Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
103. Servien an [Mazarin] Den Haag 1647 Februar 5
Den Haag 1647 Februar 5
Ausfertigung: AE , CP Holl. 43 fol. 204–216 = Druckvorlage. Eigenhändiges Konzept: AE ,
CP Holl. 40 fol. 146–154. Teildruck: van Prinsterer , 181–185.
Beilage 1. Angeblicher Widerstand Prinz Wilhelms (II.) von Oranien gegen einen franzö-
sisch-niederländischen Garantievertrag aufgrund seiner militärischen Ambitionen; Schwie-
rigkeit der Position Serviens durch die Gefahr der Verärgerung des Prinzen; Notwendigkeit
seines Wohlwollens für eine niederländische Feldzugsbeteiligung; Serviens Einschätzung:
Verlängerung des Krieges um ein weiteres Jahr für Frankreich ungefährlicher als das Risiko
eines Separatfriedens der Niederländer. Eklat durch die Abweisung Bruns; kurzer Aufent-
halt Lisolas in Den Haag; Gründe für Serviens Ablehnung von Gesprächen mit Brun; offen-
sichtlich dringender spanischer Friedenswunsch. Wechselhaftes Verhalten der Prinzessin von
Oranien; Vorschläge für eine engere Bindung ihres Hauses an Frankreich: Pension, Erhe-
bung einer oranischen Besitzung in Frankreich zum Herzogtum und zur Pairie, deren terri-
toriale Arrondierung? Forderung der Prinzessin von Oranien nach Abtretung Dünkirchens;
offene Ablehnung Serviens. Vorschlag der Überlassung von Plätzen aus dem französischen
Teilungsbereich in den Spanischen Niederlanden an die Generalstaaten im Falle deren künf-
tiger Eroberung durch jene. Verhandlungen über den angebotenen Verrat Antwerpens; Vor-
sicht Serviens; Bedeutung des Unternehmens. Bitte um Dank Mazarins an die Landgräfin
von Hessen-Kassel für die Unterstützung durch ihre Gesandten in Den Haag; eventuell
Höflichkeitsbrief an die Prinzessin von Oranien. Konformität des generell moderaten Auf-
tretens Serviens in Den Haag mit den Anweisungen Mazarins; bisweilen weniger zurückhal-
tendes Vorgehen auf Anraten befreundeter Niederländer. Notwendigkeit der Demonstration
der französischen Fähigkeit zu alleiniger Kriegsführung gegenüber Freund und Feind. Keine
niederländische Furcht vor einer spanisch-französischen Heirat mehr. Beschwerden Serviens
stets über einzelne Niederländer, nicht über ihren Staat insgesamt. Anzeichen positiveren
Verhaltens der Niederländer gegenüber Frankreich; dadurch den Spaniern offenbar wer-
dende Unmöglichkeit eines Übergehens der französischen Interessen; Nachteile durch die
Vorspiegelung perfekten Einvernehmens zwischen Frankreich und den Generalstaaten. Ge-
fahren derzeitiger Initiativen für einen neuen Feldzugsvertrag. Bewertung des holländischen
Beschlusses zur Garantie. Unverminderte militärische Anstrengungen Frankreichs probate-
stes Mittel zur Gewinnung des Friedens; Vorschlag der Beschwerde bei Oosterwijk über die
durch die niederländische Politik verursachte Erhöhung der französischen Kriegskosten. Ver-
handlungen über die Überlassung von Schiffen durch die Generalstaaten vermutlich proble-
matisch . Postwesen. Geringer Nutzen Prinz Wilhelms (II.) von Oranien für Frankreich; Ver-
halten Serviens gegenüber der Prinzessin von Oranien: deren Unbeständigkeit. Von Servien
gegen einen niederländischen Separatfrieden mit Spanien vorgebrachte Argumente. Loyali-
tätsbeteuerungen George Gorings jun. Nachrichten über eine eventuelle militärische Unter-
stützung Spaniens durch das englische Parlament nach einem niederländischen Separatfrie-
densschluß . Angebot der Übernahme abgedankter niederländischer Truppen.
Avant que de respondre à la lettre qu’il a plu à Vostre Eminence de m’ es-
crire du 25 du mois passé, j’auray l’honneur de luy rendre compte de
quelques particularitez assez importantes qui se présentent en la négotia-
tion dont je suis chargé, oultre ce qu’elle verra dans celle que j’escrips à
monsieur le comte de Brienne, dont je luy envoye la copie.
