Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
117. Servien an Brienne Den Haag 1647 Februar 12
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Den Haag 1647 Februar 12
Ausfertigung: Ass.Nat. 277 fol. 311–322’, 211
AE , CP Holl. 43 fol 281–294’. Kopie, mit Lücken : AE , CP Holl. 40 fol. 185–195.
Angeblicher Wandel der politischen Stimmung in den Niederlanden zugunsten Frankreichs;
Zweifel Serviens; seine Schwierigkeit, Vertrauenspersonen zu finden; Unentschlossenheit der
Niederländer. Trotz dieser Schwierigkeiten Erfolge Frankreichs; Zustimmung mehrerer Pro-
vinzen zu den spanisch-niederländischen Provisional-Artikeln vom 8. Januar 1647 steht noch
aus; aus Italien und den Spanischen Niederlanden werden Einwände dagegen berichtet, daß
die Spanier Separatverhandlungen mit den Niederländern den Vorzug geben. Abweisung
Bruns durch die Provinz Holland; ergebnislose Suche der Niederländer nach den Initiatoren
dieser Reise; Befragung des Prinzen von Oranien über seine Kenntnis; erfolglose Mission
Lisolas bei den Oraniern; Zurückweisung seiner Verhandlungsangebote durch Servien; Ab-
sichten Bruns und Lisolas: Erreichen einer Übereinkunft zwischen Spanien und den Ver-
einigten Provinzen; Durchkreuzung der Garantieverhandlungen Serviens. Gründe für Ser-
viens Ablehnung von Verhandlungen mit Brun in Den Haag. Begründung seiner Zurück-
weisung von Verhandlungen über die Proposition Hollands zur Vertragsgarantie; Hinter-
gedanken Hollands; eventuell zuletzt Annahme des holländischen Garantieangebotes;
dennoch Notwendigkeit festen Auftretens gegenüber den Niederländern; deren unnachgie-
bige Verhandlungsweise. Widerstand gegen die Vertragsgarantie sowohl seitens der Friedens-
wie der Kriegspartei in den Niederlanden; Charakterisierung beider Parteien. Notwendig-
keit intensiver französischer Rüstungsvorbereitungen, auch um die Kriegspläne Prinz Wil-
helms (II.) von Oranien zu fördern; trotz des Zweifels an seiner Unterstützung durch Hol-
land mögliche Verzögerung des Friedensschlusses seinetwegen. Nachteilige Berichterstattung
Oosterwijks über die französischen Feldzugspläne; Bedeutung starker Rüstungen in Flan-
dern. Resolution Hollands, nicht am Feldzug teilzunehmen. Beschwerden der zurückgekehr-
ten niederländischen Gesandten über ihre Behandlung durch die Franzosen; Verweigerung
eines Dankes für die von ihnen geleisteten Dienste durch die Generalstaaten. Zufriedenheit
der Prinzessin von Oranien mit der von Oosterwijk berichteten französischen Gunst ihr ge-
genüber. Aus der Unterstützung der kurbrandenburgischen Interessen durch d’Avaux resul-
tierende Vorteile für die Verhandlungen in Den Haag; Verwunderung über die lange Ver-
handlungsdauer mit den Schweden. Versuch, Prinz Wilhelm (II.) von Oranien von den
Nachteilen bei Ausbleiben des Garantievertrages zu überzeugen. Empfang der Verhand-
lungsvollmachten. Anstößiges Verhalten der mantuanischen Gesandten in Münster.
Chacun me veult encor faire croire qu’il paroist icy un changement nota-
ble dans les espritz, et qu’au lieu qu’on parloit il y a trois sepmaines de la
paix de cet Estat avec l’Espagne avec aultant de chaleur et de certitude que
sy elle eust deu estre publiée trois jours après, maintenant, on n’en dict
plus rien qu’avec très grande incertitude, jusques-là que plusieurs com-
mencent à doubter sy elle se fera. Pour moy, je ne m’apperçois point de
ce grand changement, et je treuve tousjours les affaires dans un estat fort
vacillant, non seulement pour ne sçavoir à qui s’addresser, ny à qui s’as-
seurer, mais pour avoir à faire avec des gens qui ne sont pas bien résoluz
entre eux de ce qu’ilz veullent faire et |:qui, n’ayans plus aujourd’huy de
conducteur, vont comme un troupeau sans berger se divisans et s’esquar-
tans sans qu’on les puisse réunir:|. Encor que peult-estre ilz n’ayent pas
tant de disposition à faire |:tout le mal auquel:| ilz ont esté cy-devant por-
tez, je ne remarque pas encor qu’ilz soient |:résolus à tout le bien que nous
pourrions espérer avec raison, et j’appréhende bien qu’on n’eust icy be-
soing d’une personne plus capable pour se desmesler de tant de difficultez
qui:| se présentent à chaque moment.
