetz du Roy pourront rapporter
27
des denrées d’Espagne en eschange des bledz qu’ilz y auront portez, et
28
puisque les Espagnolz ne veulent point consentir qu’on tire aucun or ni
29
argent pour payement desdits bledz, on ne croid pas qu’ilz aient prétendu
30
qu’on les leur donnast, et que mesmes on les leur portast jusques chez
31
eux, et ainsy il faut bien nécessairement que nous retirions des denrées
32
en eschange, mais il est certain qu’ilz n’en ont aucune dont nous ayons
33
besoing.

34
Il est remis à Messieurs les Plénipotentiaires |:de consentir que dans le
35
dix-septiesme article où il est parlé du restablissement des réfugiez, le
36
mot de «charges» soit osté:|.

37
Mais sur le 18 e, il semble qu’il y a plusieurs clauses obmises qu’il est im-
38
portant de faire remettre comme elles estoient, ainsy que monsieur le duc
39
de Longueville a remarqué.

[p. 1154] [scan. 334]


1
Nous avions eu avis icy que le cercle du député de Bourgogne [!] avoit
2
esvité de se trouver aux conférences quant on a délibéré sur l’affaire pala-
3
tine, ainsy que Messieurs les Plénipotentiaires auront veu depuis par une
4
dépesche du Roy

40
Nr. 215.
, mais puisque monsieur le duc de Longueville qui est
5
sur les lieux mande le contraire, on y ajouste plus de foy.

6
Les ennemis n’ont pas |:un seul homme de guerre dans le Mont-Cassel;
7
Leurs Majestez désirent qu’on fasse tous efforts possibles d’emporter ce
8
poinct sur les pièces

41
Vgl. Beilage 1 zu nr. 215.
qu’on a adressées à:| Messieurs les Plénipotentiaires,
9
et s’il n’est pas possible de l’avoir par cette voye, ilz en donneront avis au
10
plus tost, affin qu’on fasse |:un acte de possession, et qu’on se saisisse
11
dudit poste avant la délivrance des ratiffications:|.

12
Et sur ce que monsieur le duc de Longueville escrit au sieur comte de
13
Brienne

42
In nr. 224.
, il sçaura que Sa Majesté a mandé il y a quelque tempz |:à mon-
14
sieur le mareschal de

38
14 Turenne] im Klartext fälschlich: Turelle.
Turenne

43
Das Schreiben wurde nicht ermittelt.
de favoriser Madame la Landgrave en tout
15
ce qu’elle désirera de luy, pourveu qu’il le puisse faire sans préjudicier à
16
l’exécution des autres ordres plus importans qu’il a receus:|.

17
L’on a veu, dans la dépesche du sieur d’Avaux

44
Nr. 227.
, |:la hardiesse, ou pour
18
mieux dire,

39
18 l’imprudence] im Klartext: l’impudence [!].
l’imprudence avec laquelle monsieur Oxenstiern luy a parlé
19
sur l’estat des affaires de l’Empire:|. Messieurs les Plénipotentiaires peu-
20
vent croire que ce n’a pas esté sans beaucoup d’estonnement que nous
21
avons appris cette nouveauté, et si Leurs Majestez n’estoient asseurées
22
que de semblables discours viennent plustost |:du caprice et de la passion
23
de monsieur Oxenstiern que d’un commandement envoyé par la reyne de
24
Suède, elles en tesmoigneroient le ressentiment qu’un tel procéder mérite,
25
mais cela est bien esloigné de la modération avec laquelle ladite reyne a
26
parlé au sieur Chanut, à qui elle a déclaré que comme par certaines raisons
27
de bienscéance elle ne pouvoit se dispenser d’appuyer publiquement les
28
prétentions des protestans, elle ne treuvoit point aussy mauvaise l’opposi-
29
tion que la France y faisoit aux choses qui blessoient la religion catholi-
30
que:| ni qu’elle l’emportast quant elle auroit la justice de son costé.

31
En effect, une telle conduicte n’est point à condemner entre des princes
32
qui deffendent des intérestz contraires quant cela se fait sans aigreur, sans
33
que cela blesse ceux avec lesquelz on est allié, sans que cela préjudicie au
34
bien commun de la chrestienté et qu’il ruyne ou recule les espérances de
35
la paix qui luy est si nécessaire. |:La déclaration que la susdite reyne a faite
36
au sieur Chanut qu’elle n’estoit point portée à insister ny que les éveschez
37
d’Osnabruk et de Minden demeurassent aux protestantz, ny que la

[p. 1155] [scan. 335]


1
maison palatine obtint tout ce qu’elle prétendoit:|, est une marque qu’elle
2
est dans ce sentiment.

