Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
91. Servien an Mazarin Den Haag 1647 Januar 29

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Servien an Mazarin


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Den Haag 1647 Januar 29

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Ausfertigung: AE , CP All. 80 fol. 414–426 = Druckvorlage. Konzept, z.T. eigenhändig: AE ,
16
CP Holl. 40 fol. 114’, 113–114, 115–119. Kopie: Ass.Nat. 277 fol. 142–147.

17
Übereinstimmung des Verhaltens Serviens mit den Anweisungen Mazarins. Widersprüchli-
18
che Instruktionen Gelderns und Utrechts einer-, Hollands und Prinz Friedrich Heinrichs von
19
Oranien andererseits zur Unterzeichnung der spanisch-niederländischen Provisional-Artikel
20
Grund für deren überstürzten Vollzug. Keine Bezugnahme Serviens hierauf während seiner
21
ersten Audienz vor den Generalstaaten; dagegen heftige Kritik in der Konferenz mit ihren
22
Bevollmächtigten zwei Tage darauf; Notwendigkeit dieser harten Sprache; ihre Konformität
23
mit den Anweisungen aus Münster; Serviens Beschwerden gegenüber den niederländischen
24
Bevollmächtigten: schlechte Umsetzung der Beschlüsse der Generalstaaten, an deren Auf-
25
richtigkeit kein Zweifel bestehe, durch die Gesandten am Kongreß. Anregung von Vorhal-
26
tungen Mazarins gegenüber Oosterwijk. Bereitschaft der Niederländer zur Ausreizung aller
27
von Frankreich gewährten Spielräume, aber keinesfalls Absicht zur Separation; ihre Unter-
28
stützung der Forderung nach der Überlassung der Eroberungen; niederländischer Wunsch,
29
nach Friedensschluß von Frankreich und von Spanien umworben zu werden. Unnachgiebi-
30
ges Beharren auf den Forderungen Schlüssel zum Einlenken Spaniens und der Niederlande
31
gegenüber Frankreich. Betonung des französischen Friedenswillens bei gleichzeitiger Kriegs-
32
bereitschaft . Bedeutung einer aufeinander abgestimmten Sprachregelung für Paris, Münster
33
und Den Haag. Keine Zustimmung zur Unterzeichnung der spanisch-niederländischen Pro-

[p. 456] [scan. 638]


1
visional -Artikel aus den meisten Provinzen; wahrscheinliches Einlenken der Spanier; deren
2
mögliche neue Offerten. Hervorheben der Verzögerung des Friedens durch die Provisional-
3
Artikel. Sehr geringe Aussicht auf niederländische Feldzugsbeteiligung, insbesondere zu Leb-
4
zeiten des Statthalters Prinz Friedrich Heinrich von Oranien; Schaden durch die Bemühun-
5
gen Prinz Wilhelms (II.) um einen niederländischen Feldzug für die Glaubwürdigkeit der
6
von Servien betonten französischen Friedensbereitschaft. Zutreffende Mutmaßungen Maza-
7
rins über Aufgaben und Auftreten Le Roys in Den Haag; dessen Geheimverhandlungen.
8
Neutralität der Prinzessin von Oranien. Reaktion der Staaten von Holland auf Serviens
9
Garantievorschläge. Geringe Mittel zur Verhinderung der Reise Bruns nach Den Haag.
10
Konferenz mit der Prinzessin von Oranien – anscheinende Wende in ihrer Politik: Befür-
11
wortung der Verweigerung eines Passes für Brun, Verärgerung über Castel-Rodrigo.

12
Je ne sçay sy j’auray assez heureusement rencontré les sentimens de Vos-
13
tre Eminence dans la conduicte que j’ay tenue arivant en ce lieu. Il me
14
semble que j’ay un peu profité de l’un et de l’aultre des expédiens qu’elle
15
m’a faict l’honneur de m’ordonner par sa première lettre du 18 e de ce
16
mois

40
Nr. 66.
, |:encore qu’il soit bien malaisé d’arriver en un mesme lieu par
17
deux chemins contraires, et qu’on puisse très difficilement se plaindre et
18
se louer d’une mesme chose:|.

