Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
13. d’Avaux und Servien an Mazarin Münster 1645 Januar 14

12

d’Avaux und Servien an Mazarin


13
Münster 1645 Januar 14

14
Ausfertigung: AE , CP All. 43 fol. 46–65 = Druckvorlage. Kopie: AE , CP All. 46 fol. 32–44’.
15
Konzept eines Kopisten Serviens mit Zusätzen d’Avaux’: AE , CP All. 50 fol. 84–97’. Druck:
16
Nég. secr. II, 2 S. 19–25; Gärtner IV S. 150–177.

17
Änderung der Scheindeklaration wegen schwedischer Vorbehalte. Verzicht auf die offene
18
Vertretung bayerischer Belange im Interesse einer störungsfreien Zusammenarbeit mit Schwe-
19
den ; Gerüchte über französisch-bayerische Verhandlungen; Abhängigkeit der bayerischen
20
Politik von Verwandtschaftsverhältnissen und von der militärischen Lage. Zu erwartende
21
Abneigung der Reichsstände gegen die Territorialforderungen der Kronen. Besprechung der
22
Proposition II mit Oxenstierna: Wiederherstellung des Friedens, Einschluß aller Verbündeten
23
beider Parteien, Normaljahr 1618, allgemeine Amnestie, Friedenssicherung; Erstattung der
24
Kriegskosten der Kronen. Vorschlag einer Liga der italienischen Staaten durch Frankreich;
25
propagandistischer Nutzen der Restitutionen an Savoyen. Eröffnung der Verhandlungen mit
26
Spanien mit den italienischen Fragen; Salamanca; Ausbleiben der erneuerten spanischen
27
Vollmacht. Verhandlungen der schwedischen Gesandten mit Peschwitz ohne Information der
28
Franzosen. Verzweifelte Situation der Flamen. Truppenaushebungen. Charakteristik Salvius’.
29
Mögliche Trennung von Reich und Spanien; Friede mit dem Kaiser, Waffenstillstand mit
30
Spanien auf 20 Jahre; Verbot kaiserlicher Hilfe für Spanien. Gründe gegen eine Beilegung der
31
Auseinandersetzungen in Italien vor dem allgemeinen Friedensschluß. Vorläufiger Verzicht auf
32
die Forderung nach Pässen für die Gesandten Portugals. Drängen der bayerischen Gesandten
33
auf Waffenstillstand im Reich; Ablehnung der Einberufung eines Reichstages durch den
34
Mainzer Kurfürsten. Bericht Chigis an die Kaiserlichen über die Streitigkeiten zwischen
35
d’Avaux und Servien und über eine Unterredung mit St. Romain.

36
Dank für nr. 331,333. Pour y respondre par l’ordre qu’il a pieu à Vostre
37
Eminence de tenir en nous les escrivant, nous avons bien compris les
38
puissantes raisons pour lesquelles Vostre Eminence n’estime pas que
39
lorsqu’on |:entrera plus avant en matière avec noz parties il faille faire la

[p. 48] [scan. 96]


1
demande que l’un de nous avoit proposée de remettre toutes choses dans
2
l’Allemagne au mesme estat qu’elles estoient en l’année 1618, moyennant
3
quoy Sa Majesté aussi de son costé offriroit d’en retirer ses armes et
4
restituer toutes ses conquestes:|. A la vérité celuy de nous qui estoit de cet
5
advis avoit cru d’abord que la difficulté se rencontroit seulement sur la
6
|:seconde clause de restituer les conquestes et retirer les armes de France:| à
7
quoy quand Vostre Eminence n’eust pas trouvé les inconvéniens qu’elle y a
8
si prudemment remarqués |:les ministres suédois ont tesmoigné de leur part
9
si peu de disposition de vouloir faire la mesme chose que nous n’eussions
10
pu la faire seulz contre leur advis, ayant tousjours cru que pour produire un
11
bon effect dans l’esprit des Allemandz il falloit qu’elle fust faicte de la part
12
des deux couronnes, sans quoy elle eust paru de nostre costé plus accom-
13
pagnée des tentations que de solidité et plus apparente qu’effective:| outre
14
que comme Vostre Eminence remarque très prudemment tout l’effet fût
15
directement tumbé sur |:noz alliez ausquelz en diverses propositions
16
d’accommodement les Impériaux ont tousjours faict espérer quelque
17
récompense particulière:|. Mais en la forme que nous l’avions de nouveau
18
concertée avec monsieur Oxenstiern et dont nous avons rendu compte par
19
noz despêches précédentes, c’est-à-dire sans y adjouster cette seconde
20
clause, nous avions estimé tous deux que beaucoup de raisons nous
21
obligeroient de la faire dont les principales ont esté remarquées dans celle
22
du 7 e de ce mois

43
nr. 7.
, et qu’il n’y avoit aucun inconvénient à craindre pourveu
23
qu’on y apportast les précautions dont nous avions convenu ensemble |:qui
24
sont de demander en mesme temps la satisfaction réelle des deux couron-
25
nes et une seureté suffisante pour l’exécution du traicté:|.

26
Ces deux conditions nous donnant moien aux uns et aux autres de
27
mesnager ce qui nous seroit nécessaire et avantageux en particulier sem-
28
bloient remédier à tout ce que l’on avoit pu craindre |:excepté aux
29
appréhensions et aux mescontentemens qu’en pourra prendre monsieur le
30
duc de Bavière dont Vostre Eminence recognoist avec très grande raison
31
qu’on doibt tascher de mesnager l’esprit pour les grands advantages que la
32
France en pourra recevoir:| soit pendant la durée de la guerre soit dans le
33
cours de la négotiation.

