Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
73. Memorandum d’Avaux’ [für Ludwig XIV.] Osnabrück 1647 Januar 21
Osnabrück 1647 Januar 21
Ausfertigung: Ass.Nat. 277 fol. 87–94; Eingang nach Dorsal, fol. 94’: 1647 Januar 30
Druckvorlage. Konzept (größtenteils eigenhändig; unterfertigt): AE , CP All. 87 fol. 116,
117–118’, 152–153, 154–161’. Kopien: AE , CP All. 80 fol. 252–257’; AE , CP All. 98 fol.
148–160’. Druck: NS IV, 6–9.
16. Januar 1647: Drängen der von den Schweden abgewiesenen niederländischen Gesandten
auf Vermittlung eines zehntägigen Aufschubs in der Pommernfrage durch d’Avaux; dessen
vorbehaltliche Zustimmung; gleicher Wunsch Fromholts; von ihm und den Niederländern
vorgetragenes Ersuchen um Entschädigung Kurbrandenburgs. Bitte Trauttmansdorffs um
Einwirken auf den Kurfürsten von Brandenburg. Erörterung des weiteren Vorgehens gegen-
über Spanien mit den niederländischen Gesandten nach der Unterzeichnung ihrer Provisio-
nal -Artikel vom 8. Januar 1647. Visite der Schweden am 17. Januar 1647: deren Bestehen
auf der Abtretung ganz Pommerns ungeachtet des vermutlichen Einlenkens Kurbranden-
burgs ; erfolglose Einwände d’Avaux’; Vermittlungsgesuch der Schweden an Frankreich;
d’Avaux’ an Bedingungen geknüpftes Einverständnis. Gleichlautendes Gesuch Sayn- Witt-
gensteins ; dessen Umgänglichkeit; ihm vorgetragene Kritik der Schweden an den Niederlän-
dern . D’Avaux bedankt sich bei Oxenstierna und Salvius. Erneute Visite Sayn-Wittgensteins:
angebliche Bereitschaft der Schweden zum Einlenken im Falle schneller Entscheidung Kur-
brandenburgs zur Teilabtretung Pommerns. 18. Januar 1647: erklärter Wille Schwedens zur
Übernahme ganz Pommerns; entgegengesetzte Forderungen Kurbrandenburgs an Schweden
und den Kaiser; dennoch erneute Bitten der Kurbrandenburger, Schweden und Niederländer
um französische Vermittlung. 19. Januar 1647: den Niederländern vorgetragene Kritik
d’Avaux’ an ihren und Kurbrandenburgs Forderungen. Inakzeptabler Schriftsatz Sayn- Witt-
gensteins : Bestehen auf Wollin und dem Hochstift Osnabrück. Konferenz mit den Nieder-
ländern und den Kurbrandenburgern: uneingeschränkte Annahme der schwedischen Forde-
rung nach Vorpommern mit Rügen, Stettin, Gartz, Wollin und der Oder in ihrer ganzen
Breite; Verzicht auf Osnabrück. Dennoch Beharren der Schweden auf ganz Pommern; er-
folgloses Insistieren d’Avaux’ auf Annahme des mündlich mitgeteilten kurbrandenburgi-
schen Angebotes; endlich Bereitschaft der Schweden zu dessen Prüfung. 20. Januar 1647:
Disput mit Oxenstierna. 21. Januar 1647: keine Neuigkeiten von den Schweden. Kritik
d’Avaux’ am Verhalten der Verbündeten.
Ce jour-là mesme
rent
Suédois qui leur ont dit qu’ilz viennent à tard, et que la résolution est
prise d’avoir la Poméranie entière sans le consentement de l’électeur.
Quand ilz dirent que la proposition de Suède est alternative, les Suédois
répliquèrent que l’électeur a déclaré au baron de Plettenberg que jamais il
ne quitteroit Stetin, et partant que c’est un refus sur lequel ilz traittent à
présent de la seconde partie de l’alternative, sans pouvoir plus revenir à la
première, et que leurs ordres sont telz. Les ambassadeurs de Messieurs les
Estatz trouvèrent à qui parler, et après plusieurs contestations fort inuti-
les , ilz se retirèrent |:un peu humil〈i〉ez, car outre ce reffus sec et absolu:|,
messieurs Oxenstiern et Salvius ne les espargnèrent pas sur le sujet du
traitté qu’ilz ont conclu avec Espagne . Ilz me firent de grandes prières
de porter messieurs de Suède à donner un délay de dix jours pendant les-
quels le sieur de Fromholt iroit à Clèves en diligence, et en rapporteroit la
dernière résolution et déclaration de l’électeur.
