Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
179. Memorandum Mazarins für d’Avaux Paris 1647 März 15
Memorandum Mazarins für d’Avaux
Paris 1647 März 15
Duplikat für Servien: AE , CP All. 99 fol. 138–147’ = Druckvorlage. Konzept (ohne Schluß-
absatz ): AE , CP All. 82 fol. 64–68’. Kopie (unvollständig): Ass.Nat. 273 fol. 169–172.
Druck (ohne Schlußabsatz): Mazarin , Lettres II, 392–399.
Vermutliche Ziele der schwedischen Politik: ihre Taktik möglicherweise auf Überlassung
ganz Pommerns, vielleicht aber auch auf das Scheiternlassen der Friedensverhandlungen
ausgerichtet; Klugheit ihrer Strategie: ungeachtet des Ausgangs der Verhandlungen Wohl-
wollen des Pfälzers und der Protestanten für Schweden zu erwarten; trotz der Hartnäckig-
keit Oxenstiernas in mehreren Belangen dennoch, bei weiterer Festigkeit der Franzosen,
Einlenken der Schweden wahrscheinlich. Unterstützung durch die Kaiserlichen Vorausset-
zung für festeres französisches Auftreten; dann entschlossene Sprache gegenüber den Schwe-
den möglich: entschiedene Weigerung gegen Kriegsverlängerung um der Interessen des Pfäl-
zers und der Protestanten willen; offene Kritik an der Unangemessenheit der neuen schwe-
dischen Forderungen, von denen die religionsrechtlichen aufgrund der Bündnisverträge von
Frankreich nicht unterstützt werden können; Betonung der Unmöglichkeit weiterer Sub-
sidienzahlungen an Schweden in gewohnter Höhe und des Unterhalts einer bedeutenden
französischen Streitmacht in Deutschland; notwendiger Einsatz aller Truppen und Mittel
gegen Spanien und Herzog Karl IV. von Lothringen; Unbilligkeit des schwedischen Wider-
standes gegen französisch-kurbayerische Verhandlungen. Weiteres Vorgehen für den als un-
wahrscheinlich erachteten Fall schwedischer Unnachgiebigkeit bis zum Äußersten: zunächst
Absprache mit Kaiserlichen und Bayern; dann Erklärung gegenüber den Schweden, daß die
Fortführung des Krieges Partikularinteressen halber unmöglich und die Rückbeorderung der
französischen Truppen über den Rhein notwendig sei; rasche Mitteilung an Chanut darüber.
Verhandlungstaktische Vorkehrungen zur Dissimulation des französischen Einsatzes für die
kurbayerischen und katholischen Forderungen: Benutzung Krebs’, um die Unterstützung
Trauttmansdorffs zu gewinnen; Vertretung der katholischen Ansprüche durch die Stände
dieser Konfession selbst wichtig, nur Sekundierung ihrer durch Frankreich möglich. Hin-
gegen Eintreten d’Avaux’ zugunsten des Pfälzers gegenüber den bayerischen Gesandten;
Kritik an der Unnachgiebigkeit des Kurfürsten. Rechtsgrundlagen der erteilten Instruktio-
nen : Beschluß des Conseil, königliche Order; Anweisungen in diesem Memorandum daher
verbindliche Richtschnur für die Verhandlungen d’Avaux’ mit Schweden; Abweichen hier-
von nur in Absprache mit Longueville und nur bei geänderter Sachlage möglich.
