Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
258. Memorandum Ludwigs XIV. für Servien Paris 1647 Mai 3
Paris 1647 Mai 3
Ausfertigung: AE , CP Holl. 41 fol. 216–229’ = Druckvorlage . Konzept
fol. 173–179. Kopien: AE , CP Holl. 44 fol. 162–170’; Ass.Nat. 273 fol. 267–273. Teilko-
pien : AE , CP All. 80 fol. 197–197’ (teilweise chiffriert, nicht dechiffriert); Ass.Nat. 278 fol.
143.
Keine Verwunderung über die von Pauw in Den Haag verbreiteten Lügen und die von ihm
geleisteten Meineide, durchaus aber über den ihm von den Niederländern geschenkten
Glauben; offensichtliche Abstimmung zwischen Pauw und Brun; dennoch Einsicht der Ge-
neralstaaten in seine Falschheit nach entsprechender französischer Gegendarstellung zu er-
warten . Ihre Aufklärung vornehmlich Aufgabe Serviens, besonders in betreff der von den
Spaniern genährten, völlig unhaltbaren Behauptungen über den französisch-spanischen Hei-
ratsplan , der Verhinderung des Friedens allein durch spanische Uneinsichtigkeit sowie der
Verdächtigkeit der Vorab-Information der Generalstaaten durch die Spanier über ihre vor-
geblichen Absichten. Völlige Unglaubwürdigkeit dieser – trotzdem aufgrund der Leiden-
schaft der Niederländer und der Korruption einiger unter ihnen nicht ungefährlichen – Täu-
schungsmanöver ; offensichtliche Annäherung zwischen beiden Linien des Hauses Habsburg
durch ihre Heiratspläne; in den Generalstaaten von der Provinz Holland vorgebrachter An-
haltspunkt für französisch-spanische Heiratsverhandlungen nicht stichhaltig; weitestgehende
Vollmachten für Servien, um den Niederländern durch französische Verpflichtungserklärun-
gen die Furcht hiervor zu nehmen. Pauws Behauptung des mangelnden französischen Frie-
denswillens leicht zu widerlegen; Spaniens Politik nicht auf Friedensschluß, sondern auf Se-
paration der Vereinigten Provinzen von Frankreich ausgerichtet. Argumente gegen Pauws
Behauptung, Spanien sei aufrichtig bereit, sich in den mit Frankreich strittigen Punkten ei-
nem Schiedsspruch der Generalstaaten zu beugen, aber Frankreich weigere sich. Französi-
sches Angebot an die Generalstaaten, sich ihrem Schiedsgericht zu unterwerfen, bestes Mittel
zur Verhinderung der äußersten Beschlüsse durch die Provinz Holland. Entscheidung grund-
sätzlich aller offenen Fragen durch dieses Schiedsgericht; Ausnahmen hiervon: die von den
Spaniern (vermeintlich) zugestandenen Punkte; explizit enthaltene Fragen; Vorteile und Un-
gefährlichkeit dieses Verfahrens trotz des gegenwärtig unbesonnenen Verhaltens der Nieder-
länder ; insbesondere Entscheidung über den Waffenstillstand für Portugal durch die Gene-
ralstaaten – auch bei Zurückweisung der französischen Forderung – für Frankreich vorteil-
haft . Notwendige Festlegung der Überlassung der bis zum Austausch der Ratifikations-
urkunden eroberten Plätze und der Einstellung der Feindseligkeiten erst nach dessen
Vollzug. Bestehen auf der Bekanntgabe eines niederländischen Schiedsspruches nur in Mün-
ster und durch die niederländischen Gesandten unter Ausschluß Pauws und Knuyts; gleich-
zeitige Rückkehr Serviens mit ihnen dorthin bei entsprechendem Stand seiner Garantiever-
handlungen . Notwendige Darstellung aller französischen Konzessionen als im Grunde von
Frankreich längst zugestanden oder als Beweis guten Willens, nicht aber als Zeichen der
Furcht vor der Fortsetzung des Krieges ohne die Generalstaaten. Servien kann die Garan-
tiefrage so regeln, wie ihm angesichts der Meinungslage in den Niederlanden durchsetzbar
erscheint; generelle Undankbarkeit sämtlicher Verbündeter Frankreichs. Schwedische Kritik
an der Unterzeichnung der spanisch-niederländischen Provisional-Artikel vom 8. Januar
1647 von Pauw bewußt verschwiegen. Schuld der Niederländer an der Unmöglichkeit noch
nachdrücklicherer französischer Unterstützung seiner Parteigänger in den Verhandlungen
über die Pfalzfrage. Hervorragende Bedeutung der Mission Serviens wegen der drohenden
Gefahr eines spanisch-niederländischen Bündnisses nach Abschluß eines Separatfriedens.