34
Ce n’est pas néantmoins, Monseigneur, une considération qu’on puisse
35
alléguer aux Suédois, non seulement elle |:ne les toucheroit pas de la mesme
36
sorte que nous mais elle y produiroit un effect bien contraire à nostre
37
intention et à noz intérestz, ce prince ayant tousjours esté le principal
38
object de leur jalousie et de leur animosité, ilz pourroient aisément estre
39
portez par leur meffiance naturelle à croire que nous aurions à leur
40
préjudice quelque engagement secret avec luy, et:| ne manqueroient pas de
41
se confirmer dans cette fausse créance |:s’ilz voyoient que de peur de luy
42
desplaire nous refusassions de faire une proposition qui a tousjours esté le

[p. 49] [scan. 97]


1
but de nos armes communes dans l’Allemagne. Les Espagnolz ne taschent
2
desjà que trop de leur donner des ombrages de ce costé-là, cognoissans que
3
c’est leur foible, et:| peut-estre est-ce le principal prétexte dont ils se sont
4
servis pour les faire |:entendre à la négotiation qu’ilz font mesnager par le
5
docteur Kran et le baron de Peschvitz

42
Moritz Freiherr von Peschwitz, ehemaliger ksl. Oberst ( APW II C 2 S. 156 Anm. 2).
:|.

6
Nous sommes obligés à ce propos d’avertir Vostre Eminence que tous les
7
espritz de deçà sont tellement préoccupez de cette opinion que |:le duc de
8
Bavière panche du costé de la France, et qu’il a desjà une négotiation sur le
9
tapis bien advancée entre luy et nous, qui se mesnage par la voye de Rome
10
que non seulement messieurs les médiateurs nous en ont parlé en termes
11
assez intelligibles, mais nous sçavons que les Impériaux et les Espagnolz
12
encore plus qu’eux en sont en très grande alarme:| ce qui nous donne lieu
13
de représenter à Vostre Eminence qu’ilz ne manqueront pas de faire
14
|:donner cet advis aux Suédois et que nous avons très grand intérest d’éviter
15
dans nostre conduicte tout:| ce qui pourroit le moins du monde contribuer
16
à les |:nourrir dans ce soupçon lequel:| nous aurons assés de peine d’effacer
17
de leur esprit |:mesmes en faisant toutes les choses qu’ilz désireront de nous
18
en exécution des traictez d’alliance:|.

19
Nous ne croions pas pour cella, Monseigneur, qu’il soit à propos de
20
|:mespriser monsieur le duc de Bavières. Nous faisons bien estat de le
21
mesnager avec soing quand ses députez seront icy, et d’en tirer advantage
22
pour:| les intérestz de la France, |:mais nous croyons que Vostre Eminen-
23
ce :| jugera nécessaire dans une occasion où il faudroit |:prendre party de
24
l’offenser ou de désobliger les Suédois que nous travaillions plustost à
25
conserver les amis anciens et asseurez dont les intérestz sont joinctz et:|
26
communs avec les nostres |:qu’à acquérir un amy nouveau et dont l’ affec-
27
tion ne peut jamais estre que doubteuse puisque sa naissance, la situation de
28
son Estat, ses alliances et tous ses intérestz sont joinctz avec ceulx de noz
29
ennemis, et que:| selon nostre foible sentiment il est très malaisé de |:se
30
promettre une amitié constante et sincère d’un prince sage et advisé, qui se
31
croyant sur le bord du tombeau et ses enfans dans un bas aage

43
Ferdinand Maria war 1636, Max Philipp 1638 geboren.
:| connoist
32
qu’inévitablement ils doivent tomber |:après sa mort entre les mains et
33
soubz la tutelle de nostre ennemy, contre lequel par conséquent:| il n’y a
34
pas apparence qu’il |:se déclare jamais en nostre faveur:|.

35
Nous estimons mesmes puisque Vostre Eminence nous a commandé de luy
36
parler avec liberté que le moien le plus asseuré de |:ranger ce prince à la
37
raison est de le presser vivement par les armes et dans la négotiation. Il est
38
trop prudent et dans un aage trop advancé pour prendre jamais un conseil
39
de désespoir qui le puisse porter à sa ruine, au contraire si le bien de ses
40
affaires le contraignoit jamais d’abandonner la maison d’Austriche pour se
41
joindre à nous:| il y a apparence que |:la qualité de prince de l’Empire, et de

[p. 50] [scan. 98]


1
beau-frère de l’Empereur

43
Die Gemahlin Maximilians, Maria Anna, war die Schwester Ferdinands III.
ne luy permettant pas de changer volontairement
2
le party, il ne debvroit pas trouver mauvais qu’on luy en fournist un
3
honneste prétexte et:| qu’on luy donnast moien de faire voir que pour
4
éviter sa perte il auroit esté forcé par la nécessité de prendre cette
5
résolution.

