Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
133. Servien an Mazarin Den Haag 1647 Februar 19
Den Haag 1647 Februar 19
Ausfertigung: AE , CP Holl. 43 fol. 341–353’ = Druckvorlage. Konzept, z.T. eigenhändig:
AE , CP Holl. 40 fol. 210–216’. Teildruck: van Prinsterer , 188.
Noch keine Antwort des Prinzen von Oranien in Sachen Besetzung des Bistums Orange;
Unterstellungen Buyseros gegen die Franzosen; Reaktion der Niederländer in der Bistums-
frage charakteristisch für die allgemeine Lage ihres Staates und die Schwierigkeiten, die sie
Frankreich bereiten; Bitte um Information über die genaue Rechtslage betreffend Orange.
Außerordentliche Bedeutung militärischer Unternehmungen in Flandern und entschlossener
Kriegführung im Reich; weiterhin widersprechende Berichterstattung Oosterwijks aus Paris.
Weitgehende Konzessionen Le Roys in wichtigen Verhandlungspunkten gegenüber den Nie-
derländern ; drohende Gefahr einer Vernachlässigung französischer Interessen. Notwendig-
keit entschiedenen Auftretens in Den Haag; Vorschlag, eine klare Entscheidung der Nieder-
länder für oder gegen das Bündnis mit Frankreich zu erzwingen; Berücksichtigung der Be-
denken Mazarins; mögliche Androhung französischer Handelssanktionen gegen die Nieder-
länder ; Notwendigkeit festen Auftretens; entsprechende Anweisung aus Paris jedoch
notwendige Voraussetzung hierzu. Bericht der heimgekehrten niederländischen Gesandten
an die Generalstaaten. Launenhaftigkeit der unter dem Einfluß Knuyts stehenden Prinzessin
von Oranien; moderates Verhalten Serviens ihr gegenüber. Seine Erklärung zur Aushändi-
gung des französischen Gesamtentwurfes für den Friedensvertrag mit Spanien vom 25. Ja-
nuar 1647 in Münster; durch dessen Übergabe jedoch keine Aussicht mehr, daß die Nieder-
länder den Spaniern mit Fortsetzung des Krieges drohen werden. Entzug der Interposition
aus den Händen der Niederländer wünschenswert. Unmöglichkeit der Gewinnung Knuyts
für Frankreich; Berücksichtigung der niederländischen Staatsverfassung beim Verhalten ihm
gegenüber. Schwierige Verhandlungen mit den Kommissaren der Generalstaaten; Garantie-
angebot Hollands (Erneuerung des Vertrages von 1635) nur im Extremfall akzeptabel und
daher bislang scharf zurückgewiesen, jedoch einem Bruch mit den Generalstaaten vorzuzie-
hen . Erfolglose Beschwerde Serviens über die genaue Unterrichtung der Spanier durch die
Niederländer. Vorschlag zur Verhinderung einer spanisch-niederländischen Waffenruhe zur
See. Befolgung der Anweisungen aus Münster zum Ultimatum an die Spanier, aber Bitte um
Unabhängigkeit hiervon bei den Garantievertragsverhandlungen. Spannungen zwischen
Servien und d’Avaux: dessen vermutlicher Wunsch nach Mißerfolgen Serviens in Den Haag;
entgegen der von d’Avaux betriebenen Propaganda nicht Servien, sondern d’Avaux selbst
für die Verzögerung in den Verhandlungen verantwortlich. Schädlichkeit der Erklärung
Longuevilles zu Lothringen; Befürwortung einer gemeinsamen Eroberung Luxemburgs mit
Herzog Karl IV. zum Ausgleich für den militärischen Ausfall der Generalstaaten; Bevor-
zugung einer Bindung Lothringens an die Krone durch Heirat. Vorschlag der Trennung der
Armee Turennes von den Schweden; Ungefährlichkeit seiner Zurückbeorderung über den
Rhein im Falle einer Nichtangriffszusage Kurbayerns; vielfältige Vorteile einer solchen Maß-
nahme für die französische Politik.