On n’a point esté surpris icy |:qu’un homme comme Pau qui a faict ban-
queroute à l’honneur:| ayt commencé ses négotiations à La Haye par
|:deux parjures:|, ainsy qu’on a veu dans la dépesche du sieur Servien du
23 e du passé, mais on l’a esté beaucoup que l’on y ait donné tant de créan-
ce à touttes les malices et suppositions qu’il a débitées et qu’avec toutte la
raison et la vérité que nous avons de nostre costé, nous ne puissions nous
bien garentir des impostures et des injustices de noz ennemis et de leurs
partisans.
Il se void assez facilement par la confrontation de ce qu’a dit Paw de vive
voix à ce que Brun a souvent escrit ou fait dire à Messieurs les Estatz par
Philippes Roy, qu’ilz ne se sont pas mal instruictz l’un l’autre et qu’ilz
agissent de grande intelligence , leurs maximes et leurs conceptions
n’estants quasi dissemblables en rien.
Mais avec tout cela, Sa Majesté juge que pourveu que Messieurs les Estatz
ne se bouchent les oreilles pour ne point entendre noz répliques, il ne sera
pas malaizé d〈e〉 convaincre |:ledict Pau de faulceté et d’une meschanceté
noire:| sur chaque poinct de ceux 〈qu’il〉 a avancez contre nous, ou à
dessein de nous faire du mal.
Le soing principal de désabuser lesdits Sieurs Estatz doit es〈tre〉 laissé
audit sieur Servien qui est sur les lieux et qui a toutte 〈la〉 capacité qu’il
fault pour le faire, surtout estant joincte à une cognoissance parfaicte de
ce qui s’est passé jusqu’icy dans la négotiation, et sachant les sincères in-
tentions de Leurs Majest〈ez〉 pour le repos de la chrestienté et ce qu’elles
ont fait et voulu faire pour l’avancer.
On touchera seulement quelques poinctz en passant, non q〈u’il〉 en soit
besoing, mais parce qu’il est comme impossible de s’em〈pescher〉 de par-
ler quand on voit certaines choses qui choquent le sen〈s〉 commun et ne
laissent pas de faire impression en beaucoup d’espritz à nostre préjudice.
|:Une des plus fortes pièces que Pau met en cette batterie contre nous,
c’est celle du prétendu mariage du Roy avec l’infante d’Espagne dont il
veult faire croire que les fers sont au feu bien avant, qu’il y a des moynes
en campagne qui font les allées et venues et que l’affaire est pour se ter-
miner bientost sy Messieurs les Estatz ne nous préviennent et n’achèvent
leur traicté particulier avec Espagne, prouvant tout cela par des lettres du
roy d’Espagne à divers de ses ministres qu’eux-mesmes ont forgées à
plaisir à Munster:|.
Est-il bien possible que des gens sensez et tant soit peu versez aux affaires
du monde soient capables de se laisser piper un seul moment à un artiffice
si gross〈ier〉 et depuis quant est venue |:cette grande amour aux Espa-
gnolz :| pour la France q〈ue〉 mettants aujourd’huy tout en œuvre pour
nous faire du ma〈l〉 à tors et à travers, n’oubliants rien pour destacher
noz alliez d’avec nous |:et nous les jetter sur les bras, et estans, comme il
se veoid, en disposition de recourir non seulement au Turc, aux Mores,
mais aux démons:| mesmes s’ilz croyoient pouvoir s’en servir à nous
nui〈re〉, au mesme instant ilz nous veuillent donner |:l’héritière de tous
leurs royaumes, et rendre par ce moyen le Roy maistre absolu de l’Europe
et le leur:|?