19
A mon passage par les provinces de Gueldres et d’Utrecht, je fus asseuré
20
qu’elles escriroient à leurs plénipotentiaires de ne passer point oultre à la
21
signature avec ceux d’Espagne, |:mais celle de Holande en ayant peut-
22
estre eu le vent et craignant que cette résolution ne se rendist générale
23
par toutes les provinces après que j’aurois esté icy, envoya ordre secrette-
24
ment aux siens par deux divers courriers de signer promptement, quoy
25
qui arrivast, et les lettres de monsieur le prince d’Orange contenoient la
26
mesme chose à Knut et à ses dépendans:|, ce qui a causé la précipitation
27
dont Vostre Eminence a esté informée.

28
|:Le jour avant

41
1647 Januar 13 ( Aitzema , Historia Pacis, 489; Rede [vgl. Beilage 2 zu nr. 77] datiert auf
42
1647 Januar 14).
mon audiance:|, je fus amplement adverti par les dé-
29
pesches de Munster

43
Nr.n 46, 47, 48, 49; zu deren Eingangsdaten vgl. nr. 64.
de tout ce qui s’estoit passé, dont je me treuvay
30
d’abord fort en peine, ne sçachant |:comme assembler les plaintes d’une
31
si grande défection avec les propositions d’une nouvelle liaison que j’avois
32
à faire. Je crus donc ne devoir pas tesmoigner de sçavoir qu’on eust signé
33
le traicté

44
Die span.-ndl. Provisional-Art. vom 8. Januar 1647 (vgl. Beilage 1 zu nr. 169).
à Munster, dont en effect j’estois le seul qui en avoit receu l’ ad-
34
vis par un homme exprès, afin de pouvoir proposer en liberté ce que
35
j’avois à dire, et:| désabuser ce peuple de plusieurs impressions très faulces
36
qu’on leur avoit données contre la France, dont la principalle et la plus
37
préjudiciable est que nous ne voulons point la paix.

38
Deux jours après, |:je tins un autre langage à ceux de l’Estat qui me ve-
39
noient voir

45
Vermutlich ist nicht der 15. oder 16. (s.o. bei Anm. 2), sondern der 17. Januar 1647 gemeint;
46
vgl. die Zusammenfassung der Erklärungen Serviens ggb. den ndl. Kommissaren in der
39
Konferenz vom 17. Januar 1647; Kopien: Ass.Nat. 277 fol. 155–158 (datiert auf 1647 Ja-
40
nuar 27); AE , CP All. 80 fol. 267–274; AE , CP Holl. 40 fol. 105–111 (datiert auf 1647
41
Januar 27); Druck (it. ÜS): Siri IX, 110–116.
:|, et fis de grandes plaintes du mauvais traictement que nous

[p. 457] [scan. 639]


1
avions receu, adjoustant que |:si j’en eusse esté informé avant mon audian-
2
ce , je me fusse abstenu de proposer aucune nouvelle confédération jusqu’à
3
ce qu’on m’eust faict raison de l’infraction scandaleuse des précédentes

42
Gemeint sind sehr wahrscheinlich die frz.-ndl. Allianzverträge vom 8. Februar 1635 und
43
vom 1. März 1644; vgl. des weiteren den frz.-ndl. Subsidienvertrag vom 15. April 1634
44
(Textnachweise in Anm. 34 zu nr. 2).

4
qui avoit esté faicte à Munster. Il faut de nécessité en parler en ces termes,
5
tant:| pour suivre les ordres qui m’avoient esté envoyez de Munster, aus-
6
quelz j’avoue que mon oppinion estoit entièrement conforme, |:que pour
7
ne désarmer pas les gens de bien de l’Estat qui condamnoient cette action,
8
ausquelz les malintentionnez eussent pu reprocher qu’ilz estoient plus
9
eschauffés et faisoient plus de bruit que nous, si je fusse demeuré dans le
10
silence:|. D’ailleurs, Monseigneur, après |:l’esclat qu’avoit faict ce pro-
11
céder , nous n’eussions peu, en le dissimulant, tromper que nous-mesmes,
12
chacun ayant sceu que nous nous y estions opposés, et cognoissant fort
13
bien le préjudice que nous en recevrions dans le public:|, oultre que, dans
14
|:cette république, rien ne nous peut tant nuire que l’opinion qu’on luy a
15
laissé prendre que nous sommes d’humeur à tout souffrir et qu’elle peut
16
tout faire sans que nous osions nous séparer de son amityé ny mesme
17
tesmoigner de ressentiment des offenses que nous recevons:|.