Il me semble |:pourtant que si on n’a pas peu encores ramener entièrement
les espritz au point que nous souhaittons:|, on les a pour le moins empes-
chez de se jetter dans le précipice sur le bord duquel ilz s’estoient portez,
et que nous avons |:desjà gaigné trois choses assez considérables: la pre-
mière:|, que ce qui a esté faict à Munster n’a point eu de suite et que l’on
doubte s’il doibt estre approuvé. La |:seconde, que:| monsieur Brun qui
venoit icy par concert secret |:avec les plénipotentiaires de Munster:|, et
sur l’espérance que les personnes puissantes de ce lieu luy avoient don-
nées qu’il y seroit receu favorablement, a esté renvoyé avec un esclat qui
faict veoir clairement à tout le monde que |:la paix n’est pas si advancée
que l’on croyoit:|, ny l’intelligence sy bonne entre ces provinces et les
Espagnolz que ceux-cy l’avoient voulu persuader. La troisiesme, que |:la
province de Hollande, qui proposa:| au mois d’aoust dernier qu’il |:nous
falloit déclarer nettement que cet Estat n’est engagé avec la France que
pour les intérestz du Pays-Bas, a si tost changé de langage qu’elle:| offre
par les articles dont j’ay envoyé la copie d’observer religieusement les
traictez de 1635 et 1644
au contraire. Il y en a une quatreiesme, que je treuve plus importante que
les aultres, qui est la bonne disposition où sont à présent la pluspart des
espritz qui commencent à estre désabusez des faulces impressions qu’on
leur avoit données, et à perdre entièrement l’aversion qu’ilz avoient prise
contre nous.
Ce n’est pas peu d’avoir rompu les mesures des Espagnolz et de ceux qui
les favorisent en ce pays, qui commencent tous à cognoistre que cette
signature d’articles
que non seulement l’intérest de la France et la réputation de l’Estat sont
considérez par les plus sages, mais qu’il y a quelques provinces qui pour
leur intérest particulier ne veullent pas approuver ce qui a esté faict. Cette
diversité d’oppinions embarrasse fort les ennemis et leurs adhérens, et
leur fera peult-estre cognoistre enfin qu’un traicté sy important qui doibt
establir le repos de la chrestienté, et auquel la France a tant de
peult pas estre conclud sans elle, et qu’on ne doibt pas prétendre d’y ari-
ver en ne prenant que des chemins destournez comme on a faict jusqu’à
présent. Je voy par les advis d’Italie, et par ceux mesmes qui viennent des
provinces des Pays-Bas qui obéissent au roy d’Espagne, que les plus en-
tenduz aux affaires n’ayans jamais espéré un bon effect des négotiations
particulières, ont receu plus de desplaisir que de joye quand ilz ont appris
qu’on ne s’amusoit qu’à cela, et qu’on ne travailloit point à la généralle,
sçachant fort bien qu’il n’y a que le grand chemin qui puisse conduire à la
paix, et qu’ilz ne seroient pas exempts de mal si la guerre continuoit avec
la France seule. Au contraire, il y en a plusieurs qui jugent qu’elle seroit
d’aultant plus dangereuse pour eux qu’on auroit subjet de craindre qu’elle
ne fust plus longue, puisqu’ilz n’ont pas tant d’intérest au succès bon ou
mauvais qu’elle peult avoir qu’aux incommoditez et pertes qu’elle leur
faict souffrir.
la Hollande a esté grande à ne permettre pas la venue de
monsieur Brun en ce lieu, qui n’a laissé aulcune bassesse ny aulcune offre
d’argent pour convier Messieurs les Estatz à ne luy faire pas cet affront.
