Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
253. d’Avaux an Mazarin Münster 1646 November 12
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Münster 1646 November 12
Ausfertigung: AE , CP All. 62 fol. 260–264’ = Druckvorlage. Eigenhändiges Konzept: AE , CP
All. 67 fol. 279–282’. Kopie: AE , CP All. 78 fol. 355–360’.
Unterredung mit Salvius: Eindruck schwedischer Bereitschaft zum Einlenken in der Satisfak-
tionsfrage ; Pfalzfrage; protestantische Gravamina. Spanische Zustimmung zur Abtretung von
Cadaqués. Abwägung des spanischen Angebots für Italien. Verweis auf den spanischen Schriftsatz
vom 11. November [= Beilage 1 zu nr. 250]; Anmerkungen zu Art. 7 (Garantie des Friedens von
Cherasco), Art. 10 (Restitution von Flüchtlingen), Art. 13 (Lothringen), Art. 14 (Navarra) und
Art. 15 (Prinz Eduard). Warten auf Nachricht von Einnahme Porto Longones. Unterredung mit
den niederländischen Gesandten über Garantie der Verträge. Gegensätzliche Haltungen Neder-
horsts und Pauws. Schreiben an Brasset wünschenswert.
Après vous avoir rendu très humbles grâces du soin qu’il vous plaist prendre
de m’escrire lors mesmes que voz heures sont plus occupées, je diray à Vostre
Eminence qu’aiant esté ce matin longuement avec monsieur Salvius j’ay sujet
de croire qu’il a ordre et pouvoir et volonté de conclurre la paix. Je dis, Mon-
seigneur , que je le crois parce qu’il ne m’a pas déclaré précisément que la
couronne de Suède |:se contentera des choses qui se pourront obtenir tant
pour sa satisfaction que pour les estats de l’Empire:|, mais je l’ay ainsy jugé
par tous ses discours et par sa manière d’agir. Il me semble mesmes qu’il |:a
voulu me faire cognestre cette résolution sans:| me la dire, m’aiant conté que
|:le baron Oxenstiern luy a escrit d’Osnabrux avec chaleur:| que les députez
de l’électeur de Brandebourg parlent maintenant de cette affaire comme s’ilz
estoient asseurés d’en estre quittes pour la Poméranie antérieure , et qu’il doit
bien prendre garde à ce qu’il en dira icy. Monsieur Salvius expliquant ces
dernières paroles m’a dit:|:„Oxenstiern me veut imputer d’avoir trop parlé,
luy qui ne sceut jamais ni parler ni se taire“:|.
Le reste de nostre conférence s’est passé en la discussion de la cause palatine
et des griefs des protestans qui s’est une matière fort embarassée |:et extrême-
ment odieuse:|. Car à la vérité c’est chose estrange qu’au préjudice de noz
traittez, contre l’intention expresse du feu roy, et contre la vérité de ce qui est
passé, la guerre que nous faisons en Allemagne par raison d’Estat devienne à
présent une guerre de religion, et qu’il faille |:prester le nom et l’authorité de
Leurs Majestés à une si meschante cause:|. Mais soit que monsieur Salvius et
les députez des princes protestans qui sont venus d’Osnabrug
Anfang November 1646 waren die meisten prot. Ges. nach Münster gekommen, um dort über
die Gravamina zu verhandeln (vgl. Meiern III S. 404f. ).
disposition à se modérer, soit qu’ilz espèrent de me rendre capable de leurs
prétentions, ilz me persécutent depuis cinq ou six jours pour entrer avec eux
dans l’examen de tous les articles, à quoy je me suis enfin résolu, quoyque ce
soit un long travail et dans lequel |:je suis tellement persuadé de l’injustice de
leurs demandes que je:| n’espère autre fruit de ce colloque sinon de les
contenter |:d’audiences et de contestations puisqu’ilz le veulent:|.