Davantage, comm’est-ce qu’on peut bien accorder qu’il 〈ne〉 tienne au-
jourd ’huy qu’à l’Espagne de conclurre la paix avec la France et Messieurs
les Estatz, en donnant les mains |:〈à〉 une courte trêve pour le Portugal et
à quelques aultres:| poinctz qu’on peut véritablement nommer des baga-
telles au respect de ceux où ilz ont desjà consenty, et ainsy sortir d’ em-
barras par une voye si facile et si applanie, et que néantmoins ilz ayment
mieux de leur choix en suivre une autre toutte
ilz ne nous céderoient pas seulement les avantages que nous leur deman-
dons , mais nous rendroient en un |:moment les maistres de tout ce qui
leur reste, c’est justement:| dire que pouvants par une voye vuider un pro-
cès pour un denier, ilz ayment mieux en sortir par une autre qui leur
couste des millions.
En outre, depuis quand cette grande charité pour Messieurs les Estatz de
les avertir avec tant de bonté que s’ilz ne s’accommodent promptement
avec eux, ilz donneront à la France au-delà de ce qu’elle prétend?
Quand la France, pour consentir à la paix, demanderoit au roy catholique,
outre la rétention de touttes ses conquestes, |:dix des meilleures places
qu’il tient dans les Pays-Bas, voire de tout ce qu’il y possède généralle-
ment , ce que personne n’ozeroit nier qui ne fust une condition infiniment
plus rude que toutes celles que nous prétendons aujourd’huy de luy, il n’y
a aulcun doubte que ses conseillers le porteroient à consentir plustost de
nous laisser lesdictes places, et mesmes tout le pays, que de donner sa fille
unicque au Roy, parce que ce seroit comme esteindre à jamais le nom de
la maison d’Austriche d’Espagne et confondre tous les royaumes et Estatz
que ladicte couronne possède dans les dépendances de la maison de
France au lieu que cédant seulement les Pays-Bas, il resteroit encores au-
dict roy et à ses successeurs assez d’Estatz dans l’Espagne, en Italie et
ailleurs pour pouvoir espérer avec le temps:|, et à la faveur des conjonctu-
res , de remonter à leur première grandeur.
Il y a une nature de mauvais offices qui estants tout à fait esloignez de la
vraysemblance, ne nuisent à personne qu’à leur autheur dont ilz font re-
cognoistre la malice ou la sottise, et si nous n’avions à faire à des person-
nes préoccupées d’une passion aveugle, parmy lesquelles se meslent d’ au-
tres plus dangereuses, corrompues |:par les Espagnolz comme Pau et
Knuyt, et quelques-uns des principaux de la province de Hollande:|, la
France mesme eût deub désirer que les ennemis 〈se〉 fussent servis de
cet artiffice qui se destruit de luy-mes〈me〉 et qui est si puérile qu’il pas-
sera tousjours pour ridicule d〈ans〉 l’esprit des personnes sages et ostera
toutte croyance aux au〈tres〉 qui seroient plus probables.
Les accidens mesme nous favorisent pour faire toucher 〈au〉 doigt |:l’ im-
posture . Le mariage du roy d’Espagne avec l’archiduchesse Marie-Anne
faict bien veoir sy les deux branches de la maison d’Austriche ont résolu
ou non de renouer plus estroictement leurs alliances et leur union, et en
effect ilz sont d’accord il y a longtemps que l’infante sera pour un des
enfans de l’Empereur, la contestation n’estant plus que sur le choix de
l’aisné ou du second. Dans cette longueur mesme, on a sans doubte eu
visée en Espagne de donner à Messieurs les Estatz la jalousie dont nous
les voyons aujourd’huy sy susceptibles:|.
