Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
341. Mazarin an Longueville Amiens 1647 Juni 22
Amiens 1647 Juni 22
Kopie: AE , CP All. 100 fol. 336–342’ = Druckvorlage. Konzept: AE , CP All. 84 fol.
99–102. Teildruck: Mazarin , Lettres II, 440–445.
Bedauern des von Longueville indirekt geäußerten Vorwurfs, Mazarin sei für das Ausblei-
ben des Friedens verantwortlich. Rechtfertigung Mazarins: Billigung aller Entscheidungen
durch den Conseil; Ausbleiben des Friedens nicht notwendigerweise ein Vorteil für Spanien:
Ausgang des Feldzuges entscheidend; Friedensschluß zudem durch Spaniens Verweigerungs-
haltung zu keiner Zeit in greifbarer Nähe; Gründe für den Mißerfolg nicht in den Anwei-
sungen des Hofes, sondern im Verhalten der Spanier zu finden; deren völlige Unnachgiebig-
keit seit dem Winter 1646/1647; ihr konzentriertes Hinarbeiten auf die Separation der
Generalstaaten seit dieser Zeit; Mitverantwortung d’Avaux’ für die getroffenen Entschei-
dungen , besonders für das angeblich den Frieden verhindernde französische Insistieren auf
dem Waffenstillstand für Portugal; von den Mediatoren in Aussicht gestellte Fortschritte bei
rechtzeitigem Verzicht hierauf unglaubwürdig. Persönliche Verletztheit und Perplexität Ma-
zarins angesichts seiner Beschuldigung als Verhinderer des Friedens im Brief Longuevilles.
Im Gegensatz zu dessen Einschätzung Glaube an ein mögliches Einlenken der Spanier
noch vor Ende des Feldzuges und in jedem Fall an einen für Frankreich ruhmreichen Frie-
den . Zum Rückreisegesuch Longuevilles Verweis auf die vorhergehenden Schreiben.
J’ay receu deux de vos lettres
voudrois pour beaucoup n’avoir point eu la dernière, puisque m’y voyant
taxé indirectement d’avoir été cause que la paix ne s’est point faite,
comme j’ay la conscience fort nette de ce côté-là, et que je vous vois
trop éclairé pour ne conêtre pas la vérité de ce qui en est, je ne sçay à
quoy en atribuer la cause.
Tout ce que le monde peut croire ou dire que je ne veuille pas la paix ou
que je la veuille m’importe peu, puisque Sa Majesté sçait avec quelle ar-
deur je la souhaite, et est satisfaite des soins que j’ay pris jusqu’icy pour
l’avancer. Ce que je vous en diray donc, Monsieur, en peu de mots, ne
sera que pour ma propre satisfaction et pour l’intérest de la vérité, sans
que je me mette en aucune autre peine sur ce sujet.
Il n’a point été envoyé de mémoire à vous autres Messieurs qui n’ayt esté
leu dans le Conseil en présence de Sa Majesté, de Son Altesse Royale et de
Monsieur le Prince quant ils ont été à la cour, ou que la substance ne leur
en ayt été communiquée, et qu’ils ne l’ayent aprouvée. Cela suffiroit pour
ma pleine justification quant on vous auroit donné quelques ordres dont
il fût après mésarrivé, mais je veux bien me charger moy seul des fautes
que l’on peut avoir faites de ce côté-cy, et en être le seul coupable.
Premièrement, je laisse à part que la question n’est pas encor bien décidée
si c’est aux Espagnols ou à nous de se repentir de n’avoir pas voulu la
paix, l’ayant pu faire. Les seuls événemens de cette campagne et la fin
qu’elle aura peuvent faire voir qui en doit être fâché, selon les avantages
que l’un ou l’autre des partis aura remporté, ou les préjudices qu’il aura
soufferts.
Et quoyque, jusqu’icy, nous n’ayons pas lieu de nous plaindre, puisqu’à
mon avis Lérida qui doit maintenant être pris vaut bien Armentières, je
veux pourtant suposer que c’est à la France seule à regréter d’avoir perdu
la conjoncture de conclure la paix s’il en est arrivé aucune où elle l’ayt pu
faire.
Mais je soutiens deux choses, l’une que cette conjoncture n’est point arri-
vée , l’autre que si elle l’a été, on ne peut rien imputer aux ordres de la
cour de ce qu’on l’a laissée échaper.
Je ne répéterai point icy tout ce qui est dans le mémoire du Roy pour
prouver le premier point, il me suffira de rapeler votre mémoire sur la
conduite que les ministres d’Espagne ont tenus depuis six ou sept mois,
c’est-à-dire depuis qu’ils ont signé leurs articles avec les Provinces-Unies ,
ou qu’ils ont espéré de pouvoir porter les députés de Messieurs les Etats à
commettre ce manquement.