Je suis bien marry de ne pouvoir envoyer à Vostre Eminence par cet or-
dinaire la response de monsieur le prince d’Orange et les expéditions qui
la doivent accompagner touchant l’évesché d’Orange. Ce n’est pas faulte
d’y avoir faict les diligences possibles, mais à présent tout ce qui vient icy
de nostre part est long et dificile. Ledict sieur prince me fist beaucoup de
civilitez quand je luy rendis vostre lettre avec celle de l’évesque et du
révérend père Serroni , et me demanda plusieurs fois sy cette affaire ne
dépendoit pas purement du Roy, à quoy je respondis qu’encor qu’elle en
dépendist, Sa Majesté avoit désiré que tout se fist par son aggréement. Il
adjousta plusieurs protestations de service tant pour Leurs Majestez que
pour Vostre Eminence en particulier. |:Mais pour en parler franchement,
hors ces complimens qu’il répéta fort souvent et hors de propos, il ne me
fit pas un seul discours qu’en extravaguant:|.
Je fus parler de l’affaire en mesme temps à madame la princesse d’Orange
qui me fist bien d’abord quelques difficultez, mais luy ayant faict co-
gnoistre par diverses raisons qu’on ne pouvoit pas prendre une voye plus
civile à l’endroict de monsieur son mary, que de luy demander son ag-
gréement avant que de poursuivre les expéditons à Rome sur le concordat
faict entre deux particuliers et l’approbation que Leurs Majestez en a-
voient faicte, elle tesmoigna d’estre satisfaicte, ou du moins demeura
sans response.
|:Néantmoins j’ay sceu depuis de bon lieu que on a faict de cette poursuite
une affaire d’Estat et que:| les despesches de cette nature ayans à passer
par les mains d’un nommé |:Buseroy, nepveu de Knut, qui est secrétaire
particulier dudict sieur prince, et celuy qui sert de directeur secret à Phi-
lippes Le Roy, cet esprit malicieux a faict naistre des doubtes et des soup-
çons , comme si on n’avoit entrepris cette affaire, dans la conjoncture pré-
sente , que pour choquer monsieur le prince d’Orange. On veut faire pas-
ser le choix d’un religieux italien pour mystérieux, comme si en le vou-
lant establir dans une place qui est proche d’Avignon, on avoit intention
d’acquérir au Pape des créatures dans Orange qui puissent un jour faire
des entreprises sur la place:|. Vostre Eminence verra par là que |:la maladie
dudict sieur prince a tellement corrompu tous les estomacz de ceux de
cette maison-là qu’ilz convertissent toutes les meilleures viandes en ve-
nim :|.
J’ay esté contrainct de dire à ceux qui m’en ont parlé en formes de plain-
tes que c’est mal recognoistre la considération que Leurs Majestez ont
pour cette maison, et qu’on ne pouvoit pas user de plus de déférence que
de demander l’aggréement d’une résignation avant qu’en faire aulcune
poursuite ailleurs, y ayans lieu de croire que sy Leurs Majestez eussent
moins considéré ledict sieur prince, il n’eust pas esté malaisé de faire ex-
pédier des bulles à Rome sur cette résignation.
Sy l’affaire va en longueur et s’il fault venir à quelque contestation, il se-
roit bien à propos que je fusse informé au vray des droictz d’un chacun, et
qui a eu jusqu’icy la nomination de cet évesché. Car estant incertain sy
elle a appartenu cy-devant à noz roys ou aux princes d’Orange, j’ay aul-
tant d’appréhention de dire trop peu que de dire trop.