Une personne très intelligente m’a voulu faire croire aujourd’huy que |:je
n’ay plus d’autre obstacle en la garentye que je poursuis que de la part de
monsieur le prince Guillaume; lequel, craignant ou que la garentye accor-
dée ne fasse trop tost conclurre la paix, ou qu’elle ne la rende si asseurée
que cet Estat, y prenant trop de confiance, ne veuille plus entretenir qu’un
fort petit nombre de gens de guerre, empesche soubz main par ses amys
qu’elle ne soit résolue:|. Cette affaire est |:extrêmement délicate, et:| j’aurois
bien besoin, pour séparer l’ombre du corps et me tirer de l’obscurité où elle
me met, de ces grandes lumières qui esclairent toutes les résolutions que
Vostre Eminence a accoustumé de prendre. |:Monsieur le prince Guillau-
me , certainement, a inclination pour la France, mais je crains, encore que je
luy aye déclaré que nous allons sincèrement à la paix pourveu qu’elle soit
advantageuse et honorable à la France et pour cet Estat, que le désir de
gloire qui possède le cœur de ce jeune prince, et l’envie d’establir son au-
thorité par les armes après la mort de son père qui n’en peut plus, ne luy
fassent préférer la continuation de la guerre à la conclusion trop prompte
de la paix, et que ceux qui le conseillent ne se servent de son authorité pour
retenir les affaires en suspens par le retardement de la garentye. Si je le prie
de cesser les poursuites qu’il faict parmy ses amys comme contraires à cel-
les dont je suis chargé, j’appréhende de refroidir sa bonne volonté, et le
rebuter du desseing qu’il a d’engager ces gens-cy, pour l’amour de luy, à
faire encore l’effort d’une campagne dont peut-estre nous aurons besoing si
les Espagnolz ne se mettent à la raison:|. Je tascheray avec |:l’assistance de
ceux à qui je puis parler d’une matière si chatouilleuse, de me démesler de
cet embaras le mieux qu’il me sera possible:|, allant tout droict au but qui
m’est ordonné par Vostre Eminence, sans m’amuser à oster toutes les
pierres que je treuveray en mon chemin. Il est pourtant beaucoup |:moins
périlleux pour nous de continuer encore la guerre une année que de courre
fortune de voir faire la paix de ces provinces sans que celle de la France soit
conclue en mesme temps.
Ceux qui avoient engagé Brun à venir icy sont enragés de l’affront qu’il a
receu. Un de ses parens nommé Isola n’a pas laissé d’y venir effronté-
ment , soubz prétexte d’y:| apporter deux lettres de sa part, l’une à Mes-
sieurs les Estatz Généraux
|:il a veu monsieur de Sainct-Ybal qui ne me l’a pas désadvoué:|. Il eust
bien désiré de parler à moy, mais je m’en suis excusé, et qu’il ayt tasché de
me faire persuader par |:Sainct-Ibal:| que Brun ne venoit icy que pour
conclurre en deux heures avec moy tous les diférens qui restent entre la
France et l’Espagne. Un aultre se fust peult-estre laissé chatouiller de cette
vanité, mais j’ay respondu que je n’avois icy aucun pouvoir et que sy on
avoit bonne intention, il falloit l’aller faire paroistre à Munster. La raison
de ma response a esté, oultre le respect que j’ay voulu rendre à monsieur
de Longueville, que cette conférence n’eust servy que de couverture pour
faire icy quelques dangereuses menées parmy des espritz vacilans et qu’on
n’a pas encor tout à faict retirez des préocupations qu’on leur avoit voulu
donner contre nous. D’ailleurs, l’on eust peu treuver à redire que j’eusse
conféré avec des gens dont j’avois empesché la venue, ce qui eust peu faire
naistre des soupçons préjudiciables dans un pays qui n’est desjà que trop
remply de défiance. J’ay envoyé un homme exprès en la ville où Brun a
esté arresté pour estre asseuré de ce qu’il sera devenu; ce sont des gens
qui ont tant d’effronterie que quand on leur ferme la porte, ilz taschent de
monter par les fenestres. Il est pourtant aisé à juger que les Espagnolz
|:souhaictent ardemment la paix avec nous et qu’on n’a point besoing de
se précipiter à Munster:|, estant certain que le |:changement qu’ilz voyent
en ce pays si contraire à leur attente les espouvante extrêmement.
Madame la princesse d’Orange tesmoigne beaucoup d’envie de revenir.