20–21 Sentimentz … Osnabruck] im Konzept lautet der Titel: Advis de Monseigneur le Car-
dinal sur la conduite qu’il faut tenir avec les Suédois, approuvé dans le Conseil du 14 e
mars 1647, et envoyé par ordre de Sa Majesté à monsieur d’Avaux pour régler sa con-
duite ; ebenso, mit orthographischen Abweichungen, im Druck in Mazarin , Lettres II,
für den das Konzept von der Hand Lionnes als Vorlage herangezogen wurde.
le Conseil du Roy et envoyez à monsieur d’Avaux à Osnabruck
Comme les derniers advis de Suède sont que les inclinations de la reyne et
du sénat estoient touttes portées au party de retenir plustost les deux
Pomméranies avec la garentie des estatz de l’Empire sans le consentement
de l’électeur de Brandebourg, que de n’en avoir qu’une avec ce consente-
ment , et que l’on avoit envoyé des ordres bien exprez là-dessuz à mes-
sieurs Oxenstern et Salvius, il se pourroit faire que ces deux ministres
qui ne les ont pas receuz assez tost pour s’y conformer, cherchent au-
jourd ’huy, et particullièrement |:Oxenstierne qui en a tousjours tesmoigné
grand désir, à y pouvoir réussir par d’autres voyes, sans qu’il paroisse que
l’intérest particulier de la Suède les meuve, à mettre de nouveau les pré-
tentions en jeu:|; comm’ilz pourroient le practiquer avec un peu de tempz
lorsque |:les affaires se seroient embrouillées:| pour quelqu’autre respect,
|:ou pour l’intérest du prince palatin et du party protestant qu’ilz appuyent
en des choses derraisonnables:|.
Il se pourroit faire aussy que la Suède, c’est-à-dire les personnes qui ont la
principalle direction des résolutions qui se prennent en ce royaume-là,
|:n’ayans pas disposition à la paix, les ministres de laditte couronne se
fussent conduicts en sorte de ne faire pas paroistre qu’ilz veuillent empes-
cher ou retarder la conclusion de laditte paix pour leurs intérestz particu-
liers ; mais qu’aprez les avoir ajustez, ilz treuveront d’autres biais de faire
rompre tout en insistant fermement pour autruy sur des poincts qu’ilz
voyent bien qu’ilz n’obtiendront pas:|.
On ne peut pas désavouer qu’ilz ne traictent en cela |:fort finement et avec
beaucoup de prudence, et que sy leurs fins sont mauvaises en soy, leur
conduicte ne:| soit fort bonne pour y parvenir. Car ou la vigueur avec la-
quelle ilz portent les intérestz |:du Palatin et de tous les princes et estatz
protestants produira l’effect qu’ilz prétendent, et en ce cas ilz s’acquéreront
l’amitié et la totale deppendance de cette maison-là et desdits princes pro-
testants qui auront obligation à la couronne de Suède seule de ce qu’elle
leur aura faict accorder au-delà de la raison, et ilz auront eslevé d’autant
en Allemagne la puissance et les avantages de leur secte, ce qui leur vaudra
plus que s’ilz eussent eu encores deux Estatz comme la Pomméranie:|.
Ou, ne pouvans venir à bout de leur dessein, ilz n’auront pas |:moins gai-
gné la deppendance et l’affection dudit Palatin et de tout le party pro-
testant :|, à qui ilz feront cognoistre qu’il n’a pas tenu à eux qu’ilz n’ayent
|:tiré plus d’avantage dans l’accommodement; et, outre cela, ilz auront a-
lienné ceux-cy de cette couronne, de laquelle ilz appréhendent que la
puissance et le crédit en Allemagne ne
y establir, insinuant à chacun d’eux en particulier que sans la France qui
s’y est opposée, ilz leur auroient fait accorder par l’Empereur tout ce
qu’ilz auroient sceu désirer:|.
