Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
238. Servien an Lionne Münster 1644 September 3

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Servien an Lionne


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Münster 1644 September 3

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Konzept des 1. Servien-Kopisten: AE , CP All. 30 fol. 304–306’ = Druckvorlage

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Ein ursprünglich als Antwort auf nr. 209 vorgesehenes Konzept vom 27. August 1644, AE , CP
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All. 24 fol. 109–113, war nach einer Notiz fol. 109 nicht verwendet worden.
.

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Zu den Auseinandersetzungen mit d’Avaux. Brégy. Frühere Auseinandersetzungen in der Laufbahn
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Serviens. Regelmäßige Besprechungen mit d’Avaux. Vorschlag, Brasset zum Gesandtschaftssekretär
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zu ernennen.

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Je vous puis asseurer en toute vérité que la division de Monsieur d’Avaux
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et de moy n’a apporté aulcun retardement aux affaires du Roy, vous pouvez
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hardiment en estre ma caution envers Son Eminence. Nous avons tousjours
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concerté par nostre secrétaire les dépesches qu’il falloit faire, et vous seriez
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peult estre estonné du nombre que nous en avons faict pour la seulle affaire
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d’Ostfrise. Il n’y a eu que les deux dernières qui devoient estre faictes à la
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Cour que Monsieur d’Avaux ne voulut pas consulter de cette sorte, pour
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plus esclatter nostre désunion qu’il espéroit lors debvoir servir à l’intention

[p. 495] [scan. 585]


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qu’il avoit de se retirer. Après tout, je croy qu’elle n’aura faict jusqu’icy
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préjudice qu’à nous, nous ayant faict servir pendant quelque temps d’ entre-
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tien à toutes les compagnies de Paris. Mais à l’avenir j’estime qu’il naistra
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un grand bien de ce mal, et que Monsieur d’Avaux ayant recognu que son
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crédit n’estoit pas assez grand à la Cour pour m’opprimer et que je n’estois
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pas d’humeur de souffrir icy ses mespris, il deviendra plus soubzmis aux
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puissances et plus considéré envers moy, sy bien que par toutes les apparen-
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ces il y a subjet d’espérer que nous vivrons fort bien, comme cela a desjà
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bien commencé. Monsieur d’Avaux m’a dict qu’il estoit obligé de respondre
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à ma dernière lettre

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[ Nr. 198 ] ; zur Replik d’Avaux’ vgl. die Beilage zu [ nr. 236. ]
, mais qu’il le feroit doucement pour moy. Je luy lairray
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faire et ne respondray plus, puisque ces contestations ont despleu à Son
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Eminence et luy ont donné de la peine. Je recognois bien que la protection
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qu’il luy a pleu me départir en ce rencontre est une des plus grandes obliga-
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tions que je luy aye. Je tascheray néantmoins de régler tousjours ma con-
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duicte en sorte que je ne sois obligé de luy demander l’honneur de son
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assistance qu’en des choses où sa justice l’obligera de la départir au moindre
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homme du Royaume. C’est à dire que je tascheray tousjours de mettre la
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raison de mon costé, et je vous proteste que sy ma première lettre eust esté
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explicquée selon mon intention, je ne croy pas ny que Monsieur d’Avaux
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s’en fust offencé ny que personne l’eust censurée, puisque je n’avois eu pour
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but que de proposer un règlement affin de travailler sans contention et sans
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dispute dans nostre employ.

