Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
265. Servien an Lionne [Münster] 1646 November 20
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[Münster] 1646 November 20
Konzept, unvollständig, teilweise eigenhändig: AE , CP All. 78 fol. 381–385’, 386–388’, 389 =
Druckvorlage.
Stellungnahme Serviens und Longuevilles zur Lothringenfrage im Widerspruch zur Haltung Ma-
zarins wegen Intrige d’Avaux’ und unzureichender Informierung durch Lionne. Würdigung des
Kardinals. Klagen über d’Avaux. Rangstreit zwischen Saint-Romain und La Court. Brief Cha-
nuts . Differenzen mit d’Avaux über Schreiben an Königin Christina. Gespräche mit Du Rietz.
Zum Projekt einer Heirat des Kaisers mit Mademoiselle. Militärisches. Unterredung mit Ridolfi.
Entschädigung Mantuas von Contarini und d’Avaux befürwortet. Bemühen um Vertragsgarantie
durch die Generalstaaten. Lothringen. Intrigen Bruns.
Sy vous eussiez eu un peu plus de charité pour moy en me faisant mieux
cognoistre les intentions de Son Eminence sur l’affaire de Lorraine, nous ne
fussions pas tumbez monsieur de Longueville ny moy dans le piège que mon-
sieur d’Avaux nous a tendu. L’exultation qu’il en tesmoigne icy parmy les
siens et à Paris parmy ceux qu’il a eu intention d’obliger et de s’acquérir en
faisant paroistre tant de chaleur pour le restablissement du duc Charles n’est
pas ce qui me touche le plus sensiblement. Je ne m’attache point à toutes ces
aparences et les considère fort peu, quoyqu’il soit assez estrange que mon-
sieur d’Avaux qui ne croyoit pas il y a dix-huit mois que l’on pust rien faire
pour le duc Charles pendant la régence comme nous l’avons escrit luy et moy
conjointement en ce temps-là et qui ne pouvoit pas treuver des termes assez
puissantz pour combatre la simple proposition d’un traité avec ledit duc qui
estoit alors sans comparaison plus avantageux qu’aujourd’huy, ayt changé du
blanc en noir ce qui ne peut estre que pour des faits et des desseins qui le
regardent en particulier.
Vous m’aviez ordonné de la part de Son Eminence dans un mémoire d’ enga-
ger monsieur de Longueville à escripre [!] contre la proposition que monsieur
d’Avaux faisoit de donner l’Alsace au duc Charles; ayant jugé par là qu’on
estoit bien moins disposé de luy rendre ses Estatz qui sont proches de la
France que de luy en donner d’autres plus esloignez, j’avois cru de servir Son
Eminence et d’exécuter ses commandementz en faisant escrire fortement
monsieur de Longueville contre tous les avantages que prétend le duc Char-
les , quoyqu’en cette occasion monsieur de Longueville m’ayt voulu faire
croire qu’il sacriffioit en tenant cet advis son intérest particulier à celuy du
public, parce que le duc Charles estant privé de ses anciens Estatz obtiendroit
sans doubte quelque rescompense dans le royaume et rendroit par ce moyen
la maison de Guise plus considérable.
Il s’est treuvé néantmoins qu’ayant persuadé à monsieur de Longueville d’ es-
crire comme il m’avoit esté ordonné, je l’ay engagé à perdre le mauvais parti
ce qui me peut décréditer auprès de luy; nous avons despleu à monsieur le duc
d’Orléans combattant les inclinations qu’il peult avoir pour cette affaire, nous
avons chocqué sans y penser les sentimens de Son Eminence, nous avons esté
tonduz par monsieur d’Avaux et n’avons point servy au public selon nostre
intention. Tout le reste ne m’est pas sensible, au prix d’avoir soustenu public-
quement une oppinion contraire à celle de Son Eminence qui pourra faire
croire ou qu’elle n’a pas eu la mesme confiance en moy qu’en monsieur
d’Avaux, ou que je suis assez mécognoissant et imprudent pour manquer aux
obligations que je luy ay. Je vous proteste devant Dieu que tout ce que j’ay
faict en cette occasion a esté dans le seul dessein de plaire à Son Eminence,
croyant ou que nos raisons et nos sentimens luy ayderoient à se deffendre
contre ceux qui vouldroient le restablissement de duc Charles au préjudice du
bien de l’Estat, ou qu’au moins Son Eminence auroit plus de moyen d’obliger
Son Altesse Royale en faisant prendre une résolution pour le contenter dans
cette affaire contre l’advis des autres ministres. Je ne parle plus de la question
ayant beaucoup de regret d’en avoir tant importuné Son Eminence; peult-
estre aurez-vous eu la retenue de ne luy faire pas veoir tout ce que j’en ay
mandé sy vous avez cognu que cela ne luy deust pas estre agréable, puisque
vous sçavez bien que ma seulle passion est de luy plaire et de luy obéir.