6
Certes, Monseigneur |:la partye de la France semble estre si bien faicte dans
7
ceste guerre qu’on n’a besoing tandis qu’elle durera que de continuer à
8
jouer comme on a faict, et tenir toutes choses en l’estat où elles ont esté
9
jusques icy. Il seroit peut-estre périlleux d’y apporter le moindre change-
10
ment dans l’ordre des affaires qui ont si heureusement réussy depuis dix ans
11
et:| il y auroit beaucoup · de |:subject de craindre de s’affoiblir plus
12
notablement d’un costé qu’on ne pourroit se fortiffier d’un autre:| ce qui
13
nous fait croire que |:toutes les liaisons que l’on pourra prendre avec
14
monsieur le duc de Bavière du consentement des Suédois et:| par leurs avis
15
seront très utiles. Mais que pour |:l’obliger et le gaigner en particulier nous
16
perdrions plus que nous ne gaignerions si les Suédois en prenoient
17
ombrage, parce qu’enfin ilz pourroient nous prévenir et faire leurs affaires
18
sans nous:| à quoy ilz trouveroient toute sorte de facilité et pourroient
19
mesme |:alléguer que nous leur aurions donné un prétexte de nous faire
20
cette infidélité quoyqu’en effect nous n’y eussions pas pensé. Monsieur le
21
duc de Bavière ne peut s’offenser avec raison que l’on fasse d’abord une
22
demande générale quoyque l’effect aille en quelque façon contre luy, à
23
laquelle nous sommes obligez par les traictez d’alliance avec la couronne de
24
Suède et:| par tous les discours et manifestes qui ont esté publiez depuis la
25
naissance de cette guerre. |:Il est trop intelligent pour ne cognoistre pas que
26
nous ne ferons cette instance que pour nous acquitter de nostre parole
27
envers noz alliez, et nous tirer avec honneur de l’engagement où nous
28
sommes:|. Si mesme on jugeoit que la chose |:luy deubst estre d’abord trop
29
sensible:| on pourroit la faire |:adoucir par l’espérance qu’on luy feroit
30
donner secrettement en mesme temps d’y mesnager ses intérestz pendant le
31
cours de la négotiation selon qu’il nous en donneroit subject et qu’il:| se
32
rendroit |:favorable aux nostres:|. Il vaudroit encore mieux recourir à cette
33
précaution que |:d’obliger les Suédois dès l’entrée du traicté par le refus
34
d’une proposition juste à rechercher trop soigneusement:| les raisons
35
|:pourquoy nous ne voulons pas demander conjoinctement avec eulx une
36
chose pour laquelle nous avons pris conjoinctement les armes:| mais si on
37
se peut passer de |:faire sitost cognoistre cette intention au duc de Bavière
38
et de luy mettre en main de quoy ruiner le crédit que le Roy s’est acquis
39
parmy les princes et estatz de l’Allemagne ce sera le plus seur:|. Tant s’en
40
faut qu’on doive |:croire qu’en faisant cette demande générale monsieur le
41
duc de Bavière se puisse rebuter et perdre entièrement les bonnes disposi-
42
tions qu’il a faict paroistre pour la France, dont toutesfois il ne s’est jamais

[p. 51] [scan. 99]


1
bien expliqué que lorsque ses affaires ont esté en mauvais estat et que les
2
nostres ont prospéré dans l’Allemagne. On:| peut espérer avec quelque
3
apparence de raison que |:plus il se verra pressé par les armes et dans la
4
négotiation, plus il donnera de bons effectz et affin de ne ruiner pas ses
5
affaires se rendra favorable aux intérestz particuliers des deux couronnes
6
pour acquérir l’amitié des victorieux:| et tascher par leur moien de mettre
7
|:les siens à couvert:| ce qui nous ouvrira le chemin de |:faire cognoistre aux
8
Suédois que ce prince leur peut estre utile:| aussy |:bien qu’à nous et:| ainsy
9
l’envie qu’ilz ont par-dessus toutes choses de trouver leur compte les
10
conviera |:peut-estre de procurer avec nous celuy du duc de Bavière:|.

11
Nous ne disons pas cela sans quelque fondement puisque monsieur |:le
12
baron Oxenstiern concertant avec nous l’ordre qu’il faudra tenir en nostre
13
seconde proposition:| est demeuré d’accord que la composant comme nous
14
l’avons résolu sous le bon plaisir de la Reyne de divers articles |:et y meslant
15
ceux où les deux couronnes ont particulièrement intérest avec ceulx qui
16
regardent l’Allemagne en général:| nous pourrions en traittant |:nous
17
relascher sur les uns à mesure que nous trouverions nostre satisfaction sur
18
les autres:| affin comme il disoit de |:reprendre d’une main ce que nous
19
aurions donné de l’autre:|.

20
Avant que finir ce point qui est peut-estre le plus délicat et le plus
21
important |:de toute nostre négotiation nous sommes obligez par:| le peu
22
de connoissance que nous avons de |:l’inclination des princes d’Allemagne
23
de représenter à Vostre Eminence qu’elle est très différente de celle des
24
princes d’Italie, ceulx-cy:| comme très intelligens et bien conseillez approu-
25
vent et désirent tout ce qui peut contribuer à les rendre indeppendans, et
26
pour cette raison sont |:bien aises que la France ayt quelques places en
27
Italie pour leur tendre la main en cas de besoing et pour tenir en bride les
28
Espagnolz, mais ceux-cy sont beaucoup plus touchez de l’amour de leur
29
patrie et ne peuvent approuver que des estrangers démembrant l’Empire,
30
quelque utilité qu’on leur en fasse espérer préférans par une politique digne
31
du climat la substance d’un corps dont ilz sont les membres à l’advantage
32
que chacun d’eulx peut tirer en particulier par la division de l’Empire:|.
33
Mais ils ne veullent pas que ce bien leur arrive |:par la séparation des
34
partyes de leur Estat ny que:| pour avoir plus de moien de les assister |:les
35
princes estrangers s’aggrandissent à leurs despens:|. Nous ne lairons pas
36
aux occasions de |:faire comprendre aux princes ou à leurs députez qu’ilz
37
doibvent tenir une autre maxime pour leur propre bien:| mais quoy que
38
nous puissions faire |:il sera difficile de leur persuader ce que nous désirons
39
ny d’empescher qu’ilz n’aymassent mieux dans leurs âmes nous voir rendre
40
toutes nos conquestes que de les voir demeurer entre noz mains:|.

41
Voilà Monseigneur en substance ce que nous avons cru devoir représenter à
42
Vostre Eminence sur cet article si considérable et qui semble comprendre
43
|:en soy tout ce que nous avons à traicter en cette négotiation pour les
44
intérestz de l’Allemagne:|, mais parce que nous voions que l’opinion des

[p. 52] [scan. 100]


1
|:Suédois ny la nostre n’a pas esté entièrement conforme à celle de Vostre
2
Eminence:|, nous la supplions très humblement de nous faire sçavoir ses
3
intentions au plus tost après qu’elle aura examiné par sa grande prudence
4
les ordres qui nous seront envoiez, et qu’elle aura eu agréable de considérer
5
que |:ne pouvans agir sans le consentement de noz alliez:| il faut nécessai-
6
rement que tout-|:es les choses que nous aurons à proposer soient approu-
7
vées par eulx aussi bien que par nous.

