Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
203. Memorandum Longuevilles, d’Avaux’ und Serviens [für Ludwig XIV.] Münster 1647 Oktober 14
Münster 1647 Oktober 14
Duplikat [für Mazarin]: AE , CP All. 85 fol. 301–315’ = Druckvorlage. Kopie: AE , CP All.
102 fol. 275–278’, 299–299’ . Druck: NS IV, 168–172.
Unverständnis über das Vorgehen des Kurfürsten von Bayern. Ankunft Salvius’ in Münster.
Schwierigkeit der Friedensverhandlungen angesichts der Haltung der Feinde und der Alliier-
ten . Zu den Ausführungen Krebs’ über die kurbayerischen Absichten. Bemühungen, die In-
tentionen der Schweden zu ergründen und sie zu einer gemeinsamen Erklärung über die
Friedensabsichten der Kronen zu bewegen.
Skepsis hinsichtlich der Sondierungen des Herzogs Karl von Lothringen; sein Eingreifen in
Neapel und Sizilien unter Zusicherung französischer Unterstützung in Erwägung gezogen.
Wohlwollen der Mediatoren. Französisch-spanische Verhandlungen: Übergabe von 24 Arti-
keln an die Mediatoren; spanische Verhandlungstaktik; diesbezügliche Informierung der nie-
derländischen Gesandten und La Thuilleries.
Niederländisch-portugiesische Verhandlungen. Tod Gassions. Militärisches Vorgehen Rant-
zaus . Krankheit Monsieurs. Unterredung mit Sannazaro: sein Protest gegen die Bestätigung
des Vertrags von Cherasco; mantuanische Interessen; Casale.
Unterredung mit Salvius: seine Klagen über den Kurfürsten von Bayern, Schilderung des
schlechten Zustands der schwedischen Armee, Forderung nach Vormarsch Turennes über
den Rhein und Erhöhung der französischen Subsidien sowie seine Befürwortung von Kriegs-
vorbereitungen bei gleichzeitiger Demonstration des Friedenswillens; seine Einschätzung der
Haltung der Reichsstände; militärische Vorschläge; Subsidienfrage; Übergabe schwedisch be-
setzter Plätze an Frankreich. Ausführungen Salvius’ über die Friedensverhandlungen:
schwedische Militärsatisfaktion; Schiedsspruch der übrigen noch offenen Verhandlungs-
punkte durch die Reichsstände.
Darlegung der französischen Verhandlungsführung: kein Nachgeben in der Frage kaiserli-
cher Assistenz für Spanien; Demonstration des französischen Verständigungswillens; äußer-
stenfalls Einverständnis mit einem Entscheid der Frage der Assistenz des Kaisers für Spanien
als Erzherzog von Österreich durch die Kurfürsten und die auf dem Kongreß vertretenen
Reichsfürsten oder durch den Kurfürsten von Bayern; Satisfaktionsartikel vom 13. September
1646 für die Frage der Lehen der Drei Bistümer maßgeblich. Schwedischer Friedenswille.
Kaiserliche Verständigungsbereitschaft gegenüber Schweden. In Kürze Unterredung mit
den Mediatoren.
C’est avec beaucoup de raison que par le mémoire du Roy du 4 e de ce
mois l’on tesmoigne de trouver estrange que monsieur le duc de Bavières
qui a tant d’intérest à la prompte conclusion de la paix, qui |:pouvoit si
facilement ayder à la faire s’il eust pris une autre conduite que celle qu’il a
tenue:|, et qui a d’ailleurs tant de prudence aie fait élection d’un chemin
hazardeux, qui peut aussytost causer la ruine de sa maison que produire
l’effet auquel vraysemblablement il doit s’attendre. Ces mesmes considé-
rations nous ont tenu longtemps l’esprit en suspens et empesché de croire
qu’il fût capable de la résolution à laquelle il s’est enfin laissé aller, mais la
chose estant aujourd’huy trop asseurée, il faut essayer d’en détourner le
préjudice et la diriger s’il se peut à la fin que Leurs Majestés se sont tous-
jours proposée de donner le repos à l’Allemagne, et ensuitte à la chres-
tienté , à quoy l’on peut parvenir par diverses voies.
