Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
195. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 März 31
Paris 1646 März 31
Kopien: AE , CP All. 75 fol. 475–476 = Druckvorlage; AE , CP All. 64 fol. 188–191. Rein-
konzept : Ass. Nat. 272 fol. 189–191. Konzept Lionnes: AE , CP All. 60 fol. 40–41’. Druck:
Mém. et Nég. II S. 138–142; Nég. secr. III S. 140–141; Gärtner VIII S. 682–688.
Auftrag zur Beantwortung einer spanischen Schmähschrift. Vorwürfe Mazarins gegenüber dem
Gesandten der Generalstaaten. Contarinis Umtriebe s. Beilage. Einigung Trauttmansdorffs mit
den Schweden angeblich so gut wie perfekt. Verhandlungen über Tausch gegenwärtig vermutlich
unrealistisch. Bedingungen für Frieden mit Spanien. Gültigkeit dieser Bedingungen nur bis Feld-
zugsbeginn. Rolle Bagnis bei dem spanischen Angebot.
Sy nous avions besoin de nouvelles preuves pour sçavoir au vray quelle a esté
l’intention des Espagnolz dans la proposition qu’ilz nous avoient faicte, le
temps nous en fournit tous les jours et nous faict toucher au doigt que leur
seul but en cela n’a esté aultre que celuy qu’ilz ont tousjours eu de diviser la
France d’avec ses alliez. Cela a paru encore bien évidemment par le libelle
qu’ilz ont faict jetter depuis peu dans les villes des Provinces-Unies, intitulé:
«Le Caquet françois»
party de Munster mesme, il y aura esté aussy tost qu’au lieu où selon l’inten-
tion de l’autheur il devoit faire son effect principal.
Comme toutes les personnes qui sont icy et qui ont pleine intelligence de ces
affaires-là sont sy extraordinairement occupées qu’elles ne peuvent donner
aulcune partie de leur temps à ces sortes d’escriptz, on souhaitteroit bien que
quelqu’un de Messieurs les Plénipotentiaires se voulust charger d’y faire quel-
que responce succincte qui servist du moins dans ce temps à détromper les
peuples.
Monsieur le cardinal Mazarini a parlé de la part de Sa Majesté comme il fault
à l’ambassadeur de Messieurs les Estatz sur ce qu’ilz ne luy ont point encor
envoyé le pouvoir pour le traicté de la campagne prochaine, et sur le procédé
que l’on tient en Hollande où l’on deschire les François et où l’on tesmoigne
grande aversion pour cette couronne et inclination à s’accommoder avec les
Espagnolz, quoyqu’ils n’ayent que tout subjet de se louer de la sincérité de
Leurs Majestez et de leur affection, les artiffices de nos ennemys prévallans à
tel point parmy ces peuples qu’ilz semblent capables de les faire hésiter dans
leur debvoir et dans leurs obligations. Il n’a esté rien oublié pour luy fair 1
bien cognoistre le vif sentiment que Leurs Majestez en ont, et lesdicts Sieurs
Plénipotentiaires parleront aux mesmes termes à leurs députez qui sont à l’as-
semblée.
On envoye à Messieurs les Plénipotentiaires la coppie d’un article extraict
d’une lettre de monsieur de Grémonville à monsieur le cardinal Mazarin, ne
sçachant pas s’il leur aura mandé la mesme chose. Ils pourront veoir par là
quelle conduicte tient monsieur Contarini, et il est remis à eux de se servir de
cette cognoissance ainsy qu’ilz le jugeront plus à propos, la prudence requé-
rant peult-estre que l’on le dissimule dans les conjunctures présentes.