On a donné trois divers jugemens contre luy, et les raisons dont il s’est
servy dans la lettre qu’il a escripte aux estatz de Hollande (dont j’envoye
copie, celles qui s’addressoient à Messieurs les Estatz Généraux et à mon-
sieur le prince d’Orange n’ayans point esté rendues
n’a [!] faict que remplir les espritz de défiance, et les a obligé à faire des
perquisitions assez hardies et désobligeantes pour sçavoir qui avoit donné
espérance à Brun, sans la permission de l’Estat, qu’il seroit très bien receu
en ce lieu. Ceux qui s’estoient engagez à cela, de quelque condition qu’ilz
puissent estre, n’ont pas ozé paroistre, et encore moins l’avouer, pour ne
faire pas esclatter davantage la mortification qu’ilz ont receue en cette
occasion. Quatre députez
Gent, Beveren, Veth und Roorda; vgl. Extraict de la résolution de Messieurs les Estatz
Généraux, [Den Haag] 1647 Februar 5; frz. Kopie: AE , CP Holl. 43 fol. 221–221’. Im
Anschluß an ihre Untersuchungen beschlossen die Gst., Brun zu beschleunigter Weiterreise
nach Münster anzuhalten (ebd.). Über diese Deputation informierte auch Joachim de Wic-
quefort die Franzosen; vgl. seinen Brief an [Servien], [Den Haag] 1647 Februar 6; Ausf.:
AE , CP Holl. 40 fol. 160–160’; Auszugskopien (Kanzlei Serviens; ohne Absender, Emp-
fänger und Ort): AE , CP Holl. 43 fol. 235 (von der Hand Alards, nicht chiffriert); AE ,
CP Holl. 43 fol. 237–237’ (teilweise chiffriert, in der Kanzlei Mazarins dechiffriert; Lem-
ma: Advis de Hollande) ; AE , CP Holl. 43 fol. 240 (teilweise chiffriert, nicht dechiffriert);
Ass.Nat. 277 fol. 210 (teilweise chiffriert, in der Kanzlei Briennes dechiffriert). – Adriaan
Veth (gest. 1663), Rechtsgelehrter, 1647 seeländischer Abgeordneter bei den Gst.; er hatte
seine Laufbahn als secretaris, dann pensionaris seiner Vaterstadt Middelburg begonnen,
wurde raad van Vlaanderen, 1651 secretaris der Staten van Zeeland, 1658 seeländischer
raadpensionaris; er galt als integre Persönlichkeit und erklärter Gegner Muschs ( BAB 701,
10ff. und 16–22; 708, 328f.; Poelhekke, 380). – Zu Gent, Beveren und Roorda s. Anm. 9 zu
nr. 64.
d’Orange pour apprendre de luy ce qu’il en sçavoit. Ilz n’ont raporté aul-
tre chose sy ce n’est qu’un nommé Isola luy avoit faict demander au-
dience pour luy rendre une lettre et luy parler de la part de monsieur
Brun, et qu’il avoit respondu qu’il ne pouvoit avoir aucun commerce
avec eux jusqu’à ce qu’ilz eussent permission de l’Estat de venir icy. Ma-
dame la princesse d’Orange m’a aussy asseuré qu’elle n’avoit point voulu
veoir ledict Isola, de sorte que ny l’un ny l’aultre de ces ministres n’a pas
raporté beaucoup de satisfaction de son entreprise. Le mesme Isola m’a
faict sonder pour sçavoir sy je vouldrois le veoir, se laissant entendre qu’il
feroit des ouvertures dont je ne serois pas fasché. Je m’en suis excusé,
croyant que ceux qui ont de bonnes choses à dire ne prennent jamais de
mauvaises voyes, et que c’ettoit un piège qu’il me vouloit tendre pour
avoir lieu de faire treuver mauvais que j’eusse empesché sa réception puis-
que je ne faisois pas scrupule d’entrer en conférence avec luy. Je luy ay
faict sçavoir clairement, et à tous ceux qui m’en ont parlé, que Munster
est le seul lieu où la négotiation avec l’Espagne se doibt faire, et que ses
ministres ne peuvent pas agir avec bonne intention quand ilz cherchent de
la transporter en d’aultres lieux.
A la vérité, le voyage dudict Brun et d’Isola n’avoit pas esté mal concerté à
Munster, mais Dieu nous a faict la grâce de rompre icy tous leurs desseins,
et de faire réussir les choses à leur confusion aussy bien que de ceux qui leur
avoient donné ce conseil. J’ay esté adverty qu’ilz estoient venuz principa-
lement pour deux fins: l’une, pour accommoder les poinctz qui font bruict
dans les provinces et qui empeschent que l’on n’appreuve ce qui a esté faict
par les plénipotentiaires de cet Estat, en offrant en mesme temps la ratifi-
cation de tous les articles qui ont esté signez; l’aultre, de s’opposer à la
garentie que je poursuis, laquelle les Espagnolz voyent bien devoir affermir
l’union de la France avec cet Estat, et leur boucher le chemin à toutes les
|:liaisons qu’ilz ont desseing de faire avec ces provinces aprez la paix:|.
Ledict Brun m’avoit faict dire par diverses personnes que son principal
dessein, en passant icy, estoit de traicter avec moy, et qu’il croyoit qu’en
deux jours nous pourrions tumber d’accord sur tous les diférens qui res-
tent entre la France et l’Espagne; mais c’ettoit certainement une amorce
qu’il me vouloit donner pour me faire consentir à sa venue, affin qu’il se
pust prévaloir de ma simplicité, et que l’espérance trompeuse qu’il me
donnoit d’avancer les affaires de la France servist de couverture à l’inten-
tion secrète qu’il aportoit de les traverser, et de faire icy des menées con-
tre le service de Leurs Majestez. Sy les espritz de ce pays se fussent treu-
vez en la disposition où ilz ont esté aultresfois, et qu’on eust peu s’asseu-
rer de la sincérité de Brun, peult-estre n’eust-il pas esté désavantageux de
l’entendre; mais ayant considéré |:l’estat chancellant où sont les peuples,
et:| ayant esprouvé en beaucoup de rencontres que |:Brun n’agit pas sincè-
rement:|, j’ay estimé que |:il eust esté très périlleux, en cette saison, de luy
laisser prendre habitude avec les espritz qui n’ont pas la fermeté requise:|,
et que sans doubte il y avoit plus de mal à craindre que de bien à espérer
de sa négotiation, quand mesme j’eusse eu le pouvoir d’y entrer avec luy
et que le respect que je doibs à monsieur de Longueville ne m’en eust pas
destourné. Je vous fais ce discours, Monsieur, à cause que monsieur Brun
a faict de grandes plaintes de ce que j’ay refusé une entreveue, et qu’il a
tasché de persuader que c’est un effect de l’aversion que nous avons con-
tre tout ce qui peult avancer la paix. C’est aussy affin que vous sçachiez
que ce n’est pas par caprice que je m’en suis deffendu, ny par une modé-
ration affectée que j’ay refusé un honneur dont peult-estre quelqu’aultre
eust esté chatouillé, qui est celuy de conclurre la paix laquelle Leurs Ma-
jestez désirent si ardemment, mais pour n’exposer pas les intérestz du
Roy au péril où je les eusse mis sy j’eusse laissé introduire une négotiation
|:parmy des gens qui ont leur paix toutte faicte et qui ne peuvent rien
escoutter de ce qu’ilz croyent capable de la rompre ou retarder, quelque
raisonable qu’il puisse estre:|.
Je suis obligé de vous faire un semblable raisonnement sur la résolution de
|:la province de Hollande:| dont je vous ay envoyé copie par le précédent
ordinaire . On aura pu croire |:d’abord qu’il y a de quoy se contenter, et
qu’il vaudroit mieux en passer par là que de retarder plus longtemps les
affaires en tenant encores ferme pour obtenir davantage:|. Vous pouvez
croire, Monsieur, que cognoissant comme je fais le désir que la Reyne a
d’avancer la conclusion de la paix, je n’ay point de plus grande passion
que de servir Sa Majesté selon sa volonté, et mon honneur particulier et
ma satisfaction s’y rencontrent. Mais s’il vous plaist de faire considérer
que ce n’a esté que |:l’advis d’une seule province, avec laquelle:| je ne
puis pas traicter quand j’en aurois la volonté, que les aultres n’ont point
encor pris de résolution sur cette affaire, que toutes les conférences que
j’eusse peu faire sur |:la proposition de la Hollande:| n’eussent servy qu’à
|:descouvrir mes sentiments:|, sans pouvoir rien conclure, et à donner de la
jalousie aux |:autres provinces qui sont touttes mieux disposées que celle-
là, et qui perdant:| l’espérance d’estre appuyées |:par la France dans les
demandes nouvelles qu’elles font, eussent pu changer d’inclination et
nous estre contraires:|, n’y ayant rien qui unisse les affections sy forte-
ment que la conformité des intérestz, on jugera sans doubte que c’eust
esté se précipiter mal à propos dans une négotiation non seulement inca-
pable de produire aucun effect, mais préjudiciable.