Je demande très humblement pardon à Vostre Eminence sy j’oze luy re-
présenter que |:jamais on n’eut tant de besoing en France de soustenir
hautement les affaires dans les Pays-Bas qu’aujourd’huy:|, non seulement
|:en apparence, mais en effect. Cette résolution produira bientost une paix
asseurée et advantageuse, rangera les ennemys à la raison, et tiendra les
alliez en devoir:|. Il y a tant de |:mauvaise volonté de part et d’autre qu’on
ne peut pas espérer de faire réussir les desseings de Leurs Majestez que
par la crainte que l’on donnera aux uns et aux autres:|. L’ambassadeur de
cet Estat |:continue d’escrire qu’on ne fera rien en Flandre cette année, ce
qui relève le cœur aux malintentionnez et le faict perdre aux autres. Si cela
estoit, nos ennemys deviendroient beaucoup plus difficiles dans les con-
ditions du traicté et nos amys plus hardys à faire leurs affaires sans nous,
ou du moins plus lens à prendre des résolutions en nostre faveur, qui ne
peuvent estre arrachées d’eux que par la seule crainte de nous voir conti-
nuer la guerre et nos progrès sans leur assistance:|. D’ailleurs les affaires
des Pays-Bas |:ne sçauroient estre soustenues foiblement que celles d’ Al-
lemagne ne s’en ressentent. Nous avions l’année passée donné des com-
missions pour y lever sept à huict mil hommes, et celle-cy il ne paroist pas
que l’armée de monsieur de Turenne ayt receu aucuns ordres pour estre
renforcée ny par des recrues ny autrement:|. Je sçay bien, Monseigneur,
que |:il n’est pas possible de pourveoir à tout, et j’admire tous les jours les
choses qui ont esté faictes jusqu’à présent, mais:| Vostre Eminence me
permettra de luy dire que |:nous sommes à la crise et que si avant que la
paix soit conclue et ratiffiée, on songe au mesnage, ou qu’on se divertisse
à d’autres desseings, on courra fortune de perdre une partye du fruict de
tous les travaux passez. Nostre grand intérest, présentement, est de raffer-
mir les peuples d’icy, et vous ne le sçauriez faire qu’en faisant paroistre le
Roy puissant dans leur voisinage:|.
On vient de me donner advis confidemment que |:Philippes Le Roy se
laisse entendre que son maistre donnera contentement à cet Estat sur les
poinctz desquelz les plénipotentiaires se sont relaschez à Munster, et qui
font que leur conduite n’est pas approuvée par quelques provinces:|. On
m’a asseuré que pour donner moyen à |:madame la princesse d’Orange de
se rendre agréable à ces peuples, il luy a promis que par son entremise on
se relaschera du poinct de la religion dans la mairye de Bos-le-Duc et
ailleurs, qui est le plus sensible en ce pays, et dont les Espagnolz ont tous-
jours accoustumé de faire très bon marché:|. On dict mesmes que Phi-
lippes Le Roy est entré en conférence avec quelques députez de la pro-
vince de Gueldres, qui a esté jusqu’icy la plus animée contre l’Espagne, et
qu’il leur donne espérance d’accorder le Haut Quartier
faict extrêmement appréhender que si les Espagnolz prennent résolution
de donner satisfaction à ces provinces sur tous les différendz particuliers
qui restent entre eux, elles considèrent fort peu, après cela, les intérestz de
la France. Je n’obmetz rien de tout ce qui peut dépendre de moy, mais
parmy des espritz préoccupés et intéressez, ce n’est pas estre bien fort
que de n’estre accompagné que de la raison:|.
J’envoye à Vostre Eminence la copie d’un advis qui m’a esté donné, elle y
verra comme |:les gens de bien de ce pays qui ayment la France nous con-
seillent d’agir. D’autres me font dire que je n’auray point raison de ces
gens-cy qu’en parlant plus hautement, et de faict l’ambassadeur de Dan-
nemark a demeuré six mois:| sans pouvoir tirer une résolution sur des
demandes |:très justes. Aussitost qu’il a menacé de se retirer sans dire
adieu, elle luy a esté donnée à son contentement. Le plus efficace discours
qu’on leur puisse faire à mon sens, est de leur mettre le marché à la main
s’ilz veulent observer l’alliance ou la rompre, et tesmoigner qu’on prend
les subtilitez qu’ilz y apportent pour une rupture qui laisse chacun en
liberté de faire ce qui luy plaira:|. Mais j’ay veu que Vostre Eminence
n’approuve pas que |:on aille si avant, quoyqu’en effect Messieurs les
Estatz ne cherchent autre chose par leurs difficultez et leurs responses
ambiguës, que de tenir la France engagée sans l’estre envers elle:|. Cepen-
dant Vostre Eminence ne juge pas qu’on doive |:se contenter de l’offre
qu’ilz font d’observer le traicté de 1635 :|. Toutes sortes de persuasions