Mais outre qu’on n’y peut pas prendre une entière confiance, à cause
qu’elle a l’humeur extrêmement changeante, selon mon opinion elle estoit
entrée dans de si grandz engagemens qu’elle ne sçait aujourd’huy comme
faire pour s’en retirer:|. Je croy bien que |:elle voudroit que cette occasion
luy fist recevoir des biensfaictz de la France et de l’Espagne, en recevant
ceux-cy comme par grâce dont elle demeureroit obligée, et les autres
comme le payement d’une debte, pour les pertes et dommages qu’on a
faict souffrir à sa maison:|. J’ay tasché moy-mesme de |:luy ouvrir ce che-
min pour la ramener, en me plaignant de ce que ses agens avoient faict un
secret d’une négotiation qui devoit estre publique, estant très légitime:|, et
que c’ettoit plustost la forme que la matière qui avoit donné du soupçon,
puisque nous eussions tous esté raviz de |:la servir dans ses intérestz con-
tre l’Espagne, et:| d’employer le nom de Leurs Majestez pour luy en faire
avoir raison. S’il y avoit de la |:fermeté dans son esprit:|, je penserois sou-
vent de |:l’avoir gaignée. Mais, à la visite suivante, je luy trouve l’esprit
flottant; et quand elle auroit eu bonne disposition en effect, je remarque
qu’elle n’ose pas agir pour nous ouvertement auprès de ceux qu’ elle-
mesme a cy-devant faict agir d’une autre façon, et je voy fort bien que
quelques-uns de ses dépendans continuent de nous faire du mal:|.
J’ay sceu qu’on a aultresfois soigneusement recherché de faire |:prendre
une pension considérable à monsieur le prince d’Orange, et qu’il l’a tous-
jours refusée. S’il y avoit lieu maintenant d’en parler:|, peult-estre n’a-t-on
jamais esté dans une conjuncture où l’on ayt eu |:plus de besoing d’attacher
à la France toute cette maison. Monsieur de Niderhost me dict hyer en
confiance que ce seroit un bon moyen de remettre les espritz, au moins
celuy de madame la princesse d’Orange qui est fort intéressé:|. En effect,
Monseigneur, quand on |:n’a que des paroles à opposer contre des advan-
tages réelz que les ennemys offrent, il est bien malaisé de réussir:|. Selon
mon foible sens, une grande |: pension seroit aussi utilement employée de
ce costé-là que celles que l’on donne aux princes de la maison de Savoye.
Monsieur le prince Guillaume comme gouverneur de toutes les provinces,
dans les grandes délibérations, aura tousjours l’authorité de les faire pan-
cher où il voudra, et nous pourrons nous asseurer par ce moyen qu’il les
empeschera de faire jamais une plus estroicte union avec l’Espagne après la
paix, qui est tout ce que nous devons plus craindre. Monsieur de Niderhost
me proposa comme de luy si on ne pourroit pas ériger en duché et pairrie
quelqu’une des terres que monsieur le prince d’Orange possède en France,
en y adjoustant quelque autre terre du domaine du Roy:|. Il n’est pas as-
seuré que |:l’offre fust acceptée, mais elle seroit tousjours très obligeante, et
ce ne seroit pas peu de mettre parmy les ducz de France, et entre les vassaux
du Roy, celuy qui sera le directeur d’une république dont l’amitié nous est
si nécessaire:|. S’il plaist à Vostre Eminence de me faire sçavoir les volontez
de la Reyne sur ce subjet, j’obéiray ponctuellement à ce qui me sera ordon-
né . Sy on agrée le dernier expédient, il faudra |:donner la jouissance de la
duché à madame la princesse d’Orange sa vie durant.
Elle m’a dict par deux fois que le Roy devoit donner Donkerque à cet
Estat:|. La première, j’ay faict |:le sourd et changé de discours. La seconde,
j’ay esté obligé de respondre qu’on avoit faict courre ce bruict pour nous
nuire, et pour faire croire que nous ne voulions point la paix; que sans
doute elle me faisoit cette ouverture pour me sonder, mais:| que je luy
protestois sincèrement que Leurs Majestez vouloient la paix; que soit
qu’elle se fist ou qu’elle fust encor diférée, |:cette place seroit aussi bien
en la disposition de Messieurs les Estatz appartenant au Roy, que s’ilz y
avoient leur garnison. J’adjoustay en riant que les peuples d’icy avoient
tesmoigné tant d’appréhension d’estre nos voisins qu’il n’y avoit pas ap-
parence qu’ilz voulussent le devenir par le moyen de Dunkerque. Qu’on
n’a jamais eu la pensée en France de s’en deffaire, et qu’on ne l’auroit
jamais:|, puisque sy ce qu’on a faict jusqu’à présent pour |:cet Estat n’a
pas pu asseurer son amitié, il seroit difficile qu’une place de plus le pust
faire, et l’année suivante les peuples de ce pays ne s’en souviendroient pas
mieux que de tous les autres biensfaictz receus de nos roys. Je crus luy
devoir franchement oster cette prétention, qui en effect est ridicule:|.