L’on a si prudemment examiné toutes choses à la cour touchant ce qui est
à faire soit |:avec ledit duc soit avec nos alliez:|, et l’on a si bien marqué
|:tous les divers esgardz que l’on doit avoir en cette conjoncture:|, qu’il ne
se peut rien désirer après ce qui est dans ledit mémoire. Nous l’avons
exactement considéré et nous y conformerons en toutes choses, mais
comme l’exécution des ordres qui nous y sont donnés |:dépend principa-
lement de la manière dont cette action sera receue par les Suédois, et de ce
qui sera concerté avec eux:|, nous ne sçaurions rien escrire de certain que
nous n’aions connu leurs sentimens. Monsieur Salvius vient d’arriver fort
à propos en cette ville . Nous le verrons aujourd’huy, et si avec les com-
plimens il se passe quelque chose entre nous qui mérite qu’il en soit fait
raport, nous l’adjousterons au bas de ce mémoire.
Nous répéterons encores icy ce que nous avons desjà touché en quelque
autre despêche , que l’on connoist tous les jours de plus en plus combien
la négotiation de Munster est difficile. Nous avons deux traittés à faire
avec deux |:grandz princes dont l’union est indissoluble. Ilz ont animo-
sité contre la France et pour diminuer ses advantages et mettre ses alliez
en jalousie ou en division d’intérestz:|, il n’i a rien qu’ils n’abandonnent
et qu’ils ne prostituent, jusques aux choses que l’honneur et la con-
science les obligent de conserver. D’un autre costé la conduitte |:desdits
alliez ne nous donne pas moins de peine:|, estant vray que lorsque |:les
affaires des Suédois prospèrent, nous ne pouvons modérer leurs
vastes, ambitieux et tendans en effect à la ruine de la religion:|. Quand il
arrive aussy quelque accident, il y a peu |:d’asseurance en leur union:|, et
la prudence ne permet pas de croire que si |:dans le mauvais estat de
leurs affaires ilz estoient tentés par des conditions advantageuses à traic-
ter sans nous, ilz ne fussent pour franchir le sault et suivre dans le traicté
de l’Empire l’exemple que les Holandois leur ont donné en celuy d’ Es-
pagne :|.
Le sieur Krebs partant de la cour bien instruit des bonnes intentions que
l’on y a pour la paix peut servir beaucoup à destruire la croiance que l’on
a donné à son maistre du contraire, et l’on a très bien jugé qu’il sera plus
|:utile à Munik que s’il avoit esté arresté en France:|.
L’on croit facilement ce qu’il a asseuré que monsieur de Bavières s’ enga-
gera la paix se faisant à la manutention de ce qui a esté promis aux cou-
ronnes . Le profit qui luy revient de l’exécution de ce dont on est convenu
luy doit faire souhaitter qu’il aie lieu. Et quand à ce que ledit sieur Krebs
a dit qu’il ne distinguoit pas en cella la Suède d’avec la France, qu’il a
demandé un mémoire des conditions ausquelles les couronnes veulent la
paix, et qu’il a asseuré sur sa vie que si son maistre n’avoit une ferme
opinion que les Suédois veulent continuer la guerre et ruiner la religion
catholique, la paix se pourroit conclure en vingt-quatre heures, ce sont
tous pointz fort considérables et que nous ne manquerons pas de faire
sçavoir aux plénipotentiaires de Suède pour essaier de |:les porter cy-après
à plus de modération au cas que les Impériaux viennent à reprendre avec
eux et avec nous:| les derniers erremens du traitté, et qu’ilz ne s’esloignent
pas comme ils font à cette heure de tout accommodement.