|:sont inutiles pour obtenir davantage. Il faut donc nécessairement recou-
rir à d’autres moyens qui réduisent Messieurs les Estatz ou à faire ce
qu’ilz doivent, à quoy ilz ont peine de se ranger, ou à se déclarer autheurs
de la rupture des traictez d’alliance
sentiront jamais:|; et certes, quand je considère ce que |:l’ambassadeur de
Moscovie leur a faict faire pour ne préjudicier pas à un commerce de deux
cens vaisseaux qu’ilz envoyent toutes les années en ce pays-là, je ne doute
point que la crainte de perdre le commerce de France, qui pourroit estre
transporté à leurs voisins, et de voir fermer pour eux tous les portz du
Roy s’ilz se mettoient mal avec Sa Majesté, ne les ramène dans le devoir:|,
sy nous voulons nous servir de nostre |:advantage, et ne nous rendre pas
tout à faict supplians en des occasions où d’autres que nous sçauroient
fort bien donner la loy. Mais nous les avons tellement accoustumez à estre
flattez et recherchez, et ilz s’imaginent si fort que nous sommes incapa-
bles de prendre une résolution qui leur desplaise, quelque sujet qu’ilz
nous en donnent, qu’ilz pensent pouvoir faire impunément tout ce qui
leur plaist:|.
C’est pourquoy, Monseigneur, on |:ne viendra jamais à bout de ce qu’on
désire d’eux si on ne leur parle comme il faut. Mais:| il est malaisé que des
ministres subalternes le puissent faire |:sans ordre, et principalement
estants dans l’incertitude si leur conduicte sera approuvée:|.
Ç’a esté un effect de la prévoyance ordinaire de Vostre Eminence quand
elle a |:appréhendé l’arrivée en ce lieu des plénipotentiaires de Munster :|.
Ilz ont faict dans l’assemblée le récit que Vostre Eminence verra dans un
escript que je luy envoye, où il paroist |:beaucoup de malice, mais si gros-
sière qu’elle réussira plus à leur confusion qu’à nostre préjudice. Knut n’a
pas manqué d’agir à son accoustumée auprès de madame la princesse
d’Orange, l’esprit de laquelle est si changeant, que quand elle est trois
jours d’une humeur, elle en prend après une toute contraire:|. J’ay envoyé
fidellement à Vostre Eminence tout ce que j’y ay recognu de bon ou de
mauvais, et sy Vostre Eminence remarque du changement dans les diver-
ses relations que j’en fais, elle l’attribuera, s’il luy plaist, à |:la dame, et non
pas à moy:| qui ne puis faire aultre chose que rendre compte de la vérité,
sans y apporter aucun desguisement. |:Elle me donne tousjours de bonnes
paroles, mais j’apprendz de divers endroictz que ses actions ny les dis-
cours qu’elle faict ailleurs n’y respondent pas. J’en dissimule une partye,
et quelquesfois je luy fais cognoistre que je ne suis pas ignorant de ce qui
se passe, en meslant l’aigre avec le doux autant que je le croy utile. Néant-
moins , jusqu’icy je suis demeuré dans la modération, et je me persuade
que si cette conduicte ne l’a obligée à nous faire tout le bien que nous
désirerions, elle l’a au moins empeschée de nous faire tout le mal qu’elle
pourroit:|.
J’ay heureusement rencontré les intentions de Vostre Eminence sur la
|:délivrance qui a esté faicte à Munster de nostre traicté avec l’Espagne
ayant déclaré icy que sur la longueur qu’ilz ont apportée à authoriser
leurs commissaires:| pour convenir avec moy de la justice de nos deman-
des contre les Espagnolz, nous avons voulu faire veoir à un chacun qu’il
ne tient pas à la France que la paix ne se fasse, dont il ne fault point de
preuve plus évidente que le silence des députez qui n’ont pas daigné encor
faire response ny à divers articles très raisonnables que nous leur avons
faict présenter il y a plus de deux mois , ny à tout le traicté quand il
leur a esté communiqué au lieu de cela, et de se conduire comme on a
accoustumé de faire en de semblables négotiations. J’ay faict veoir qu’ilz
ne travaillent qu’à la division des alliez et à faire des invectives et des
manifestes contre nous, qui ne sont pas les voyes de réunir les espritz,
ny de restablir la paix et l’amitié. Mais certes, Monseigneur, je |:ne puis
plus espérer la déclaration que j’avois prétendu que Messieurs les Estatz
feroient aux Espagnolz, parce qu’ilz n’y pouvoient estre attirés que pour
nous obliger à donner les dernières résolutions du Roy, dans le doute où
ilz estoient que nous voulions tirer les affaires en longueur, et que main-
tenant ayans tout le traicté entre leurs mains, ilz ne croiront pas avoir
besoing de s’engager à rien pour sçavoir de nouveau les intentions de
Leurs Majestez qui leur sont toutes cognues:|.