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Au nom de Dieu, faictes moy encor ce bon office que Son Eminence ne me
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croye pas capable de m’emporter dans aulcune extrémité ny d’avoir une
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chaleur blasmable dans le maniement des affaires. On ne peult guières jamais
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passer dans une plus grande aigreur que celle qui a esté entre Monsieur
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d’Avaux et moy, et cependant nous n’avons jamais eu ensemble la moindre
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parolle fascheuse. Celles dont Monsieur de Mesmes s’est plaint en dernier
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lieu que j’avois appellé Monsieur d’Avaux petit garçon, que je m’estois
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vanté de le faire tourner à bout et de ma 〈faveur〉 à la Cour, sont sy esloignées
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de la vérité et de mon humeur que j’ay honte seulement de les ouïr dire.
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Monsieur de Brégy n’est plus icy. Je croy que jusqu’à présent il a esté plus
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affectionné à Monsieur d’Avaux qu’à moy, et néantmoins je me soubzmetz
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à perdre l’honneur s’il dict que j’aye rien proféré de semblable. Je vous prie
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de luy en escripre et de faire veoir la responce qu’il vous fera à Son Eminence
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sans que je la sçache. Je ne dis jamais rien dans ce rencontre, sy ce n’est que
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je m’estonnois que Monsieur d’Avaux pour un homme sage voulust tes-
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moigner sa mauvaise volonté en de sy petites choses comme estoit celle du
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passeport

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Vgl. dazu [ nr. 188. ]
, que pour donner un bon coup à un homme qu’on n’aymoit pas,
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cela estoit assez ordinaire; mais de faire paroistre de l’animosité sans effect

[p. 496] [scan. 586]


1
en des occasions de peu d’importance, que cela s’apeloit vana sine viribus
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ira. Je ne vous sçaurois donner une preuve plus certaine que la lettre que
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Monsieur d’Avaux en a escripte à Monsieur de Brienne

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Es ist nicht festzustellen, welches Schreiben d’Avaux’ gemeint ist.
qui est bien diffé-
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rente du discours de Monsieur de Mesme.

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Il est vray que j’ay eu le malheur pendant ma vie d’avoir eu des contestations
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qui ont fait beaucoup d’esclat. Mais outre que je n’y ay jamais meslé aulcune
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sorte de violence ny de chaleur, je n’y ay tousjours esté porté que pour les
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intérestz du Roy et la pluspart du temps par ses ordres. Messieurs du Parle-
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ment de Bourdeaux lorsque j’estois en Guyenne me voulurent faire mon
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procès, parce que j’avois faict punir des corsaires de La Rochelle en vertu
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d’une commission expresse du Conseil

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Servien fungierte 1627 in der Guyenne als Intendant de justice im Zusammenhang mit dem Huge-
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nottenaufstand .
. Cette affaire a faict grand bruict
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en son temps à cause du mauvais traictement que receut ce Parlement pour
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s’estre voulu opposer aux volontéz de Sa Majesté par les entreprises qu’il
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avoit faites contre moy.

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Le différent que j’eus quelques années après avec Monsieur le Maréschal de
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Toyras

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Jean de Caylar de Saint Bonnet, Sieur de Toiras, 1585–1636, führte zusammen mit Servien die
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Verhandlungen, die zum Abschluß der Verträge von Cherasco führten. Er wurde 1633 seiner
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Amter enthoben. Zur Person vgl. NBG XLV Sp. 466–468, zum Gesamtzusammenhang A.
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Bazin II S. 260f.
ne fut pas moindre, Son Eminence en sçait le détail et se peult
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souvenir que nous avions tousjours vescu dans une grande union Monsieur
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de Thoyras et moy, jusqu’à ce que ses frères se furent déclaréz contre le Roy
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en Languedoc et que j’eus ordre de le désauthoriser à Pignerol et luy rede-
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mander Cazal. Il fallut y tesmoigner un peu de fermeté pour servir le Roy
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et exécuter ses ordres, parce que j’avois à traicter avec un homme qui vouloit
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tenir les affaires en ballance et ne dire ny ouy ny non. La chose réussit selon
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les intentions de la Cour et je receus des remerciemens à mon retour de la
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conduicte que j’y avois tenue. Monsieur d’Hémery et moy n’estions pas bien
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ensemble en ce temps là pour avoir deux humeurs contraires et une façon
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de vivre toute différente. Néantmoins nous n’eusmes jamais aulcunes parolles
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ensemble ny aulcune sorte d’aigreur aparente. A la Cour chacun sçait tandis
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que j’y ay esté, que je n’y ay jamais eu ny parolle ny différent qui ayt paru
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avec ceux qui ont contribué à ma ruyne. Feu Monsieur le Cardinal de
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Richelieu me faisoit faire dans le Conseil toutes les propositions de despence
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parce qu’elles estoient odieuses au feu Roy. C’estoient aultant de nouveaux
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subjetz de querelle avec Monsieur de Bullion