18
Lorsque j’ay faict mes plaintes aux commissaires qui ont esté députez
19
pour traicter avec moy, je les ay exaggérées aultant qu’il m’a esté possible,
20
sans sortir pourtant de la douceur ny de la modération, en faisant seule-
21
ment cognoistre |:l’advantage que nous avons donné aux ennemys, le pré-
22
judice qu’on avoit faict aux amys:|, le retardement qu’on avoit aporté à la
23
paix, et la tache qu’on avoit faicte à la réputation de cet Estat. J’adjoustay
24
que toutes les résolutions qui estoient venues d’icy avoient tousjours esté
25
plaines d’honneur et de justice, |:mais qu’elles avoient tousjours esté alté-
26
rées par le procéder des plénipotentiaires ou par l’artifice des Espagnolz:|.
27
Que comme dans toutes sortes d’affaires, on devoit considérer deux cho-
28
ses , la réalité et les apparences, je croyois bien que dans la première, les
29
résolutions de l’Estat demeureroient immuables, mais que la pluspart du
30
monde se gouvernant par l’aultre, il y falloit aussy prendre garde de fort
31
près pour ne donner pas lieu à de mauvais jugemens, la réputation d’un
32
Estat aussy bien que les honneurs dépendant entièrement de l’oppinion
33
d’aultruy.

34
J’exprime en substance à Vostre Eminence le subjet de mon discours affin
35
qu’il luy plaise de considérer que j’ay en quelque façon |:assemblé ses
36
deux advis en mesme temps, en me louant de l’Estat, en me plaignant
37
des plénipotentiaires et séparant partout les apparences qui ont esté mau-
38
vaises de la réalité que j’ay faict semblant de croire bonne:|. Il me semble,

[p. 458] [scan. 640]


1
Monseigneur, que sy Vostre Eminence se donnoit la peine de |:parler
2
quelquesfois en ces termes à l’ambassadeur de cet Estat

42
Oosterwijk.
, le compte qu’il
3
rendroit de ce que:| Vostre Eminence |:luy auroit dict, produiroit de bons
4
effectz et donneroit lieu à des délibérations qui ne pourroient estre que
5
favorables pour nous, car ceux qui ont mauvaise intention ayans la prin-
6
cipale authorité, usent le plus souvent de desguisement pour empescher
7
que les plus importantes questions soient agitées publiquement affin,
8
comme on dict, de traicter et résoudre les affaires soubz la cheminée:|.
9
Mais je suplie très humblement Vostre Eminence de se souvenir qu’il
10
fauldra |:parler fortement à l’ambassadeur, et luy faire bien cognoistre
11
qu’on commence à vivre icy d’une façon qui n’est pas propre à conserver
12
l’amitié de la France; que la raison oblige bien de souffrir quelque chose
13
des amys, mais non pas jusqu’au mespris et aux offenses; luy toucher
14
qu’on:| a souffert icy un émissaire d’Espagne

43
Philippe Le Roy.
en mesme temps que j’y
15
ay esté, comme sy nous eussions eu à disputer l’un contre l’aultre |:et
16
qu’ilz eussent esté nos juges; que l’on traicte secrettement avec luy, et
17
que tout le monde est demeuré sur la retenue et la deffiance avec moy.
18
Surtout il importe de ne tesmoigner point d’appréhension, ny trop de dis-
19
position à rechercher ces gens-cy, ou à dépendre d’eux, puisque leur prin-
20
cipal but est aujourd’huy la vanité qu’il ne faut pas augmenter. Ilz entre-
21
prendront pour leur advantage ou commodité tout ce qu’ilz croiront nous
22
pouvoir faire souffrir, mais ilz ne passeront jamais, selon mon advis, jus-
23
qu ’aux résolutions dont ilz pourront estre persuadés que nous aurions du
24
ressentiment.