C’est pourquoy pour tirer quelque profit du temps |:que les autres pro-
vinces employeront encor à prendre leurs résolutions:|, j’ay estimé devoir
|:combattre celle de Hollande et:| monstrer par un escript dont j’ay aussy
envoyé la copie , qu’entre bons amis et alliez il fault parler plus franche-
ment, et ne garder point (comme ilz disent par deçà) d’arrière-pensées.
Car on ne peult pas croire |:sans se flater:| que l’intention de ceux qui
ont |:porté la Hollande à prendre cette résolution:| soit aultre que de |:te-
nir, s’ilz peuvent, la France engagée envers cet Estat sans qu’il le soit en-
vers la France qu’autant qu’il luy plaira; et c’est le but qu’ilz ont eu en
demeurant sur les termes généraux et ambigus qu’ilz ne veullent point
expliquer clairement, qui:| ont obligé quelquesfois quelques-uns d’entre
eux des plus gens de bien de dire aux aultres qu’on ne tiendroit pas pour
homme de bien un particulier qui, ayant faict un contract, chercheroi〈t〉
les difficultez et les défaictes pour ne l’exécuter pas |:que cet Estat a cher-
chées jusques icy pour n’observer pas ceux des années:| 1635 |:et:| 1644. Ce
n’est pas, Monsieur, que quand |:les autres provinces auront donné leurs
advis, s’ilz:| sont entièrement contraires à |:celuy de Hollande, il ne soit
plus à propos de s’en contenter si on ne peut mieux faire, que de rompre
faute d’obtenir tout ce qu’on désire; pour peu d’esclaircissement ou de:|
bonne intention qu’on adjouste |:à ce que la Hollande a desjà résolu, nous
aurions subject d’en demeurer satisfaictz:|. Mais pour obliger des espritz
couvertz comme ceux-|:cy, et qui traittent fort finement à s’expliquer de
leurs véritables intentions et de ce qu’on doibt attendre d’eux quand le
besoing arrivera:|, j’estime qu’il |:leur faudra déclarer nettement que:|
Leurs Majestez entendent d’observer de bonne foy les traictez d’alliance
pourveu que Messieurs les Estatz en fassent aultant de leur costé, mais
qu’elles entendent aussy de demeurer en la mesme liberté qu’eux, et de
ne tenir la France obligée qu’aux mesmes choses pour lesquelles ilz reco-
gnoistront d’estre obligez envers elle.
La pluspart de nos amis et tous ceux qui cognoissent les humeurs de ce
pays |:s’accordent en cela qu’il fault leur parler hardiment s’ilz ne veullent
se mettre à la raison, et qu’on n’en puisse venir à bout par autre voye:|.
Oultre que la |:crainte est:| ordinairement plus puissante que |:l’affection,
et mesme que la raison, sur des espritz mercenaires comme ceux-cy, nous
avons esprouvé depuis que nous traictons avec eux, que l’on ne peut arra-
cher que par force les choses qui ne leur plaisent pas, pour justes qu’elles
soient:|. Ilz cherchent ordinairement leurs advantages |:dans la négotiation
jusques à ce qu’ilz se voyent à deux doigts de la rupture, sans s’esmouvoir
des plaintes ni des reproches qu’on leur faict, ni:| des raisons qu’on leur
allègue; mais il nous a tousjours paru que quand |:ilz se voyent hors d’es-
pérance de réussir, ilz:| ne font pas scrupule de |:revenir tout court, de
crainte de se brouiller avec nous, appréhendant extrêmement la rupture:|
des traictez précédens qui sont tous |:à leur advantage. Ilz:| croyent mes-
mes de recevoir de l’honneur de toutes les |:aigreurs qu’ilz ont excitées
contre eux:|, s’en servant comme d’une marque de leur diligence et des
effortz qu’ilz ont faictz pour parvenir à leurs fins.