Quant à ce qu’ont dit les estatz de Hollande à la suggestion de Pau, dans
l’assemblée de Messieurs les Estatz Généraux, qu’il n’y a aucun doute
|:qu’on n’ayt traicté en Espagne du mariage de l’infante avec le Roy puis-
que cela s’accorde avec les discours que tint le sieur d’Estrades au feu
prince d’Orange:|, il fault avouer que c’est sçavoir bien tirer le poison
des fleurs que de prendre une occasion de plaincte de la mesme chose
dont on nous devroit des remerciements. Ledit sieur Servien sçait que
sur quelques propos qui furent jettez à Messieurs les Plénipotentiaires à
Munster par Brun et par Contarini de ce prétendu mariage, quoyqu’on
cognût fort bien que cela ne pouvoit jamais réussir, mesme durant la vie
du prince d’Espagne qui estoit alo〈rs〉 en parfaicte santé, on jugea néant-
moins que la loy de bonne correspondance nous obligeoit de communi-
quer à no〈z〉 alliez les ouvertures qui nous en avoient esté faictes, d’ au-
tant plus qu’il estoit à craindre que les ennemys 〈ne〉 nous en fissent
pièce prez d’eux comm’ilz essayent de faire aujourd’huy, et ainsy le sieur
d’Estrade eut ordre de dire confidemment audit sieur prince tout ce qui
s’estoit pas〈sé〉 et que quand la négotiation iroit plus avant, à quoy on ne
s’attendoit point, on n’y feroit de nostre costé une seul〈e〉 démarche dont
on ne luy donnast aussytost cognoissan〈ce〉, et à Messieurs les Estatz par
son moyen.
Pour conclusion, le sieur Servien peut |:s’avancer là-dessus à toutes les
promesses et engagemens qu’il croyra pouvoir le plus destromper Mes-
sieurs les Estatz de cette faulce appréhention qu’on leur donne, jusques-là
qu’il pourroit offrir de convenir dès à présent par un traicté solemnel que
sy jamais les Espagnolz se portoient à cette résolution, la France céderoit
à Messieurs les Estatz non seulement leur partage, mais telle aultre por-
tion qu’ilz vouldront du nostre dans les Pays-Bas:|.
Pour l’autre calomnie que Pau nous impute que la France absolument ne
veut point de paix, le sieur Servien a en main de quoy la destruire facile-
ment , puisque l’accommodement peut estre conclu en un instant si Mes-
sieurs les Estatz y veullent mettre la main sérieusement et que les Espa-
gnolz en ayent autant d’envie en effect qu’ilz en tesmoignent en appa-
rence , quoyque l’on ayt tout suject de croire, traisnant comm’il se voit
les affaires en longueur, qu’ilz ne songent qu’à séparer les Provinces-
Unies d’avec cette couronne, espérants que si cela arrivoit, ilz pourroient
continuer la guerre avec des succez aussy favorables que jusques icy ilz
leur ont esté contraires.
Quant à la defférence que Pau fait sonner si hault 〈que〉 la couronne
d’Espagne rend à Messieurs les Estatz, offrant de laisser à son arbitrage
la décision des poinctz qui restent à aj〈uster〉, ce qu’il dict que la France
reffuse de faire, le mémoire d〈u〉 Roy qu’on envoya dernièrement sur
cette matière sera ar〈rivé〉 bien à propos pour donner lieu au sieur Ser-
vien , non seulemen〈t de〉 parer ce coup, mais mesme d’en tirer avantage,
rétorquan〈t〉 l’argument en la manière qu’il a esté mandé, et faisant co-
gnoistre que ce que les Espagnolz veullent remettre au jugement de Mes-
sieurs les Estatz sont choses qu’ilz ont desjà accordées d’ailleurs ou dé-
claré à beaucoup de personnes qu’ilz s’en relascheroient, |:et que ce que
nous offrons de remettre à leur arbitrage sont des poinctz très importans
dont nous n’avions point voulu jusques icy nous départir, et que nous ne
le faisons qu’à leur seule considération:|.
