Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
149. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 März 7
Paris 1646 März 7
Kopien: AE , CP All. 75 fol. 352–355’ = Druckvorlage; AE , CP All. 64 fol. 36–40; Ebenda
fol. 41–47’; Ass. Nat. 272 fol. 155–162. Konzept, z. T. Lionnes: AE , CP All. 59 fol. 331–336’.
Überbracht durch Coiffier. Druck: Mém. et Nég. II S. 3–15; Nég. secr. III S. 104–107;
Gärtner VIII S. 414–427.
Entschlossenheit der Spanier zum Frieden. Einschätzung ihres Angebots als bloßes Kompliment
und demonstrativen Akt. Ihre Absichten. Kritik an Reaktion und Meinungsenthaltung der Ge-
sandten . Antwort der Königin s. nrs. 153 und 154. Blanko der Königin. Audienz Bagnis und
Nanis. Unterrichtung der Generalstaaten. Rücksichtnahme auf die Schweden. Vermeidung
schriftlicher Festlegung. Empfehlung des Tauschplans. Gründe, die ihn für die Spanier, Hollän-
der , den Prinzen von Oranien und die Katalanen annehmbar machen. Erwartung des Resultats
der Mission d’Estrades’. Alternativlösungen.
La nécessité contrainct le roy d’Espagne de songer à un accommodement
pour prévenir par ce moyen la ruyne totale dont est menacée sa monarchie si
la guerre dure; et son appréhention est redoublée à présent qu’il ne veoid pas
comme pouvoir s’opposer aux armes de France dans l’Espagne ny comme
empescher dans la Flandre les progrès qu’elles y vouldront faire avec celles de
Messieurs les Estatz.
Après donc que ses ministres ont tenté en vain par mille artiffices et par di-
verses propositions avantageuses la foy de noz alliez pour les séparer de cette
couronne, il a résolu de recourir à la paix comme au moyen le plus propre
pour ne pas risquer ce qui luy reste. Et pour cet effect, comme il a desjà esté
mandé à Messieurs les Plénipotentiaires il y a plus d’un mois , il a donné des
ordres précis à Castel Rodrigue et au comte de Peneranda de la faire à toutes
conditions, et de la faire mesmes sans estre obligez de despescher en Espagne
pour apprendre plus particulièrement ses intentions sur les ouvertures qui se-
ront faictes, approuvant dès à présent l’accommodement en quelque façon
qu’il soit arresté.
Les principaux ministres qui sont près de luy ne luy ont pas seulement
conseillé de sortir d’embarras consentant à toutes les prétentions de la France,
mais ilz luy ont tesmoigné tout d’une voix que ce sera un grand bonheur pour
la couronne d’Espagne sy en sacriffiant ce qu’elle a desjà perdu elle peult
mettre à couvert le reste qui est sur le poinct de se perdre, jugeant qu’on doibt
tousjours apréhender extrêmement que la France ne veuille proffiter de la
belle occasion qui se présente de ruyner son ancien ennemy, et que bien qu’ el-
le parle de paix et qu’elle proteste d’y estre entièrement disposée, elle treuvera
des eschapatoires pour s’empescher d’y venir quand on sera sur le point de
luy accorder tout ce qu’elle demande.
Tout ce que dessus nous devoit faire espérer d’eulx une proposition solide et
qui portast bientost les affaires à un accommodement. Cependant nous
voyons que celle qu’ilz viennent de faire et à laquelle ilz taschent de donner
tant d’esclat ne conclud rien en effect, mais plustost nous fournit grande ma-
tière de soupçonner que leur intention n’est pas bien sincère, et il fault sans
doubte qu’ilz ayent voulu faire encor cette tentative pour veoir s’ilz en pour-
roient proffiter de quelque chose, avec dessein pourtant après en avoir veu le
succès de tenir un aultre langage, et ceddant à la nécessité nous donner entière
satisfaction.