C’est une chose estrange que |:ceux qui veullent la paix:| à quelque prix que
ce soit, et |:ceux qui ayment mieux la continuation de la guerre:|, s’accor-
dent en quelque façon à |: contrarier le traicté de garentie:|. Les derniers
s’imaginent que tandis qu’elle |:ne sera point accordée:|, il n’y aura point
|:de paix, et que la France n’ayant pas son compte fera de nouveaux effortz
contre l’ennemy qui engageront insensiblement cet Estat à rentrer dans le
jeu et à mettre en campagne pour ne nous veoir pas proffiter dans leur voi-
sinage sans y prendre part:|, et tous ceux qui pensent |:d’obliger le prince
Guillaume sont de:| ce sentiment, croyant en premier lieu que pour bien
|:establir son auctorité dans ces provinces lorsqu’il succédera aux charges
de son père:|, il fault que ce soit par quelque |:employ de guerre, et:|
qu’après cela il sera malaisé de |:engager ces peuples à l’entretènement ***
considérable de gens de guerre si:| la garentie asseurant bien l’exécution du
traicté qui sera faict avec l’ennemy, les met tout à faict hors d’appréhention.
Parmy les premiers, il y en a de trois sortes: les uns estans |:espagnolisez
dans l’âme, craignant qu’un nouveau traicté avec la France n’oste la liberté
à cet Estat de s’unir avec l’Espagne aprez que la paix sera faicte, les autres,
qui:| ne pénètrent pas les affaires par delà l’escorce, s’imaginent qu’en effect
estans |:trop estroictement attachez à nos intérestz, ilz se trouveront malgré
eux engagez dans touttes nos querelles avec l’Espagne:|, et par conséquent,
selon leur opinion, |:hors de moyen de jouir du repos que:| ilz veullent ac-
quérir. Les troisiesmes |:ne sont ni Espagnolz ni grossiers et:| sçavent bien
que les précautions que nous offrons les peuvent exempter de tous les nou-
veaux troubles qui ariveront cy-après, sy ce n’est que les Espagnolz rom-
pent actuellement le traicté, |:mais ilz sont fins:| et |:industrieux et se servent
de la malice d’une partie de leurs compagnons et de la stupidité des autres
pour les engager tous à nous contredire affin que ne s’expliquant point
clairement dans le traicté de garentie, ilz soient en liberté de faire ce qu’il
leur plaira et nous tenir engagez sans l’estre:|.
Oultre les raisons qui obligent cette année de mettre les forces du Roy en
meilleur estat que les précédentes, on doibt, ce me semble, considérer que
|:monsieur le prince d’Orange ne pouvant pas durer longtemps:|, certaine-
ment, |:s’il venoit à faillir comme:| on a subjet de le croire, |:monsieur le
prince Guillaume feroit tous ses effortz pour engager Messieurs les Estatz à
mettre leur armée en campagne, et:| se tiendroit désobligé de ceux qui ne
vouldroient pas favoriser ce dessein. Il y en a qui croyent que |:la Hollande
mesme:| ne luy refuseroit pas ce contentement. Pour moy, je doubte extrê-
mement que |:il en puisse venir à bout:|, et ne puis comprendre sur quoy se
fondent ceux qui |:luy donnent cette espérance:|. Je luy ay déclaré assez fran-
chement que Leurs Majestez souhaittent |:la paix, mais il ne laisse pas de
croire qu’elles ne seroient pas faschées que la guerre continue encores cette
année:|. C’est pourquoy, Monsieur, je croy que |:à touttes fins il se fault pré-
parer:| et qu’il se pourroit bien faire que |:les traictez iront en langueur pour:|
les intérestz de cet Estat quand mesme |:ceux de la France seroient adjustez:|.