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Bullion war Surintendant des finances.
qui disoit en présence de
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Sa Majesté que je voulois espuiser l’espargne. Monsieur le Cardinal inter-
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venoit comme juge et comme s’il n’eust point rien parlé de ce que j’avois
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proposé par son ordre pour faire résouldre les affaires selon qu’il estoit
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nécessaire. Voylà tous les subjetz de contestation que j’ay jamais eu[e]. La

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1
suite a faict veoir que j’ay servy de victime pour avoir faict mon debvoir et
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que ledict Sieur Cardinal après l’avoir fidèllement servy, m’a exposé à la
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hayne de ceux qu’il m’avoit faict attacquer pour son soulagement. Sy l’on
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peult alléguer une seulle occasion où dans les affaires la collère ou la challeur
5
m’ayt faict faire quelque action mal à propos, je me soubzmetz encor aujour-
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d’huy à en faire pénitence. J’ozerois bien y adjouster davantage et le pourrois
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justiffier qu’en tous les employz qui m’ont esté donnéz j’ay eu le bonheur
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de faire réussir les intentions de mes supérieurs.

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Il fault encor que je vous die que nous nous voyons tous les jours Monsieur
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d’Avaux et moy, et que les choses selon toutes les aparences vont parfaicte-
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ment bien entre nous, quoyque le voyant tout le reste du temps enfermé
12
j’aye quelque oppinion qu’il travaille à une responce. Mais comme je vous
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ay desjà dict, je ne m’en metz point en peine, je feray gloire à l’avenir de
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mespriser toutes les choses qui m’eussent peu estre sensibles auparavant
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dans la seule pensée de plaire à Son Eminence qui a tesmoigné de le désirer,
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et pour luy tesmoigner qu’il n’y aura jamais d’occasion où il me soit difficile
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d’obéir à ses commandementz.

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Je croy qu’il sera difficile que nous nous accordions icy pour le choix d’un
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secrétaire. C’est pourquoy sy vous pouvez il n’y aura point de mal de nous
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en faire donner un au plustost. Je n’en cognois point cappable de nous bien
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soulager que Monsieur Brasset. Je vous puis asseurer que Monsieur de
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Préfontaines m’a donné plus de peine à faire les lettres qu’il m’a quelques
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fois apportées que je n’en eusse eu à les dresser. C’est pourquoy il importe
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que le choix ne soit pas faict par faveur et qu’on ne nous donne point un
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apprenty. Cette proposition m’avoit un peu estonné d’abord à cause qu’elle
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destruict ce qui me reste d’employ. Mais pour vous en parler franchement,
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je serois bien marry maintenant qu’elle ne fust pas exécutée. Le grand travail
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dans le cabinet ne m’est pas propre, il y a quinze jours que je suis tourmenté
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d’une douleur de reins qui ne procède que d’avoir demeuré trop assis. Au
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nom de Dieu, sy vous pouvez, surmontez les obstacles qui pourroient
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empescher qu’on ne nous donnast Monsieur Brasset, il est très habile homme.
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Je croy qu’il sera neutre quand on le luy aura recommandé de la Cour, et je
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le désire encor plus pour la considération de sa femme que pour la sienne.
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Sy on la pouvoit faire venir icy avant les couches de ma femme, nous en
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pourrions retirer beaucoup d’assistance. Je vous puis asseurer que dans un
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pays barbare comme celuy cy où l’on ne treuve personne avec qui on puisse
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faire conversation, les moindres sociétéz ne sont pas peu considérables.

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