Ce mesme discours et quelques aultres de pareille nature ayant esté
faict[z] par des personnes sensées et qui ont inclination pour la France,
m’obligent de proposer à Vostre Eminence sy |:pour engager Messieurs
les Estatz à mettre en campagne en cas que les Espagnolz ne concluent
pas le traicté avec nous, il ne seroit point à propos de leur offrir que s’ilz
prennent sur l’ennemy quelque place du partage du Roy, elle leur demeu-
rera . Car outre la despense, l’estat où est monsieur le prince d’Orange, et
la jalousie qu’il a contre son filz, quand ilz n’ont point icy d’entreprise à
faire que celle d’Anvers, ilz ont sujet de craindre que tous leurs effortz ne
soient inutiles pour eux et qu’ilz ne servent qu’à favoriser noz progrès qui
ne leur plaisent pas.
Le bourgeois de Flessingues est party d’icy pour aller travailler à sa négo-
tiation . Je luy ay donné quatre lettres de créance escriptes et signées de ma
main , qui ne m’engagent à rien, et qui sont sans addresse. Il les a désirées
pour s’en servir et s’authoriser, m’ayant asseuré que le gouverneur et le
sergent-major luy ont franchement déclaré qu’ilz veulent changer de mais-
tre . L’une est pour ledict gouverneur, l’autre pour le sergent-major, la
troisième pour le gouverneur de Bruges
neur de Gant . Il m’a asseuré avoir des habitudes particulières avec tous,
et il a grande intelligence avec les habitans calvinistes de ces trois villes.
C’est un homme qui est discret, riche et cognu icy. Il se promet de faire
réussir son desseing, et ne doute point de l’exécution pourveu que les
troupes du Roy puissent aller jusques-là:|. Je luy ay tesmoigné qu’il vaul-
droit mieux |:former une entreprise sur Bruges ou sur Gand, à cause que
l’autre est du partage de Messieurs les Estatz
der , et avec lesquelz nous ne voudrions pas nous brouiller pour cette pla-
ce , ny pour quoy que ce soit:|.
Je suplie Vostre Eminence d’avoir |:l’esprit en repos et de ne craindre pas
que je me sois engagé à rien qui puisse nuire. La chose est si importante
qu’on ne la peut mespriser. J’ay pris mes précautions en sorte que quand
il auroit parlé à moy par ordre secret de Messieurs les Estatz pour des-
couvrir si nous ne voulons point empiéter sur leur partage, je l’aurois sa-
tisfaict par ma response:|. J’attends avec impatience les ordres de la Reyne
et le pouvoir nécessaire pour traicter cette affaire en cas que |:elle puisse
réussir:|.
Je suplie très humblement Vostre Eminence de vouloir prendre la peine
de remercier Madame la Lantgrave des assistances que ses députez m’ont
donnée en ce lieu. Ils agissent avec aultant de zèle et de diligence pour
l’avancement de nos affaires que s’ilz estoient au service du Roy.
Je ne sçay sy une lettre de compliment de la part de Vostre Eminence à
|:madame la princesse d’Orange ne seroit point aussi nécessaire pour res-
tablir l’amitié avec elle:|. Néantmoins, sy cela faict tant soit peu de peine à
Vostre Eminence, je serois bien marry de le proposer, aussy bien l’effect
qu’on en peult espérer n’est pas |:si asseuré avec un esprit changeant
comme celuy de cette dame, qu’il faille se contraindre:|.
Sy je pouvois rendre compte à Vostre Eminence sans l’importuner de tous
les discours que j’ay faictz en ce pays et des raisons dont je me suis servy
pour faire cognoistre à ces gens-cy que le plus souvent ilz agissent contre
leur propre intérest, elle cognoistroit que je n’ay pas obmis une seule des
puissantes considérations dont il a plu à Vostre Eminence de m’instruire
par sa dernière dépesche du 28 e du mois passé. S’il a pleu à Vostre Emi-
nence de jetter les yeux sur les diverses pièces que j’ay desjà envoyées et
qui sont jointes à cette dépesche, elle verra que j’ay heureusement rencon-
tré ses sentimens en beaucoup de choses. J’ay passé quelquesfois un peu
plus avant |:lorsque noz amys m’ont faict advertir qu’il le falloit faire. Les
espritz sont entreprenans et cherchent leurs advantages ou leur commodi-
té :| par toutes sortes de voyes |:si on leur laissoit faire; mais comme il n’y
en a point qui ose venir jusques à la rupture avec nous, ny nous désobliger
entièrement, il est quelquesfois nécessaire de leur parler fortement pour:|
leur faire comprendre qu’on ne souffrira pas avec raison toutes leurs en-
treprises , et leur faire toucher au doigt les maux qui leur pourroient ariver
s’ilz n’estoient tousjours soigneux de conserver l’amitié de la France.