L’ambassadeur de ces messieurs leur a escript par le précédent ordinaire
qu’on avoit mis en surscéance les préparatifs de guerre, et par le dernier,
qu’on vouloit faire cette année le plus grand effort du costé d’Italie, et
demeurer en Flandre seulement sur la défensive. |:Cela n’a pas produict
un bon effect et flaté la vanité de ces gens-cy qui:| s’imaginent tousjours
que |:on n’oseroit rien entreprendre sans eux dans les Pays-Bas:|. Pardon-
nez-moy, Monsieur, sy j’oze vous dire que sy vous |:ne faictes que de
faux-semblans, ilz ne produiront que de faux advantages:|, peult-estre
mesme |:en acquerront aux ennemis qui n’estans point divertis par les for-
ces de cet Estat, pourront paroistre avec touttes les leurs sur la frontière
de Picardie ou attaquer quelqu’une des places que le Roy possède dans la
Flandre. Mais si les finances du Roy permettent encor d’avoir une bonne
armée:|, l’on fera veoir que l’on ne s’estonne point pour |:la deffection des
alliez:| et qu’on sçait soustenir les affaires d’une puissante couronne avec
dignité, |:l’on donnera cœur à ceux qui, pour obliger la France, prennent
icy des résolutions hardies, et:| certainement on avancera le traicté de paix
aux conditions que l’on désire.
|:La province de Hollande a déclaré aux autres qu’elle n’a ni la commodité
ni l’inclination de mettre en campagne
Vgl. Extraict de la résolution prise par Messieurs les Estatz Généraux betr. die Erklärung
Hollands, nicht am kommenden Feldzug teilnehmen zu wollen, [Den Haag] 1647 Februar
10; frz. Kopien: AE , CP Holl. 43 fol. 236; AE , CP Holl. 43 fol. 238; vgl. auch den
Druck von Auszügen aus dem Beschlußregister der Gst. vom 6. und 19. Februar 1647:
Knuttel nr. 5454. – Servien war durch Wicquefort am selben Tage davon unterrichtet
worden; vgl. Wicquefort an [Servien], [Den Haag] 1647 Februar 6 (s. Anm. 7). – Diese
Erklärung wurde im April 1647 erneuert; vgl. den Druck dieser neuerlichen Erklärung
Hollands gegen die Teilnahme am Feldzug (it. ÜS): Siri IX, 1255f.
de toutes les aultres comme faicte hors de propos et plus propre à retarder
la paix qu’à l’avancer. Il y auroit plus de subjet de s’en plaindre sy |:elle
n’avoit accoustumé de faire presque touttes les années la mesme chose
So auch im Vorjahr, am 17. August 1646; vgl. das Memorial [Brassets] zur holländischen
Erklärung gegen eine Beteiligung am Feldzug, mit anschließenden Notizen zu verschiede-
nen politischen Nachrichten aus den nördlichen und den Span. Ndl.n, [Den Haag] 1647
Februar 7; Kopie: AE , CP Holl. 43 fol. 241–242’.
pour obliger les autres provinces à payer plus soigneusement leurs con-
tributions, et si elle n’avoit cru maintenant par ce procédé d’oster l’espé-
rance de la continuation de guerre à celles qui la désirent, comme la Guel-
dre et la Zeelande:|.
Il est arivé icy quatre des plénipotentiaires qui estoient à Munster , qui
dans la mauvaise humeur qu’ilz ont apportée nous ont donné un nouvel
exercice. J’ay sceu qu’ilz ont desjà faict leur raport où ilz nous attac-
quent et se plaignent d’avoir esté maltraictez et offensez par monsieur de
Longueville et par monsieur d’Avaux, voulant intéresser l’Estat dans le
mauvais traictement qu’ilz disent avoir receu. C’est de cette sorte qu’ilz
pensent s’exempter de la satisfaction qu’ilz nous devroient faire. Je
m’estois tousjours attendu à ce dernier chocq dont je tascheray de me
deffendre le mieux qu’il me sera possible après avoir sceu l’impression
qu’ilz auront mise dans l’esprit de leurs supérieurs. Quoy qu’ilz ayent
sceu dire, ilz n’ont point esté remerciez du service qu’ilz ont rendu,
comme c’est la coustume quand l’Estat a satisfaction de ses ministres. La
province de Hollande en estoit d’advis, mais les six aultres y ont résisté,
en quoy le sieur de Nederhost a eu grand avantage, ayant eu cy-devant
lesdictz six provinces favorables et la seule de Hollande contraire aux ac-
tions de grâces qu’on luy vouloit faire.