Et à la vérité sy on veult tant soit peu examiner ce que c’est que cette propo-
sition , on treuvera qu’ilz s’addressent à nous après avoir faict tout ce qu’ilz
ont pu pour séparer noz alliez, et nommément avoir offert et paix et trefve à
Messieurs les Estatz en la manière qu’ilz vouldroient la prescrire, et d’envoyer
des ministres la traicter jusques dans La Haye, et de donner des provinces
entières à monsieur le prince d’Orange pour l’obliger à s’employer favorable-
ment pour leur accommodement; et tout cela avec des gens qu’ilz prétendent
estre leurs subjetz et qu’ilz appellent rebelles et dont la puissance n’est en
nulle façon comparable avec celle de la France.
Ce n’est donc pas un grand effort pour eux qu’estans rebutez de toutes parts
et se voyans réduictz à la nécessité de faire la paix ou à laisser exposé en grand
hazard ce qui leur reste, ilz nous facent un simple compliment qui n’ oblige-
roit à rien quand mesmes ilz n’auroient pas eu la précaution de le limiter par
la restriction qu’ilz y ont apposée, puisqu’à le bien prendre ce n’est aultre
chose que cette civilité qui se praticque souvent quand deux personnes ayans
différend ensemble l’un s’addresse à l’aultre et luy dict: je vous en veux croire,
je vous en fais juge, et alors celuy qui reçoit cette déférence n’a de liberté ny
de pouvoir pour faire l’accommodement que celuy de se condemner soy-
mesme s’il veult.
En oultre, il n’est pas naturel de veoir sans nouveau subjet naistre en un in-
stant un excès d’amour d’une hayne qui un moment auparavant estoit inplac-
cable , et on ne peult guières aller d’une extrémité à l’aultre sans passer par
quelque millieu.
Il semble donc qu’on peult conclurre que bien que la nécessité contraindra à
la fin les Espagnolz de nous accorder tout pour avoir la paix, ilz n’ont pas eu
encore cette intention dans la proposition qu’ilz ont faicte et ilz ont cru qu’ilz
devoient employer de la sorte le temps qui leur reste d’icy au commencement
de la campagne, se flattant qu’une pareille ouverture leur seroit extrêmement
utile et dans l’apparence et dans l’effect.
Dans l’apparence, parce qu’elle peult faire croire à la pluspart du vulguaire
qui ne pénettre que l’escorce des choses, qu’ilz se sont mis au-delà de la raison
et que la paix est entre les mains de ceux à qui Sa Majesté confie la principalle
direction des affaires, lesquelz retardent ce bon œuvre pour leurs intérestz
particuliers.
Dans l’effect, parce qu’ilz ne s’obligent qu’à ce qui leur semblera bon, et nous
tenans engagez sans l’estre, ilz prendroient pour une chose seure ce que nous
leur aurions offert, et s’en serviroient comme d’un tiltre pour prétendre da-
vantage ; et par ce aussy qu’ilz pourroient donner de telles jalousies aux alliez
de la France qu’estant asseurée de son compte elle ne s’accommodât sans at-
tendre que leur satisfaction fust accordée, qu’ilz en seroient plus disposez à
escouter les recherches qu’on leur faict sans cesse de traicter séparément affin
de nous prévenir.
Et en effect si les ministres d’Espagne eussent eu aussy bonne intention que
les médiateurs se sont mis en peine de nous la persuader, pourquoy auroient-
ilz forcé leur naturel à tel point que de faire, contre leur coustume et leur
humeur haultaine, si grande ostentation d’une submission qu’ilz rendent? La
nation n’est pas de soy encline à s’humilier. N’auroient-ilz pas plustost essayé
de couvrir avec grand soin la nécessité où le mauvais estat de leurs affaires les
réduict, et s’addresser comme ilz le pouvoient par quelque aultre moyen à la
Reyne pour luy faire la mesme proposition en grand secret? Ilz eussent du
moins sauvé en quelque sorte leur réputation cachans la honte d’une extrême
foiblesse. Mais il se veoid que le plus grand fruict qu’ilz se sont promis d’en
tirer conciste tout à avoir rendue publicque la proposition et que ç’a esté leur
principalle visée pour les fins qui sont aisées à juger. Cependant on croid d’y
apporter un sy bon ordre que sy dans l’essenciel ilz n’ont pas eu jusques icy
grand avantage sur nous, ilz en auront encore moins dans les apparences où
ilz ont voulu s’attacher.