Il n’y a pas trois jours que quatre personnes des plus accréditées dans
l’Estat m’envoyèrent dire que je n’aurois pas |:raison de ces espritz si je
ne criois un peu plus fort, et si je n’usois de menaces. Monsieur de Crosik
leur dict à tous que:| ilz sont bien heureux d’avoir à traicter avec un am-
bassadeur qui leur parle sy doucement, et que s’il avoit un grand roy,
comme moy, pour le protéger, qu’il les mèneroit bien d’une aultre façon.
|:Le résident de Suède
Pieter Spiering, geadelt Silfvercrona (gest. 1652), Niederländer in schwed. Dienst;
1636/1637–1640 schwed. Res. in Amsterdam, 1640–1649 als Nachfolger von Ludwig Ca-
merarius (1573–1651) in Den Haag ( SMK VII, 15f.; Palmstierna , 78f.; Repertorium I,
489, 494; APW II C 3, 10 Anm. 2; Poelhekke , 571 führt ihn unter dem Vornamen Ha-
rald ).
qu’il veut:|. L’ambassadeur de Moscovie
Seit dem 19. November 1646 hielt sich eine von den Gst. und dem Pz.en von Oranien
empfangene, ao. moskauische Gesandtschaft in Den Haag auf, u.a. um offiziell die Regie-
rungsübernahme durch Zar Aleksej Michajlovič (s. Anm. 4 zu nr. 53) mitzuteilen ( Poel-
hekke , Frederik Hendrik, 549). Die Gesandtschaft war am 10. September 1646 aus Ar-
changelsk abgereist und wurde geführt von Milsolavskoj, der von Bajbakov’ begleitet
wurde; Spiridonov’ war 1646 als zaristischer Kurier vorausgesandt worden, um die Mis-
sion vorzubereiten; nach halbjährigem Aufenthalt in Den Haag trat die Gesandtschaft die
Rückreise an und berichtete am 9. Oktober 1647 dem Zaren ( Scheltema , 180–201, bes.
182; Azbučnyi Ukazatel ’ II, 296; Polovzev II, 417f.). Wenn in den frz. Akten auch von
den moskauischen Botschaftern im Plural die Rede ist, könnten die beiden letztgen. Ges.
oder einer von beiden mitgemeint sein. – F. Il’ja Danilovič’ Milsolavskoj (gest. 1668),
stol’nik, wurde am 16. Januar 1648 Schwiegervater des Zaren und in der Folge bojar ( Az-
bučnyi Ukazatel ’ II, 29; Stammtafeln NF II T. 151; Longworth , Index, 296; nicht
zugänglich war uns Berkh , V.N.: Tsarstvovanie tsaria Alekseia Mikhailovicha. Sankt Pe-
tersburg 1831). – Ivan’ Bajbakov’ (gest. nach 1662), d’jak’; später mit verschiedenen ad-
ministrativen , militärischen und diplomatischen Aufgaben betraut, u.a. bei den russisch-
schwed . Grenzkommissionsverhandlungen in Nowgorod 1662 ( Azbučnyi Ukazatel ’ I,
35; Polovzev II, 417f.). – Matvej Nikiforovič Spiridonov’ (gest. nach 1666), war 1645
anläßlich der Thronbesteigung des Zaren auch nach England gesandt worden; 1647 wurde
er wojwode, nahm verschiedene diplomatische Missionen wahr und ist zuletzt als Regi-
mentskommandeur der Strelitzen nachweisbar ( Azbučnyi Ukazatel ’ II, 296; Polovzev
XIX, 255f.) (ich danke Frau Dr. Anuschka Tischer für die ÜS der russischen Literatur;
Daten wahrscheinlich nach dem alten Kalender).
lettres de son maistre debout et teste nue. J’ay pourtant différé jusqu’icy
d’en venir à aulcune aigreur. Je suis demeuré dans une très grande retenue,
n’en ayant point veu encor de nécessité pressante que celle de la venue de
Brun où il m’a fallu nécessairement, |:suivant le conseil de nos amys, leur
faire appréhender mon départ s’ilz le recevoient icy:|.