Quant à |:gaigner sur les Suédois qu’ilz se déclarent ouvertement de leurs
dernières intentions:|, quoyque l’estat présent des affaires les y dust con-
vier , c’est chose néantmoins que leur humeur et la façon dont ils ont tous-
jours vescu nous fait juger très difficile. Monsieur Contareni y a fait ses
effortz au dernier voiage que messieurs Oxenstiern et Salvius ont fait en-
semble en cette ville
Gemeint ist der gemeinsame Aufenthalt Oxenstiernas und Salvius’ in Münster in den Mo-
naten Juni und Juli 1647 (vgl. [ nr. 13 Anm. 2 ] , [ nr. 78 Anm. 4 ] und [ nr. 90 Anm. 28 ] ).
mais tousjours inutilement. Nous doutons de plus si ces messieurs se ré-
soudront de |:concerter avec nous quelque escrit ou déclaration:| par la-
quelle on pût faire |:voir à tout le monde que l’on publie contre vérité que
les couronnes ne veulent pas la paix:|. Nous y travaillerons néantmoins, ce
moien nous paroissant fort propre pour désabuser ceux qui ont conceu
une autre opinion; |:et si on en vient là:|, on essaiera en |:tesmoignant toute
bonne disposition à pacifier les choses:| de faire veoir en mesme temps que
l’on est en pouvoir de porter les armes des couronnes encores plus avant
que l’on n’a fait jusques icy. En somme autant que le concert que l’on doit
observer avec les alliez le pourra promettre, on suivra en tout et partout
ce qui nous est prescrit par le mémoire, où l’intention de Leurs Majestés
est si nettement expliquée, qu’il est malaisé estant si bien esclairé que l’on
s’esgare du droit chemin.
Nous rendons très humbles grâces à la Reyne de l’avis dont elle a eu agréa-
ble qu’il nous fût donné part |:de ce que le duc Charles a faict dire par un
religieux minime à Sa Majesté:|. Elle nous commande de luy faire sçavoir
sur ce nos sentimens. Il est malaisé de rien ajouster à ce qui est dans le
mémoire, où les |:inconvéniens qui peuvent arriver de se rendre trop cré-
dules aux offres de ce prince sont judicieusement remarquez. Si l’on avoit
à faire quelque chose avec luy:|, il semble que pour |:arres de sa fidélité on
le doit engager à rendre un service réel et effectif sans lequel on ne peut
prendre confiance en ses paroles et luy ne doit pas douter en ce cas de
recevoir tout favorable traictement de Leurs Majestez:|.
Dans la méditation que nous avons faite sur |:cette ouverture du père mi-
nime :|, nous avons imaginé que si la guerre avoit à durer, |:ledit sieur duc
seroit un sujet fort propre à
ples et de Sicile, veu mesme qu’il a des prétentions sur ces royaumes-là
Die Ansprüche der Hg.e von Lothringen auf Neapel-Sizilien gingen zurück auf Hg. Rein-
hard I. von Anjou (1409–1480), der seit 1420 mit Isabella von Lothringen (1410–1453)
verh. und nach dem Tod seines älteren Bruders Hg. Ludwig III. von Anjou (gest. 1434)
dessen Nachfolger als Erbe von Anjou, Provence und Neapel geworden war, sich jedoch in
Süditalien nicht hatte durchsetzen können ( Stammtafeln NF II T. 26; Mohr , 78f).
quoyqu’en France l’on n’en tombe pas d’accord:|. On luy pourroit faire
|:espérer et donner en effect pour ce desseing grande assistance du Roy:|,
et ce seroit un bonheur qui ne se peut assés estimer |:d’esloigner un prince
sur l’amitié duquel la France ne peut jamais faire un fondement asseuré et
de l’engager contre nos partyes à une entreprise où soit qu’il réussît ou
qu’il y succombast l’on y auroit tousjours grand advantage:|.
|:Les Médiateurs continuent dans leurs bonnes volontez envers nous:|, et
monsieur Contareni à rendre ses offices pour empescher le traitté particu-
lier de l’Espagne avec Messieurs les Estatz; mais les ministres de cette
couronne continuent aussy dans leur lenteur et dans le dessein de traitter
séparément s’ilz peuvent avec nos alliez.
Nous avons depuis peu mis ès mains des Médiateurs vingt-quatre arti-
cles
Gemeint ist wahrscheinlich der frz. Entwurf der Art. 23–34, 36–40 und 42–48 des frz.-span.
