Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
Entwurf einer Instruktion Ludwigs XIV. für Servien Paris 1647 Januar 10
Anhang
Entwurf einer Instruktion Ludwigs XIV. für Servien
Die Instruktion wurde nicht ausgefertigt, weil man in Paris glaubte, Servien sei durch die
vorausgegangenen kgl. Memoranden ausreichend instruiert; vgl. nr.n 54 und 55. Der Text
ist daher nur in Konzeptform überliefert. Er ist aber aufschlußreich für die Erwartungen
und Ziele, mit denen Servien und die Pariser Regierung an diese Mission herangingen.
Zwischen dem ersten Entwurf Serviens und dem späteren Pariser Entwurf gibt es, neben
einigen nicht unbedeutenden Abweichungen in bestimmten Formulierungen, nur einen
entscheidenden sachlichen Unterschied: Die Unterstützung der Interessen des Kf.en von
Bg. wurde von Servien als Chance gesehen, die Gst. zur Annahme der frz. Garantieforde-
rungen zu bewegen; in Paris glaubte man jedoch, der Kf. habe durch seine oranische Heirat
keine Freunde in den Gst. gewonnen, denen die Größe des Hauses Oranien suspekt sei.
Deshalb verwarf man Serviens Vorschlag. Hingegen wird im Servien-Entwurf die Verhin-
derung der Unterzeichnung der Provisional-Art. oder eines span.-ndl. Separatfriedens nicht
als Ziel der Mission definiert; als Hauptziel wird der Abschluß einer allgemeinen Garantie
des Friedensvertrages ohne territoriale und sachliche Beschränkungen, mit Verpflichtung
zu gegenseitigem Beistand im Falle eines Friedensbruches von habsburgischer Seite, formu-
liert und die Verhandlung weiterer, demgegenüber nebensächlicher Punkte (z.B. des Waf-
fenstillstandes für Portugal) erörtert. Seine eigenen weitergehenden Ziele formulierte Ser-
vien zwei Wochen nach seiner Ankunft in Den Haag; vgl. nr. 75.
Reinkonzept
eigenhändig: AE , CP All. 78 fol. 630–634’; s.d., übersandt nach Paris 1646 Dezember 24
als Beilage 1 zu nr. 39. Druck einer italienischen Übersetzung: Siri IX, 91–96 (nach dem
Text des Reinkonzepts).
Hauptziel der Mission Serviens: Abschluß eines unbeschränkten Garantieabkommens mit
den Generalstaaten; seine Konzessionsmöglichkeiten; verhandlungstaktische Anweisungen.
Vorschlag eines Waffenstillstandes für Portugal gegenüber den Generalstaaten; im Falle sei-
ner Ablehnung Festlegung des niederländischen Beistandes für Portugal nach Friedensschluß
notwendig. Ankündigung der französischen Unterstützung aller niederländischen Interessen
beim Abschluß des Friedens, wenn die Garantiefrage zufriedenstellend geregelt wird; Beste-
hen auf ihrer notwendigen Klärung vor Vertragsunterzeichnung. Definition der angestreb-
ten Bestimmungen des Garantieabkommens: allgemeine Garantie des Friedensvertrages
ohne territoriale und sachliche Beschränkungen, mit Verpflichtung zu gegenseitigem Bei-
stand im Falle eines Friedensbruches von habsburgischer Seite; rein defensiver Charakter
der Garantieverpflichtungen; ihre Gültigkeit für Katalonien nur bei spanischer Weigerung
gegen die Verlängerung des Waffenstillstandes, dabei mögliche Beschränkung des niederlän-
dischen Beitrages auf Hilfstruppen; eventuell weiteres Nachgeben in diesem sensiblen Punkt.
Verweis auf die den französischen Gesandten in den letzten drei Monaten übersandten De-
peschen , insbesondere spanische Intrigen gegen Frankreich betreffend.
Instruction au sieur Servien s’en allant à La Haye
Le Roy estime que le sieur Servien, qui doit aller à La Haye par ordre de
Sa Majesté pour traicter avec Messieurs les Estatz, doit avoir pour princi-
pal objet de les porter à la garentye réciproque et esgale du traicté qui sera
faict avec l’Espagne, sans distinction de lieux ny d’intérestz, en leur décla-
rant que la France ne peut estre plus obligée envers les Provinces-Unyes
qu’elles le seront envers la France.