Voylà tout ce qu’on peut vraysemblablement juger de leur intention, mais
avec tout cela la mauvaise humeur du sieur |:Oxenstiern, la hauteur avec
laquelle il tesmoigne que la couronne de Suède veult que le prince palatin
rentre dans tous ses estatz et dignitez, les propositions qu’il fait à perte de
veue à l’avantage du duc de Saxe et pour esgaler le nombre d’électeurs
hérétiques à celuy des catholiques, l’envye qu’il fait paroistre de la conti-
nuation de la guerre au moins pour un an:|, les artiffices qu’il practique
pour rendre |:le duc de Bavière odieux:| et pour faire concevoir des mef-
fiances |:de nous aux Impériaux:|, leur persuadant que nous travaillons
pour former |:une estroicte union avec ledit duc de Bavières qui sera fort
préjudiciable à l’Empereur:|, et enfin tout ce que ledit |:Oxenstiern met en
avant pour obliger la France à appuyer les intérestz du Palatin et des pro-
testants et contribuer ainsy à la grandeur et à l’establissement de la Suède
dans l’Empire:|, ne peuvent me persuader que quand les ministres de
Suède auront à la fin recogneu qu’ilz ne sçauroient venir à bout |:de nous
porter à ce qu’ilz veullent:|, ilz ne changent leur manière de procéder, tant
parce qu’elle n’est fondée en aucune raison, que pour ne pas courir le
hazard de perdre les avantages qu’ilz viennent d’asseurer |:à la Suède
dans sa satisfaction pour d’autres intérestz estrangers:|.
Je dis donc que, posé pour fondement que l’on puisse sy bien s’asseurer
de la sincérité des Impériaux qu’ilz ne chercheront point, |:à l’instigation
des Espagnolz, à quoy il fault tenir pour certain que ceux-cy ne s’ espargne-
ront pas, de proffiter à noz despens des mescontentemens que nous
pourrions donner aux Suédois, en:| leur parlant hautement et avec vigueur
|:sur le poinct de la religion:| et pour faire haster la conclusion de la paix
maintenant |:que leur satisfaction est accordée avec tant d’avantage pour
eux:|, je |:croys, dis-je, que les ministres de Sa Majesté pourroient parler à
ceux de Suède avec fermeté et résolution, mais:| sans aigreur, leur faisant
entendre que |:la France n’est plus en estat de continuer la guerre en Alle-
magne , pour le plus ou le moins des intérestz qui regardent la maison
palatine, laquelle:| aura grand suject de se louer de la protection des deux
couronnes en ce qu’ayant perdu entièrement il y a tantost trente ans ses
Estatz et sa dignité et sans avoir contribué quoy que ce soit à la guerre
présente, elle se prévaudra tellement des progrez et des victoires qu’ont
remportées les armes desdittes couronnes, qu’elle n’eust ozé espérer la
moindre partie des avantages qu’elle tirera par leurs instances et à leur
considération.
Que bien moins encores pouvons-nous |:continuer la guerre pour mélio-
rer , en des choses qui ne sont pas justes et qui ne regardent pas la liberté
germanique, la condition du party protestant en Allemagne aux despens
de la religion catholique:|.
Que sur cela nous prétendons observer très relligieusement noz traictez ,
et que comme nous estions tenus de ne faire pas un seul pas dans les af-
faires de l’Empire que de concert avec la couronne de Suède, et de ne rien
conclurre que sa satisfaction ne fût auparavant ajustée à son contante-
ment , sur quoy plustost que d’y manquer on auroit tout hazardé et en-
gagé en France pour continuer la guerre plus vivement que jamais l’on n’a
fait, aussy maintenant |:que laditte satisfaction est arrestée avec de sy no-
tables avantages, et que la Suède a pu recognoistre avec quelle passion et
franchise, quelle fermeté et quelle efficace nous avons contribué à la leur
faire obtenir telle, il ne seroit pas juste qu’elle prétendist engager la France
à continuer la guerre dans l’Empire pour d’autres intérestz particuliers,
d’autant plus que le prince palatin et les protestantz se voulans mettre à
la raison, noz parties relaschent:| desjà assez pour nous donner lieu et
moyen de les contanter.