Friedensvertrags, [den Mediatoren praes. Münster 1647 Oktober 10] (das den Mediatoren
ausgehändigte Exemplar (frz.; s.l. s.d.): Chig. lat. Q III 57 fol. 215–228. Frz. Kopien von
Art. 38 s. nr. 223 Beilage 1). – Das Datum der Übergabe dieses Schriftsatzes an die Media-
toren ergibt sich aus Chigi an Staatssekretariat, Münster 1647 Oktober 11 (Ausf. (it.): NP
23 fol. 706–710, hier fol. 709); vgl. auch APW III C 1/1, 367 (1647 X 10). – Ferner über-
gaben die Mediatoren den span. Ges. am 10. Oktober 1647 einen frz. Entwurf von Art. 22
des frz.-span. Friedensvertrags (Kopie (frz.; s.l. s.d.): Ass.Nat. 268 fol. 57–59’; das den Me-
diatoren ausgehändigte Exemplar (frz.): Chig. lat. Q III 57 fol. 230–233’).
sons bien que les Espagnols s’accommodans sur ceux qui sont de nulle
conséquence et remettans les autres ou persistans sur les premières diffi-
cultés , leur dessein estoit de porter nos alliés à conclure leur traitté sépa-
rément en leur faisant croire que nos affaires sont fort avancées, quoy-
qu ’en effet il n’i ait rien d’important qui soit achevé. Le mesme discours
a esté tenu aux ambassadeurs de Messieurs les Estatz, et nous leur avons
dit en détail en quoy consistent les choses qui nous sont débatues, affin de
leur faire voir qu’il n’y a nulle sincérité en la procédure des plénipoten-
tiaires d’Espagne. Nous avons aussi donné avis de tout à monsieur de La
Thuillerie
convenables.
Nous attendons quelle sera la response des Espagnolz et aurons tousjours
l’œil ouvert à nous garentir du mal, ou à pousser les affaires autant qu’ils
nous en donneront le moien.
Nous avons veu avec grand ressentiment de l’honneur que Leurs Majestés
nous ont fait, toutes les nouvelles contenues audit mémoire, soit de ce qui
se passe à La Haye entre les ministres du roy de Portugal et Messieurs les
Estatz, soit de l’accident arrivé en la personne de monsieur de Gassion,
duquel nous avons esté extrêmement affligés, |:ou du desseing que mon-
sieur de Ransau avoit de secourir Dixmuyde ou d’entreprendre sur quel-
que autre place plus considérable:|. Les Espagnolz ont publié ces jours
passés quantité de nouvelles à leur avantage. Ilz ont celuy-là d’avoir des
lettres de Flandre deux fois la semaine, et comme les nostres ne viennent
que fort longtemps après, nous sommes tousjours en impatience de sça-
voir la vérité de ce qui se fait au Païs-Bas.
La maladie de Monsieur nous donneroit beaucoup d’inquiétude si nous
ne voions au mesme temps que tous les médecins asseurent qu’il est hors
de péril.
Le comte de Sannazare qui est icy député de monsieur le duc de Mantoue
nous vint hier dire qu’il ne pouvoit manquer à protester contre la confir-
mation du traitté de Querasque en ce qui regarde les droitz de la maison
de Mantoue contre celle de Savoie. |:Mais il nous proposa en mesme
temps que si l’on vouloit laisser quelque chose pour supplément de la
lésion que son maistre a soufferte:| dans ledit traitté, on y pourroit enten-
dre . Il mit en avant qu’on |:luy donne la comté de Charolois ou bien Po-
ligny et Lion-le-Saulnier qui sont en la Franche-Comté, et que nous
prétendons retenir avec leurs dépendances; à quoy néantmoins il y aura
grande difficulté, d’autant que ces lieux-là ont esté abandonnez et le chas-
teau de Poligny razé que ceux du pays soustiennent avoir rachepté pour
une somme d’argent:|.