Si l’on ne peut obtenir une déclaration de leur part si générale et si claire,
il faudra les engager le plus avant qu’il sera possible, pourveu qu’ilz soient
bien obligés à reprendre les armes en cas que la guerre soit recommencée
dans les Pays-Bas,
11–19 bien entendu … pour les Pays-Bas] eigh. Korrektur Lionnes am Rande; dafür in S
und in der vorhergehenden Bearbeitungsstufe der Druckvorlage, in der Schrift des
Kopisten: et qu’à toute extrémité, si on proposoit une ligue pour la deffense des Pays-
Bas entre la France, l’Espagne et les Provinces-Unyes, il ne faudroit pas la refuser;
mais il faudra se relascher par degrez, et ne venir aux derniers qu’après avoir perdu
toute espérance des autres.
envers eux, ils le seront aussy pour le moins envers nous en ce qui regarde
la France de tous costez, hors les nouvelles conquestes qu’ell’a fait ailleurs
qu’aux Pays-Bas.
Mais il faudra se relascher par degrez, et ne venir aux derniers qu’après
avoir perdu toute espérance des autres, faisant valoir les facilitez que nous
y apportons puisqu’ils ne sont pas moins obligez pour la Lorraine et pour
Pignerol, qui estoit ce que nous avions de ce temps-là
D.h. beim Abschluß des frz.-ndl. Allianzvertrages vom 8. Februar 1635 (Druck, frz.: Du -
Mont VI.1, 80–85). Frk. hatte Pinerolo im Geheimvertrag von Cherasco vom 31. März
1631 käuflich erworben, die Hgt.er Lothringen und Bar waren vom Parlement in Paris
1634 zu heimgefallenen frz. Lehen erklärt worden.
Bas.
Cette question estant une des plus considérables de toute la négotiation
dont les plénipotentiaires de Sa Majesté ayent esté chargés, et n’ayant en-
core esté faict aucune response, ny par Messieurs les Estatz, sur les diver-
ses instances qu’on leur a faict faire par le résident
leurs plénipotentiaires à Munster, bien qu’on leur en ayt parlé vivement
par quatre différentes fois
Die frz. Ges. erwähnten am 12., 24. und 26. November sowie am 10. Dezember 1646
diesbezügliche Konferenzen mit den ndl. Ges. ; vgl. Longueville an Mazarin, Münster
1646 November 12 (Druck: APW II B 4 nr. 252); d’Avaux an Mazarin, Münster 1646
November 12 (Druck: ebd. nr. 253); in diesem Bd. nr.n 2, 5, 6, 7 und 21.
faire prendre quelque résolution à Messieurs les Estatz sur ce sujet.
Il seroit difficile de résoudre icy les moyens qu’on doit tenir pour parve-
nir au but qu’on désire, cela dépendant des cognoissances et advis qu’on
aura sur les lieux, et doit estre laissé à la conduicte dudict sieur de Servien.
On croid bien qu’avec des humeurs comme celles de Messieurs les Estatz,
qui croyent aisément que tout leur est deub, et que toutes choses doivent
dépendre de leur choix, il leur faut déclarer nettement que s’ilz n’ enten-
dent pas demeurer engagés dans tous les intérestz de la France avec le roy
d’Espagne, elle n’entend pas aussi demeurer engagée dans tous les leurs
avec ledict roy.
L’on n’estime pas que cette déclaration leur doive estre faicte avec des-
seing de la faire accepter, mais pour les porter à une résolution contraire,
par le besoing qu’ilz ont de la garentye de Sa Majesté pour la seureté du
traicté qu’ilz feront avec l’Espagne; car comme ilz seroient bien aises
d’avoir, s’ilz pouvoient, ladicte garentye sans s’obliger à la France qu’en
termes ambigus, qu’ilz pussent un jour expliquer comme il leur plairoit,
ou en réduisant leur obligation à certains lieux ou intérestz, dont Leurs
Majestez ne peuvent pas demeurer satisfaictes, il importe de se conduire
en sorte avec eux qu’ilz ne s’imaginent pas qu’on veuille dépendre en tout
de leur volonté, ny faire que ce qui sera raisonnable; tousjours avec cette
intention secrette de les ramener à ce qu’ilz doivent, et les faire obliger à
une garentye esgale en tout et partout à celle où le Roy veut entrer envers
eux.
Il ne sera pas mal à propos de sçavoir aussi d’eux ce qu’ilz veulent faire
pour le Portugal, leur proposant en premier lieu de faire instance con-
joinctement pour le faire comprendre dans la trêve, ou du moins d’en
obtenir une de six ou quatre ans, estant certain que si Messieurs les
Estatz veulent s’employer sincèrement avec la France pour procurer au
Portugal ce repos, les Espagnolz ne pourront pas le refuser, et on aura
de part et d’autre la gloire d’avoir mis à couvert, au moins pour quelque
temps, les intérestz de tous les amys et alliés de la France et de Mes-
sieurs les Estatz.