Que les |:Suédois:| doivent d’autant moins nous presser avec l’ardeur
qu’ilz font sur ces matières, qu’ilz sçavent fort bien que nous n’y sommes
point obligez et qu’au contraire, |:en ce qui concerne la religion:|, nous
avons tousjours expressément stipullé en tous les traictez que nous agi-
rions en faveur |:de la catholique:|, et pour la conserver dans tous les lieux
de conqueste au mesme estat qu’elle s’y trouveroit et avec les mesmes
avantages et prérogatives.
En outre, |:que la France n’est plus en estat de fournir le subside accous-
tumé ny de soustenir les despenses excessives que l’on a faict:| jusqu’à
cette heure, non seullement pour conserver nostre armée en Allemagne,
mais pour l’augmenter, affin qu’elle se maintînt continuellement en estat
d’agir et de facilliter les progrez des armes de Suède; ce qui est sy vray que
tant de fraiz que nous avons faitz, et tous les travaux, fatigues et périlz de
nostre armée dans la campagne passée où il nous fallut surmonter tant
d’obstacles pour faire |:la jonction, et depuis dans cet hyver:|, n’ont eu
autre effect que de |:procurer à la couronne de Suède une satisfaction à
son contentement:|, puisque Leurs Majestez ont bien voullu que tous les
bons succez que leurs armes ont euz, ayans occuppé plusieurs places im-
portantes et des pays de grande estendue, servissent à faire avoir à laditte
couronne une plus ample satisfaction, |:mais non pas à prétendre rien
pour elles au-delà de ce qui leur avoit esté accordé par les Impériaux:|
dans le commancement de la campagne .
De plus, |:que cette couronne manquant des moyens de faire la guerre
aussy puissamment qu’elle a fait:| jusqu’icy, et estant obligée néantmoins
d’accroistre plustost ses armées et de faire de plus grandz effortz que par le
passé |:contre l’Espagne, qui n’est qu’avec trop de fondement persuadée de
pouvoir nous jetter sur les bras outre les forces ordinaires, celles qu’elle
avoit accoustumé d’opposer à l’armée de Messieurs les Estatz:|, nous de-
vons songer à nous prévalloir |:des trouppes que nous avons en Alle-
magne :|, et de l’argent qu’il nous falloit pour le subside et pour le payement
de laditte armée, affin de pouvoir mieux résister à un ennemy sy puissant
que |:le roy d’Espagne:|, dont les affaires se trouvent |:en meilleur estat
qu’elles n’ont esté depuis quelques années, à cause du traitté que ses minis-
tres et les députez d’Hollande ont signé , qui produira tout au moins que
Messieurs les Estatz ne mettront point cette année en campagne:|.
Davantage, la venue de l’archiduc Léopold dans les Pays-Bas avec six mil
combattans à ce qu’on nous asseure, et la marche du duc Charles vers
l’archevesché de Trèves et le Rhin, où |:nous avons tant de postes sur les-
quels il:| peut ent[re]prendre, nous forceront de rappeller à la haste l’ ar-
mée |:de monsieur le mareschal de Thurenne pour remédier à l’un et à
l’autre de ces inconvéniens dont nous sommes menacez:|.
Et à la vérité, ce seroit une condition bien dure |:que la nostre sy la cou-
ronne de Suède, non pas pour se deffendre mais pour faire des progrez et
proffiter d’une bonne conjuncture, a pu cy-devant sans nous en dire un
seul mot abandonner la guerre contre l’Empereur pour en commencer
une nouvelle contre le roy de Dannemark:|, qu’elle a continuée jusques à
ce qu’elle en a remporté, |:par la médiation de la France:| mesme, tout ce
qu’elle a sceu désirer, nous laissant cependant exposez à soustenir seulz
les effortz de touttes les armes de l’Empire
permis après avoir effectivement faict accorder par |:l’Empereur:| tout ce
que laditte |:couronne de Suède a sceu prétendre pour sa satisfaction:|, qui
est le principal point de la paix en Allemagne, il ne nous fût, dis-je, pas
loysible de prendre |:aucun party, ny de songer à nous servir, pour nostre
deffense, des forces que nous avons en Allemagne et qui n’y sont plus
nécessaires, et avec cela qu’on nous veuille tenir le pied sur la gorge pour
nous empescher de traitter ny de rien conclure avec le duc de Bavières:|
qui tesmoigne n’estre pas moins disposé de le faire |:avec les Suédois
qu’avec nous, aprez qu’eux-mesmes l’ont faict sans nous avec le duc de
Saxe :|. Et quoyqu’ilz ne puissent pas désavouer, s’ilz se veullent |: des-
pouiller de la hayne qu’ilz ont contre Bavières à cause de la religion qu’il
professe, que la désunion dudit prince avec l’Empereur est beaucoup plus
avantageuse à la cause commune que celle dudit duc de Saxe, lequel en
effect ne s’est jamais détaché de la maison d’Autriche:|.