Ilz ne parurent en soin que d’avoir un peu de temps, car pour le fondz de
l’affaire, ils avouèrent presque ouvertement que l’électeur doit se contenter
que la rivière serve de borne et de limite. Ilz voudroient seulement luy
sauver Wollin. Mais à toute extrémité, il me sembla que leur avis estoit
qu’on n’y insistast pas, et qu’ilz appréhendent que ce prince ne soit plus
receu à accepter la première partie de la proposition des Suédo〈is〉.
Je promis mes offices en tout ce qui ne choqueroit point noz alli〈ez〉, qui
est nostre première et principale obligation. Je remonstray la longueur et
le peu de résolution de l’électeur de Brandebo〈urg〉. Je dis qu’il n’avoit
pas esté bien conseillé (et ilz en demeurèren〈t〉 d’accord). Je dis que
néantmoins, s’ilz parloient encores aujourd’huy avec charge, ou que ses dé-
putez offrissent son consentement à la demande des Suédois, cela donne-
roit moyen de le servir, et que je ne m’y espargnerois pas. Mais de reculer
tousjours, e〈t〉 ne rien dire, après tant d’avertissemens et de sollicitations
de toute l’assemblée, il n’y avoit guères d’espérance de succès. Là-dessus,
ilz réitérèrent vivement leurs instances et s’engagère〈nt〉 à faire avoir une
response précise dans dix jours.
Au sortir de cette audience, le sieur Fromholt me vint voir. Il me tint à peu
près le mesme langage, et me fit la mesme prière, disant qu’il s’en alloit le
lendemain vers son maistre, et qu’asseurément il en rapporteroit une réso-
lution nette et exp〈resse〉. Il panchoit aussy à l’acceptation de la première
partie de la propo〈sition〉 suédoise, s’ilz ne peuvent en excepter Wollin. Et
ainsy, les Suédois sçavent traitter leurs affaires si avantageusement qu’on
tient à faveur d’estre receu en leur accordant tout ce qu’ilz ont désiré.
Ce qui m’en fait juger de la sorte, c’est que ledit sieur Fromholt et les
Holandois me convièrent séparément d’assister l’électeur à luy faire avoir
une juste rescompense et proportionnée à ce qu’il se〈ra〉 obligé de laisser
aux Suédois. A cela, je promis largement de le servir de tout mon possible.
Le comte de Trautmansdorff me fit dire, après les civilitez ordinaires,
qu’il croioit que je pourrois disposer les députez de Brandebourg à accep-
ter la proposition que monsieur de Saint-Romain porta dernièrement à
l’électeur , et qu’il me conjuroit d’y travailler; qu’il sçavoit bien que
Fromholt me communiqueroit toute leur instruction, et qu’en tout cas,
d’une façon ou d’autre, il me prioit de mettre une fin à cette affaire. Il
approuva pourtant que les plénipotentiaires de Suède continuassent à in-
sister à toute la Poméranie et à ne vouloir plus traitter sur la première
partie de leur demande, d’autant, disoit-il, que Brandebourg en prendra
plus promptement la résolution convenable.
Je demanday aux Holandois quelles nouvelles ilz avoient de leurs collè-
gues . Je leur dis que Penneranda disoit qu’ilz luy avoient donné un avan-
tage en traittant sans la France, duquel il sçauroit bien se prévaloir.
Monsieur Knut respondit avec chaleur qu’il ne les tromperoit pas, qu’ilz
en demeureront là où ilz sont, sans y toucher le moins du monde, jusques
à ce que tout le traitté de France soit conclu. Enfin, il s’en moqua d’une
belle hauteur.
Je répliquay que cet avantage que les Espagnolz prennent de leur signa-
ture ne nous fera pas relascher de quoy que ce soit; que nous n’ adjouste-
rons rien à noz demandes, mais que d’en rien retrancher ou affoiblir,
après ce qui s’est passé, c’est ce que nous ne pouvons ny ne devons faire
en aucune manière.