8
Voicy donc en abrégé à peu près de quelle sorte:| nous avions estimé avec
9
|:monsieur le baron Oxenstiern que la première proposition que nous
10
aurons

43
10 cy-après] nicht dechiffriert.
cy-après à donner a noz parties doibt estre conceue.

11
Que la guerre et les hostilitez cessent de part et d’autre:|. Que la paix et
12
l’ancienne amitié seront restablies. |:Que tous les alliez et adhérens de part
13
et d’autre y seront compris. Que le commerce sera libre comme avant la
14
guerre. Que tous les prisonniers seront mis en liberté sans payer rançon.
15
Que toutes choses généralement seront restablies dans l’Allemagne au
16
mesme estat qu’elles estoient en l’année 1618. L’amnistie générale sera
17
accordée sans aucune réserve ny restriction. Qu’il sera pourveu suffisam-
18
ment à la seureté de la paix en sorte qu’elle ne puisse estre violée à
19
l’advenir. Qu’il sera deuement satisfaict aux deux couronnes pour les fraiz
20
de la guerre:|.

21
Nous sommes |:tombez en discours avec monsieur Contarini de cette ligue
22
des princes d’Italie dont on parle, mais il nous a fort asseurez que:| il n’y a
23
rien à craindre |:de la part de sa République:|. En effet les progrès des
24
armes du Roy n’ont pas esté si grands |:de ce costé-là qu’ilz ayent pu
25
donner de la jalousie à personne:| et puis |:le pape et la république de
26
Venise sans la jonction desquelz cette ligue:| ne seroit pas beaucoup
27
considérable |:ayans esté receus médiateurs dans le traicté de paix et ayans
28
icy des ministres pour y travailler:| vraisemblablement ne se pourroient pas
29
|:engager honorablement avec l’un des deux partis:| sans avoir tesmoigné à
30
|:l’autre auparavant le suject qu’ilz ont de se plaindre et avoir demandé
31
quelque raison sur leur plainctes:|.

32
La pensée de Vostre Eminence de |:prévenir les Espagnolz en proposant
33
nous-mesmes les premiers cette ligue:| est accompagnée de très grande
34
prudence puisque l’effet en a esté jugé avantageux pour la France et que |:le
35
Roy ne peut rien retenir en Italie que Pignerol à la restitution duquel:| il
36
n’y a pas apparence que |:aucun prince de ce pays-là nous veuille jamais
37
convier:|. Il y aura grand avantage d’estre l’autheur |:d’une proposition qui
38
faict voir si clairement le désintéressement de la France:| si ce n’est qu’il y
39
eust sujet de craindre que |:les Espagnolz y apportassent de la difficulté
40
lorsqu’ilz verront que la chose seroit effectivement désirée et recherchée de
41
nostre part:|.

42
La généreuse résolution qu’il a pieu à la Reyne de prendre de faire rendre

[p. 53] [scan. 101]


1
présentement tant de places à madame la duchesse de Savoie fera bien
2
connestre aux princes d’Italie que Sa Majesté ne veut pas profiter du bien
3
d’autruy |:et cette seule action les empescheroit de rien entreprendre
4
aujourd’huy qui pust desplaire à Sa Majesté quand ilz en auroient eu la
5
pensée:|. Toute la maison de Savoye luy doit estre bien obligée d’une si
6
grande libéralité |:mais nous aurions subject d’appréhender que cette
7
restitution faicte avant la conclusion du traicté général ne fust comptée
8
pour rien par les ennemis s’il n’en estoit encore assez bon nombre au
9
pouvoir du Roy, tant pour faire rendre Verceil

43
Vercelli, seit 1638 spanisch besetzte piemontesische Festung nordöstlich von Turin.
en les rendant, que pour
10
avoir moien de conserver dans la paix |:si l’on peut toutes les conquestes
11
d’Allemagne, de Lorraine, de Flandres et du Roussillon:|. Nous ne lairons
12
pas cependant de faire esclatter partout où il nous sera possible cette action
13
glorieuse que Vostre Eminence a très grande raison de dire que les
14
Espagnolz ne se fussent jamais résolus de faire.

15
Aussytost que nous entrerons plus avant en matière avec les |:Impériaux,
16
nous ne manquerons pas de mettre aussi en mesme temps sur le tapis avec
17
les Espagnolz les affaires d’Italie, outre:| les diverses raisons qui obligent de
18
commencer avec eux |:la négotiation par là que vostre Eminence a très bien
19
remarquées:|, c’est presque le seul point que nous avons |:droict de traicter
20
sans les Holandois et avant la venue de leurs députez présupposé que les
21
affaires d’Espagne doibvent tousjours estre réservées pour les dernières à
22
quoy nous n’avons garde de manquer:|.

23
Il n’estoit pas juste que Salamanca profitast d’une seconde fourbe, ny que la
24
qualité de plénipotentiaire pour la paix luy donnast moien de passer par la
25
France pour aller presser en Espagne les choses nécessaires pour la guerre,
26
l’on confesse aujourd’huy franchement que c’est pour cella qu’il a esté
27
despêché par mer, et ceux qui trouvoient à dire au refus qui luy a esté fait
28
d’un passeport sont contraints d’avouer qu’on a eu raison.

29
Verweis auf nr. 12. Die Spanier halten den Termin der Vorlage der erneuerten
30
Vollmacht nicht ein, wodurch die Verhandlungen mit ihnen in Frage gestellt
31
werden.