3
Cela n’empesche point que ledit sieur Chanut |:n’ayt recognu dans l’esprit
4
de la reyne de Suède et celuy de ses principaux ministres quelque chose de
5
semblable à la lenteur avec laquelle les plénipotentiaires vont à la paix:|.
6
Toutesfois, |:quand ilz nous verront entièrement résolus à ne vouloir plus
7
entretenir en Allemagne une sy grande armée et avec une sy grande des-
8
pense, à ne leur accorder plus le subside que nous leur avons donné jus-
9
ques icy, et qu’ilz sçauront que le traitté avec Espagne s’avance et que s’il
10
venoit à estre conclu avant la paix de l’Empire, ilz craindront que nous ne
11
parlions un autre langage:|, il y a de l’apparence que ces messieurs pour-
12
ront changer de conduicte, |:et haster autant leur allure vers la paix,
13
qu’elle est maintenant lente et tardive:|.

14
Au fondz, |:quand tous les Suédois seroient de l’avis de monsieur Oxen-
15
stiern, ilz n’en seroient pas où ilz pensent s’ilz croyent nous pouvoir don-
16
ner la loy, et le Roy seroit assez puissant pour s’empescher de la recevoir
17
et pour contenir les choses aux termes où la raison veult qu’elles soient:|.
18
Dieu seroit sans doubte pour luy, et les hommes le deveroient estre, puis-
19
que personne ne

43
19 pourroit] laut Konzept statt in der Druckvorlage: pouvant.
pourroit approuver |:une telle ambition que celle que
20
monsieur Oxenstiern fait paroistre accompagnée de tant d’injustice:|. Et
21
si lorsqu’il s’agiroit de l’intérest |:de quelque prince catholique que l’Em-
22
pereur voudroit protéger, il ne fault pas doubter qu’il ne fust ravy d’ob-
23
tenir que la France le secondast:|, voyant que par ce moyen, il le pourroit
24
faire avec facilité. A plus forte raison devons-nous nous asseurer que
25
|:l’Empereur, le duc de Bavières, et le party catholique nous donneroient
26
la carte blanche pour nous obliger à empescher conjoinctement avec eux
27
que la couronne de Suède ne se mist en train d’aspirer à l’Empire sy elle y
28
avoit quelque visée comme il semble que les discours de monsieur Oxen-
29
stiern le doivent faire croyre:|.

30
Le sieur d’Avaux ne pouvoit luy respondre ni s’en desmeller plus judi-
31
cieusement qu’il a fait, mettant les choses tantost |:sur le ridicule, tantost
32
sur le sérieux:|, et à la vérité, s’il eust fait autrement, il les eust falu porter
33
|:à une dernière extrémité:|. Il sera pourtant bon, en de semblables ren-
34
contres, de déclarer seulement la volonté du Roy qui ne sort jamais des
35
termes de la raison et de la justice, et dans les fascheuses responses qu’on
36
pourroit estre obligé de faire |:à monsieur Oxenstiern, faire tousjours dis-
37
tinction de sa personne et de celle de la reyne et des principaux ministres
38
qui la conseillent:|, et l’on tesmoignera qu’on sçait bien que ce ne sont
39
point ses sentimens et qu’elle n’approuve point sa façon d’agir.

40
L’on auroit trop affaire [!] si l’on vouloit respondre à toutes les choses
41
que |:monsieur Oxenstiern a avancées:|, elles ne le méritent point et se
42
destruisent d’elles-mesmes, et il est aisé à voir qu’elles ne viennent d’autre

[p. 1156] [scan. 336]


1
principe que |:d’une ambition démesurée qui s’irrite par quelque visée
2
d’intérest particulier:|.

3
Dans |:le destail qu’il fait:| de l’estat de l’Empire et de la constitution où il
4
se trouve, il prend fort mal ses mesures, car si l’on en venoit là |:que la
5
France fust contraincte à lever le masque, il recognoistroit alors que les
6
princes catholiques qui sont désarmez armeroient, que ceux qui sont en
7
neutralité se déclareroient, et que tout cela uny à l’Empereur, il se forme-
8
roit un party assez puissant pour empescher le chancelier Oxenstiern de
9
faire réussir le dessein qu’on mande qu’il a de faire espouser son filz à la
10
reyne de Suède, par l’espérance qu’il pourra donner à cette princesse de le
11
faire nommer roy des Romains:|.

12
Que |:sy ce party n’estoit assez fort pour rompre les projectz et les me-
13
nées de monsieur le chancelier Oxenstiern:|, on n’auroit pas besoing de
14
beaucoup de solicitations |:pour y faire joindre le roy de Pologne, le roy
15
de Dannemarc, Messieurs les Estatz et d’aultres

42
15 princes] im Klartext fälschlich: prince.
princes à qui la puissance
16
de Suède est odieuse ou suspecte:|.

17
On ne doute point que tout cecy ne soit tombé dans l’esprit de Messieurs
18
les Plénipotentiaires, mais on n’a peu s’empescher d’en dire un mot en
19
passant, et l’on se promet que se conduisans à l’accoustumée avec une
20
grande prudence, ilz accompagneront leur conduicte de toute la vigueur
21
et la résolution nécessaire et qu’ilz sçauront donner à entendre que si l’on
22
a ce desplaisir de voir que les |:Suédois, en cas que leurs sentimens soient
23
conformes à ceux que tesmoigne monsieur Oxenstiern,

43
23 aient] im Klartext fälschlich: aye.
aient sy peu de
24
gratitude pour:| tant d’effortz que nous avons faits à l’avantage de la cause
25
commune, |:et particulièrement

44
25 de] nicht dechiffriert.
de la Suède:|, nous ne sommes pas en estat
26
de souffrir que ces avantages qui nous coustent si cher |:leur servent à
27
prétendre de nous faire donner les mains à des choses que nous ne devons
28
point et ausquelles il n’y a point de traicté qui nous oblige:|.