Enfin, |:sy les Suédois insistoient jusques à l’extrémité:| sur les points cy-
dessus (ce que je ne puis croire après que nous leur aurons représenté
qu’ilz ont souvent tenu des discours tout à fait différens touchant |:le Pa-
latin et ses intérestz, dont:| ilz ne peuvent pas avoir perdu la mémoire
puisqu’ilz estoient assez préciz pour donner suject à Messieurs les Pléni-
potentiaires d’escrire à Leurs Majestez comme ilz firent qu’il n’y auroit
aucune difficulté en cette affaire , qu’aujourd’huy il y a d’autant plus de
lieu de s’estonner |:de leur conduitte que monsieur le duc de Bavières
vient tout fraischement de contribuer ses offices envers l’Empereur:|, ou,
pour mieux dire, protestations pour |:le contraindre à contenter la cou-
ronne de Suède):|, j’estimerois que nous devons premièrement nous bien
asseurer |:des Impériaux et du duc de Bavières:|, comme il est marqué cy-
dessus , à quoy on ne sçauroit rencontrer de difficulté puisqu’il s’agist plus
de leur intérest que du nostre, et que |:l’Empereur:| sera pour plusieurs
respectz favorable |:au duc de Bavières:|, et particullièrement à cause
|:qu’il est vieux et qu’il espérera de gouverner ses Estatz et ses enfans par
le moyen de leur mère, qui est la raison mesme dont les Suédois se servent
pour nous dissuader de favoriser ce prince:|.
Qu’après cela, comme j’ay dit cy-dessus, on peut parler librement |:aux mi-
nistres de Suède et leur déclarer que la France ne peut plus continuer la
guerre pour des intérestz particuliers, et qu’elle est obligée de rappeller ses
forces sur le Rhyn pour s’y garentir des préjudices qu’elle y pourroit recevoir
par les armes du duc Charles joinctes aux trouppes du landgrave d’ Arm-
stad :|; et cependant despescher en toutte dilligence au sieur |:Chanut pour
luy faire sçavoir ce qui se passe affin qu’il en informe selon la vérité la reyne
et le sénat:|, luy recommandant surtout de tesmoigner |:sur le poinct du Pa-
latin :|, comm’il le faudra aussy faire en touttes rencontres dans l’assemblée et
aillieurs, que nous serions |:ravys de tous ses advantages:|, mais que voyans
bien qu’il n’est pas possible de luy obtenir tous ceux qu’il désire, noz autres
affaires ne nous permettent pas de faire |:durer la guerre en Allemagne pour
faire contenter ce prince jusques dans la moindre de ses prétentions:|.