Comme l’on faict icy un estat très particulier de tout ce qui vient de la part de
Messieurs les Plénipotentiaires, on a eu de la peine à comprendre par quelle
raison ilz ont tesmoigné faire tant de cas d’une semblable ouverture, ayans
consenty d’en dépescher un courrier exprès et s’estans conjouiz avec la Reyne
comme sy la paix estoit entre les mains de Sa Majesté et en sa pleine disposi-
tion .
On auroit aussy souhaitté qu’en mesme temps que Messieurs les Plénipoten-
tiaires ont donné part icy de la chose, eux-mesmes qui sont sur les lieux et qui
voyent de près les dispositions d’un chacun eussent formé entre eux un advis
touchant ce qu’ilz auroient estimé que Sa Majesté devoit respondre; et on faict
tant de cas de leur jugement et de la cognoissance particulière qu’ilz ont de
toutes choses que l’on a esté sur le point de leur dépescher un courrier sim-
plement pour apprendre leurs sentimens avant que résouldre rien.
On envoye à Messieurs les Plénipotentiaires deux lettres de la Reyne qui leur
apprendront les sentimens et les intentions de
voye un blanc signé de la Reyne affin que s’il est besoin d’adjouster ou de
diminuer quelque chose ausdites deux lettres, ou de toutes les deux en former
une, ou en former une toute nouvelle, ainsi qu’ilz le jugeront, et que l’estat
des conjunctures qui change de jour à aultre l’exigera, ilz s’en puissent servir
et la monstrer comme ilz l’estimeront utile au service de Sa Majesté, la Reyne
leur tesmoignant par là l’entière confiance qu’elle a en leur zèle et en leur
prudence.
Le nonce et l’ambassadeur de Venize n’ont pas manqué de demander au-
dience pour pénétrer les sentimens que l’on a icy sur l’ouverture qu’ont faicte
leurs collègues. Et à la vérité il n’a pas esté besoin d’employer beaucoup de
persuasions pour leur faire confesser que ce n’estoient encor que belles paro-
les . Mais ilz ont dict que ce commencement nous devoit faire attendre bien-
tost de bons effectz. On s’est contenté, après leur avoir tesmoigné le bon gré
que l’on sçait de l’offre, de leur faire cognoistre en général les raisons pour
lesquelles Sa Majesté ne peult estre ny arbitre ny médiatrice ny entendre à une
pareille proposition. Mais on ne leur a point parlé de la pensée qu’ilz verront
dans une des lettres de la Reyne de rendre au roy d’Espagne civilité pour
civilité, parce qu’on a voulu laisser Messieurs les Plénipotentiaires en pleine
liberté de s’en servir ou de ne s’en servir pas, ainsy qu’ilz le jugeront à propos,
et que s’ilz en prennent la résolution il sera bien mieux que le coup, qui est
assez franc, soit porté aux Espagnolz à la veue de toute l’assemblée sans qu’ilz
l’ayent préveu et sans que les médiateurs en ayent pu rien descouvrir par les
dépesches de leurs collègues qui sont en France.
On est asseuré que Messieurs les Plénipotentiaires se souviendront de com-
muniquer toutes choses aux députez de Hollande avant que dire mot aux
médiateurs, ainsy qu’ilz en ont usé jusqu’icy. Cependant de nostre costé on a
donné ordre au sieur Brasset d’informer de tout Messieurs les Estatz et mon-
sieur le prince d’Orange et de les asseurer derechef qu’on ne sera jamais capa-
ble icy de rien escouter qui aille en quelque façon que ce soit à nous séparer
d’eulx, ny à conclurre aulcune négotiation qu’à Munster mesme et de leur
participation. On a pris soin de le faire en termes si expressifs et sy obligeans
qu’il est à croire que Messieurs les Estatz pour y correspondre enchériront à
l’avenir sur la fermeté qu’ilz ont tesmoignée par le passé de vouloir garder
inviolable l’union qu’ilz ont avec cette couronne.
