Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
233. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville und d’Avaux Paris 1647 April 19
Paris 1647 April 19
Duplikat für Servien, von Brienne unterfertigt: AE , CP All. 99 fol. 369–377 = Druckvor-
lage . Konzept: AE , CP All. 82 fol. 275–279’. Kopien: AE , CP All. 88 fol. 46–52; Ass.Nat.
273 fol. 235–239’.
Auf Longuevilles Memorandum (nr. 210): Wahrscheinlich in Zukunft Wohlverhalten Pauws;
Gründe für diese Einschätzung; wünschenswerte Schürung seiner Furcht vor französischer
Vergeltung. Zum Assistenzrecht für Portugal: von den Mediatoren vorgeschlagener, allge-
mein formulierter Artikel zur Unterstützung der Verbündeten akzeptabel; jedoch außerver-
tragliches Zertifikat der Mediatoren, Niederländer und möglichst auch Kaiserlichen zur Aus-
legung dieses Vertragsartikels im Sinne der Unterstützung Portugals zusätzlich erforderlich;
Forderung danach wahrscheinlich durchsetzbar. Verzicht auf einen einjährigen Waffenstill-
stand für Portugal bei Einigung über die anderen Punkte möglich. Ablehnung des von Con-
tarini favorisierten spanischen Vorschlags der Verpflichtung zum Türkenkrieg; seine Nach-
teile für Portugal.
Auf d’Avaux’ Memorandum (nr. 211): Freude über den offenbar bevorstehenden Friedens-
schluß im Reich, das Einlenken der Schweden ohne Ausschöpfung aller französischen Druck-
mittel und die Dankesschuld Kurbayerns gegenüber Frankreich. Annahme, daß Pfalzgraf
Eduard im getroffenen Abkommen berücksichtigt wurde. Freundschaftsbeteuerungen gegen-
über Johan und Axel Oxenstierna. Gelegenheit des Erwerbs der Waldstädte oder anderer
Plätze für Frankreich im Rahmen der Verhandlungen über die schwedische Militärsatisfak-
tion wahrzunehmen. – Auf nr. 200: Vorhaltungen gegenüber Scaglia di Verrua wegen der
ungerechtfertigten Forderungen Savoyens an Frankreich.
La despesche de monsieur le duc de Longueville du 8 e du courant ne
donne pas matière d’y faire longue réplique. On n’a jamais doutté que sy
Pau a de l’esprit et du jugement autant que ceux qui le cognoissent parti-
cullièrement luy en donnent, il ne fût en très grand soucy de la déclara-
tion que la France a faitte contre luy et ne se mît volontiers en devoir de
regagner, s’il luy estoit possible, les bonnes grâces de Leurs Majestez. Car
enfin il ne peut estre trop plaisant à un simple particullier comm’il est
d’avoir attiré sur luy et sur sa famille l’indignation d’un grand roy, no-
tamment ayant à vivre dans un Estat qui a les obligations que chacun
sçayt à cette couronne, qu’il veoid dans des sentimentz de continuer
dans la mesme union et attachement qu’il a eu jusqu’icy avec elle malgré
tou〈s〉les artiffices que Knut et luy ont sceu mettre en jeu pour en trou-
bler la bonne intelligence, et finallement |:devant dépendre en quelque fa-
çon de monsieur le prince d’Orange, lequel a toutes ses pensées tournées
vers la France pour s’asseurer de son appuy, et qui, par conséquent, ne
l’espargnera pas dans les occasions où il pourra luy nuire, se rencontrant
desjà qu’il ne l’ayme pas:|.
Cependant mondit sieur duc de Longueville ne pouvoit pas mieux res-
pondre qu’il a faict au secrettaire de l’ambassade d’Hollande quand il est
venu luy faire de la part dudit Pau les protestations dont il rend compte
par sa despesche; et il sera bon que pour le tenir en quelque debvoir, on
luy augmente tousjours les appréhentions qu’on void bien qu’il a des res-
sentimentz que la France pourroit prendre de sa conduitte et de la mau-
vaise volonté qu’il luy a faict parroistre.
Sa Majesté a appris ce qui s’est passé entre ledit sieur duc et les Média-
teurs dans leur dernière conférence |:sur le poinct de Portugal:|, et après
avoir recommandé de nouveau à Messieurs les Plénipotentiaires ce dont
elle les chargea dernièrement avec tant de soing d’examiner jusques à la
moindre parolle et syllabe lorsque l’on couchera cet article dans le traicté,
affin que nous ne nous y laissions pas surprendre, ilz sçauront que Sadite
Majesté |:ne disconvient pas de l’ouverture qu’ont faicte les Médiateurs de
concevoir en termes généraux, dans ledit traicté, la faculté d’assister le roy
de Portugal comme de dire qu’il soit loysible aux deux roys d’assister
leurs amis et alliez quand ilz seront attacquez ou qu’ilz continueront à
l’estre sans que pour cela le traicté s’entende estre rompu entre eux:|.