32
Tous les advis que Vostre Eminence nous marque |:luy avoir esté donnez
33
tant de Bruxelles que d’icy sont très véritables et ne peuvent venir que de
34
personnes fidelles et affectionnées. Le baron de Peschvitz est un vaga-
35
bond :| qui a toute sa vie roulé par le monde sans s’attacher à aucun |:party.
36
Quant au docteur Kran c’est l’associé du comte de Lamberg à Osnabruk. La
37
cognoissance que nous avions eue des menées du premier lorsque monsieur
38
Salvius fut en cette ville ne nous avoit pas beaucoup mis en peine:|
39
quoyqu’elle nous eust obligé d’y faire prendre garde |:sçachant que ce
40
baron est un esprit léger, qui se faict de feste partout, et auquel un homme
41
sage ne sçauroit prendre aucune confiance:|. Mais lorsque |:au dernier
42
voyage de monsieur le baron Oxenstiern nous avons veu que ce mesme

[p. 54] [scan. 102]


1
baron l’a visité et mangé avec luy plusieurs fois, et que le jour qu’il partit de
2
cette ville il l’accompagna dans son carrosse jusques à my-chemin, nous y
3
avons regardé de plus prez:| non sans quelque estonnement |:que les
4
ministres suédois l’ayans escouté l’un après l’autre ne nous eussent point
5
donné part de ses discours:|. Nous sommes bien résolus |:à la première
6
conférence de leur en faire une douce plaincte:| en la manière que Vostre
7
Eminence nous fait l’honneur de nous le prescrire.

8
Pour |:la disposition des Flamandz nous apprenons qu’elle est telle qu’on l’a
9
représentée:| à Vostre Eminence. Des personnes de condition qui ont esté
10
parmy eux il n’y a pas longtemps |:asseurent qu’ils sont dans le désespoir,
11
que:| néantmoins |:ilz sont résolus cette année de faire un dernier effort et
12
de se saigner jusqu’à la dernière goutte sur:| l’espérance qu’on leur donne
13
de restablir leurs affaires |:et de faire quelque entreprise dans la France,
14
mais:| si cella ne produit rien |:l’on croid qu’ilz penseront à leurs affaires et
15
à prendre quelque autre party pour l’advenir:|.

16
Baudissin

42
Wolf Heinrich von Baudissin (1597–1646), ehemaliger schwedischer und kursächsischer
43
Generalleutnant; seit 1641 polnischer Gesandter in Kopenhagen ( NDB I S. 632f. ).
erhält von uns 3000 Rt., wie Sie es wünschen. Er sollte sich darauf
17
beschränken, den König von Dänemark in seiner Bereitschaft zum Ausgleich mit
18
Schweden zu bestärken, nicht aber zu neuen Rüstungen überreden. – Wir halten
19
ständig Ausschau nach Möglichkeiten für Truppenerhebungen.

20
|:Quand à monsieur Salvius c’est un homme qui pour faire cognoistre sa
21
capacité parle quelquesfois trop librement:|, il n’a pas esté malaisé de
22
descouvrir |:par luy-mesme les choses qu’il avoit traictées avec nous, il les
23
communiqua toutes à monsieur Contarini lorsqu’il le fut voir:| ce qui nous
24
fait croire qu’il n’en aura pas esté plus chiche à d’autres. Il ne laisse pas pour
25
ce qui touche |:la Suède en particulier d’estre assez retenu et fort adroict et
26
rusé pour parvenir à ses fins:|. Nous ne doutons pas que les |:Espagnolz qui
27
n’ont pu nous diviser pendant la guerre ne tachent de le faire pendant la
28
négotiation:| et que Saavedra qui est un grand ouvrier pour de semblables
29
pratiques n’employe les artifices et les faussetez quand les autres moiens luy
30
maqueront pour en venir à bout, mais aiant tousjours considéré ce
31
préjudice comme un des plus grands qui pourroit arriver à la France nostre
32
principal soin a tousjours esté et sera employé à nous en garentir.

33
Les autres advis qui ont esté donnés à Vostre Eminence de |:

41
33–34 l’inclination – et] Randnotiz von gleicher Hand.
l’inclination de
34
l’évesque d’Osnabruk plustost pour la France que pour l’Espagne et la
35
division qui est souvent entre les commissaires impériaux et espagnolz sont
36
très véritables. Néantmoins:| lorsque nous avons voulu presser le premier
37
aux conférences que nous avons eues ensemble il est demeuré sur la
38
retenue, mais pour |:les autres nous sçavons certainement qu’ilz ont eu des
39
contestations sur les affaires qui ont passé quelquesfois bien avant:|. A la
40
vérité nous ne pouvons pas |:juger si cela seroit capable de porter les uns à

[p. 55] [scan. 103]


1
traicter sans les autres:|. Il ne nous sera pas malaisé de sonder le gué, mais
2
aiant tousjours veu qu’en France |:on n’a point pu prendre confiance en
3
cette séparation lorsqu’elle a esté proposée de la part mesme des Alle-
4
mandz :| nous ne sçavons pas si Vostre Eminence trouveroit à propos en cas
5
que l’occasion s’en présentast, |:et que la dureté des Espagnolz obligeast les
6
autres à vouloir traicter sans eulx que nous y deussions entendre:|. Les
7
divers raisonnemens contenus en la fin de vostre première despêche nous
8
font assés cognestre que les sentimens de Vostre Eminence penchent de ce
9
costé-là |:mais parce que c’est un poinct délicat et important et sur lequel
10
on est demeuré souvent irrésolu dans le conseil du Roy:|, s’il plaist à Vostre
11
Eminence d’y prendre une bonne résolution, le temps et les affaires nous
12
produiront peut-estre des occasions d’exécuter ce qui nous sera ordonné, au
13
moins nous y dresserons toutes noz pensées.