Il sera bon aussi d’apporter grande circonspection en toutes ces affaires-cy
avec les ministres de Suède. Car encore qu’ilz viennent de déclarer tout franc
qu’ilz tiennent les Espagnolz pour neutres, et qu’ilz nous ayent souvent dict
que nous pouvons traicter avec l’Espagne en pleine liberté, il importe néant-
moins et pour la bienséance et pour leur tesmoigner confiance en tout, d’y
agir en sorte que ilz ne s’imaginent pas que nous nous hastons de faire cet
accommodement affin de nous passer d’eux plus facilement et changer de
conduicte à leur esgard. Mais peult-estre que l’Empereur n’estant pas moins
pressé que les Espagnolz de faire la paix, les choses s’achemineront en sorte
de mesme pas que les deux accommodemens viendront peult-estre à se
conclurre en un mesme temps.
Il est superflu de faire souvenir Messieurs les Plénipotentiaires de ne rien don-
ner par escript. Quand on ne leur auroit pas souvent mandé les raisons pour
lesquelles ilz doibvent s’en abstenir, l’exemple sy récent de la façon dont en
ont usé les ministres d’Espagne les y convieroit assez, sy ce n’est qu’estimant à
propos de se servir de la lettre de la Reyne par laquelle elle remet tout au
jugement du roy d’Espagne soubz certaines réserves, ilz crussent la debvoir
rendre publicque et en voulussent donner coppie aux médiateurs, ce qui est
remis à leur prudence.
Cependant comme il est à présumer qu’après que lesdits Sieurs Plénipoten-
tiaires auront faict leurs responces, nos parties entreront véritablement en ma-
tière , il est bon de songer à ce que nous devons faire de nostre costé et où
nous devons porter nos visées.
La principalle que lesdits Sieurs Plénipotentiaires puissent avoir pour l’ avan-
tage de cet Estat et pour leur gloire particulière c’est de faire réussir le party
d’eschange des Pays-Bas avec la Catalogne.
Il semble que monsieur le nonce en ayant parlé de nouveau depuis peu , après
que monsieur Contarini en a sy souvent jetté des propos, il peult y avoir lieu
pour nous de l’espérer, la négotiation en estant conduicte avec industrie et
adresse, puisqu’il n’est pas probable que ny l’un ny l’aultre se fussent attachez
à entamer tant de fois le mesme discours s’ilz n’avoient pénétré quelque chose
de l’intention de noz parties lesquelles ont beaucoup de raisons particulières
qui les doibvent obliger à y donner les mains.
Premièrement, à quelques conditions qu’ilz consentent, pourveu qu’il pa-
roisse que c’est en faveur d’un mariage, ilz treuvent moyen de sortir d’affaires
présentement avec réputation; et mesmes pour leur faciliter cette voye, on
pourroit dès à cette heure convenir que sy dans le temps qu’il faudra le
consommer il ne leur tournoit pas à compte pour d’aultres raisons de le faire,
il soit en leur liberté de l’achever ou non, aux conditions pourtant qui ont esté
mandées en des despesches précédentes .
Et en second lieu, ilz ne cedderoient qu’un pays que s’ilz ne tiennent pour
perdu cette campagne ilz sont du moins certains qu’il leur en restera peu, et
ilz ne laisseroient pas par ce moyen d’en recouvrer un aultre où ilz recognois-
sent bien qu’ilz ne sont pas en estat de rentrer jamais par la force, et cepen-
dant ilz auroient donné ordre à des affaires qui sont décousues de toutes
partz, et dont la décadence augmentant tous les jours menace leur monarchie
d’une ruyne totalle.
Pour Messieurs les Estatz, oultre que la Hollande qui est la province la plus
considérable désire la paix, et de s’asseurer un repos pour tousjours, il semble
que sy la France se résolvoit à leur cedder le marquisat d’Anvers qui accrois-
troit notablement leur puissance, il seroit d’aultant plus facile de faire qu’ilz
donnassent les mains à ce party que desjà ilz ont consenty par le traicté de
1635 de confiner avec ce royaume quand on fist le partage des conquestes des
Pays-Bas; et d’ailleurs ilz esloigneroient pour jamais un ennemy qu’ilz doi-
vent croire irréconciliable et establiroient avec grande gloire une souveraineté
absolue et non contestée de qui que ce soit. Et pour moy je tiens, quoy qu’on
puisse dire au contraire, que ces raisons le leur doivent persuader quand mes-
mes pour avoir Anvers ilz devroient nous donner Maestrick, parce qu’ilz y
auroient encor beaucoup d’avantage.