Mais Leursdites Majestez désirent outre cela, pour plus grande précau-
tion, que |:les Médiateurs, les députez de Hollande et, s’il est possible, les
ministres impériaux explicquent cette généralité dans un escript particu-
lier qui nous demeurera, signé d’eulx, par lequel ilz déclarent expressé-
ment que les Espagnolz ont consenty que la France assistast le Portugal
sans limitation de temps ny de forces quand il sera attacqué, sans que le
traicté de paix entre les deux couronnes s’entende rompu:|.
Les Espagnolz n’ont aucun intérest imaginable en cela et ne pourroient
mesme avec bienscéance exiger |:des Médiateurs et des aultres qu’ilz
nous refusent cet escript, puisqu’il ne contiendra en effect:| que la mesme
chose qu’ilz leur disent souvent et que pour d’autres respectz, ilz ne veul-
lent pas |:spécifier plus particulièrement dans le traicté:|. Et |:lesditz Mé-
diateurs et les aultres non seulement n’y peuvent faire difficulté, mais ilz
auroient intérest à nous l’accorder quand nous n’en ferions point d’in-
stance:|, parce que nous n’avons d’autre visée en cela que d’affermir le
repos de la chrestienté en sorte qu’il ne puisse estre troublé à l’avenir par
des |:interprétations captieuses:| que noz ennemis pourroient donner à ce
qui sera présentement arresté en concluant la paix, à quoy les autres prin-
ces doivent tascher aussy d’obvier de tout leur pouvoir.
Quand |:à la cessassion d’hostillitez pendant un an dans le Portugal,
quoyqu’on la croye très importante et comme nécessaire pour les raisons
qui ont esté mandées , et qu’il y eust lieu d’espérer à la fin de l’obtenir,
soit à cause du mauvais estat des affaires des Espagnolz qui peuvent em-
pirer au dernier poinct sy la guerre continue plus longtemps, soit après ce
que le comte de Trautmansdorff
subjet, néantmoins Leurs Majestez ont sy grande passion pour la paix
qu’elles ne désirent pas que ce poinct-cy empesche la conclusion quand
les aultres, à cela près, seront ajustez:|. Au moins n’ont-elles point encores
pris cette résolution.
Mais pour l’expédient qu’ont proposé les Espagnolz, et dont le sieur Con-
tarini tesmoigne faire tant de cas, il se veoid aysément qu’il regarde plus
en cela |:aux intérestz de la républicque de Venize qu’à ceux de Portugal
ny qu’aux nostres, puisqu’il produiroit par nécessité et en peu de temps la
ruyne entière du roy de Portugal:|.
Les Espagnolz offrent, dit-il, de fournir le double des forces que la France
contribuera contre le Turc, et mesme d’entrer en ligue avec les autres
princes chrestiens, et de s’y obliger dez à présent par un article secret, et
prétend que c’est en effect accorder plus que nous ne demandons parce
que le roy d’Espagne engagé |:une fois dans la guerre du Turc, il se passera
longtemps avant qu’il puisse faire quelque entreprise sur le Portugal:|.
Mais on ne regarde pas cette proposition du mesme sens que luy. Car ou
elle |:ne s’exécutera point et nous aurions eu grand tort de nous payer de
si mauvaise monnoye en une affaire de cette conséquence, ou s’exécutant,
rien ne pourroit estre sy nuisible aux intérestz du roy de Portugal. La
raison est que nous ne pouvons le secourir que par mer et que nous obli-
geant à envoyer contre le Turc nos forces maritimes quand les Espagnolz
y en envoyeroient au double, cela ne leur préjudicieroit en rien pour l’en-
treprise de la conqueste du Portugal qu’il leur suffist de pouvoir l’attac-
quer par terre, mais il se treuveroit cependant que nous l’aurions abban-
donné et il ne fauldroit pas qu’estant desnué de nostre assistance, les ene-
mis n’eussent toute facilité de le ruyner en peu de temps:|.
La dernière despesche du sieur d’Avaux du 8 e du courant n’estant qu’une
relation de ce qui s’est passé à Osnabruk depuis son arrivée, ne fournit
quasy autre matière d’y respondre que pour louer la conduitte qu’il y a
tenue.