25
Parmy tous les désordres qui règnent icy, je n’ay pas encore remarqué une
26
seule personne qui ayt esté d’advis de se séparer de la France, ny que nous
27
devions rien rendre aux Espagnolz, qui sont les deux poinctz les plus im-
28
portans . A la vérité, je croy que la pluspart ont desseing de se mettre après
29
la paix en estat d’estre considérés et mesme recherchez, s’ilz peuvent, des
30
deux couronnes, à quoy il sera très malaisé que nous apportions de l’ em-
31
peschement . Cette pensée, outre l’advantage qu’elle a d’estre nouvelle, les
32
chatouille dans les partyes plus sensibles, qui sont la présomption et l’ in-
33
térest . Nous ne sçaurions rien proposer à leurs marchandz de si agréable
34
que l’or des Indes qu’ilz croyent desjà de transporter icy tous les ans, rien
35
de si

41
35 charmant] im Klartext: chatouilleur.
charmant que de se faire courtiser par deux puissantes couronnes,
36
ausquelles ilz prétendent de faire achepter leur amityé plus chèrement
37
par la jalousie que l’une aura tousjours de l’autre:|.

38
Vostre Eminence juge très prudemment que |:à la cour ny à Munster, il ne
39
faut point tesmoigner d’inquiétude ny d’appréhension de tout ce qui s’est
40
passé, non pas tant en mesprisant ou desguisant la chose, en quoy il seroit

[p. 459] [scan. 641]


1
malaisé de tromper le monde, comme en tesmoignant qu’on est bien as-
2
seuré qu’elle n’aura point de mauvaises suites et que le corps de l’Estat
3
redressera par sa prudence tout ce qui a esté mal faict par quelques-uns
4
de ses plénipotentiaires qui ont esté gaignés par les Espagnolz, et qu’à
5
toute extrémité, quand Messieurs les Estatz auroient faict leur accommo-
6
dement , nous ne lairrions pas de continuer la guerre hardiment jusqu’à ce
7
que les ennemis se soient mis à la raison. Cette bonne résolution nous
8
peut garentir des mauvaises intentions que les uns et les autres peuvent
9
avoir. Et comme les Holandois ne se sont pas tant portez à cette précipi-
10
tation pour se séparer de nous que pour nous entraisner à la paix qu’ilz
11
croyent que nous ne voulons pas, et que les Espagnolz ont cru, leur ayant
12
faict faire cette faulte, de nous porter malgré nous à l’accommodement
13
soubz des conditions plus favorables pour eux, quand les uns et les autres
14
verront que nous ne sommes pas d’humeur pour cela de nous relascher
15
contre la raison et que nous persisterons obstinément à ne rendre jamais
16
un poulce de terre:|, je croy certainement que les |:uns et les autres revien-
17
dront bientost dans le devoir, et que les Espagnolz pour sortir de la guer-
18
re , dont eux et leurs peuples ont tant de besoing, et les Holandois pour ne
19
la voir pas continuer dans leur voisinage en un temps où ilz auroient re-
20
gret de nous voir profficter sans y avoir part, seront contrainctz de nous
21
faire avoir nostre compte:|. J’ay tousjours |:parlé de deçà en ces termes, et
22
me suis apperceu que ce discours a faict un bon effect:|.

23
J’ay offert de faire veoir à toutes les personnes désintéressées que Leurs
24
Majestez veullent sincèrement la paix, et que les conditions que nous
25
avons proposées aux Espagnolz sont les plus raisonnables qu’on pust at-
26
tendre de la France en l’estat qu’il a pleu à Dieu de mettre ses affaires,
27
mais qu’elles continueront encor plustost la guerre dix ans que de rien
28
faire contre la raison, et de rien rendre à des gens qui nous retiennent
29
tant de grands Estatz. Les nouvelles de Paris ayant en mesme temps ap-
30
pris icy que |:on faict de grandz préparatifz pour la campagne prochaine,
31
m’ont donné moyen de faire croire et appréhender cette résolution:|.

32
Vostre Eminence jugera mieux que personne combien il est nécessaire que
33
|:les discours et les démonstrations soient uniformes à la cour, à Munster
34
et icy, afin qu’on ne puisse pas croire qu’il y ayt de l’artifice, et que nostre
35
but doit estre, en tesmoignant satisfaction de l’Estat, de nous plaindre
36
seulement de quelques-uns de ses plénipotentiaires et de ceux qui veulent
37
altérer ses bonnes intentions:|.