Il est vray, Monseigneur, comme Vostre Eminence le remarque admi-
rablement bien à son accoustumée, que l’oppiniastreté des ennemis a esté
souvent advantageuse au feu roy pendant sa vie et à la reyne régente après
sa mort. J’espère qu’il en arivera de mesme en cette occasion pourveu que
les forces de Sa Majesté soient en bon estat au printemps prochain. Jamais
les effortz de la France ne furent plus nécessaires qu’aujourd’huy pour
faire cognoistre aux amis |:infidelles:| qu’on se peult passer d’eulx, et aux
ennemis qu’ilz ne peuvent jamais nous faire rien faire par mauvaises voyes
ny contre la volonté de Leurs Majestez. Quand |:cette résolution ne seroit
pas nécessaire pour se garentir du mal, et pour acquérir une paix advan-
tageuse , elle le seroit tousjours pour faire voir dans le public que:| ce n’est
pas par l’instigation des alliez mais volontairement qu’on s’y porte, et
qu’on ne s’estonne pas par la mauvaise conduicte d’aultruy; aultrement
on n’osteroit jamais de l’oppinion du monde que nous n’y sommes venuz
que par force ou par appréhention. Il reste encor ce pas à faire pour le
triomphe du Roy et pour la gloire de ceux qui conduisent ses affaires, de
monstrer que nos alliez nous ont esté utiles, mais non pas tout à faict
nécessaires, et qu’on peult faire la guerre et la paix sans eux. |:Les uns et
les autres ne nous verront point dans cette généreuse résolution, qu’ilz ne
viennent à la raison; mais:| il y en a beaucoup qui s’imaginent que nous ne
sommes pas |:capables de la prendre, et encore moins de l’exécuter:|.
Vostre Eminence me fera bien l’honneur de croire que sy je ne repasse pas
toutes les puissantes raisons contenues dans sa lettre, c’est pour n’abuser
pas de sa bonté, n’y ayant point de response à faire que par l’exécution de
tout ce qu’elles contiennent.
Je ne voy pas que |:l’appréhension du mariage de l’infante fasse plus au-
cune impression dans les espritz quoyque monsieur Brun ayt très mali-
cieusement et faussement faict dire à madame la princesse d’Orange que
je l’en avois recherché à Munster depuis peu:|. Chacun cognoist icy que la
chose n’est pas faisable, et les Espagnolz ont esté contrainctz d’ayder eux-
mesmes à destromper les espritz quand on a voulu sçavoir d’eux sy les
bruictz qui ont couru cy-devant avoient quelque fondement, sy bien
qu’on croid icy mesme parmy ceux qui ne nous ayment pas, que ç’a esté
un artifice dont nous nous sommes serviz pour les intimider, qui ne nous
a pas réussy. Un des anciens de l’Estat m’en parloit l’aultre jour en ces
termes, ce qui faict veoir la trempe de leurs espritz qui pour se justifier
d’avoir trop légèrement adjousté foy à des bruictz sans fondement, veu-
lent maintenant nous rendre coulpables de leurs faultes.
Je n’ay pas manqué aussy, comme Vostre Eminence m’ordonne, d’ addres-
ser mes plaintes, quand j’ay esté contrainct d’en faire, contre les particu-
liers qui ont failly, en me louant tousjours de la prudence et des bonnes
intentions de l’Estat.
Le refus du passeport de Brun et l’ordre qui luy a esté envoyé de ne pas-
ser pas par icy, les plaintes publicquement faictes contre les plénipoten-
tiaires de Munster, la bonne réception faicte à monsieur de Nederhost
avec approbation de sa fermeté, la délibération qu’on faict par les provin-
ces pour désavouer les aultres, les demandes nouvelles qu’on propose de
faire aux Espagnolz nonobstant la signature des articles
qui paroist en quelques endroictz de continuer plustost la guerre que de
faire la paix, sont des démonstrations assez grandes pour faire cognoistre
aux ennemis qu’ilz n’en sont pas où ilz pensent, et qu’on ne peult pas
achever une affaire de cette importance, où nous avons tant d’intérest,
sans parler à nous. |:A la vérité, de leur faire croire que l’union entre la
France et cet Estat est parfaicte, ilz ont d’assez bons amys dans le pays
pour sçavoir ce qui en est, et toutes les choses dont nous voudrions nous
abstenir pour ne leur donner pas la cognoissance des petites mésintelli-
gences qui sont entre nous, ne serviroient qu’à nous causer du préjudice,
et à laisser plus d’ardeur et plus de facilité de nous faire du mal.
La plus grande difficulté se rencontrera au traicté de campagne, duquel je
n’oserois encor parler, et ne le sçaurois faire sans préjudicier à celuy de la
garentye, et peut-estre sans ruiner les deux:|.