O|:n ne peult croire icy que la province de Hollande, avec quelque im-
pétuosité qu’elle agisse, se porte aux dernières extrémitez contre nous,
mais comme on ne peult former de jugement solide sur la conduicte de
gens qui n’en ont point, il sera nécessaire que le sieur Servien se tienne
tousjours en estat d’empescher à temps une résolution précipitée, ce qui
semble ne se pouvoir mieux faire que par l’offre de remettre tout ce qui
reste à ajuster entre nous et l’Espagne à la décision de Messieurs les
Estatz:|.
Q|:uand on dict tout ce qui reste à ajuster, on exclud de leur cognoissance
les poinctz qui le sont desjà, sur lesquelz Messieurs les Estatz n’auront
pas droict de délibérer pour condemner l’une des parties, et parmy
ceux-cy la rétention de toutes les conquestes doibt tenir lieu d’un fonde-
ment principal sur lequel on bastit tout l’accommodement. Les aultres
sont la seureté de Casal, quelques précautions que nous devons prendre
pour la conservation de la Catalogne, l’assistance que la France pourra
donner au roy de Portugal, et que l’Empereur ny le roy d’Espagne ne
puissent directement ny indirectement assister le duc Charles, la liberté
de don Edouart, qui sont tous poinctz ausquelz les ennemis ont consenty
formellement ou donné à entendre qu’ilz le feroient:|.
L|:e reste qu’on peult leur dire aussy n’estre guières moins important, sera
remis au jugement des Provinces-Unies, comme la trêve que nous avons
tant d’intérest de procurer au roy de Portugal, qui est aujourd’huy un
poinct que l’on agite de part et d’aultre avec tant de fermeté et que l’ am-
bassadeur de Venize a dict icy depuis trois jours que l’affaire ajustée, la
paix estoit faicte, comme aussy ceux de Sabioneta, Monaco pour ce qui
regarde ses Estatz de Naples,
et Mariembourg aux Liégois, et le restablissement des réfugiez dans leurs
charges, et aultres semblables. Car quoyque ces gens-là méritassent plus-
tost , par le procéder qu’ilz tiennent, que nous songeassions à nous vanger
d’eux que de leur rendre aucune déférence, néantmoins la prudence re-
quiert d’en user aultrement pour éviter pis, et il fault d’ordinaire que les
sages le soient pour eux et pour ceux qui ne le sont pas:|.
Il est bien vray, d’un autre costé, qu’à le bien prendre l’off〈re〉 que nous
faisons |:ne peult pas nous porter grand préjudice, puisque tout ce qu’on
laisse à la décision de Messieurs les Estatz, sont choses pour lesquelles
Leurs Majestez ne vouldroient pas continuer la guerre, et au contraire il
y a apparence que la négotiation estant bien conduicte, nous en tirerons
plus d’advantage que sy nous la mesnagions nous-mesmes, n’y ayant pas
apparence que Messieurs les Estatz veuillent décider toutes choses aussy
brusquement que nos ennemis le pourront désirer, sans escouter et avoir
grand esgard à noz raisons quand ilz les treuveront justes:|.
En tout cas, on considère |:dans le poinct de la trêve de Portugal qui est le
plus important de ceux sur lesquelz Messieurs les Estatz devroient pronon-
cer , qu’il vault quasy mieux en sortir Messieurs les Estatz nous condem-
nant , que de nous relascher de nous-mesmes à une trêve de sy courte durée
que sera celle que nous pouvons obtenir. Car s’il ne nous est pas possible de
porter Messieurs les Estatz à décider ce poinct comme nous vouldrons, leur
représentant des raisons de leur intérest propre qui doibvent les y obliger,
nous serons au moins justifiez dans le monde et excusez auprès des Portu-
guais en ce qu’il n’aura point tenu à nous qu’on ne leur ayt procuré plus
d’advantage dans la conclusion du traicté de paix, et on aura mesme des-
truict par là une pièce malicieuse que ceux des députez de Hollande qui
sont gaignez par les Espagnolz nous ont faicte près des ministres de Portu-
gal à qui ilz ont souvent dict que sy la France vouloit apuyer leur cause plus
vigoureusement qu’elle ne faict, Messieurs les Estatz en seroient ravyz et la
seconderoient volontiers de tout leur pouvoir:|.