14
Celle de |:monsieur Contarini ne seroit pas de séparer les uns des autres
15
mais de faire en mesme temps la paix avec l’Empereur et une trefve de vingt
16
ans avec l’Espagne pour satisfaire au désir des Suédois qui:| veullent sortir
17
d’affaires par à bout |:et à celuy des Holandois qui ne veulent et ne peuvent
18
pas faire un traicté définitif:|. Si les affaires prenoient cette pante nous n’y
19
remarquerions pas beaucoup d’inconvénient |:pourveu qu’il ne fust pas
20
permis à l’Empereur au préjudice de la paix d’assister le roy d’Espagne à la
21
fin ou à la rupture de la trefve, et que nous demeurassions en possession de
22
ce que nous tenons sur le Rhin:|.

23
La seconde despêche de Vostre Eminence du 21 e |:est toute sur les affaires
24
d’Italie:|. L’honneur que Vostre Eminence nous fait d’en vouloir sçavoir
25
noz sentimens nous oblige de les luy expliquer avec autant de franchise que
26
de respect. Il y a deux questions à examiner, la première si en |:composant
27
les affaires d’Italie par une trefve ou une suspension d’armes avant la
28
conclusion du traicté général la France en recevra plus d’advantage que de
29
préjudice:|. La seconde si nous le pouvons faire sans que les alliez en
30
reçoivent du mescontentement. Il semble Monseigneur que cette seconde
31
est suffisamment décidée par la précaution que Vostre Eminence propose
32
très prudemment de ne rien résoudre en cette affaire qu’après l’avoir
33
communiquée franchement à noz alliez et après en avoir receu leur advis et
34
consentement. La seule difficulté reste donc sur la première question où
35
Vostre Eminence a si puissamment desduit les raisons de l’affirmative que
36
nous serons seulement obligez de toucher quelques-uns de la négative et de
37
remarquer quelques inconvéniens qui pourroient arriver de cette résolution
38
affin que Vostre Eminence les aiant considérés et discuté ce qui aura esté
39
dit de part et d’autre, y puisse prendre la résolution qui luy semblera
40
convenable à laquelle dès cette heure nous sousmettons toutes noz pensées.
41
Premièrement, l’expérience a fait voir |:depuis dix ans qu’en faisant la
42
guerre aux Espagnolz en tous les lieux de leur domination ilz en ont receu
43
plus d’incommodité que la France puisque:| dans une si longue suite
44
d’années ils n’ont pas pu prospérer en aucun lieu, |:les heureux succez du

[p. 56] [scan. 104]


1
feu roy en Italie:| aians esté principalement retardés par |:les accidens qu’on
2
ne pouvoit prévoir comme la mort de messieurs les ducz de Savoye et de
3
Mantoue

33
Hg. Viktor Amadeus I. von Savoyen und Hg. Karl I. von Mantua (geb. 1580, seit 1627 Hg.
34
von Mantua) waren 1637 verstorben; beide hatten eine Frankreich-freundliche Politik
35
betrieben.
, la révolte de tout le Piedmont, et la défection des princes de
4
Savoye

36
Nach dem Tod Viktors Amadeus I. von Savoyen (1637) hatte seine Gemahlin Christine für
37
den minderjährigen Franz Hyazinth (geb. 1632) die Regentschaft übernommen. Als dieser
38
1638 starb, bestritten ihr die beiden Schwäger Moritz von Savoyen (1593–1657; 1607–1642
39
Kardinal) und Thomas Franz von Savoyen (1596–1656), Prinz von Carignano, das Recht
40
zur Regentschaft für ihren nächstfolgenden, unmündigen Sohn Emanuel II. Von 1639 bis
41
1642 kam es deshalb zu bewaffneten Auseinandersetzungen, in denen Frankreich Christine
42
unterstützte, während die Brüder in der piemontesischen Bevölkerung und bei Spanien
43
Rückhalt fanden ( Bazin III S. 17–22, 162f.); am 14. Juni 1642 wurde der Konflikt in den
44
Verträgen von Turin beigelegt (Druck: DuMont VI, 1 S. 253–260).
qui:| ont donné la peine de reconquérir en beaucoup de temps ce
5
qui avoit esté perdu en un instant. 2. |:En accommodant les affaires en un
6
lieu avant qu’elles le soient en tous les autres nous priverions la France de:|
7
l’avantage qu’elle tire de sa scituation laquelle estant au milieu des Estatz
8
dispersez de l’Espagne luy donne moien d’envoier ses forces comme du
9
centre à la circonférence aux lieux où bon luy semble pour faire ses plus
10
grands effortz tantost en un endroit tantost en un autre, soit sur la mer soit
11
sur la terre à quoy l’ennemy n’a pas la mesme facilité de remédier estant
12
tousjours incertain du lieu d’où il sera attaqué plus vigoureusement et luy
13
estant impossible de tenir en tous des forces esgalles pour sa deffense.