Vostre Eminence verra par la dernière lettre que j’ay escripte à Munster,
dont je luy envoye la copie, quel seroit mon foible advis sur la dernière
offense qui nous a esté faicte par les plénipotentiaires de cet Estat. Il sem-
ble que toutes sortes de raisons nous obligent de |:ne laisser pas plus long-
temps les affaires du Roy entre les mains d’un ministre si passionné que
Pau, et que ceux qui se rendent icy nos accusateurs ne peuvent pas estre
noz médiateurs à Munster sans que nous en recevions très grand préjudice
dans la réputation et dans les autres intérestz de l’Estat:|. D’ailleurs il avoit
tousjours esté résolu entre nous que quand il fauldroit faire les dernières
formalitez et présenter le traicté en forme, nous ne pouvions recourir à
d’aultres qu’au |:Nonce et à l’ambassadeur de Venise sans leur faire une
plus grande injure que celle qu’ilz avoient desjà receue des ministres d’ Es-
pagne :|.
Quant à la pensée qu’a eu Vostre Eminence de |:gaigner Knut, c’est un
homme si infidelle qu’on n’y peut faire aucun fondement:|. D’ailleurs il
est constant que |:les Espagnolz luy ont faict de si grandes promesses
que nous ne pourrions pas le destacher d’eux par une semblable voye, et
puis, si nous nous servions de luy, nous perdrions l’assistance de tous ses
ennemys, qui est plus puissante et plus asseurée. Si Knut estoit principal
ministre dans un Estat monarchique, nous pourrions travailler utilement à
le regaigner; mais dans un Estat populaire comme celuy-cy, il est plus
seur, selon mon advis, de se tenir attaché aux gens de bien, et de combat-
tre ouvertement les meschans pour leur oster le moyen de nuire:|.
Je puis asseurer Vostre Eminence avec vérité que je n’ay pas obmis une
seule des raisons qu’elle me faict l’honneur de me marquer, et je me pro-
metz qu’elle en aura veu une grande partie dans l’escript que je donnay il
y a quelque temps aux commissaires qui traictent avec moy . |:Mais ces
espritz sont aussi opiniastres dans les matières d’Estat qu’en celle de la re-
ligion :|; on les peult bien convaincre, mais non pas persuader; |:ilz ne sça-
vent que respondre, mais pour cela ilz ne changent pas d’advis:|. Vostre
Eminence aura veu par ledict escript que je suis |:bien esloigné de me con-
tenter de l’offre de la Holande. Néantmoins, si en renouvellant par un
traicté celuy de 1635, on vouloit désadvouer par escrit tout ce qui a esté
faict et dict au contraire, je croirois qu’il seroit plus utile, dans une dernière
extrémité, de s’en contenter que de venir à une rupture avec cet Estat. J’ay
pourtant rejecté jusqu’icy:| cette proposition et en ay parlé comme d’une
|:deffaicte qui ne peut estre proposée qu’avec intention de tromper:|.
On sçait bien icy que les Espagnolz sont avertiz à point nommé de tout ce
qui s’y passe, mais quand nous en avons faict plainte, elles [!] n’ont servy
qu’à faire des recherches qui ont esté plustost contre ceux qu’on a cru de
nos amis que contre les ennemis de l’Estat.