Je ne vis jamais rien de sy beau que le raisonnement que Son Eminence nous a
envoyé sur la mort du prince d’Espagne; nous demeurons tous estonnez
parmy nous quand nous recevons ses dépesches, non pas tant de la grandeur
de son génie que chacun a tousjours eu subjet d’admirer, mais de son aplica-
tion et travail extraordinaire. Nous considérons que cette négotiation ne faict
pas la vingtième partie de ses occupations, et cependant nous n’avons presque
pas assez de temps pour respondre à ce qui nous vient de sa part, qui est tout
remply de remarques solides et d’instructions essentielles. Je vous confesse
qu’en mon particulier je mesle souvent à l’estonnement que j’en ay une très
grande appréhension que Son Eminence ne puisse pas longtemps conserver sa
santé dans un sy grand travail. J’esprouve par celuy que je fais icy qui est cent
lieues au dessoubz du sien qu’il contribue beaucoup à diminuer les forces et à
avancer la vieillesse.
Je vous manday il y a quelque temps que monsieur d’Avaux m’avoit tesmoi-
gné vouloir que nous vécussions bien ensemble. Je vous asseure que j’y estois
sincèrement disposé et que j’en avois faict de très grandes avances, mais je
sceus quatre jours après qu’il continuoit à son ordinaire de faire ses pratiques
parmy les ministres de cette assemblée pour m’oster le crédit auprès d’eulx.
Entre autres Promontorio me vint donner advis qu’il l’avoit chargé de tesmoi-
gner de sa part aux médiateurs le regret qu’il avoit qu’on leur eust osté la
médiation, que cela n’estoit point venu de luy, mais que ses advis n’avoient
pas esté suivis, qu’il travailloit sans cesse pour leur faire reprendre parmy
nous l’authorité qui leur estoit deue, mais qu’il y en avoit entre nous qui ne
les aymoient pas, qui y apportoient encor de la contradiction, qu’il espéroit
pourtant malgré eux de faire bientost revenir les choses au poinct qu’elles
doivent estre, et qu’il suplioit ledit Promontorio d’en asseurer le Nonce et
l’ambassadeur de Venize.
J’ay descouvert en mesme temps qu’il me prestoit de semblables charitez au-
près des Bavarois et des députez de Brandebourg. Promontorio adjousta
comme de luy que monsieur d’Avaux luy faisoit pitié, qu’il avoit des foybles-
ses de femme, qu’il agissoit comm’un homme qui auroit toute sa fortune à
espérer du Nunce et de Contarini et que cela ne sentoit poinct le ministre
employé par un grand roy, quand mesme les choses qu’il disoit eussent esté
véritables, et que la voye qu’il prenoit eust esté légitime, que luy, Promonto-
rio , ne pouvoit pas néantmoins s’exempter de porter ce message puisqu’il s’y
estoit engagé, mais qu’il m’asseuroit que cela ne fairoit point d’effect à l’ avan-
tage de monsieur d’Avaux parce que le Nunce et Contarini se rioient quel-
quefois de sa bassesse et le tenoient pour un esprit foyble et irrésolu, quoy-
qu ’il y eust une intelligence secrète entre Contarini et luy, de laquelle le
premier tiroit plus d’avantage que l’autre. Voylà la substance de tout qu’il
disoit.