Et pour |:l’affaire de Casal ledit député a retranché quelque chose de l’ ar-
ticle que nous avons cy-devant présenté
Gemeint ist hier vermutlich der Art. betr. Casale aus der überarbeiteten Fassung des am
25. Januar 1647 übergebenen frz. Gesamtentwurfs für den Friedensvertrag mit Spanien (s.
[ nr. 47 Anm. 2 ] ) (Text (frz.; hier in der Fassung vom 21. Februar 1647): AN, K 1336 nº 43
fol. 9’–11; vgl. APW II B 5/1 nr. 136 Beilage 1 mit Anm. 11).
et la seureté de la place se pouvant trouver sans cela, nous estimons que
l’on s’y peut accommoder:|. Mais d’autant que si |:ce tempérament estoit
proposé par nous, les partyes pourroient faire plus de difficulté de le re-
cevoir , le susdit sieur de Sannazare nous a promis d’en faire l’ouverture
aux Médiateurs et aux Espagnolz mesmes, en leur déclarant que son mais-
tre sera content si l’article est dressé en la manière qu’il l’a réformé :|.
Dans la visite de monsieur Salvius d’où nous venons il s’est parlé de tou-
tes les affaires
Vgl. Salvius an Oxenstierna, Münster 1647 Oktober 5/15 (Text: APW II C 4/1 nr. 14,
hier 19 Z. 6–18); vgl. ferner [ nr. 214 Anm. 6 ] .
disant qu’il avoit tousjours bien creu qu’il manqueroit à ses promesses,
mais non pas qu’il en rejetteroit la cause sur les plénipotentiaires de Suède
comme il se voit qu’il fait par son manifeste. Il s’est mis ensuitte à nous
représenter le |:mauvais estat de l’armée de Suède, que l’infanterie est fort
diminuée et que parmy leur cavalerie il y a plus de trois mil rheistres
desmontez:|. Il a dit qu’il estoit du tout nécessaire que monsieur le mares-
chal de Turenne repassast le Rhin avec une armée capable d’occuper au
moins celle du duc de Bavières. |:Que le retardement que l’on avoit ap-
porté à payer le subside:| les avoit fort incommodé, qu’il prioit que l’on y
eust esgard et que l’on voulust avancer le paiement du terme qui court à
présent. Il nous a mesme fait instance à ce que le susdit subside fust aug-
menté . On luy a tesmoigné que l’on n’avoit pas esté moins surpris ny
moins en colère qu’eux de ce que le duc de Bavières a fait. Qu’avant sa
déclaration nous avions envoié vers luy le sieur d’Herbigny pour essaier
de le maintenir dans la neutralité, mais que s’estant déclaré |:de vouloir
rompre avec les Suédois:|, ledit sieur d’Herbigny luy avoit dit nettement
que |:la France ne le pouvoit avoir pour amy s’il entroit en guerrre avec la
Suède; que nous avions dict icy la mesme chose à son député:|. Que par les
dernières lettres que nous avions receues de la cour l’on nous mandoit
qu’aussytost que les nouvelles de ce changement y estoient arrivées, la
Reine avoit despêché à monsieur le mareschal de Turenne qu’il eût à se
disposer de repasser promptement le Rhin, que l’on travailloit en dili-
gence aux levées pour fortiffier son armée, et qu’on luy avoit envoié une
grande somme pour faire monstre et pour remettre ses trouppes en bon
estat. Nous avons promis audit sieur Salvius d’escrire pour diligenter le
paiement du subside, on luy a seulement osté l’espérance de l’augmenter,
attendu les despenses infinies ausquelles Leurs Majestés sont obligées, et
sur tout le reste on luy a donné les meilleures paroles que l’on a pu. Et
puis l’on s’est entretenu sur les remèdes que l’on peut apporter au mal qui
est arrivé, et on luy a demandé quelle il estimoit que devoit estre la con-
duitte des couronnes en cette occasion.
Il a dit |:sans hésiter que puisque monsieur de Bavière prenoit le prétexte
de sa défection sur ce qu’il publie que les couronnes ne veulent pas la
paix, il falloit faire voir le contraire:|. Que l’on se |:devoit préparer puis-
samment à la guerre, mais donner en mesme temps la croyance à un cha-
cun que l’on se porteroit à la paix:|.