38
J’ay desjà faict sçavoir à Vostre Eminence que la pluspart des provinces
39
n’approuvent pas ce qui a esté faict, |:et si celle de Holande n’eust arresté
40
il y a quatre ou cinq jours la résolution qui avoit esté prise:|, le corps de
41
l’Estat vouloit remercier monsieur de Nederhost, député d’Utrecht, de ce
42
qu’il n’a point signé, |:qui estoit une condamnation tacite du procéder des
43
autres. La chose est deumeurée sans estre entièrement décidée. Mais cha-
44
cun sçait fort bien que si la résolution n’a pas esté exécutée, elle avoit esté

[p. 460] [scan. 642]


1
prise, et n’a esté destournée que par artifice:|. Pour moy, Monseigneur, je
2
croy certainement que cette affaire aura plustost de bonnes que de mau-
3
vaises suites et que les Espagnolz, voyant que ce qu’ilz croyent d’avoir
4
faict de plus advantageux pour eux n’est pas seulement approuvé de ceux
5
qu’ilz pensoient d’avoir gaignez en se relaschant de tout, |:seront con-
6
trainctz de convenir des choses que nous désirons principalement sur le
7
poinct des conquestes. Madame la princesse d’Orange m’a dict en la der-
8
nière visite que je luy ay faicte qu’ilz offroient de donner davantage à la
9
France si ce qu’ilz avoient desjà donné n’estoit jugé suffisant par Mes-
10
sieurs les Estatz, et, depuis, elle a dict à une autre personne que Brun, en
11
demandant la liberté de venir icy, offroit d’apporter la cession de Piom-
12
bino et de Porto Longone:|.

13
Je suplie très humblement Vostre Eminence de croire que je |:me suis
14
servy très heureusement de la raison qu’elle m’a faict l’honneur de m’ es-
15
crire , et que:| j’ay faict toucher au doigt à plusieurs personnes que le pro-
16
cédé des plénipotentiaires de Munster et la précipitation de quelques-uns
17
de deçà retarde la paix au lieu de l’avancer, |:présupposé comme:| tous
18
générallement me l’asseurent que |:cet Estat ne se

43
18 séparera] im Klartext: sépare.
séparera jamais de la
19
France.

20
A la vérité, pour la campagne, je voy peu d’apparence de les y engager. Si
21
monsieur le prince d’Orange mouroit avant le printemps:|, comme il y a
22
subjet de croire que |:il n’ira pas guières plus avant, l’ydropisie luy ayant
23
desjà gaigné les cuisses et, à ce qu’on m’a dict, une partye du ventre, on
24
pourroit espérer que monsieur le prince Guillaume, employant son crédit
25
et l’amour enraciné que ces peuples ont pour sa maison, obtiendroit peut-
26
estre des provinces un dernier effort pour l’obliger et luy donner moyen
27
de s’establir dans le gouvernement de cet Estat avec quelque gloire. Mais
28
tandis que le père vivra, la malheureuse jalousie qu’il a prise contre son
29
filz, l’ambition de la mère qui n’auroit point de crédit la guerre conti-
30
nuant , et l’avarice des provinces joincte à l’appréhension assez légitime
31
qu’elles ont de commettre la conduite de leur armée à un capitaine qui
32
n’a plus la santé du corps ny de l’esprit, empescheront certainement qu’on
33
ne mette en campagne cette année. Cependant les poursuites secrettes que
34
faict monsieur le prince Guillaume parmy ses amys pour les engager à la
35
guerre encore pour cette année, nous font quelque préjudice à cause qu’on
36
croid qu’il agit de concert avec moy, ce qui n’est pas véritable. Il est bien
37
vray que je n’ay pas voulu le prier de ne le faire pas, voyant fort bien qu’il
38
a bonne intention. Mais aussi je n’ay pas osé le favoriser, pour ne contra-
39
rier pas à la protestation que je fais partout de la sincère disposition de
40
Leurs Majestez à la paix, pour:| l’avancement de laquelle je travaille sans
41
interruption et avec toute franchise, cognoissant par toutes les lettres de
42
Vostre Eminence que c’est l’intention de Leurs Majestez et la vostre.