Il semble que le meilleur instrument dont nous puissions nous servir pour
nous asseurer en touttes ces affaires |:du comte de Trautmandorff, sera le
sieur Krebs, plénipotentiaire du duc de Bavières, lequel, voyant qu’il
s’agist du service et de l’avantage de son maistre, ne nous trompera pas
quand il nous prometra |:d’engager Trautmandorff à demander hautement
les choses que désire le duc de Bavières, tant pour la dignité électoralle,
que pour le Hault-Palatinat, et de cette sorte, nous ne paroistrions pas
comme fauteurs et protecteurs déclarez dudit duc:|, mais comme ayant
passion et besoing de la paix dans l’Empire et estans hors de moyen d’ ob-
tenir |:des Impériaux qu’ilz se relaschent en rien de ce que ce prince sou-
haitte , et dont les couronnes:|, après en avoir concerté ensemble, luy ont
donné de bonnes espérances.
Enfin, comme l’on a mis dans la dernière despesche , il faut qu’en ce qui
regarde les intérestz |:de Bavières, et aux autres poinctz qui concernent la
religion, comme d’empescher que des éveschez ne tumbent entre les mains
des protestants:| et autres pointz sur lesquelz |:monsieur d’Avaux:| a escrit,
on tienne tousjours une certaine conduitte [pour] |:que nous ne paroissions
pas les
que les Impériaux et les ministres bavarois et des autres princes du party
catholique:| fassent les instances et y persévèrent avec vigueur, dans l’ asseu-
rance d’y estre appuyez et bien secondez par |:les plénipotentiaires de Sa
Majesté, lesquelz à l’esgard des parties intéressées et des Suédois qui les pro-
tègent , diront que:| c’est le désir |:et la nécessité absolue:| que nous avons de
faire la paix qui nous oblige d’en user de la sorte.
Tout cela n’empeschera pas que, d’un autre costé, monsieur d’Avaux ne
doive s’applicquer efficacement |:à persuader aux ministres de Bavières
que leur maistre pourroit, pour le bien de la paix, lascher quelque chose
où la religion ne reçust aucun préjudice, comme de donner quelque
somme d’argent au Palatin affin qu’il eust moyen d’en accommoder ses
frères, ou mesme donner quelques terres dans le Hault-Palatinat à celuy
d’entre eux qui s’est faict catholique pour luy tenir lieu d’appanage,
comme aussy au prince Robert s’yl changeoit de religion.
Certainement il y a un peu de dureté en monsieur le duc de Bavières que
dans un aage sy avancé, et avec le grand intérest qu’il a pour le bien de ses
enfans, de veoir la paix establie dans l’Empire avant sa mort, il n’ayt jamais
voulu rien diminuer de ses premières prétentions, ny modérer sa debte de
treize millions, pour asseurer pendant sa vie à sa maison deux acquisitions sy
belles et sy importantes que celles qu’il faict, estant peut-estre le seul prince
d’Allemagne qui ne veult rien contribuer du sien pour achepter la paix:|.
Ce que dessus ayant esté dit par monsieur le cardinal Mazarin dans le
Conseil du Roy et suivy de tous ceux qui ont eu l’honneur d’y assister,
Sa Majesté a commandé de l’envoyer à monsieur le comte d’Avaux à Os-
nabruck affin qu’il serve de règle pour sa conduitte |:avec les ministres de
Suède:|, ne douttans point que comme nous avons la raison de nostre cos-
té et |:que ses effortz iront à la conservation de la religion catholique qui
est la cause de Dieu:|, nous ne ressentions les effectz de ses bénédictions.
On a seullement adjousté que lorsque ledit sieur d’Avaux recevra cette
despesche, sy les affaires estoient changées ou que quelqu’autre accident
l’obligeast de faire plus ou moins qu’il n’est porté dans le présent escrit et
dans la dernière despesche, Sa Majesté s’en remect à ce que monsieur le
duc de Longueville et luy résoudront suivant qu’ilz cognoistront estre
plus à propos. Car estans sur les lieux et ayans des lumières que nous
n’avons pas, ilz pourront mieux rencontrer dans ce qu’il faut faire pour
suivre les sentimentz de Leurs Majestez qu’ilz sçavent estre |:entièrement
et absolument portées à la prompte conclusion de la paix:|.