Il croit que les Impériaux n’ont pas seulement gaigné l’esprit des princes
catholiques de l’Empire, |:mais qu’ilz ont aussi esbranlé celuy des pro-
testans ; que Saxe, Brandebourg et Brunsvik sont fort caressez par l’ Em-
pereur . Que l’on offre des conditions advantageuses à Madame la Lant-
grave pour l’induire à quitter les couronnes:|, et qu’il se parle |:de faire une
paix interne entre les princes et estatz de l’Empire avant que de se pacifier
avec les estrangers:|.
Il s’est remis après sur la nécessité de faire agir monsieur de Turenne dans
la Haute-Allemagne; que l’on y devoit occuper les forces de monsieur de
Bavières; que |:les places que nous y tenons se devoient déclarer ouver-
tement contre luy afin qu’il fust obligé de ne desgarnir pas son pays et
qu’il ne pust envoyer ses troupes dans l’armée de l’Empereur:|.
Le discours où il a paru le plus eschauffé a esté sur l’augmentation, ou du
moins l’avance du subside. Il a dit que cent mil risdalles données à temps
faisoient plus de profit quelquefois qu’un million hors de saison. Il s’est
enquis de nous si nous ne pourrions faire remettre promptement cette
partie du subside à Amsterdam ou à Franckfort. Et comme nous luy
avons dit que nous ne le pouvions pas faire, luy remonstrans les grandes
sommes que Leurs Majestés estoient obligées de perdre pour la remise, il
a proposé de faire |:des ducatz en France comme il s’en faict à Amstre-
dam , en quoy il y auroit un notable proffit, le ducat où il n’y a pas plus
d’or que dans un escu au soleil vallant dans les armées deux risdalles:|. On
luy a |:promis de donner cet advis à la cour, et:| d’escrire pour diligenter
toutes choses, et à n’en point mentir si les |:affaires du Roy le peuvent
permettre:|, il nous sembleroit bien à propos de |:faire quelque effort en
cette occasion:| et leur tesmoigner par quelque prompt secours la bonne
volonté de Leurs Majestés à restablir leurs affaires.
Parmy ces discours il en a avancé un sur lequel nous avons um peu ap-
puié . Il a dit que monsieur Wrangel avoit escrit que l’on |:pourroit re-
mettre ez mains de la France les places que la couronne de Suède détient
en la Haute-Allemagne, comme Uberlinghen
tres , ce qui donneroit moien |:à l’armée suédoise d’en retirer son infanterie
dont elle a besoing:|. Nous nous sommes chargés d’en donner avis, et luy
avons remonstré qu’il faudroit en ce cas que |:monsieur de Turenne eust
beaucoup d’infanterie pour garnir lesdites places suffisamment:|. C’estoit
affin de |:luy faire moins valoir la remise desdites places et pour faire voir:|
qu’elles |:seroient plustost à charge:| qu’à |:utilité:|, pour |:préparer aussi
une excuse au cas que monsieur de Turenne ne puisse paroistre sitost au-
deçà du Rhin:|, mais en effet il |:nous sembleroit fort advantageux d’ occu-
per ces places-là si la guerre doit continuer, et que la despense que l’on y
feroit ne seroit pas mal employée:|.
Après avoir parlé longtemps des moiens de continuer la guerre, le propos
est tombé sur ceux d’avancer la paix et de conclure le traitté. Il nous a dit
sur cella que les plénipotentiaires de l’Empereur qui sont à Osnaburg
disoient avoir la mesme volonté de traitter avec la couronne de Suède
qu’ilz avoient tousjours eue, et qu’ilz ne vouloient rien changer en ce qui
a esté accordé pour sa satisfaction.
