Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
149. Memorandum Serviens für Ludwig XIV Den Haag 1647 Februar 26
Den Haag 1647 Februar 26
Duplikat [für Mazarin]: AE , CP Holl. 43 fol. 394–399 = Druckvorlage. Kopie: AE , CP
Holl. 40 fol. 238–241.
Genaue Befolgung der Anweisungen aus Paris. Nutzen festen Auftretens gegenüber den Ge-
neralstaaten . Empfehlung der Koppelung wirtschaftlichen Entgegenkommens an politisches
Wohlverhalten der Niederländer. Wahrscheinlich Friedensschluß durch die französischen
Feldzugsvorbereitungen. Resolutionen der Provinzen innerhalb der nächsten acht bis zehn
Tage zu erwarten; von Servien bevorzugter Weg der Beschlußfassung durch die einzelnen
Provinzen, nicht zentral in Den Haag. Mögliche Rücknahme der holländischen Verweige-
rung der Teilnahme am Feldzug. Unterrichtung der französischen Gesandten in Rom und
andernorts durch Servien und Brasset; scheinbare Aufdeckung der von Spanien betriebenen
Vortäuschung eines französisch-habsburgischen Heiratsprojekts in den Niederlanden. Dank
für das bezeigte Vertrauen; Zusicherung verantwortungsbewußten Umgangs mit den erteil-
ten Vollmachten. Frage der Überlassung eines Platzes aus dem französischen Teilungsbereich
an die Niederländer: Vorschlag einer Abtretung über das Kriegsende hinaus; Unwillen der
Niederländer zur vollständigen Ausführung des Vertrages von 1635.
Je n’entreprendray pas de respondre à tous les articles du mémoire du Roy
du 15 e de ce mois, n’ayant qu’à exécuter punctuellement ce qui m’est com-
mandé , ce que je feray avec toute la fidélité et la diligence possibles. Sy j’ay
tesmoigné en quelque endroit de ma despesche précédente d’avoir appré-
hension que ce qui s’est fait icy à mon arrivée ne fust pas tout à fait con-
forme aux intentions de Sa Majesté, ce n’est pas que j’aye rien remarqué de
contraire dans les ordres qui m’ont esté cy-devant envoyez, mais par une
pure crainte de faillir, me treuvant icy seul, et ayant bien souvent à prendre
conseil sur les changemens en des occasions importantes et délicates.
Il est bien vray que les ministres des princes qui ont |:bien réussy auprès
de Messieurs les Estatz en traictant avec hauteur:|, n’ont pas eu les consi-
dérations qui peuvent obliger ceux de Sa Majesté de |:demeurer sur la re-
tenue , ayans une grande guerre sur les bras, et la crainte des advantages
que l’Espagne tireroit des moindres divisions qui arriveroient entre la
France et ces provinces:|. Mais comme il y a deux manières de conserver
|:leur amitié, on a esprouvé assez souvent que les caresses, les recherches
ny les souffrances:| ne sont pas sy utiles pour |:tenir les humeurs de ce
pays-cy en devoir, que de leur faire sentir parfois qu’ilz:| ne se doivent
pas mescognoistre ny abuser de la bonté de Sa Majesté en leur tesmoi-
gnant par effectz qu’on se pouvoit bien passer de leur amitié, et qu’on
n’appréhende point les résolutions qu’ilz peuvent prendre s’ilz ne consi-
dèrent pas ce que la raison et la gratitude exigent d’eux.
Je ne voudrois pour rien du monde parler qu’avec grand respect de ceux
qui conseillèrent à la feue reyne-mère de |:brusler les promesses et les
obligations qu’on avoit de Messieurs les Estatz pour des sommes:| très
considérables. Je ne doutte point qu’il n’y eust alors de grandes raisons
de prendre ces résolutions. Mais je croy bien que sy on les avoit conser-
vées , elles pourroient servir d’un puissant lien pour retenir et conduire là
où l’on voudroit des espritz intéressez qui considèrent beaucoup moins
un bienfaict receu, quelque grand qu’il soit, que la moindre debte qu’ilz
ont à payer. Quand on sçaura qu’ilz font difficulté à monsieur le mares-
chal de Gassion de permettre à un gentilhomme
levée et le passage de quatre cens hommes, quoyque je les en aye prié au
nom de Sa Majesté, on jugera bien qu’ilz ne conservent pas longtems le
souvenir des faveurs et des assistances qu’ilz ont receues. Cela me fait
croyre que les poursuittes que l’on fait à la cour de leur part tant pour
décharger leurs sujetz des taxes qui ont esté faites sur les estrangers, que
pour la mainlevée des vaisseaux saisis et autres affaires de pareille nature,
doivent estre tenues en surscéance jusques à ce qu’on voye de quelle sorte
ilz se comporteront icy dans les choses que j’ay à traitter avec eux, et
qu’on doibt faire sçavoir à ceux qui sont chargez de leurs affaires qu’on
n’y prendra aucune résolution qu’après avoir veu ce qui se passera icy,
n’estant pas raisonnable que tout ce qui est en leur faveur dans les traittez
précédents
quer en doutte les poinctz qui sont à l’avantage de la France.