Il seroit aussy nécessaire de se souvenir de faire comprendre dans les
poinctz desjà arrestez, celuy que les hostilités ne cesseront que du jour
de la délivrance des ratiffications (comm’effectivement on en est desjà
convenu de la sorte, et mesme la proposition en est venue de noz parties)
|:et, par conséquent, que toutes les conquestes jusques audict jour demeu-
reront au party qui les fera, sauf à pouvoir s’en accommoder amiablement
par eschange. Car comme on feroit passer nostre prétention pour ridicule
sy les ennemis surprenant par exemple Donkerque ou quelque aultre
place avant ladicte délivrance des ratiffications, nous en demandions la
restitution dans le traicté, il est juste que la loy soit esgalle et que nous
soyons asseurez comme eux que tout ce que nous pourrons prendre jus-
ques audict jour nous demeurera:|, et nous avons d’autant plus d’intérest
de le stipuler clairement |:qu’il pourroit ariver que les Espagnolz, se voyans
prestz de perdre quelque place de conséquence, s’addresseroient à Mes-
sieurs les Estatz pour essayer d’esquiver le coup par quelque jugement à
nostre désavantage, à quoy Messieurs les Estatz n’inclineroient peult-estre
que trop, voyant depuis quelque temps avec jalousie et crainte la conti-
nuation de noz progrès, surtout dans les Pays-Bas:|.
Ledit sieur Servien mesnagera tout ce que dessus et le pouvoir qui luy est
donné avec sa prudence accoustumée, réglant sa |:conduicte suivant les
conjunctures et la disposition des espritz plus ou moins favorables, mais
surtout il prendra garde que Messieurs les Estatz, acceptant l’arbitrage qui
leur sera déféré de part et d’aultre, ne prononcent rien qu’à Munster qui
est le lieu destiné pour conclurre, par le moyen de leurs députez, qu’ilz
envoyeront aultres pourtant que Pau et Knuyt, Sa Majesté estant résolue
de ne pas souffrir que ces deux-cy se meslent plus de ses affaires, et ledict
sieur Servien pourra s’en retourner aussy en mesme temps que lesdictz
députez, supposant qu’il aura tiré de Messieurs les Estatz les choses né-
cessaires sur le poinct de la garentie, ou que l’on sera convenu de toutes
les conditions, et que les expéditions en seront mises ez mains desdictz
députez pour estre délivrées à la conclusion de la paix:|.
Il est superflu de recommander audit sieur Servien de tenir bonne mine et
de faire surtout cognoistre à ces peuples, en cas que la prudence requière
qu’il apporte toutes les facilitez touchées cy-dessus ou d’aultres sembla-
bles dont il pourra s’aviser, qu’elles ne partent que de la pure bonté de
Leurs Majestez:| et de la passion qu’elles ont pour le repos de la chrestien-
té , |:et non d’aucune crainte:|. Car outre que cette conduicte sera con-
forme à la puissance de cette couronne et à l’estat de noz affaires, |:et
qu’une contraire en seroit indigne:|, il est encore à considérer que comme
rien n’a plus contribué à faire souhaitter |:la paix aux Espagnolz et à leur
faire relascher tant de choses importantes que la ferme croyance qu’ilz ont
eue que la France ne la vouloit point, aussy rien ne seroit plus capable
d’en arrester la conclusion, quelque acheminement qu’il y eust, que s’ilz
venoient à se persuader que la France appréhende la continuation de la
guerre, perdant l’assistance de Messieurs les Estatz:|. C’est pourquoy ledit
s〈ieur〉 Servien ne tesmoignera pas tant de se rendre comme il essayera de
faire cognoistre que ce sont les mesmes choses qu’i〈l a〉 dictes dez qu’il
est arrivé à La Haye et que d’autres occupati〈ons〉 de Messieurs les
Estatz ne leur ont pas permis de bien examiner.