Il semble que dans l’estat où il représente touttes choses, on peut se réjouir
dez à présent de la conclusion de la paix de l’Empire, et à la vérité, depuis
quelque tempz Leurs Majestez l’ont tousjours tenue pour infaillible, ainsy
que le sieur d’Avaux aura peu le remarquer par plusieurs despesches précé-
dentes, et notamment par celle que le sieur d’Herbigny a portée .
Mais deux particullaritez entr’autres ont accreu de beaucoup la joye que
l’on a de cette bonne nouvelle.
L’une, qu’il y ayt eu lieu de pouvoir ramener l’esprit des Suédois sans
qu’il ayt esté besoing d’en venir à aucune déclaration aigre et qu’il ayt
suffy au sieur d’Avaux |:d’exécuter la première part de ses ordres , sans
tendre à la seconde, qui n’eust produict que le mesme effect qu’on a ob-
tenu, mais qui leur eust laissé sans doubte un desgoust d’avoir esté forcez
par la France à faire ce qu’ilz tesmoignoient ne vouloir pas:|.
L’autre est que partie par accident, partie par la sage conduitte qu’on a
tenue dans tout le cours de la négociation, |:le duc de Bavières ne peut
recognoistre que de la France seule les grands avantages qu’il treuve dans
la décision de ce fameux différent de l’affaire palatine, puisqu’elle a esté
terminée à son entière satisfaction dans un tems qu’il venoit d’offenser
sensiblement l’Empereur et que la couronne de Suède, de l’autre costé,
luy tesmoignoit plus d’aversion et portoit avec plus de chaleur les inté-
restz de sa partie:|. Il n’en peut donc estre redevable qu’à cette couronne;
et comme personne n’a tant de part qu’elle à un establissement si advanta-
geux pour la maison de ce prince, il y a tout suject de se promettre
qu’ayant outre cela grand besoing de sa protection pour se le conserver,
touttes les recherches et les protestations qu’il nous fait de voulloir s’atta-
cher inviolablement à cet Estat, et de laisser en mourant cette instruction
à ses enfans, partent véritablement du cœur parce que la gratitude et ses
intérestz propres l’y obligent.
On s’asseure que le sieur d’Avaux n’aura pas laissé eschapper l’occasion,
sy elle s’est présentée |:dans cet accomodement, de procurer quelque esta-
blissement en terres au prince Edouard palatin
outre l’intérest de la religion, nous en avons un autre, qui est de faire
sortir du royaume cette famille de princes comme il fut résolu lorsqu’il
espousa la princesse Anne de Mantoue :|.
Sa Majesté a esté bien ayse d’apprendre les asseurances réciproques que
les sieurs d’Avaux et Oxenstern se sont données de la constante et indis-
soluble union des deux couronnes alliées, et que ç’ayt esté avec tant de
franchise et d’ouverture de cœur de la part dudit sieur Oxenstern. Pour
nous, nostre conduitte passée leur doit estre un gage certain pour l’avenir;
et le sieur d’Avaux ne sçauroit rien avancer sur la passion que Leurs Ma-
jestez ont d’entretenir inviolablement cette union, mesme après la paix,
qui ne soit conforme à leurs sentimentz, ainsy que la suitte le fera veoir,
et là-dessuz il semble que maintenant que ledit sieur Oxenstern a changé
tout à fait de conduitte, ce qui ne peut estre vraysemblablement que son
père ne luy ayt escrit de le faire, ledit sieur d’Avaux doit prendre occasion
de flatter le filz sur la gloire que s’est acquise monsieur le chancellier
Oxenstern, dont la fermeté et la prudence ont tant de part aux avantages
qu’〈a〉 remportez la cause commune dans la guerre, et qu’elle s’est asseu-
rée par la conclusion de la paix.
Sa Majesté juge que quand |:on traittera de la satisfaction |:de la milice de
Suède, ce sera une conjuncture très propre pour essayer de faire pour
cette couronne quelque nouvelle acquisition en Allemagne comme des
villes forestières ou d’autres qui sont à nostre bienscéance, car comme
les Suédois ne se relascheront pas sur ce poinct qui leur est extraordinai-
rement recommandé par la reyne de Suède à ce qu’escrit le sieur Chanut
par sa dernière , et qu’ilz voudront peut-estre toucher de l’argent comp-
tant avant que de sortir des places qu’ilz doivent quitter, et comme dans la
nécessité où est l’Empereur, il luy sera malaisé de le trouver, surtout en
peu de tems, nous pourrons accommoder les uns et les autres en fournis-
sant partie de la somme qui sera stipulée, moyennant des places qu’on
nous pourroit vendre, ou au moins laisser en engagement, et quoyque la
disette d’argent soit maintenant grande partout, on ne laissera pas de faire
volontiers cet effort, considérant qu’il se passe des siècles entières avant
qu’on puisse treuver de semblables occasions d’acquérir des places par
argent:|.