[p. 461] [scan. 643]


1
Sy Vostre Eminence avoit veu les instructions de |:Philippes Le Roy, elle
2
n’auroit pas mieux sceu tout ce qu’il devoit dire en ce pays, et tous les
3
artifices dont il s’est servy, qu’elle les a préveus:| par la seconde lettre
4
qu’elle m’a faict l’honneur de m’escrire

39
Nr. 67.
. |:Si ces négotiations estoient
5
publiques, j’aurois assez de moyen de les combattre en opposant seule-
6
ment la raison et la vérité contre la ruse et la malice. Mais depuis l’escrit
7
qu’il a donné, dont j’ay envoyé copie:| à Vostre Eminence

40
Als Beilage 1 zu nr. 64 nach Münster überschickt, an Mazarin als Beilage 3 zu nr. 77.
, |:il n’a rien
8
traicté qu’en secret, ce qui a esté faict le plus souvent par un des domes-
9
tiques de madame la princesse d’Orange nommé Buseroy

41
Laurens Buysero (gest. 1675), Neffe Knuyts, 1637 raad en griffier, 1647 raad en rekenmee-
42
ster des Pz.en von Oranien ( Huygens , Briefwisseling II, 89 Anm. 2).
, qui est pa-
10
rent de Knut. Je n’ay encore pu bien descouvrir à quoy toutes ces con-
11
férences ont abouty si ce n’est à obtenir l’assistance de madame la
12
princesse d’Orange pour empescher la résolution de la garentye récipro-
13
que .

14
Néantmoins, je n’ay pas descouvert qu’elle ayt agy ouvertement en cela
15
contre moy, mais aussi je n’en ay point encore receu d’assistance effective,
16
quoyqu’on m’asseure que depuis quelque temps elle parle beaucoup plus
17
favorablement de nos affaires. Je me suis apperceu qu’elle a esté fort cha-
18
touillée quand je luy ay représenté la gloire qu’elle auroit pendant cet
19
interrègne et son administration de procurer une paix advantageuse à cet
20
Estat et à la France, et le regret éternel qui luy resteroit si les affaires
21
estoient terminées par des voyes honteuses où ceux qui ne trouveroient
22
pas leur satisfaction ne pourroient pas dissimuler leurs plaintes ny leur
23
ressentiment. Il me semble qu’elle a fort compris le sens de ce discours
24
et qu’elle a une passion démesurée que la paix soit bientost conclue ho-
25
norablement et avec le contentement de la France.

26
Les articles que j’ay proposez sur la garentye

43
Beilage 2 zu nr. 75, auch Beilage 1 zu nr. 89.
ont tellement embarassé
27
ceux qui ne nous ayment pas, qu’ilz n’ont pas osé les contredire ouver-
28
tement dans l’assemblée des estatz de Holande, ny pu empescher que la
29
garentye générale sans condition n’ayt esté trouvée juste presque tout
30
d’une voix. Cela les a obligez, se voyans vaincus, d’employer une autre
31
ruse, et de soustenir qu’on n’avoit donc besoing que de se tenir au[x]
32
traicté[s] de 1635 et de 1644 qui parloient assez clairement, et que les ex-
33
plications ou additions nouvelles pourroient estre dangereuses, n’estans
34
point nécessaires:|. La chose en est demeurée là jusqu’à présent, |:dont
35
nous aurions sujet de satisfaction si elle estoit faicte à bonne intention.
36
Mais je ne suis pas résolu de m’en contenter, et j’espère quand les autres
37
provinces auront donné leurs advis, qui sans doute seront plus favorables,
38
on pourra tirer quelque meilleure résolution.

[p. 462] [scan. 644]