«Il ne fau〈t〉 pas aussy en devenir plus difficiles», répliqua Knut, et là-
dessus , je répétay ce que j’avois dit, et l’appuyay de sorte qu’i〈lz〉 en
parurent persuadez, n’y apportans aucune contradiction.
Le 17, au matin, messieurs les ambassadeurs de Suède me vinrent visiter,
et |:d’abord ilz prirent un ton fort hault, tenans de telz discours qu’on
jugeroit qu’ilz ne veullent point de paix:|. Après les complimens ordi-
naires , ilz me dirent qu’ilz son〈t〉 en traitté avec le comte de Trautmans-
dorff pour avoir toute la Poméranie malgré l’électeur de Brandebourg.
Que les ambassadeurs de Holande leur avoient fait quelque remon-
stran 〈ce〉 là-dessus, et ceux de Brandebourg aussy. Que mesmes ilz
croioient que l’électeur ne seroit pas esloigné de donner les mains à l’ alié-
nation de la Poméranie Antérieure avec Stetin, Gartz et Wollin, mais qu’il
n’estoit plus temps d’y penser; c〈e〉 qu’ilz répétèrent tant de fois et si
résolument, nonobstant to〈ut〉 ce qu’on put leur représenter, qu’enfin,
ne trouvans plus moi〈en〉 |:de se deffendre par raison, il leur fallut recou-
rir à l’aucthorité et alléguer leurs ordres:|. Encore〈s〉 passèrent-ils bien
plus avant en ce qu’au lieu d’agréer le consentement de l’électeur à tout
ce qu’ilz ont demandé, parce qu’il ne |:l’a pas donné assez tost ou d’assés
bonne grâce:|, ils prétendirent qu’il doit céder toute la Poméranie moyen-
nant une rescompense que l’Empereur luy donnera, parce, disoient-ilz,
que cette province ne se peut pas partager commodément.
Je dis qu’il seroit à souhaitter que toute la Poméranie demeurast à la cou-
ronne de Suède du consentement de la maison de Brandebourg, et que j’y
contribuerois très volontiers si cela se peut en quelque façon, mais que ce
prince n’ayant pu encores estre persuadé à quitter Stetin avec l’une des
deux provinces, je ne voyois pas comme on le pourroit induire à les céder
toutes deux.
Ilz y insistèrent néantmoins comme s’ilz s’y attendoient |:et qu’ilz ne fus-
sent pas hastez de conclurre l’accomodement:|.
Je remonstray que cela seroit pris pour de nouvelles demandes et qui vont
tousjours en augmentant. Que nous avions creu pour certain qu’ilz se
tiendroient à l’alternative qu’ilz nous ont proposée par escrit et prié de
proposer de leur part aux Impériaux et à l’électeur mesmes, comme nous
avons fait. Que l’électeur a bien fait quelques difficultez d’y consentir,
mais qu’il ne l’a pas refusé entièrement, ayant renvoyé monsieur de Saint-
Romain avec cette response qu’il donneroit ordre et plein pouvoir à ses
ambassadeurs pour en traitter. Que s’il avoit tardé quinze jours à prendre
résolution, la chose luy estoit assez importante pour ne le trouver pas
mauvais, veu mesmes que leur proposition ne l’obligeoit pas de se décla-
rer dans un certain temps. Que le refus qu’ilz alléguoient n’a point esté
fait à eux ny à nous. Que depuis un mois que l’électeur a fait cette res-
ponse au baron de Plettenberg, ilz ne peuvent avoir receu de nouveaux
ordres de Suède. Que les choses sont encores entières. Et qu’enfin,
s’estans servis des ambassadeurs de France pour porter une parole à ce
prince, je ne voiois pas qu’il y eust aucun desgagement à espérer, ny
pour eux, ny pour nous.
Tout cela ne fit guères d’impression sur leurs espritz; ilz persistèrent en
leur première response, sans nous laisser espérer mieux, sinon qu’en se
levant pour sortir, ilz dirent qu’on les sollicite assez, mais que l’électeur
ne parle point.
〈Je〉 repartis que le comte de Wittgenstein venoit d’arriver très à propos
(comme il estoit véritable) et qu’il avoit un plein pouvoir pour terminer ce
différend.
Monsieur Oxenstiern, apprenant cette nouvelle, s’adoucit un peu, et en-
suitte il me demanda si je ne m’arresterois pas quelque temps en ce lieu,
tesmoignant clairement qu’ilz le désiroient.