14
3. Il y a beaucoup d’apparence que sy on avoit |:faict une année ou deux les
15
mesmes effortz en Italie que l’on a faict en Flandres, en Espagne et ailleurs
16
la conqueste de tout le Milanois ne seroit pas si longue que celle de la
17
Flandre:|, les peuples n’y estans pas si agueris ny la pluspart des places si
18
bien fortiffiées |:et le roy d’Espagne n’ayant pas la mesme facilité d’y lever
19
de gens de guerre

32
19 que le] nicht dechiffriert.
que le voisinage de l’Allemagne et de quelques autres
20
provinces luy donne pour les Pays-Bas:|. 4. On peut croire que |:les
21
Espagnolz n’y consentiroient pas s’ilz ne croyoient de se retirer de leur
22
costé les mesmes advantages que nous espérons d’en retirer du nostre:| ce
23
qui peut faire appréhender le desplaisir qu’on auroit si par l’événement
24
leurs espérances se trouvoient mieux fondées que les nostres. 5. Toutes les
25
affaires comme il a esté dit cy-dessus |:ont si heureusement réussy pendant
26
dix ans en la forme qu’elles ont esté conduictes qu’il semble plus seur de les
27
soustenir jusques à la fin en l’estat où elles sont que de faire une nouvelle
28
expérience, dont l’effect est en quelque façon doubteux sur le poinct d’un
29
traicté général:|. 6. Quand on auroit |:le consentement des alliez pour cela,
30
estant certain qu’ilz ne le donneront pas volontairement et qu’ilz ne s’y
31
porteront ou que vaincus par noz persuasions, ou parce que les traictez

[p. 57] [scan. 105]


1
d’alliance ne leur donnent pas:| droit de l’empescher, on doit craindre qu’ils
2
ne nous voulussent après rendre responsables des événemens et qu’ils ne
3
voulussent imputer à cette résolution le moindre changement qui arriveroit
4
dans la face des affaires encore mesmes qu’il ne procédast pas de là. 7. Il
5
seroit très malaisé de |:leur oster de l’esprit que nous n’eussions envie de
6
sortir de toutes noz affaires l’une après l’autre de cette sorte et que cette
7
appréhension ne leur fist naistre le désir de nous prévenir:| l’un de nous
8
aiant veu autrefois |:les grandes plainctes que les Suédois firent d’une
9
suspension d’armes en Italie, quoyqu’elle fust seulement pour quelques
10
sepmaines:|. 8. Quand |:les Espagnolz ne tireroient autre advantage que
11
d’assister plus vigoureusement qu’ilz n’ont faict jusqu’icy l’Espagne et la
12
Flandre:| il seroit tousjours très grand en ce que pour |:peu qu’ilz pussent
13
augmenter leurs forces en ces deux lieux, ilz s’y mettroient en posture
14
suffisante pour se deffendre et pour y arrester nos progrez:| la raison de
15
guerre voulant que celuy qui attaque soit sans comparaison plus fort que
16
celuy qui se deffend s’il veut faire des conquestes considérables.

17
9. Avec une armée médiocre |:que le Roy entretient en Italie:| quand
18
mesmes on ne voudroit pas attaquer des places |:on oblige les Espagnolz d’y
19
avoir beaucoup plus grand nombre de troupes, tant pour y tenir leurs
20
garnisons fortes que pour y deffendre la campaigne:|. 10. Si |:la guerre y
21
avoit entièrement cessé, il faudroit craindre que la pluspart des princes
22
d’Italie n’assistassent plustost d’hommes ou d’argent l’Empereur et le roy
23
d’Espagne que nous, soit à cause des plus:| grands attachemens, deppen-
24
dances et obligations qu’ilz ont avec |:l’Empire ou l’Espagne, soit à cause
25
que les affaires de ces deux monarques sont présentement:| en mauvais
26
estat et qu’ils sont réduits sur la deffensive, |:soit par une faulse créance
27
qu’il y a quelque intérest de religion meslé puisque la pluspart des ennemis
28
de l’Empereur sont protestans:|. 11. Cella ne peut pas sitost arriver |:tandis
29
que la guerre durera en Italie, parce que la raison d’Estat ne permet pas à
30
tous les princes de ce pays-là de se desgarnir de leurs forces cependant
31
qu’ilz voyent deux puissans monarques armez dans leur voisinage, et que:|
32
cette considération leur peut mesme servir |:d’excuse pour refuser les
33
assistances que l’Empereur et le roy d’Espagne leur demandent de temps en
34
temps:| si bien que par le moien de |:cette diversion, nous ne tenons pas
35
seulement en eschec les forces des Espagnolz mais celles de tous les autres
36
princes qui pourroient leur donner secours aux autres endroictz et:| qui
37
croiroient peut-estre de le pouvoir faire sans nous offencer. 12. D’ailleurs
38
l’expérience du passé nous doit faire appréhender ce qui est arrivé plusieurs
39
fois |:tant pendant les guerres de l’empereur Charles V

42
Karl V. (1500–1558), 1516 Kg. von Spanien, 1519 deutscher Kg., 1530 K., 1556 Abdan-
43
kung .
que depuis la
40
naissance de celle-cy, où les troupes reiglées et disciplinées venues d’Italie
41
ont souvent restably les affaires de l’Empire qui estoient comme abandon-

[p. 58] [scan. 106]


1
nées :|. 13. Le seul avantage certain qu’on se pourroit présentement pro-
2
mettre seroit |:l’espargne de la despense, laquelle outre qu’elle n’est pas
3
considérable dans les grandz desseings quand elle:| oblige l’ennemy d’en
4
faire une plus grande ou une pareille, ne pourroit estre que pour cette
5
campagne qui est desjà si avancée que sur l’espérance douteuse d’un traitté
6
qui n’est ny résolu ny commencé |:si on ne faisoit pas les préparatifz
7
nécessaires pour la continuation de la guerre de mesme qu’on a faict
8
cy-devant, on se trouveroit peut-estre exposé aux entreprises de l’ennemy
9
qui se pourroit mesme servir d’une proposition d’accommodement pour
10
nous amuser et nous surprendre:|. 14. Pour conclusion, puisque dans cette
11
glorieuse querelle il faut nécessairement que toutes les forces des deux
12
partis soient occupées, il semble indifférend de les emploier en un où en
13
divers lieux |:si ce que l’on tirera de l’Italie vient servir en Flandre ou en
14
Espagne, il ne nous coustera guière moins et ne nous donnera pas
15
néantmoins un si grand advantage sur les Espagnolz pour faire des
16
conquestes dans leur pays comme les secours qu’ilz recevront les y
17
mettront en estat de nous résister, et puis les forces de la maison de Savoye
18
seront comme perdues pour nous de cette sorte, parce qu’estans obligées de
19
se joindre aux nostres pour la guerre d’Italie

42
Nach dem Vertrag von Turin zwischen dem König von Frankreich und den Prinzen Moritz
43
und Thomas (vgl. S. 56 Anm. 8).
:| il n’y a pas apparence
20
qu’elles nous puissent servir |:ny en Espagne, ny en Flandres, ny en
21
Allemagne:|.