Considérez, je vous prie, jusqu’où va la malice de cet homme qui pour me
susciter de la hayne ayme mieux rejetter sur moy tout ce qui arive d’odieux
que d’en dire les véritables causes. J’en serois moins touché sy cela ne faisoit
point de préjudice au service du Roy, mais il me semble qu’il seroit plus utile
pour nous que les médiateurs demeurassent offensez comme ilz le sont contre
Pigneranda de ce qu’il a préféré les ennemis de son maistre quoyqu’ hérétic-
ques aux ministres de Sa Sainteté et d’une républicque amie pour leur donner
sa confiance, que de faire croire à ceux-cy au préjudice de la vérité que cela
vient de nous contre son advis. Il est bienheureux de ce qu’en France on ne
prend pas garde à de semblables conduictes qui partout ailleurs seroient pu-
nissables . J’aurois faict veoir tout ce procédé à monsieur de Longueville qui
en quelque façon va aussy bien contre luy que contre moy, sy je n’avois re-
marqué en plusieurs rencontres qu’oultre l’attachement particulier qui est en-
tre luy et monsieur d’Avaux pour des intérestz de cour, il a un peu l’esprit
foible à se laisser aller au dernier qui luy parle, monsieur d’Avaux ayant des
petites gens auprès de luy, qu’il a gagnez par l’espérance qu’il leur a donnée
qu’il les fera tous riches quand il sera de retour dans sa charge
D’Avaux war surintendant des finances und nahm seine Tätigkeit nach der Rückkehr vom
WFK 1649 wieder auf (s. [ nr. 1 Anm. 3 ] ).
tousjours à luy persuader que monsieur d’Avaux sera un grand appuy dans la
cour pour monsieur d’Anguien et pour luy.
Il luy a pris encor une nouvelle fantaisie depuis trois jours. Le chagrin qu’il a
eu de ce qu’on n’a pas donné la place de monsieur de La Barde à Saint-
Romain ou à quelqu’autre des siens, luy faict prendre envie maintenant de
rendre cette charge sans fonction quoyqu’elle soit establie par le traicté préli-
minaire . Nous avions escript en commun à monsieur de La Court
ver icy quand les ambassadeurs de Suède y sont venus, ce qu’il a faict sur
nostre ordre. Oultre que monsieur de Rosenhan s’est tousjours treuvé à Oz-
nabrug quand nous y sommes allez en corps ou que quelqu’un de nous seule-
ment a faict le voyage pour traicter d’affaires et a esté présent à toutes les
conférences, ce seroit manquer au service du Roy de n’en user pas de mesme
envers monsieur de La Cour (sans compter la honte qu’on luy feroit s’yl ne se
treuvoit pas aux conférences qui se font entre les Suédois et nous), parce qu’il
seroit impossible qu’après il pust poursuivre l’exécution des poinctz qui au-
roient esté concertez entre nous ny estre informé de la suite des affaires. Ce-
pendant monsieur d’Avaux ne le treuve pas bon, disant que ce seroit faire tort
à monsieur de Saint-Romain, quoyque depuis trois ans on n’ayt point mis sur
le tapis cette prétention dudit sieur de Saint-Romain et que le baron de Rorté
estant en la place de monsieur de La Cour ayt aultresfois demeuré icy des
deux mois entiers sans que monsieur de Saint-Romain se soit plaint de son
séjour ny ayt prétendu d’assister avec luy aux conférences. On se peut souve-
nir de ce temps-là, parce que ce fut un subjet de dispute entre monsieur
d’Avaux et moy.