On veut aujourd’huy qu’il ayt esté un temps où ils ayent pressé tout ce
qui pouvoit avancer la paix. Je demande quand, et qu’on me dise si, depuis
six mois, ils ont relâché nettement un seul point. Ils ont contesté tout
l’hiver la cession de Piombino et Porto Longone, et nous n’en avons en-
cor à présent autre assurance, si ce n’est qu’ils se sont laissé entendre que
cela n’empêcheroit pas la paix. Ont-ils jamais déclaré de vouloir donner
les mains aux conditions où nous insistons pour la trêve de Catalogne?
Ont-ils seulement voulu promettre purement la liberté de dom Edouard?
Ont-ils jamais cessé un moment de s’oposer en Holande par toute sorte
de voyes et d’artifices à la garentye que nous prétendons de Messieurs les
Etats, et qui est la principale sûreté du traité, et sans laquelle nous leur
avons souvent dit ne pouvoir conclure? Ont-ils déclaré qu’ils estoient
prests d’abandonner les intérêts du duc Charles, et à s’obliger de ne l’ as-
sister directement ny indirectement contre cette couronne? Et ainsy de
tous les autres points de moindre importance qui sont encor indécis,
dont nous n’avons gagné aucun de tout l’hyver.
Cependant on
certain temps de la prétention de la trêve de six mois en Portugal, tout le
reste eust été ajusté en un instant, et quand nous nous en sommes relâchés
et que cela n’a de rien servy à l’avancement de la paix, on dit que c’étoit
trop tard parce que les Espagnols ont eu alors d’autres espérances.
Je vous laisse à juger, comme il est dit dans le mémoire du Roy, si en cas
que les Espagnols eussent cru avoir besoin de conclure la paix avec nous,
et qu’ils l’eussent souhaité effectivement, ils se fussent arrêtés pour la
seule prétention d’une trêve de six mois en Portugal, voyant que la conti-
nuation de la guerre ne leur esloignoit pas seulement pour six mois la
conquête de ce roiaume-là, mais pouvoit mettre les choses en tel état
qu’ils n’y rentreroient jamais.
On ne peut donc pas dire qu’ils ayent pressé la paix, ouy bien qu’ils n’ont
rien oublié à nous presser de relâcher sur tous les points, et qu’ils en sont
venus à bout sur celuy de la trêve de Portugal, sans qu’ils ayent accomplis
ce qu’ils nous avoient fait espérer en échange, touchant l’assistance de ce
roiaume-là, sur laquelle ils nous chicanent injustement.
Enfin, le vray jugement que l’on doit faire de tout leur procédé est qu’ils
ont voulu éprouver, au moins par les commencemens de cette campagne,
si s’estant déchargés d’un enemy de la considération de Messieurs les
Etats, ils pouroient espérer quelque amélioriation [!] à leurs affaires, et
que sur ce fondement, leur principale estude, durant tout l’hyver, a esté
d’offrir tout à La Haye, même à notre égard, et de n’en rien tenir à Mun-
ster , afin que la grande envie qu’ils faisoient parêtre en aparance avoir de
la paix, leur servît pour porter Messieurs les Etats, qu’ils voyent la désirer
avec passion, à achever leur traité particulier, sous prétexte que le général
ne se pouvoit faire, à cause que la France ne le vouloit point; ce qui se
justifie clairement par plusieurs exemples que je pourois cotter, mais je
me contenterai de celuy des postes de Toscane qui est convainquant, car
dans le même temps que Philipe Roy publioit hautement dans La Haye ,
et le donnoit par écrit
Vermutlich spielt Mazarin auf die den Gst. von Philippe Le Roy übergebene Beilage 2 zu
nr. 213 an (vgl. hier NS IV, 288), in der sich die Spanier in den Streitpunkten mit Frk.,
unter denen zuvor auch Piombino und Porto Longone gen. worden waren, der Entschei-
dung durch die Gst. zu beugen bereit erklären; Servien bemerkte dazu, diese Bereitschaft
komme der Abtretung der toskanischen Plätze gleich (vgl. nr. 229). Eine solche ausdrück-
liche Bereitschaftserklärung ggb. den Gst. konnte in keinem der von uns benutzten Schrei-
ben Philippe Le Roys an die Gst. nachgewiesen werden.
à cette couronne parce qu’il voyoit que c’estoit le sentiment des Provin-
ces -Unies qu’elle gardât toutes ses conquêtes, le comte de Pennarenda
avoit bien la face de nous soutenir d’un autre côté qu’il n’avoit pas pou-
voir du roy son maître de s’en relâcher.