Mais, en cas que Messieurs les Estatz ne se veuillent pas porter à faire
cette instance comme il faut, de crainte de s’engager trop avant dans cette
affaire, il faudra au moins sçavoir quelle assistance ilz donneront après la
paix au Portugal pour sa deffense, et en demeurer d’accord présentement
avec eux, s’il est possible, en leur remonstrant le grand intérest qu’on a de
conserver ce royaume en l’estat qu’il est, et le péril qu’il y auroit qu’il ne
fust perdu en peu de temps, peut-estre mesme dès la première année, soit
par les grandz effortz de l’ennemy, qui tournera toutes ses forces de ce
costé-là, soit par la défection des peuples, quand ilz se verroient abandon-
nés , s’il n’est assisté puissamment par la France et les Provinces-Unyes.
1561,1–1562,7 Ledict sieur … représentera que pour] in S statt dessen: On a eu advis de bon
lieu qu’il y a quatre poinctz très sensibles à Messieurs les Estatz dont on pourra leur parler
favorablement et tesmoigner qu’il y en a trois où l’on sera bien aise de les servir en tout ce
qui sera possible.
Le premier est celluy de la religion calviniste, dont ilz désirent la conservation et l’ aggran-
dissement dans l’Allemagne. Mais c’est une affaire dont on ne peult pas se mesler pour leur
y promettre assistance, et il sera bon d’éviter en toutes façons d’entrer en cette matière.
Le second qui ne leur est pas moins à cœur est celluy du commerce, dont ilz craignent que
la couronne de Suède ne se veu[i]lle rendre maistresse, tant sur la mer Baltique, que dans
les costes de l’Allemagne. La pluspart des malintentionnez ont publié dans le pays, pour
rendre la France odieuse, qu’ell’est d’intelligenc〈e〉 avec la Suède pour ce dessein. On leur
peult faire entendre franchement que les ministres de Suède n’ont jamais tesmoigné
d’avoir cette pensée et qu’il ne sera pas malaisé, dans le traicté de l’Empire, d’apporter
des précautions qui ostent tout moyen de troubler le commerce, et d’introduire des nou-
veautez au préjudice de l’ancienne liberté de l’Allemagne et des pays voysins, à quoy on
s’applicquera de la part de la France avec soin pour obliger Messieurs les Estat〈z〉.
Le troisiesme est l’intérest de l’électeur de Brandebourg, dans lequel ilz prennent mainte-
nant beaucoup de part, tant à cause de l’alliance qu’il vient de prendre [seine Ehe mit Pz.in
Louise Henriette von Oranien; s. Anm. 2 zu nr. 20], que pour la jalousie qu’ilz ont de
l’aggrandissement de la Suède. On sçait que les ennemis ont malicieusement tasché de
rejetter sur la France tout ce qui se faict contre ce prince. Quelques-uns mesmes veullent
persuader que les Suédois ont dict en confidence que ce sont les plénipotentiaires de
France qui les forcent de demander la satisfaction de leur maistresse sur la Poméranie en
leur ostant tout moyen de la demander ailleurs sus des éveschez, et que c’est pour cela que
lesdictz plénipotentiaires de France s’employent sy vivement pour porter l’électeur à tout
ce que la Suède désire de luy, comme sy les offices qui sont faictz avec tant de sincérité
pour moyenner un bon accommodement entre la Suède et ledict électeur à dessein seule-
ment d’avancer la paix, méritoient une si mauvaise récompense. Sy ledict sieur électeur
pouvoit se rendre utile, tant auprès de Messieurs les Estatz que de monsieur le prince
d’Orange et madame sa femme, pour faire réussir au contentement du Roy les choses
qu’on doibt traicter en Hollande, il n’y auroit point de mal de l’asseurer que les ministres
de Sa Majesté employeront tout leur crédit et leur industrie pour obtenir qu’il ne reçoive
point de préjudice notable dans le traicté de paix qui sera faict dans l’Empire, pourveu
toutefois que cela se puisse faire en sorte que qu’il [!] ne faille point choquer les intérestz
de la Suède et qu’on y puisse mesnager sa satisfaction que la France est obligée de luy
procurer.