Les préparatifs que Sa Majesté fait faire pour la campagne prochaine, en
donnant une nouvelle preuve de sa grandeur et de sa puissance, produi-
ront sans doute un autre effect que Sa Majesté désire, qui est la conclusion
de la paix, n’estant pas croyable que les ennemis veuillent attendre le mal
quand ilz verront qu’on est en estat de leur en faire s’ilz ne se mettent
promptement à la raison.
Sy tous ceux qui ont promis tiennent leur parolle, il y a sujet d’espérer
que quatre provinces prendront des résolutions favorables, et cela estant
il faudra que les autres s’accomodent à ce que Leurs Majestez souhaittent,
pour n’exciter pas une division dans l’Estat. Dans huict ou dix jours on
pourra sçavoir ce qui en sera, la pluspart des provinces estant maintenant
assemblées et estant disposées d’envoyer icy leurs députez environ au
tems que celle de Hollande se doibt rassembler, qui est le 4 e du mois pro-
chain . Elle avoit désiré que les autres envoyassent leurs députez avec un
pouvoir absolu de résoudre tout ce qui seroit nécessaire pour le bien de
l’Estat . Mais elles ne l’ont pas voulu faire, dont je n’ay pas esté fasché
pour les raisons que j’ay cy-devant représentées . Il faudra un peu plus
de tems pour terminer les affaires par la voye que l’on a prise, mais elles
seront traictées |:avec moins de péril quand il faudra renvoyer dans les
provinces que si les résolutions diffinitives se devoient prendre icy où la
Holande estant en corps se pourroit rendre maistresse des délibérations
par son crédit et par son industriel:|.
Sa Majesté aura desjà sceu la déclaration que ladicte province a fait faire
aux autres de ne pouvoir pas mettre l’armée en campagne , mais c’est une
cérémonie qu’elle fait presque tous les ans pour se faire rechercher, pour
faire cognoistre le besoing que les autres ont d’elle, et pour les obliger à
fournir plus exactement ce qu’elles doivent. Elle prit l’année passée la
mesme résolution , et ne laissa pas de la changer, ce qui pourroit bien
encor arriver celle-cy |:si monsieur le prince d’Orange pouvoit estre per-
suadé , en cas qu’il vive jusques au printemps, de laisser à son filz le com-
mandement de l’armée:|.
Je n’ay pas manqué, suivant le commandement qu’il plaist à Sa Majesté de
m’en faire, d’escrire de temps en temps à Rome et ailleurs ce qui s’est
passé icy à son advantage, afin que ses ministres s’en puissent prévaloir
aux lieux où ilz sont. Monsieur Brasset de son costé uzant de ses dili-
gences ordinaires, les tient soigneusement informez, et il me semble que
l’on commence de veoir icy à découvert l’artiffice des Espagnolz touchant
le mariage dont ilz ont fait parler , ce qui me fait espérer que la malice
dont ilz se sont servis contre nous, aura l’effet ordinaire de toutes les sup-
positions qui peuvent tromper pendant quelque temps, mais qui retum-
bent tousjours sur les autheurs.
Il seroit malaysé que je pusse assez dignement rendre grâces à Leurs Ma-
jestez de la confiance qu’elles me font l’honneur d’avoir en moy. Je tas-
cheray de ne m’en rendre pas indigne, et n’uzeray du pouvoir qu’elles ont
agréable de me donner, tant envers |:madame la princesse d’Orange que
partout ailleurs, que selon l’assistance que j’en pourray recevoir pour
l’avancement des affaires de Sa Majesté:|.
Le dernier article du mémoire |:permet bien de consentir que Messieurs
les Estatz attaquent une place du partage du Roy, et en demeurent en
possession jusques à l’expulsion des Espagnolz:|, mais je suis obligé de
représenter à Sa Majesté que sy |:je propose cette condition, elle fera
croire que l’on veut encore continuer longtemps la guerre:| et qu’on veut
exécuter tout le contenu au traitté de 1635 , |:à quoy ces peuples ne sont
aucunement disposez pour la jalousie qu’ilz ont prise de nostre voisinage.
Le plus grand effort qu’on pourroit leur faire faire seroit encore une cam-
pagne ou deux, et ilz ne s’y disposeroient point que sur l’opinion qu’elles
ne suffiroient pas pour chasser les Espagnolz de tout le Pays-Bas, où ilz
désirent bien de les affoiblir mais non pas les destruire. Il me semble que
pour les engager pour rompre leur traicté qui est desjà faict , et pour se
délivrer des appréhensions qu’on doit avoir qu’ilz n’achèvent leurs af-
faires sans nous, ou du moins qu’ilz ne se rendent spectateurs de la guerre
sans y prendre part:|, ce ne seroit pas un grand préjudice pour Sa Majesté
|:de leur laisser pour tousjours une des places de son partage pourveu
qu’ilz s’en puissent rendre maistres, puisqu’estant comme impossible
d’exécuter par à bout ledict partage, il vaut bien mieux qu’une place que
Sa Majesté ne tient pas et que peut-estre elle n’aura jamais, tombe entre
les mains de ses alliez en y conservant la religion, que de demeurer,
comme elle fera sans cela, au pouvoir de ses ennemys qui, en la perdant,
en seront d’autant affoiblys:|.