Il adjousta que si la |:France admettoit des tempéramens sur les poinctz
qui restent indécis à son esgard, la Suède en recevroit sur ceux qui la tou-
chent :|. Et aiant esté par nous interrogé ce |:qu’ilz feroient sur le poinct de
la milice:| et sur les autres aussy, il a respondu que les estatz de l’Empire
reconnoissent que leur milice doit estre contentée; qu’il ne s’agissoit en
cella que de plus ou du moins; |:qu’ilz ne refuseroient pas ce qui sera
jugé raisonnable, et comme il a esté pressé de dire à peu près quelle
somme pourroit suffire, il a dict la moityé de ce qui a esté demandé, et
que desjà quelques députez avoient faict le comte que l’on pourroit four-
nir pour cela sept ou huict millions de risdalles:|. Pour le reste de |:leurs
différends il a dict qu’ilz les remettroient à l’arbitrage et décision des
estatz de l’Empire tant:| catholiques que protestans, et sur ce point il n’a
pas manqué de nous demander |:aussi ce que nous ferions de nostre cos-
té :|.
La response a esté que nous |:n’y avions point encore pris de résolution:|,
parce que l’on ne nous disoit rien, et que la négotiation estoit tout à fait
interrompue à nostre esgard; qu’il y avoit grande différence entre eux et
nous parce que rien n’estoit débatu sur la satisfaction particulière de la
Suède, et que l’on révocquoit en doute ce qui nous a esté promis pour
celle de France. Qu’il y avoit des pointz sur lesquelz on ne pouvoit jamais
admettre aucun expédient, comme celuy de s’obliger de n’assister directe-
ment ny indirectement le duc Charles. Que nous avions déclaré dès l’ ou-
verture de l’assemblée que nous estions prestz de traitter avec l’Empereur
et avec le roy d’Espagne en mesme temps s’il se pouvoit ou séparément
avec celuy qui conviendroit avec nous le premier de conditions raison-
nables . Mais que les deux traittés n’avoient aucune connexité et que celuy
avec lequel nous tomberions d’accord devoit en ce cas s’abstenir de nous
continuer la guerre. Et la conclusion a esté après avoir fait voir en peu de
motz le droit que Leurs Majestés ont sur les autres pointz contentieux
|:que l’on chercheroit tous les moyens possibles de contenter le public et
que nous luy pouvions bien dire par advance que la paix ne seroit pas
retardée pour les intérestz de la France pourveu que les Impériaux veuill-
ent demeurer de bonne foy:| dans l’observation des choses qui ont esté
cy-devant accordées. Nous avons |:quelque intention de nous servir du
mesme expédient que les Suédois, et de remettre le différend de l’ assis-
tance que l’Empereur pourra donner comme archiduc au roy d’Espagne
au jugement des électeurs et des princes de l’assemblée:| dont il sera res-
pectivement convenu ou bien à celuy de |:monsieur de Bavière seul si
toutesfois le bon concert avec nos alliez n’y est point blessé:|, et nous
sommes résolus de |:ne nous ouvrir point de cet expédient qu’à l’ extré-
mité :|. Pour les |:fiefz des Trois-Eveschez l’on pourra se tenir à l’escrit
du 13 e septembre de l’année dernière
Gemeint sind die ksl.-frz. Satisfaktionsartikel vom 13. September 1646 (s. [ nr. 1 Anm. 17 ] ).
ditions que:| les Impériaux |:ont voulu faire:|, ce qui nous donnera moien
de |:conserver nostre prétention entière et de la faire valoir après la paix
selon que la conjoncture le pourra permettre:|.
C’est où nostre conférence a fini, qui nous a fait voir |:que les Suédois sont
disposez à la paix, que les Impériaux ont volonté de s’accorder avec eux et
qu’ilz ne nous tiennent pas un mesme langage:|. Nous |:en parlerons dès
demain aux Médiateurs:|, et si nous pouvons concerter avec monsieur Sal-
vius |:l’escrit dont il est parlé:| au mémoire du Roy, nous n’oublierons rien
pour |:faire cognoistre à tout le monde la justice des prétentions de Leurs
Majestez et la sincérité et netteté de toute leur procédure:|. Et de ce qui en
réussira nous en donnerons amplement avis par noz despêches suivantes.