Le quatriesme point dans lequel on peult aussy beaucoup obliger Messieurs les Estatz, est
en poursuivan〈t〉 avec un peu plus de chaleur le restablissement du prince palatin. L’ in-
térest du duc de Bavière auquel on a faict espérer de conserver le Hault-Palatinat et la
première dignité électoralle semble estre contraire à la prétention du Palatin, mais ledict
duc de Bavière ayant faict dire diverses fois qu’il ne se soucie pas d’avoir le Hault-Palatinat
pourveu qu’on luy rende le pays sur-Hems [Ehgt. Österreich ob der Enns; vgl. Anm. 7 zu
nr. 146], sy Messieurs les Estatz vouloient se conformer à tout ce que le Roy désire d’eulx
raisonnablement et que les offices qui pourroient estre faictz en faveur du Palatin les y
pussent obliger, ilz sembleroient estre bien employez, et on pourroit leur donner espé-
rance en termes généraux que les ministres du Roy n’obmettront rien de tout ce qui sera
en leur pouvoir pour faire passer toutes choses dans le traicté de l’Empire.
Que pour [weiter wie in der Druckvorlage].
ce qui peut le plus chatouiller et plaire ausdictz Sieurs Estatz, comme le
poinct du commerce, les advantages de la maison palatine, et d’autres
qu’ilz peuvent souhaicter, pour leur faire cognoistre que lesdictz Sieurs
Estatz se portans en cette rencontre à ce qu’ilz doivent à la France, Leurs
Majestez s’employeront avec grand plaisir à leur procurer, autant qu’il
dépendra de leurs offices, dans la conclusion de la paix, tout ce qui peut
estre de leur satisfaction et de leurs advantages.
Et après avoir bien préparé les voyes de cette sorte, et par tous les autres
moyens qu’il jugera plus propres sur les lieux, pour ramener les espritz
des principaux du pays, on leur représentera que pour rendre le traicté
qui sera faict avec l’Espagne plus durable, et faire cesser tous les doutes
et mauvaises impressions qui pourroient avoir esté prises de part ou d’ au-
tre contre le véritable sens des traictez précédens
venir clairement, avant la signature du traicté, de ce que chacun doit cy-
après attendre de son allié et faire pour luy, en cas que l’Espagne contre-
vienne audict traicté, et que comme la France est disposée à satisfaire en
toutes occasions de bonne foy à tout ce qui est porté par lesdictz traictés
d’alliance, on demeure aussi d’accord que le mesme soit faict de la part de
Messieurs les Estatz, et expliqué sans aucune ambiguïté.
Qu’à cette fin, en cas qu’au préjudice des conditions de paix ou de trêve
qui seront accordées par le traicté qui doit estre présentement faict avec
l’Espagne, l’Empereur, le roy d’Espagne, ou aucun autre prince de leur
maison, ou adhérens à leur party, assistés de leurs forces, attaquent cy-
après directement ou indirectement la France, ou les Provinces-Unyes,
ou les troublent par armes, ou quelque autre voye de faict, dans la pos-
session et libre jouissance de tous les Estatz, provinces, pays et places
qui leur doivent demeurer par le traicté, soit en vertu de la paix ou de
la trêve, en quelque lieu que puisse arriver ladicte attaque, contravention
ou nouveauté, sans distinction de lieux ny d’intérestz, la France et les
Provinces-Unyes rentreront en guerre conjoinctement à la première se-
monce qui en sera faicte par celuy qui sera attaqué, et rompront ouver-
tement en tous lieux, tant par mer que par terre, contre l’Espagne et les
autres aggresseurs, sans pouvoir quitter les armes que la contravention
n’ayt esté pleinement réparée; et par après ne pourra estre faict aucun
traicté de paix ny de trêve avec l’ennemy que conjoinctement et d’un
commun consentement, suivant ponctuellement ce qui est porté par les
traictez de 1635 et 1644.
Comme Leurs Majestez n’ont aucune intention de contrevenir jamais au-
dict traicté, et qu’elles n’entendent point, en cas que la contravention vinst
de la part de la France, et qu’elle attaquast cy-après la première de gayeté
de cœur l’Empereur ou le roy d’Espagne, que Messieurs les Estatz
fussent obligés de reprendre les armes pour assister la France dans son en-
treprise . Aussi la raison et la bienséance ne permettent pas qu’en cas que
Messieurs les Estatz attaquent cy-après les premiers l’Empereur ou le roy
d’Espagne, ou fassent surprendre ou envahir aucuns des pays ou places
qu’ilz tiendront au jour que le traicté sera signé, ilz puissent prétendre
que la France soit obligée de rompre la paix avec eux pour assister Mes-
sieurs les Estatz dans un tel desseing, et on pourra convenir avec eux de
cette exception, qui les guérira de diverses appréhensions qu’ilz ont qu’on
ne les veuille tenir attachés pour toutes les guerres qu’on voudroit à l’ ad-
venir entreprendre contre l’Espagne par ambition, et pour recouvrer les
royaumes qu’elle luy détient.