On ne respondit rien par l’ordinaire dernier à ce que contenoit le mé-
moire de Messieurs les Plénipotentiaires sur les affaires de Savoye, parce
qu’on attendoit d’en avoir conféré avec l’ambassadeur qui est icy. On l’a
fait depuis et on luy a déclaré qu’il falloit que le marquis de Sainct-Mau-
rice ou luy eussent au plus tost un pouvoir de madame pour traicter de
touttes choses, car comme parmy les demandes qu’ilz font, il y en a quel-
ques-unes fondées en raison, comme celle que la France |:ne soit pas
moins obligée en ce qui est de maintenir la maison de Savoye dans la
possession de ce qui luy a esté adjugé du Montferrat qu’elle estoit par le
traitté de Querasque:|, il est raisonnable aussy qu’ilz nous contantent en
mesme tempz sur beaucoup d’autres pointz importans. Cependant en cas
que le traicté général s’avançast avant que ce particullier puisse estre
achevé, Messieurs les Plénipotentiaires auront soing d’empescher qu’il
n’y soit rien inséré qui puisse préjudicier aux prétentions qu’ilz sçavent
que nous avons avec ladite maison, dont on leur a escrit cy-devant .
L’ambassadeur a voullu dire que la pluspart des dilligences que nous fe-
rions là-dessus seroient superflues parce que madame n’avoit pas |:pou-
voir pendant la minorité de son filz de l’engager à rien dont il receust du
préjudice. Mais il est demeuré fort surpris quand on luy a respondu qu’il
faudroit donc attendre à la majorité du duc à remettre les places que nous
tenons du Piedmont, puisque madame n’a autre pouvoir que de les pren-
dre et de poursuivre et d’obtenir d’autres choses avantageuses à son filz,
et non pas celuy de faire valablement ce que nous prétendons avec justice
pour cette restitution, et qui, à le bien prendre, est aussy:| utille à la
maison de Savoye qu’à nous-mesme, puisque rien ne leur importe tant
que de prévenir et oster la semence de touttes les contestations qui pour-
roient naistre à l’avenir entre cette couronne et eux.
On |:plainct madame de Savoye de ce que sans s’appercevoir de la mau-
vaise intention de ceux qui la conseillent, elle donne les mains à laisser
faire des difficultez sur certaines choses qu’elle devroit aller au-devant,
pour y consentir, et qu’on nous en demande d’autres qui sont injurieuses
pour nous et qui préjudicient à son service, comme de vouloir stipuler
que quand les Espagnolz n’exécuteroient pas ce qu’ilz auroient promis
pour la restitution de Verseil, nous ne laisserions pas de rendre toutes les
places que nous tenons en Piedmont; et ainsy, au lieu de prendre des pré-
cautions pour obliger ses ennemis et les nostres à restituer ce qu’ilz luy
ont occupé et que la seule nécessité d’avoir la paix les force à remettre:|,
elle les prend à l’esgard de Leurs Majestez qui par la fermeté avec laquelle
elles ont protégé la maison de Savoye, ont assez fait parroistre à quel
point elles en ont à cœur la conservation et les avantages, d’autant plus
que le monde a esté desjà tesmoing si elles se sont faict beaucoup sollicit-
ter à quitter d’autres places dudit pays aussy importantes, dez qu’elles ont
jugé qu’elles ne courroient plus de risque entre les mains de monsieur de
Savoye d’estre emportées par les ennemis; et aujourd’huy elles ont autant
d’envie de remettre ce qui leur en reste, puisque la seureté y sera entière
par la conclusion de la paix, comme les ministres qui conseillent madame
ont de passion de les recevoir.
Enfin, la craincte qu’elle peut avoir et qu’elle tesmoigne |:de la foy des
Espagnolz en la reddition de Verseil, devoit l’obliger à faire une demande
toute contraire qui estoit que la France ne se dessaisiroit point des places
qu’elle tient en Piedmont que les ennemiz ne fussent hors dudit Verseil:|.
On a voullu dire tout cecy en passant à Messieurs les Plénipotentiaires
affin qu’ilz puissent s’en servir de delà aux occasions avec le marquis de
Saint-Maurice et le sénateur Nomis, quoyqu’on sçache bien que ledit
marquis n’est capable ny de donner de semblables conseilz à sa mais-
tresse, |:ny d’y adhérer, et qu’il ne laisse pas d’estre un des plus fidelles
et des plus zélez ministres qu’ayt la maison de Savoye:|.