Les plénipotentiaires d’Espagne ont consenty de nous laisser Capdagués
comme Roses et le Roussillon, mais ilz ont prié les Hollandois de ne nous le
déclarer qu’après qu’on sera d’accord sur tous les autres points.
|:L’on estime ici beaucoup l’offre
possède dans le Piedmont et le Montferrat en attendant que la ligue se fasse,
mais premièrement pour accepter ce party deux choses seroient nécessaires,
l’une que toute la seureté de Cazal ne fust pas fondée sur la seule ligue des
princes d’Italie, mais qu’il fust dit que les deux couronnes demeureront en
cette possession jusques à ce que la ligue soit faitte et qu’on soit convenu
d’autres moyens suffisans pour empescher que la place ne tombe entre les
mains des Espagnolz, l’autre que Messieurs les Estatz se rendent garens du
traitté en sorte que si après la paix faitte l’on ne pouvoit convenir de l’ exécu-
tion de cet article et qu’on en revint aux armes ilz soient obligez de rentrer en
guerre. Ilz ne s’en sçauroient dispenser avec raison puisque par le traitté de
1634 ilz sont engagez dans noz intérestz au fait de Cazal .
En second lieu il ne faut que relire le mémoire qui nous fut apporté derniè-
rement pour recognestre le |:péril qu’il y auroit de remettre après la paix à
traitter de cette affaire:|, et l’on voit aujourd’huy que dez lors Vostre Emi-
nence a cogneu où alloit l’intention des Espagnolz.
Enfin si dans la nécessité qu’ilz ont de la paix nous n’achevons pas noz affai-
res et leur permettons d’eschapper par quelque endroit, il s’y trouvera bien de
plus grandes difficultés lorsqu’ilz se verront à couvert des maux dont ilz sont
menacez par la continuation de la guerre. Il est porté très judicieusement par
le mesme mémoire qu’on fera présentement plus de chemin en huit jours
qu’on n’en fera en six mois quand une fois la paix aura esté conclue. C’est ce
que je tiens infaillible, et que si l’on remet quelques choses à ce temps-là elles
demeureront sans exécution |:ou serviront dé prétexte aux ennemis pour
rompre lorsque l’occasion leur pourra estre favorable:|.
Sur l’article 7
Im span. Schriftsatz vom 11. November (vgl. Anm. 3): Pour le 7, que le roy d’Espagne
s’obligera d’observer le traicté de Querasque en ce qui le touche immediatement, et n’en
donnera aucune assistance à celluy des princes y dénommez qui ne voudra observer ledit
traicté, mais qu’il ne sera point obligé à prendre les armes contre aucun desdits princes.
celuy des princes desnommés au traitté de Quérasque qui ne voudroit l’ obser-
ver , le roy d’Espagne ne s’y intéressera en aucune façon et non seulement
n’assistera pas ledit prince, mais aussy n’entreprendra rien directement ny in-
directement contre Sa Majesté.
Sur le dixième
Im span. Schriftsatz vom 11. November (vgl. Anm. 3): Pour le 10, […]. Et pour les reffugiez
en France qu’ils seront restituez en leurs biens existans sans dire que ce soit par moien de
pardon ny à l’instance de la France, et que le réciproque soit au regard des François qui
pourroient estre entrez au party d’Espagne et que la restitution soit aussy réciproque des
subjectz de part et d’autre en leurs biens soit riefre [ = riere, veraltete Präposition mit der
Bedeutung dans, sur les terres de, en possession de ( Huguet VI S. 600f.)] la France, soit
riefre les Estatz du roy d’Espagne comme il s’est mis en tous les traitez.
termes si généraux, mais obliger les plénipotentiaires d’Espagne à nommer les
François dont ilz demandent le restablissement.
Sur le treizième
ne les empeschera pas de conclurre.
Sur le quatorzième
terres et Estatz ausquelz il n’a point esté renoncé, et nommément sur la Na-
varre , car puisque cela est juste comme les Espagnolz mesmes l’avouent,
pourquoy ne le pas exprimer nettement sinon pour prétendre un jour comme
ilz ont fait cy-devant en l’assemblée de Munster que cette réservation aux
termes qu’elle est conceue par le traitté de Vervins n’est pas suffisante pour
fonder nostre droit, et que s’il y a des choses qui requièrent specialem notam
comme disent les jurisconsultes, l’on ne peut nier qu’un royaume est bien de
ce nombre. Voilà de quoy monsieur Brun nous a voulu payer deux ans du-
rant ; et si l’on se contentoit maintenant de la clause générale du traitté de
Vervins, les Espagnolz auroient beau jeu pour nous exclurre à jamais de la
Navarre, puisqu’au milieu de noz prospérités et après avoir débatu ample-
ment cette matière nous aurions acquiescé à leurs raisons.