Je dis que s’il〈z〉 me donnoient moyen de les servir, je demeurerois à
Osnabrug autant qu’il seroit nécessaire, mais qu’en l’humeur où je les
voiois, mon service leur seroit fort inutile.
Ilz me convièrent tous deux avec d’honnestes paroles de faire icy quelque
séjour, et dirent mesmes qu’ilz déféreroient plus à l’entremise de la France
qu’à tout le reste de l’assemblée.
Je leur tesmoignay que cela me remettoit un peu en attendant les effetz de
cette civilité.
En les conduisant au carosse, monsieur Oxenstiern me tira à part, et vou-
lut avoir asseurance que j’entreprendrois la médiation, |:me faisant co-
gnoistre que les Hollandois leur sont fort suspectz:|; mais je ne luy don-
nay cette asseurance que sous la condition susditte, et alors il me serra la
main et répéta ses complimens.
Ces messieurs ne furent pas sitost partis que le comte de Wittgenstein
arriva. Il n’avoit encores visité personne, ny les Impériaux mesmes. |:Je
n’eus quasi point de peine avec luy:|; c’est un cavalier fort sincère et qui
a très grand respect pour la France. Il se laissa disposer à prendre un party
qui est avantageux au prince qu’il sert s’il veut considérer l’estat présent
des affaires. Il en excepta seulement les isles d’Usedon
faisant voir sur la carte que l’électeur ne peut s’en passer. Il me pria de
m’entremettre conjointement avec les ambassadeurs de Messieurs les
Estatz, et me dit avoir ordre exprès de ne rien faire que par l’interposition
et l’avis des plénipotentiaires de France.
Je luy dis que ceux de Suède désapprouvent fort la conduitte que les Ho-
landois ont tenue avec nous, qu’ilz ne le leur ont pas dissimulé auparavant
mesmes que je fusse en cette ville, et que monsieur Oxenstiern les avoit
mis en nécessité de justifier leur action, mais qu’il n’en estoit pas demeuré
satisfait; que cela desconcerte toutes choses, et oste le moyen d’assister si
puissamment les amis communs.
J’ay obmis de dire cy-dessus que je remerciay bien particulièrement ledit
sieur Oxenstiern et son collègue de ce qu’ilz en avoient dit aux Holandois,
et les priay de rebattre la mesme chose quand l’occasion s’en offrira.
Le comte de Wittgenstein revint, sur le soir, me donner avis que monsieur
Salvius estoit allé chez monsieur Wolmar , à trois heures après midy, et
luy avoit tesmoigné que la France inclinant au premier party affin que les
choses se fassent de gré à gré, ilz pourroient bien à peu près revenir à
l’alternative qu’ilz on〈t〉 proposée, si l’électeur se résout promptement.
Les Impériaux le firent sçavoir à l’heure mesme audit sieur de Witgen-
stein , |:et il me dit qu’après m’avoir remercié de ce bon office:|, il alloit
en rendre compte à l’électeur de Brandebourg par un exprès, d’autant que,
|:jusques icy, l’affaire avoit esté comme désespérée et que mesmes l’on:|
traittoit des conditions auxquelles l’Empereur et l’Empire seroient obli-
gez pour garentir toute la Poméranie. |:Cella fut mandé en mesme temps à
monsieur Servien afin que madame la princesse d’Orange cognoissans
comme nous agissons dans un intérest qui leur est si cher, il puisse en tirer
quelque secours dans la négotiation:|.
Le 18, je ne trouvay pas les affaires au point que le comte de Wittgenstein
s’estoit promis sur le rapport de Wolmar. Les Suédois persistèrent à pré-
tendre tout et à soustenir que l’électeur n’est plus recevable à leur accor-
der ce qu’ilz ont demandé.
Je leur dis que c’est une jurisprudence qui m’est incogneue, puisque l’ op-
tion n’a point esté donnée à la charge d’opter dans un certain temps, et
que la chose dont il s’agit est encores entière.
Monsieur Salvius expliqua en sorte ce qu’il avoit dit à Wolmar sur ce sujet
qu’il le réduisit à rien, |:et, qui pis est, il m’advoua, dans une visitte par-
ticulière que je luy fis, que c’est un prétexte pour avoir les deux Poméra-
nies , et que la Suède est toute tournée de ce costé-là:|.