Quant au soupçon que le mariage avec l’Espagne pourroit leur causer, il sera
aisé de leur faire comprendre et par ce qui se passe aujourd’huy dans le
monde, et par l’expérience qu’ilz en ont faicte en leur particulier que ces al-
liances et liaisons de sang n’empeschent pas que les véritables et importans
intérestz de l’Estat qui concistent principallemcnt en la ferme et estroitte
union avec les alliez ne demeurent en leur entier et n’aillent avant toutes
choses.
Pour le prince d’Orange, sy on peult juger des desseins des hommes par leurs
intérestz, il y a tout subjet de croire qu’il doibt estre favorable à cet expédient
puisque toutes ses pensées sont tournées vers Anvers, et que pour les raisons
cognues d’un chacun rien ne luy est si advantageux que cette place qu’on
pourroit luy donner en propre, relevant pourtant de Messieurs les Estatz,
et ainsi il laisseroit son filz aussy considérable et authorisé en plaine paix que
luy-mesme l’auroit esté dans le fort de la guerre.
Il escheoit mesme de faire refflection à ce que disent les personnes qui se
croyent le plus avant dans sa confidence, que la plus forte raison qui luy face
désirer la continuation de la guerre encor cette campagne, c’est le désir de
prendre Anvers; de façon que voyant la chose asseurée sans peine, il y 1
grande apparence qu’il se rendroit luy-mesme soliciteur de l’affaire près des
Estatz.
Pour les Cathalans, en faisant la trêve qui seroit nécessaire pour l’exécution
des choses qui seroient concertées, elle nous serviroit aussy à mesnager leur
esprit et à adjuster tout ce qui pourroit regarder leur satisfaction et leur seu-
reté quand ilz retourneroient soubz l’obéissance du roy d’Espagne, nous obli-
geans à les protéger haultement en cas d’infraction par ledit roy à ce qui au-
roit esté arresté.
Mais on se remet sur ce subjet à ce que monsieur le cardinal Mazarin en a
souvent escript ausdits Sieurs Plénipotentiaires, et surtout de ne faire pas la
moindre démarche dans cette négotiation qu’ilz n’ayent sceu du sieur d’ Estra-
des en quelz sentimens il aura treuvé le prince d’Orange là-dessus. On manda
audit d’Estrades la sepmaine dernière
seroit goustée dudit prince, il pourroit faire une cource jusqu’à Munster affin
de mieux informer lesdits Sieurs Plénipotentiaires de ses pensées et des
moyens qu’il estime qu’on doibt tenir pour faire plustost réussir cette sorte
d’accommodement.
Que sy ce party ne peult avoir lieu, il fault essayer de demeurer par la paix en
pocession de ce que nous avons conquis dans les Pays-Bas à la réserve de
quelques places que l’on pourroit consentir de démolir ou mesme de les ren-
dre ; retenir le Roussillon et faire une trêve pour la Catalogne de la durée de
celle des Estatz, s’il estoit possible; prendre un temps pour ajuster les affaires
d’Italie; et pour le Portugal faire aussy une trêve la plus longue qu’on pourroit
l’obtenir.
Mais comme l’on a escript sur tout cela et sur d’aultres choses non seulement
par l’addition à l’instruction de Messieurs les Plénipotentiaires , mais en beau-
coup de mémoires particuliers envoyez par monsieur le cardinal Mazarin, on
se contente d’en avoir faict une récapitulation succinte, et on se remet ausdits
dépesches et mémoires, réplicquant seulement qu’aultant qu’il y aura la moin-
dre espérance de faire réussir le party de l’eschange, il fault laisser à part tous
les aultres.