1
L’article qui les a plus mis en peine a esté celuy qui parle des hostilitez

38
Art. III der Proposition Serviens: Que les hostilitez seront continuées contre les Espa-
39
gnols sans intermission et avec la vigueur acoustumée jusqu’à ce que la France et les Pro-
40
vinces -Unies ayent leur entière satisfaction par les traictez qui seront faicts conjointe-
41
ment , remettant au choix desdicts Sieurs les Estatz de les faire cesser ou à la signature
42
des deux traictez ou seulement à la délivrance des ratifications (Kopie: Ass.Nat. 277 fol.
43
109–109’). Voraus geht in Art. II die Kritik Serviens an der Unterzeichnung der span.-ndl.
44
Provisionalart. auf dem WFK, der er die Schuld an der Verlängerung der Kriegshandlun-
45
gen
zuweist, verbunden mit der Forderung nach deren désadveu formel.
.
2
Ilz n’ont pu le refuser, parce que ce seroit combattre la résolution qui
3
avoit esté prise par toutes les provinces, ilz ont aussi évité de l’accorder,
4
de crainte de s’engager tacitement à la campagne, et ilz sont bien souvent
5
réduictz à ne pouvoir combattre la raison et à ne le vouloir pas faire:|.

6
Je viens encor d’apprendre que |:Brun est résolu de venir icy nonobstant
7
le refus qu’on luy a faict d’un passeport, et qu’il a desseing d’accorder à
8
cet Estat sans remise toutes les conditions desquelles ses plénipotentiaires
9
s’estoient relaschez, afin de prévenir les bonnes résolutions qui pourroient
10
estre prises dans les provinces contre l’Espagne et en nostre faveur. Je fais
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tout ce que je puis pour empescher ce coup, mais j’en voy peu de moyens.
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Néantmoins je croy tousjours qu’il ne faut s’estonner de rien, et que tout
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ce que nous pourrions craindre n’arrivera pas:|.

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Avant que fermer cette lettre, j’ay eu |:une conférence de deux heures avec
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madame la princesse d’Orange. Il faudroit qu’elle fust la plus dissimulée
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personne du monde si son humeur et ses maximes n’estoient entièrement
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changées. Elle m’a parlé des affaires que je traicte avec toute la confiance
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que je pouvois désirer et avec mille protestations de l’inviolable passion
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qu’elle veut tousjours avoir pour le service de Leurs Majestez. Elle com-
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mence à cognoistre, selon sa propre confession:|, les artiffices des Espa-
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gnolz qui n’ont aultre dessein que de brouiller et de mettre de la division
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entre la France et cet Estat. |:Elle m’a promis d’empescher qu’il soit per-
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mis à Brun de venir icy, lequel a bien l’audace, après le refus qu’on luy a
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faict d’un passeport, de dire que celuy qu’il a comme plénipotentiaire luy
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donne la liberté du passage. Si on persiste dans cette résolution, elle prou-
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vera bien aux Espagnolz combien ilz se trompent quand ilz croyent
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d’estre considérez en ce pays.

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Castel-Rodrigo, à ce qu’elle m’a dict, a pris soing de:| luy faire sçavoir
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tous les discours de |:mespris, de menaces et de mocquerie qu’on a faictz
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en France contre elle, adjoustant qu’il estoit bien marry de la voir si mal
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récompensée de la passion qu’elle avoit tousjours eue pour la France:|. Il
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luy escrivit une lettre, il y a quelque temps, pour |:la remercier des bonnes
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dispositions qu’elle tesmoignoit pour la paix, l’asseurant de la recognois-
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sance que son maistre en auroit:|, et depuis mon arivée, |:il luy a faict
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rendre grâces de la mauvaise réception qu’elle m’avoit faicte. Elle m’a tes-
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moigné d’estre irritée de toutes ces finesses, et que principalement à la
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dernière, elle avoit respondu avec colère.

[p. 463] [scan. 645]


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Je luy ay faict cognoistre que:| ceux qui avoient traicté ses intérestz particu-
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liers

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Vgl. Anm. 15 zu nr. 77.
|:l’avoient très mal servye de faire un secret d’une chose juste et qui
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devoit avec raison faire un article du traicté général. Elle a esté de mon
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advis. Elle m’a dict qu’on n’accepteroit pas ce qui a esté accordé s’il n’estoit
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légitimement deub à sa maison et si pour cela on croyoit qu’elle deust avoir
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la moindre obligation au roy d’Espagne:|. Je craindrois d’ennuyer Vostre
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Eminence sy je luy rendois compte par le menu de tout ce qui s’est passé
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dans un long discours. Il y auroit peult-estre subjet de |:n’adjouster pas foy
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à ses paroles si je ne voyois en mesme temps que tous ses dépendans sont en
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meilleure disposition qu’ilz n’estoient auparavant:|.

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