22
Nous sçavons bien Monseigneur que toutes ces raisons et inconvéniens
23
sont mieux cognus de Vostre Eminence que nous ne pouvons les luy
24
représenter, mais pour obéir au commendement qu’il luy a pieu de nous
25
faire nous avons esté obligés de remarquer tout ce qui fait quelque
26
impression dans nostre esprit. Ce n’est pas que nous facions aucun doute
27
que |:la ligue pour l’Italie ne soit utile et advantageuse à la France qu’il ne
28
soit bon de la |:proposer les premiers ou de l’accepter si les Espagnolz la
29
proposent et qu’on la peut mesmes résoudre avant tous les autres articles du
30
traitté, |:mais de venir à l’exécution ny faire aucune trefve en un endroict
31
avant qu’estre d’accord pour tout le reste:| nous n’ozerions pas déterminer
32
par nostre foible advis si la résolution n’en seroit point périlleuse. Cella
33
n’empeschera pas pourtant que si Vostre Eminence en fait un autre
34
jugement, nous ne travaillions icy soigneusement et fidellement à l’ exécu-
35
tion de tout ce qu’il luy plaira de nous ordonner, tant pour en faire la
36
proposition aux Suédois que pour tascher à en obtenir leur consentement.
37
Mais nous estimerions qu’en ce cas il faudroit |:tousjours mesnager que
38
cette trefve eust relation à ce traicté général c’est-à-dire qu’elle ne deubst
39
pas durer si on estoit obligé de se retirer d’icy sans rien faire, de craincte
40
que les Espagnolz voyans leurs affaires d’Italie en seureté pour tousjours
41
qui leur sont plus à coeur après celles d’Espagne que toutes les autres, ne se

[p. 59] [scan. 107]


1
rendissent plus difficiles sur les autres poinctz de la négotiation que:|
2
quand ilz se verront contraintz en refusant un accommodement raisonna-
3
ble de mettre de nouveau tous leurs Estatz en danger par la continuation de
4
la guerre lors mesmes qu’ils auront sujet de craindre que |:plusieurs princes
5
en Italie et ailleurs ne se joignent enfin à nous pour les forcer à ce qu’ilz
6
auront refusé:|.

7
Nous avons bien espéré |:de nous prévaloir en faveur des Portugais:| de la
8
clause que nous avons fait mettre dans les pouvoirs de noz parties et dans
9
les nostres sur le sujet des alliez, mais les raisons que nous avons |:de ne
10
demander pas encor des sauf-conduictz pour eulx:| sont si puissantes
11
qu’eux-mesmes en sont demeurés d’accord avec nous. Il est bien vray que
12
les ordres qui nous ont esté envoiés pour les assister les ont extrêmement
13
satisfaits et les ont disposez d’attendre avec plus de repos d’esprit qu’il se
14
présente une occasion plus favorable de les exécutter. En effet lorsque les
15
députés de Messieurs les Estatz et des princes de l’Empire seront arrivés,
16
nous pourrons estre assistez de leurs offices pour faire cette demande avec
17
plus d’efficace, ce qui servira à la faire mieux recevoir dans le public quand
18
on verra que divers potentatz y prennent intérest aussi bien que nous.

19
L’on nous a confidemment |:donné advis que les ambassadeurs de monsieur
20
le duc de Bavière qui viennent icy ayans passé au lieu où est monsieur
21
l’électeur de Mayence

41
Anselm Kasimir Wambolt von Umstadt (1583–1647), 1629 Kf. von Mainz; die Gesandten
42
hatten ihn in Sachsenhausen bei Frankfurt aufgesucht, wohin er im Herbst 1644 vor den
43
Franzosen geflohen war ( Egloffstein S. 10.).
et:| estans entrés en conférence avec luy, après avoir
22
représenté le mauvais estat des affaires de l’Empire qui vont tousjours en
23
décadence luy ont dit que si on |:ne pouvoit faire promptement la paix, il
24
falloit pour le moings faire une trefve et que l’électeur n’a respondu autre
25
chose sinon que les affaires du roy d’Espagne se restablissoient en Cataloi-
26
gne et qu’il falloit avoir encore bonne espérance:|. Nous sçavons du mesme
27
lieu que |:monsieur de Mayence pressé par l’Empereur de convoquer une
28
diète à Ratisbonne:| s’en est excusé sur |:la pauvreté des princes et estatz de
29
l’Empire:|. Il a peut-estre envie de faire achepter son entremise pour cela et
30
de se faire payer avant que d’accorder ce qu’on luy demande |:les arrérages
31
de sa pension que les Impériaux luy doibvent depuis trois ou quatre ans:|.
32
Les discours |:de monsieur le nonce avec les commissaires impériaulx sur la
33
conférence qu’il avoit eue avec monsieur de Saint Romain, et:| sur les
34
contestations que nous avons eues ensemble ont esté véritables selon le
35
raport qu’on nous en a fait, nous croions bien qu’il s’est voulu servir de
36
cette occasion pour |:acquérir quelque créance auprès des ministres qui sont
37
en deffiance de luy et qui luy ont rendu à Rome et ailleurs de mauvais
38
offices, mais nous n’avons pas recognu pour cela qu’il eust aucune mauvaise
39
satisfaction de nous:|. Nous tascherons par rencontre de nous esclaircir
40
avec luy.

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