Il me semble que nous n’avons point de meilleur moyen d’empescher la
|:cessation des hostilitez sur la mer, que de demander à Messieurs les
Estatz un nombre de vaisseaux suivant l’article douziesme du traicté de
1635 . J’en feray la demande au premier jour dans l’assemblée:|. Sy elle
n’est suivie de l’effect que nous attendons, elle pourra au moins |:rompre
les menées des Espagnolz, et faire continuer les hostilitez contre eux:|.
Je ne feray point icy d’instance pour leur donner un temps limité de se dé-
clarer sur le project du traicté sans avoir receu les advis de Munster. Je suplie
pourtant très humblement Vostre Eminence de ne |:me remettre pas à ce qui
doit venir de là pour la négotiation particulière dont je suis chargé, qui con-
cerne la garentye. Monsieur de Riperda me disoit encore hyer qu’il avoit fort
bien recognu en la conduicte de monsieur d’Avaux depuis mon départ, qu’il
ne voudroit pas que les affaires succédassent icy selon mon désir:|. Je rejettay
fort cette oppinion et fis semblant de ne la pouvoir croire, mais plusieurs
circonstances me |:font appréhender qu’elle ne soit vraye:|, et quand on
m’escript de Paris que les |:amys de monsieur d’Avaux y publient que depuis
mon esloignement, il a plus advancé la paix qu’on n’avoit faict en quatre
mois pendant que j’y estois, quoyque la France n’ayt plus rien à prétendre
de l’Empereur ny de l’Empire, j’ay sujet de me desfier de sa bonne volonté.
Cela tend encore à faire croire parmy le peuple que c’est le seul pacifique, et
que j’ay des ordres secretz pour retarder l’accommodement:|. Cependant
Vostre Eminence sçait qu’il y a trois mois que je me plains des difficultez
|:que monsieur d’Avaux seul apporte sur des vétilles, qui ont donné les im-
pressions qu’on a que nous ne voulons point la paix, et qui ont rebuté tout le
monde de nos contestations, comme je l’ay souvent mandé:|.
Je n’aurois pas ozé dire mon sentiment sur l’affaire de |:Lorraine, dont mon-
sieur de Longueville s’est expliqué en un temps qui ne nous pouvoit estre
plus préjudiciable:|, pour les prudentes considérations que Vostre Eminence
remarque. J’avois appréhendé d’abord que sy je |:y trouvois à redire:|, Vostre
Eminence |:ne crust que ce fust pour l’aversion que j’ay tousjours eue à cet
accommodement. J’ay bien peur que cette ouverture ne ruine le traicté où:|
Vostre Eminence |:estoit avec monsieur de Lorraine, qui ne voudra peut-
estre plus chercher son restablissement en se réunissant avec le Roy:|, puis-
qu ’il verra le |:pouvoir obtenir par une voye plus honorable en demeurant
dans le party qu’il sert:|. Je puis asseurer Vostre Eminence que |:les Espa-
gnolz estoient résolus de l’abandonner entièrement, et que Brun:| avoit dict
en une conférence qu’il seroit bien marry d’avoir faict |:un pas ny retardé un
moment le traicté pour le duc Charles, qui l’avoit voulu faire passer en Es-
pagne pour un traistre. Si on pouvoit reprendre une négotiation secrette avec
luy, et l’engager à prendre avec nous le Luxembourg, pour en faire un
eschange avec la Lorraine, j’en serois entièrement d’advis. Ce seroit un
moyen de soustenir hautement les affaires dans les Pays-Bas sans l’assistance
de Messieurs les Estatz, et peut-estre de nous récompenser aux despens des
Espagnolz de la restitution que nous ferions audict duc, qui ne seroit plus
tant à craindre quand ses Estatz seroient environnez partout de ceux du Roy.
Mais certes, à moins de nous ayder effectivement à conquérir une province
dans le Pays-Bas, j’aurois toute ma vie regret qu’on se fust deffoict de la
Lorraine:|, et j’aymerois mieux pour |:contenter Monsieur et Madame sa
femme faire le mariage du Roy avec la fille aisnée du second lict de Son Al-
tesse Royale
les conditions qui seroient stipulées, pour empescher que ledict duché ne
pust estre démembré de la couronne, quoy qui puisse arriver, quand mesme
Son Altesse Royale auroit des enfans masles :|.