Je viens maintenant au segond point, que quand la conjoncture de faire la
paix seroit arrivée, il ne peut rien être imputé aux ordres qu’on a envoyés
d’icy de ce qu’on l’a laissé échaper, et sur cela je n’ay qu’un mot à dire, qui
est qu’encor que dans les mémoires qu’on a adressez à vous autres Mes-
sieurs , on vous ayt souvent mis en considération les raisons qui nous de-
voient faire souhaiter d’emporter ce point , et même celles que nous avions
d’espérer que les ministres d’Espagne y donneroient les mains , on ne vous
a pourtant jamais osté le pouvoir de vous en relâcher, si vous jugiés à pro-
pos de le faire pour le service du Roy ou pour l’avancement de la paix. Il
n’y a qui que ce soit qui ayt toujours plus opiné à tenir ferme que monsieur
d’Avaux, et il eust été malaisé qu’écrivant icy d’Osnabruk, où il étoit pour
lors, que Trautmansdorf donnoit le tort aux Espagnols dans la difficulté
qu’ils faisoient de consent〈ir〉 à cette courte trêve de Portugal, et qu’il tâ-
cheroit de faire acomoder la chose par un article secret
malaisé qu’on eust pu se résoudre icy en même temps de vous envoyer un
ordre exprès ny même un conseil de ne demander pas une chose que le
principal ministre de l’Empereur nous faisoit espérer.
Jamais les ministres d’Espagne n’ont dit positivement qu’ils donneroient
les mains à tous les autres points pourveu que nous nous relâchassions de
ladite trêve. Il est vray que les Médiateurs nous le vouloient donner à
entendre, et pour surmonter cette difficulté ils nous disoient qu’il leur
sembloit de voir qu’étant acomodée, aucun autre point ne pouvoit arrêter
la conclusion du traité, mais nous ayant tenu ce même discours plus affir-
mativement que jamais le propre jour que nous nous relâchâmes, sans que
cela ayt de rien servy, il est aisé à juger que quand vous l’auriés fait plu-
tost , on n’y eust pas gagné davantage. En tout cas, s’il étoit trop tard pour
espérer aucun fruit de notre désistement, comme vous me mandés, nous
avons eu tort de le donner si facilement, et nous devions garder cette pièce
pour quelque conjoncture où elle eust pu nous valoir quelque chose en
échange, ou faire conclure la paix en un instant, comme l’on veut mainte-
nan 〈t〉 que cela ayt pu estre.
Voilà, Monsieur, une partie de ce que j’ay cru devoir vous dire à présent
sur le sujet dont votre lettre m’a donné ocasion, et qui n’est pas moins à
votre justification qu’à la mienne, puisque je tiens que ny vous ny moy
n’avons point été en peine de laisser échaper aucune conjoncture favo-
rable de conclure la paix, ne s’en étant présenté aucune qui ayt donné
lieu de faire plus qu’on n’a fait.
Ce qui me touche seulement c’est que je suis si malh[e]ureux, que me tour-
mentant le corps et l’âme jour et nuit pour avancer et faire mettre la der-
nière main à cette grande œuvre, celuy qui conduit la machine de l’ exé-
cution témoigne être en quelque façon persuadé que je ne la veux pas.
Sy je ne voulois pas la paix, ce seroit parce que je jugerois la continuation de
la guerre avantageuse au Roy et à l’Etat, et la Reine en prendroit la résolu-
tion , et après l’avoir consultée avec Son Altesse Royale et Monsieur le Prince,
on enverroit des ordres formels à vous autres Messieurs, et romproit l’ as-
semblée ou la continûroit avec des prétentions si hautes qu’on seroit bien
assuré que nos parties n’y donneroient jamais les mains. Mais la même chose
pour laquelle on me taxe de ne vouloir pas la paix justifie pleinement le con-
traire , car on me fera bien la grâce de croire que je n’ay pas si peu
d’adress〈e〉 que si j’avois eu dessein de la traverser, j’eusse laissé réduire
les affaires en état que les Espagnols, donnant les mains à une simple trêve
de six mois, pouvoient malgré moy la conclure en un instant, outre que
même sans cela, de votre côté, vous avés toujours eu la faculté d’y consentir.
J’aurois véritablement espéré de l’amitié que vous m’avés promise, que si
pour la multiplicité et l’accablement des affaires que j’ay, il m’estoit
échapé quelque chose qui ne fût pas bien, et que vous crussiés préjudi-
ciable au service ou nuisible à l’avancement de la paix, vous m’en auriés
donné avis confidemment avec la liberté que vous savés le pouvoir faire.
Cependant je trouve que sans avoir failly on me charge, et je vous avoue
que cela me surprend à tel point que je ne sçay ce que je dois croire, ny ce
que je dois résoudre sur tout cecy.
Je ne veux pas entrer en grands discours ny déduire les raisons qu’il y a
pour croire que les Espagnols pouront bien n’atandre pas la fin de la cam-
pagne à songer sérieusement de faire la paix, et même que sans miracle ils
pouront bien y être forcés, puisque je vois que vous avés un sentiment
tout contraire, mais je vous diray seulement que j’ose répondre que la
France la fera glorieuse, et que le pire party que les enemis pouroient
prendre seroit de continuer dans leur froideur si la bonté de Leurs Majes-
tez et la considération qu’elles auront toujours pour le bien de la chré-
tienté n’étoit encor plus grande que ne seroit l’aveuglement des autres.
Pour ce qui est de votre retour par deçà, je n’ay rien à ajouter à ce que j’ay
eu le bien de vous mander par mes précédentes .