Alors monsieur d’Avaux disoit (comme je luy demandois quelle pouvoit estre
la fonction d’un résident dans un lieu où il y a trois plénipotentiaires) que
c’estoit pour porter les parolles de nostre part et faire les voyages qui seroient
nécessaires pour le service du Roy. Der Unterhalt Saint-Romains, der 1200
Livres Gehalt erhält, wurde entgegen den Gepflogenheiten aus unserem Fonds für
geheime Ausgaben bestritten, obwohl der Resident uns bisher weder nützlich war
noch Unkosten hatte. Zudem beharrt d’Avaux auf einem Vorrang Saint-Romains
vor La Court
Die beiden Res. schilderten ihren Streit um die Zulassung zu den Verhandlungen und die
Präzedenz in Münster in Beschwerdebriefen an den Hof (Saint-Romain an Mazarin, Münster
1646 November 19, Ausf.: AE , CP All. 62 fol. 301–302’; La Court an Brienne, Münster
1646 November 19, Kopie: ebd. fol. 294–295). La Court berichtete zudem seinem Vertrauten
Grémonville nach Venedig ( Chéruel , Groulart S. 456f.).
sönlichen Verdienste beider völlig ungerechtfertigt ist und von d’Avaux damit
begründet wird, daß Saint-Romain der dienstältere Resident sei. Man bereitet
La Court diese Umstände nur, weil man ihn für meinen Freund hält.
Voycy un article de la dernière lettre que nous avons receue de monsieur
Chanud
de prudence et d’addresse au lieu où il est: „J’espère bien de la part de la
Suède, et comme avec monsieur le Drost je n’ay point eu besoin de ces der-
nières raisons dont Vostre Altesse et Vos Excellences m’avoient armé contre
une trop dure oppiniastreté, je ne pense pas estre réduict à m’en servir, mais je
ne laisseray pas de dire doucement les choses dont celles-là peuvent estre des-
duictes , affin que de loin et par la conséquence qu’eux-mesmes en tireront,
elles fassent leur effect.“
Vous jugerez par ce discours sy je n’avois pas raison de m’opposer à l’envoy
de la lettre de monsieur d’Avaux
Beilage zu nr. 182. Vgl. auch [ nr. 180 Anm. 2 ] und [ nr. 182 Anm. 3 ] .
der de très mauvais effectz, puisque ledit sieur Chanut n’a pas seulement jugé
à propos de se servir de bouche de toutes les considérations que nous luy
avons suggérées, quoyque nous l’eussions chargé de les adoucir selon qu’il le
jugeroit nécessaire. Cependant il a fallu se brouiller pour cela avec monsieur
d’Avaux au lieu qu’un autre que luy m’auroit sceu gré de l’avoir empesché de
faire une faulte, mais on ne sçauroit sans l’offenser luy pouvoir faire com-
prendre la raison dans des occasions de vanité qui nous porteroient souvent
dans des inconvéniens préjudiciables au service du Roy, sy nous ne prenions
garde un peu de près et avec quelque fermeté à ne nous y laisser pas
conduire.
Il y a icy depuis peu un nommé Durier , médecin de la reyne de Suède, avec
lequel j’ay eu des conférences fort particulières. Il paroist habille homme,
amy de monsieur Chanut, et on nous mande qu’il a du crédit auprès de sa
maistresse. Il me semble qu’il seroit bien capable dans les rencontres de ren-
dre service au Roy dans cette cour-là, et que pour l’y obliger on pourroit luy
donner quelque pension. Je luy en ay laissé prendre l’espérance, mais ce n’a
esté qu’aux termes que le peult faire un homme qui est en l’estat où je suis,
c’est-à-dire que je luy ay tesmoigné seulement de l’y vouloir servir aultant
qu’il seroit en mon pouvoir. Du Rietz läßt um Berücksichtigung eines persön-
lichen Anliegens bitten.
Je sçay de très bon lieu que les Espagnolz craignant le mariage de l’Empereur
avec Mademoiselle ont rendu de très mauvais offices à cette princesse en fai-
sant appréhender sa conduicte et la légèreté de son humeur qu’ilz ont repré-
senté très différent de celles des Allemans. Cette considération m’a faict de-
meurer plus retenu que je ne l’aurois esté à parler de cette matière avec mon-
sieur le comte de Trautmansdorff pour ne m’engager pas dans un discours qui
ne fust pas sy bien receu qu’il le doibt estre. Néantmoins un des gentilzhom-
mes dudit comte demanda il y a quelques jours à un des miens, sy je n’avois
point le portraict de Mademoiselle , c’estoit ce que je vous avois demandé il y
a quelque temps.