Je croy certainement que l’intention des |:Suédois est de nous tenir long-
temps le bec en l’eau, sans se résoudre à la paix, ny tesmoigner leur des-
seing pour la continuation de la guerre. C’est la plus mauvaise résolution
et la plus préjudiciable pour nous qu’ilz sçauroient avoir:|. J’estime que
pour y remédier sans faire un dernier esclat, il fauldroit |:séparer d’eux
monsieur de Turenne et le faire revenir sur le Rhin, aussi bien puisque
nous n’avons pas envie d’estendre nos conquestes dans l’Empire. Il ne
sert là où il est que pour rendre la condition des Suédois meilleure dans
le traicté, et peut-estre pour les mettre en estat de se passer de nous quand
ilz auront pris un establissement certain dans la Suaube et dans la Franco-
nie :|. Il me semble que sy on pouvoit |:secrettement tirer parole du duc de
Bavière qu’il n’entreprendra point avec ses troupes contre les places que
les armes du Roy occupent, on pourroit sans péril rappeller sur le Rhin
monsieur de Turenne, dont les prétextes ne manqueront point, et après
cela se servir de son armée dans le Pays-Bas. Cette marche fera plusieurs
bons effectz. Elle rendra les Suédois plus traictables, qui ne pourroient
plus se plaindre de nous:| puisque nous ne sommes pas obligez d’agir
|:tousjours en conjonction, et qu’il suffit pour ne manquer point à l’ al-
liance de ne faire point la paix sans eux. Elle convieroit le duc Charles à
prendre plustost la condition qu’on luy offrira. Elle relèvera les affaires
du Roy en Flandres, estonneroit les habitans du pays, et tiendroit en con-
sidération ceux d’icy qui n’oseroient pas si facilement desplaire au Roy
que s’ilz nous voyent foibles et sans action dans leur voisinage:|.
Ich bitte Eure Eminenz um Vergebung, daß ich meinen Ansichten so offen
Ausdruck verleihe.
1 AE , CP Holl. 43 fol. 354–357: Advis donné à monsieur Servien par un gentilhomme de
Gueldre , s.l. 1647 Februar s. die, Kopie (teilweise chiffriert).
In Geldern wurde die Meinung verbreitet, der Friede mit Spanien sei in aller Form und
mit voller Befriedigung der niederländischen Ansprüche in Sachen Oberquartier von Gel-
dern , geistliche Gerichtsbarkeit in der Meierei ’s-Hertogenbosch und andernorts, Indien,
Schelde und Steuern in den flandrischen Häfen geschlossen worden. Nach Aufklärung des
Irrtums brachte Geldern seine diesbezüglichen Wünsche sowie die Forderung nach Resti-
tution der protestantischen Stände im Reich bei den Generalstaaten ein. Die geldrischen
Deputierten bemühten sich auch um die Unterstützung der anderen Provinzen und brach-
ten Groningen, die Städte von Overijssel (denen hoffentlich bald der Adel folgen wird)
und Utrecht auf ihre Seite; auch mit der Gewinnung Seelands ist zu rechnen. Wenn Gel-
dern sich dieser vier Provinzen völlig sicher ist, sollen die Forderungen in den General-
staaten per Mehrheitsbeschluß durchgebracht werden. Servien wird erstens gebeten, bis
dahin nicht auf eine Antwort auf seine Propositionen zu dringen; zweitens, französische
Truppenaushebungen zur Durchsetzung der hessen-kasselischen Satisfaktion anzukündi-
gen ; drittens, die Verwendung der normalerweise den Generalstaaten ausbezahlten Sub-
sidien für französische Aushebungen anzukündigen, die teilweise in den Vereinigten Pro-
vinzen durchzuführen wären. Auf diesem Wege sind die französischen Ansprüche in Sa-
chen Garantie und Feldzug wahrscheinlich durchzusetzen.
2 AE , CP All. 81 fol. 23–30’
Ripperdas und Clants an die Generalstaaten über ihre Verhandlungen mit Spanien seit der
Unterzeichnung der 70 Artikel einer provisorischen Übereinkunft im Juli 1646, Münster
1647 Februar 3, Kopie (frz.) .
3 Duplikat von nr. 131.