D’ailleurs, les députez de Brandebourg ne consentirent pas entièrement à
la première partie de l’alternative et déclarèrent ne pouvoir jamais céder
Wollin. Joint que pour renoncer, au surplus, ilz proposent beaucoup de
conditions à la Suède et prétendent de grandes rescompenses de l’ Empe-
reur . Les uns et les autres me prièrent de nouveau de les accommoder, et
les Suédois encores plus instamment que ceux de Brandebourg.
J’en fus aussy fort sollicité des ambassadeurs de Messieurs les Estatz qui
me firent assez entendre qu’ilz |:n’avoient guères de crédit auprès de ceux
de Suède:|, et que tout dépendoit de la France, sur quoy ilz me firent
beaucoup de caresses.
|:Je fus très aise de les voir un peu mortiffiez:|, et leur dis que je remarquois
que messieurs de Suède, comme aussy les autres amis et alliez de la France et
de leur Estat, sont estonnez de ce qu’ilz ont fait avec l’Espagne, et que je
sçavois qu’ilz leur en avoient touché quelque chose avant que j’arrivasse icy.
Ilz réitérèrent sur cela leurs protestations accoustumées, disans qu’à leur
retour à Munster, ilz agiront si vigoureusement auprès du comte de Pen-
neranda que le traitté de la France sera conclu en peu de jours à nostre
satisfaction.
Le lendemain matin, ilz revinrent me demander avec beaucoup de soin
si je n’avois rien obtenu des Suédois, |:contre lesquelz ilz murmuroient
tousjours:|, et me dirent qu’ilz désiroient au moins avoir une résolution,
affin que deux d’entre eux s’en allassent promptement à La Haye en don-
ner compte à Messieurs les Estatz.
Je leur représentay que ceux de Brandebourg et eux aussy ne me don-
noient pas moyen d’agir efficacement auprès de messieurs les plénipoten-
tiaires de Suède, puisqu’ilz vouloient retrancher quelque chose de la pro-
positio 〈n〉 qui leur a esté faitte. J’en dis les raisons, qui furent approu-
v〈ées〉 principalement par monsieur Knut, ensuitte de quoy les trois
autres passèrent aussy à mon avis; et ainsy il fut résolu que nous irions
après disner chez le comte de Wittgenstein pour essayer de luy faire pren-
dre et à ses collègues, la résolution nécessaire.
Au sortir de cette conférence, et pendant que j’avois envoyé demander
l’heure au comte de Wittgenstein, je receus un papier de sa part
Kurbg. Erklärung über die Teilzession Pommerns an Schweden und das kurbg. Äquiva-
lent , erste Fassung (lat.), d’Avaux durch Fromhold praes. in Osnabrück 1647 Januar 19
morgens; Druck: Meiern IV, 240 ff.; Verhandlungen der Pommerschen Gesandten
VII, 185ff. – In UA IV, 498 Anm. 1 wird dieser Schriftsatz als die zweite Fassung der
kurbg. Erklärung über die Teilzession Pommerns an Schweden und das kurbg. Äquivalent
(lat.; Druck: Meiern IV, 225 ff., mit falscher Zuordnung; Teildruck: Verhandlungen der
Pommerschen Gesandten VII, 188ff.) identifiziert; dies entspricht nicht der Darstellung
d’Avaux’, denn die zweite Fassung enthält zwar den Ausschluß Wollins, die Erwähnung
Osnabrücks ist aber bereits getilgt und nurmehr von alia quaedam terra als Rekompens die
Rede (vgl. Meiern IV, 226 ), während Kurbg. in der ersten Fassung beides für sich bean-
spruchte und in der dritten Fassung keines mehr erwähnte. Zu den drei verschiedenen
Fassungen des Schriftsatzes vgl. auch Breucker , 84 Anm. 2.