Quant à la garentie qu’il poursuit prez desdits Sieurs Estat〈z〉, on n’a
rien à ajouster à ce qui luy a souvent esté mandé. |:I〈l〉 fera en cela le
mieux qu’il luy sera possible:| et Sa Majesté ayant tout remis sur sa con-
duicte , il considér〈e〉ra les bonnes ou mauvaises dispositio〈ns〉 des
espritz, |:et réglera ses résolutions là-dessus en ce qui est de se contenter
de plus ou de moins, puisque la mauvaise volonté de la pluspart de ces
peuples, et l’inéficace ou la trop grande circonspection de nos amis, nous
réduict par prudence à en user de la sorte:|. Et à la vérité, il est assez
estrange, et c’est un malheur qui est singulier à la France, que tous ses
alliez tesmoignent estre mal satisfaictz de son procéder lorsque les pierres
mesme de leurs Estatz ne devroient retentir que de ses louanges pour la
fermeté de sa foy et pour les avantages qu’elle leur a procurez, n’ayant pas
seulement mis les ennemys communs hors d’estat de leur faire du mal,
mais les ayant comme réduitz à leur demander grâce à genoux et à leur
offrir eux-mesme ce qu’il y a quelques années qu’ilz n’auroient pas con-
ceu de pouvoir jamais demander sans une manifeste effronterie.
Il ne peut estre que dans de bons intervalles ilz ne cognoissent les uns et
les autres cette vérité et quand Pau a rapporté à Messieurs les Estatz que
les Suédois ont les derniers mescontentemens des ministres de France, il
s’est bien gardé de dire de quelle façon Knut et ses collègues
à Osnabrug, quelques jours après la signature de leurs articles , furent
traittez par les 〈sieurs〉 Oxenstern et Salvius et de quelle hauteur fut la
réprim〈ande〉 seiche qu’ilz receurent sur l’indigne action qu’ilz ve-
noien 〈t de〉 commettre au scandale de tous les gens de bien et au
préjud〈ice〉 de la cause commune, et mesme de l’avancement de la paix.
Et quand Pau nous a attaquez prez de Messieurs les Estatz sur l’affaire
palatine, il y a beau champ de luy rep〈artir〉, et à eux s’ilz s’en plaignent,
qu’ilz ne doivent s’en prend〈re〉 qu’à leurs belles délibérations et à leur
conduicte et que la France n’auroit eu garde de laisser l’ouvrage imparfait
à l’advantage du bon party et de tous ceux qui s’y trouvoien〈t〉 embar-
quez comme la maison palatine, si les irrésolutio〈ns〉 de Messieurs les
Estatz, et l’incertitude de ce qu’ilz feront ou ne feront pas cette campagne,
ne nous avoit nécessité à songer de nous servir de deçà de nostre armée
d’Allemagne pour nostre propre deffense, qui est une ex〈cuse〉 assez va-
lable pour se relascher de quelque chose dans l’appuy que nous devons
aux prétentions de noz adhérent〈s〉, particullièrement quand |:elles sont
exorbitantes:|, et qu’on leur a desjà moyenné beaucou〈p〉 d’avantages
considérables.
Pour conclusion, il est constant que jamais il n’y eut de |:négotiation plus
délicate ny plus importante que celle qui est aujourd’huy entre les mains
de monsieur Servien. Car sy Messieurs les Estatz, après avoir faict le pre-
mier pas de la signature des articles et avoir tant hésité depuis, se por-
toient enfin malgré toutes noz diligences à faire le second, d’exécuter
leur traicté sans attendre la conclusion du nostre, nous debvrions nous
tenir pour dict qu’ilz passeroient au troisiesme, qui seroit de faire une
ligue avec l’Espagne contre nous, et mesmes ilz y irroient plus viste parce
que les ennemis treuveroient plus de facilité de les persuader, leur insi-
nuant que la France aussy bien ne leur pardonneroit jamais l’offense
qu’elle en auroit receue, et qu’ainsy ilz devroient s’applicquer de bonne
heure à empescher les effectz de sa vengeance. Monsieur Servien jugera de
là combien il est pour mériter de cette couronne et du public, sy employant
tous ses soins et son industrie pour prévenir ces inconvéniens, il a la bonne
fortune d’en venir à bout, et de mettre noz alliez dans le train qu’ilz doi-
vent :|.