Une autre raison qui m’a aussy obligé de ne me haster pas d’en parler, c’est
que lorsque l’on traicta le mariage du prince d’Espagne avec la fille aisnée de
l’Empereur le père Chiroga confesseur de la feue impératrice fut tousjours
d’oppinion contraire à celle du duc de Terranova, et soustenoit qu’il falloit
marier le Roy avec la fille de l’Empereur et le filz aisné de l’Empereur avec la
princesse d’Espagne, ce qui me fait apréhender qu’ayant eu autrefois 〈…〉
dans cette cour-là de traiter le mariage du Roy, on n’en fist comme si d’abord
on celloit le propos de quelque autre mariage. C’est pourquoy ayant receu
ordre depuis peu de ne rien répondre sur cette proposition, j’ay creu à propos
d’éviter qu’elle ne nous fust faite en conséquence du subjet que nous en au-
rions donné parlant d’un aultre.
[…] que d’envoyer du secours de tous costez en Catalogne affin d’obliger
promptement les ennemis à se retirer de cette province.
L’agent de monsieur le Grand-Duc s’est enquis soigneusement de moy
quelle estoit la résolution du Roy pour les places de Piombino et Portolon-
gone . Je luy ay dict franchement que nous avions déclaré dès le commence-
ment de cette négotiation que la France ne pourroit faire aulcune restitution
au roy catholique sans préjudicier aux droictz et prétentions qu’elle a contre
luy. J’y ay adjousté quelques autres raisons dont il me semble qu’il est demeu-
ré convaincu. Néantmoins il m’a paru qu’il ne les a approuvées qu’en soupi-
rant , et de sa contenance il n’a pas esté malaisé de juger que son maistre en est
en apréhension. Monsieur Contarini en tesmoigne aussy beaucoup. Il nous a
donné aujourd’huy une attaque pour nous persuader que le Roy doit dédoma-
ger monsieur de Mantoue du préjudice qu’il a receu dans le traité de Quéras-
que . Monsieur d’Avaux en parle aux mesmes termes et s’est mis dans l’esprit
que le Roy ayant profité aux dépens de monsieur de Mantoue dans ledit
〈traité〉, est obligé en conscience de luy donner récompense. Il voudroit bien
pouvoir dire que ce traité ne vaut rien, mais il n’est pas s’en expliqué,
sçachant que Son Eminence a esté l’auteur des avantages que nous y avons
eus.
Il me semble qu’il fault parler fortement à Messieurs les Estatz affin qu’ilz ne
croyent pas qu’on ayt trop besoin d’eux, et leur déclarer qu’ilz ne doivent pas
prétendre toute l’amitié de Sa Majesté s’ilz ne luy veullent donner qu’une
partie de la leur, c’est-à-dire qu’on ne garentira pas tout leur traité s’ilz ne
garentissent tout celluy de la France.
Les Espagnolz ne pourroient s’intéresser ny prendre aulcune part dans les
affaires de Lorraine sans contrevenir au traicté et obliger tous ceux qui le
doivent garentir de se déclarer contre eux. C’est pourquoy on nous a prudem-
ment ordonné de ne faire ouverture de ce qui est contenu dans le mémoire
qu’en cas qu’il n’y eust pas moyen de contenter aultrement les Impériaux et
les Espagnolz. Rien n’est présentement plus nécessaire et selon mon senti-
ment il n’y [a] rien pour quoy on doibve faire tant d’effortz.
Brun dist hyer malicieusement et en très grand secret aux députez de Mes-
sieurs les Estatz que la France ne vouloit point faire icy la paix, mais qu’il y
avoit des religieux employez pour faire des mariages entre les deux couronnes
et que depuis peu Son Eminence avoit escript à Castel Rodrigo qu’on avoit
grand regret à la cour de la mort du prince d’Espagne, mais qu’on attendoit
d’en faire les démonstrations jusqu’à ce qu’on en sceust la nouvelle par la
main de qui elle devoit venir. Ces artiffices peuvent produire de très mauvais
effectz et il importe extrêmement s’il y a eu quelque chose de semblable de le
faire communiquer promptement à La Haye sans faire semblant de rien.