prétendoit avoir mis toutes les dernières intentions de l’électeur. Cela me
donna sujet d’aller sur-le-champ trouver les ambassadeurs de Holande
pour leu〈r〉 communiquer cet escrit et leur dire que j’y trouvois deux
articles qui rendroient inutile l’entremise de qui que ce fust. La première
estoit que dans le consentement de l’électeur, l’on réservoit l’isle de Wol-
lin , l’autre, que dans la rescompense, l’on demandoit l’évesché d’ Osna-
brug . Que je ne doutois pas que suivant le concert, ilz n’insistassent à
faire donner le consentement pur et simple, auquel cas je travaillerois
comme il faut du costé des plénipotentiaires de Suède. Et que pour Osna-
brug , cette prétension exciteroit le duc de Bavières et tout le party catho-
lique contre les intérestz de Brandebourg, et les rendroit favorables à la
demande que font les Suédois de toute la Poméranie. Que je n’y pouvois
aussy consentir, les traittez de la France avec la couronne de Suède et les
princes de l’Empire y estans contraires. Mais que si on vouloit demander
le marquisat de Jagendorff
Jägerndorf (Krnov), oberschlesisches Mediatft.; 1523 durch Kauf an die Mgf.en von Bran-
denburg -Ansbach, 1603 aufgrund eines Erbvergleichs an die Kf.en von Brandenburg,
1621/1622 nach der Ächtung des Mgf.en Johann Georg (1577–1624, Sohn des Kf.en Joa-
chim Friedrich von Brandenburg) vom Ks. der Familie von Liechtenstein zugesprochen
( Faden , 527; Birke , 604; HGBL II, 432f.; Machilek ; HHStBM , 222ff.).
à l’Empereur, cela seroit bien plus juste, et que j’en appuyerois l’instance.
Ilz demeurèrent d’accord du premier point. Et quand au second, ilz le
remirent à la conférence qu’on alloit tenir chez le comte de Wittgenstein.
Là se trouvèrent lesdits sieurs plénipotentiaires de Holande au nombre de
quatre
La Court et moy. Je fis rapport de ce qui s’estoit passé en la négotiation
jusques alors, des difficultez qui s’y rencontroient, et des expédiens qui
pourroient estre propres pour les surmonter, adjoustant les raisons qui
les devoient obliger à oster au moins deux paroles de leur escrit s’ilz vou-
loient que je le portasse aux ambassadeurs de Suède et à ceux de l’ Empe-
reur avec quelque espérance de succès.
Les Brandebourgiens se retirèrent premièrement à part, et au bout d’un
quart d’heure, ilz y appellèrent les Holandois. Cette seconde délibération
dura longtemps, et il estoit aisé de connoistre qu’il y avoit entre eux di-
versité d’avis. Enfin, après beaucoup d’allées et venues, et après leur avoir
remonstré que s’ilz ne donnoient tout ce qu’on a désiré, ce sero〈it〉 four-
nir un prétexte à qui ne cherchoit qu’un refus pour avoi〈r〉 la Poméranie
entière, ilz acceptèrent sans aucune réserve la première partie de la pro-
position de Suède, mais comme des gens à qui on fait violence. Et pour ce
qui touche l’évesché d’Osnabrug, ilz s’en désistèrent, disans que c’estoit
pour le respect de Leurs Majestez, et pour n’attirer pas de nouveaux en-
nemis sur leurs bras, comme il leur avoit esté représenté.
Nous sortismes fort satisfaitz de ces messieurs-là, lesquels, incontinent
après, me renvoyèrent leur escrit réformé en ce qui concerne les deux
points cy-dessus
Dritte Fassung der kurbg. Erklärung über die Teilzession Pommerns an Schweden und das
kurbg. Äquivalent (lat.), d’Avaux durch die kurbg. Ges. über Préfontaine zugestellt Os-
nabrück 1647 Januar 19 abends; Druck: Meiern IV, 236f. ; Verhandlungen der Pom-
merschen Gesandten VII, 182f.; vgl. UA IV, 499f.
Dez qu’il me fut mis entre les mains, à condition pourtant de ne le pas faire
voir aux Suédois, nous leur allasmes dire qu’ils estoient maistres de la Pomé-
ranie Antérieure, de l’isle de Rugen, de Stetin, Gartz et Wollin, et de toute la
rivière de l’Oder, et ce du consentement de l’électeur de Brandebourg.
Ilz escoutèrent cela froidement de leur grâce, et ne firent aucun scrupule
de nous respondre que c’est avec raison qu’ils veulent à cette heure l’une
et l’aut〈re〉 Poméranie.