Vostre Eminence verra ce que j’en escrips à monsieur le comte de Brien-
ne , et à quoy |:la province de Holande qui est la plus contraire s’est desjà
portée sur ladicte garentye. C’est desjà un pis-aller dont nous sommes
asseurés, qui ne sera pas mauvais à prendre si l’on ne peut mieux, et c’est
beaucoup que la province qui a proposé au mois d’aoust dernier qu’il
falloit réduire la garentye aux Pays-Bas, ayt desjà changé d’advis et re-
cognu qu’elle doit estre générale suivant les traictez. Il y auroit sujet de
s’en contenter si elle avoit pris cette résolution avec bonne intention, et
qu’elle ne se fust pas servye en beaucoup d’endroictz de termes captieux
qui tendent plustost à s’eschapper des difficultez qu’à les résoudre:|.
Mais je suplie très humblement Vostre Eminence de n’avoir pas désagréa-
ble que je luy représente encor que sy on interrompt les préparatifs de la
campagne et sy on n’y met de bonne heure, nous ne ferons rien en aucun
lieu. Il se pourra bien faire que les seuls apprestz produiront l’effect que
l’on souhaite. L’ambassadeur de cet Estat qui est à Paris a escript qu’on
avoit modéré à la cour depuis quelque temps les pensées de la guerre.
Cette oppinion rend ces gens plus paresseux à se déclarer, et s’il m’est
permis d’en dire mon sentiment, on doibt dire qu’il y a des plénipoten-
tiaires à Munster et à La Haye avec ordre et pouvoir de résouldre les
choses nécessaires pour la paix, et qu’en France on ne songe qu’à la guerre
qui est le plus asseuré moyen de l’obtenir. Il ne seroit peult-estre pas inu-
tile de se plaindre à cet ambassadeur de ce que la lenteur de cet Estat à
prendre ses résolutions et la précipitation de ses plénipotentiaires à Mun-
ster ayans redonné du cœur aux ennemis, nous engagent à redoubler nos
despenses et nos effortz, voyant qu’on révocque icy en doubte l’exécution
des traictez d’alliance .
Je prendray mon temps pour demander des vaisseaux à Messieurs les
Estatz et n’oublieray rien pour obtenir cette assistance. J’ay desjà com-
mencé d’y préparer quelques-uns de mes amis affin que la proposition
n’en soit pas mal receue. On me faict appréhender qu’il y aura grande
difficulté et que Messieurs les Estatz n’ont jamais peu se rendre favorables
à cette demande. Nous verrons sy l’espargne que la prise de Mardicq et de
Donkerque leur donne moyen de faire, les rendra plus raisonnables. Je ne
manqueray pas d’observer soigneusement tout ce que Vostre Eminence
m’a faict l’honneur de m’ordonner sur ce subjet.
Elle considérera, s’il luy plaist, qu’il n’y a qu’un jour en cette saison entre
l’arivée de l’ordinaire de France et le départ de celluy de Paris.
|:Monsieur le prince Guillaume est plein d’affection, mais il n’ose agir de
crainte d’offenser son père ou sa mère. Cela joinct à:| l’attachement qu’il a
à ses plaisirs, le rend presque inutile aux affaires. Ses amis agissent soubz
main, comme j’ay desjà dict, plustost pour |:porter les choses à la guerre:|
que pour donner satisfaction à |:la France.
Et quant à madame la princesse d’Orange:|, Vostre Eminence peult estre
asseuré que je n’ay rien oublié à luy dire. Nos conférences qui sont fré-
quentes ressemblent à la fiebvre tierce. Il y en a tousjours une bonne et
l’aultre mauvaise. Je me suis servy selon l’occasion tantost des reproches,
tantost des espérances, et il me semble que |:elle a:| sy bien recognu que la
grandeur de sa maison consiste à estre bien avec la France, et qu’il n’y a
pour elle que périlz et précipices de l’aultre costé, qu’elle m’a solemnelle-
ment promis de faire tout ce qu’elle pourra pour le service de Leurs Ma-
jestez . Je ne vouldrois pourtant pas respondre de l’effect quoyqu’elle pa-
roisse extrêmement changée.
Il est vray, Monseigneur, que j’ay faict le discours que Philipes Le Roy a
escript à Bruxelles, mais je puis asseurer avec vérité Vostre Eminence qu’il
n’a point produict de mauvais effect. Ce n’a pas esté tout à faict aux termes
qu’il a marqué, mais ayant à faire comprendre à Messieurs les Estatz qu’ilz
n’avanceroient rien en faisant un traicté particulier, et qu’ilz ne s’ exempte-
roient ny du péril, ny des jalousies, ny de la despense en cas que la guerre
continuast sans eux, j’ay monstré par l’exemple d’Angleterre qu’il estoit
dangereux de veoir faire de grandes guerres dans son voysinage sans y
prendre part, et qu’ilz ne pourroient se détacher de la France sans se ruy-
ner , n’estant pas croyable qu’ilz voulussent jamais se joindre avec l’ Espa-
gne qui ne permet en aucun lieu l’exercice de leur religion et qui ne peult
jamais estre que leur ennemie, ny que par conséquent ilz puissent désobli-
ger la France, pour n’estre pas mal en mesme temps avec les deux plus
grandes puissances de l’Europe, ce qui pourroit estre cause de leur ruyne.