Madame la princesse d’Orange a esté avertie par l’ambassadeur de cet
Estat qui est à Paris des favorables discours qui ont esté tenuz d’elle après
la réception de mes lettres, dont elle paroist fort touchée. Cela me don-
nera sans doubte plus d’accès auprès d’elle, et plus de moyen de la porter
aux choses qu’on a à désirer pour le service de Leurs Majestez.
Je me suis servy fort utilement des bons offices que monsieur d’Avaux a
renduz à monsieur l’électeur de Brandebourg, dont j’ay esté adverty de
temps en temps par les lettres de monsieur de Longueville, ce qui est venu
fort à propos pour combattre des advis tous contraires que Knut avoit
malicieusement donnez à madame la princesse d’Orange. Mais je ne puis
comprendre comment il a fallu faire une si longue négotiation avec les
Suédois pour les obliger à recevoir ce qu’ilz avoient cy-devant demandé,
et dont ilz nous avoient chargé par escript de faire la proposition de leur
part à monsieur l’électeur de Brandebourg . J’avoue que j’ay esté extrê-
mement surpris de ce procédé et que j’avois cru toutes ces dificultez ter-
minées lorsque monsieur de Crosicq et moy eusmes disposé, dès le jour
de mon arivée , monsieur l’électeur de Brandebourg à consentir aux de-
mandes des Suédois, et que je sceuz qu’estant arivé à Clèves, il avoit dé-
pesché promptement monsieur le comte de Vitgestein avec plain pouvoir
pour achever cette affaire, les ministres de ce prince asseurant qu’il a
grande recognoissance de la protection que Leurs Majestez ont prise de
ses intérestz.
Vous verrez, Monsieur, par ce que j’ay marqué cy-dessus, la raison qui
oblige |:le prince Guillaume et ceux qui deppendent de luy de contrarier:|
la garentie du traicté, |:croyant que:| dès qu’elle sera accordée, la paix s’en
ensuivra fort peu de temps après, ce que les inclinations |:martialles de ce
jeune prince ne:| luy permettent |:pas d’approuver. Je tasche de:| luy faire
cognoistre que sy on ne convenoit pas de cette garentie, il y auroit beau-
coup d’inconvéniens à craindre, |:préjudiciables à son auctorité, et que:| sy
l’intention de ceux qui ont cy-devant proposé |:une ligue entre la France,
l’Espagne et les Provinces-Unies pour la seureté des Pays-Bas:| estoit sui-
vie, on n’auroit plus besoin de |:gens de guerre en ce pays:|.
J’ay receu les pouvoirs qu’il vous a plu de m’envoyer
Zwei Versionen der Vollmacht Ludwigs XIV. für Servien zum Abschluß eines Garantie-
vertrages mit den Generalstaaten (frz.), Paris 1647 Januar 2, übersandt als Beilagen zu
Brienne an Servien, Paris 1647 Februar 1; Ausf. des Briefes: AE , CP Holl. 40 fol.
140–143; Kopie: Ass.Nat. 273 fol. 80–81. Eine der beiden Fassungen verzichtet auf den
Verweis auf die aus den Allianzverträgen von 1635 und 1644 (s. Anm. 4) erwachsenden
Garantieverpflichtungen; Kopie der Fassung mit diesem Verweis: AE , CP Holl. 37 fol.
440–440’ – Kopien der Fassung ohne diesen Verweis: AE , CP Holl. 37 fol. 438–438’ (be-
glaubigt durch Cornelis Musch, 1647); AE , CP Holl. 37 fol. 441–442; Ass.Nat. 278 fol.
215’–216’.
vostre prévoyance de m’en avoir faict expédier deux affin que je me puisse
servir de celuy qui se treuvera le plus propre à contenter les espritz de
ceux avec qui j’ay à traicter.
Les députez de Mantoue qui sont à Munster mériteroient bien qu’on fist
des plaintes d’eulx à madame la duchesse et à ses aultres ministres de la
conduicte qu’ilz ont tenue avec nous. Car certes ilz ne se sont pas com-
portez en bons alliez, et toutes les dificultez qu’il y a eues sur l’affaire de
Casal et aultres sont plus venues d’eux que des Espagnolz, ayant sceu de
bonne part que ces derniers leur ont tousjours dict qu’ilz en passeroient
par où ilz vouldroient.