29
Pour ce qui est de la response que le sieur d’Avaux a faite touchant la
30
prétention du subside, elle est fort prudente, et l’on sera tousjours à temps
31
de le donner s’il y a des considérations qui nous y obligent |:en tirant
32
quelque aultre advantage, comme seroit d’avoir des vaisseaux ou choses
33
semblables dont on pourra s’adviser alors:|. Sur quoy on a icy un soubçon
34
qui n’est peut-estre pas mal fondé |:que les Suédois ne cherchent tant de
35
prétextes pour reculer la conclusion de la paix que pour gaigner le temps
36
auquel l’un des termes de ce subside a accoustumé de leur estre payé affin
37
d’avoir lieu de le demander avant que la paix soit signée, mais s’ilz n’ont
38
point d’aultre moyen pour obtenir ce qu’ilz demandent que cet artifice,
39
ilz pourroient bien y rencontrer plus de difficulté qu’ilz ne s’imaginent et
40
nous treuver en estat de leur refuser avec justice ce qu’ilz auront voulu
41
extorquer de nous par finesse:|.

[p. 1157] [scan. 337]


1
L’on approuve ce que le sieur d’Avaux a fait pour les intérestz de Ma-
2
dame la Langrave; nous y sommes obligez à cause de la constance avec
3
laquelle elle a persisté dans le bon party |:et pour empescher qu’elle ne
4
s’attachast aux Suédois au préjudice de cette couronne:|, mais quelque
5
bonne volonté que nous ayons pour elle, nous ne sçaurions aller au-delà
6
de la possibilité des choses, et elle ne doit rien prétendre qui ne demeure
7
dans ces termes, et enfin il nous suffira que nous n’aurons rien oublié de
8
ce qui aura dépendu de nous pour luy procurer les plus avantageuses sa-
9
tisfactions que la raison aura peu permettre |:bien qu’elles ne soient pas
10
entièrement celles qu’elle prétend, qui surpasseroient de beaucoup les
11
nostres, quoyque ses armes n’ayent agy et n’ayent faict des conquestes
12
qu’à la faveur des assistances que nous luy avons données:|.

13
On a veu icy avec plaisir les pensées que le sieur d’Avaux nous mande |:que
14
monsieur de Bavières a pour rendre l’Empire alternatif et il est aisé à croire
15
qu’elles viennent du cœur de ce prince:|, puisque c’est son intérest |:et celuy
16
des aultres princes d’Allemagne:|. Mais c’est un project dont la discution
17
doit estre remise après la paix qui doit estre conclue avant toutes choses.

18
Enfin, Messieurs les Plénipotentiaires prendront soigneusement garde |:à
19
la conduicte des Suédois:|, et tascheront de pénétrer |:leurs sentimens tou-
20
chant la Pologne:|. On a juste sujet de se persuader que la passion qu’ilz
21
tesmoignent |:à donner de la satisfaction à leur armée n’est que pour s’en
22
prévalloir, après la paix d’Allemagne, à faire la guerre audict royaume ou
23
pour faire une paix avec luy à des conditions très advantageuses et qu’ilz
24
ne prétendent cette satisfaction sy exhorbitante pour gaigner temps et
25
veoir cependant ce qui pourra réussir de cet accommodement avec la Po-
26
logne, estant résoluz de ne point désarmer que l’argent n’ayt esté délivré à
27
leurs troupes. Monsieur le chancelier Oxenstiern n’a peu s’empescher de
28
faire paroistre le premier au sieur Chanut, et il luy est plusieurs fois
29
eschapé de luy dire que la Suède avoit assez de subjetz de rompre la trêve
30
qu’elle avoit avec la Pologne

41
Der auf 26 Jahre befristete schwed.-poln. Waffenstillstand von Stuhmsdorf vom 2./12.
42
September 1635 (Druck: ST V.2, 333–342).
:|. C’est pourquoy Leurs Majestez sont obli-
31
gées de ne rien oublier |:pour destourner cette rupture et de tascher de
32
faire en sorte que la paix qui se traicte entre ces deux couronnes se fasse à
33
des conditions raisonnables et justes, tant pour l’une, que pour l’aultre:|.
34
Elles doivent cela au roy et à la république de Poulongne, tant pour res-
35
pondre à la bonne volonté que ce prince et cette république tesmoignent à
36
la France, que pour ce qu’ayant esté médiatrice de la trefve qui est entre
37
les susdites deux couronnes, elle a intérest ou qu’elle se convertisse en une
38
bonne paix, ou au moins qu’elle ne soit point violée.


39
Beilage


40
1 Nr. 235.

Documents