Que si, après la trêve de Catalogne expirée, la France refuse de la conti-
nuer , Messieurs les Estatz ne seront pas obligés de rompre ny de donner
aucune assistance à la France dans la guerre qui sera faicte; mais si l’ Espa-
gne refuse de continuer ladicte trêve aux mesmes conditions qu’elle aura
esté accordée et observée jusques en ce temps-là, et qu’on soit contrainct
par ce refus de rentrer en guerre, Messieurs les Estatz seront obligés de
rompre ouvertement avec l’Espagne, n’estant pas possible que la rupture
arrive en Catalogne qu’elle ne s’estende partout ailleurs.
Il demeurera néantmoins au choix de Messieurs les Estatz ou de faire la-
dicte rupture, ou d’assister la France dans cette guerre d’hommes et de
vaisseaux entretenus à leurs despens, dont le nombre sera présentement
arresté, à condition, toutesfois, que tandis que ladicte guerre de Catalogne
durera, ilz ne pourront donner aucune assistance directement ny indirec-
tement à l’Espagne d’hommes, de vaisseaux, vivres, munitions de guerre
et autres choses quelconques, et ne permettront qu’aucun de leurs sujetz,
soit gens de guerre, matelotz ou autres, de quelque condition et qualité
qu’ilz soient, puissent aller au service de l’Espagne, et feront chastier sé-
vèrement tous ceux de leursdictz sujetz qui contreviendront au contenu
du présent article.
Ces deux derniers poinctz sont un peu délicatz, et on remet à la discrétion
dudict sieur Servien d’y insister autant seulement qu’il le jugera à propos,
se relaschant et prenant telz tempéramens qu’on croira raisonnables pour
sortir d’affaires amiablement avec Messieurs les Estatz, n’estant pas si né-
cessaire pour l’intérest commun des deux Estatz de faire des traictez en-
semble , comme de conserver une amitié et satisfaction réciproque qui
puisse asseurer que lesdictz traictés seront exécutez de bonne foy quand
la nécessité le requerra.
On ne juge pas icy qu’on doive mettre les intérestz de l’électeur de Bran-
debourg parmy les choses qui peuvent estre agréables à Messieurs les
Estatz, et où la France peut agir pour les obliger, si ce n’est peut-estre à
cause de l’aversion qu’ilz ont à l’aggrandissement de la couronne de Suè-
de , qu’ilz appréhendent surtout dans la mer Baltique, à cause du commer-
ce , dont eux seulz voudroient bien estre les maistres; car pour l’alliance
que ledict électeur a prise dans la maison du prince d’Orange, elle aura
plustost aliéné la pluspart des espritz contre luy parmy les Provinces-
Unyes, qu’elle ne luy aura faict acquérir du crédit et des amys, la grandeur
de la maison d’Orange estant suspecte à Messieurs les Estatz, et rien ne
luy ayant tant nuit auprès d’eux que le mariage d’une fille d’Angleterre
avec le prince Guillaume.
Pour conclusion, le sieur Servien ne sçauroit avoir de meilleure instruc-
tion d’icy que la lecture des dépesches qu’on a envoyées depuis trois mois
à Messieurs les Plénipotentiaires, où il pourra voir en détail les sentimens
de Messieurs les Estatz et leurs fins, ce qu’on peut se promettre vraysem-
blablement de l’Estat en gros, et ce qu’on doit appréhender de la corrup-
tion de quelques particuliers; la visée qu’ont tousjours les Espagnolz de
séparer la France d’avec ses alliés; les biais par où ilz veulent ou peuvent
s’y prendre; l’envoy de Philippes Roy à la Haye avec de l’argent pour
séduire ceux qui ont pouvoir dans les résolutions publiques; les jalousies
qu’ilz prétendent semer par son moyen de la trop grande puissance de
cette couronne; les impressions qu’ilz veulent jetter qu’elle ne veut point
sincèrement la paix, et ne songe qu’à la destruction entière de la maison
d’Austriche pour parvenir à la monarchie universelle; le desseing qu’ilz
ont d’aigrir de plus en plus les espritz contre les Portugais, et de traverser
l’adjustement des affaires du Brésil; les menées du milord Goring entre
Castel-Rodrigue et la princesse d’Orange; les cabales de la duchesse de
Chevreuse par l’entremise de son émissaire Saint-Ybard, qui depuis peu
a esté à Munster par son ordre , et négotié avec Pennaranda; et enfin ce
que nous pouvons ou devons faire pour destruire tout ce qui se trame par
tant de différens moyens contre nous, et mettre lesdictz Sieurs Estatz dans
le train qu’ilz doivent.