Sur le quinzième
Im span. Schriftsatz vom 11. November (vgl. Anm. 3): Pour le 15 touchant Don Edouart,
que le roy d’Espagne promettra par un article secret de le remettre deux mois après le
traicté fait et conclu entre les mains ou de l’Empereur ou du roy très-chrestien au choix du
roy catholique à charge que ledit prince ne pourra donner aucune assistance directe ny
indirecte à son frère ny au royaume de Portugal, et que le dépositaire promettra de luy
faire observer.
gement de prison, et d’ailleurs je ne vois pas que le Roy se pust charger de luy
faire observer sa parole, veu mesmes qu’on fait un article et que si ce prince
alloit servir en Portugal l’on pourroit prétendre que le Roy auroit contrevenu
au traitté de paix. |:Nous obtiendrons sa liberté entière, pourveu qu’on tienne
ferme:|, et si Vostre Eminence avoit ouy les |:clameurs des ambassadeurs de
Portugal sur ce qu’ils ont appris de l’exclusion du roy leur maistre, vous juge-
riés sans doute:|, Monseigneur, que c’est |:le moins qu’on puisse faire pour
luy que de procurer la liberté de son frère:|.
J’attens avec impatience l’avis de la prise de Portolongone. Cependant je ne
per[d]s point d’occasion de dire aux ambassadeurs de Hollande que les Espa-
gnolz ne devroient pas tant apporter de difficultez au traitté et que leurs re-
tardemens nous vaudront encores deux bonnes places en Italie. Lesditz am-
bassadeurs |:ne respondent rien de contraire; c’est tout ce que j’en ay pu tirer
jusques à cette heure.
Nous les pressasmes fort hier sur la garentie mutuelle de tout ce qui sera
accordé à la France et à leur Estat. Monsieur Pau se voulut sauver par une:|
promesse d’exécuter les traittez. Il luy fut reparty qu’à la vérité ilz contien-
nent bien clairement cette obligation, mais que quelques-uns d’entre eux
l’aians voulu restraindre aux Pays-Bas nous estions obligez de leur dire qu’il
|:vaudroit beaucoup mieux continuer la guerre à présent:|, que l’ennemy est
si foible, que |:d’avoir à la recommencer dans quelque temps sans que les
Provinces-Unies y entrassent aussi:|. Nous adjoustasmes que si la France
rompoit la première, Messieurs les Estatz ne seroient point engagez à joindre
leurs armes, mais que si le roy d’Espagne vient à rompre en quelque lieu que
ce soit, ilz luy feront la guerre conjointement avec nous. Il leur fut aussy
représenté que sans cette union entière ny leur paix ny la nostre n’auroit
aucune seureté, et qu’en un mot c’estoit une condition sine qua non.
|:Comme ils furent de retour chez eux, monsieur de Niderhorst proposa d’en
escrire favorablement à La Haie:| et dit que sa province l’entendoit comme
nous, |:mais monsieur Pau tesmoigna qu’il se falloit bien garder de rien re-
muer :| sur le point que Messieurs les Estatz délibèrent quelz ordres il faut
envoyer icy pour achever leur traitté, et s’ilz doivent faire la paix plustost
qu’une trêve. Il a encores |:dit aujourd’hui à ses collègues que s’ils vouloient
donner avis de nostre proposition à leurs supérieurs, il s’en retourneroit en
Holande:| parce qu’asseurément l’affaire |:ne sera pas résolue de six mois:|.
La province de Holande préside cette semaine aux Estatz Généraux, c’est
pourquoy l’on ira plus viste |:et pourquoi monsieur Pau a pris grand soin:|
de destourner ce qui leur donneroit sujet de nouvelle consultation |:et de
retardement:|.
Je proposeray demain matin à monsieur le duc de Longueville et à monsieur
de Servien s’ilz trouveroient bon de despêcher en diligence |:à monsieur Bras-
set et luy donner charge de faire la mesme instance à Messieurs les Estats que
nous avons faite à leurs ambassadeurs, car outre que cela romproit les me-
sures de Pau qui est tousjours tel que:| Vostre Eminence nous a mandé, nous
aurions |:plus de loisir pour mesnager les avantages:| de la France dans la
négotiation qui |:reste avec les Espagnols:|. Là ou au contraire si |:la pro-
vince de Holande précipite toutes choses selon les continuelles suggestions
dudit Pau, l’on nous voudra mener de la mesme sorte faire laisser en arrière
l’article de Cazal et en abandonner d’autres:|.