Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
140. Memorandum Ludwigs XIV. für Serviert Paris 1647 Februar 22
Paris 1647 Februar 22
Ausfertigung: AE , CP Holl. 40 fol. 226–228’ = Druckvorlage. Konzept: AE , CP Holl. 43
fol. 313–314’
Lob Serviens; Billigung seiner Ablehnung von Verhandlungen mit Brun und Lisola in Den
Haag sowie seiner Zurückweisung des holländischen Garantieangebots; Zuversicht über das
Gelingen der Mission Serviens und Betonung seiner weitgehenden Entscheidungsfreiheit vor
Ort. Positive politische und militärische Folgen des spanienfreundlichen Verhaltens der nie-
derländischen Gesandten; spanische Aufwendungen für die Verhandlungen. Verhalten ge-
genüber der Prinzessin von Oranien. Anweisung zum Abstreiten französisch-spanischer Hei-
ratsprojekte . Richtigstellung des Berichts Oosterwijks über die französischen Feldzugsvor-
bereitungen ; Truppenaushebungen im Gang.
On a receu sa despesche du 12 e du courant, qui donne tout suject à Sa
Majesté de louer de plus en plus sa conduitte, se voyant clairement que
bien qu’on n’ayt point encore eu de résolution précize de l’Estat sur les
principaux pointz qui ont donné occasion à son voyage, on n’a pas laissé
de tirer beaucoup de fruit de la prudence et de l’adresse avec laquelle il a
agy pour ramener des espritz qui sembloient |:ne respirer que méfiances et
animosité contre cette couronne:|, et pour désabuser les peuples des mau-
vaises impressions qu’on leur avoit données de ses intentions sur le fait de
la paix.
Sa Majesté a fort approuvé que ledict sieur Servien |:ayt refusé de veoir
Brun et Lisola:|, pour les considérations qu’il touche dans sa despesche;
|:c’ettoit un piège que les ennemis luy vouloient tendre et dont il s’est
garenti fort sagement:|, et en effect ceux qui ont les intentions droictes
ne prennent pas des voyes obliques pour les faire réussir.
Non seullement ledict sieur Servien ne doit pas se mettre en peyne de
s’excuser de ce qu’il n’a pas traicté d’abord sur l’avis et la délibération de
la province de Hollande , pour les raisons qu’il marque, mais on croit
qu’il eust failly s’il en eust usé autrement parce qu’il n’y a pas lieu de
s’en contanter que dans une extrémité dernière, et après qu’on auroit re-
cogneu que les autres provinces ne peuvent rien nous procurer de plus
favorable.
On ne doutte point que ledict sieur Servien ne trouve les moyens de les
faire sortir les unes et les autres des termes généraux et ambiguz où la
province de Hollande est jusqu’icy demeurée, pour explicquer clairement
ce à quoy chacun sera obligé. Quant aux voyes pour les faire venir à ce
point et la manière de le négotier, Sa Majesté l’a remis et continue de le
remettre, aussy bien que touttes les résolutions de cette affaire, à la pru-
dence dudict sieur Servien qui verra, estant sur les lieux, mieux qu’on ne
sçauroit faire de sy loing tout ce qui se peut et ne peut s’obstenir [!].
Cependant nous avons suject de nous resjouir que |:la mauvaise volonté
des députez de Hollande contre nous, et la conduicte qu’ilz ont tenue
pour favoriser les Espagnolz à nos despens, produira:| vraysemblablement
deux effectz tous contraires: l’un, de destromper les ennemis des fauces
espérances qu’ilz avoient conceues jusqu’icy de pouvoir achever leurs af-
faires sans la France, et de séparer ses intérestz de ceux de Messieurs les
Estatz; et l’autre, que la croyance que lesdictz ennemis ont que les Hol-
landois ne mettront point leur armée en campagne les fait endormir sur
les préparatifz que peut-estre ilz auroient fait sans cela, pendant que nous
n’oublions rien de nostre costé pour mettre noz trouppes en meilleur
estat et en plus grand nombre qu’elles n’ont esté touttes les années précé-
dentes , outre qu’ilz se sont espuisez d’argent pour faire |:bien aller leurs
négotiations:| dans lesquelles ilz fondoient leurs principalles espérances,
Sa Majesté ayant receu des avis de bon lieu |:qu’ilz y ont employé cinq
cens mil escuz:|, dont il y a apparence qu’ilz auroient tiré plus d’avantage
s’ilz s’en fussent servis |:dans la guerre et pour les apprestz de la campagne
prochaine:|.
Sa Majesté a esté bien ayse d’apprendre que |:madame la princesse
d’Orange se va disposant tous les jours de bien en mieux pour ce qui
nous regarde:|. Outre les motifz de craincte [!] et d’espérance que le sieur
Servien luy représente de fois à autre, |:pour la conduire:| où nous avons
besoing, il doit luy rebattre souvent celluy de la gloire, et |:la picquer que:|
les histoires soient un jour remplies de son nom, et qu’elles disent touttes
que c’est |:une princesse d’Orange qui par son addresse et sa prudence a
faict la paix entre les deux couronnes:|.
Si tant de raisons qu’on a autresfois escrittes et qu’on peut alléguer aux
Hollandois pour leur faire toucher au doigt que |:le mariage du Roy avec
l’infante d’Espagne est une pure chimère:| que les Espagnolz mettent en
jeu pour les espouvanter, et si |:le mariage du roy d’Espagne avec la fille
de l’Empereur qui doibt estre bientost suivy du voyage d’un des enfans
de l’Empereur en Espagne pour espouser l’infante, n’achève de convain-
cre un chacun de delà
bien public:|, les liaisons si estroictes qui se renouvellent entre les deux
branches de la maison d’Austriche, qui vont estre en peu de tempz réunies
en une seulle teste, Sa Majesté trouve bon que le sieur Servien donne de sa
part carte blanche là-dessus aux plus incrédulles, et qu’on l’engage à tout
en cas qu’il soit vray qu’on ayt icy aucune négociation là-dessus, ny la
moindre espérance que cette affaire soit faisable en quelque façon que ce
puisse estre; et si nous |:nous y attendions et que nous eussions la pensée
de faire un traicté secret là-dessus avec les Espagnolz, on pourroit nous
blasmer encores plus d’imprudence et de peu de cognoissance des affaires
que d’infidélité:|.
On ne sçayt pas ce qui peut avoir donné lieu à l’ambassadeur d’Hollande
qui est icy d’escrire de delà qu’on avoit surcis les préparatifz de la cam-
pagne , puisque c’est nostre plus grande affaire, et à laquelle on travaille
plus sérieusement et sans aucune discontinuation. On a desjà escrit à
monsieur le mareschal de Thurenne, |:pour avoir mil chevaux de son ar-
mée pour remplacer la cavalerie que Monsieur le Prince conduict en Ca-
talogne :|, parce que ledict sieur mareschal est en lieu propre pour les
refaire bientost s’il en est besoing, et pour l’infanterie, le sieur Servien
sçaura que présentement on lève pour la France en Allemagne, en Poul-
longne , aux Suisses, aux Grisons, en Italie, en Irlande, en Escosse et en
Angleterre, qu’en tous ces endroictz-là il y a des personnes expresses
avec de l’argent, et que chaque jour on void arriver desdictes trouppes.
Et comm’en effect nous espérons d’estre bien fortz, on ne s’est pas mis
en grande peyne d’en faire ostentation. |:Monsieur le Cardinal vit hyer
ledict ambassadeur et s’il mande tout ce qu’il luy a dict, le sieur Servien
s’appercevra bientost du bon effect que cela produira dans sa négotia-
tion :|.