J’avois desjà esté averty par deçà du dessein |:du milord Goring :|, lequel,
ayant sceu que j’en avois cognoissance et ayant receu en mesme temps des
lettres |:du prince Robert et de monsieur Germain
Wahrscheinlich der engl. Höfling und Diplomat Henry Jermyn (gest. 1684), 1643 baron of
St. Edmundsbury, 1660 1. earl of St. Albans; als Günstling der Gattin Karls I. von Eng-
land , Henriette Marie, besaß er einen gefürchteten politischen Einfluß; seit 1628, zunächst
als vice-chamberlain, in deren Diensten; im Bürgerkrieg für den Nachschub und Aus-
hebungen der kgl. Armee zuständig und während seiner gesamten Laufbahn mit zahlrei-
chen diplomatischen Missionen, v.a. nach Frk., beauftragt, wohin er die Kg.in im Sommer
1644 begleitete. Er war mit deren Finanzen und dem geschäftlichen Teil ihrer Korrespon-
denz mit dem Kg. betraut, die moralische Korrektheit seiner Beziehung zur Kg.in war
nicht unumstritten; nach der Restauration wurden ihm zahlreiche Ehrungen und Ämter
zuteil (BBA I 614, 373–376; DNB XXIX, 342ff.; Huygens , Briefwisseling III, 159 Anm.
3; zu seiner diplomatischen Tätigkeit auch Bigby , passim – vgl. Index, 160; Firth / Lomas ,
17–20).
prendre parti dans le service du Roy plustost qu’avec l’Espagne, m’a faict
dire qu’il n’estoit pas homme pour traicter avec les Espagnolz tandis qu’il
est à la solde de cet Estat, et qu’il m’en seroit venu asseurer s’il n’avoit cru
devoir auparavant |:retirer son père du lieu où il est :|, pour effacer l’ op-
pinion qu’on pourroit prendre qu’il voulust se ranger d’un costé pendant
que son père se mettroit d’un aultre. Il a escript à la reyne d’Angleterre et
au prince Robert sur ce subjet , et m’a faict asseurer qu’ilz peuvent dis-
poser de sa personne et qu’il satisfera punctuellement à ce que ladicte
dame reyne promettra pour luy. C’est un homme de service fort bien
faict, et qui a beaucoup de crédict parmy les gens de guerre. Il y a
plusieurs officiers anglois en ce pays qui ont servy le roy d’Angleterre
qui attendent la résolution qu’il prendra pour suivre sa fortune.
On m’a donné advis que le |:parlement d’Angleterre attend ce qui réussira
de l’accommodement des Holandois, et que s’il se faict sans celuy de la
France, il faict estat d’envoyer une partye de son armée en Flandres au
secours des Espagnolz.
Le Ringrave, qui est au service de cet Estat, et monsieur de Beurevert
Sehr wahrscheinlich Lodewijk (Louys) van Nassau, heer van Beverweerd (um
1600–1665), ndl. Militär; 1635 kolonel, 1636 in die holl. Ritterschaft aufgenommen, 1643
Mitglied des Raad van State und sergeant-majoor-kolonel der Infanterie; er galt als Ver-
trauter Pz. Wilhelms II. von Oranien, stand aber mit dessen Mutter auf weniger gutem
Fuß ( BAB 488, 84–91; NNBW I, 1365f.; Huygens , Briefwisseling II, 186 Anm. 4; Grotius ,
Briefwisseling III, 163 Anm. 1).
qui est extrêmement accrédité parmy la soldatesque, m’ont faict offrir que
si Messieurs les Estatz font la paix avant la France, et qu’ensuite ilz licen-
cient leurs gens de guerre, ilz peuvent mener au service du Roy ce qui sera
licencié, qui sera, selon la supputation de ceux qui en ont faict l’estat,
quatre mil chevaux et vingt mil hommes de pied des meilleurs qui soient
dans l’Europe. L’offre mérite bien d’estre considérée et seroit capable de
produire de grandz effectz. Ceux qui m’en ont parlé ne veulent pas estre
nommez qu’à:| Vostre Eminence |:seule, et si le cas arrive, seront bien
aises de sçavoir les conditions ausquelles on voudra recevoir leur service.
Le dernier est un homme qui vaut beaucoup et le premier peut estre suivy
par sa naissance:|.