Je les priay de se souvenir qu’à leur réquisition (que nous avons par es-
crit ) les plénipotentia[i]res de France ont porté une parole de leur part,
et je disois estre bien asseuré qu’ilz ne la voudront pas révoquer, veu mes-
mes que c’est encores à leur instance que j’avois pressé tous ces jours-cy
les députez de Brandebourg de se déclarer. Comme je m’apperceus que
cette considération ne les touchoit pas beaucoup, après avoir exagéré les
inconvéniens qu’il en faut craindre, tant du costé de l’Allemagne, que de
l’Italie et des Païs-Bas, où la paix s’en va faitte, comme aussy l’intérest que
Messieurs les Estatz prennent en cette affaire, je dis avoir observé que
monsieur le comte Oxenstiern, en parlant de la garentie de l’Empereur et
de l’Empire pour toute la Poméranie, avoit aussy présupposé que la
France entreroit en part de cette obligation. Mais que je ne sçavois pas si
la couronne de Suède pouvant maintenant obtenir avec seureté tout ce
qu’elle a désiré pour sa satisfaction, Leurs Majestez qui ont fait tant de
choses, de leur part, pour bien establir le repos public, seront conseillées
de l’exposer pour les intérestz d’autruy à une révolution presque certaine
dont elles n’ont pas voulu subir le hazard pour les propres intérestz de la
France, ayans mieux aymé donner beaucoup d’argent, payer beaucoup de
debtes et rendre des pays et places très importantes
voir suffisamment à la durée de la paix.
Ilz répliquèrent qu’on avoit esté d’avis à Munster qu’ilz demandassent
toute la Poméranie sans le consentement de l’électeur, et que c’estoit sur
nostre conseil que l’on en a pris la résolution en Suède.
Je les fis souvenir que cela ne fut jamais proposé sans condition, mais bien
d’en demander la moitié avec le consentement des intéressez, ou le total
malgré eux; qu’ilz n’ont suivy cet avis en aucune de ses parties, d’autant
qu’ilz ont demandé beaucoup davantage en cas de consentement, et qu’à
présent qu’ils l’ont obtenu, ils veulent insister à ce qui n’a esté mis en
avant que comme un moyen pour y parvenir.
Il fut tenu plusieurs autres discours dont le récit seroit trop long; il me
semble qu’il ne fut rien obmis d〈e〉 nostre part, spécialement par mon-
sieur de La Court qui a servy for〈t〉 utilement en cette rencontre et dans
les autres conférences. La conclusion fut qu’ilz consulteroient ensemble
sur le mémoire
tant de la Suède, que de l’Empereur.
Hier, au lieu de m’apporter response, monsieur Oxenstiern désira me vi-
siter à part; et après m’avoir fait beaucoup d’amitiez qui fur〈ent〉 aussy
meslées de quelques contestations sur l’affaire dont il s’agit, m’aiant
trouvé dans la mesme fermeté que les jours précédens, il se modéra un
peu et ne demanda plus la Poméranie entière, ma〈is〉 il ne voulut aussy,
en façon quelconque, se tenir à l’offre ou à la demande qu’ilz ont faitte,
sur quoy nous rentrasmes dans un〈e〉 grande dispute. Je ne sçaurois juger
qui a eu du bon, chacun de no〈us〉 aiant fait mine de ne point acquiescer
aux raisons de l’autre. Néantmoins, comme il y a grande apparence qu’il
vint pour me taster le poulz, je présuppose qu’ils délibèrent et que le peu
de succez de sa visite les aydera à prendre une bonne résolution.
Tout ce jourd’huy s’est passé sans que j’aye eu de leurs nouvelles. Cette
longueur me déplaist et m’est suspecte. La France a deux alliez qui nous
donnent bien de l’exercice en ce traitté, les uns par précipitation, les autres
par une froideur invincible et par un mespris de tout ce qui en peut arri-
ver ; car je ne manquay pas d’avertir ledit sieur Oxenstiern et mesmes de
luy faire lire, dans un extrait de la dernière despêche de la cour qui m’a
esté envoyé de Munster , que les Espagnolz employent toute leur indus-
trie pour engager Messieurs les Estatz à la deffense de l’électeur de Bran-
debourg .
Je rendray compte une autre fois de ce qui s’est traitté entre les Impériaux
et nous sur cette affaire de Brandebourg, sur la satisfaction de Hesse que
je poursuis vivement, et sur les propres intérestz de la France. Le temps
est trop court pour rien adjouster à ce mémoire qui doit estre demain
matin à Munster, à l’ouverture de la porte.