On a receu icy quelques advis d’assez bon lieu que le comte de Trautmandorff
donne à entendre aux aultres d’estre comme tumbé d’accord avec les minis-
tres de Suède des conditions de leur traicté avec l’Empereur, et que pour l’ac-
complissement on n’attend que le retour du courrier que lesdicts ministres
avoient dépesché là-dessus à la reyne leur maistresse. On adjouste que ce n’est
pas que ledict Trautmandorff soit asseuré que les ministres de Suède doivent
signer le traicté sans que celuy de la France soit résolu en mesme temps, mais
qu’il croid que cela estant arresté entre eux, les Suédois presseront la France
de relascher beaucoup de ses prétentions et y obligeront aussy les aultres prin-
ces qui ont quelque intérest à démesler avec l’Empereur dans la paix. Mes-
sieurs les Plénipotentiaires se prévaudront de cet advis avec leur prudence
accoustumée. Il semble qu’on en doibt faire d’aultant plus de cas qu’eux-
mesmes voyans que Trautmandorff n’entamoit nulle sorte de négotiation avec
nous ont desjà soupçonné que la cause de son silence procédoit de l’attente où
il estoit de quelque responce de la cour de Suède qui pourroit bien estre
celle-cy.
Il semble, veu les conjunctures présentes, la conduicte des Espagnolz, et le
grand vacarme qu’il y a en Hollande, qu’il n’y ait plus lieu d’espérer beaucoup
de l’eschange, sy ce n’est que sur ce que l’on manda par Saladin touchant les
avantages qu’y pourroient rencontrer Messieurs les Estatz, on soit entré en
quelque négotiation. On croid donc que sy les médiateurs font quelque pro-
position de la part des Espagnolz, comme il y a apparence, on pourroit res-
pondre que nous sommes prestz de signer la paix, moyennant que nous de-
meurions en pocession de ce que nos armes ont conquis en Flandres et en
Luxembourg, avec les ajustemens que l’on a mandez pour la commodité com-
mune s’il est nécessaire, comme aussy du Roussillon compris Roses, faisant une
trêve pour la Catalogne et pour le Portugal de la durée s’il est possible de celle
que feront les Hollandois avec l’Espagne, au moins celle de Catalogne.
De cette sorte sy les ennemis veullent, l’affaire peult estre adjustée en un jour
avec entière satisfaction de Messieurs les Estatz avec lesquelz nous n’aurions
en ce cas rien à traicter touchant l’article 9 e qui nous donne de l’embarras,
puisque nous conviendrions aussy bien qu’eux d’une trêve pour une partie de
ce que nous avons conquis, et nous serions aussy en pleine seureté du costé
des Catalans, qui est un poinct sy délicat, et sy malaisé à estre bien mesnagé
dans cette négotiation.
Cette proposition faicte dans un temps que nous sommes prestz de sortir en
campagne avec de grandes forces et avec toutes les apparences de les em-
ployer utilement, ne peult estre receue qu’avec applaudissement dans la chres-
tienté. Mais il sera bon que les médiateurs soient bien persuadez que c’est tout
ce à quoy l’on se peult porter de ce costé-cy pour faciliter la paix, et que sy les
Espagnolz refusent ce party, il fault non seulement qu’ilz se résolvent à veoir
quel succès aura la campagne, mais qu’ilz sçachent que c’est une proposition à
laquelle la France ne s’engage que dans le temps qu’elle la faict, prétendant en
estre quitte dès que les armes auront commencé d’agir.
Nous ne sçavons pas ce que le nonce d’icy peult avoir escript à celuy qui est
en Espagne par le zèle qu’il a peult-estre de veoir la paix dans la chrestienté;
mais nous sçavons certainement que s’il l’avoit faict, il n’auroit mandé que
son seul sentiment. Nous croyons néantmoins qu’en quelques termes qu’il
l’ayt exprimé, ce n’auroit pas esté pour n’en tirer qu’un simple compliment et
qui n’eust aultre but dans l’intention de ceux qui le font que de desbaucher les
alliez de la France, et non pas de conclurre avec elle un accommodement. Il
fauldroit que les ministres qui servent le Roy eussent perdu le sens s’ilz
avoient consenty que le nonce escrivist pour obliger les Espagnolz à une ou-
verture captieuse, comme celle-là, et il nous importe bien peu qu’ilz envoyent
à qui bon leur semblera la lettre qu’ilz disent avoir entre les mains dudict
sieur nonce.
fol. 476: Grémonville an Mazarin, [Venedig 1646], undatierter Auszug: